15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 00:00

Extrait de l’Audience Générale du 14 juin 2006 du Pape Benoît XVI.

 

Chers frères et soeurs,

Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent, nous voulons, dans la mesure où les sources nous le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, saint André, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom : il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.

Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles.
On y lit : "Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac : c'était des pêcheurs. Jésus leur dit : "Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes"" (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important : dans un premier temps, André était le disciple de Jean Baptiste ; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance ; et il entendit Jean Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'"agneau de Dieu" (Jn 1, 36) ; il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean "Agneau de Dieu". L'évangéliste rapporte : ils "virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là" (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative : "André, le frère de Simon-Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit : "Nous avons trouvé le Messie (autrement dit:  le Christ)". André amena son frère à Jésus" (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun.

André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus.
C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément "premier appelé". Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière des Eglises-soeurs. Pour souligner cette relation, mon Prédécesseur, le Pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'Evêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.

Les traditions évangéliques rappellent particulièrement le nom d'André en trois autres occasions, qui nous font connaître un peu plus cet homme. La première est celle de la multiplication des pains en Galilée. En cette circonstance, ce fut André qui signala à Jésus la présence d'un enfant avec cinq pains d'orge et deux poissons, "bien peu de chose" – remarqua-t-il – pour toutes les personnes réunies en ce lieu (cf. Jn 6, 8-9). Le réalisme d'André en cette occasion mérite d'être souligné : il remarqua l'enfant – il avait donc déjà posé la question : "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde!" (ibid.) –, et il se rendit compte de l'insuffisance de ses maigres réserves. Jésus sut toutefois les faire suffire pour la multitude de personnes venues l'écouter. La deuxième occasion fut à Jérusalem. En sortant de la ville, un disciple fit remarquer à Jésus le spectacle des murs puissants qui soutenaient le Temple. La réponse du Maître fut surprenante : il lui dit que de ces murs, il ne serait pas resté pierre sur pierre. André l'interrogea alors, avec Pierre, Jacques et Jean : "Dis-nous quand cela arrivera, dis-nous quel sera le signe que tout cela va finir" (Mc 13, 1-4). Pour répondre à cette question, Jésus prononça un discours important sur la destruction de Jérusalem et sur la fin du monde, en invitant ses disciples à lire avec attention les signes des temps et à rester toujours vigilants. Nous pouvons déduire de l'épisode que nous ne devons pas craindre de poser des questions à Jésus, mais que dans le même temps, nous devons être prêts à accueillir les enseignements, même surprenants et difficiles, qu'Il nous offre.

Dans les Evangiles, enfin, une troisième initiative d'André est rapportée. Le cadre est encore Jérusalem, peu avant la Passion. Pour la fête de Pâques – raconte Jean – quelques Grecs étaient eux aussi venus dans la ville sainte, probablement des prosélytes ou des hommes craignant Dieu, venus pour adorer le Dieu d'Israël en la fête de la Pâque. André et Philippe, les deux Apôtres aux noms grecs, servent d'interprètes et de médiateurs à ce petit groupe de Grecs auprès de Jésus. La réponse du Seigneur à leur question apparaît – comme souvent dans l'Evangile de Jean – énigmatique, mais précisément ainsi, elle se révèle riche de signification. Jésus dit aux deux disciples et, par leur intermédiaire, au monde grec : "L'heure est venue pour le Fils de l'homme d'être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s'il meurt, il donne beaucoup de fruit" (Jn 12, 23-24). Que signifient ces paroles dans ce contexte ? Jésus veut dire : Oui, ma rencontre avec les Grecs aura lieu, mais pas comme un simple et bref entretien entre moi et quelques personnes, poussées avant tout par la curiosité. Avec ma mort, comparable à la chute en terre d'un grain de blé, viendra l'heure de ma glorification. De ma mort sur la croix proviendra la grande fécondité : le "grain de blé mort" – symbole de ma crucifixion – deviendra dans la résurrection pain de vie pour le monde ; elle sera lumière pour les peuples et les cultures. Oui, la rencontre avec l'âme grecque, avec le monde grec, se réalisera à ce niveau auquel fait allusion l'épisode du grain de blé qui attire à lui les forces de la terre et du ciel et qui devient pain. En d'autres termes, Jésus prophétise l'Eglise des Grecs, l'Eglise des païens, l'Eglise du monde comme fruit de sa Pâque.




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14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 00:31


Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI au matin du jeudi 29 juin 2006, en la solennité des saints Pierre et Paul.


"Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise"
(Mt 16, 18). Que dit précisément le Seigneur à Pierre à travers ces paroles ? Quelle promesse lui fait-il à travers elles et quel devoir lui confie-t-il ? Et que nous dit-il à nous – à l'Evêque de Rome qui siège sur la Chaire de Pierre, et à l'Eglise d'aujourd'hui ? Si nous voulons comprendre la signification des paroles de Jésus, il est utile de se rappeler que les Evangiles nous rapportent trois situations diverses dans lesquelles le Seigneur, chaque fois de façon particulière, transmet à Pierre le devoir qui sera le sien. Il s'agit toujours du même devoir, mais de la diversité des situations et des images utilisées, nous percevons plus clairement ce qui intéressait et intéresse le Seigneur dans ce devoir.

Dans l'Evangile de saint Matthieu (…), Pierre rend sa confession à Jésus, le reconnaissant comme Messie et Fils de Dieu. Sur cette base lui est conféré son devoir particulier à travers trois images : celle du roc qui devient pierre de fondation ou pierre angulaire, celle des clés et celle de lier et de délier. Je n'entends pas ici interpréter une fois de plus ces trois images que l'Eglise, au cours des siècles, a expliquées toujours à nouveau ; je voudrais plutôt rappeler l'attention sur le cadre géographique et sur le contexte chronologique de ces paroles.

