12 octobre 2006 4 12 /10 /octobre /2006 08:38

Extrait de l'homélie prononcée par le Pape Benoît XVI au jour de la Pentecôte, le dimanche 15 mai 2005.

En surmontant la rupture initiale de Babel - la confusion des coeurs, qui nous élève les uns contre les autres - l'Esprit [à la Pentecôte] ouvre les frontières. Le peuple de Dieu qui avait trouvé au Sinaï sa première forme, est alors élargi au point de ne connaître plus aucune frontière.

 

Le nouveau peuple de Dieu, l'Eglise, est un peuple qui provient de tous les peuples. L'Eglise est catholique dès le début, telle est son essence la plus profonde. Saint Paul explique et souligne cela dans la deuxième lecture, lorsqu'il dit :  "Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit" (1 Co 12, 13). L'Eglise doit toujours redevenir ce qu'elle est déjà :  elle doit ouvrir les frontières entre les peuples et abattre les barrières entre les classes et les races. En son sein, il ne peut y avoir de personnes oubliées ou méprisées. Dans l'Eglise, il n'y a que des frères et des soeurs de Jésus Christ libres.

 

Le vent et le feu de l'Esprit Saint doivent sans relâche ouvrir ces frontières que nous les hommes continuons à élever entre nous ; nous devons toujours repasser de Babel, de la fermeture sur nous-mêmes, à la Pentecôte. Nous devons donc prier sans cesse pour que l'Esprit Saint nous ouvre, nous donne la grâce de la compréhension, de façon à devenir le peuple de Dieu issu de tous les peuples - saint Paul nous dit encore davantage :  dans le Christ, qui comme unique pain nous nourrit tous dans l'Eucharistie et nous attire à lui dans son corps torturé sur la croix, nous devons devenir un seul corps et un seul esprit.

 

La deuxième image de l'envoi de l'Esprit, que nous trouvons dans l'Evangile, est beaucoup plus discrète. Mais c'est précisément ainsi qu'elle fait percevoir toute la grandeur de l'événement de la Pentecôte. Le Seigneur Ressuscité entre dans le lieu où se trouvent les disciples en traversant les portes closes et il les salue deux fois en disant:  que la paix soit avec vous! Quant à nous, nous fermons sans cesse nos portes ; nous voulons sans cesse nous mettre en sécurité et ne pas être dérangés par les autres et par Dieu. C'est pourquoi nous pouvons sans cesse supplier le Seigneur uniquement pour cela, pour qu'il vienne à nous en franchissant nos fermetures et qu'il nous apporte son salut (...).

 

Au salut de paix du Seigneur suivent deux gestes décisifs pour la Pentecôte :  le Seigneur veut que sa mission se poursuive à travers les disciples:  "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21). Après quoi il souffle sur eux et dit :  "Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus" (Jn 20, 23). Le Seigneur souffle sur les disciples, et il leur donne ainsi l'Esprit Saint, son Esprit. Le souffle de Jésus est l'Esprit Saint (...). A son souffle, au don de l'Esprit Saint, le Seigneur relie le pouvoir de pardonner. Nous avons précédemment entendu que l'Esprit Saint unit, franchit les frontières, conduit les uns vers les autres. La force, qui ouvre et permet de surmonter Babel, est la force du pardon. Jésus peut donner le pardon et le pouvoir de pardonner, car il a lui-même souffert des conséquences de la faute et il les a fait disparaître dans la flamme de son amour. Le pardon vient de la croix ; il transforme le monde avec l'amour qui se donne. Son coeur ouvert sur la croix est la porte à travers laquelle la grâce du pardon entre dans le monde. Seule cette grâce peut transformer le monde et édifier la paix (...).

 

Ce n'est que dans le pardon que s'accomplit le véritable renouveau du monde. Rien ne peut s'améliorer dans le monde, si le mal n'est pas surmonté. Et le mal ne peut être surmonté qu'avec le pardon. Bien sûr, cela doit être un pardon efficace. Mais seul le Seigneur peut nous donner ce pardon. Un pardon qui n'éloigne pas le mal seulement en paroles, mais qui le détruit réellement. Cela ne peut se produire qu'avec la souffrance et a réellement eu lieu avec l'amour empreint de souffrance du Christ, d'où nous puisons le pouvoir du pardon.

   

Lire le texte intégral de l'homélie pour la Pentecôte, le 15 mai 2005
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11 octobre 2006 3 11 /10 /octobre /2006 08:42

Extrait de l'homélie prononcée par le Pape Benoît XVI au jour de la Pentecôte, le dimanche 15 mai 2005.

Ce n'est que dans une harmonie ordonnée des libertés, qui ouvre à chacun son propre domaine, que peut régner une liberté commune. C'est pourquoi le don de la loi sur le Sinaï ne fut pas une restriction ou une abolition de la liberté, mais le fondement de la véritable liberté. Et, étant donné qu'une juste organisation humaine ne peut exister que si elle provient de Dieu et si elle unit les hommes dans la perspective de Dieu, les commandements que Dieu lui-même donne ne peuvent manquer à une organisation ordonnée des libertés humaines.

 

Ainsi, Israël est pleinement devenu un peuple précisément à travers l'alliance avec Dieu au Sinaï. La rencontre avec Dieu au Sinaï pourrait être considérée comme le fondement et la garantie de son existence comme peuple. Le vent et le feu, qui frappèrent la communauté des disciples du Christ rassemblés au Cénacle, constituèrent un développement supplémentaire de l'événement du Sinaï et lui donnèrent une nouvelle envergure.  

