26 octobre 2006 4 26 /10 /octobre /2006 21:16

« Toute la divine Ecriture est un seul Livre, et ce Livre unique, c’est le Christ, parce que toute Ecriture divine parle du Christ et s’accomplit dans le Christ. »

(Hugues de Saint Victor, De arca Noe, 2, 8 ; PL CLXXVI, 642c).

Saint Jérôme en tirait la conclusion restée célèbre : « Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ »

(Jérôme, In Is, Prol. 1, CCL, LXXIII, 1.)

Pour être ainsi au terme de toutes les Ecritures, pour les accomplir, avec cette justesse et cette plénitude, il faut que Jésus-Christ soit présent en elles dès leurs origines, il faut qu’il les habite de l’intérieur.

 

Qu’il soit présent dans les Ecritures et dès leurs origines, c’est en un sens une évidence, du moment que Jésus-Christ est le Verbe fait chair, et que le Verbe, c’est déjà Jésus-Christ, la personne même du Christ.

 

Avant de s’incarner pour les vivre en son humanité, le Verbe produit les Ecritures et s’exprime en elles.

 

Lorsque Saint Jean, dans son Prologue, veut nous présenter l’activité du Verbe avant l’Incarnation, il la décrit sous deux attitudes ; l’une est éternelle : le Verbe est en Dieu, tourné vers Dieu, Dieu lui-même ; l’autre regarde le monde.

 

Or, cette action du Verbe sur le monde correspond aux gestes de Dieu décrits par l’Ancien Testament. Avant de venir dans le monde, le Verbe faisait dans ce monde ce que disent les Ecritures, et il disait dans les Ecritures ce qu’il faisait dans le monde. Il créait le ciel et la terre, et il racontait la création ; il choisissait Abraham et Moïse et leur disait ce qu’il faisait d’eux ; il était la Parole de Dieu, celle qui crée et qui parle, celle qui crée en parlant. Tout ce qui est contenu dans l’Ancien Testament est son œuvre et sa parole.

(Jacques Guillet, « Présence de Jésus-Christ dans les Ecritures », Revue Christus, 53 (1967) 66-79).

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25 octobre 2006 3 25 /10 /octobre /2006 09:00

Les sciences de la nature nous enseignent que la succession des formes organisées ne s’est point déroulée au hasard, et que le mouvement évolutif a un sens et une direction. Elles nous apprennent enfin que l’avènement de l’homme n’est point le résultat de quelque accident, mais le terme naturel de l’évolution organique.

Albert VANDEL, « L’Homme et l’Evolution », Gallimard, 1958, p. 37

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23 octobre 2006 1 23 /10 /octobre /2006 08:42
 

Première Partie : LA CREATION

 

 

L'INFINIMENT PETIT (4e partie)

 

  

 

Nous l’avons vu : le monde repose sur un petit nombre de particules élémentaires : 92 corps simples au total. Nous avons vu également que l’hydrogène et l’hélium représentent à eux seuls 99 % de la matière cosmique ! On peut être surpris par ces chiffres qui laissent seulement 1 % de l’Univers à tous les autres éléments chimiques réunis… Ajoutons que l’hydrogène arrive partout en tête, avec 47 % de la croûte terrestre, 66 % de l’eau de mer et 63 % du corps humain. Cela demande réflexion, d’autant plus que l’hydrogène et l’hélium proviennent tous les deux du Big Bang (nous y reviendrons…).

Certains scientifiques, tels Michael DENTON, se disent fascinés par l'orientation manifestement biocentrique de la matière, le phénomène de la vie découlant, selon eux, des lois mêmes de la nature, et en particulier de l’étonnante adéquation physique et chimique de la Terre.

L’existence d’une vie fondée sur le carbone au sein de notre hydrosphère dépend en effet de toute une série de conditions et processus géophysiques et chimiques d’un très grand nombre de gaz, minéraux, et composés chimiques sans lesquels elle n’aurait jamais pu voir le jour.

