8 octobre 2006 7 08 /10 /octobre /2006 16:17

 

Première Partie : LA CREATION

 

 

L'INFINIMENT PETIT (3e partie)

 

  

 

Nous avons eu l’occasion de voir précédemment le caractère d’ultime parcelle et de divisibilité de l’atome. L’atome est en effet divisible physiquement, mais indivisible chimiquement. C’est la plus petite quantité d’un corps simple capable d’entrer en composition chimique. En revanche, sur le plan de la structure, l’atome est complexe et fait de particules différentes que l’on peut séparer.

Au fur et à mesure des découvertes, on a appelé particules élémentaires des objets qui entrent eux-mêmes dans la constitution des particules déjà qualifiées d’élémentaires. Il en fut ainsi de l’atome, puis de l’électron et du noyau atomique, puis de l’électron seul, du proton et du neutron. On en est maintenant aux quarks et aux leptons ! Comme disait Pascal : « Quelque petit soit un espace, on peut encore en considérer un moindre, et toujours à l’infini, sans jamais arriver à un indivisible qui n’ait plus d’étendue »

La science du XXe siècle a ainsi conçu et développé la mécanique quantique qui se propose de décrire l’état et l’évolution des systèmes mécaniques à l’échelle des molécules, des atomes et des particules.

La mécanique quantique nous réserve les plus incroyables surprises sur le plan scientifique, avec des conséquences considérables sur le plan métaphysique. Le plus étrange phénomène découvert est sans doute l’influence du chercheur lui-même sur ce qu’il observe.

L’on sait bien qu’il n’y a pas de physique sans observation. Aucun progrès, pour ne pas dire aucune connaissance, n’est réalisable en physique sans observation. Au niveau macroscopique et, a fortiori, de l’infiniment grand, l’observation est tout à fait possible et crédible : nous ne changeons rien à la Lune ou à la Tour Eiffel en les regardant. Or, tel n’est pas le cas en physique quantique… Dans le domaine de l’infiniment petit, il n’y a pas en effet d’observation sans perturbation ni participation de l’observateur.

Les premiers véritables chercheurs du monde quantique finirent donc par démontrer que le secret fondamental de l’origine et du comportement des particules restera à jamais inaccessible à la perception humaine, du fait qu’en observant, « l’observateur modifie la réalité et en créé une nouvelle. [Voilà] une loi fondamentale du monde microscopique… La réalité du monde microscopique n’a de sens qu’en présence d’un observateur. Nous ne sommes plus des spectateurs passifs devant le drame majestueux du monde des atomes. Notre présence change le cours du drame. Les notes de musique que les atomes nous envoient se trouvent modifiées du fait même que nous les entendons. La forme que prend la mélodie est inextricablement liée à notre présence et les équations qui décrivent ce monde doivent inclure implicitement l’acte d’observer » (Trinh Xuan Thuan, « La mélodie secrète », Fayard).

On ne saurait mieux souligner l’impossibilité qui en résulte pour l’homme de connaître un jour le véritable secret de la nature… Certains savants sont allés jusqu’à émettre l’hypothèse que si l’homme ne pouvait ainsi percer le secret ultime de la nature, c’est sans doute que la nature elle-même ne le possédait pas...

Tout fut imaginé pour expliquer la chose. La plus rationnelle des suppositions émises (mais qui reste aujourd’hui à démontrer) est qu’un être humain contient lui-même tellement de milliards de milliards de particules que très probablement, cette super concentration influence le tout petit nombre de particules soumises à l’expérience…

Cette découverte relativement récente dans l’Histoire des sciences est capitale. Ne peut être réputé scientifique en principe que ce qui a été soumis à des expériences répétées, parce que le vrai est vérifiable. La science ne peut affirmer des certitudes qu’à ce prix. Aucune découverte scientifique ne peut échapper à la vérification. Il est vrai que la recherche scientifique est marquée par la difficulté. Nous le voyons bien par exemple avec le cancer ou le SIDA, dont les secrets nous échappent toujours. Nombreux sont ceux qui affirment qu’on les trouvera. Et si certains pensent le contraire, ils ne peuvent pas prouver qu’ils ont raison. Mais la science sait aujourd’hui que le secret fondamental de l’infiniment petit ne sera jamais connu. Ce constat valu à Niels Bohr (1885-1962), prix Nobel de physique en 1922, cette sentence passée à la postérité : « Il est faux de croire que le rôle de la physique soit de découvrir ce qu’est la nature. Elle a seulement pour objet ce que nous pouvons en dire ».