 


Lire le texte intégral de l'homélie pour la Pentecôte, le 15 mai 2005

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9 octobre 2006 1 09 /10 /octobre /2006 17:38

«Il est faux de croire que le rôle de la physique

soit de découvrir ce qu'est la nature.

Elle a seulement pour objet ce que nous pouvons en dire.»

(Niels BOHR, prix Nobel de physique en 1922)

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8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 16:17

 

Première Partie : LA CREATION

 

 

L'INFINIMENT PETIT (3e partie)

 

  

 

Nous avons eu l’occasion de voir précédemment le caractère d’ultime parcelle et de divisibilité de l’atome. L’atome est en effet divisible physiquement, mais indivisible chimiquement. C’est la plus petite quantité d’un corps simple capable d’entrer en composition chimique. En revanche, sur le plan de la structure, l’atome est complexe et fait de particules différentes que l’on peut séparer.

Au fur et à mesure des découvertes, on a appelé particules élémentaires des objets qui entrent eux-mêmes dans la constitution des particules déjà qualifiées d’élémentaires. Il en fut ainsi de l’atome, puis de l’électron et du noyau atomique, puis de l’électron seul, du proton et du neutron. On en est maintenant aux quarks et aux leptons ! Comme disait Pascal : « Quelque petit soit un espace, on peut encore en considérer un moindre, et toujours à l’infini, sans jamais arriver à un indivisible qui n’ait plus d’étendue »

La science du XXe siècle a ainsi conçu et développé la mécanique quantique qui se propose de décrire l’état et l’évolution des systèmes mécaniques à l’échelle des molécules, des atomes et des particules.

La mécanique quantique nous réserve les plus incroyables surprises sur le plan scientifique, avec des conséquences considérables sur le plan métaphysique. Le plus étrange phénomène découvert est sans doute l’influence du chercheur lui-même sur ce qu’il observe.

L’on sait bien qu’il n’y a pas de physique sans observation. Aucun progrès, pour ne pas dire aucune connaissance, n’est réalisable en physique sans observation. Au niveau macroscopique et, a fortiori, de l’infiniment grand, l’observation est tout à fait possible et crédible : nous ne changeons rien à la Lune ou à la Tour Eiffel en les regardant. Or, tel n’est pas le cas en physique quantique… Dans le domaine de l’infiniment petit, il n’y a pas en effet d’observation sans perturbation ni participation de l’observateur.

Les premiers véritables chercheurs du monde quantique finirent donc par démontrer que le secret fondamental de l’origine et du comportement des particules restera à jamais inaccessible à la perception humaine, du fait qu’en observant, « l’observateur modifie la réalité et en créé une nouvelle. [Voilà] une loi fondamentale du monde microscopique… La réalité du monde microscopique n’a de sens qu’en présence d’un observateur. Nous ne sommes plus des spectateurs passifs devant le drame majestueux du monde des atomes. Notre présence change le cours du drame. Les notes de musique que les atomes nous envoient se trouvent modifiées du fait même que nous les entendons. La forme que prend la mélodie est inextricablement liée à notre présence et les équations qui décrivent ce monde doivent inclure implicitement l’acte d’observer » (Trinh Xuan Thuan, « La mélodie secrète », Fayard).

On ne saurait mieux souligner l’impossibilité qui en résulte pour l’homme de connaître un jour le véritable secret de la nature… Certains savants sont allés jusqu’à émettre l’hypothèse que si l’homme ne pouvait ainsi percer le secret ultime de la nature, c’est sans doute que la nature elle-même ne le possédait pas...

Tout fut imaginé pour expliquer la chose. La plus rationnelle des suppositions émises (mais qui reste aujourd’hui à démontrer) est qu’un être humain contient lui-même tellement de milliards de milliards de particules que très probablement, cette super concentration influence le tout petit nombre de particules soumises à l’expérience…

Cette découverte relativement récente dans l’Histoire des sciences est capitale. Ne peut être réputé scientifique en principe que ce qui a été soumis à des expériences répétées, parce que le vrai est vérifiable. La science ne peut affirmer des certitudes qu’à ce prix. Aucune découverte scientifique ne peut échapper à la vérification. Il est vrai que la recherche scientifique est marquée par la difficulté. Nous le voyons bien par exemple avec le cancer ou le SIDA, dont les secrets nous échappent toujours. Nombreux sont ceux qui affirment qu’on les trouvera. Et si certains pensent le contraire, ils ne peuvent pas prouver qu’ils ont raison. Mais la science sait aujourd’hui que le secret fondamental de l’infiniment petit ne sera jamais connu. Ce constat valu à Niels Bohr (1885-1962), prix Nobel de physique en 1922, cette sentence passée à la postérité : « Il est faux de croire que le rôle de la physique soit de découvrir ce qu’est la nature. Elle a seulement pour objet ce que nous pouvons en dire ».

Cette nouvelle définition de la physique par l’un des plus éminents savants du XXe siècle, est d’une portée scientifique et métaphysique considérable. Elle anéantit à elle seule le scientisme et sa naïve prétention. Elle nous informe des limites de l'activité scientifique et de ses réelles capacités d’investigation.