Le cycle du carbone, par exemple, dépend de façon critique des concentrations et des propriétés physiques et chimiques (réactivité chimique, solubilité, etc.) des composés suivants : gaz carbonique, ion bicarbonate, acide carbonique, carbonate de calcium ou calcite, et carbonate de magnésium ou dolomite (composés solide) ; méthane (gaz)… Que l’une des propriétés de l’un de ces composés ne soit pas précisément ce qu’elle est, et le cycle du carbone au sein de l’hydrosphère serait impossible, comme probablement la vie fondée sur le carbone.

« Etant donné toute la diversité des composés chimiques et toute la gamme de leurs propriétés physiques et chimiques, il est remarquable que tant d’éléments puissent si efficacement décrire des cycles (…). Il est facile d’imaginer que le changement des propriétés d’un seul composé crucial dans n’importe lequel des cycles d’importance critique rendrait impossible la vie fondée sur le carbone. Ainsi, si le calcaire était aussi peu soluble que le quartz, il n’y aurait pas de carbone disponible dans les eaux d’une planète telle que la Terre (…). Vu la complexité de la géochimie au sein de la croûte terrestre et de l’hydrosphère, il est extraordinaire que tant de variables différentes aient gardé un niveau constant pendant près de trois milliards d’années : la température moyenne de la mer, la concentration de gaz carbonique dans l’air, la salinité de la mer, le taux annuel de sédimentation dans la mer d’environ trente éléments différents, etc. Dans la mesure où s’interpénètrent les cycles de l’eau, du carbone, du fer, du magnésium, de la tectonique des plaques, etc… ils donnent de la Terre l’image d’une immense horloge dotée de rouages s’engrenant parfaitement les uns aux autres et tournant chacun à la vitesse appropriée pour maintenir dans l’hydrosphère les taux requis des éléments essentiels à la vie. »

Pour Michael DENTON, l’existence d’une hydrosphère stable parfaitement adéquate à la vie à la surface d’une planète telle que la Terre découle manifestement de l’accomplissement d’une loi naturelle :

« Il est difficile d’échapper à l’impression que les planètes adéquates à notre type de vie doivent posséder non seulement des mers, des ressacs mugissants et de douces pluies, mais aussi des volcans, et de vastes chaînes de montagnes où se forment des glaciers donnant naissance à des rivières, lesquelles apportent aux mers et distribuent dans toute l’hydrosphère les éléments vitaux arrachés aux roches par l’érosion. De telles planètes doivent encore présenter une dérive des continents et une tectonique des plaques. Toutes ces caractéristiques dressent un tableau familier : celui-ci n’est nullement accidentel, mais représente la conséquence déterminée et inévitable des lois de la nature. »

Et DENTON de conclure : « l’hypothèse traditionnelle du dessein, loin d’être la doctrine surannée et obscurantiste décrite par certains, est entièrement compatible avec les faits reconnus en science (…). L’existence de notre type de vie fondée sur le carbone et l’eau dépend de façon critique d’un certain nombre d’ajustements simultanés remarquables dans les propriétés fondamentales de beaucoup d’entre eux. Il est particulièrement frappant de constater que dans presque tous les cas, chaque constituant élémentaire de la cellule paraît être le seul candidat disponible pour jouer son rôle biologique particulier, et qu’en outre, il donne toutes les apparences d’être idéalement adapté à ce rôle, non pas sous l’angle d’une ou deux de ses caractéristiques, mais sous celui de la totalité de ses propriétés physiques et chimiques. Toutes les données à notre disposition  suggèrent que les caractéristiques chimiques et physiques de tous les atomes et de toutes les molécules qui constituent les êtres vivants doivent être précisément ce qu’elles sont, sans quoi la vie serait impossible… »

« Les ajustements simultanés au sein des constituants élémentaires de la vie sont si nombreux et si remarquables qu’il semble impossible qu’il puisse exister une autre série équivalente d’ajustements facilitant la vie sous la forme de quelque autre collection d’entités physico-chimiques semblables. Et cela laisse à penser que la vie telle que nous la connaissons sur la Terre est, selon toute probabilité, un phénomène unique en son genre. Autrement dit, si nous voulions construire un système biochimique auto-réplicatif en partant des prévisions théoriques, nous en arriverions à reconstruire une cellule exactement sous la forme qu’une telle entité présente sur la Terre. »