Cette nouvelle définition de la physique par l’un des plus éminents savants du XXe siècle, est d’une portée scientifique et métaphysique considérable. Elle anéantit à elle seule le scientisme et sa naïve prétention. Elle nous informe des limites de l'activité scientifique et de ses réelles capacités d’investigation.

Ainsi que l’écrit André VALENTA dans son excellent ouvrage sur le scientisme : « L’opinion de Niels Bohr ouvre une nouvelle et véritable philosophie. La première philosophie directement imposée par la recherche scientifique. Certes, on pourra toujours parler des innombrables philosophies inspirées par la science. Mais cette fois, la sagesse devient obligatoire. Elle n’est pas seulement suggérée, elle est imposée. Parce que la science nous dit qu’elle ne peut pas savoir. Il nous faut donc chercher l’explication du phénomène par d’autres voies. »

On le sait : cette découverte heurta beaucoup Einstein, qui s’y opposa de toutes ses forces et cela, jusqu’à sa mort. Il ne pouvait pas croire qu’un secret de la nature aussi important puisse demeurer inaccessible à notre humaine compréhension. Et quand Bohr présenta son interprétation de la mécanique quantique aux Congrès Solvay auxquels participait le célèbre physicien, il convainquit tout le monde… sauf Einstein qui s’y opposa avec acharnement. Bohr finit par détruire une à une toutes les objections de son illustre adversaire, au point d’entamer sérieusement son prestige, et de susciter cette vigoureuse remontrance de Paul Ehrenfest : « Einstein, vous devriez avoir honte ! Vous commencez à vous conduire comme ceux qui ont critiqué vos propres théories de la relativité. Tous vos arguments ont été battus en brèche : au lieu d’appliquer votre propre règle, qui dit que la physique doit être construite sur des relations mesurables et non sur des notions préconçues, vous continuez à avancer des arguments fondés sur des préjugés. »

Depuis la mort d’Einstein et de Bohr, de nombreuses expériences ont vérifié les surprenantes prédictions de la mécanique quantique. Elle est devenue aujourd’hui un outil remarquablement efficace en physique moléculaire et des solides, de même que dans la théorie des champs. Heinz Pagels, éminent scientifique américain, estime ainsi que « la nouvelle théorie quantique est devenue le plus formidable outil mathématique susceptible d’expliquer les phénomènes naturels dont ait jamais disposé l’humanité ».

Tout le monde scientifique s’accorde sur la façon d’utiliser, en pratique, la mécanique quantique. L’avènement de l’« ère quantique » est à l’origine  de l’explosion des technologies majeures du monde moderne avec les ordinateurs, le laser, la télévision et bien d’autres choses encore.

Comme l’écrivait encore Heinz Pagels : « Lorsqu’on écrira l’histoire de ce siècle, on comprendra que les évènements politiques ne sont pas ce qui importent le plus, même s’ils ont énormément coûté en argent et vies humaines. On se rendra compte que l’évènement capital aura été ce premier contact de l’homme avec le monde invisible des quantons, d’où devaient surgir les révolutions biologiques et informatique. »

***

Les incertitudes et étrangetés du monde microscopique révélées par les découvertes du XXe siècle nous fascinent. Elles ouvrent aussi d’inévitables considérations métaphysiques donc nous avons bien vu qu’elles sont à l’opposé de ce que la science triomphante avait inspiré à beaucoup d’esprits du siècle passé qui en avaient fait les plus imprudentes interprétations.