La promesse a lieu dans les environs des sources du Jourdain, à la frontière de la terre juive, à la limite du monde païen. Le moment de la promesse marque un tournant décisif sur le chemin de Jésus : à présent, le Seigneur marche vers Jérusalem et, pour la première fois, il dit aux disciples que ce chemin vers la Ville Sainte est le Chemin vers la Croix : "A dater de ce jour, Jésus commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter" (Mt 16, 21). Les deux choses vont de pair et déterminent le lieu intérieur du Primat, et même de l'Eglise en général : le Seigneur est continuellement en chemin vers la Croix, vers l'humiliation du serviteur de Dieu souffrant et tué, mais dans le même temps, il est toujours également en chemin vers la vaste étendue du monde, dans laquelle Il nous précède comme Ressuscité, afin que resplendissent dans le monde la lumière de sa parole et la présence de son amour ; il est en chemin afin qu'à travers Lui, le Christ crucifié et ressuscité, Dieu lui-même arrive dans le monde. En ce sens, Pierre, dans sa Première Lettre, se qualifie de "témoin des souffrances du Christ et [devant] participer à la gloire qui va être révélée" (5, 1). Pour l'Eglise, le Vendredi Saint et la Pâque existent toujours ensemble ; celle-ci représente toujours tant le grain de sénevé que l'arbre dans les branches duquel les oiseaux du ciel font leur nid.

L'Eglise – et en elle le Christ – souffre également aujourd'hui. En elle, le Christ est toujours à nouveau bafoué et frappé ; on cherche toujours à nouveau à le pousser en dehors du monde. Et toujours à nouveau, la petite barque de Pierre est secouée par le vent des idéologies, dont les eaux la pénètrent et semblent la condamner à couler. Et pourtant, précisément dans l'Eglise souffrante, le Christ est victorieux. En dépit de tout, la foi en Lui reprend toujours à nouveau ses forces.

Aujourd'hui aussi, le Seigneur commande les eaux et se révèle Maître des éléments. Il demeure sur sa barque, sur le navire de l'Eglise. Ainsi, dans le ministère de Pierre également, se révèle, d'une part, la faiblesse qui est propre à l'homme, mais également la force de Dieu : c'est précisément dans la faiblesse des hommes que le Seigneur manifeste sa force ; il démontre que c'est Lui-même qui construit, à travers les hommes faibles, son Eglise.

Tournons-nous à présent vers l'Evangile de saint Luc, qui nous raconte comment le Seigneur, au cours de la Dernière Cène, confère à nouveau un devoir spécial à Pierre (cf. Lc 22, 31-33). Cette fois, les paroles de Jésus adressées à Simon se trouvent immédiatement après l'institution de la Très Sainte Eucharistie. Le Seigneur vient de se donner aux siens, sous les espèces du pain et du vin. Nous pouvons voir dans l'institution de l'Eucharistie le véritable acte fondateur de l'Eglise. A travers l'Eucharistie, le Seigneur donne aux siens non seulement lui-même, mais également la réalité d'une nouvelle communion entre eux qui se prolonge dans le temps "jusqu'à ce qu'il vienne" (cf. 1 Co 11, 26). A travers l'Eucharistie, les disciples deviennent sa maison vivante qui, tout au long de l'histoire, croît comme le temple nouveau et vivant de Dieu dans ce monde. Et ainsi, Jésus, immédiatement après l'institution du Sacrement, parle de ce que signifie, dans la nouvelle communauté, la condition de disciples et le "ministère" : il dit qu'il s'agit d'un engagement de service, tout comme Lui-même se trouve au milieu d'eux comme Celui qui sert. Il s'adresse alors à Pierre. Il dit que Satan a demandé de pouvoir cribler les disciples comme le blé. Cela évoque le passage du Livre de Job, dans lequel Satan demande à Dieu la faculté de frapper Job. Le diable – le calomniateur de Dieu et des hommes – veut, à travers cela, prouver qu'il n'existe pas de véritable religiosité, mais que dans l'homme, tout vise toujours et seulement à l'utilité. Dans le cas de Job, Dieu accorde à Satan la liberté requise précisément pour pouvoir défendre par cela sa créature, l'homme, et lui-même. Et c'est ce qui a lieu également avec les disciples de Jésus – Dieu donne une certaine liberté à Satan en tout temps. Il nous semble souvent que Dieu laisse trop de liberté à Satan ; qu'il lui accorde la faculté de nous secouer de façon trop terrible ; et que cela dépasse nos forces et nous opprime trop. Nous crierons toujours à nouveau à Dieu : hélas, vois la misère de tes disciples, de grâce, protège-nous ! En effet, Jésus poursuit : "Mais moi, j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas" (Lc 22, 32). La prière de Jésus est la limite placée au pouvoir du malin. La prière de Jésus est la protection de l'Eglise. Nous pouvons nous réfugier sous cette protection, nous y agripper et placer notre certitude en elle. Mais, comme nous le dit l'Evangile, Jésus prie de façon particulière pour Pierre : "... afin que ta foi ne défaille pas". Cette prière de Jésus est à la fois une promesse et un devoir. La prière de Jésus protège la foi de Pierre ; cette foi qu'il a confessée à Césarée de Philippe : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant" (Mt 16, 16). Voilà, ne laisse jamais cette foi devenir muette, affermis-la toujours à nouveau, précisément et même face à la croix et à toutes les contradictions du monde : tel est le devoir de Pierre. C'est pourquoi précisément le Seigneur ne prie pas seulement pour la foi personnelle de Pierre, mais pour sa foi comme service aux autres. C'est précisément cela qu'Il veut dire à travers les paroles : "Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères" (Lc 22, 32).

"Toi donc, quand tu seras revenu"
– cette parole est à la foi une prophétie et une promesse. Elle prophétise la faiblesse de Simon qui, devant une servante et un serviteur, niera connaître Jésus. A travers cette chute, Pierre – et avec lui chacun de ses successeurs – doit apprendre que sa propre force ne suffit pas à elle seule à édifier et à guider l'Eglise du Seigneur. Personne n'y réussit seul.
Pour autant que Pierre semble capable et bon – dès le premier instant de l'épreuve, il échoue. "Toi donc, quand tu seras revenu" – le Seigneur, qui prédit sa chute, lui promet également la conversion : "Le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre..." (Lc 22, 61). Le regard de Jésus réalise la transformation et devient le salut de Pierre : Lui, "sortant dehors [...] pleura amèrement" (22, 62). Nous voulons implorer toujours à nouveau ce regard sauveur de Jésus: pour tous ceux qui, dans l'Eglise, ont une responsabilité ; pour tous ceux qui souffrent des confusions de notre temps ; pour les grands et les petits: Seigneur, regarde-nous toujours à nouveau et relève-nous de toutes nos chutes et prends-nous entre tes mains bienveillantes.