« Toutes les apparences militent [donc] en faveur d’un cosmos profondément orienté dans le sens de la vie, c’est-à-dire « biocentrique ». Le cosmos est un « tout » spécialement agencé pour l’apparition de la vie et de l’homme, de sorte que toutes les facettes de la réalité – de la dimension des galaxies à la capacité thermique de l’eau – s’expliquent par cette caractéristique primordiale. »

Michael DENTON précise bien qu’« aucune de ces données ne constitue une preuve catégorique de l’interprétation téléologique de l’évolution, mais la seule alternative non téléologique – la théorie darwinienne de la sélection naturelle – n’est pas convaincante. »

(à suivre…)

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22 octobre 2006 7 22 /10 /octobre /2006 11:48

Chers amis lecteurs, je vous propose aujourd'hui un extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI aux membres de la Secrétairerie d'Etat, le samedi 21 mai 2005, qui me paraît se situer dans le prolongement de l'Evangile de ce dimanche (Mc 10. 35-45).

Nous ne travaillons pas - comme beaucoup le disent de leur travail - pour défendre un pouvoir. Nous n'avons pas un pouvoir terrestre, séculier. Nous ne travaillons pas pour le prestige, nous ne travaillons pas pour développer une entreprise ou quelque chose de semblable. Nous travaillons réellement pour que les routes du monde soient ouvertes au Christ. Et tout notre travail, avec toutes ses ramifications, sert à la fin à ce que son Evangile, et ainsi la joie de la Rédemption, puisse arriver dans le monde. En ce sens, même dans les petits travaux de tous les jours, en apparence peu glorieux, nous nous faisons (...) autant que nous le pouvons, des collaborateurs de la Vérité, c'est-à-dire du Christ, dans son oeuvre dans le monde, afin que véritablement le monde devienne le Royaume du Christ.

 

Lire le discours intégral donné aux membres de la Secrétairerie d'Etat, le 21 mai 2005

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20 octobre 2006 5 20 /10 /octobre /2006 07:20

Jamais la Révélation ne tombe du ciel pour communiquer aux hommes du dehors et d’en haut des mystères transcendants ; Dieu parle à l’homme de l’intérieur du monde et à partir de ses propres expériences humaines, en pénétrant si intimement sa créature que déjà la Kénose divine s’annonce dans la Parole de l’Ancienne Loi, et ne fait que s’achever dans l’Incarnation.

 

Hans-Urs Von Balthasar, « Existence humaine comme Parole divine », in La Foi du Christ, Foi Vivante 76, Auvier-Montaigne, 1968, p. 152.

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19 octobre 2006 4 19 /10 /octobre /2006 08:20

[Chers amis lecteurs, je vous propose une très belle méditation de Suzanne de Diétrich, théologienne protestante, puisée dans son remarquable ouvrage sur la Bible : "Le dessein de Dieu"]

Si nous ignorions l’histoire de Jésus et que quelqu’un nous dise que Dieu a inventé d’envoyer son Fils aux hommes pour les convertir à lui, nous imaginerions ce Fils venant dans une si éblouissante beauté et une telle gloire que tous les hommes seraient irrésistiblement gagnés. Mais le mystère de Jésus, c’est qu’il est venu si semblable aux autres hommes que des foules ont pu passer à côté de lui sans le reconnaître ; et ceux qui l’ont reconnu l’ont trouvé si encombrant qu’ils n’ont eu qu’une pensée : celle de se débarrasser de lui le plus rapidement et le plus sûrement possible.