Parmi les nombreuses révélations de la science quantique, rien ne nous paraît plus déconcertant que l’irréductible mystère de l’univers invisible et inaccessible d’où sortent les particules, et d’où provient tout ce qui existe. Comme le disait Niels Bohr, « si un homme n’est pas pris de vertige quand il apprend la mécanique quantique,… c’est qu’il n’y a rien compris ».

L’étude des particules est difficile à imaginer pour le sens commun, tant elles sont petites et mobiles. Nous avons du mal à imaginer qu’il puisse en exister de plus petites encore, mais nous savons que c’est possible. Nous savons aussi que leur découverte n’atteindra pas le véritable fond des choses, le secret fondamental de la matière. On a beau descendre dans son intimité, on ne sait toujours pas ce que c’est.

Certes, la science a beaucoup avancé en découvrant que la matière était faite d’atomes, d’électrons, de neutrons et de protons, et ces derniers de quarks. Mais, à chaque fois, notre connaissance s’est contentée de faire progresser les descriptions, les fonctions, les mesures et les équations. La clé de la création, elle, continue de nous échapper.

Comme l’écrivait Igor Bogdanov, dans l’ouvrage collectif « Dieu et la Science » paru il y a quelques années (chez Grasset) : « lors de leur hallucinante plongée au cœur de la matière, les physiciens se sont aperçus que leur voyage, loin de s’arrêter à la frontière du noyau, débouche en fait sur [un] immense océan de (…) particules. Tout se passe comme si, après avoir quitté le fleuve sur lequel nous avions l’habitude de naviguer, nous nous trouvions face à une mer sans limite, creusée de vagues énigmatiques, qui se perdent dans un horizon noir et lointain ».

Et Jean Guiton de poursuivre dans ce même ouvrage : « En sommes, nous voilà au bout de notre voyage dans l’infiniment petit. Qu’avons-nous rencontré dans notre périple au cœur de la matière ? Presque rien. Une fois encore, la réalité de dissout, se dissipe dans l’évanescent, l’impalpable : la « substance » du réel n’est qu’un nuage de probabilités, une fumée mathématique. La vraie question, c’est de savoir de quoi cet impalpable est fait : qu’y a-t-il sous ce « rien » à la surface duquel repose l’être ».

(à suivre…)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Cher Miky,<br /> Sur la justification d'une démarche métaphysique (ou religieuse) pour appréhender le monde tel que les sciences nous le révèlent :<br /> http://totus-tuus.over-blog.com/article-2404284.html<br /> Mais c'est un sujet sur lequel nous reviendrons abondamment ces prochains mois.
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M
Cher Matthieu,<br /> Quelques remarques :<br /> - La mécanique quantique suscite diverses interprétations, dont celle que tu évoques : l'influence de la conscience de l'observateur sur l'observation. Ce n'est ni la seule (il y a aussi l'hypothèse des univers parallèles, et quelques autres encore), ni forcément la meilleure (en fait, de nombreux scientifiques lui trouve beaucoup de défauts).<br /> - « Il est faux de croire que le rôle de la physique soit de découvrir ce qu’est la nature. Elle a seulement pour objet ce que nous pouvons en dire » : Tout à fait d'accord. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais c'est ce que je n'arrête pas de répéter en long, en large et en travers... Merci donc pour cette confirmation de mon propos. Il faudrait juste rajouter - et c'est là que nous divergeons, je pense : "le reste est inconnaissable... puisque nous ne pouvons rien en dire". Alors que toi, pour une raison qui m'échappe, tu sembles défendre l'idée selon laquelle il serait légitime, lorsque la science est impuissante, de la remplacer par la religion. Par quel miracle cette dernière serait-elle alors meilleure ? D'autant plus qu'elle contredit souvent la science lorsqu'elle s'aventure sur son terrain...<br /> - Je te conseille de t'informer sur l'affaire Bogdanov... Les jumeaux sont loin d'être des références apparement... <br /> http://perso.orange.fr/fabien.besnard/bogdanoff.htm<br /> Amicalement,<br /> Miky<br /> -
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