13 décembre 2006 3 13 /12 /décembre /2006 09:35

«La démocratie doit son existence au christianisme.

«Elle est née le jour où l'homme a été appelé à réaliser dans sa vie temporelle la dignité de la personne humaine dans sa liberté individuelle, dans le respect des droits de chacun et la pratique de l'amour fraternel envers tous.

«Jamais avant le Christ de semblables idées n'avaient été élaborées.

«L'Europe doit se donner une âme.

«L'Europe vivra et trouvera son salut dans la mesure où elle se tournera à nouveau vers les principes chrétiens de solidarité et de fraternité.»

(Robert SCHUMAN)

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12 décembre 2006 2 12 /12 /décembre /2006 09:49

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]  

 

I. L'HUMILITÉ AVEC LAQUELLE ON DOIT PRIER 

  

 

Le Seigneur est très attentif aux prières de ses serviteurs, à condition qu'elles soient humbles : « Il s'est tourné vers la prière des humbles » (Ps 102 (101),18). Sinon, il ne les regarde pas mais les repousse : « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4, 6). Dieu n'écoute pas les prières des orgueilleux qui se fient à leurs propres forces, il les laisse dans leur misère ; alors, privés du secours de Dieu, ils vont se perdre certainement. David en pleurait : « Avant d'être humilié, je m'égarais » (Ps 119 (118), 67). J'ai péché, disait-il, parce que je n'ai pas été humble. C'est bien ce qui est arrivé à saint Pierre. Jésus l'avertit que, cette nuit-là même, tous ses disciples l'abandonneraient : « Vous tous, allez succomber à cause de moi, cette nuit même » (Mt 26, 31). Mais, au lieu de prendre conscience de sa faiblesse et de demander du secours au Seigneur, il présuma de ses forces. Même si tous l'abandonnaient, affirma-t-il, lui ne lâcherait jamais : « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais » (Mt 26, 33). Cette nuit même, avant que le coq ait chanté, lui prédit Jésus, il l’aurait renié trois fois ! Il continua pourtant à se fier à lui-même et à se vanter : « Dussé je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas » (Mt 26, 35). Mais qu'arriva-t-il ? A peine le malheureux fut-il entré dans la maison du Pontife et qu'on l'eut accusé d'être un disciple de Jésus, par trois fois, de fait, il affirma par serment qu'il ne le connaissait pas : « Et de nouveau il nia avec serment : Je ne connais pas cet homme » (Mt 26, 72). Si Pierre, en toute humilité, avait demandé au Seigneur la grâce de la fidélité, il ne l'aurait pas renié !

Persuadons-nous bien que nous sommes comme sur le sommet d'une montagne, suspendus au-dessus de l'abîme de tous les péchés et soutenus par le seul fil de la grâce : si ce fil nous lâche, nous serons certainement précipités dans ce gouffre et nous commettrons les crimes les plus horribles : « Si Yahvé ne me venait en aide, bientôt mon âme habiterait le silence (l'Enfer) » (Ps 94 (93), 17). Si Dieu ne m'avait pas secouru, je serais tombé en mille péchés et serais maintenant en Enfer. Ainsi s'exprimait le Psalmiste. Ainsi doit parler chacun d'entre nous. Pourquoi saint François d'Assise allait-il jusqu'à se proclamer le plus grand pécheur du monde ? Père, lui dit son compagnon, ce n'est pas vrai. Beaucoup de personnes au monde sont pires que vous. Hélas ! lui répliqua le saint, ce que je dis n'est que trop vrai, car si Dieu ne tenait pas sa main au-dessus de moi pour me protéger, je commettrais tous les péchés. Il est de foi que, sans la grâce, nous ne pouvons faire aucune bonne oeuvre, pas même avoir une bonne pensée : « Sans la grâce, dit saint Augustin, ils (les hommes) ne font rien de bon, soit par pensée..., soit par action ». « Car de même que l'oeil dans le plus parfait état ne peut rien distinguer s'il n'est aidé par l'éclat de la lumière, continue saint Augustin, de même l'homme le plus pleinement justifié ne peut vivre dans la droiture, s' il n' est divinement secouru par l'éternelle lumière de la justice ». L'Apôtre Paul l'avait déjà reconnu : « Ce n'est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous ; non, notre capacité vient de Dieu » (2 Co 3, 5). Et avant lui David l'avait affirmé : « Si Yahvé ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs » (Ps 127 (126), 1). On travaille en vain à se sanctifier, si Dieu n'y met la main : « Si Yahvé ne garde la ville, en vain la garde veille » (Ps 127 (126), 1). Si Dieu ne préserve l'âme du péché, c'est en vain qu'elle espérera y réussir par ses propres forces. Aussi le saint Prophète protestait-il : « Ce n'est pas en mon arc que je mettrai ma confiance » (Ps 44 (43), 7). Ce n'est donc pas dans mes armes que je veux mettre ma confiance mais en Dieu qui seul peut me sauver.

Si l'on a fait quelque bien, si l'on n'est pas tombé en de plus grands péchés, que l'on dise avec saint Paul : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » (1 Co 15, 10). Et pour la même raison ne cessons pas de trembler ; craignons à chaque instant de tomber : « Que celui qui se flatte d'être debout prenne garde de tomber » (1 Co 10, 12). L'Apôtre entend ainsi nous prévenir : celui qui se croit sûr de ne pas tomber est en grand danger de le faire. Il en donne ailleurs la raison : « Si quelqu'un estime être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il se fait illusion » (Ga 6, 3). Saint Augustin écrit donc sagement : « La confiance excessive en leurs forces en empêche beaucoup d'être forts, seuls sont solides ceux qui ont conscience de leur faiblesse ».

Si quelqu'un affirme qu'il n'a pas peur, cela veut dire qu'il a confiance en lui-même et en ses résolutions. Mais cette confiance pernicieuse l'égare. Se fiant à ses propres forces, il cesse de craindre et de se recommander à Dieu ; il va donc certainement tomber. De même, chacun doit se garder de s'admirer et de se vanter, en voyant les péchés des autres. Il doit bien plutôt se considérer lui-même comme pire que les autres : Seigneur, si vous ne m'aviez pas aidé, j'aurais fait pire. Autrement le Seigneur permettra qu'en punition de son orgueil il tombe en des fautes plus grandes et plus horribles. L'Apôtre nous avertit donc de travailler à notre salut, mais comment ? toujours avec crainte et tremblement : « Travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut » (Ph 2, 12). Oui, celui qui redoute beaucoup de tomber se défie de ses propres forces. Il reporte donc sa confiance en Dieu et recourt à lui dans les dangers ; Dieu va le secourir ; il va triompher ainsi des tentations et faire son salut. Marchant un jour dans les rues de Rome, saint Philippe Neri s'en allait répétant : « Je suis désespéré ! » Un religieux lui en fit le reproche, mais le saint lui répliqua : « Mon Père, c'est de moi-même que je désespère, mais j'ai confiance en Dieu ». Ainsi devons-nous agir, si nous voulons faire notre salut. Il faut douter sans cesse de nos forces. Nous imiterons ainsi saint Philippe Neri qui, dès son réveil, disait à Dieu : « Seigneur, protégez bien Philippe aujourd'hui ; sinon, Philippe va vous trahir ».