Si nous ne savions rien de la Bible et qu’on nous dise que Dieu s’est révélé aux hommes par un livre où ceux qui l’ont vu et entendu témoignent de lui, nous imaginerions, je pense, un livre d’une logique si éblouissante et si forte qu’il convaincrait tous ceux qui le liraient. Et voici que la Bible est un livre humain, plein d’obscurités et de contradictions. Luther a comparé l’Ancien Testament à de pauvres langes dans lesquels l’enfant Jésus est enveloppé. Dieu a choisi l’infirmité des paroles humaines pour se révéler à travers elles comme il a choisi pour son Fils l’humble pauvreté de la crèche. Et c’est justement dans cette pauvreté que sa gloire éclate ; car cet éclat n’est pas de ce monde ; il est d’un autre ordre, l’ordre de la Charité.

Le mystère de l’amour divin est un mystère d’abaissement ; pour élever jusqu’à lui sa créature, Dieu commence par descendre jusqu’à elle : il lui parle son langage, il prend sa chair. Dieu se livre aux hommes dans la Bible comme il se livre aux hommes dans son Fils. Les hommes peuvent faire de ce livre ce qu’ils veulent, le disséquer, le bafouer, en rejeter l’esprit et ne retenir que la lettre ; et ils s’en sont donné à cœur joie de faire tout cela. Mais pour celui à qui Dieu ouvre les yeux, les ténèbres deviennent lumière et la Bible devient les Gesta Dei per Christum en qui toutes les détresses de l’homme et toutes les énigmes de l’Histoire trouvent leur réponse. 

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18 octobre 2006 3 18 /10 /octobre /2006 08:59

 

[Cher Hervé, comme promis, je te livre ce magnifique passage tiré de l’ouvrage "La Parole, braise en ton coeur" du Père Daniel-Ange, Edition des Béatitudes, janvier 2004]

 

 

Au commencement de tout, il y a la Parole.

 

Elle n’est pas un son, pas un message, pas une expression de la pensée. Elle est Quelqu’un, ne Personne éternelle et immortelle. Vivant de toujours à toujours.

 

Ainsi le chante Saint Jean (1.1), dans la grande hymne ouvrant la symphonie de son Evangile : « Au commencement était le Verbe. Le Verbe était Dieu ! » 

 

Parole vivante du Père, elle résonne dans le vide et le silence originels. Et voilà les Anges, le cosmos et surtout l’homme surgissant dans l’existence, sur simple appel de cette voix de la Parole. 

 

Des millénaires plus tard, elle retentit dans le désert, s’adressant personnellement à un homme précis : « Abraham ! Pars ! » Et voilà le peuple de Dieu lancé à travers l’Histoire : l’Eglise que la Parole ne va plus cesser de guider, d’éclairer, d’inspirer, telle l’étoile des mages. Mais à partir de cet instant précis, tout est renversé : c’est ce peuple qui devient le berceau, l’écrin, la caisse de résonance de la Parole. 

 

La Parole s’en remet humblement à cette Eglise qu’elle a elle-même suscitée, éveillée à l’existence et formée. Bref, d’un côté la Parole est le « milieu créateur » de l’Eglise. De l’autre, l’Eglise est le « milieu porteur » de la Parole. 

 

D’un côté, l’Eglise est engendrée par la Parole. De l’autre, la Parole est enfantée dans l’Eglise. 

 

D’un côté, l’Eglise est née de la Parole. De l’autre, elle est son lieu de naissance sur terre, son berceau, son Bethléem… 

 

Dis-moi donc, comment la Parole de Dieu a-t-elle pu parvenir jusque dans mes mains, sur mes lèvres, dans mon cœur ? Tout simplement par l’Eglise. En effet, il n’y aurait pas de Parole, s’il n’y avait pas d’abord un peuple. Dieu n’aurait pas pu parler, s’il n’y avait pas d’abord eu des gens pour écouter, pour recueillir sa Parole et essayer d’en vivre. Des gens dont, en sens inverse, la Parole finit par faire un peuple. Un peuple convoqué et rassemblé par la Parole. 

 

Donc, il n’y aurait pas de Bible, s’il n’y avait eu d’abord Israël. Il n’y aurait pas de prophètes, s’ils n’avaient eu personne à qui s’adresser. Il n’y aurait pas d’Evangile, s’il n’y avait eu les disciples de Jésus pour transmettre sa vie et son message. Il n’y aurait pas les lettres des Apôtres, s’il n’y avait eu d’abord des personnes à qui écrire. Bref, pas d’Ecritures, s’il n’y avait eu d’abord des communautés vivantes qui les garderaient et les transmettraient aux générations futures. 