Le Seigneur confie à Pierre le devoir à l'égard de ses frères à travers la promesse de sa prière. Le devoir de Pierre est ancré à la prière de Jésus. C'est ce qui lui donne la certitude de sa persévérance à travers toutes les misères humaines. Et le Seigneur lui confie cette fonction dans le contexte de la Cène, en relation avec le don de la Très Sainte Eucharistie. L'Eglise, fondée sur l'institution de l'Eucharistie, au plus profond d'elle-même, est une communauté eucharistique et ainsi, une communion dans le Corps du Seigneur. Le devoir de Pierre est de présider à cette communion universelle ; de la maintenir présente dans le monde comme unité également visible, incarnée. Avec toute l'Eglise de Rome, il doit – comme le dit saint Ignace d'Antioche – présider à la charité : présider à la communauté de cet amour qui provient du Christ et dépasse toujours à nouveau les limites du privé pour apporter l'amour du Christ jusqu'aux extrémités de la terre.

La troisième référence au Primat se trouve dans l'Evangile de saint Jean (21, 15-19). Le Seigneur est ressuscité, et, en tant que Ressuscité, confie à Pierre son troupeau. Ici aussi s'entremêlent la Croix et la Résurrection. Jésus prédit à Pierre que son chemin conduira à la Croix. Dans cette basilique, érigée sur la tombe de Pierre – une tombe de pauvres – nous voyons que le Seigneur, précisément ainsi, à travers la Croix, vainc toujours. Son pouvoir n'est pas un pouvoir selon les modalités de ce monde. C'est le pouvoir du bien – de la vérité et de l'amour, qui est plus fort que la mort. Oui, sa promesse est vraie : les pouvoirs de la mort, les portes de l'enfer ne tiendront pas contre l'Eglise qu'il a édifiée sur Pierre (cf. Mt 16, 18) et que, précisément de cette façon, Il continue d'édifier personnellement.
 



Lire le texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI

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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 12:29


Nous avons vu dans notre précédent article que le Seigneur Jésus a constitué son Eglise "sur" Pierre. L’Ecriture nous révèle également que Jésus-Christ lui-même est dans l’Eglise et que l’Eglise demeure en Lui (Jn 15. 1ss ; Ga 3. 28 ; Ep 4. 15-16 ; Ac 9.5) ; qu’elle est son prolongement dans l’histoire du monde, comme son propre Corps (cf. 1 Co 12. 12-13.27 ; Col 1. 18), et que c’est par elle, avec elle et en elle qu’Il demeure présent au monde, et poursuit son œuvre de rédemption universelle. Tout comme il n’existe qu’un seul Jésus-Christ, il n’y a qu’un seul Corps mystique du Christ : une seule et unique Eglise catholique et apostolique (cf. Lumen Gentium n°8).

L’Eglise catholique n’est donc pas une Eglise parmi d’autres. Elle est la communauté visible et spirituelle voulue et établie par Jésus-Christ sur la terre (cf. Lumen Gentium, n°8). Cette Eglise n’a jamais cessé d’exister au cours des siècles, et c’est en elle seule que demeurent tous les éléments institués par le Christ lui-même (cf. Unitatis Redintegratio, n° 3.2 ; 3.4 ; 3.5 ; 4.6).

La continuité historique entre l’Eglise fondée par Jésus-Christ et l’Eglise catholique romaine est assurée par la succession apostolique. Comme nous l'enseignait le Pape Benoît XVI : « La succession apostolique du ministère épiscopal est la voie qui garantit la transmission fidèle du témoignage apostolique. Ce que représentent les Apôtres dans la relation entre le Seigneur Jésus et l'Eglise des origines, est représenté de manière analogue par la succession ministérielle dans la relation entre l'Eglise des origines et l'Eglise actuelle. Il ne s'agit pas d'un simple enchaînement matériel ; c'est plutôt l'instrument historique dont se sert l'Esprit pour rendre présent le Seigneur Jésus, Chef de son peuple, à travers ceux qui sont ordonnés pour le ministère par l'imposition des mains et la prière des évêques. A travers la succession apostolique, c'est alors le Christ qui nous rejoint : dans la parole des Apôtres et de leurs successeurs, c'est Lui qui nous parle ; par leurs mains, c'est Lui qui agit dans les sacrements ; dans leur regard, c'est son regard qui nous enveloppe et nous fait sentir aimés, accueillis dans le coeur de Dieu. »

En dépit des divisions entre chrétiens et des déchirures de l’histoire, l’Eglise fondée par Jésus-Christ n’a donc pas disparu ; elle n’est pas une réalité en morceaux, ou un idéal qui ne sera atteint qu’à la fin des temps, lorsque les chrétiens seront de nouveau unis : elle « subsiste » intégralement dans l’Eglise catholique, communauté visible et spirituelle gouvernée par les Evêques, successeurs des Apôtres, qui sont en communion avec le Pape Benoît XVI, successeur de Saint Pierre.
 L’Eglise voulue par le Christ continue ainsi de fait à exister dans l’Eglise catholique : « la continuité de la subsistance comporte une substantielle identité d’essence entre l’Eglise du Christ et l’Eglise catholique » (cf. Congrégation pour la doctrine de la foi : « Le vrai visage et la nature de l’Eglise du Christ », in Osservato Romano, 11 juillet 2007). « Le Concile a [ainsi] voulu enseigner que l’Eglise de Jésus-Christ comme sujet concret dans ce monde peut être reconnue dans l’Eglise catholique ».

Par fidélité à son dessein de salut et à la promesse de Jésus faite à Pierre, Dieu a maintenu l’Eglise de son Fils dans l’Histoire, et celle-ci est entièrement présente dans l’Eglise catholique.

Cette « subsistance » de l’unique Eglise fondée par Jésus-Christ ne peut être reconnue en vérité qu’à la seule Eglise catholique, en laquelle l’Eglise du Christ existe pleinement dans sa singularité (ou sa « non multiplicabilité ») comme unique sujet dans la réalité historique.

