28 novembre 2006 2 28 /11 /novembre /2006 08:13

«Si les hommes savaient ce qu'est l'éternité,

ils feraient l'impossible pour changer de vie.»

(Jacinthe, de Fatima)

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26 novembre 2006 7 26 /11 /novembre /2006 18:10

[Cet article est la suite de Qu'est-ce que le péché? ]

Le péché, avons-nous vu, est une idôlatrie, un manquement à l’amour véritable envers Dieu et le prochain, dont la cause réside dans un attachement désordonné et pervers à certains biens. Le péché est ainsi amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, pour reprendre une expression chère à St Augustin.

Il convient maintenant de distinguer les péchés selon leur gravité, car tous les péchés ne produisent pas les mêmes effets dans l’âme humaine.

Il y a, comme tu le soulignes fort justement Miky, les péchés dits « véniels », et les péchés dits « mortels ».

Le péché mortel est d’une gravité telle qu’il nous « coupe » de l’amour de Dieu, et nous rend passible de la « géhenne de feu », c’est-à-dire de l’enfer éternel. Je sais bien que ce sont des vérités que l’on n’aime pas entendre (ni même rappeler d’ailleurs !), mais il faut se garder d’oublier que la damnation éternelle est pour chacun de nous une réelle possibilité dont Jésus veut à tout prix nous sauver. Son supplice volontaire sur la Croix nous interdit d’en douter.

Comme l’enseigne le Catéchisme de l’Eglise catholique (CEC § 1861) : « Le péché mortel est une possibilité radicale de la liberté humaine comme l’amour lui-même. Il entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu, il cause l’exclusion du Royaume du Christ et la mort éternelle de l’enfer, notre liberté ayant le pouvoir de faire des choix pour toujours, sans retour. »

« Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, disait la petite Jacinthe de Fatima, ils feraient l’impossible pour changer de vie »

Il nous faut donc bien prendre conscience du sérieux de notre vie, et comprendre combien notre liberté nous engage ; nous avons à prendre la mesure de la responsabilité de nos actes, qui librement choisis à la suite d’un jugement de conscience de notre part, sont moralement qualifiables : ils sont bons ou mauvais.

« Je sais que pêché veut simplement dire "manquer la cible", écris-tu, mais "mortel" veut quand même dire que cela détourne radicalement de Dieu et cause la privation de la grâce sanctifiante, ce qui, quand on est un fervent catholique, est une perspective assez effroyable je trouve. » Tu as tout dit Miky... Le péché mortel donne la mort à l’âme en lui enlevant la grâce sanctifiante qui est le principe de la vie spirituelle.

Pour comprendre cela, le Père Pascal Ide nous invite à prendre une comparaison :

« Des amis vous invitent à déjeuner. Pour vous rendre chez eux, vous prenez la route. Attiré par un sentier bucolique, vous vous arrêtez, vous flânez… et vous arrivez en retard. Vous avez aussi le choix de rebrousser chemin et de ne pas honorer l’invitation ; c’est beaucoup plus grave. Dans le premier cas, la faute ne touche que le moyen, elle est vénielle : dans le second, elle vous fait manquer le but : mais ce but, c’est Dieu lui-même, qui est la Vie et donne la vie ; voilà pourquoi cette seconde faute est qualifiée de mortelle. Le péché mortel prive l’âme de la vie divine – pas le péché véniel. » (Pascal Ide et Luc Adrian, « Les 7 péchés capitaux », Editions Mame-Edifa).

Il convient toutefois de préciser que « le péché véniel affaiblit la charité ; il traduit une affection désordonnée pour des biens créés ; il empêche les progrès de l’âme dans l’exercice des vertus et la pratique du bien moral ; il mérite des peines temporelles. Le péché véniel délibéré et resté sans repentance nous dispose peu à peu à commettre le péché mortel. » Pour autant, en lui-même, il « ne rompt pas l’Alliance avec Dieu. Il est humainement réparable avec la grâce de Dieu. Il ne prive pas de la grâce sanctifiante ou déifiante et de la charité, ni par suite, de la béatitude éternelle » (CEC § 1863).

Pour qu’un péché soit mortel, nous dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique, « trois conditions sont ensemble requises » (CEC § 1857). Est ainsi mortel tout péché :

- qui a pour objet une matière grave,

- qui est commis en pleine conscience

- et de propos délibéré.

La matière grave est précisée par les Dix commandements selon la réponse de Jésus au jeune homme riche (Mc 10, 18) : " Ne tue pas, ne commets pas d’adultère, ne vole pas, ne porte pas de faux témoignage, ne fais pas de tort, honore ton père et ta mère " (CEC § 1858).

Le péché mortel requiert pleine connaissance et entier consentement. Il présuppose la connaissance du caractère peccamineux de l’acte, de son opposition à la Loi de Dieu. Il implique aussi un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. L’ignorance affectée et l’endurcissement du cœur (cf. Mc 3, 5-6 ; Lc 16, 19-31) ne diminuent pas, mais augmentent le caractère volontaire du péché (CEC § 1859).