C'est là, dit saint Augustin, la connaissance éminente d'un chrétien : savoir qu'il n'est rien et qu'il ne peut rien : « Là est la science par excellence : savoir que l'on n'est rien ». Il va donc s'appliquer à obtenir de Dieu par la prière cette force qui lui manque pour résister aux tentations et faire le bien. Avec le secours du Seigneur, il sera capable de tout, car celui-ci ne sait rien refuser à ceux qui le prient avec humilité : « La prière de l'humble pénètre les nuées... Il n'a de cesse que le Très-Haut n'ait jeté les yeux sur lui » (Si 35,17-18). La prière d'une âme humble pénètre les cieux. Une fois devant le trône de Dieu, elle n'en part pas avant que Dieu ne l'ait regardée et exaucée. Fût-il coupable de très nombreux péchés, Dieu ne peut mépriser un coeur qui s'humilie : « D'un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n'as pas de mépris » (Ps 51 (50), 19). « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4, 6). Autant le Seigneur est dur pour les orgueilleux et sourd à leurs demandes, autant il est doux et généreux pour les humbles. Jésus le dit un jour à sainte Catherine de Sienne : Sache, ma fille, que l'âme qui persévère dans la prière humble acquiert toutes les vertus.

Rapportons ici un avis très judicieux que donna aux âmes spirituelles désirant se sanctifier le savant et très pieux Monseigneur Palafox, évêque d'Osma, dans un commentaire sur la dix-huitième lettre de sainte Thérèse. Cette sainte écrit à son confesseur et lui rend compte de tous les degrés d'oraison surnaturelle dont le Seigneur l'a favorisée. Le prélat fait remarquer que ces grâces surnaturelles, accordées à sainte Thérèse et à d'autres saints, ne sont pas nécessaires pour parvenir à la sainteté. Bien des âmes y sont arrivées sans elles. Par contre il en est beaucoup qui les ont obtenues et qui se sont pourtant damnées par la suite. Il est superflu et même présomptueux, conclut-il, de désirer et de demander ces dons surnaturels : la seule et unique voie pour se sanctifier, c'est de pratiquer les vertus et d'aimer Dieu. On y arrive par la prière et par la correspondance aux lumières et secours de Dieu qui ne désire rien d'autre que notre sanctification : « La volonté de Dieu, c'est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Ce pieux auteur fait allusion aux degrés de l'oraison surnaturelle dont parlait sainte Thérèse : oraison de quiétude, sommeil mystique et suspension des puissances, union, extase, ravissement, vol et transport de l'esprit et blessure d'amour. Il écrit sagement à ce sujet : quant à l'oraison de quiétude, ce que nous devons désirer et demander à Dieu, c'est qu'il nous délivre de l'attachement aux biens de ce monde et du désir de les posséder. Ces biens ne procurent pas la paix. Ils n'apportent à l'esprit qu'inquiétude et tourment : « Vanité des vanités, les appelait Salomon, et poursuite de vent » (Qo l, 14). Le coeur de l'homme ne trouvera jamais la vraie paix, s'il ne se vide pas de tout ce qui n'est pas Dieu pour laisser toute la place à son saint amour, afin que lui seul le possède tout entier. Mais l'âme ne peut le réaliser toute seule ; elle doit l'obtenir du Seigneur par des prières réitérées. Quant au sommeil et à la suspension des puissances, nous devons demander à Dieu la grâce de tenir nos facultés endormies à tout ce qui est temporel, et bien éveillées, au contraire, pour méditer la bonté de Dieu et n'aspirer qu'à son amour et aux biens éternels.

Quant à l'union des puissances, demandons la grâce de ne penser, de ne chercher, de ne vouloir que ce que Dieu veut, parce que toute la sainteté et la perfection de l'amour consistent à unir notre volonté à celle du Seigneur. Quant à l'extase et au ravissement, prions Dieu de nous arracher à l'amour désordonné de nous-mêmes et des créatures pour nous attirer tout entier à lui. Quant au vol de l'esprit, demandons-lui de vivre complètement détachés de ce monde et de faire comme les hirondelles qui, même pour se nourrir, ne se posent pas à terre mais saisissent leur nourriture tout en volant. Que signifie cette comparaison ? Utilisons les biens temporels autant qu'il le faut pour soutenir notre vie, mais toujours en plein vol ; sans nous poser sur le sol pour y jouir des plaisirs terrestres. Quant au transport de l'esprit, prions Dieu de nous donner le courage et la force de savoir nous faire violence, quand il le faut, pour résister aux assauts des ennemis, pour maîtriser nos passions et pour embrasser la souffrance au milieu des désolations et lassitudes spirituelles. Enfin, quant à la blessure d'amour, la douleur provoquée par une blessure entretient toujours chez la personne le souvenir de son mal ; de même, devons-nous prier Dieu de blesser notre coeur de son saint amour au point que nous nous rappelions sans cesse sa bonté et son amour pour nous. Nous vivrons continuellement avec cette pensée et nous nous efforcerons de lui manifester notre amour par nos bonnes oeuvres et nos sentiments d'affection. On n'a pas ces grâces sans la prière, mais on obtient tout par la prière, à condition que celle-ci soit humble, confiante et persévérante.

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11 décembre 2006 1 11 /12 /décembre /2006 14:00

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les prêtres du Val d’Aoste, dans la matinée du lundi 25 juillet 2005.

Aux personnes, surtout aux responsables du monde, l'Eglise apparaît comme quelque chose de dépassé, et nos propositions comme n'étant pas nécessaires. Ils se comportent comme s'ils pouvaient, comme s'ils voulaient vivre sans notre parole et ils pensent toujours qu'ils n'ont pas besoin de nous. Ils ne cherchent pas notre parole.

 

Cela est vrai et nous fait souffrir, mais cela fait également partie de la situation historique d'une certaine vision anthropologique, selon laquelle l'homme doit faire les choses comme Karl Marx l'avait dit :  l'Eglise a eu 1800 ans pour montrer qu'elle pouvait changer le monde et elle n'a rien fait, maintenant nous le ferons seuls.

