[Chers amis lecteurs, je vous propose de méditer aujourd’hui quelques extraits d’une homélie prononcée dimanche dernier, en la fête du Christ Roi de l’Univers, par un prêtre parisien qui m’a fort aimablement autorisé à la publier.]
Il peut paraître étrange que pour célébrer le Christ sous le vocable de Roi de l’univers, la liturgie ait choisi en cette année B ce dialogue entre Jésus et Pilate.
Pilate, le seul nom profane qui soit cité dans notre Credo !
Voici donc ces deux hommes : Pilate, le gouverneur romain, et Jésus qui vient d’être arrêté, dont les disciples se sont enfuis, seul face à son juge.
Et devant cet étrange prisonnier que l’on vient de lui amener, ligoté et condamné à mort par les chefs du peuple, Pilate à deux reprises lui demande :
« Es-tu le Roi des Juifs ? »
Mais le politique peut-il comprendre une royauté qui ne vient pas de ce monde, mais de Dieu ?
Une royauté qui est celle d’un Roi venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.
Nous connaissons dans la suite du procès la fameuse question de Pilate à Jésus – question sceptique et désabusée : « Qu’est-ce que la vérité ? »
C’est pourtant la seule et définitive réalité dont Jésus s’affirme être le témoin, lui que St Jean appelle dans l’Apocalypse « le Témoin fidèle, le Premier Né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre ».
Dans son discours d’adieu à ses disciples, Jésus leur avait affirmé son identité, leur révélant ainsi sa nature divine et sa nature humaine unies en sa personne :
« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne peut aller vers le Père sans passer par moi. »
Le Christ Jésus n’a pas la Vérité. Il est la Vérité !
Mais la Vérité qu’est le Christ ne se résume pas à des concepts, elle est à Lui seul la seule réalité existentielle qui compte, à laquelle tout est ordonné dans la Création : celle de l’Amour.
Amour de Dieu pour l’homme et capacité pour l’homme d’aimer son Dieu.
Le Royaume de Dieu incarné en son Fils unique Jésus-Christ ne peut se comprendre et être saisi que dans l’Amour et par l’Amour.
Tout dès lors ne se décline que par rapport à la Vérité qu’est l’Amour. Et la vérité n’a pas besoin d’autre défenseur qu’elle-même (Jean-Paul II), car elle domine le monde en ce sens qu’elle porte la Lumière qui est la Vie de tout être (Jean Laplace).
Le Royaume de Dieu qu’incarne Jésus n’est donc pas celui du pouvoir politique, ni évidemment celui de l’égoïsme et du mensonge. Il est celui de la Charité et donc de la Vérité. Car en Dieu, les deux se confondent.
Dans le contexte actuel de la laïcité, cette fête du Christ Roi de l’Univers nous éclaire sur la place de l’Eglise dans notre société d’aujourd’hui. Elle nous rappelle que l’Eglise est servante du Règne de Dieu, parce qu’elle en est le sacrement pour l’incarner dans le monde, par le témoignage de vie de ses filles et de ses fils que nous sommes.
La raison d’être de l’Eglise du Christ répandue à travers le monde est d’apporter à la société humaine trois valeurs essentielles, indispensables à la vie :
1°) celle d’affirmer la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de son Créateur depuis sa conception jusqu’à son dernier souffle ;
2°) de vivre dans la Charité du Christ la fraternité humaine jusqu’au pardon, comme nous le redit la Croix de Jésus et la prière du Notre Père ;
3°) celle de garder toujours devant nous la lumière de l’espérance, puisque l’avenir appartient à Dieu.
Au terme de cette année liturgique, que notre célébration du Christ Roi de l’Univers renforce en nous la fierté d’être les sujets d’un tel Roi, qu’elle ravive en nous la conviction dans notre marche quotidienne que le dernier mot de la Vie est celui de l’Amour, celui qui certes passe par la Croix, mais qui nous conduit jusqu’à la Plénitude de Dieu dans le Christ Jésus.
« A Lui, Puissance et gloire dans les siècles »
Amen !