L’ignorance involontaire peut diminuer sinon excuser l’imputabilité d’une faute grave. Mais nul n’est censé ignorer les principes de la loi morale qui sont inscrits dans la conscience de tout homme. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent également réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché par malice, par choix délibéré du mal, est le plus grave (CEC § 1860).

Voilà pourquoi il me paraît pour le moins caricatural (et par suite, erroné) d’affirmer tout de go comme tu l’as fait dans ton article sur l'absolu et le relatif, que pour l’Eglise : « la masturbation est un péché mortel, (…), l'homosexualité est un péché mortel, avoir des relations sexuelles pour le plaisir partagé et même pour exprimer une amitié, un attachement, un amour, et même avec un grand A, est un pêché mortel du moment que cela ne se passe pas entre personnes mariés de sexe différent et dans l'optique de la procréation, etc. » La réalité est beaucoup plus complexe et nuancée, ainsi que tu le vois. Aucun péché n'est mortel en soi.

Maintenant, les sujets auxquels tu renvoies font tous référence à la morale sexuelle de l’Eglise. Voilà pourquoi il me paraît important de réfléchir sur ces questions. Nous verrons dans un prochain article pour quelle raison la luxure est un péché grave.

(à suivre…) 

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23 novembre 2006 4 23 /11 /novembre /2006 19:04

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI au Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le lundi 6 juin 2005.

 

Aujourd'hui, un obstacle extrêmement menaçant pour l'oeuvre d'éducation est constitué par la présence massive, dans notre société et notre culture, de ce relativisme qui, en ne reconnaissant rien comme définitif, ne laisse comme ultime mesure que son propre moi avec ses désirs, et sous l'apparence de la liberté devient une prison pour chacun, séparant l'un de l'autre et réduisant chacun à se retrouver enfermé dans son propre "Moi". Dans un tel horizon relativiste une véritable éducation n'est donc pas possible :  en effet, sans la lumière de la vérité toute personne est condamnée, à un moment ou à un autre, à douter de la bonté de sa vie même et des relations qui la constituent, de la valeur de son engagement pour construire quelque chose en commun avec les autres.

 

Il est donc clair que nous devons non seulement chercher à surmonter le relativisme dans notre travail de formation des personnes, mais que nous sommes également appelés à nous opposer à sa domination destructrice dans la société et dans la culture. A côté de la parole de l'Eglise, le témoignage et l'engagement public des familles chrétiennes sont donc très importants, en particulier pour réaffirmer le caractère intangible de la vie humaine de sa conception jusqu'à son terme naturel, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives et administratives qui soutiennent les familles dans leur tâche d'engendrer et d'éduquer les enfants, une tâche essentielle pour notre avenir commun. Je vous remercie cordialement également pour cet engagement.

 

 

Lire le discours intégral donné lors du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le 6 juin 2005

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22 novembre 2006 3 22 /11 /novembre /2006 20:10

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI au Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le lundi 6 juin 2005.

 

Les diverses formes actuelles de dissolution du mariage, comme les unions libres et le "mariage à l'essai", jusqu'au pseudo-mariage entre personnes du même sexe, sont (...) l'expression d'une liberté anarchique, qui se fait passer à tort pour une libération de l'homme. Une telle pseudo-liberté repose sur une banalisation du corps, qui inclut inévitablement la banalisation de l'homme. Son présupposé est que l'homme peut faire ce qu'il veut de lui-même :  son corps devient ainsi une chose secondaire, manipulable du point de vue humain, qui peut être utilisé comme bon lui semble. Le libertinage, qui se fait passer pour la découverte du corps et de sa valeur, est en réalité un dualisme qui rend le corps méprisable, le plaçant pour ainsi dire en dehors de l'être authentique et de la dignité de la personne.

 

Ce "oui" réciproque [du mariage] qui ne peut être révoqué (...) n'aliène pas l'homme, mais le libère des aliénations de l'histoire pour le ramener à la vérité de la création. Le caractère sacramentel que le mariage revêt dans le Christ signifie donc que le don de la création a été élevé au niveau de la grâce de la rédemption. La grâce du Christ ne vient pas s'ajouter de l'extérieur à la nature de l'homme, elle ne lui fait pas violence, mais la libère et la restaure, précisément en l'élevant au-delà de ses propres limites. Et, de même que l'incarnation du Fils de Dieu révèle sa véritable signification dans la croix, ainsi, l'authentique amour humain est don de soi, il ne peut exister s'il veut se soustraire à la croix.