 

Il s'agit d'une idée très répandue et également étayée par des philosophies ; on comprend ainsi l'impression d'un aussi grand nombre de personnes pensant pouvoir vivre sans l'Eglise, qui apparaît comme quelque chose du passé. Mais il apparaît également toujours plus que seules les valeurs morales et les convictions fortes donnent la possibilité, même au prix de certains sacrifices, de vivre et de construire le monde. On ne peut pas construire de manière mécanique comme l'avait proposé Karl Marx avec la théorie du capital et de la propriété, etc.

 

S'il n'existe pas de forces morales dans les âmes, ni la disponibilité à souffrir également pour ces valeurs, on ne construit pas un monde meilleur, au contraire, le monde empire chaque jour, l'égoïsme domine et détruit tout. En voyant cela, on se pose à nouveau la question :  mais d'où viennent les forces qui nous rendent capables de souffrir également pour le bien, de souffrir pour le bien qui me fait tout d'abord mal personnellement, qui n'a pas d'utilité immédiate? Où sont les ressources, les sources? D'où vient la force de promouvoir ces valeurs?

 

On voit que la moralité en tant que telle ne vit pas, n'est pas efficace si elle n'a pas un fondement plus profond dans des convictions qui donnent réellement des certitudes et qui donnent aussi la force de souffrir car, dans le même temps, elles font partie d'un amour, un amour qui grandit dans la souffrance et qui est la substance de la vie. A la fin, en effet, seul l'amour nous fait vivre et l'amour est toujours également souffrance: il mûrit dans la souffrance et donne la force de souffrir pour le bien sans tenir compte de sa propre personne en ce moment actuel.

 

Il me semble que cette conscience grandit, car on voit déjà les effets d'une condition où n'existent pas les forces qui proviennent d'un amour qui est la substance de ma vie et qui me donne la force de mener la lutte pour le bien. Ici aussi, nous avons naturellement besoin de patience, mais d'une patience active, au sens où il faut faire comprendre aux gens : vous avez besoin de cela.

 

Et même s'ils ne se convertissent pas tout de suite, ils s'approchent au moins du cercle de ceux qui, dans l'Eglise, ont cette force intérieure. L'Eglise a toujours eu en son sein ce groupe fort intérieurement, qui porte réellement la force de la foi, ainsi que des personnes qui en quelque sorte s'y accrochent, se laissent porter et participent ainsi.

 

Je pense à la parabole du Seigneur à propos du minuscule grain de sénevé qui devient ensuite un arbre si grand que même les oiseaux du ciel y trouvent refuge. Et je dirais que ces oiseaux peuvent représenter les personnes qui ne se convertissent pas encore, mais qui se posent au moins sur l'arbre de l'Eglise. J'ai fait cette réflexion : à l'époque des lumières, l'époque où la foi était divisée entre catholiques et protestants, on pensa qu'il fallait conserver les valeurs morales communes en leur donnant un fondement suffisant. On pensa : nous devons rendre les valeurs morales indépendantes des confessions  religieuses, de façon à ce qu'elles existent "etsi Deus non daretur" [même si Dieu n’existait pas].

Aujourd'hui, nous sommes dans la situation contraire, la situation s'est inversée. Les valeurs morales ne sont plus évidentes. Elles ne deviennent évidentes que si Dieu existe. J'ai donc suggéré que les laïcs, ceux que l'on appelle les laïcs [non pas au sens ecclésial], devraient réfléchir pour savoir si, pour eux, le contraire n'est pas valable aujourd'hui :  nous devons vivre "quasi Deus daretur" [comme si Dieu existe], même si nous n'avons pas la force de croire, nous devons vivre sur cette hypothèse, autrement, le monde ne fonctionne pas. Ce serait là, il me semble, un premier pas pour s'approcher de la foi. Et je vois lors de nombreuses rencontres que, grâce à Dieu, le dialogue avec une partie du monde laïc, au moins, se développe.

 

 

Lire le texte intégral du discours aux prêtres du Val d’Aoste, le 25 juillet 2005

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9 décembre 2006 6 09 /12 /décembre /2006 10:10

Le Guide des difficultés de la foi catholique de l'Abbé Pierre Descouvemont appartient sans conteste à la catégorie des ouvrages de référence, que tout catholique devrait avoir dans sa bibliothèque, à côté du Catéchisme de l'Eglise Catholique.

Dans ce livre monumental (671 pages), le Père Descouvemont tente de répondre à un certain nombre de questions fondamentales, telles que :

- La foi est-elle un pari? (Chapitre IV) - Est-elle affaire de coeur ou de raison? (Chapitre V)

- Peut-on découvrir dans l'univers les traces d'un Dieu créateur? (Chapitre VI) - Pourquoi Dieu a-t-il voulu la Création? (Chapitre XV) - Pourquoi le mal et la souffrance dans la Création? (Chapitre XVI)

- Les Evangiles sont-ils fiables? (Chapitre VIII) - Le Christ est ressuscité : peut-on s'en assurer? (Chapitre IX) - Les miracles sont-ils des arguments pour la foi? (Chapitre X) - Pourquoi tant de violences dans la Bible? (Chapitre XVIII)

- La religion chrétienne est-elle meilleure que les autres? (Chapitre VII) - Jésus a-t-il voulu une Eglise hiérarchique? (Chapitre XI) - Peut-on adhérer à des dogmes définitifs? (Chapitre XII) - Pourquoi se confesser à un prêtre? (Chapitre XXVII) - Pourquoi baptiser les petits enfants? (Chapitre XXVIII) - La dévotion mariale des catholiques n'est-elle pas exagérée? (Chapitre XXXIV)

- Jésus a-t-il pris position sur le péché? (Chapitre XXVI)

- Que sait-on de l'au-delà? (Chapitre XXIX) - La réincarnation est-elle compatible avec la foi chrétienne? (Chapitre XXX) - Faut-il croire à l'enfer? (Chapitre XXXI) - La diable existe-t-il vraiment? (Chapitre XXXII)

- La prière est-elle indispensable? (Chapitre XXXIII) - etc.

Une bonne idée de cadeau pour les fêtes de Noël qui approchent...

 

Extrait de la Préface du Père Bernard BRO, dominicain :

"Toute vie de l'esprit commence par l'étonnement. Mais il faut ensuite apprendre à passer à l'émerveillement. Il y a vingt-cinq siècles qu'Aristote nous l'a appris. Or, tout émerveillement commence par une question : Pourquoi suis-je né? Pourquoi y a-t-il des choses? Pourquoi y aurait-il un Dieu? et une Eglise? et ce besoin d'aimer? A quoi bon faire confiance si tout, une fois passée la soixantaine, doit se terminer dans l'attente de la poussière ou l'angoisse d'un cancer? Comment éviter un esprit sectaire? Et l'enfer, vous y croyez? (...)

"Pour progresser, rien n'est plus utile que celui qui a de bonnes objections (...).