Toutefois, si le Concile a renoncé à l’« est » de l’identification absolue – corpus christi est ecclesia Romana catholica – pour le remplacer par le verbe « subsistit in » d’acception plus large – Haec ecclesia subsistit in ecclesia catholica – c’est pour manifester que cette identification de l’Eglise du Christ avec l’Eglise catholique romaine n’implique nullement qu’en dehors de l’Eglise catholique, il n’y ait rien. Le Pape Jean-Paul II l’a redit avec force dans son Encyclique Ut Unum sint (n°13) : « En dehors des limites de la communauté catholique, il n'y pas un vide ecclésial. De nombreux éléments de grande valeur qui, dans l'Eglise catholique, s'intègrent dans la plénitude des moyens de salut et des dons de grâce qui font l'Eglise, se trouvent aussi dans les autres Communautés chrétiennes. »

Le verbe « subsister », finalement retenu par les Pères conciliaires, entend donc exprimer qu’en dehors des structures de l’Eglise Catholique romaine, dans les autres Eglises ou Communautés ecclésiales, se trouvent « de nombreux éléments de sanctification et de vérité » (Lumen Gentium, n°8). « Ces communautés ont ainsi sans aucun doute un caractère ecclésial et une valeur salvifique conséquente ». Ces Eglises et Communautés séparées « ne sont nullement dépourvue de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ en effet ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut » (cf. Unitatis redintegratio, n°3). Plus encore, l’Eglise catholique reconnaît que « tout ce qui est accompli par la grâce de l’Esprit Saint dans nos frères séparés peut contribuer à notre édification » (Decret sur l’œcuménisme, 4). Et le Pape Jean-Paul II reconnaissait qu’en « tant qu’Eglise catholique, nous avons conscience d’avoir reçu beaucoup du témoignage, des recherches et même de la manière dont ont été soulignés et vécus par les autres Eglises et Communautés ecclésiales certains biens communs aux chrétiens » (Ut Unum Sint, n° 87). Mais il convient de préciser que leur « force dérive de la plénitude de grâces et de vérité qui a été confié à l’Eglise catholique » (Unitatis redintegratio, n°3). Comme l'affirmait le Pape Pie XI à ce sujet : « Les parcelles détachées d’une roche aurifère sont aurifères elles-aussi ».

Pour autant, l’emploi de l’expression « subsistit in » ne signifie pas qu’il existerait en dehors de l’Eglise catholique d’autres « subsistances » de l’Unique Eglise du Christ ! Il n’existe, en rigueur de termes, qu’une seule et unique « subsistance » : l’Eglise Catholique romaine, en dehors de laquelle n’existent « que » des « elementa Ecclesiae », qui sont des éléments de la véritable Eglise, et qui tendent et conduisent vers l’Eglise catholique. Ces elementa Ecclesiae font de ces Eglises et Communautés de véritables réalités ecclésiales en lesquelles le Seigneur se plaît à répandre ses grâces, ce que l’Eglise catholique reconnaît bien volontiers ainsi que nous venons de le voir ; ils sont cependant insuffisants en eux-mêmes pour caractériser l’appartenance de ces Eglises et Communautés à l’Unique Eglise du Christ. Ces Eglises et Communautés restent affectées en effet par des « déficiences » majeures, des « manques » importants : ainsi en est-il des Eglises orthodoxes, qui ont la succession apostolique mais non pas la communion avec l’évêque de Rome ; ou encore des Communautés protestantes qui n’ont pas la succession apostolique (et donc toute la réalité du sacrement de l’Eucharistie), et ne sont pas davantage en communion avec le successeur de Pierre.

Comme le résumait fort bien le Pape Jean-Paul II : « les éléments [de l’Unique Eglise du Christ] déjà donnée existent, unis dans toute leur plénitude dans l’Eglise catholique, et sans cette plénitude dans les autres communautés » (Ut Unum Sint, n°14).

Le manque d’unité entre les chrétiens, qui est une blessure pour l’Eglise, ne s’analyse donc pas comme une altération ou une privation de son unité, mais comme un obstacle pour la réalisation plénière de son universalité dans l’Histoire. Bien que l’Eglise catholique ait la plénitude des moyens de salut, « les divisions entre chrétiens empêchent l’Eglise de réaliser la plénitude de catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes, lui appartiennent par le baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine communion. Bien plus, pour l’Eglise elle-même, il devient plus difficile d’exprimer sous tous ses aspects la plénitude de la catholicité dans la réalité même de sa vie » (Unitatis redintegratio, n°4). C’est donc la plénitude de l’Eglise catholique, déjà actuelle, qui est appelée à croître dans les frères qui ne sont pas en pleine communion avec elle, mais aussi dans ses fils qui sont pécheurs, « jusqu’à ce que, dans la Jérusalem céleste, le Peuple de Dieu atteigne joyeux la totale plénitude de la gloire éternelle ».

Le dialogue œcuménique doit-il donc être compris comme la tentative d’envisager à terme le « retour » dans l’Eglise Catholique romaine des frères chrétiens égarés ? Eh bien,… pas du tout ! Ecoutons ce que nous enseigne le Pape Benoît XVI à ce sujet : « L’Eglise catholique a en vue d'atteindre la pleine unité visible des disciples de Jésus Christ selon la définition qu'en a donnée le Concile oecuménique Vatican II dans divers de ses documents. Cette unité, selon notre conviction, subsiste, premièrement dans l'Église catholique sans possibilité d'être perdue. L'Église en effet n'a pas totalement disparu du monde. Mais cette unité ne signifie pas pour autant ce que l'on pourrait appeler un oecuménisme du retour : c'est-à-dire être obligé de renier et de répudier sa propre histoire de foi. Absolument pas ! Cela ne signifie pas uniformité dans toutes les expressions de la théologie et de la spiritualité, dans les formes liturgiques et dans la discipline. Unité dans la multiplicité et multiplicité dans l'unité. Le dialogue [entre frères chrétiens doit être compris comme] un échange de dons, dans lequel les Églises et les Communautés ecclésiales peuvent apporter leurs propres trésors. Grâce à cet engagement le chemin peut continuer, pas après pas, jusque [au moment où] finalement, comme le dit la Lettre aux Éphésiens, nous arriverons « tous ensemble à l'unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l'état de l'Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ » (Ep 4, 13). »

« Il est tout à fait évident,
poursuit le Saint Père, qu'un tel dialogue ne peut en définitive se développer que dans une atmosphère de spiritualité sincère et cohérente. Nous ne pouvons pas, par nos seules forces, « faire » l'unité. Nous pouvons seulement l'obtenir comme un don de l'Esprit Saint
. » (Cologne, 19 août 2005).