 

Chers frères et soeurs, ce lien profond entre Dieu et l'homme, entre l'amour de Dieu et l'amour humain, trouve une confirmation également dans certaines tendances et développements négatifs, dont nous ressentons le poids. L'avilissement de l'amour humain, la suppression de l'authentique capacité d'aimer se révèle en effet, à notre époque, l'arme la plus adaptée et la plus efficace pour chasser Dieu de l'homme, pour éloigner Dieu du regard et du coeur de l'homme. De façon analogue, la volonté de "libérer" la nature de Dieu conduit à perdre de vue la réalité même de la nature, y compris la nature de l'homme, en  la  réduisant  à  un ensemble de fonctions  dont  on  peut  disposer à souhait pour édifier un monde supposé meilleur et une humanité supposée plus heureuse ; au contraire, on détruit le dessein du Créateur et, ainsi, la vérité de notre nature.

 

En ce qui concerne la procréation des enfants, le mariage reflète également son modèle divin, l'amour de Dieu pour l'homme. Chez l'homme et chez la femme la paternité et la maternité, comme le corps et comme l'amour, ne se laissent pas cerner par la biologie :  la vie n'est donnée entièrement que lorsqu'à la naissance sont également donnés l'amour et le sens qui permettent de dire oui à cette vie. C'est précisément de ce fait qu'apparaît tout à fait clairement combien il est contraire à l'amour humain, à la vocation profonde de l'homme et de la femme, de fermer systématiquement sa propre union au don de la vie, et encore plus de supprimer ou de manipuler la vie qui naît.

 

 

Lire le discours intégral donné lors du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le 6 juin 2005

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21 novembre 2006 2 21 /11 /novembre /2006 23:43

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI au Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le lundi 6 juin 2005.

 

Depuis désormais deux ans, l'engagement missionnaire de l'Eglise de Rome s'est consacré surtout sur la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale est aujourd'hui confrontée à de multiples difficultés et menaces et a donc particulièrement besoin d'être évangélisée et soutenue de façon concrète, mais également parce que les familles chrétiennes constituent une ressource décisive pour l'éducation à la foi, l'édification de l'Eglise comme communion et sa capacité de présence missionnaire dans les situations de vie les plus diverses, ainsi que pour apporter un ferment chrétien à la culture diffuse et aux structures sociales (...).

Le présupposé dont il faut partir, pour pouvoir comprendre la mission de la famille dans la communauté chrétienne  et  ses  devoirs de formation de la personne et de transmission de la foi,  demeure  toujours  celui  de la signification que le mariage et la famille revêtent dans le dessein de Dieu, créateur et sauveur (...).

Mariage et famille ne sont pas en réalité une construction sociologique due au hasard, et fruit de situations historiques et économiques particulières. Au contraire, la question du juste rapport entre l'homme et la femme plonge ses racines dans l'essence la plus profonde de l'être humain et ne peut trouver sa réponse qu'à partir de là. C'est-à-dire qu'elle ne peut être séparée de la question ancienne et toujours nouvelle de l'homme sur lui-même :  qui suis-je? Qu'est-ce que l'homme? Et cette question, à son tour, ne peut être séparée de l'interrogation sur Dieu :  Dieu existe-t-il? Et qui est Dieu? Quel est son visage véritable? La réponse de la Bible à ces deux questions les unit et en fait une conséquence l'une de l'autre :  l'homme est créé à l'image de Dieu, et Dieu lui-même est amour. C'est pourquoi la vocation à l'amour est ce qui fait de l'homme l'authentique image de Dieu :  il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu'un qui aime.

De ce lien fondamental entre Dieu et l'homme en découle un autre : le lien indissoluble entre esprit et corps. L'homme est en effet une âme qui s'exprime dans le corps et un corps qui est vivifié par un esprit immortel. Le corps de l'homme et de la femme revêt donc également, pour ainsi dire, un caractère théologique, ce n'est pas uniquement un corps, et ce qui est biologique chez l'homme n'est pas seulement biologique, mais est l'expression et la réalisation de notre humanité. De même, la sexualité humaine n'est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient. Ce n'est que lorsque la sexualité est intégrée dans la personne qu'elle réussit à acquérir un sens.

Ainsi, des deux liens, celui de l'homme avec Dieu et, dans l'homme, celui du corps avec l'esprit, en découle un troisième :  celui entre personne et institution. La totalité de l'homme inclut en effet la dimension du temps, et le "oui" de l'homme est un dépassement du moment présent :  dans son intégrité, le "oui" signifie "toujours", et constitue l'espace de la fidélité. Ce n'est qu'au sein de celui-ci que peut croître la foi qui donne un avenir et qui permet que les enfants, fruits de l'amour, croient en l'homme et en son avenir en des temps difficiles. La liberté du "oui" se révèle donc comme une liberté capable d'assumer ce qui est définitif :  la plus grande expression de la liberté n'est alors pas la recherche du plaisir, sans jamais parvenir à une véritable décision. En apparence, cette ouverture permanente semble être la réalisation de la liberté, mais ce n'est pas vrai :  la véritable expression de la liberté est la capacité à se décider pour un don définitif, dans lequel la liberté, en se donnant, se retrouve pleinement elle-même.