"Nous sommes faits pour communier à la lumière du Verbe de Dieu. La foi apporte un éclairage si puissant qu'on peut préférer s'enfuir. Les questions restent quand même. La lumière du Credo n'est pas réservée aux intellectuels. Ces pages reprennent la conviction du Curé d'Ars. On vient l'avertir qu'un savant l'attend au fond de l'église. Le Curé d'Ars va le saluer. Le savant répond : "Mais, Monsieur le Curé, je n'ai pas la foi." Le visage du Curé d'Ars se colore de tristesse : "Ah mais alors, mon pauvre monsieur, vous en savez moins que mon enfant de choeur". C'est vrai. Le chrétien est souvent un nain. Il ne prétend pas être un prince de l'intelligence. Mais il est assis sur l'épaule de géants, comme Matthieu, Marc, Luc et Jean à la cathédrale de Chartres sont assis sur les épaules des grands prophètes.

"Nous avons tous les mêmes questions, de l'élève de l'ENA au vendeur de magasin à grande surface. Nous avons tous besoin d'épaules fraternelles pour voir plus loin que notre horizon souvent surbaissé (...). 

"Dieu n'interdit pas les exigences critiques. Au contraire. Il nous convie à être de plus en plus exigeants : c'est un bon signe. C'est preuve qu'on ne veut pas se tromper et être trompé sur ce qu'on aime, ne pas "diminuer Dieu". Nous n'avons pas à avoir peur : on peut répondre aux objections."

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7 décembre 2006 4 07 /12 /décembre /2006 13:51

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les prêtres du Val d’Aoste, dans la matinée du lundi 25 juillet 2005.

Le monde occidental est un monde las de sa propre culture, un monde arrivé au moment où la nécessité de Dieu n'apparaît plus de façon évidente, moins encore celle du Christ, et dans lequel il semble donc que l'homme lui-même pourrait se construire tout seul. Dans ce climat d'un rationalisme qui se ferme sur lui-même, qui considère le modèle de la science comme l'unique modèle de connaissance, tout le reste est subjectif. La vie chrétienne devient elle aussi naturellement un choix subjectif, donc arbitraire, et elle n'est plus le chemin de la vie. Il devient donc évidemment difficile de croire, et s'il est difficile de croire, il est d'autant plus difficile d'offrir sa vie au Seigneur pour être son serviteur (…).

 

En revanche, se développent les sectes qui se présentent avec la certitude d'un minimum de foi, et l'homme recherche les certitudes. Les grandes Eglises, surtout les grandes Eglises traditionnelles protestantes, traversent véritablement une crise très profonde. Les sectes l'ont emporté parce qu'elles apparaissent avec des certitudes simples, peu nombreuses, et elles disent : cela est suffisant.

 

La première réponse est alors la patience, dans la certitude que le monde ne peut pas vivre sans Dieu, le Dieu de la Révélation - pas n'importe quel Dieu :  nous voyons à quel point peut être dangereux un Dieu cruel, un Dieu qui n'est pas véritable -, le Dieu qui a montré son Visage en Jésus Christ. Ce Visage qui a souffert pour nous, ce Visage d'amour qui transforme le monde à la façon du grain de blé tombé en terre.

 

Il faut donc que nous ayons nous-mêmes cette très profonde certitude que le Christ est la réponse et que sans le Dieu concret, le Dieu au Visage du Christ, le monde s'autodétruit. L'évidence grandit également qu'un rationalisme obtus, qui pense que l'homme pourrait tout seul reconstruire un monde véritablement meilleur, n'est pas possible. Au contraire, s'il n'y a pas la mesure du vrai Dieu, l'homme s'autodétruit. Nous le voyons de nos yeux.

 

Nous devons avoir nous-mêmes une certitude renouvelée : Jésus est la Vérité et ce n'est qu'en marchant sur ses traces que nous allons dans la juste direction, et nous devons marcher et guider les autres dans cette direction.

 

Il faut non seulement ne pas perdre la certitude que le Christ est réellement le Visage de Dieu, mais approfondir cette certitude et la joie de La connaître et d'être ainsi réellement les ministres de l'avenir du monde, de l'avenir de chaque homme. Et il faut approfondir cette certitude dans une relation personnelle et profonde avec le Seigneur. Car la certitude peut également s'accroître à travers des considérations rationnelles. Il me semble vraiment très important d'effectuer une réflexion sincère qui convainc également rationnellement, mais qui devient personnelle, forte et exigeante en vertu d'une amitié vécue personnellement chaque jour avec le Christ.

 

La certitude exige donc cette personnalisation de notre foi, de notre amitié avec le Seigneur, c'est ainsi qu'augmentent également les nouvelles vocations.

 

 

Lire le texte intégral du discours aux prêtres du Val d’Aoste, le 25 juillet 2005

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5 décembre 2006 2 05 /12 /décembre /2006 09:45

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

     

 

 

CHAPITRE III

CONDITIONS DE LA PRIÈRE

 

 

 « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom » (Jn 16, 23). Jésus Christ nous le promet : tout ce que nous demanderons au Père en son nom, tout cela le Père nous l'accordera, mais cela s'entend toujours d'une demande faite selon les conditions requises.

Beaucoup, dit saint Jacques, cherchent et n'obtiennent pas parce qu'ils cherchent mal : « Vous demandez et ne recevez pas, parce que vous demandez mal » (Jc 4, 3). Saint Basile commente ainsi les paroles de l'Apôtre : « Si quelquefois tu demandes et n'obtiens pas, c'est que tu as mal demandé, en manquant de foi, ou avec légèreté, ou pour ce qui ne te convenait pas ou alors parce que tu as abandonné la prière ». « En manquant de foi », c'est-à-dire avec peu de foi ou peu de confiance. « Avec légèreté » c'est-à-dire avec peu de désir d'obtenir la grâce. « Pour ce qui ne te convenait pas » c'est-à-dire que tu as demandé des biens qui ne sont pas utiles à ton salut. « Tu as abandonné » c'est-à-dire tu as manqué de persévérance. C'est pourquoi saint Thomas ramène à 4 les conditions requises pour que la prière soit efficace : « Que l'on demande pour soi-même, des biens nécessaires au salut, avec piété, avec persévérance ».