Ainsi que l’écrit André VALENTA dans son excellent ouvrage sur le scientisme : « L’opinion de Niels Bohr ouvre une nouvelle et véritable philosophie. La première philosophie directement imposée par la recherche scientifique. Certes, on pourra toujours parler des innombrables philosophies inspirées par la science. Mais cette fois, la sagesse devient obligatoire. Elle n’est pas seulement suggérée, elle est imposée. Parce que la science nous dit qu’elle ne peut pas savoir. Il nous faut donc chercher l’explication du phénomène par d’autres voies. »

On le sait : cette découverte heurta beaucoup Einstein, qui s’y opposa de toutes ses forces et cela, jusqu’à sa mort. Il ne pouvait pas croire qu’un secret de la nature aussi important puisse demeurer inaccessible à notre humaine compréhension. Et quand Bohr présenta son interprétation de la mécanique quantique aux Congrès Solvay auxquels participait le célèbre physicien, il convainquit tout le monde… sauf Einstein qui s’y opposa avec acharnement. Bohr finit par détruire une à une toutes les objections de son illustre adversaire, au point d’entamer sérieusement son prestige, et de susciter cette vigoureuse remontrance de Paul Ehrenfest : « Einstein, vous devriez avoir honte ! Vous commencez à vous conduire comme ceux qui ont critiqué vos propres théories de la relativité. Tous vos arguments ont été battus en brèche : au lieu d’appliquer votre propre règle, qui dit que la physique doit être construite sur des relations mesurables et non sur des notions préconçues, vous continuez à avancer des arguments fondés sur des préjugés. »

Depuis la mort d’Einstein et de Bohr, de nombreuses expériences ont vérifié les surprenantes prédictions de la mécanique quantique. Elle est devenue aujourd’hui un outil remarquablement efficace en physique moléculaire et des solides, de même que dans la théorie des champs. Heinz Pagels, éminent scientifique américain, estime ainsi que « la nouvelle théorie quantique est devenue le plus formidable outil mathématique susceptible d’expliquer les phénomènes naturels dont ait jamais disposé l’humanité ».

Tout le monde scientifique s’accorde sur la façon d’utiliser, en pratique, la mécanique quantique. L’avènement de l’« ère quantique » est à l’origine  de l’explosion des technologies majeures du monde moderne avec les ordinateurs, le laser, la télévision et bien d’autres choses encore.

Comme l’écrivait encore Heinz Pagels : « Lorsqu’on écrira l’histoire de ce siècle, on comprendra que les évènements politiques ne sont pas ce qui importent le plus, même s’ils ont énormément coûté en argent et vies humaines. On se rendra compte que l’évènement capital aura été ce premier contact de l’homme avec le monde invisible des quantons, d’où devaient surgir les révolutions biologiques et informatique. »

***

Les incertitudes et étrangetés du monde microscopique révélées par les découvertes du XXe siècle nous fascinent. Elles ouvrent aussi d’inévitables considérations métaphysiques donc nous avons bien vu qu’elles sont à l’opposé de ce que la science triomphante avait inspiré à beaucoup d’esprits du siècle passé qui en avaient fait les plus imprudentes interprétations.

Parmi les nombreuses révélations de la science quantique, rien ne nous paraît plus déconcertant que l’irréductible mystère de l’univers invisible et inaccessible d’où sortent les particules, et d’où provient tout ce qui existe. Comme le disait Niels Bohr, « si un homme n’est pas pris de vertige quand il apprend la mécanique quantique,… c’est qu’il n’y a rien compris ».

L’étude des particules est difficile à imaginer pour le sens commun, tant elles sont petites et mobiles. Nous avons du mal à imaginer qu’il puisse en exister de plus petites encore, mais nous savons que c’est possible. Nous savons aussi que leur découverte n’atteindra pas le véritable fond des choses, le secret fondamental de la matière. On a beau descendre dans son intimité, on ne sait toujours pas ce que c’est.

Certes, la science a beaucoup avancé en découvrant que la matière était faite d’atomes, d’électrons, de neutrons et de protons, et ces derniers de quarks. Mais, à chaque fois, notre connaissance s’est contentée de faire progresser les descriptions, les fonctions, les mesures et les équations. La clé de la création, elle, continue de nous échapper.

Comme l’écrivait Igor Bogdanov, dans l’ouvrage collectif « Dieu et la Science » paru il y a quelques années (chez Grasset) : « lors de leur hallucinante plongée au cœur de la matière, les physiciens se sont aperçus que leur voyage, loin de s’arrêter à la frontière du noyau, débouche en fait sur [un] immense océan de (…) particules. Tout se passe comme si, après avoir quitté le fleuve sur lequel nous avions l’habitude de naviguer, nous nous trouvions face à une mer sans limite, creusée de vagues énigmatiques, qui se perdent dans un horizon noir et lointain ».

Et Jean Guiton de poursuivre dans ce même ouvrage : « En sommes, nous voilà au bout de notre voyage dans l’infiniment petit. Qu’avons-nous rencontré dans notre périple au cœur de la matière ? Presque rien. Une fois encore, la réalité de dissout, se dissipe dans l’évanescent, l’impalpable : la « substance » du réel n’est qu’un nuage de probabilités, une fumée mathématique. La vraie question, c’est de savoir de quoi cet impalpable est fait : qu’y a-t-il sous ce « rien » à la surface duquel repose l’être ».