De façon concrète, le "oui" personnel et réciproque de l'homme et de la femme ouvre les portes à l'avenir, à l'authentique humanité de chacun, et, dans le même temps, est destiné au don d'une nouvelle vie. C'est pourquoi ce "oui" personnel ne peut être qu'un "oui" publiquement responsable, à travers lequel les conjoints assument la responsabilité publique de la fidélité qui garantit également l'avenir de la communauté. En effet, aucun de nous n'appartient exclusivement à soi-même :  c'est pourquoi chacun est appelé à assumer  au  plus profond de soi sa responsabilité publique. Le mariage comme institution n'est donc pas une ingérence indue de la société ou de l'autorité, l'imposition d'une forme extérieure dans la réalité la plus privée de la vie ; il s'agit au contraire d'une exigence intrinsèque du pacte de l'amour conjugal et de la profondeur de la personne humaine.

 

 

Lire le discours intégral donné lors du Congrès ecclésial du diocèse de Rome, le 6 juin 2005

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19 novembre 2006 7 19 /11 /novembre /2006 11:45

Récemment, au détour d’une aimable conversation avec quelques convives autour d’une bonne table au restaurant, deux sujets « brûlants » ont été abordés : celui de la montée du racisme en France, et celui de l’homosexualité.

Je m’étonne pour ma part que ces questions reviennent si souvent dans les discussions : que ce soit en famille, entre amis, ou dans le cadre professionnel, il est toujours un moment où une bonne âme croira utile et opportun d’aborder l’un ou l’autre de ces sujets. C’est fou quand même ce que les médias peuvent exercer d’influence sur les esprits, au point que ceux-ci n’ont même pas conscience de ressasser les éternels poncifs à la mode dans le « microcosme » parisien si déconnecté du réel. Mais passons.

Au sujet du racisme, l’ensemble des participants à ce déjeuner déplorait la montée inexorable de la haine et de la xénophobie dans notre beau pays. En témoignent, disaient-ils, les sondages favorables au Front National, et le positionnement politique d’un Philippe de Villiers ou d’un Nicolas Sarkozy. Selon eux, la présence inattendue de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle de 2002 a indiscutablement marqué un tournant dans la vie politique française. Et d’aucuns le verraient à nouveau présent au second tour… de la présidentielle de 2007 !

L’un des hôtes s’enhardit alors à constater que le racisme n’est pas une spécificité française, mais une constante que l’on retrouve à des degrés divers dans tous les peuples, voire en chacun de nous. Ce sur quoi, un autre lui répliqua : « Oui, c’est vrai, je suis peut-être un peu raciste, mais moi au moins, je me soigne ! ». Et d’affirmer que ces relents de racisme en nous doivent être combattus, et ne peuvent en aucun cas servir d’excuse ou d’alibi à la montée de la haine raciale en France.

La conclusion de cette conversation fut donc unanime : les peuples doivent apprendre à s’ouvrir aux autres et à vivre ensemble. Notre responsabilité de citoyen est d’œuvrer en ce sens, par tous les moyens à notre disposition.

Deuxième sujet de conversation : l’homosexualité. Là encore, les convives partaient d’un simple constat : celui de l’Evolution Des Mœurs (je mets volontiers l’expression avec des majuscules, en raison de la très grande déférence qu’il convient d’avoir envers ce phénomène d’essence quasi-divine, devant lequel chacun est instamment invité à plier le genou - ou à courber l’échine…).

Eh oui, ma pov’dame ! Les mœurs évoluent. C’est un fait, on n’y peut rien. Il faut bien en tenir compte, et adapter la législation en fonction de cette donnée incoercible, comme cela fut le cas pour le divorce et l’avortement. Les homosexuels sont des êtres humains à part entière, ils ont le droit de vivre et d’être reconnus, le droit de se marier et d’avoir des enfants (sic). Rien, absolument rien ne justifie l’ostracisme dont ils sont encore l’objet aujourd’hui. Les principes de tolérance et d’Egalité républicaine exigent ainsi une intervention rapide des pouvoirs publics pour mettre un terme à l’injustice.

Telle fut à peu près la teneur des propos tenus ce jour-là autour de la table de restaurant.

Vint alors l’heure de nous séparer.

Je rentrai chez moi, pensif, re-songeant aux propos échangés.

Et voilà que je pris soudainement conscience de l’incohérence des positions exprimées sur chacun des deux sujets évoqués.

Je trouvai pour le moins étonnant que l’on puisse parvenir à des conclusions aussi radicalement opposées au moyen de raisonnements symétriquement contradictoires, en les défendant toutes deux ensemble avec le même aplomb et la même conviction, sans que personne n’en perçoive a priori la contradiction interne, pourtant manifeste à y bien regarder d’un peu plus près.