(à suivre…)
 

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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 11:33
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Pour faire suite à l'appel solennel lancé par Mgr André Vingt-Trois à Lourdes le 8 novembre 2007, je ne saurais que trop vous recommander la lecture de la "Lettre aux jeunes sur les vocations" du Père Thierry-Dominique Humbrecht, dominicain, publiée en 2004 aux Editions Parole et Silence.

Je vous en livre un avant-goût à travers cet extrait dans lequel le Père Humbrecht nous exhorte, chrétiens, à la formation, au travail intellectuel, et à l’annonce de l’évangile dans le monde de la culture.


Nul n’est tenu d’être un puits de culture, mais nul n’est dispensé de se cultiver.
Ce qui est vrai depuis toujours l’est davantage aujourd’hui, alors que la culture de masse est en train de s’affaisser à un degré inouï. Jamais les instruments de culture n’ont été aussi parfaits, jamais ils ne furent plus mal utilisés. Ne nous leurrons pas : la véritable culture est celle du livre, qu’aucune image ne saurait remplacer. La lecture nourrit l’imaginaire, structure l’intelligence, affine le goût et même le style ; ensuite, les images prennent une autre dimension, que tes lectures leur confèrent. Cultive-toi. Ta culture soutiendra l’excellence professionnelle à laquelle tu aspires et, sans aucun doute, fera la différence d’avec tes éventuels concurrents. Plus profondément, elle sera ce par quoi tu deviendras capable de réfléchir et de poser des jugements si, bien entendu, tu as su te cultiver avec la sagesse et l’ordre requis.

Comme tu le sais, nous vivons à une époque de sensations, aussi intenses qu’éphémères. Considère par exemple une catastrophe annoncée au journal de vingt heures, un village englouti par une inondation, un train qui déraille en pleine vitesse, un attentat. « L’émotion est intense » est une phrase quasi-consacrée, et l’on ne parle plus que de cela pendant trois jours, puis plus rien. Cela se comprend, mais à force de structurer les réactions publiques avec les émotions, nous sommes en train de désapprendre à penser. Penser, c’est prendre du recul, c’est aussi faire des liens entre les choses, trouver ce qui est universel dans le particulier, c’est démontrer avec rigueur, et juger de la valeur des arguments des autres. Faut-il croire aux feux follets des épanchements humanitaires médiatisés ?

Plus encore, l’enjeu est d’œuvrer à la culture et même à la culture chrétienne. Il faut que les chrétiens d’aujourd’hui soient des chrétiens cultivés, humainement et chrétiennement.
Humainement, parce qu’il n’y a aucune raison pour qu’ils soient moins instruits que les autres ; une part de leur rayonnement est à ce prix. Chrétiennement, parce que la culture chrétienne est la seule qui puisse combler l’intelligence et le cœur, puisqu’elle récapitule la culture humaine, sans se limiter à elle ni entraver son autonomie.

La culture chrétienne est, au premier chef, la foi elle-même. Le chrétien doit connaître sa foi, pour lui-même et pour les autres, à une époque de libre-service religieux et de confusion intellectuelle. Est culture chrétienne, aussi, la culture générale du chrétien : ne te laisse pas piéger par ces questions, toujours les mêmes, au moyen desquels on entend te rendre ridicule : l’Inquisition, la richesse de l’Eglise, les croisades, les cathares… Ceux qui te provoquent n’en connaissent pas le premier mot. Cloue-leur le bec, questionne ou bien nuance et argumente, sans céder au jeu des passions, avec un peu de culture ! De plus, il faut des chrétiens dans l’art, la littérature, la science, les médias, l’enseignement, la politique, le débat d’idées. Pourquoi les intellectuels seraient-ils toujours des gens qui règlent leurs comptes avec l’Eglise, catholique comme de juste ?

Il y a d’éminents penseurs chrétiens, mais il n’y en a jamais assez. Les chrétiens ne doivent pas avoir peur de penser et de parler, sans quoi leur mutisme laissera la parole à d’autres, qui chanteront une autre chanson. On se prend à rêver à de nouveaux Jacques et Raïssa Maritain, qui furent des philosophes chrétiens au rayonnement international, mais qui étaient encore plus chrétiens qu’ils n’étaient philosophes. Leur vie était leur première parole, et l’on sait à quel niveau se situait la vie spirituelle des époux Maritain. Pour guérir l’intelligentsia contemporaine, si cette œuvre pharaonique est toutefois possible, il faut que les intellectuels donnent envie de connaître le Christ par leur personne et leur vie même.

Contrairement à ce que l’on s’imagine parfois, les intellectuels sont loin d’être désincarnés ; au contraire, ce sont souvent des affectifs et des hypersensibles. Chez certains d’entre eux, une affectivité abîmée pourrait même expliquer en partie les contorsions de leurs discours. S’ajoute à cela leur susceptibilité d’auteur, les frictions et rivalités, et l’isolement dans lequel les maintiennent leurs travaux. Chaque année, la rentrée littéraire présente quelque six cents romans pour un seul prix Goncourt ; ce n’est plus de la concurrence, mais la lutte pour la survie. Chez les chrétiens, voire chez les clercs, s’ajoutent parfois des conflits doctrinaux et les intolérances d’écoles ; cela ne rend que plus nécessaire une culture de l’amitié ; l’amitié suscite les rencontres, les sympathies, que la seule pensée n’instaure pas toujours. L’amitié suppose un désir de communication que, paradoxalement, les intellectuels et autres enseignants n’entretiennent pas assez. Ce n’est pas un hasard si le célèbre livre de Raïssa Maritain s’appelle « Les grandes amitiés ».