La première condition de la prière est donc qu'on la fasse pour soi-même. Le Docteur Angélique soutient que l'on ne peut pas obtenir pour les autres ex condigno - en justice -, la vie éternelle ni par conséquent les grâces ayant rapport au salut. La promesse, dit-il, n'a pas été faite pour les autres mais uniquement pour ceux qui prient : « Il vous le donnera ». Beaucoup de Docteurs soutiennent cependant le contraire, en s'appuyant sur l'autorité de saint Basile : « Celui-ci enseigne que la prière atteint infailliblement son effet, en vertu de la promesse de Dieu, même en faveur des autres, pourvu que ceux-ci n'y mettent pas un obstacle positif. » Ils se basent sur les Saintes Ecritures : « Priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance » (Jc 5, 16). « Priez pour vos persécuteurs » (Mt 5,44). Et, mieux encore, le texte de saint Jean : « Quelqu'un voit-il son frère commettre un péché ne conduisant pas à la mort, qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère ! » (1 Jn 5, 16). Saint Augustin et d'autres expliquent ainsi : « un péché ne conduisant pas à la mort » : pourvu qu'il ne s'agisse pas d'un pécheur qui entend s'obstiner dans le péché jusqu'à la mort, parce que pour celui-ci il faudrait une grâce très extraordinaire. Quant aux pécheurs dont la malice n'est pas si grande, l'Apôtre saint Jean promet leur conversion à ceux qui prient pour eux : « Qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère » (1 Jn 5, 16).

Du reste, il n'est pas douteux que les prières des autres soient très utiles aux pécheurs et très agréables à Dieu ; Dieu se plaint de ses serviteurs qui ne lui recommandent pas les pécheurs. C'est ainsi qu'il dit un jour à sainte Marie-Madeleine de Pazzi : « Vois, ma fille, comme les chrétiens sont entre les mains du démon ; si mes Elus ne les délivraient pas par leurs prières, ils seraient dévorés ». Il attend cela tout spécialement des prêtres et des religieux. Cette même sainte disait à ses religieuses : « Mes Soeurs, Dieu ne nous a pas séparées du monde uniquement pour notre bien mais aussi pour que nous fassions appel à sa clémence en faveur des pécheurs ». Et le Seigneur dit un jour à la sainte : « Je vous ai donné à vous qui êtes mes épouses privilégiées, la Cité de Refuge, c'est-à-dire la Passion de Jésus Christ. Vous avez ainsi où recourir pour aider mes créatures. Recourez-y et portez secours à celles qui périssent et donnez votre vie pour elles ». Ainsi, enflammée d'un grand zèle, la sainte offrait-elle à Dieu cinquante fois par jour, pour les pécheurs, le sang du Rédempteur. Le désir de leur conversion la dévorait : « Oh ! Seigneur, quelle souffrance de voir que l'on peut aider tes créatures en donnant notre vie pour elles, et de ne pouvoir le faire ». Au reste, elle recommandait les pécheurs à Dieu dans tous ses exercices de piété. Elle ne passait guère une heure de la journée, lit-on dans sa Vie, sans prier pour eux. Elle se levait aussi très souvent, en pleine nuit, et se rendait devant le Saint Sacrement prier pour les pécheurs. On l'a trouvée un jour pleurant à chaudes larmes : « Pourquoi ? lui demanda-t-on. Parce qu'il me semble que je ne fais rien pour le salut des pécheurs ». Elle allait jusqu'à s'offrir à subir pour leur conversion jusqu'aux peines de l'Enfer, pourvu qu'elle n'eût pas à haïr Dieu. Plusieurs fois elle obtint de Dieu d'être affligée de grandes douleurs et infirmités pour le salut des pécheurs. Elle priait spécialement pour les prêtres. Elle voyait que leur bonne conduite est principe de salut pour les autres, et leur mauvaise vie cause de ruine pour beaucoup. Aussi priait-elle le Seigneur de faire retomber sur elle la punition de leurs fautes : « Seigneur, fais-moi mourir puis revenir à la vie autant de fois qu'il sera nécessaire pour satisfaire pour eux à ta justice ! » Et l'on raconte dans sa Vie que, en effet, par ses prières, elle arracha beaucoup d'âmes aux griffes de Lucifer.

J'ai tenu à parler plus spécialement du zèle de cette sainte. Mais toutes les âmes qui aiment vraiment Dieu ne prient-elles pas pour les pauvres pécheurs ? Voici quelqu'un qui aime Dieu, qui sait l'amour qu'il porte aux âmes et tout ce que Jésus Christ a fait et souffert pour leur salut et combien le Sauveur désire nous voir prier pour elles... Comment est-il possible que ce quelqu'un puisse voir avec indifférence tant de pauvres gens vivre sans Dieu et esclaves de l'enfer ? Ne va-t-il pas être touché de compassion et s'appliquer à prier fréquemment le Seigneur de donner lumière et force à ces malheureux pour qu'ils sortent de l'état dans lequel ils dorment et sont perdus ? Bien sûr, Dieu n'a pas promis de nous exaucer quand ceux pour qui nous prions mettent un obstacle positif à leur conversion. Mais très souvent, dans sa bonté, à cause des prières de ses serviteurs, le Seigneur s'est plu à ramener dans la voie du salut, par des grâces extraordinaires, les pécheurs les plus aveuglés et les plus endurcis. Ne nous lassons donc jamais, lorsque nous célébrons ou entendons la messe, lorsque nous faisons la communion, la méditation ou la visite au Saint Sacrement, de recommander à Dieu les pauvres pécheurs. Un savant auteur nous affirme : « Celui qui prie pour les autres voit d'autant plus vite exaucées les prières qu'il fait pour lui-même ». Tout ceci dit en passant, revenons aux autres conditions requises par saint Thomas pour l'efficacité de la prière.

La seconde condition, c'est que l'on demande les grâces nécessaires au salut. En effet, la promesse faite à la prière ne l'a pas été pour les bienfaits d'ordre temporel qui ne sont pas nécessaires au salut. Saint Augustin commente les mots de l'Evangile cités plus haut, « en mon nom » en disant : « Tout ce qui est contraire au salut ne saurait être demandé au nom du Sauveur ». Quelquefois, ajoute-t-il, nous demandons des faveurs temporelles et Dieu ne nous exauce pas, pourquoi ? Parce qu'il nous aime et veut nous traiter avec miséricorde : « Si quelqu'un prie Dieu loyalement pour les nécessités de cette vie, tantôt Dieu les accorde par miséricorde et tantôt les refuse également par miséricorde. En effet, ce qui est utile au patient, le médecin le sait mieux que le malade ». Le médecin qui aime le malade ne lui accorde pas ce qu'il sait devoir lui faire du mal. Oh ! combien, s'ils étaient malades ou pauvres, ne tomberaient pas dans les péchés qu'ils commettent bien portants ou riches. C'est par amour que Dieu n'exauce pas certains qui lui demandent la santé du corps ou les biens de la fortune ; il voit que ce serait pour eux une occasion de perdre sa grâce ou tout au moins de tomber spirituellement dans la tiédeur.