Ainsi, il serait essentiel, selon mes convives, que la législation française s’adaptât à l’Evolution Des Mœurs. Ceux-ci évoluant, semble-t-il, vers davantage d’homosexualité, la législation devrait en tenir le plus grand compte. Mais, me demandais-je : que faire si les Mœurs évoluent pareillement vers plus de racisme ? Convient-il de légiférer de manière à légaliser et faciliter le mépris et la haine ? A entendre mes amis convives, pas du tout ! Il faut lutter contre le racisme et la xénophobie, et réprimer sévèrement ceux qui l’attisent et le provoquent ! Mais alors pourquoi favoriser le premier phénomène, en invoquant l’Evolution des Mœurs, et combattre le second, en invoquant la morale (fût-elle républicaine…) ? A y bien réfléchir, l’argument de l’Evolution Des Mœurs ne me paraissait absolument plus pertinent…

La seconde réflexion que je me fis fut la suivante : selon mes convives, les peuples doivent faire l’effort de s’ouvrir aux autres, et d’accueillir la différence. Et chacun personnellement devrait faire ce qu’il peut pour lutter contre le racisme, considéré comme un repli frileux sur soi. Mais au sujet de l’homosexualité, personne ne songera à demander à nos amis homosexuels de faire quelque effort pour s’ouvrir à l’autre, et accueillir ainsi la différence sexuelle. Personne n’osera jamais assimiler l’homosexualité à un repli frileux sur soi… Et personne n’estimera non plus de sa responsabilité de citoyen de faire tout ce qui est en son pouvoir pour lutter contre l’homosexualité.

En réalité, j’ai comme le sentiment que ce qui gouverne la pensée de beaucoup de nos contemporains relève davantage d’influences idéologiques plus ou moins consciemment assumées, que de l’exercice de la raison et du souci sincère de la défense du bien commun.

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16 novembre 2006 4 16 /11 /novembre /2006 12:44

Origène considère que le Logos divin n’a pas attendu son incarnation pour être le révélateur du Père. C’est lui, le Logos, qui s’est manifesté aux Patriarches : les théophanies de l’Ancien Testament sont son œuvre et c’est le même Logos qui a parlé par les Prophètes.

  

Origène ne connaît pas d’autres Logos que celui dont l’Evangéliste a dit : « Au commencement était le Logos, et le Logos était auprès de Dieu, et le Logos était Dieu » (Jn 1. 1). La Parole de Dieu entendue par les prophètes, transmise par eux et enseignée dans l’Ecriture n’est pas autre chose que celle du Christ. Le Logos n’était pas encore venu dans la chair, et pourtant, sa Parole avait déjà revêtu le vêtement de la lettre des Ecritures.

  

« A l’un et à l’autre – le Christ et l’Ecriture – le même titre ne convient-il pas : la Parole de Dieu, la Révélation ? Il ne sont pas deux Logoï différents, mais un unique Logos : c’est toujours le Logos divin qui parle par l’Ecriture. »

Origène, Com. Jn 5. 5-6

« Ce n’est pas une fois seulement que mon Seigneur Jésus est venu sur terre : il est venu également à Isaïe, il est venu à Moïse ; au peuple aussi et à chacun des prophètes il est venu ; toi non plus ne craint point : même si tu l’as déjà reçu, il reviendra à toi. Mais si tu veux t’assurer qu’il est déjà venu avant son Incarnation, prends-le lui-même à témoin, car il se trahit en ces mots : « Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois ai-je voulu rassembler tes enfants » (Lc 13. 34). « Que de fois ! » : il ne ment pas. »

Origène, Homélie sur Is. 1. 5.

Source : Joseph-Marie VERLINDE, "Initiation à la Lectio Divina", Parole & Silence, 2002, Chapitre "Dieu présent dans les Ecritures", p. 19 et s.

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15 novembre 2006 3 15 /11 /novembre /2006 11:45

Par l’ensemble des Ecritures s’accomplit la venue du Verbe dans le monde. Les lettres, les vocables prononcés, sont comme le « corps », les moyens, les signes efficaces et pour ainsi dire le sacrement de cette venue nouvelle, incessante du Verbe dans les âmes. C’est cette même Parole-Logos qui s’est incorporée dans l’Ecriture, qui s’est incarné en Jésus-Christ. Comme le résume le Cardinal de Lubac, il s’agit du même « Logos-Parole qui jaillit du Père, qui se répand dans l’Ecriture et qui se fait chair en Jésus. »

 

Certes, il ne s’agit que d’une comparaison entre la lettre de l’Ecriture dans laquelle s’incarne le Verbe, et la chair de la Vierge dont il reçoit le corps ; « néanmoins, il y est vraiment incorporé, il y habite lui-même et non pas seulement quelque idée sur lui ; et c’est ce qui autorise à parler déjà de sa venue, de sa présence cachée. Venue et présence auprès des Saints de l’Ancien Testament ; venue et présence qui se perpétuent au milieu de nous par la conservation de l’Ecriture au sein de l’Eglise ; venue et présence qui s’actualisent à nouveau chaque fois que cette Ecriture nous illumine. » (H. de Lubac, « Histoire et Esprit ; l’intelligence de l’Ecriture d’après Origène », Aubier, coll. Théologie, n° 16, Paris, 1950, p. 336.) 

