29 novembre 2006 3 29 /11 /novembre /2006 09:45

[Chers amis lecteurs, je vous propose de méditer aujourd’hui quelques extraits d’une homélie prononcée dimanche dernier, en la fête du Christ Roi de l’Univers, par un prêtre parisien qui m’a fort aimablement autorisé à la publier.]

Il peut paraître étrange que pour célébrer le Christ sous le vocable de Roi de l’univers, la liturgie ait choisi en cette année B ce dialogue entre Jésus et Pilate.

 

Pilate, le seul nom profane qui soit cité dans notre Credo !

 

Voici donc ces deux hommes : Pilate, le gouverneur romain, et Jésus qui vient d’être arrêté, dont les disciples se sont enfuis, seul face à son juge.

 

Et devant cet étrange prisonnier que l’on vient de lui amener, ligoté et condamné à mort par les chefs du peuple, Pilate à deux reprises lui demande :

 

« Es-tu le Roi des Juifs ? »

 

Mais le politique peut-il comprendre une royauté qui ne vient pas de ce monde, mais de Dieu ?

 

Une royauté qui est celle d’un Roi venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.

 

Nous connaissons dans la suite du procès la fameuse question de Pilate à Jésus – question sceptique et désabusée : « Qu’est-ce que la vérité ? »

 

C’est pourtant la seule et définitive réalité dont Jésus s’affirme être le témoin, lui que St Jean appelle dans l’Apocalypse « le Témoin fidèle, le Premier Né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre ».

 

Dans son discours d’adieu à ses disciples, Jésus leur avait affirmé son identité, leur révélant ainsi sa nature divine et sa nature humaine unies en sa personne :

 

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne peut aller vers le Père sans passer par moi. »

 

Le Christ Jésus n’a pas la Vérité. Il est la Vérité !

 

Mais la Vérité qu’est le Christ ne se résume pas à des concepts, elle est à Lui seul la seule réalité existentielle qui compte, à laquelle tout est ordonné dans la Création : celle de l’Amour.

 

Amour de Dieu pour l’homme et capacité pour l’homme d’aimer son Dieu.

 

Le Royaume de Dieu incarné en son Fils unique Jésus-Christ ne peut se comprendre et être saisi que dans l’Amour et par l’Amour.

 

Tout dès lors ne se décline que par rapport à la Vérité qu’est l’Amour. Et la vérité n’a pas besoin d’autre défenseur qu’elle-même (Jean-Paul II), car elle domine le monde en ce sens qu’elle porte la Lumière qui est la Vie de tout être (Jean Laplace).

 

Le Royaume de Dieu qu’incarne Jésus n’est donc pas celui du pouvoir politique, ni évidemment celui de l’égoïsme et du mensonge. Il est celui de la Charité et donc de la Vérité. Car en Dieu, les deux se confondent.

 

Dans le contexte actuel de la laïcité, cette fête du Christ Roi de l’Univers nous éclaire sur la place de l’Eglise dans notre société d’aujourd’hui. Elle nous rappelle que l’Eglise est servante du Règne de Dieu, parce qu’elle en est le sacrement pour l’incarner dans le monde, par le témoignage de vie de ses filles et de ses fils que nous sommes.

 

La raison d’être de l’Eglise du Christ répandue à travers le monde est d’apporter à la société humaine trois valeurs essentielles, indispensables à la vie :

 

1°) celle d’affirmer la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de son Créateur depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle ;

 

2°) de vivre dans la Charité du Christ la fraternité humaine jusqu’au pardon, comme nous le redit la Croix de Jésus et la prière du Notre Père ;

 

3°) celle de garder toujours devant nous la lumière de l’espérance, puisque l’avenir appartient à Dieu.

 

Au terme de cette année liturgique, que notre célébration du Christ Roi de l’Univers renforce en nous la fierté d’être les sujets d’un tel Roi, qu’elle ravive en nous la conviction dans notre marche quotidienne que le dernier mot de la Vie est celui de l’Amour, celui qui certes passe par la Croix, mais qui nous conduit jusqu’à la Plénitude de Dieu dans le Christ Jésus.