N'allons pas comprendre que ce soit une faute de demander à Dieu les biens nécessaires à la vie présente, pour autant qu'ils peuvent contribuer au salut éternel, selon cette prière du Sage de l'Ancien Testament : « Accorde-moi seulement la nourriture qui m'est nécessaire ! » (Pr 30, 8). Il n'est pas défendu, dit saint Thomas, de nous soucier raisonnablement de ces biens temporels ; la faute consiste à désirer ou à chercher ces biens comme s'ils étaient les plus importants, à avoir pour eux un souci désordonné, comme s'ils constituaient à eux seuls notre bonheur. Quand nous demandons à Dieu ces biens temporels, nous devons le faire toujours en esprit de soumission et à la condition qu'ils soient utiles à notre âme. Quand nous nous apercevons que le Seigneur ne nous les accorde pas, soyons bien convaincus qu'il nous les refuse par amour et parce qu'il sait qu'ils nuiraient à notre santé spirituelle.

Souvent nous demandons à Dieu de nous délivrer de quelque tentation dangereuse, et Dieu ne nous exauce pas non plus. Il permet que la tentation continue de nous importuner. Sachons que Dieu agit encore ainsi pour notre plus grand bien. Ce ne sont pas les tentations ni les mauvaises pensées qui nous éloignent de Dieu mais les consentements coupables. Quand l'âme se recommande à Dieu au moment de la tentation et qu'avec sa grâce elle y résiste, oh ! comme elle progresse alors en perfection et parvient à une plus grande union avec Dieu ! Voilà pourquoi le Seigneur ne l'exauce pas. Saint Paul priait avec instance pour être délivré des tentations charnelles : « Il m'a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter...A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur pour qu'il l'éloigne de moi » (2 Co 12, 7). Mais le Seigneur lui répondit : « Ma grâce te suffit ». Dans les tentations nous devons donc prier Dieu avec soumission : Seigneur, délivrez-moi de cet ennui si vous jugez utile de m'en libérer ; et sinon donnez-moi au moins le secours nécessaire pour y résister. Que fait alors le Seigneur ? Quand nous demandons à Dieu quelque grâce, dit saint Bernard, il nous l'accorde ou alors quelque chose de plus utile. Souvent Dieu nous laisse souffrir dans la tempête pour mettre à l'épreuve notre fidélité et pour notre plus grand profit. Il semble être sourd à nos prières mais soyons sûrs qu'il nous entend parfaitement et nous aide en secret ; il nous fortifie par sa grâce pour que nous résistions à toutes les attaques des ennemis. Il nous le certifie lui-même par la bouche du Psalmiste : « Dans la détresse, tu as crié, je t'ai sauvé. Je te répondis caché dans l'orage je t'éprouvai aux eaux de Mériba » (Ps 81 (80), 8).

Autres conditions requises par saint Thomas : prier « pie et perseveranter » c'est-à-dire avec humilité et confiance, ainsi qu'avec persévérance jusqu'à la mort. Examinons chacune de ces conditions : Humilité, Confiance, Persévérance.

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3 décembre 2006 7 03 /12 /décembre /2006 16:32

Cher Miky,

Puisque tu m’y as invité, je souhaiterais répondre aux commentaires que tu as laissés à mon article Racisme et homosexualité (cf. Commentaires 6 et 8).

1°) « La question qu'il faut se poser est la suivante : "y a-t-il ne serait-ce qu'une personne présentant des tendances homosexuelles qui y trouve un épanouissement ?" Voire : "est-il possible qu'une telle personne existe ?" Car en effet, si la réponse est "oui" à l'une ou à l'autre de ces questions, alors on ne pourra pas dire que l'homosexualité est intrinsèquement immorale. »

Voilà bien un drôle de raisonnement Miky ! Si je te suis bien, il suffirait par exemple qu’il se trouve une seule personne éprouvant une gratification et un épanouissement dans le viol pour que celui-ci ne puisse en aucun cas être considéré comme un acte intrinsèquement immoral !

C’est oublier Miky que la morale (chrétienne ou laïque) n’est pas soumise à l’appréciation subjective des personnes, mais se trouve ordonnée par nature à la réalité objective, et au bien des personnes et de la société.

Si tous les hommes sont égaux en droit et en dignité (y compris les personnes homosexuelles, en tant qu’hommes et femmes !), toutes leurs philosophies ne se valent pas, et certaines sont même franchement nocives pour l’homme, et dangereuses pour la société. De l’importance du débat et de la discussion… De nombreuses revendications humaines se heurtent ainsi au principe de réalité (ainsi qu’on a pu le voir par exemple avec les idéologies constructivistes du XXe siècle qui pensaient pouvoir changer l’homme, et construire un monde nouveau. On a vu ce qu’il est advenu…).

Il ne me paraît donc pas souhaitable de tirer une norme sociale d’un cas particulier, fût-il réel et tangible, ni de bâtir une règle morale à partir d’une situation d’exception. Le fait que certaines personnes croient pouvoir trouver dans l’homosexualité une source d’épanouissement (mais l’homme ignore la plupart du temps le drame qui se déroule dans le secret de son psychisme…) est insuffisant pour justifier la reconnaissance de l’homosexualité comme un bien pour tous les hommes et pour la société.

2°) « Il ne faut pas oublier le cas des bisexuels vrais, qui n'ont pas tous ces problèmes puisqu'ils peuvent parfaitement avoir des relations hétérosexuelles, se marier avec une personne du sexe "opposé", avoir des enfants selon la méthode traditionnelle. »

Mais la réflexion sur l’homosexualité est parfaitement transposable au phénomène de la bisexualité!

Dans le processus de croissance de l’être humain, il est un passage obligé que l’on appelle la « bisexualité psychique ». Ce phénomène s’explique par le fait que psychologiquement, chaque personne a besoin de s’identifier à des personnes de son propre sexe, et d’intérioriser les caractéristiques de l’autre sexe, afin d’être capable de développer une relation sociale et intime avec l’autre sexe. C’est ainsi que la psychologie adolescente hésitera entre l’identification à des personnes de son propre sexe, et l’attrait de l’autre sexe.

La bisexualité génitale dans laquelle s’installent certaines personnes est donc le résultat d’un échec du mécanisme de la bisexualité psychique, et le signe de l’inachèvement de la sexualité humaine. Elle ne saurait être considérée par une société adulte comme la fin accomplie de la sexualité humaine, ni constituer a fortiori un modèle social.

3°) « Le terme "infantile" n'est pas purement descriptif mais sous-entend un jugement de valeur négatif. Or, rien ne permet d'affirmer que tout ce qu'on rassemble sous l'étiquette "infantile" renvoit à un degré d'épanouissement inférieur à tout ce que l'on rassemble sous l'étiquette "adulte". Par exemple, l'imagination est une caractéristique généralement plus développée chez l'enfant que chez l'adulte. »

Il est dommage Miky que tu n’aies pas étudié un peu de psychologie. Tu aurais ainsi appris que l’enfant naît dans un état de chaos pulsionnel, et que sa tendance naturelle sera de tout ramener à soi. L’enjeu du travail de structuration psychique qu’il élaborera au cours de sa croissance, avec l’aide de ses parents et au gré de ses rencontres, sera d’évoluer progressivement d’une sexualité primitive marquée par le narcissisme (faisant tourner le monde entier autour de soi-ses désirs-ses volontés), vers la découverte de l’autre, qui lui permettra d’entrer dans une véritable intimité relationnelle avec l’autre, et donc dans un véritable amour (au sens biblique de la « charité »), source de son épanouissement futur.