 

Ainsi donc, incorporée dans l’Ecriture ou incarnée dans le Christ, c’est toujours la même Parole éternelle du Père, le même Logos qu’il faut atteindre au-delà du voile de la lettre et de la chair : 

 

« Aux derniers jours, la Parole est venue en ce monde issue de Marie et revêtue de chair, et autre était ce que les yeux voyaient de sa personne, autre ce que l’Esprit pouvait comprendre. Tous pouvaient apercevoir sa figure charnelle, mais bien peu, les élus seulement, recevaient la grâce de reconnaître en lui la divinité. De même que dans le Nouveau Testament, la Parole était couverte du voile de la chair, l’Ancien Testament la couvre du voile de la lettre. Ici on voit la lettre, comme là on voit la chair, mais dans les deux cas, on reconnaît que la réalité profonde, cachée sous ces apparences, c’est la divinité. Bienheureux les yeux qui voient l’Esprit divin caché sous le voile de la lettre ! »

Origène, Homélie sur le Lévitique, I, 1.

 

 

Source : Joseph-Marie VERLINDE, "Initiation à la Lectio Divina", Parole & Silence, 2002, Chapitre "Dieu présent dans les Ecritures", p. 19 et s.

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12 novembre 2006 7 12 /11 /novembre /2006 19:26

Cher Pasteur,

Je souhaiterais revenir sur votre dernier article concernant la Sola Scriptura, et faire évoluer notre disputatio sur la question de l’Eglise, je pense que vous en serez d’accord.

Pour nos frères qui arriveraient en cours de route, qu’ils ne s’effraient pas du ton un peu vif (voire polémique) qui anime nos débats, cela fait partie du « jeu » et met un peu de piment à nos échanges. Mais cette franche discussion se fait dans un climat tout à fait fraternel et amical, et je suis vraiment honoré d’avoir trouvé dans le Pasteur Eric Georges un contradicteur intelligent, mesuré, honnête, et… sans concession. Un grand merci à vous, Eric.

« En préambule, je note (…) que cette disputatio a commencé avec une question "quel fondement biblique à l'infaillibilité pontificale ?" et que je n'ai toujours pas eu de réponse. Ce n'est pas une critique, mais c'est très révélateur sur le fait que, pour Matthieu, les dogmes de son Eglise n'ont pas besoin de s'appuyer sur les textes... » Que voilà un coup bas, cher Pasteur ! Mais je ne vous en veux pas, ceci est de « bonne guerre »… Mon absence de réponse est surtout révélateur du temps qui me manque pour répondre à toutes les questions qui me sont posées, par vous-même ou d’autres lecteurs. J’avoue n’avoir pas votre talent pour écrire des articles aussi denses que les vôtres en aussi peu de temps (là où il vous faut 24 heures pour me répondre, il me faut 15 jours pour rédiger un article tel que celui-ci…). Je n’ai en outre pas votre formation théologique ; pour vous répondre, je dois donc investir beaucoup de temps pour la réflexion, l’étude, l’écriture,… et la prière. Je ne suis ni Pasteur réformé, ni prêtre de l’Eglise catholique, mais un simple laïc engagé dans une intense vie professionnelle et divers engagements chrétiens qui ne me laissent guère le loisir de passer le temps que je souhaiterais sur ce Blog. Tant mieux d’ailleurs ! car s’il ne tenait qu’à moi, j’y serais 24 heures sur 24, ce qui ne serait certainement pas un bien pour mon équilibre personnel ! Il y a un temps pour tout, et l’activité « bloggistique » ne constitue pas (loin s’en faut, et Dieu merci !) le tout de la vie chrétienne.

« Tout d’abord, un reproche, Matthieu, non pas sur la rugosité de votre langage (…) mais sur votre refus de prendre en compte ce que je vous dis. Vous maintenez vos arguments contre la sola Scriptura non pas sur la base de ma définition mais sur celle de Jean Sébastien (…). Je maintiens donc mon explication du Sola Scriptura qui ne signifie pas la Bible comme seule autorité mais la Bible comme seule autorité que nous reconnaissons parmi les trois autorités catholiques romaines. » : Je prends acte de la nuance, cher Pasteur, et vous demande pardon d’avoir mal interprété votre pensée. Mais outre que je n’arrive pas à me débarrasser de cet indécrottable sentiment que la conception de Jean-Sébastien rejoint celle de la majorité des protestants, je maintiens ce que j’ai dit précédemment, à savoir que la Sola Scriptura (version Jean-Sébastien ou version Pasteur Eric Georges) ne repose sur aucun fondement biblique, ainsi que vous en avez vous-même d’ailleurs convenu.

