26 janvier 2011 3 26 /01 /janvier /2011 21:03

Message du Pape Benoît XVI pour la XVIIIe Journée Mondiale du Malade, le 22 novembre 2009.

 

Chers frères et sœurs,

 

Le 11 février prochain, en la mémoire liturgique de la bienheureuse Vierge Marie de Lourdes, on célébrera, en la basilique vaticane, la XVIIIe Journée mondiale du malade […].

 

A travers l'annuelle Journée mondiale du malade, l'Eglise entend […] sensibiliser la communauté internationale de façon étendue sur l'importance du service pastoral dans le vaste monde de la santé, un service qui fait partie intégrante de sa mission, puisqu'elle s'inscrit dans le sillon de la mission salvifique elle-même du Christ. Lui, le divin Médecin, « a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient au pouvoir du diable » (Ac 10, 38). C'est dans le mystère de sa Passion, de sa mort et de sa résurrection, que la souffrance humaine puise sens et plénitude de lumière. Dans sa Lettre apostolique Salvifici doloris, le serviteur de Dieu Jean-Paul II a, à ce propos, des paroles éclairantes : « La souffrance humaine – a-t-il écrit – a atteint son sommet dans la Passion du Christ. Et, simultanément, elle a revêtu une dimension complètement nouvelle et est entrée dans un ordre nouveau : elle a été liée à l'amour, (...) à l'amour qui crée le bien, en le tirant même du mal, en le tirant au moyen de la souffrance, de même que le bien suprême de la Rédemption du monde a été tiré de la Croix du Christ et trouve continuellement en elle son point de départ. La Croix du Christ est devenue une source d'où coulent des fleuves d'eau vive » (n. 18).

 

Le Seigneur Jésus, à la Dernière Cène, avant de retourner vers le Père, s'est incliné pour laver les pieds des apôtres, en anticipant l'acte suprême d'amour sur la Croix. Par ce geste, il a invité ses disciples à entrer dans sa logique d'amour qui se donne en particulier aux plus petits et aux personnes dans le besoin (cf. Jn 13, 12-17). En suivant son exemple, chaque chrétien est appelé à revivre, dans des contextes divers et toujours nouveaux, la parabole du Bon Samaritain, qui, en passant à côté d'un homme laissé à moitié mort par les brigands au bord de la route, « le vit et fut pris de pitié. Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant : "Prends soin de lui, et ce que tu auras dépense en plus, je te le rembourserai, moi au retour" » (Lc 10, 33-35).

 

En concluant la parabole, Jésus dit : « Va, et toi aussi fais de même » (Lc 10, 37). Avec ces paroles, il s'adresse aussi à nous. Il nous exhorte à nous pencher sur les blessures du corps et de l'esprit de tant de nos frères et sœurs que nous rencontrons sur les routes du monde ; il nous aide à comprendre que, par la grâce de Dieu accueillie et vécue dans la vie de chaque jour, l'expérience de la maladie et de la souffrance peut devenir une école d'espérance. En vérité, comme je l'ai affirmé dans l'encyclique Spe salvi, « ce n'est pas le fait d'esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l'homme, mais la capacité d'accepter les tribulations et de mûrir par elles, d'y trouver un sens par l'union au Christ, qui a souffert avec un amour infini » (n. 37).

 

Déjà, le concile œcuménique Vatican II rappelait l'important devoir pour l'Eglise de prendre soin de la souffrance humaine. Nous lisons, dans la constitution dogmatique Lumen gentium que « comme le Christ a été envoyé par le Père "pour porter la bonne nouvelle aux pauvres... guérir les cœurs brisés " (Lc 4, 18), "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19, 10), de même l'Eglise entoure tous ceux qu'afflige l'infirmité humaine ; bien plus, elle reconnaît dans les pauvres et en ceux qui souffrent l'image de son Fondateur pauvre et souffrant, elle s'emploie à soulager leur détresse et veut servir le Christ en eux » (n. 8). Cette action humanitaire et spirituelle de la communauté ecclésiale envers les malades et les souffrants s'est exprimée au cours des siècles sous des formes et dans des structures sanitaires multiples, y compris à caractère institutionnel. Je voudrais rappeler ici celles qui sont directement gérées par les diocèses et celles qui sont nées de la générosité de différents instituts religieux. Il s'agit d'un « patrimoine » précieux répondant au fait que l'amour a besoin aussi d'organisation comme le présupposé d'un service communautaire ordonné (cf. Deus caritas est, n. 20). La création duConseil pontifical pour les Agents de la santé, il y a vingt-cinq ans, s'inscrit dans cette sollicitude ecclésiale pour le monde de la santé. Et je tiens à ajouter que, en ce moment historique et culturel actuel, on ressent encore plus l'exigence d'une présence ecclésiale attentive et étendue auprès des malades, ainsi qu'une présence dans la société qui soit capable de transmettre de façon efficace les valeurs évangéliques pour protéger la vie humaine à toutes ses étapes, de sa conception à sa fin naturelle.

 

Je voudrais ici reprendre le Message aux pauvres, aux malades et à tous ceux qui souffrent, que les pères conciliaires ont adressé au monde, au terme du concile œcuménique Vatican II : « Vous tous qui ressentez plus lourdement le poids de la Croix, ont-ils dit, (...) vous qui pleurez (...), vous les inconnus de la douleur, reprenez courage : vous êtes les préférés du royaume de Dieu, le royaume de l'espérance, du bonheur, et de la vie ; vous êtes les frères du Christ souffrant, et avec lui, si vous le voulez, vous sauvez le monde » (Ench. Vat., I, n. 523* [p. 313]). Je remercie de tout cœur les personnes qui, chaque jour, sont au service des malades et des souffrants, en faisant en sorte que « l'apostolat de la miséricorde de Dieu, qu'ils mettent en œuvre, réponde toujours mieux aux nouvelles exigences » (Jean-Paul II, Const. ap. Pastor Bonus, art. 152).

 

En cette année sacerdotale, ma pensée se tourne particulièrement vers vous, chers prêtres, « ministres des malades », [qui êtes] signe et instrument de la compassion du Christ, qui doit rejoindre chaque homme marqué par la souffrance. Je vous invite, chers prêtres, à ne pas vous économiser pour leur apporter des soins et du réconfort. Le temps passé auprès de celui qui est dans l'épreuve se révèle fécond en grâce pour toutes les autres dimensions de la pastorale. Je m'adresse enfin à vous, chers malades, et je vous demande de prier et d'offrir vos souffrances pour les prêtres, afin qu'ils puissent demeurer fidèles à leur vocation et que leur ministère soit riche en fruits spirituels, au bénéfice de toute l'Eglise.