(à suivre…)

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7 octobre 2006 6 07 /10 /octobre /2006 10:12

 

Chers amis lecteurs,

 

Nous poursuivons avec le Père Daniel-Ange, auteur du livre "Touche pas à ma Mère", notre réflexion sur la maternité virginale de Jésus.

 

5°) La virginité consacrée fécondée par l'Esprit Saint : La virginité consacrée à Dieu n'aurait aucun sens si Marie n'était pas vierge, si elle n'était pas la première (l'archétype) des consacrés.

 

Le Père Daniel-Ange évoque ensuite les convergences - magnificences du mystère de la maternité virginale de Jésus.

 

1°) Tout d'abord, la nouveauté radicale : pour qu'un monde nouveau vienne dans ce monde vieillit par le péché, il fallait une conception d'un ordre radicalement nouveau. Car c'est un monde nouveau qui vient et qui commence avec la naissance de Jésus. Par l'Incarnation du Verbe éternel dans le sein de Marie, Dieu fait quelque chose de neuf dans le monde, comme une nouvelle Création (cf. le rapprochement biblique entre le premier chapitre du livre de la Genèse, et le Prologue de l'Evangile selon St Jean).

 

En se faisant homme, Dieu prend ma fragilité pour me donner sa force ; il entre dans mon exil pour me donner son Royaume ; il revêt ma pauvreté pour me combler de sa richesse ; il assume mes peurs pour me communiquer son bonheur ; il vient dans ma chair mortelle pour me faire entrer dans son immortalité...

2°) L'unicité : Pour le Fils Unique du Père, il convenait une naissance unique en son genre dans le sein de sa Mère. Par sa maternité divine, Marie entre ainsi dans l'engendrement éternel du Verbe. Le Verbe est son petit enfant. Elle peut dire à son Dieu : "Mon tout petit..." ; elle peut dire en toute vérité à Jésus cette Parole du Père de toute éternité : "Mon Fils, aujourd'hui, je t'engendre"...

 

Le sein virginal et maternel de Marie est comme l'aspect physique du sein miséricordieux du Père. Le sein virginal de Marie est comme le signe visible (le "sacrement") du sein maternel du Père.

 

3°) L'Eglise peut désormais renaître en Marie à la suite du Christ : De même que Jésus a été conçu dans le sein de Marie, ma conception baptismale se réalise dans le sein de Marie. Si je peux dire "Papa" à Dieu, c'est parce que Dieu a pu dire "maman" à Marie. Si Dieu n'avait pas dit "maman" à une femme de chez nous, personne n'aurait pu dire en toute vérité "papa" à Dieu. C'est l'admirable échange où Dieu prend une maman de chez nous pour nous donner son papa éternel. Tout cela est contenu dans la conception virginale. 

 

4°) La liberté de l'initiative de Dieu : Par la naissance virginale de Jésus dans le sein de Marie, Dieu manifeste sa souveraine liberté. Dieu a choisi de me sauver comme cela, parce qu'Il est libre de me sauver comme Il veut! Ce n'est pas à moi de Lui dire ce qu'Il aurait dû faire! Ce n'est pas à nous de réinventer le Salut comme il aurait dû Le réaliser. La maternité divine est son Oeuvre : plutôt que de la discuter, mettons-nous à genou devant le mystère et adorons...

Le Père Daniel-Ange revient ensuite sur la question des "frères et soeurs" de Jésus : aujourd'hui, c'est nous qui sommes frères et soeurs de Jésus selon la chair et le sang de Jésus, car nous recevons dans le mystère de l'Eucharistie la chair et le sang de Jésus. Jésus ne pouvait avoir de frères et soeurs selon la chair, car la fratrie charnelle nous était réservée... Et si Marie n'engendre pas Jésus dans la douleur, c'est parce qu'elle devait nous enfanter dans la douleur à la Croix. La douleur était réservée à l'enfantement du Corps de toute l'Eglise...

 

Comment imaginer que Marie, après avoir vécu quelque chose d'aussi inouïe que de recevoir du Ciel le Fils Unique du Dieu Vivant, ait pu avoir d'autres enfants avec Joseph? L'intégrité de Marie est le signe de l'intégrité de notre foi.

 

La virginité de Marie au-dedans d'un mariage, c'est pour manifester que les deux vocations à la sainteté (la virginité consacrée et le mariage) s'originent tous les deux à la même source de la Famille de Nazareth. Amoureux fous et mariés, Marie et Joseph sont tous deux consacrés dans la virginité à cause de Jésus.

 

Dans un mariage, ce sont les deux familles qui s'unissent. Ainsi en est-il dans l'évènement de l'Incarnation. Parce que la famille de Jésus est du côté paternel la divine Trinité, et du côté maternel l'humanité, il réunit en Lui le Ciel et la Terre. Jésus reçoit tout exclusivement de son Père dans sa divinité, et tout exclusivement de sa Mère dans son humanité. Aucun enfant n'a jamais autant ressemblé physiquement à sa Mère que Jésus, ni aucune mère à son enfant que Marie...

6e étoile : les convenances du mystère de la conception virginale

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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 07:41
 

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

 

Bref, sans la prière, il est très difficile et même impossible, ainsi que nous l'avons vu, de faire son salut, selon la providence ordinaire de Dieu ; mais, par la prière, ce salut devient assuré et très facile. Il n'est pas nécessaire pour cela d'aller sacrifier notre vie chez les Infidèles ni de se retirer dans le désert et s'y nourrir d'herbes. Qu'avons-nous à dire ? « Mon Dieu, aide-moi ; Seigneur, assiste-moi ; Aie pitié de moi » ! Est-il rien de plus facile ? Ce peu suffira à nous sauver, si nous sommes attentifs à le faire.