Je note à ce sujet que vous avez l’esprit de contradiction : vous reprochez à l’Eglise catholique de fonder des affirmations théologiques catégoriques sur des silences de la Bible (en jugeant même cela « dangereux »…), mais vous affirmez tranquillement que la Sola Scriptura n’a pas besoin, elle, de fondement biblique : « La Bible ne dit nulle part que la terre est ronde, écriviez-vous, cela ne signifie pas qu’elle soit plate… » ou encore « la Bible ne dit pas que Jésus n’avait que deux yeux, cela ne me pousse pas à croire qu’il en aie eu trois… » Comprenne qui pourra !

En fait, l’erreur que vous me paraissez commettre est de croire que la Tradition catholique, elle, ne s'appuie sur aucun fondement biblique. Je suis désolé de revenir sur 2 Thessaloniciens 2. 15, mais ce texte me paraît vraiment le meilleur vaccin anti-Sola Scriptura ! J’en rappelle le contenu pour mes lecteurs : « Ainsi donc, frères, tenez bon, et gardez fermement les traditions que nous vous avons enseignées, de vive voix ou par lettre. »

De ce texte, je retiens :

1°) que l’Evangile est annoncé au moyen de traditions transmises « de vive voix » ou « par lettre », et non exclusivement par lettre ;

2°) que Paul nous demande de les « garder fermement », et de « tenir bon » : ce qui semble exclure l’hypothèse de normes subalternes applicables seulement à quelques communautés locales, seul ce qui concerne la « vérité de l’Evangile » (Ga 2. 14) méritant devoir être gardé fermement ;

3°) que Paul met ces traditions orales au même niveau que les traditions écrites : qu’il n’y a donc pas de hiérarchie entre elles, ni de subordination des premières aux secondes.

Il ne peut être question ici des traditions « théologiques, disciplinaires, liturgiques ou dévotionnelles nées au cours du temps dans les Églises locales » puisque Paul ne pouvait par définition les connaître ; il ne peut s’agir davantage de traditions humaines au sens de Colossiens 2. 8, celles-ci ne pouvant prétendre à la même autorité doctrinale que les Ecritures.

Ces traditions écrites ou orales dont parle Paul en 2 Thessaloniciens 2. 15 apparaissent donc bien comme étant les deux modes de proclamation de l’Evangile, ainsi que le contexte le suggère : ainsi le verset 14 qui précède immédiatement notre verset 15 (« c’est à cela que Dieu vous a appelés par notre proclamation de l’Evangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi donc, etc. »), et l’ensemble du chapitre 2 qui évoque la question du retour du Seigneur et de la manière évangélique de se comporter dans cette attente.

Vous avez bien raison d’évoquer également 2 Thessaloniciens 3. 6, où l’on voit bien Paul englober ces traditions écrites (cf. verset 14) ou orales dans une unique expression, « tradition » au singulier, qui semble bien désigner la manière de vivre selon l’Evangile dans l’attente du Jour du Seigneur (ce que St Paul appelle « marcher droit selon la vérité de l’Evangile » en Galates 2. 14).

Vous m’objectez que les Apôtres enseignaient des traditions différentes, et qu’il est difficile dans ces conditions de renvoyer à une tradition apostolique unanime, mais à cela je répondrais :

1°) qu’à ce stade, là n’est pas la question ; la question est de savoir si selon l’Ecriture, il existe d’autres sources d’autorité que l’Ecriture elle-même : on voit bien ici que la réponse est indiscutablement positive ;

2°) que dans le passage auquel vous renvoyez de Galates 2. 1 à 15, l’attitude (ou « la comédie » selon Saint Paul…) de Pierre est en réalité dictée par l’appréhension et la peur, et non l’objet de sa prédication ou d’un quelconque enseignement de sa part (sur la véritable position doctrinale de Pierre au sujet de l’intégration des païens dans la Communauté chrétienne, voir Actes 10 et 15) ;

3°) que les divergences qui ont pu opposer les premiers chrétiens (et non les Apôtres…) sur la question de la circoncision des païens ont été tranchées… par un premier concile tenu à Jérusalem, ainsi qu’en atteste le Chapitre 15 du livre des Actes ; qu’il me paraît dès lors pour le moins hasardeux de prétendre que les conciles de l’Eglise n’auraient pas autorité sur le Peuple de Dieu.