 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 20:23

Chers amis, un an après notre vive discussion sur l’islam (et les trois articles que nous avons publié ici, ici et là), le débat rebondit ! Esperanza s’interroge en effet sur la conformité de ma position au regard du Magistère catholique (l’autorité enseignante de l’Eglise). Compte tenu de l’importance de cette question et de sa permanente actualité – pour rendre aussi cette nouvelle discussion plus accessible et plus lisible – j’ai souhaité répondre par un article. Le voici donc, avec en bleu clair les paroles du dernier commentaire d’Esperanza, et en noir, mes réponses.

 

1. « Je pense (…) apporter (…) la preuve que vous vous écartez de la ligne orthodoxe de l'Église catholique en son Magistère sur l'islam. »

 

Je ne crois pas, cher Esperanza, que vous ayez administré cette preuve dans votre dernier commentaire, et je vais vous dire pourquoi.

 

Mais si je m’éloigne, ainsi que vous le pensez, de la « ligne orthodoxe de l’Eglise catholique en son Magistère sur l’islam », pourquoi ne produisez-vous pas, tout simplement, un texte du Magistère infirmant ma position – et confirmant la vôtre ?

 

2. « Nous avons le droit d'être excessif dans l'amour envers les musulmans, mais non pas dans nos conceptions envers l'islam, dans un sens comme dans l'autre... »

 

Ce qui est donc en question : c’est notre conception de l’islam ; c’est ce que pense l’Eglise de l’islam.

 

La parole que vous me reprochez (fraternellement) d’avoir écrite – et qui vous paraît contraire à la doctrine catholique – est la suivante : « On ne saurait mieux dire que la religion (toute religion, dont l’islam) n’est jamais considérée en elle-même comme facteur de violence et de haine ; que la violence et la haine ne viennent pas des religions elles-mêmes, mais du péché de leurs adeptes, de leur « pauvreté morale », de leur « fondamentalisme ».

 

Cette conclusion me paraissait s’imposer à la lecture du discours du Pape Benoît XVI au Corps diplomatique le 8 janvier 2009. Mais elle vous est « apparue erronée dans sa sur-interprétation ».

 

Il serait erroné et « excessif » selon vous, d’un point de vue catholique, d'exonérer l’islam de toute responsabilité dans la violence et la haine de ses fidèles. Car la violence des musulmans, selon vous, s’origine non seulement dans la pauvreté matérielle ou morale des fanatiques, mais plus fondamentalement dans « les passages coraniques appelant à tuer, discriminer et haïr les non musulmans ».

 

Soit dit en passant, vous me faites le grief de sur-interpréter les propos du Pape, mais je constate en l’espèce que c’est très précisément ce que vous faites, en ajoutant au discours du Pape quelque chose qu’il n’a pas dit…

 

Car Benoît XVI, dans son discours au Corps diplomatique le 8 janvier 2009, oppose très clairement la « pauvreté morale » (c’est-à-dire en clair : le péché des hommes) dans laquelle les exactions commises contre les chrétiens « plongent leur racine », et les « religions » (dans la catégorie desquelles l’islam se range) dont la « haute contribution (…) à la lutte contre la pauvreté et à la construction de la paix » est fortement soulignée.

 

La racine du mal – dont les chrétiens, en particulier, sont les victimes –, ne se trouve donc pas, si l’on décrypte sans préjugé le discours de Benoît XVI, dans l’islam, mais dans le cœur des hommes qui est plein de malice et de péché – on entend ici raisonner l’enseignement du Christ sur le pur et l’impur (cf. Mt 15. 19 ; Mc 7. 21-23…).

 

Alors, certes, les musulmans fanatiques qui martyrisent les chrétiens, et les kamikazes qui se font exploser sur les places des marchés, le font au nom de l’islam. Mais cela ne signifie pas pour autant que l’islam soit en lui-même facteur de violence et de haine – que la violence et la haine appartiennent à l’essence de l’islam. Car alors, tout musulman désireux de vivre sa foi serait potentiellement violent et dangereux…

 

Si vous me permettez une analogie : ce n’est pas parce que quelqu’un procède à un avortement ou à une euthanasie au nom de l’amour qu’il agit effectivement selon l’amour – qu’il est dans l’amour ; car l’essence de l’amour n’est pas de donner la mort – mais la vie. Eh bien pareillement : l’essence de l’islam ne réside pas dans la destruction physique des chrétiens, ou dans l’élimination sanglante des femmes et des enfants ; l’essence de l’islam, c’est la foi en un Dieu unique qui est Amour et miséricorde.

 

Vous allez sans doute me dire (avec charité ) : « Qui êtes-vous donc, pour affirmer cela ? Que savez-vous, vous, de la réalité de l’islam, vous qui reconnaissez ne pas en être un spécialiste ? Qu’est-ce qui vous permet d’être aussi affirmatif sur l’essence de l’islam ? N’est-ce pas aux musulmans de nous dire ce qu’est l’islam ? Et ceux-ci ne montrent-ils pas assez, par leurs actes, spécialement dans le monde islamique, combien la violence est une donnée rémanente dans leur religion ? »

 

A cela, je répondrais que ce qui est en question dans notre débat, ce n’est pas la réalité de l’islam in abstracto, mais la réalité de l’islam en tant qu’elle est perçue par l’Eglise catholique. Ce qui est en question, c’est la position de l’Eglise catholique sur l’islam. Etant bien entendu que j’ai la faiblesse de penser, de par ma foi en l’Eglise, que cette position est conforme à la vérité objective…

 

Or, que dit l’Eglise sur l’islam ? Quel est son enseignement ? Au concile Vatican II, le 28 octobre 1965, l’Eglise a proclamé solennellement sa position sur l’islam dans un texte devenu célèbre (Nostra Aetate, 3) : « L’Eglise regarde (…) avec estime les musulmans qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ». C’est donc sur cette portée (pour employer une parabole musicale) qu’il faut écrire notre partition sur l’islam et déployer notre pensée – si on la veut, en tous les cas, authentiquement catholique.

 

S’il existe des musulmans violents dans le monde, trop heureux sans doute de trouver dans le Coran une noble justification à l’assouvissement de leurs pulsions de haine et de mort, cela ne fait pas de l’islam une religion violente par nature – au sens où la renonciation à toute violence ferait perdre à l’islam sa nature ; où l’islam ne serait plus vraiment l’islam sans la violence (et où, par conséquent, les musulmans non-violents ne pourraient pas être considérés comme de vrais musulmans) : la violence n’est pas une composante essentielle de l’islam.