Saint Laurent Justinien nous exhorte spécialement à nous efforcer de prier, au moins au début de chaque action : « Il faut s'efforcer de mettre une prière tout au moins au début de chaque action ».

Cassien nous assure : les anciens Pères conseillaient surtout de lancer vers Dieu de brèves mais fréquentes invocations.

Que personne, disait saint Bernard, ne fasse peu de cas de sa prière car Dieu en fait grand cas : il nous donne alors ce que nous sollicitons ou quelque chose de plus utile pour nous : « Nul d'entre vous, frères, ne doit faire peu de cas de sa prière. Car je vous le dis : Celui à qui nous l'adressons est loin, lui, d'en faire peu de cas... ou bien il nous donne ce que nous demandons (cf. Jn 16, 23) ou bien il a en vue pour nous quelque chose de plus utile ».

Nous devons bien comprendre que, si nous ne prions pas, nous sommes inexcusables, parce que la grâce de la prière est accordée à chacun ; nous avons toujours la possibilité de prier, chaque fois que nous le voulons. David disait de lui-même : « Que je chante un cantique, une prière au Dieu de ma vie, je dirai à mon Dieu, tu es mon refuge » (Ps 42 (41), 9-10).

Nous parlerons plus longuement de ce point dans la deuxième partie. J'y montrerai de façon claire que Dieu donne à tous la grâce de prier ; on peut ainsi, par la prière, obtenir tous les secours, et même en abondance, pour observer la loi de Dieu et persévérer jusqu'à la mort.

Je me contente de dire pour le moment que, si nous ne faisons pas notre salut, ce sera entièrement de notre faute, et pour la seule raison que nous n'aurons pas prié ! 

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4 octobre 2006 3 04 /10 /octobre /2006 08:49

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.] 

 

Nous sommes dépourvus de tout mais, si nous prions, nous ne sommes plus pauvres. Si nous sommes pauvres, Dieu est riche, et Dieu est extrêmement libéral, dit l'Apôtre Paul, envers ceux qui l'appellent au secours : « Riche envers tous ceux qui l'invoquent » (Rm 10, 12). Saint Augustin nous exhorte ainsi : Puisque nous avons à faire à un Seigneur d'une infinie puissance et richesse, ne lui demandons pas des choses insignifiantes et sans valeur mais quelque chose de précieux : « C'est le Tout-Puissant que vous sollicitez, demandez-lui quelque chose de grand ! ». Si quelqu'un demandait au roi une simple pièce de monnaie, un sou, ne semble-t-il pas qu'il lui ferait injure ? À l'inverse, nous faisons honneur à Dieu, à sa miséricorde et à sa libéralité, lorsque, malgré notre misère et notre indignité, nous sollicitons de lui de grandes faveurs, sûrs de sa bonté et de sa fidélité, lui qui a promis d'accorder à ceux qui le prient toutes les grâces demandées : « Demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez ! » (Jn 15, 7).  

Nous sommes dépourvus de tout mais, si nous prions, nous ne sommes plus pauvres. Si nous sommes pauvres, Dieu est riche, et Dieu est extrêmement libéral, dit l'Apôtre Paul, envers ceux qui l'appellent au secours : (Rm 10, 12).

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi disait : Le Seigneur se sent si honoré et éprouve une telle consolation lorsque nous lui demandons ses grâces, qu'il nous remercie en quelque sorte de lui offrir ainsi l'occasion de nous gratifier et de satisfaire le désir qu'il a de nous faire du bien à tous. Soyons même persuadés que lorsque nous sollicitons des grâces, le Seigneur nous donne toujours plus que nous demandons.

« Si l'un de vous manque de sagesse qu'il la demande à Dieu, il donne à tous généreusement et sans récriminer » (Jc 1, 5). Saint Jacques s'exprime ainsi pour bien nous indiquer que Dieu n'est pas avare de ses biens, comme le sont les hommes. Quand ceux-ci font des aumônes, alors même qu'ils sont riches, pieux et généreux, ils ont toujours les doigts un peu crochus et ils donnent le plus souvent moins qu'on ne leur demande : leur richesse, en effet, est toujours limitée, et plus ils donnent, moins il leur reste. Mais, quand on le prie, Dieu donne ses biens avec générosité, avec une main largement ouverte, et toujours plus qu'on ne lui demande : sa richesse, en effet, est infinie et, plus il donne, plus il lui reste à donner : « Seigneur, tu es pardon et bonté, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent » (Ps 86 (85), 5).

Vous, mon Dieu, s'écriait David, vous n'êtes que trop généreux et trop bon avec ceux qui vous invoquent. Vos miséricordes à leur égard sont toutes surabondantes : elles surpassent leurs demandes. À ceci nous devons donc accorder toute notre attention : prier avec confiance, dans la certitude que s'ouvriront ainsi pour nous tous les trésors du ciel : « Appliquons-nous-y, dit saint Jean Chrysostome, et nous verrons pour nous s'ouvrir le ciel ».     