 

Le peuple précède, porte et transmet la Parole. L’Eglise est donc avant la Parole. Et la Parole est au-dedans de l’Eglise. L’Eglise en dévoile la beauté, en décrypte les secrets, en descelle les sceaux, en diffuse la voix. 

 

Preuves a contrario : tant de sectes citent la Bible à tort et à travers, tant de non-croyants la dissèquent comme un écrit humain. A la limite, en isolant des extraits du contexte, on peut lui faire dire n’importe quoi, cela parce qu’elle n’est pas reçue dans l’Eglise. Perle arrachée à la Couronne, se perdant dans un marécage. Ou nourrisson qui meurt, arraché à son berceau ! On ne peut donc jamais séparer la Parole de la Tradition vivante de l’Eglise. 

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15 octobre 2006 7 15 /10 /octobre /2006 18:00

Cher Pasteur,

Je souhaiterais répondre aujourd’hui à votre article sur la Sola Scriptura.

Dans le feu de notre disputatio sur le Pape Benoît XVI et son discours de Ratisbonne, vous m’aviez lancé : « je serais assez curieux de savoir comment vous appuyez bibliquement votre affirmation quant à l'autorité nécessaire du pape... », cédant en cela à un vieux réflexe protestant qui veut trouver à chaque affirmation requerrant l’adhésion de la foi un fondement explicite dans la Bible. C’est la raison pour laquelle j'avoue n’avoir pu m’empêcher de vous répliquer que « je serais curieux pour ma part de savoir comment vous justifiez bibliquement la Sola Scriptura? »

Car en effet : si toute affirmation de foi doit être solidement fondée dans la Bible, il doit bien en être de même a fortiori pour la première entre toutes, celle en vertu de laquelle précisément il ne peut y avoir d’autorité doctrinale légitime pour un chrétien en dehors de la Bible : la Sola Scriptura.

Vous définissez très bien dans votre article la Sola Scriptura (l’un des grands piliers du protestantisme avec la Sola Fide) en indiquant que « toute affirmation théologique, toute doctrine doit pouvoir s'appuyer sur l'Ecriture et sur une interprétation intelligente et argumentée (ce qui disqualifie à nos yeux des dogmes tels que l'assomption, l'immaculée conception ou l'infaillibilité pontificale qui ne peuvent prétendre trouver leur source dans l'Ecriture). » 

« L'expression Sola Scriptura, précisez-vous, exprime un refus de l'autorité de la Tradition (comprise… comme un pan non écrit de la Révélation qui se transmettrait depuis les apôtres aux évêques et aux prêtres par l'imposition des mains et la succession apostolique) et contre le Magistère (l'autorité donnée aux conciles et au pape de trancher ce qui est conforme à la Révélation et ce qui ne l'est pas). Ainsi parmi les trois sources d'autorité reconnues pas l'Eglise Catholique Romaine, l'Ecriture, la Tradition, le Magistère, les protestants n'en reconnaissent qu'une seule, l'Ecriture, d'où le slogan Sola scriptura. »

Et il est fréquent en effet qu’à l’occasion de telle ou telle discussion sur la Vierge Marie, sur l’Eglise et le Pape, ou encore l’intercession des saints, l’on nous oppose à nous catholiques cet argument imparable sensé mettre fin à toute controverse : « Ce que vous affirmez n’est pas écrit dans la Bible ! ».

D’où ma question, cher Pasteur : où la Bible enseigne-t-elle que l’Ecriture Sainte est notre unique autorité ?