Autrement dit Miky (mais je suis assez étonné d’avoir à rappeler de telles évidences…), un enfant est naturellement moins épanoui qu’un adulte. Il ne sort pas du sein de sa mère « tout fait ». A l’image de toute l’œuvre de la Création, l’homme est un être en genèse et en croissance continuelle. Il doit apprendre progressivement à dompter sa propre nature, à intérioriser la réalité pour fixer une juste limite à ses désirs, à maîtriser ses pulsions, et à les orienter dans un sens qui soit réellement humanisant. La société a le devoir moral de l’y aider (ce qu’elle ne fait plus malheureusement depuis des années, en favorisant de diverses manières toutes sortes de comportements immatures, source de nombreuses violences).

Tu évoques l’imagination comme une qualité qui serait plus développée chez l’enfant. Mais outre que l’imagination n’est pas une vertu en soi (on peut mettre son imagination au service du mal et de la destruction, l’histoire humaine ne le montre que trop…), cette imagination doit être éduquée afin d’être mise au service de l’homme et de la société, en conformité avec le principe de réalité, sans lequel rien de bon ne peut être entrepris. Je te renvoie là encore à l’illusion marxiste ou à l’idéologie nazie qui avaient en commun de croire que l’on pouvait transformer la nature humaine en faisant « table rase du passé »…

4°) « Je pense que tu conviendras du fait que les rhumatismes et les pertes de mémoire de la vieillesse sont plus un inconvénient qu'un épanouissement. Comme quoi la succession temporelle ne reflète pas nécessairement un épanouissement toujours accru ».

Cet argument me paraît hors sujet, Miky. Car de même qu’il ne faut pas confondre ce qui relève du débat moral sur l’homosexualité avec sa problématique scientifique, de même il faut distinguer ce qui relève de l’évolution naturelle du corps (sujet au vieillissement et à la dégénérescence) de ce qui ressort du développement psychique des êtres. On est là sur deux plans bien distincts.

Si les personnes âgées voient inéluctablement leur corps se dégrader,  il n’en demeure pas moins qu’il existe dans toutes les civilisations un respect naturel envers les Anciens, auxquels est reconnu une certaine sagesse, fruit de leur longue expérience de la vie. La vieillesse apparaît donc en un sens comme un achèvement, l’accomplissement de toute une vie.

Comme l’écrivait le Pape Jean-Paul II dans un texte magnifique : « Les personnes âgées aident à prendre tous les événements d'ici-bas avec plus de sagesse, car les vicissitudes les ont dotées d'expérience et de maturité. Elles sont les gardiennes de la mémoire collective et, pour cette raison, les interprètes privilégiées de l'ensemble de valeurs et d'idéaux communs qui règlent et guident la convivialité sociale. Les exclure, c'est, au nom d'une modernité sans mémoire, refuser le passé où s'enracine le présent. Les personnes âgées, par leur expérience et leur maturité, sont en mesure de proposer aux jeunes des conseils et des enseignements précieux. Sous cet angle, les aspects fragiles de l'humanité, liés de manière plus visible à la vieillesse, constituent alors un appel à l'interdépendance et à la nécessaire solidarité qui unissent entre elles les générations, parce que chacun a besoin de l'autre et s'enrichit des dons et des charismes de tous (…).

« Nous connaissons tous des exemples éloquents de vieillards d'une jeunesse et d'une vigueur d'esprit surprenantes. Celui qui s'en approche est stimulé par leur conversation et réconforté par leur exemple. Puisse la société valoriser pleinement les personnes âgées, qui, dans certaines régions du monde — je pense en particulier à l'Afrique —, sont estimées à bon droit comme des “ bibliothèques vivantes ” de sagesse, des gardiennes d'un patrimoine inestimable de témoignages humains et spirituels. S'il est vrai que sur le plan physique elles ont en général besoin d'aide, il est tout aussi vrai que, dans leur grand âge, elles peuvent aussi soutenir les jeunes dans leur marche au moment où ils s'ouvrent à leur avenir et en cherchent les voies. » (Lettre aux personnes âgées, 1999)

5°) Quant aux commentaires du Pasteur Eric Georges, ils mériteraient de plus amples développements, car il ne suffit pas d’opposer des auteurs, il faut avancer des arguments.

Le Pasteur fait le grief au Père Anatrella de n’être pas objectif dans ses analyses, au regard de son appartenance à l’Eglise catholique romaine. Mais outre que j’ai la faiblesse de penser que l’on peut être à la fois catholique et objectif, je me bornerais à signaler que le Père Anatrella n’a rien inventé, et que ses positions s’inscrivent dans le courant de la psychanalyse inspirée par Freud (un des pères du matérialisme athée...), et confirmée par l'expérience clinique, qui révèle que l’homosexualité, comme tendance sexuelle fondée sur des identifications partielles, dépend des fixations de la sexualité infantile.

Cela dit non dans l’intention de blesser quiconque, mais de souligner combien l’homosexualité n’est pas un comportement allant de soi, et combien il est important d’en discuter, dans le respect des personnes et des difficultés de chacun.

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1 décembre 2006 5 01 /12 /décembre /2006 08:06

Extrait de l'allocution du Pape Benoît XVI à M. Azeglio Ciampi, président de la République italienne, le 24 juin 2005.

 

Le Christ est le Sauveur de tout l'homme, de son esprit et de son corps, de son destin spirituel et éternel et de sa  vie temporelle et terrestre. Ainsi, lorsque son message est accueilli, la communauté civile devient également plus responsable, plus attentive aux exigences du bien commun et plus solidaire avec les personnes pauvres, abandonnées et exclues (...). 

Les relations entre l'Eglise et l'Etat italien sont fondées sur le principe énoncé par le Concile Vatican II, selon lequel "la communauté politique et l'Eglise sont indépendantes l'une de l'autre et autonomes. Mais toutes deux, quoique à des titres divers, sont au service de la vocation personnelle et sociale des mêmes hommes" (Gaudium et spes, n. 76). Il s'agit d'un principe qui est déjà présent dans les Accords du Latran et a ensuite été confirmé dans les Accords de modification du Concordat. Une saine laïcité de l'Etat en vertu de laquelle les réalités temporelles sont dirigées selon les normes qui leur sont propres est donc légitime, sans exclure toutefois les références éthiques qui trouvent leur fondement ultime dans la religion. L'autonomie du domaine temporel n'exclut pas une harmonie intime avec les exigences supérieures et complexes dérivant d'une vision intégrale de l'homme et de son destin éternel.  