La prière est un trésor : qui prie le plus, plus en a sa part. Saint Bonaventure assure : Chaque fois que l'on recourt pieusement  à Dieu par la prière, on gagne des biens infiniment plus précieux que le monde entier : « On gagne chaque jour par la prière dévote plus que la valeur du monde entier ».

Certaines âmes dévotes consacrent beaucoup de temps à lire et à méditer mais peu de temps à prier. La lecture spirituelle, la méditation des vérités éternelles sont certainement très utiles mais, dit saint Augustin, la prière est de beaucoup plus utile. Par la lecture et la méditation nous comprenons quels sont nos devoirs mais par la prière nous obtenons la grâce de les remplir : « Il vaut mieux prier que lire ; par la lecture nous apprenons ce que nous devons faire ; par la prière, nous recevons ce que nous demandons ». A quoi bon savoir ce que nous sommes tenus de faire et puis ne pas le faire, sinon à nous rendre plus coupables envers Dieu ? Lisons et méditons autant que nous voulons, nous n'en accomplirons pas pour autant nos obligations si nous ne demandons pas à Dieu le secours nécessaire.

Aussi, fait remarquer saint Isidore, c'est surtout lorsque nous sommes occupés à prier et à demander à Dieu ses grâces que le démon se donne le plus de mal pour nous distraire par la pensée des affaires temporelles : « C'est surtout lorsque le diable voit quelqu'un en train de prier qu'il lui met le plus des idées dans la tête ». Pourquoi cela ? Parce que l'ennemi voit que nous ne gagnons jamais davantage les trésors du ciel que lorsque nous prions. Le meilleur fruit de l'oraison mentale, c'est qu'on y demande à Dieu les grâces nécessaires pour la persévérance et le salut éternel. C'est pour ce motif surtout que l'oraison mentale est nécessaire à l'âme pour se maintenir dans la grâce de Dieu.

En effet, si durant la méditation l'on ne songe pas à demander les secours indispensables à la persévérance, on ne le fera pas à un autre moment ; on ne pensera pas, en dehors de la méditation, à la nécessité de les demander. En revanche, celui qui fait chaque jour sa méditation verra clairement les besoins de son âme, les dangers où il se trouve, la nécessité de prier ; il priera et ainsi obtiendra les grâces qui lui permettront de persévérer et de faire son salut.

Le Père Paul Segneri faisait cet aveu : au début, dans sa méditation, il s'employait plus à exprimer ses sentiments qu'à prier ; mais il comprit par la suite la nécessité et l'immense utilité de la prière ; dès lors, dans ses longues oraisons mentales il s'appliqua surtout à prier. « Comme le petit de l'hirondelle, je crierai », disait le pieux roi Ezéchias (Is 38, 14). Les petits des hirondelles ne font que crier, pour réclamer à leur mère secours et nourriture. C'est ainsi que nous devons tous faire : si nous voulons garder la vie de la grâce, il nous faut crier sans cesse, demandant secours à Dieu pour éviter la mort du péché et pour progresser dans son saint amour.

Le Père Rodriguez rapporte : Les Anciens Pères, qui furent nos premiers maîtres spirituels, tinrent un jour conseil entre eux pour examiner quel était l'exercice le plus utile et le plus nécessaire pour le salut éternel. Ils conclurent que c'était de répéter fréquemment la brève invocation de David : « Seigneur, viens à mon aide ». Celui qui veut assurer son salut, écrit Cassien, doit faire de même et répéter sans cesse : Mon Dieu, aide-moi ! Mon Dieu, aide-moi ! Nous devons lancer cet appel, le matin, dès notre réveil, et continuer ensuite dans toutes nos nécessités et dans toutes nos occupations spirituelles et temporelles, plus spécialement quand nous tourmente quelque tentation ou passion. Pour saint Bonaventure, une courte prière nous vaut parfois la grâce plus vite que beaucoup d'autres bonnes œuvres : « On obtient quelquefois plus vite par une courte prière ce que l'on n'obtiendrait que difficilement par de bonnes œuvres ».

Saint Ambroise ajoute : Avant même d'avoir fini, celui qui prie est déjà exaucé parce que prier et recevoir, c'est tout un. « Celui qui demande à Dieu reçoit au moment même de sa prière ; car demander à Dieu est déjà recevoir ». Saint Jean Chrysostome a pu écrire : « Rien n'est plus puissant qu'un homme qui prie » parce qu'il participe à la puissance de Dieu. Pour arriver à la perfection, disait saint Bernard, il faut la méditation et la prière : la méditation nous aide à comprendre ce qui nous fait défaut, et par la prière nous la recevons : « Progressons par la méditation et la prière ; car la méditation enseigne ce qui nous manque et la prière obtient que ce manque soit comblé ». 

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2 octobre 2006 1 02 /10 /octobre /2006 15:12

Chers amis lecteurs,

 

Je vous propose pour bien commencer la semaine deux articles pleins de fraicheur, de grâce et de poésie :

 

1- Pourquoi le ciel est-il bleu? (RV)

 

2- Un très beau (et édifiant!) témoignage (Maria 83)

 

Et puis nous songerons, avec toute l'Eglise et  tous les enfants de Marie qui lui sont spécialement consacrés, que nous sommes entrés hier dans le mois du Rosaire : 

 

3- En ce mois d'octobre... (Yves)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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1 octobre 2006 7 01 /10 /octobre /2006 19:37

Cher Pasteur,

Tout d’abord, c’est un réel plaisir pour moi que de débattre avec vous.

