[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]
Bref, sans la prière, il est très difficile et même impossible, ainsi que nous l'avons vu, de faire son salut, selon la providence ordinaire de Dieu ; mais, par la prière, ce salut devient assuré et très facile. Il n'est pas nécessaire pour cela d'aller sacrifier notre vie chez les Infidèles ni de se retirer dans le désert et s'y nourrir d'herbes. Qu'avons-nous à dire ? « Mon Dieu, aide-moi ; Seigneur, assiste-moi ; Aie pitié de moi » ! Est-il rien de plus facile ? Ce peu suffira à nous sauver, si nous sommes attentifs à le faire.
Saint Laurent Justinien nous exhorte spécialement à nous efforcer de prier, au moins au début de chaque action : « Il faut s'efforcer de mettre une prière tout au moins au début de chaque action ».
Cassien nous assure : les anciens Pères conseillaient surtout de lancer vers Dieu de brèves mais fréquentes invocations.
Que personne, disait saint Bernard, ne fasse peu de cas de sa prière car Dieu en fait grand cas : il nous donne alors ce que nous sollicitons ou quelque chose de plus utile pour nous : « Nul d'entre vous, frères, ne doit faire peu de cas de sa prière. Car je vous le dis : Celui à qui nous l'adressons est loin, lui, d'en faire peu de cas... ou bien il nous donne ce que nous demandons (cf. Jn 16, 23) ou bien il a en vue pour nous quelque chose de plus utile ».
Nous devons bien comprendre que, si nous ne prions pas, nous sommes inexcusables, parce que la grâce de la prière est accordée à chacun ; nous avons toujours la possibilité de prier, chaque fois que nous le voulons. David disait de lui-même : « Que je chante un cantique, une prière au Dieu de ma vie, je dirai à mon Dieu, tu es mon refuge » (Ps 42 (41), 9-10).
Nous parlerons plus longuement de ce point dans la deuxième partie. J'y montrerai de façon claire que Dieu donne à tous la grâce de prier ; on peut ainsi, par la prière, obtenir tous les secours, et même en abondance, pour observer la loi de Dieu et persévérer jusqu'à la mort.
Je me contente de dire pour le moment que, si nous ne faisons pas notre salut, ce sera entièrement de notre faute, et pour la seule raison que nous n'aurons pas prié !