 

Vous pouvez n’être pas d’accord avec cela. Mais vous devez reconnaître que c’est là pourtant la pensée de l’Eglise sur l’islam. Si l’islam était, pour l’Eglise, criminogène par nature, elle l’aurait dit ; elle l’enseignerait officiellement. Elle distinguerait les musulmans de l’islam, comme elle distingue le pécheur de son péché. Et elle condamnerait l’islam, ouvertement, comme intrinsèquement pervers et irréformable – au sens où on ne pourrait le réformer sans le dénaturer substantiellement ; au sens où sans la violence, l’islam ne serait plus l’islam.

 

3. « Le saint-Père a une fonction diplomatique, et ne peut se permettre de mettre trop en avant les points polémiques. Il ne peut que choisir scrupuleusement ses mots, ceux que ses interlocuteurs seront capables d'entendre, afin de ne pas mettre non plus en danger la vie de chrétiens sur place... Ce serait naïf de croire qu'il a une totale liberté de parole. Toute proportion gardée, un peu comme Pie 12 avec Hitler... »

 

Oui, sauf que l’Eglise catholique a tout de même sévèrement condamné le nazisme, et qu’elle en a fait de même pour le communisme ! L’Eglise n’a aucun enseignement secret ou caché – elle ne fait pas dans l’ésotérisme… Tout ce qu’elle dit et pense, elle l’exprime au grand jour. Si l’Eglise considérait l’islam comme irrémédiablement vicié par la violence en son essence profonde, elle l’aurait dit. Or, non seulement elle ne le dit pas, mais elle nous invite au contraire à respecter l’islam, et elle nous en fait un devoir !

 

(Si le discours de Benoît XVI au corps diplomatique vous paraît trop… diplomatique, allez donc voir celui qu’il a tenu devant la curie romaine, le 22 décembre 2006 : « La visite en Turquie m’a offert l’occasion d’exprimer (…) publiquement mon respect de la Religion musulmane, un respect d’ailleurs que le Concile Vatican II nous a indiqué comme devoir » Propos réitéré dans « Lumière du Monde » : « Lors de ma visite en Turquie, j’ai pu témoigner de mon respect pour l’islam, montrer que je le reconnais comme une grande réalité religieuse avec laquelle nous devons être en dialogue » p. 133.)

 

4. « L'islam porte malheureusement dans ses textes fondateurs les ordres de violence explicites et nominatifs envers les non musulmans, et il est le seul de ce point de vue à le faire. La glorification par l'islam de la violence en vue de sa victoire est hélas sa spécificité. Et ne la comparez pas avec l'AT, car les juifs ont depuis des siècles réinterprété le sens de leur texte, du fait du statut différent de leur Livre Saint ; leurs ennemis bibliques n'ont d'ailleurs plus leur équivalent contemporain, et le judaïsme ne connait pas l'esprit de domination expansionniste et prosélyte, jusqu'à la fin des temps et en tous lieux, du Coran et de l'islam... »

 

Je trouve au contraire le rapprochement avec le judaïsme extrêmement pertinent, car il n’est pas douteux par exemple que le conflit israélo-palestinien s’enracine, très profondément, dans des motivations religieuses… La violence que l’Etat d’Israël fait subir à des populations palestiniennes innocentes (des civils : des femmes, des enfants…) dans les territoires occupés, au mépris des règles du droit international et des résolutions de l’ONU, est soutenue et portée par des religieux extrémistes et fanatiques qui invoquent l’autorité de la Bible. La justification biblique des exactions de l'Etat hébreu disqualifie-t-il pour autant le judaïsme, comme intrinsèquement violent (au moins dans cette région du monde) ? Non bien sûr, et vous le reconnaissez vous-même (implicitement tout du moins). Vous reconnaissez que le terrorisme israélien n’appartient pas à l’essence du judaïsme ; que le judaïsme n’est pas en soi facteur de violence et de guerre. Que la cause première de la violence et de la guerre en Terre Sainte, ce n’est pas le judaïsme, mais la « pauvreté morale » des dirigeants israéliens – en clair : leur péché (leur esprit de domination, de conquête et de vengeance).

 

L’essence du judaïsme (comme de l’islam), ce n’est pas la violence : c’est la foi en un Dieu unique qui est Amour et miséricorde. S’il y a un là « message commun » à la Bible et au Coran et aux trois grandes religions monothéistes, c’est bien celui-là. Et c’est cette particularité, qui nous unit et nous distingue du reste du monde, qui fonde et justifie le dialogue interreligieux.

 

Vous dites que « les juifs ont depuis des siècles réinterprété le sens de leur texte » Vous avez raison, mais vous devriez préciser que cela a pris... des siècles ; qu’il en a fallu du temps pour expurger le judaïsme de toute violence… Souvenez-vous par exemple du prophète Elie, qui égorgea les 450 prophètes de Baal sur le mont Carmel (cf. 1 R 18. 20-40 – essayez un instant de vous représenter la scène…). Ce geste est-il condamné par les « textes fondateurs » du judaïsme ? Non point. Tout au contraire, la figure du prophète Elie fait l’objet d’une grande vénération, dans le judaïsme tout comme dans le christianisme (cf. par ex. l’apparition du prophète aux côtés de Moïse lors de la transfiguration de Jésus). Un regard extérieur non averti pourrait tout aussi bien parler de « glorification de la violence » par le judaïsme et le christianisme…

 

N’oubliez pas que l’islam n’a que 14 siècles d’existence… Où en étaient le judaïsme et le christianisme dans leur rapport à la violence, après 14 siècles d’existence ?... 

 

Mon propos n’est donc pas d’affirmer qu’il n’y a pas de problème de violence actuellement dans l’islam (impliqué en partie par un certain rapport aux textes sacrés) ; mais de soutenir que la violence qui s’exerce actuellement dans l’islam n’est pas la violence de l’islam ; que ce problème n’est donc pas insurmontable – parce que l’essence de l’islam, je le répète, n’est pas la violence, mais la foi en un Dieu unique qui est Amour et miséricorde (et que les textes sacrés peuvent être lus aussi dans un sens pacifique – en considération notamment de la loi de « l’abrogeant-abrogé » que vous avez vous-même évoqué – cf. Commentaire n° 56 et 58).

 

Si l’islam a aujourd’hui un problème avec la violence, il peut le dépasser ; et le christianisme, de par son histoire et son expérience propre, peut l’y aider – de l’importance du dialogue entre chrétiens et musulmans. Non seulement l’islam ne perdra pas son identité en renonçant à toute violence, mais il l’approfondira en grandissant dans la foi au Dieu unique qui est Amour et miséricorde – ce qui est bien l’essentiel de ce que recherche tout croyant musulman. Voilà un message (parmi d’autres) que les chrétiens pourraient faire passer dans le dialogue interreligieux.