Si ces divers fondements bibliques vous paraissaient insuffisants, je vous renverrais alors au mystère de la Pentecôte en Actes 2, ou au chapitre 16 de l’Evangile de Jean (Jn 16. 12-15), où Jésus livre à ses disciples ces importantes paroles : « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant, vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité toute entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : il redira tout ce qu’il aura entendu ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui est au Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître ». Jésus évoque donc bien des développements ultérieurs de la Révélation, un dévoilement progressif de la Vérité évangélique sous la conduite de l’Esprit Saint. La Tradition catholique est précisément le lieu de ce déploiement du donné de la Révélation dans la vie de l’Eglise, et de son cheminement « vers la Vérité toute entière » à travers l’épaisseur des siècles et cela jusqu’à nous, sous la conduite de l’Esprit Saint, selon la parole même du Maître.

Je note à ce sujet que vos considérations sur « les deux sources d’autorité attestées dans l’Écriture » que sont « l'Écriture et l’Esprit Saint », ne s’opposent nullement à la Tradition au sens catholique du terme. Vous voyez en effet l’Ecriture et l’Esprit Saint comme deux sources d’autorité distinctes, quoique étroitement liées. « L’Esprit Saint nous permet de reconnaître à travers la Bible, la parole de Dieu. Et la Bible nous facilite le discernement quant à ce qui vient de l’Esprit Saint et ce qui se réclame mensongèrement de lui. » J’entends là l’écho de ce que nous enseigne le Catéchisme de l’Eglise Catholique au sujet de la Tradition au § 78 : « [La] transmission vivante [de l’Evangile], accomplie dans l’Esprit Saint, est appelée la Tradition en tant que distincte de la Sainte Écriture, quoique étroitement liée à elle. Par elle, l’Église perpétue dans sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque génération tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit. »

Vous évoquez l’effort des Réformateurs pour faire revenir l’Eglise à ses « sources ». Les églises réformées seraient ainsi plus authentiques que l’Eglise Catholique, plus proches de la primitive Eglise. « Les premiers chrétiens tels que nous les présentent les Écritures et l’histoire n’étaient pas fédérés derrière un pape ou des conciles qui détenaient une autorité infaillible. Ils n’avaient pas de ministères de prêtres ordonnés au sens de « sacrificateurs ». Ils ne vénéraient pas une foule de saints. Ils se réunissaient en des assemblées locales très différentes les unes des autres (plus encore que les protestants actuels). Ils ne liaient pas le vœu de célibat à un ministère… » Mais ce qui importe, me semble-t-il, ne sont pas tant les sources historiques de l’Eglise, que sa source « ontologique » dirais-je, qui est l’Esprit Saint en Personne ! En retournant 15 siècles en arrière, les protestants ont pris le risque de jeter par-dessus bord les fruits de l’oeuvre patiente de l’Esprit dans l’Histoire de l’Eglise, telle que Jésus l’avait lui-même annoncé. La parole du Seigneur évoquée ci-dessus montre bien pourtant que l’Esprit Saint n’est pas moins présent à l’Eglise en notre XXIe siècle qu’il ne le fut aux premiers temps apostoliques. Voilà pourquoi l’Eglise catholique est plus soucieuse en vérité de demeurer à l’écoute de « ce que l’Esprit dit aux Eglises », que de chercher à renouer avec un passé glorieux, une espèce d’âge d’or du christianisme dont elle entretiendrait le souvenir nostalgique. A vous lire, j’ai comme l’impression que vous considérez la Révélation comme un donné primordial dont l’intégrité originelle aurait été progressivement altérée à la suite de trahisons successives au fil des siècles (selon une régression du « plus » au « moins »), alors que notre foi nous enseigne l’exact contraire : à savoir que la Révélation chemine dans l'Histoire vers le plein éclat de sa splendeur (selon une progression du « moins » au « plus »), sous l’action de l’Esprit Saint qui désenveloppe progressivement le code génétique de la Vérité évangélique, comme se désenveloppe le code génétique d'un enfant au fil de sa croissance.

Pour résumer et pour conclure sur la Sola Scriptura et la Tradition : Si l’Ecriture Sainte n’est pas notre unique autorité ; si les traditions orales des Apôtres ont même autorité que les Ecritures (selon la Bible elle-même !), pourquoi les traditions orales de leur successeur n’auraient-elles pas pareillement autorité sur le peuple chrétien lorsqu’elles concernent la « vérité de l’Evangile », compte tenu de ce que le Seigneur disait à ses Apôtres en Jn 16. 12-15 ?

(à suivre…)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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10 novembre 2006 5 10 /11 /novembre /2006 18:44

Extrait de l'homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de fête des Apôtres Pierre et Paul, le dimanche 29 juin 2005.

 

L'Eglise n'est pas sainte par elle-même ; elle est en effet constituée de pécheurs - nous le savons et nous le voyons tous. Mais elle est plutôt toujours à nouveau sanctifiée par le Saint de Dieu, par l'amour purificateur du Christ.

 

Lire le texte intégral de l'homélie pour la fête des apôtres Pierre et Paul, le 29 juin 2005

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