Vous me répondez dans votre article de deux manières différentes :

1°) En relativisant tout d’abord la portée de l’expression « Sola » : « "Sola scriptura" ne signifie pas l'Ecriture et rien que l'Ecriture (…). Hormis pour les fondamentalistes les plus extrêmes, les protestants ne confèrent pas à la bible une autorité absolue. Ce serait oublier le travail considérable des exégètes et théologiens protestants (…) et surtout ce serait dénier la puissance et la liberté absolue de l'Esprit (attestée clairement dans l'Écriture). (…) C'est cet Esprit Saint qui a inspiré la formation du Canon, et l'Esprit Saint qui nous donne de reconnaître l'autorité de ce Canon ».

Outre que cette appréciation m’étonne un peu, en ce qu’elle paraît autoriser le développement d’une « tradition » à l’intérieur même du protestantisme, il n’en reste pas moins, si je vous suis bien, que cette tradition doit en toute hypothèse émaner directement de l’Ecriture Sainte pour être reconnue comme valide, la Bible demeurant, selon vous, l’unique source possible à « toute affirmation théologique » et « toute doctrine ». Tel est bien le sens, en effet, de la Sola Scriptura

Nous revenons donc à notre question de départ : où donc la Bible enseigne-t-elle que l’« Ecriture seule » est notre unique source ? Où l’Ecriture Sainte enseigne-t-elle la Sola Scriptura ?

Vous tentez de répondre à cette question d’une deuxième façon :

2°) En justifiant bibliquement l'autorité de la Bible au moyen de trois citations tirées de l’Ecriture Sainte : Luc 1. 3-4, Jean 21. 24, Deutéronome 11. 18-19.

Mais si vous me permettez, cher Pasteur, vous ne répondez toujours pas à la question ! Le problème n’est pas de savoir si la Bible est revêtue ou non d’une divine autorité, si elle est ou non la Parole même de Dieu. Cela, pas un catholique n’en doute (enfin, j’espère….). La question est de savoir si la Bible doit être considérée comme notre unique autorité, et si oui, sur quel fondement biblique.

Je ne crois pas poser là une question impertinente, cher Pasteur, mais appliquer dans sa rigueur le principe même de la Sola Scriptura… à la Sola Scriptura elle-même ! Vous comprendrez aisément qu’une affirmation aussi grave que celle qui consiste à faire de la Bible notre seule et unique source doit être nécessairement fondée elle-même… sur la Bible ! Sans quoi, la Sola Scriptura serait intrinsèquement et irrémédiablement contradictoire avec elle-même...

Aussi, je repose la question essentielle, cruciale, fondamentale, la seule qui importe à mes yeux dans la présente discussion : où donc la Sola Scriptura est-elle enseignée dans la Bible ?

J’ai bien peur, cher Pasteur, que la réponse ne s’impose comme une évidence : nulle part… La Sola Scriptura n’est pas un principe biblique. Nulle part la Bible ne déclare expressément qu’elle est l’unique autorité des chrétiens. La Sola Scriptura n’est en réalité qu’un présupposé théologique, l’affirmation historique que les Réformateurs ont opposé aux catholiques qui reconnaissent, pour leur part, une divine autorité à l’Eglise et à la Tradition, à côté de l’Ecriture. Il me paraissait important de le dire…

N’est-ce donc pas un bien curieux paradoxe, cher Pasteur ? Vous affirmez que les chrétiens ne peuvent croire strictement que ce que la Bible enseigne, mais celle-ci n’enseigne nulle part qu’elle est notre seule autorité ! Vous n’acceptez, dites vous, d’autorité que de la Bible, et non du Pape, des conciles ou de la Tradition de l’Eglise. Mais nulle part la notion de base d’une tradition n’est condamnée dans l’Ecriture… Bien mieux : Saint Paul évoque explicitement la tradition... pour nous exhorter à y être fidèle ! Ainsi, en 2 Thessaloniciens 2. 15 : « Dès lors, frères, tenez bon, et gardez fermement les traditions que vous avez apprises de nous, de vive voix ou par lettre. »

Voilà qui renverse singulièrement les perspectives. Non seulement la Sola Scriptura n’est pas bibliquement fondée, mais la Tradition de l’Eglise, elle, l’est !