 

5. « [L’islam] a certes des germes de paix à condition d'une réforme profonde et inédite, mais on ne peut pas le considérer ainsi pour l'instant, bien au contraire! Le déni de la réalité mène dans le mur, quoique différemment de la haine et de la diabolisation... »

 

Le déni de la réalité, c’est ne pas voir qu’il existe de par le monde, en France, en Europe, en Afrique noire,… un islam pacifique et tolérant, notamment vis-à-vis des chrétiens (« Lorsque je reçois des évêques [africains], explique Benoît XVI dans « Lumière du Monde », ils me racontent que célébrer leurs fêtes ensemble est une vieille habitude »).

 

Le déni de la réalité, c’est ne pas voir qu’il existe en Occident des millions de musulmans qui sont d’excellents citoyens, sincèrement attachés à la démocratie, respectueux des lois et de tous : croyants et non croyants.

 

Le déni de la réalité, c’est ne pas voir qu’il existe des intellectuels musulmans (dont un certain nombre a pris l’initiative publique de proposer au Pape un dialogue – fait unique dans l’Histoire des deux religions!), qui travaillent à une « réforme profonde de l’islam » (dans le respect de son essence – je pense à un homme comme Tariq Ramadan, dont j’ai déjà ici parlé).

 

C’est cela aussi « la nature présente de l'islam ». Qui ne se réduit pas, vous le voyez bien, aux Talibans encagoulés d’Afghanistan ou aux séides de Ben Laden.

 

La montée du fondamentalisme dans beaucoup de pays et la menace que font peser les courants extrémistes sur la paix du monde représentent un danger pour tous : les chrétiens évidemment, mais aussi les musulmans. Voilà pourquoi il est important d’être ensemble pour lutter contre la violence et faire reculer la haine ; apprendre à nous connaître et nous apprécier tels que nous sommes, dans le respect de nos cheminements respectifs ; et partager nos trésors spirituels, dans l’assurance que nous sommes, nous chrétiens, que ceux-ci sont porteurs de la puissance salvifique de l’Evangile.

 

Ce n’est pas en stigmatisant l’islam en son entier, au risque de faire passer tout musulman pratiquant pour un terroriste potentiel, que l’on fera grandir la cause de la paix dans le monde – ni celle de l’Evangile. C’est le respect de l’islam et des musulmans (dont l’Eglise fait un devoir aux fidèles catholiques), la recherche d’un dialogue et d’une amitié, la découverte de ce qu’il peut y avoir de bon dans l’islam (car dans l’islam aussi, il existe des « semences du Verbe »!) et de ce que nous pouvons réaliser ensemble au nom de ce qui nous rassemble (la foi au Dieu unique qui est Amour et miséricorde) pour bâtir une cité de justice et de paix, qui édifiera la civilisation de l’amour que l’Eglise catholique appelle de ses vœux – et qui n’est pas une utopie, puisque c’est l’Esprit lui-même qui nous y incite !

 

De même qu’il existe des portes ouvertes à l’action du démon, de même il existe des portes ouvertes à l’action de l’Esprit Saint. Le dialogue fraternel interreligieux en est une. Nul doute que le Seigneur bénira tous nos efforts d’entente cordiale et de paix ; qu’Il fera grandir l’amour dans le cœur des hommes qui s’ouvriront les uns aux autres, les faisant progresser chacun dans la connaissance du vrai Dieu – car celui qui aime connaît Dieu (cf. 1 Jn 4. 7) ; et qui connaît Dieu sera capable de discerner et reconnaître, au moment favorable, l'expression parfaite de son être en la personne de Jésus-Christ (cf. He 1. 3), le Verbe de Dieu venu en notre chair, le Rédempteur des hommes.

 

6. « Tous ces bons sentiments catholiques, ces naïvetés erronées, ne seraient pas dramatiques s'ils n'avaient pas concrètement des conséquences néfastes : relativisme religieux poussant de plus en plus d'urbains et de couples mixtes à se convertir à l'islam, minoration du danger d'expansion islamique à long terme en Europe, et réticence à évangéliser les musulmans et à les baptiser etc. » Telle n’est pas la position, je vous rassure tout de suite, du blog Totus Tuus qui sait témoigner de la vérité de l’Evangile quand il le faut…

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 00:00

Dimanche 23 janvier 2011 – 3e dimanche du temps ordinaire (Année A)

 

Première lecture : Isaïe 8. 23b - 9. 3

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière »

 

Psaume 26

« Espère le Seigneur, sois fort et prend courage ; espère le Seigneur »

 

Deuxième lecture : 1 Corinthiens 1. 10-13. 17

« Le Christ est-il donc divisé? »

 

Evangile : Matthieu 4. 12-23

« Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes »

 

***

Message audio du Pape : 2011

Angelus du Pape : 2008 – 2011

Homélie du Père Walter Covens : 2008 – 2011 

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde : 2011 

Audio de Radio Vatican : 2011

Ce que l’Evangile nous dit et me demande

Comment différencier un vrai charisme de guérison de la magie? (P. Raniero Cantalamessa)

 

*** 

 

« Le Royaume des Cieux est tout proche » (Mt 4. 17) 

 

« La ‘bonne nouvelle’ que Jésus proclame se résume en ces paroles : « Le royaume de Dieu – ou royaume des cieux – est proche » (Mt 4, 17 ; Mc 1, 15). Que signifie cette expression ? Elle n'indique certes pas un royaume terrestre délimité dans l'espace et dans le temps, mais elle annonce que c'est Dieu qui règne, que c'est Dieu le Seigneur et que sa seigneurie est présente, actuelle, qu'elle est en train de se réaliser. La nouveauté du message du Christ est donc qu'en Lui, Dieu s'est fait proche, qu'il règne désormais au milieu de nous, comme le démontrent les miracles et les guérisons qu'il accomplit. Dieu règne dans le monde à travers son Fils fait homme et avec la force de l'Esprit Saint qui est appelé « le doigt de Dieu » (cf. Lc 11, 20). Là où Jésus arrive, l'Esprit créateur apporte la vie et les hommes sont guéris des maladies du corps et de l'esprit. La seigneurie de Dieu se manifeste alors dans la guérison intégrale de l'homme. Jésus veut ainsi révéler le visage du vrai Dieu, le Dieu proche, plein de miséricorde pour tout être humain ; le Dieu qui nous donne la vie, sa vie, en abondance. Le royaume de Dieu est donc la vie qui s'affirme sur la mort, la lumière de la vérité qui dissipe les ténèbres de l'ignorance et du mensonge. » (Benoît XVI)

 

« Avec l'effacement de Jean-Baptiste et le début de la prédication de Jésus, l'humanité a franchi une étape décisive : du temps de la promesse nous sommes passés au temps de l'accomplissement. Le Royaume est là, parmi nous, non seulement en paroles, mais en actes. » (Marie-Noëlle Thabut).