Tu n’en es peut-être pas là, j’en conviens, mais cela arrivera plus vite et davantage que tu ne penses, si tu as le souci de répandre le nom du Christ dans la culture et par la culture. En ce domaine comme en tout autre, commence petitement, à ta mesure, mais avec détermination et largeur de vues. Le conseil de Montaigne vaut toujours : mieux vaut une tête bien faite qu’une tête bien pleine. Mets de l’ordre dans tes idées, cherche la lumière plus que la brillance, et la vérité plus que tout.

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10 novembre 2007 6 10 /11 /novembre /2007 11:03

L'Archevêque prononce son homélie sur le sens du diaconat (voir son homélie sur le portail du diocèse)



Le travail sur la formation des prêtres que nous venons de commencer doit être (…) animé par l’ambition missionnaire. Je suis convaincu que cette orientation missionnaire est la condition nécessaire pour que notre appel incessant à trouver des ouvriers pour la moisson soit entendu et trouve un écho dans la générosité de la jeunesse. Je sais que je parle en notre nom à tous quand je lance solennellement un appel pour que des hommes généreux soient recherchés et sollicités pour recevoir l’ordination en vue de la mission. Cette mission ne sera pas réellement assumée par l’Église si nous ne répercutons pas cet appel. Et quand je dis « nous », je pense non seulement aux évêques et aux prêtres, mais à tout le corps ecclésial qui doit se préoccuper de son avenir par la prière, l’apprentissage du service désintéressé des autres et l’élan missionnaire. C’est toute l’Église qui doit estimer, aimer et soutenir ses prêtres et ses diacres, comme aussi celles et ceux qui sont engagés dans la vie consacrée.

 


Extrait du discours de clôture de Mgr André Vingt-Trois à l'Assemblée Plénière des Evêques de France, à Lourdes le 8 novembre 2007

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8 novembre 2007 4 08 /11 /novembre /2007 19:55


Extrait du discours du Pape Benoît XVI prononcé le 15 mai 2006 à l’Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des Personnes en déplacement.


La mobilité concernant les pays musulmans mérite (…) une réflexion spécifique, non seulement en raison de l'importance quantitative du phénomène, mais surtout parce que l'identité islamique est une identité caractéristique, tant du point de vue religieux que culturel.

(…) Nous vivons une époque dans laquelle les chrétiens sont appelés à cultiver un style de dialogue ouvert sur les problèmes religieux, en ne renonçant pas à présenter à leurs interlocuteurs la proposition chrétienne de manière cohérente avec leur propre identité.
Ensuite, on ressent toujours plus l'importance de la réciprocité dans le dialogue, une réciprocité que l'Instruction
Erga migrantes caritas Christi définit à juste titre comme un "principe" de grande importance. Il s'agit d'une "relation fondée sur le respect réciproque" et, plus encore, d'une "attitude du coeur et de l'esprit" (n. 64). Les efforts que l'on accomplit dans de nombreuses communautés pour tisser avec les immigrés des relations de connaissance et d'estime mutuelles, qui apparaissent plus que jamais utiles pour surmonter les préjugés et les barrières mentales, témoignent de combien cet engagement est important et délicat.

Dans son action d'accueil et de dialogue avec les migrants et les personnes en déplacement, la communauté chrétienne a comme point de référence constant le Christ, qui a laissé à ses disciples, comme règle de vie, le commandement nouveau de l'amour. L'amour chrétien est, de par sa nature, prévenant. Voilà pourquoi chaque chrétien est appelé à ouvrir ses bras et son coeur à chaque personne, quel que soit le pays dont elle provient, en laissant ensuite aux autorités responsables de la vie publique le soin d'établir dans ce domaine les lois considérées comme opportunes pour une saine coexistence.
Sans cesse incités à témoigner cet amour que le Seigneur Jésus a enseigné, les chrétiens doivent ouvrir leur coeur, en particulier aux petits et aux pauvres, en qui Jésus lui-même est présent de manière singulière. En agissant ainsi, ils manifestent le caractère le plus spécifique et caractéristique de l'identité chrétienne : l'amour que le Christ a vécu et transmet sans cesse à l'Eglise à travers l'Evangile et les Sacrements. Il faut bien sûr espérer que les chrétiens qui émigrent vers les pays à majorité islamique y trouvent l'accueil et le respect de leur identité religieuse.




Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 22:28


Extrait du discours du Pape Benoît XVI prononcé le 11 mai 2006 aux Evêques du Québec venus à Rome en visite ad limina.


Les fidèles doivent être convaincus du caractère vital de la participation régulière à l’Assemblée dominicale, pour que leur foi puisse grandir et s’exprimer de façon cohérente. En effet, l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, nous unit et nous conforme au Fils de Dieu. Elle construit aussi l’Église, la consolide dans son unité de Corps du Christ ; aucune communauté chrétienne ne peut s’édifier si elle n’a pas sa racine et son centre dans la célébration eucharistique.
Malgré les difficultés de plus en plus grandes que vous connaissez, il est du devoir des Pasteurs d’offrir à tous la possibilité effective de satisfaire au précepte dominical et de les y inviter. Rassemblés en Église pour célébrer la Pâque du Seigneur, les fidèles puisent dans ce sacrement lumière et force afin de vivre pleinement leur vocation baptismale. De plus, le sens du sacrement ne s’épuise pas dans le moment de la célébration. «En recevant le Pain de vie, les disciples du Christ se disposent à aborder, avec la force du Ressuscité et de son Esprit, les tâches qui les attendent dans leur vie ordinaire» (Dies Domini, n. 45).

Cependant, la diminution du nombre des prêtres, qui rend parfois impossible la célébration de la messe dominicale en certains lieux, met en cause de manière préoccupante la place de la sacramentalité dans la vie de l’Église. Les nécessités de l’organisation pastorale ne doivent pas compromettre l’authenticité de l’ecclésiologie qui s’y exprime. Le rôle central du prêtre qui, in persona Christi capitis, enseigne, sanctifie et gouverne la communauté, ne doit pas être minimisé. Le sacerdoce ministériel est indispensable à l’existence d’une communauté ecclésiale. L’importance du rôle des laïcs, dont je salue la générosité au service des communautés chrétiennes, ne doit jamais occulter le ministère absolument irremplaçable des prêtres pour la vie de l’Église. Ainsi, le ministère du prêtre ne peut être confié à d’autres personnes sans nuire de fait à l’authenticité de l’être même de l’Église. De plus, comment des jeunes pourraient-ils avoir envie de devenir prêtres si le rôle du ministère ordonné n’est pas clairement défini et reconnu?