Tout cela est d’ailleurs bien cohérent avec la remarque que vous faisiez en préambule de votre article : « Il faut bien [disent les théologiens catholiques] que la Tradition ait une autorité pour avoir établi le canon, c'est à dire avoir défini quels étaient les textes ayant autorité. Le Sola scriptura ne peut suffire. C'est d'une logique irréfutable. »

C’est non seulement d’une logique irréfutable, cher Pasteur, mais c’est bibliquement fondé. Pouvez-vous me dire ainsi ce qui, dans la Bible, est considéré comme « la colonne et le support de la Vérité » ? L’Ecriture Sainte ? Non point ! Mais l’Eglise… (cf.1 Tim 3.15 : « Je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire dans la communauté, l’Eglise du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité »).

Comme l’écrit le Père Daniel-Ange dans son livre « La Parole, braise en ton cœur » (Editions des Béatitudes, 2004), c’est l’Eglise qui précède, porte et transmet la Parole. Il n’y aurait pas eu de Parole s’il n’y avait eu d’abord un peuple. Car Dieu n’aurait pu parler s’il n’y avait eu d’abord des gens pour l’écouter, pour recueillir sa parole et essayer d’en vivre. Il n’y aurait donc pas eu de Bible sans Israël. Comme il n’y aurait pas eu d’Evangile s'il n'y avait eu les disciples de Jésus pour transmettre sa vie et son message. Comme il n’y aurait pas eu les Actes des Apôtres s’il n’y avait eu d’abord des personnes à qui écrire… Bref, il n’y aurait pas eu d’Ecritures du tout s’il n’y avait eu d’abord des communautés vivantes pour les recevoir, les garder et les transmettre aux générations futures.

L’Eglise est donc avant la Parole. C’est l’Eglise qui a reçu l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte, avec le charisme du discernement qui lui a permis de fixer le Canon des Ecritures. Ce don plénier de l’Esprit ne lui a pas été retiré depuis lors, puisque comme vous le savez, « les dons de Dieu sont irrévocables » (cf. Rm 11. 29).

La Tradition émane donc de la même autorité en vertu de laquelle l’Eglise a reconnu les textes de notre Bible comme l’authentique Parole de Dieu. La Tradition a dès lors même autorité que la Bible, qui en est elle-même l’émanation et le fruit magnifique. Voilà pourquoi l’on ne peut séparer la Bible de la Tradition vivante d’où elle est issue et qui en donne la juste interprétation, car cette Eglise "consacrée par l’onction" est ce grand Corps (cf. Ep 1. 23) à l'intérieur duquel circule la sève vivifiante de l’Esprit depuis les premiers Apôtres jusqu’à la fin des temps, pour porter sans cesse de nouvelles fleurs et de nouveaux fruits, et rendre toujours actuel le mystère du Salut offert en Jésus-Christ, notre Seigneur.

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14 octobre 2006 6 14 /10 /octobre /2006 13:18

 

Chers amis lecteurs, 

Avant d'entrer dans la dernière partie de son exposé, le Père Daniel-Ange répond à quelques questions. 

- Karl Barth (in Dogmatique) : "L'Eglise sait très bien ce qu'elle fait lorsqu'elle place le dogme de la conception virginale comme une sentinelle au seuil du mystère de Noël."

- La génétique moderne nous révèle que l'être humain existe en tant que tel dès les premiers instants de la conception. Elle confirme ainsi le dogme de l'Immaculée Conception, très discuté dans le passé en raison des incertitudes concernant le moment précis de l'apparition de l'âme (quelques semaines après la conception physique, selon St Thomas d'Aquin...). Aujourd'hui, la science expérimentale confirme, et nous permet de mieux comprendre le mystère de l'Immaculée Conception, comme celui de l'Incarnation. 