 

« L'entrée en scène de Jésus signifie pour l'humanité l'apparition de la lumière. La citation d'Isaïe ne donne pas une simple indication géographique. Elle est un symbole : issu du peuple juif, né à Bethléem parce que descendant de David, devenu Galiléen de Nazareth, Jésus vient au-devant des nations. D'emblée, sa mission porte la marque de l'universalité. Nous-mêmes, saluons ce premier surgissement de la lumière pour les peuples qui vivaient dans les ténèbres : Jésus vient à notre rencontre, c'est le début de notre Salut, c'est l'aube de notre espérance. » (P. Lucien Dalloz, in "Le règne de Dieu s'est approché", Desclée de Brouwer, 1994) 

 


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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 13:13

Supplique pour un armistice
envoyé par vdvr



Dimanche 23 janvier 2011 - 14 h 30, place de la République à Paris (10e)

En marche pour la vie! 
Marche pour la vie
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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 12:56

Audience Générale du Pape Benoît XVI pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le 20 janvier 2010.

 

Chers frères et sœurs!

 

Nous sommes au cœur de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, une initiative œcuménique, qui s'est progressivement structurée depuis désormais plus d'un siècle, et qui attire chaque année l'attention sur un thème, celui de l'unité visible entre les chrétiens, qui implique la conscience et stimule l'engagement de ceux qui croient dans le Christ. Et elle le fait avant tout à travers l'invitation à la prière, à l'imitation de Jésus lui-même, qui demande au Père pour ses disciples « que tous soient un, afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Le rappel persévérant à la prière pour la pleine communion entre les disciples du Seigneur manifeste l'orientation la plus authentique et la plus profonde de toute la recherche œcuménique, parce que l'unité, avant tout, est un don de Dieu. En effet, comme l'affirme le Concile Vatican II : « Ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Eglise du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines » (Unitatis redintegratio, n. 24). Par conséquent, outre notre effort de développer des relations fraternelles et de promouvoir le dialogue pour éclaircir et résoudre les divergences qui séparent les Eglises et les communautés ecclésiales, est nécessaire l'invocation confiante et concorde au Seigneur.

 

Le thème de cette année est tiré de l'Evangile de saint Luc, des dernières paroles du Ressuscité à ses disciples « De cela vous êtes témoins » (Lc 24, 48). La proposition du thème a été demandé par le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens, en accord avec la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises, à un groupe œcuménique d'Ecosse. Il y a un siècle, la Conférence mondiale pour la considération des problèmes en référence au monde non chrétien se tint précisément à Edimbourg, en Ecosse, du 13 au 24 juin 1910. Parmi les problèmes qui furent alors débattus, il y eut celui de la difficulté objective de proposer avec crédibilité l'annonce évangélique au monde non chrétien de la part des chrétiens divisés entre eux. Si à un monde qui ne connaît pas le Christ, qui s'est éloigné de Lui ou qui se montre indifférent à l'Evangile, les chrétiens ne se présentent pas unis, et même souvent opposés, l'annonce du Christ comme unique Sauveur du monde et notre paix sera-t-elle crédible? Le rapport entre unité et mission a dès lors représenté une dimension essentielle de toute l'action œcuménique et son point de départ. Et c'est pour cette contribution spécifique que la Conférence d'Edimbourg demeure comme l'un des points fermes de l'œcuménisme moderne. L'Eglise catholique, lors du Concile Vatican II, reprit et réaffirma avec vigueur cette perspective, en affirmant que la division entre les disciples de Jésus « s'oppose ouvertement à la volonté du Christ, elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes : la prédication de l'Evangile à toute créature » (Unitatis redintegratio, n. 1).

 

C'est dans ce contexte théologique et spirituel que s'inscrit le thème proposé pour cette Semaine à la méditation et à la prière : l'exigence d'un témoignage commun au Christ. Le bref texte proposé comme thème « De cela vous serez témoins » doit être lu dans le contexte de tout le chapitre 24 de l'Evangile selon Luc […].

 

Si nous envisageons le contexte du chapitre, « cela » veut dire avant tout la Croix et la Résurrection : les disciples ont vu la crucifixion du Seigneur, ils voient le Ressuscité et commencent ainsi à comprendre toutes les Ecritures qui parlent du mystère de la Passion et du don de la Résurrection. « Cela » est donc le mystère du Christ, du Fils de Dieu qui s'est fait homme, mort pour nous et ressuscité, vivant pour toujours et ainsi garant de notre vie éternelle.

 

Mais connaissant le Christ – c'est le point essentiel – nous connaissons le visage de Dieu. A toutes les époques, les hommes perçoivent l'existence de Dieu, un Dieu unique, mais qui est loin et ne se montre pas. Dans le Christ, ce Dieu se montre, le Dieu lointain devient proche. « Cela » est donc, surtout avec le mystère du Christ, Dieu qui s'est fait proche de nous. Cela implique une autre dimension : le Christ n'est jamais seul ; il est venu au milieu de nous, il est mort seul, mais il est ressuscité pour attirer chacun à soi. Le Christ, comme le disent les Ecritures, s'est créé un corps, a réuni toute l'humanité dans sa réalité de vie immortelle. Et ainsi, dans le Christ qui réunit l'humanité, nous connaissons l'avenir de l'humanité : la vie éternelle. Cela, par conséquent, est très simple, en dernier ressort : nous connaissons Dieu en connaissant le Christ, son corps, le mystère de l'Eglise et la promesse de la vie éternelle.