 

« A Lui, Puissance et gloire dans les siècles »

 

Amen !

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Publié par Matthieu BOUCART -
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M

Merci Miky pour ces quelques réflexions.

Je ne crois pas pour ma part que « l'usage des capacités cognitives » de l’homme soit « subordonné au principe de plaisir ». Pour reprendre ton expression, je dirais plutôt : « subordonné au principe de bonheur ». Ce qui conduira l’homme à renoncer parfois à un plaisir immédiat pour un bonheur plus grand.

Par exemple, renoncer à manger un chou à la crème pour préserver sa santé et sa ligne.

Les notions d’effort ou d’ascèse ne sont donc pas totalement absentes de la démarche pragmatique et rationnelle que tu évoques, l’homme étant doté de la capacité de discernement suffisante pour pouvoir diriger sa volonté et ses efforts dans la direction la plus favorable à son équilibre personnel, à son plein épanouissement et finalement, à son bonheur.
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M
Salut Matthieu,
Merci pour cet article qui m'éclaire quelque peu (j'ai l'impression) sur le concept chrétien de la Vérité et sur son rapport avec le personnage de Jésus-Christ.
Je vais essayer de reformuler ce que je crois avoir compris avec mes mots carrés et mon style direct ;-) Tu me corriges si je m'égare...
Un des présupposés ontologiques de l'activité scientifique est que l'univers est rationnel. En effet, les lois de la logique qui sont utilisées pour l'investiguer sont posées comme postulat, on ne peut les démontrer à partir d'autres choses, et si on le pouvait alors cela ne ferait que reculer le problème. Il y a donc une identité qui est tacitement admise entre les règles qui régissent notre activité cognitive et celles qui régissent l'univers.
J'ai l'impression, à la lecture de cette homélie, que les chrétiens rajouterait un second présupposé ontologique à la rationalité de l'univers : l'univers est éthique. Postulat lui aussi indémontrable. Il y aurait donc identité, cette fois-ci, entre les règles qui régissent notre conduite et celles qui régissent l'univers.
Il me semble ensuite que les chrétiens poseraient une troisième identité, cette fois-ci entre les règles logiques et les règles éthiques, qui apparaitrait manifestement sous la forme d'une réduction de la logique à l'éthique.
Si c'est bien cela qu'il faut comprendre, alors c'est intéressant car c'est aussi ce que je pense : la logique se réduit à l'éthique, en un certain sens que je vais tout de suite préciser.
C'est-à-dire qu'à un niveau très élémentaire, il me semble que l'usage des capacités cognitives est subordonné au principe de plaisir (lequel est selon moi au fondement de l'éthique, considéré comme un ensemble de règles qui conduisent au bonheur individuel et collectif : or on ne peut pas connaître le bonheur dans un état de total déplaisir). Si à chaque fois qu'on se comporte de manière rationnelle on éprouvait un déplaisir très profond et qu'à chaque fois qu'on se comporte de manière irrationnelle on éprouvait une vive joie, je pense que l'on cesserait donc de se comporter rationnellement. Si on continue de se comporter rationnellement c'est donc uniquement parce que "ça marche", que c'est efficace... Les motifs (je ne parle plus de raison à ce niveau) sont pragmatiques. Et la praxis a un rapport évident à l'éthique. L'éthique conditionne l'action en vue d'une fin qu'on se pose ou qui s'impose à nous.
Reste le rapport avec Jésus-Christ. Mon interprétation de cette homélie serait qu'en fait JC serait (de part sa nature divine supposée), un être en qui l'identité serait parfaite et totale entre son esprit (rationalité et éthique subjective) et l'univers (rationalité et éthique objective). Mais cela n'excluerait pas (si je me base uniquement sur mon interprétation de cette homélie) que d'autres êtres peuvent/ont pu/pourraient/pourront réaliser cette identité parfaite, et il n'y aurait pas non plus de tout-ou-rien : entre JC et un homme de crô-magnon, il y aurait une échelle de degrés.
Amicalement,
Miky
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