- Le plus grand obstacle à la pleine communion de nos Eglises soeurs, catholiques et orthodoxes n'est plus aujourd'hui la question du ministère pétrinien à Rome, mais le libéralisme théologique en Occident! Pour les orthodoxes, l'Eglise Catholique enseigne, par la voix de certains théologiens libéraux, de véritables hérésies. Les orthodoxes, qui ont un sens fort de la Tradition et de la transmission de la Vérité, nous reprochent de nier la virginité de Marie, la réalité physique des miracles... Ce n'est plus, selon eux, la même foi que nous professons! Dès lors, autour de quoi s'unir?? A force de dissoudre la foi, on ne sait plus autour de quoi se retrouver, ni à quoi communier. 

Plus chaque Eglise approfondit sa Foi, plus on se rapproche les uns des autres dans la même Foi, tels les rayons d'une roue qui convergent vers le moyeu.  

La vraie frontière aujourd'hui n'est plus entre Catholiques, Orthodoxes ou Protestants, mais entre ceux qui sont vraiment croyants, qu'ils soient Catholiques, Orthodoxes ou Protestants, et ceux qui ne le sont plus vraiment, qu'ils soient Catholiques, Orthodoxes ou Protestants. La vraie frontière se situe aujourd'hui au niveau de la Foi : Est-ce que tu crois, oui ou non, que Jésus-Christ est conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, et qu'il est ton Dieu?

7e étoile : quand la génétique moderne confirme le dogme

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13 octobre 2006 5 13 /10 /octobre /2006 09:49

Extrait de l'homélie prononcée par le Pape Benoît XVI au jour de la Pentecôte, le dimanche 15 mai 2005.

Si nous comparons les deux événements de la Pentecôte, le vent puissant du 50e jour et le souffle léger de Jésus le soir de Pâques, le contraste entre deux épisodes, qui eurent lieu au Sinaï et dont nous parle l'Ancien Testament, peut nous revenir à l'esprit.

 

D'une part, il y a le récit du feu, du tonnerre et du vent, qui précèdent la promulgation des dix Commandements et l'établissement de l'Alliance (Ex 19sq.) ; de l'autre, l'on trouve le mystérieux récit d'Elie sur l'Horeb.

 

Après les événements dramatiques du Mont Carmel, Elie avait fui la colère d'Achab et de Jézabel. Suivant le commandement de Dieu, il était ensuite parti en pèlerinage jusqu'au Mont Horeb. Le don de l'alliance divine, de la foi dans le Dieu unique, semblait avoir disparu en Israël. Elie, d'une certaine façon, devait rallumer la flamme de la foi sur le Mont de Dieu et la rapporter à Israël. En ce lieu, il fait l'expérience du vent, d'un tremblement de terre et du feu. Mais Dieu n'est pas présent dans tout cela. Alors il perçoit un doux et léger murmure. Et Dieu lui parle dans ce souffle léger (1 R 19, 11-18).

 

N'est-ce pas ce qui se passe le soir de cette Pâque, lorsque Jésus apparaît à ses Apôtres pour enseigner ce que l'on veut dire ici? Ne pouvons-nous pas voir ici une préfiguration du serviteur de Yahvé, dont Isaïe dit:  "Il ne crie pas, il n'élève pas le ton, il ne fait pas entendre sa voix dans la rue" (42, 2)? N'est-ce pas ainsi qu'apparaît l'humble figure de Jésus comme la véritable révélation à travers laquelle Dieu se manifeste à nous et nous parle? L'humilité et la bonté de Jésus ne sont-elles pas la véritable épiphanie de Dieu?

 

Elie, sur le Mont Carmel, avait cherché à combattre l'éloignement de Dieu par le feu et par l'épée, tuant les prophètes de Baal. Mais de cette façon, il n'avait pu rétablir la foi. Sur le Mont Horeb, il doit apprendre que Dieu n'est pas dans le vent, dans un tremblement de terre, dans le feu ; Elie doit apprendre à percevoir la voix légère de Dieu et, ainsi, à reconnaître à l'avance celui qui a vaincu le péché, non par la force mais par sa Passion ; celui qui, à travers sa souffrance, nous a donné le pouvoir du pardon. Telle est la façon dont Dieu vainc.

 

 


Lire le texte intégral de l'homélie pour la Pentecôte, le 15 mai 2005

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Publié par Matthieu BOUCART -
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