Votre dernière missive m’inspire de nombreuses réflexions. Les voici :

1°) « Tout d’abord, écrivez-vous, une mise au point : le titre de l’article qui vous a fait réagir était Benoît XVI accablé par ses défenseurs, ce qui je crois est assez explicite, c’est plus les réactions de défenses du pape par des catholiques et des athées qui eux affirmaient de façon tout aussi explicite que Manuel II Paléologue que l’Islam était une religion intrinsèquement violente. C’est cette réaction qui me permettait de dire que Benoît XVI avait par ses propos incité à la haine de l’autre et donc s’était montré anti-évangélique. » : Mais croyez-vous, cher Pasteur, qu’il soit absolument pertinent d’apprécier la justesse et la validité d’une parole au regard seulement des extrapolations qu’ont pu en faire certains esprits plus ou moins bien intentionnés ? Que ces extrapolations soient fondées ou non, elles ne constituent pas l’expression de la pensée du Pape, et il ne me paraît pas légitime d’assimiler les deux points de vue.

Êtes-vous d'ailleurs si sûr que ce soient les propos du Pape qui aient été la cause directe des réactions « anti-musulmanes » observées au lendemain du discours de Ratisbonne ? Vous écrivez  que « Benoît XVI s’est à présent désolidarisé de sa citation (ce qu’il n’avait pas fait lors de son discours). ». Mais relisez attentivement le texte du discours : vous serez bien obligé de constater que le Pape se démarque nettement de la citation de l’Empereur Byzantin, et n’entretient aucune équivoque quant à sa propre pensée, ainsi que l'a déjà fort bien relevé Mickaël sur son Blog.

Un article de votre part sur la redoutable capacité des médias à lancer de fausses informations et à provoquer ainsi des tensions « sur commande » et des remous à l’échelle planétaire m’aurait paru relever d’une analyse plus fine et plus juste de la situation. Le vrai scandale n’est pas le discours du Pape, mais la manipulation médiatique éhontée qui a voulu faire dire au Saint Père l’exact contraire de ce qu’il a dit et de ce qu’il pense, au risque de mettre le monde à feu et à sang...

2°) « l’explication que vous donnez de l’événement ne me paraît pas convaincante du tout. Si Benoît XVI voulait, par une citation provocante, interpeller l’Islam, il aurait mieux valu le faire dans un discours ou une déclaration adressé directement aux musulmans plutôt que par une citation lancée au détour d’un discours sur la raison qui n’a rien à voir avec la question » : vous auriez dû être Pape, cher Pasteur ! Pour ma part, je trouve plutôt intelligent qu’un tel sujet ait été abordé devant un public averti, au cours d’une « conférence du style de celle de Ratisbonne, destinée à des universitaires capables de suivre une pensée particulièrement riche, et dont le développement exigeait une démonstration historique complexe » (Gérard Leclerc, dans la revue France Catholique du 22 septembre 2006).

Vous dites que le Pape a lancé au détour d’un discours sur la raison une citation provocante qui n’avait rien à voir avec la question : mais, outre que la suite de la citation manifeste bien le lien avec le sujet, « cette manière de procéder, qui consiste à remonter à un texte ancien pour arriver à son sujet, fait partie du formalisme habituel des exposés universitaires. » (Guillaume de Lacoste de Lareymondie, sur Libertépolitique.com).

Maintenant, je suis bien d'accord avec vous pour dire que cette citation avait de grandes chances de ne pas être immédiatement bien accueillies par le monde musulman. Comme l'écrit le Père Matthieu Villemot dans l'édition du 28 septembre 2006 de Paris Notre Dame : « Supposons qu'un leader musulman, dans une université coranique, cite un texte de l'empereur Julien, persécuteur des chrétiens "grands ennemis de la cité et de la paix". Aurais-je le réflexe de vérifier le contexte de la phrase, de me demander pourquoi cet imam cite un texte aussi marginal? Honnêtement, je crois que je commencerais par m'énerver. A notre époque, s'énerver est le premier réflexe. Nous nous sentons tous, tout le temps, attaqués. Souvenons-nous des polémiques entre catholiques autour du film de Mel Gibson, selon qu'on était "pour" ou "contre". Et ce n'était qu'un film! Le Pape, homme timide qui exècre la polémique, a sans doute sous-estimé ce réflexe contemporain. Mais est-ce lui qui a eu tort ou nous tous, chrétiens inclus, qui devons réapprendre à nous écouter avant de nous condamner. »

3°) Votre deuxième partie sur le dialogue interreligieux est très intéressante. Nous partageons sur ce point, je crois, les mêmes convictions. Si je fais l’amalgame comme vous dites entre dialogue interreligieux et évangélisation, c’est précisément parce que j’entends le mot évangélisation dans la même acception que vous. La mission du chrétien est d’annoncer l’évangile, nullement de l’imposer : cela serait contraire à la dignité de l’homme, et en outre totalement contre-productif. Je ratifie donc pleinement cette parole : « on ne se lance pas dans un dialogue respectueux de l’autre en ayant pour but de lui démontrer notre supériorité et de l’obliger à admettre notre point de vue. »

Le dialogue interreligieux est le lieu privilégié de la Nouvelle Evangélisation, en ce sens qu’il nous permet de dire aux autres religions quelle est notre foi. L’ouverture en direction des autres traditions religieuses n’implique donc aucun relativisme, ni aucune « trahison » de l’Evangile, ainsi que vous le reconnaissez vous-même : « cela n’implique absolument pas de renoncer à nos convictions propres. »

Mais vous avez raison de souligner en même temps que le dialogue interreligieux n’a de sens que s’il est dia-logue, c’est-à-dire échange réciproque, et je suis entièrement d’accord avec vous pour dire que « Le dialogue inter-religieux (ou avec les athées) ne peut se faire que si chaque partie est volontaire de recevoir de l’autre et de s’enrichir de conviction qui ne sont pas les siennes. »

Comme le disait St Thomas d'Aquin : « Tout homme qui dit la vérité est inspiré de l'Esprit Saint ». Cela est donc vrai aussi d'un athée, d'un musulman, ou d'un bouddhiste. Nous avons dès lors tous à apprendre les uns des autres.