 

Venons-en à présent à la seconde question. Comment pouvons-nous être témoins de « cela »? Nous ne pouvons être témoins qu'en connaissant le Christ et, en connaissant le Christ, en connaissant aussi Dieu. Mais connaître le Christ implique assurément une dimension intellectuelle – apprendre ce que nous connaissons du Christ – mais c'est toujours bien plus qu'un processus intellectuel : c'est un processus existentiel, c'est un processus de l'ouverture de mon ‘moi’, de ma transformation par la présence et par la force du Christ, et ainsi c'est aussi un processus d'ouverture à tous les autres qui doivent être le corps du Christ. De cette manière, il est évident que connaître le Christ, comme processus intellectuel et surtout existentiel, est un processus qui fait de nous des témoins. En d'autres mots, nous ne pouvons être témoins que si nous connaissons le Christ de première main et pas seulement par des intermédiaires, par notre propre vie, par notre rencontre personnelle avec le Christ. En le rencontrant réellement dans notre vie de foi nous devenons des témoins et nous pouvons ainsi contribuer à la nouveauté du monde, à la vie éternelle. Le Catéchisme de l'Eglise catholique nous donne une indication également quant au contenu de ce « cela ». L'Eglise a rassemblé et résumé l'essentiel de ce que le Seigneur nous a donné dans la Révélation, dans le « Symbole dit de Nicée-Constantinople, qui tient sa grande autorité du fait de ce qu'il est issu des deux premiers Conciles œcuméniques (325 et 381) » (CEC, n. 195). Le Catéchisme précise que ce Symbole « demeure commun, aujourd'hui encore, à toutes les grandes Eglises d'Orient et d'Occident » (ibid.). Dans ce Symbole se trouvent donc les vérités de foi que les chrétiens peuvent professer et témoigner ensemble, afin que le monde croie, manifestant, avec le désir et l'engagement de surmonter les divergences existantes, la volonté de marcher vers la pleine communion, l'unité du Corps du Christ.

 

La célébration de la Semaine de prière pour l'unité des chrétiens nous amène à considérer d'autres aspects importants pour l'œcuménisme. Tout d'abord, le grand progrès réalisé dans les relations entre les Eglises et les Communautés ecclésiales après la Conférence d'Edimbourg, il y a un siècle. Le mouvement œcuménique moderne s'est développé de manière si significative qu'il est devenu, au cours du siècle dernier, un élément important dans la vie de l'Eglise, rappelant le problème de l'unité entre tous les chrétiens et soutenant également la croissance de la communion entre eux. Celui-ci favorise non seulement les rapports fraternels entre les Eglises et les Communautés ecclésiales en réponse au commandement de l'amour, mais il stimule également la recherche théologique. En outre, il interpelle la vie concrète des Eglises et des Communautés ecclésiales avec des thématiques qui touchent la pastorale et la vie sacramentelle, comme, par exemple, la reconnaissance mutuelle du Baptême, les questions relatives aux mariages mixtes, les cas partiaux de comunicatio in sacris dans des situations particulières bien définies. Dans le sillage de cet esprit œcuménique, les contacts se sont élargis également aux mouvements pentecôtistes, évangéliques et charismatiques, en vue d'une plus grande connaissance réciproque, bien que les problèmes graves ne manquent pas dans ce domaine.

 

L'Eglise catholique, depuis le Concile Vatican II, est entrée en relation fraternelle avec toutes les Eglises d'Orient et les Communautés ecclésiales d'Occident, organisant, en particulier, avec la plupart de celles-ci, des dialogues théologiques bilatéraux, qui ont conduit à trouver des convergences ou également des consensus sur divers points, approfondissant ainsi les liens de communion. Au cours de l'année qui vient de s'écouler, les différents dialogues ont enregistré des pas positifs. Avec les Eglises orthodoxes, la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique a entamé, lors de la XIe session plénière qui s'est déroulée à Paphos de Chypre en octobre 2009, l'étude d'un thème crucial dans le dialogue entre les catholiques et les orthodoxes : Le rôle de l'évêque de Rome dans la communion de l'Eglise au cours du premier millénaire, c'est-à-dire à l'époque où les chrétiens d'Orient et d'Occident vivaient dans la pleine communion. Cette étude s'étendra ensuite au deuxième millénaire. J'ai déjà plusieurs fois demandé la prière des catholiques pour ce dialogue délicat et essentiel pour tout le mouvement œcuménique. Cette même Commission mixte a également rencontré les antiques Eglises orthodoxes d'Orient (copte, éthiopienne, syrienne, arménienne) du 26 au 30 janvier de l'année dernière. Ces initiatives importantes attestent qu'un dialogue profond et riche d'espérance est en cours avec toutes les Eglises d'Orient qui ne sont pas en pleine communion avec Rome, dans leur propre spécificité.

 

Au cours de l'année dernière, on a examiné avec les Communautés ecclésiales d'Occident les résultats obtenus dans les différents dialogues au cours de ces quarante ans, en s'arrêtant en particulier sur ceux avec la Communion anglicane, avec la Fédération luthérienne mondiale, avec l'Alliance réformée mondiale et avec le Conseil mondial méthodiste. A cet égard, le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens a réalisé une étude pour souligner les points de convergence auxquels on est parvenu dans les dialogues bilatéraux correspondants, et signaler, dans le même temps, les problèmes ouverts sur lesquels il faudra commencer une nouvelle phase de concertation.

 

Parmi les récents événements, je voudrais mentionner la commémoration du dixième anniversaire de la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, célébré ensemble par les catholiques et les luthériens le 31 octobre 2009, pour stimuler la poursuite du dialogue, ainsi que la visite à Rome de l'archevêque de Canterbury, le docteur Rowan Williams, qui a également eu des entretiens sur la situation particulière dans laquelle se trouve la Communion anglicane. L'engagement commun de poursuivre les relations et le dialogue est un signe positif, qui manifeste à quel point le désir de l'unité est intense, malgré tous les problèmes qui s'y opposent. Nous voyons ainsi qu'il existe une dimension qui est de notre responsabilité, lorsque nous accomplissons tout ce qui est possible pour arriver réellement à l'unité, mais il existe une autre dimension, celle de l'action divine, car seul Dieu peut donner l'unité à l'Eglise. Une unité « auto-réalisée » serait humaine, mais ce que nous désirons, c’est l'Eglise de Dieu, réalisée par Dieu, qui lorsqu'il le voudra et lorsque nous serons prêts, créera l'unité. Nous devons également avoir à l'esprit les progrès réels qui ont été atteints dans la collaboration et dans la fraternité au cours de toutes ces années, durant les derniers cinquante ans. Dans le même temps, nous devons savoir que le travail œcuménique n'est pas un processus linéaire. En effet, les vieux problèmes, nés dans le contexte d'une autre époque, perdent leur poids, alors que dans le contexte moderne naissent de nouveaux problèmes et de nouvelles difficultés. Il nous faut toujours rester disponibles pour un processus de purification, au sein duquel le Seigneur nous mettra en mesure d'être unis.

 

Chers frères et sœurs, je demande la prière de tous pour la réalité œcuménique complexe, pour la promotion du dialogue, et afin que les chrétiens de notre époque puissent donner un nouveau témoignage commun de fidélité au Christ face à notre monde. Que le Seigneur écoute notre invocation et celle de tous les chrétiens, qui au cours de cette semaine s'élève vers Lui avec une intensité particulière.