Il faut toutefois relever comme un réel signe d’espérance la soif d’un renouveau qui se fait sentir chez les fidèles. Les Journées mondiales de la Jeunesse de Toronto ont eu un impact positif chez de nombreux jeunes canadiens. La célébration de l’
Année de l’Eucharistie a permis un réveil spirituel, notamment par le développement de l’adoration eucharistique. Le culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la Messe, étroitement relié à la célébration, est aussi d’une très grande valeur pour la vie de l’Église, car il tend à la communion sacramentelle et spirituelle. Comme l’a écrit le Pape Jean-Paul II, «si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par ‘l’art de la prière’, comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement?» (Ecclesia de Eucharistia, n. 25). De cette expérience, on ne peut que recevoir force, consolation et soutien.

La vie de prière et de contemplation, fondée sur le mystère eucharistique, se trouve aussi au cœur de la vocation des personnes consacrées, qui ont choisi la voie de la sequela Christi pour se donner au Seigneur avec un cœur sans partage, dans une relation toujours plus intime avec lui. Par leur attachement sans détour à la personne du Christ et à son Église, elles ont la mission particulière de rappeler à tous la vocation universelle à la sainteté.

Chers frères dans l’Épiscopat, l’Église est reconnaissante aux Instituts de vie consacrée de votre pays pour l’engagement apostolique et spirituel de leurs membres. Cet engagement s’exprime de bien des manières, notamment à travers la vie contemplative, qui fait monter vers Dieu une incessante prière de louange et d’intercession, ou encore dans le généreux service de l’activité catéchétique et caritative de vos diocèses, et par la proximité avec les personnes les plus défavorisées de la société, manifestant ainsi la bonté du Seigneur pour les petits et les pauvres. C’est dans cet engagement quotidien que se mûrit la recherche de la sainteté que veulent vivre les personnes consacrées, notamment à travers un mode de vie différent de celui du monde et de la culture ambiante. Toutefois, à travers ces engagements, il est primordial que, en ayant une vie spirituelle intense, les personnes consacrées proclament que Dieu seul suffit pour donner la plénitude à l’existence humaine (…).

Le renouveau des vocations sacerdotales et religieuses doit aussi être un souci permanent pour l’Église dans votre pays. Une véritable pastorale vocationnelle trouvera sa force dans l’existence d’hommes et de femmes qui témoignent d’un amour passionné pour Dieu et pour leurs frères, dans la fidélité au Christ et à l’Église.
Et l’on ne saurait oublier la place essentielle d’une prière confiante, pour créer une nouvelle sensibilité dans le peuple chrétien, qui permette aux jeunes de répondre aux appels du Seigneur. C’est pour vous et pour toute la communauté chrétienne un devoir primordial de transmettre sans peur l’appel du Seigneur, de susciter des vocations et d’accompagner les jeunes sur la voie du discernement et de l’engagement, dans la joie de se donner dans le célibat. Dans cet esprit, il vous revient d’être attentifs à la catéchèse dispensée aux enfants et aux jeunes, pour leur permettre de connaître en vérité le mystère chrétien et d’accéder au Christ. À ce sujet, j’invite donc l’ensemble de la communauté catholique du Québec à porter une attention renouvelée à son attachement à la vérité de l’enseignement de l’Église, en ce qui concerne la théologie et la morale, deux aspects inséparables de l’être chrétien dans le monde. Les fidèles ne peuvent pas, sans perdre leur identité propre, souscrire aux idéologies qui parcourent aujourd’hui la société.


Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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5 novembre 2007 1 05 /11 /novembre /2007 21:37


Extrait de la lettre du Pape Benoît XVI en date du 27 avril 2006 aux participants à la XIIe Assemblée de l’Académie pontificale des Sciences sociales.


Votre Assemblée est consacrée à un thème actuel : "Une enfance qui disparaît? La solidarité avec les enfants et les jeunes à une époque troublée". Certains indicateurs démographiques ont clairement souligné le besoin urgent de réflexion critique dans ce domaine. Même si les statistiques de la croissance de la population sont effectivement ouvertes à des interprétations différentes, tout le monde est d'accord sur le fait que nous assistons, à un niveau mondial, et en particulier dans les pays développés, à deux tendances significatives et liées entre elles : d'un côté, une augmentation de l'espérance de vie et de l'autre, une baisse du taux de natalité. Etant donné que les sociétés vieillissent, de nombreuses nations ou groupes de nations ne possèdent plus un nombre suffisant de jeunes pour renouveler leur population.

Cette situation est le résultat de causes multiples et complexes – souvent de nature économique, sociale et culturelle – que vous vous êtes proposé d'étudier. Mais les racines profondes peuvent être considérées comme morales et spirituelles ; elles sont liées à un manque inquiétant de foi, d'espérance, et, il est vrai, d'amour. Pour faire venir des enfants au monde, l'eros égocentrique doit être accompagné par un agape créatif enraciné dans la générosité et marqué par la confiance et l'espérance dans l'avenir. De par sa nature, l'amour est tourné vers l'éternel (cf. Deus caritas est, n. 6). C'est peut-être à cause de ce manque d'amour créatif et tourné vers l'avenir que de nombreux couples choisissent aujourd'hui de ne pas se marier, que tant de mariages échouent, et que les taux de natalité ont diminué de manière importante.

Ce sont les enfants et les jeunes qui ressentent souvent les premiers les conséquences de ce déclin d'amour et d'espérance. Souvent, au lieu de se sentir aimés et chéris, ils semblent être simplement tolérés. A une époque troublée, ils sont souvent privés d'une direction morale adéquate de la part du monde adulte, au grand détriment de leur développement intellectuel et spirituel. De nombreux enfants grandissent actuellement dans une société qui néglige souvent Dieu et la dignité innée de la personne humaine créée à l'image de Dieu. Dans un monde façonné par les processus accélérés de la mondialisation, ils ne sont souvent exposés qu'à des visions matérialistes de l'univers, de la vie et de l'épanouissement humain.