Comme le dit encore le Concile Vatican II : "L'Eglise ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les autres religions". La vérité elle-même nous incite donc à l'écoute, à l'accueil, et à la rencontre. Et comment pourrait-il en être autrement, puisque Dieu est amour... (cf. mon commentaire sur le site d'Albert Dugas).

Pour conclure sur ce point, je voudrais vous partager une très belle réflexion de Mgr Michael Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, tirée d’une conférence donnée le 20 mars dernier à l’Université jésuite John Caroll de Cleveland (Etats-Unis), et publiée dans la dernière livraison de la Documentation Catholique en date du 1er octobre 2006 :

« Je voudrais mettre en relief ce que je considère moi-même comme la plus grande source d’espoir pour le dialogue interreligieux et pour ce que ce dialogue interreligieux peut apporter au monde. Je veux parler ici de l’esprit d’ouverture de jeunes étudiants. Il y a quelque 15 ans, le Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux mettait sur pied une modeste fondation, la Fondation Nostra Aetate, dans le but de pouvoir attribuer des bourses d’études à des étudiants provenant d’autres religions et désirant étudier le christianisme à Rome. Depuis lors, environ cinquante étudiants ont bénéficié de l’offre. Les résultats m’ont impressionné.

« Ces étudiants non seulement ont suivi des cours donnés par des professeurs catholiques dans des universités catholiques, fait de la recherche sur des sujets de théologie chrétienne et écrit des mémoires et thèses sur leur sujet. Ils ont aussi été enrichis par le contact avec leurs collègues d’études provenant de divers pays. Ils ont pu rencontrer des chrétiens convaincus et discuter avec eux ouvertement, chose qu’ils n’auraient souvent pas pu faire dans leur propre pays. Ils ont eu l’occasion d’assister à des cérémonies religieuses et de voir par eux-mêmes comment prient les catholiques et comment ils célèbrent leur culte. Pour autant que je le sache, aucun d’entre eux n’est devenu chrétien, mais je dirais que tous ont été changés d’une façon ou d’une autre. Ce sont là des hommes qui, une fois retournés dans leur pays, pourront présenter le christianisme de façon plus objective. Et cela, à mes yeux, est ce par quoi le dialogue interreligieux suscite un réel espoir pour l’avenir ».

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30 septembre 2006 6 30 /09 /septembre /2006 12:17

Extrait de l'homélie prononcée par le Pape Benoît XVI à Bari pour la clôture du Congrès Eucharistique italien, le dimanche 29 mai 2005 (ce voyage était le premier déplacement du Saint Père en Italie).

 

Dans l'Eucharistie, le Christ est réellement présent parmi nous. Sa présence n'est pas une présence statique. C'est une présence dynamique, qui nous saisit pour nous faire siens, pour nous assimiler à Lui. Le Christ nous attire à Lui, il nous fait sortir de nous-mêmes pour faire de nous tous une seule chose avec Lui. De cette façon, il nous insère également dans la communauté des frères, et la communion avec le Seigneur est toujours également une communion avec nos soeurs et avec nos frères. Et nous voyons la beauté de cette communion que la Sainte Eucharistie nous donne.

 

Nous abordons ici une dimension supplémentaire de l'Eucharistie (...). Le Christ que nous rencontrons dans le sacrement est le même ici à Bari qu'à Rome, ici en Europe qu'en Amérique, en Afrique, en Asie, en Océanie. C'est l'unique et même Christ qui est présent dans le Pain eucharistique de chaque lieu de la terre. Cela signifie que nous ne pouvons le rencontrer qu'avec tous les autres. Nous ne pouvons le recevoir que dans l'unité. N'est-ce pas ce que nous a dit l'apôtre Paul dans la lecture que nous venons d'entendre? Ecrivant aux Corinthiens, il affirmait:  "Parce qu'il n'y a qu'un pain, à plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons à ce pain unique" (1 Co 10, 17). La conséquence est claire :  nous ne pouvons pas communiquer avec le Seigneur, si nous ne communiquons pas entre nous. Si nous voulons nous présenter à Lui, nous devons également nous mettre en mouvement pour aller les uns à la rencontre des autres. C'est pourquoi il faut apprendre la grande leçon du pardon :  ne pas laisser notre âme être rongée par le ressentiment, mais ouvrir notre coeur à la magnanimité de l'écoute de l'autre, ouvrir notre coeur à la compréhension à son égard, à l'éventuelle acceptation de ses excuses, au don généreux des nôtres.

     

Lire le texte intégral de l'homélie de clôture du Congrès Eucharistique italien, prononcée le 29 mai 2005

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