 

 

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21 janvier 2011 5 21 /01 /janvier /2011 00:00

Audience Générale du Pape Benoît XVI sur la confrontation de deux modèles théologiques : Saint Bernard et Abélard, le 4 novembre 2009.

 

Chers frères et sœurs,

 

Dans la dernière catéchèse, j'ai présenté les caractéristiques principales de la théologie monastique et de la théologie scolastique du XIIe siècle, que nous pourrions appeler, d'une certaine manière, respectivement "théologie du cœur" et "théologie de la raison". Entre les représentants de chacun de ces courants théologiques s'est développé un vaste débat, parfois animé, représenté symboliquement par la controverse entre Saint Bernard de Clairvaux et Abélard.

 

Pour comprendre cette confrontation entre les deux grands maîtres, il est bon de rappeler que la théologie est la recherche d'une compréhension rationnelle, dans la mesure du possible, des mystères de la Révélation chrétienne, auxquels on croit dans la foi : fides quaerens intellectumla foi cherche l'intelligibilité – pour reprendre une définition traditionnelle, concise et efficace. Or, tandis que Saint Bernard, typique représentant de la théologie monastique, met l'accent sur la première partie de la définition, c'est-à-dire sur la fides – la foi, Abélard, qui est un scolastique, insiste sur la deuxième partie, c'est-à-dire sur l'intellectus, sur la compréhension au moyen de la raison. Pour Bernard, la foi elle-même est dotée d'une intime certitude, fondée sur le témoignage de l'Ecriture et sur l'enseignement des Pères de l'Eglise. En outre, la foi est renforcée par le témoignage des saints et par l'inspiration de l'Esprit Saint dans l'âme des croyants. Dans les cas de doute et d'ambiguïté, la foi est protégée et illuminée par l'exercice du Magistère ecclésial. Ainsi, Bernard a des difficultés à être d'accord avec Abélard, et plus généralement avec ceux qui soumettaient les vérités de la foi à l'examen critique de la raison ; un examen qui comportait, à son avis, un grave danger, c'est-à-dire l'intellectualisme, la relativisation de la vérité, la remise en question des vérités mêmes de la foi. Dans cette façon de procéder, Bernard voyait un élan audacieux poussé jusqu'à l'absence de scrupules, fruit de l'orgueil de l'intelligence humaine, qui prétend "capturer" le mystère de Dieu. Dans l'une de ses lettres, empli de douleur, il écrit : « L'esprit humain s'empare de tout, et ne laisse plus rien à la foi. Il affronte ce qui est au-dessus de lui, il scrute ce qui lui est supérieur, fait irruption dans le monde de Dieu, altère les mystères de la foi, au lieu de les illuminer ; il n'ouvre pas ce qui est fermé et scellé, mais le déracine, et ce qu'il considère impossible à parcourir par lui-même, il le considère comme nul et refuse d'y croire » (Epistola CLXXXVIII, 1; PL 182, I, 353).

  

Pour Bernard, la théologie a un unique but : celui de promouvoir l'expérience vivante et intime de Dieu. La théologie est alors une aide pour aimer toujours plus et toujours mieux le Seigneur, comme le dit le titre du traité sur le « Devoir d'aimer Dieu » (De diligendo Deo). Sur ce chemin, il existe différentes étapes, que Bernard décrit de façon approfondie, jusqu'au bout, lorsque l'âme du croyant s'enivre aux sommets de l'amour. L'âme humaine peut atteindre déjà sur terre cette union mystique avec le Verbe divin, union que le Doctor Mellifluus décrit comme des "noces spirituelles". Le Verbe divin la visite, élimine ses dernières résistances, l'illumine, l'enflamme et la transforme. Dans une telle union mystique, elle jouit d'une grande sérénité et douceur, et chante à son Epoux un hymne de joie. Comme je l'ai rappelé dans la catéchèse consacrée à la vie et à la doctrine de Saint Bernard, la théologie pour lui ne peut que se nourrir de la prière contemplative, en d'autres termes de l'union affective du cœur et de l'esprit avec Dieu.

 

Abélard, qui est par ailleurs précisément celui qui a introduit le terme de "théologie" au sens où nous l'entendons aujourd'hui, se place en revanche dans une perspective différente. Né en Bretagne, en France, ce célèbre maître du XIIe siècle était doué d'une intelligence très vive et l'étude était sa vocation. Il s'occupa d'abord de philosophie, puis appliqua les résultats obtenus dans cette discipline à la théologie, dont il fut un maître dans la ville la plus cultivée de l'époque, Paris, et par la suite dans les monastères où il vécut. C'était un brillant orateur : ses leçons étaient suivies par de véritables foules d'étudiants. Un esprit religieux, mais une personnalité inquiète, son existence fut riche de coups de théâtre : il contesta ses maîtres, eut un enfant d'une femme cultivée et intelligente, Eloïse. Il entra souvent en polémique avec ses collègues théologiens, il subit aussi des condamnations ecclésiastiques, bien qu'il mourût en pleine communion avec l'Eglise, à l'autorité de laquelle il se soumit avec un esprit de foi. C'est précisément Saint Bernard qui contribua à la condamnation de certaines doctrines d'Abélard lors du synode provincial de Sens en 1140, et qui sollicita également l'intervention du Pape Innocent II. L'abbé de Clairvaux contestait, comme nous l'avons rappelé, la méthode trop intellectualiste d'Abélard, qui, à ses yeux, réduisait la foi à une simple opinion détachée de la vérité révélée. Les craintes de Bernard n'étaient pas infondées et elles étaient partagées, du reste, également par d'autres grands penseurs de l'époque. En effet, un recours excessif à la philosophie rendit dangereusement fragile la doctrine trinitaire d'Abélard, et par conséquent, son idée de Dieu. Dans le domaine moral, son enseignement n'était pas dépourvu d'ambiguïtés : il insistait pour considérer l'intention du sujet comme l'unique source pour décrire la bonté ou la méchanceté des actes moraux, en négligeant ainsi la signification et la valeur morale objectives des actions : un subjectivisme dangereux. C'est là – nous le savons bien – un aspect très actuel pour notre époque, où la culture apparaît souvent marquée par une tendance croissante au relativisme éthique : seul le ‘moi’ décide ce qui serait bon pour moi, en ce moment. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas non plus oublier les grands mérites d'Abélard, qui eut de nombreux disciples et contribua de manière décisive au développement de la théologie scolastique, destinée à s'exprimer de manière plus mûre et féconde au siècle suivant. Pas plus qu'il ne faut sous-évaluer certaines de ses intuitions, comme par exemple lorsqu'il affirmait que, dans les traditions religieuses non chrétiennes, il y a déjà une préparation à l'accueil du Christ, Verbe divin.