Pourtant, les enfants et les jeunes sont par nature réceptifs, généreux, idéalistes et ouverts à la transcendance. Ils ont avant tout besoin d'être exposés à l'amour et de se développer dans une écologie humaine saine, où ils pourront être amenés à comprendre qu'ils n'ont pas été mis au monde par hasard, mais grâce à un don faisant partie du plan d'amour de Dieu. S'ils veulent être fidèles à leur appel, les parents, les éducateurs et les responsables de la communauté, ne peuvent jamais renoncer à leur devoir de placer devant les enfants et les jeunes la tâche de choisir un projet de vie orienté vers un bonheur authentique, en mesure de distinguer entre la vérité et le mensonge, le bien et le mal, la justice et l'injustice, le monde réel et le monde de la "réalité virtuelle".

Dans votre approche scientifique des différentes questions traitées lors de cette assemblée, je vous encouragerais à considérer attentivement ces questions et, en particulier, la question de la liberté humaine, avec ses vastes implications au niveau d'une vision saine de la personne et de la réalisation d'une maturité affective au sein de la communauté élargie. La liberté intérieure est en effet la condition pour une croissance humaine authentique. Là où cette liberté manque ou est menacée, les jeunes font une expérience de frustration et deviennent incapables de se battre généreusement pour les idéaux qui peuvent façonner leur vie en tant qu'individus et membres de la société. En conséquence, ils peuvent se décourager ou se rebeller, et leur immense potentiel humain se détourne des défis passionnants de la vie.

Les chrétiens, qui croient que l'Evangile éclaire chaque aspect de la vie individuelle et sociale, ne pourront que percevoir les dimensions philosophique et théologique de ces questions, et le besoin de considérer cette opposition fondamentale entre le péché et la grâce qui englobe tous les autres conflits qui troublent le coeur humain : le conflit entre l'erreur et la vérité, le vice et la vertu, la rébellion et la coopération, la guerre et la paix. Ils ne peuvent pas non plus ne pas être convaincus que la foi, vécue dans la plénitude de la charité et transmise aux nouvelles générations, est un élément essentiel pour la construction d'un avenir meilleur et pour la sauvegarde de la solidarité entre les générations, dans la mesure où elle ancre tout effort humain pour construire la civilisation de l'amour dans la révélation de Dieu le Créateur, dans la création de l'homme et de la femme à son image, et dans la victoire du Christ sur le mal et la mort.
 




Lire le texte intégral de la lettre du Pape Benoît XVI

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3 novembre 2007 6 03 /11 /novembre /2007 23:38

Conversion d'un clubber
envoyé par metanoia33

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2 novembre 2007 5 02 /11 /novembre /2007 09:23


Les rites funéraires remontent au fond des âges, c’est même le critère principal pour distinguer la présence humaine dans les fouilles archéologiques. Ces rites funéraires sont aussi lieux d’apparition de la culture : édifices funéraires, ornementation, disposition des défunts, des objets funéraires, sans compter ce qui n’est pas observable à distance, les chants et rituels qui devaient accompagner ces usages chez les plus anciens de nos ancêtres, ainsi que les explications mythologiques ou religieuses qui accompagnent ces rites et nous sont souvent inconnues.

Il y a, depuis les commencements, quelque chose dans l’homme qui s’insurge à l’idée de laisser mourir quelqu’un « comme un chien », c’est-à-dire sans personne pour assister le mourant, et sans soin pour ses restes mortels.

Prier pour les morts, c’est aussi leur faire l’honneur de se souvenir d’eux. Lorsque la mort étend son voile de deuil sur quelqu’un, il est important de rappeler qu’il n’est pas effacé de la mémoire des hommes, comme s’il n’avait simplement pas existé. Chaque vie a du prix. Non seulement il n’est pas nécessaire d’être un personnage célèbre pour avoir de la valeur, mais encore la mort permet de jeter un regard différent sur la célébrité. Il y a dans la mort une égalité de destin.

Enfin, prier pour les morts est une façon de s’approprier la mort d’un être cher, de revisiter les souvenirs qui nous ont unis à nos défunts.

Pour un chrétien, prier pour les morts, c’est d’abord affirmer que celui qui meurt n’est pas réduit à rien.
Il y a là un acte de foi fondamental : Dieu n’a pas créé l’homme pour quelques années seulement. Au moment de mourir, l’âme quitte son corps et est présentée à Dieu. La personne paraît alors avec tout ce qu’elle est, ce qu’elle a fait ou omis de faire dans sa vie, donc avec toute son histoire de sainteté et de péché. Elle est présentée à ce Dieu qui est Amour et va chercher à sauver tout ce qui peut être sauvé dans cette vie maintenant achevée.

Le chrétien s’adresse au Christ ressuscité, victorieux de la mort et du péché, pour lui demander d’accueillir le défunt. Il a foi en celui qui l’a aimé et qui a donné sa vie pour lui. Il le confie aussi à la prière de la Vierge Marie et de tous les saints. Il s’agit aussi d’un acte de charité, car nous savons que notre prière, en vertu de la communion des saints, est utile aux défunts, nous portons spirituellement leurs fardeaux et le confions à Celui qui a dit « Venez à moi, vous qui peinez, et je vous procurerai le repos ». En priant pour nos morts, nous les menons à Jésus.

Il y a enfin un acte d’espérance : nous comptons sur la bonté et la fidélité de Dieu qui jamais ne déçoit ; Dieu se manifeste dans nos vies comme celui qui chemine à nos côtés, veille sur nous, nous réconforte, même si parfois, nous éprouvons douloureusement sa discrétion comme si elle était absence.

Bien sûr, nous savons que toute vie doit finir, mais la mort d’un de nos proches ou notre propre mort lorsqu’elle est aux portes nous surprend souvent et cherche à nous arracher un consentement que nous ne pouvons refuser. Mais nous chrétiens, nous pouvons faire de ce moment un acte de liberté suprême et de remise amoureuse de tout notre être entre les mains de celui de qui nous n’avons rien à craindre, sauf si nous craignons la morsure de l’amour.


Père Olivier Rolland, vicaire à la Paroisse Saint Léon à Paris (15e), in la revue paroissiale Le Lien.

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