 

Lire le texte intégral de l'allocution au Président de la République italienne, le 24 juin 2005

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30 novembre 2006 4 30 /11 /novembre /2006 13:03

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de l'audience à la Délégation du Patriarcat oecuménique de Constantinople, le jeudi 30 juin 2005.

 

S'il est vrai que le Seigneur appelle avec force ses disciples à construire l'unité dans la charité et dans la vérité ; s'il est vrai que l'appel oecuménique constitue une invitation pressante à réédifier, dans la réconciliation et dans la paix, l'unité gravement endommagée entre tous les chrétiens ; si nous ne pouvons ignorer que la division rend moins efficace la très sainte cause de la prédication de l'Evangile à chaque créature (cf. Unitatis redintegratio, n. 1), comment pouvons-nous nous soustraire au devoir d'examiner avec clarté et bonne volonté nos différences, en les affrontant avec l'intime conviction qu'elles doivent être résolues?

L'unité que nous recherchons n'est ni absorption, ni fusion, mais respect de la plénitude multiforme de l'Eglise qui, conformément à la volonté de son fondateur Jésus Christ, doit être toujours une, sainte, catholique et apostolique.

Cette consigne a trouvé son plein écho dans la profession de foi intangible de tous les chrétiens, le Symbole élaboré par les Pères des Conciles oecuméniques de Nicée et de Constantinople (cf. Slavorum Apostoli, n. 15). Le Concile du Vatican a reconnu avec lucidité le trésor que possède l'Orient et dont l'Occident "a pris de nombreuses choses" ; il a rappelé que les dogmes fondamentaux de la foi chrétienne ont été définis par les Conciles oecuméniques célébrés en Orient ; il a exhorté à ne pas oublier combien de souffrances l'Orient a endurées pour conserver sa foi. L'enseignement du Concile a inspiré l'amour et le respect pour la Tradition orientale, il a encouragé à considérer l'Orient et l'Occident comme des tesselles qui composent le visage resplendissant du Pantocrátor, dont la main bénit tout l'Oikoumene. Le Concile est allé plus loin en affirmant :  "Il n'est donc pas étonnant que certains aspects du mystère révélé aient été parfois mieux saisis et mieux exposés par l'un que par l'autre, si bien que ces diverses formules théologiques doivent souvent être considérées comme plus complémentaires qu'opposées" (Unitatis redintegratio, n. 17).

 

Lire le discours intégral donné lors de l'audience à la Délégation du Patriarcat oecuménique de Constatinople, le 30 juin 2005

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29 novembre 2006 3 29 /11 /novembre /2006 09:45

[Chers amis lecteurs, je vous propose de méditer aujourd’hui quelques extraits d’une homélie prononcée dimanche dernier, en la fête du Christ Roi de l’Univers, par un prêtre parisien qui m’a fort aimablement autorisé à la publier.]

Il peut paraître étrange que pour célébrer le Christ sous le vocable de Roi de l’univers, la liturgie ait choisi en cette année B ce dialogue entre Jésus et Pilate.

 

Pilate, le seul nom profane qui soit cité dans notre Credo !

 

Voici donc ces deux hommes : Pilate, le gouverneur romain, et Jésus qui vient d’être arrêté, dont les disciples se sont enfuis, seul face à son juge.

 

Et devant cet étrange prisonnier que l’on vient de lui amener, ligoté et condamné à mort par les chefs du peuple, Pilate à deux reprises lui demande :

 

« Es-tu le Roi des Juifs ? »

 

Mais le politique peut-il comprendre une royauté qui ne vient pas de ce monde, mais de Dieu ?

 

Une royauté qui est celle d’un Roi venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.

 

Nous connaissons dans la suite du procès la fameuse question de Pilate à Jésus – question sceptique et désabusée : « Qu’est-ce que la vérité ? »

 

C’est pourtant la seule et définitive réalité dont Jésus s’affirme être le témoin, lui que St Jean appelle dans l’Apocalypse « le Témoin fidèle, le Premier Né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre ».

 

Dans son discours d’adieu à ses disciples, Jésus leur avait affirmé son identité, leur révélant ainsi sa nature divine et sa nature humaine unies en sa personne :

 

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne peut aller vers le Père sans passer par moi. »

 

Le Christ Jésus n’a pas la Vérité. Il est la Vérité !

 

Mais la Vérité qu’est le Christ ne se résume pas à des concepts, elle est à Lui seul la seule réalité existentielle qui compte, à laquelle tout est ordonné dans la Création : celle de l’Amour.

 

Amour de Dieu pour l’homme et capacité pour l’homme d’aimer son Dieu.

 

Le Royaume de Dieu incarné en son Fils unique Jésus-Christ ne peut se comprendre et être saisi que dans l’Amour et par l’Amour.

 

Tout dès lors ne se décline que par rapport à la Vérité qu’est l’Amour. Et la vérité n’a pas besoin d’autre défenseur qu’elle-même (Jean-Paul II), car elle domine le monde en ce sens qu’elle porte la Lumière qui est la Vie de tout être (Jean Laplace).

 

Le Royaume de Dieu qu’incarne Jésus n’est donc pas celui du pouvoir politique, ni évidemment celui de l’égoïsme et du mensonge. Il est celui de la Charité et donc de la Vérité. Car en Dieu, les deux se confondent.

 

Dans le contexte actuel de la laïcité, cette fête du Christ Roi de l’Univers nous éclaire sur la place de l’Eglise dans notre société d’aujourd’hui. Elle nous rappelle que l’Eglise est servante du Règne de Dieu, parce qu’elle en est le sacrement pour l’incarner dans le monde, par le témoignage de vie de ses filles et de ses fils que nous sommes.

 

La raison d’être de l’Eglise du Christ répandue à travers le monde est d’apporter à la société humaine trois valeurs essentielles, indispensables à la vie :

 

1°) celle d’affirmer la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de son Créateur depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle ;

 

2°) de vivre dans la Charité du Christ la fraternité humaine jusqu’au pardon, comme nous le redit la Croix de Jésus et la prière du Notre Père ;

 

3°) celle de garder toujours devant nous la lumière de l’espérance, puisque l’avenir appartient à Dieu.

 

Au terme de cette année liturgique, que notre célébration du Christ Roi de l’Univers renforce en nous la fierté d’être les sujets d’un tel Roi, qu’elle ravive en nous la conviction dans notre marche quotidienne que le dernier mot de la Vie est celui de l’Amour, celui qui certes passe par la Croix, mais qui nous conduit jusqu’à la Plénitude de Dieu dans le Christ Jésus.

 

« A Lui, Puissance et gloire dans les siècles »

 

Amen !

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