 

Que pouvons-nous apprendre, aujourd'hui, de la confrontation, aux tons souvent enflammés, entre Bernard et Abélard, et, en général, entre la théologie monastique et la théologie scolastique ? Je crois tout d'abord que cette confrontation montre l'utilité et la nécessité d'une saine discussion théologique dans l'Eglise, surtout lorsque les questions débattues n'ont pas été définies par le Magistère, qui reste, cependant, un point de référence inéluctable. Saint Bernard, mais également Abélard lui-même, en reconnurent toujours sans hésitation l'autorité. En outre, les condamnations que ce dernier subit nous rappellent que dans le domaine théologique doit exister un équilibre entre ce que nous pouvons appeler les principes architectoniques qui nous sont donnés par la Révélation et qui conservent donc toujours l'importance prioritaire, et les principes interprétatifs suggérés par la philosophie, c'est-à-dire par la raison, et qui ont une fonction importante mais uniquement instrumentale. Quand cet équilibre entre l'architecture et les instruments d'interprétation fait défaut, la réflexion théologique risque d'être entachée par des erreurs, et c'est alors au Magistère que revient l'exercice de ce service nécessaire à la vérité, qui lui est propre. En outre, il faut souligner que, parmi les motivations qui poussèrent Bernard à "se ranger" contre Abélard et à solliciter l'intervention du Magistère, il y eut également la préoccupation de sauvegarder les croyants simples et humbles, qui doivent être défendus lorsqu'ils risquent d'être confondus ou égarés par des opinions trop personnelles et par des argumentations théologiques anticonformistes, qui pourraient mettre leur foi en péril.

 

Je voudrais enfin rappeler que la confrontation théologique entre Bernard et Abélard se conclut par une pleine réconciliation entre les deux hommes, grâce à la médiation d'un ami commun, l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable, dont j'ai parlé dans l'une des catéchèses précédentes. Abélard montra de l'humilité en reconnaissant ses erreurs, Bernard fit preuve d'une grande bienveillance. Chez tous les deux prévalut ce qui doit vraiment tenir à cœur lorsque naît une controverse théologique, c'est-à-dire sauvegarder la foi de l'Eglise et faire triompher la vérité dans la charité. Que ce soit aujourd'hui aussi l'attitude avec laquelle on se confronte avec l'Eglise, en ayant toujours comme objectif la recherche de la vérité.

 

 

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 13:45

Audience Générale du Pape Benoît XVI sur la théologie monastique et théologie scolastique, le 28 octobre 2009.

 

Chers frères et sœurs,

 

Aujourd'hui, je m'arrête sur une page intéressante de l'Histoire, relative à l'essor de la théologie latine au XIIe siècle, qui a eu lieu grâce à une succession providentielle de coïncidences. Dans les pays d'Europe occidentale régnait alors une paix relative, qui assurait à la société développement économique et renforcement des structures politiques, et favorisait une activité culturelle dynamique, notamment grâce aux contacts avec l'Orient. Au sein de l'Eglise, se percevaient les bienfaits de la vaste action connue comme « réforme grégorienne » qui, vigoureusement promue au siècle précédent, avait apporté une plus grande pureté évangélique dans la vie de la communauté ecclésiale, en particulier chez le clergé, et avait restitué à l'Eglise et à la papauté une authentique liberté d'action. En outre, se diffusait un vaste renouveau spirituel, soutenu par le développement important de la vie consacrée : de nouveaux Ordres religieux naissaient et s'étendaient, tandis que ceux déjà existants connaissaient une reprise prometteuse.

 

La théologie refleurit également, en acquérant une plus grande conscience de sa nature : elle affina sa méthode, affronta de nouveaux problèmes, avança dans la contemplation des mystères de Dieu, produisit des œuvres fondamentales, inspira des initiatives importantes de la culture, de l'art à la littérature, et prépara les chefs-d'œuvre du siècle suivant, le siècle de Thomas d'Aquin et de Bonaventure de Bagnoregio. Cette fervente activité théologique s'accomplit dans deux milieux : les monastères et les écoles de la ville, les scholae, certaines desquelles donnèrent bientôt naissance aux Universités, qui constituent l'une des « inventions » propres au Moyen âge chrétien. C'est précisément à partir de ces deux milieux, les monastères et les scholae, que l'on peut parler de deux modèles différents de théologie : la « théologie monastique », et la « théologie scolastique ». Les représentants de la théologie monastique étaient des moines, en général des abbés, dotés de sagesse et de ferveur évangélique, consacrés essentiellement à susciter et à nourrir le désir amoureux de Dieu. Les représentants de la théologie scolastique étaient des hommes cultivés, passionnés par la recherche ; des magistri désireux de montrer la sagesse et le bien-fondé des mystères de Dieu et de l'homme, auxquels ils croyaient grâce à la foi, certes, mais qu'ils comprenaient également par la raison. La finalité différente explique la différence de leur méthode et de leur façon de faire de la théologie.

 

Dans les monastères du XIIe siècle, la méthode théologique était liée principalement à l'explication des Ecritures Saintes, de la sacra pagina, pour nous exprimer comme les auteurs de cette période ; on pratiquait en particulier la théologie biblique. C'est-à-dire que les moines écoutaient et lisaient tous avec dévotion les Ecritures Saintes, et l'une de leurs occupations principales consistait dans la lectio divina, c'est-à-dire dans la lecture priée de la Bible. Pour eux, la simple lecture du Texte sacré ne suffisait pas à en percevoir le sens profond, l'unité intérieure et le message transcendant. Il fallait donc pratiquer une « lecture spirituelle », conduite dans la docilité à l'Esprit Saint. A l'école des Pères, la Bible était ainsi interprétée de façon allégorique, pour découvrir dans chaque page de l'Ancien comme du Nouveau Testament, ce qu'elle dit du Christ et de son œuvre de Salut.

 

Le synode des évêques de l'année dernière sur la « Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l'Eglise » a rappelé l'importance de l'approche spirituelle des Saintes Ecritures. Dans ce but, il est utile de tirer profit de la théologie monastique, une exégèse biblique ininterrompue, tout comme des œuvres composées par ses représentants, de précieux commentaires ascétiques des livres de la Bible. La théologie monastique unissait donc à la préparation littéraire la préparation spirituelle. C'est-à-dire qu'elle était consciente qu'une lecture purement théorique et profane ne suffit pas : pour entrer dans le cœur de l'Ecriture Sainte, il faut la lire dans l'esprit dans lequel elle a été écrite et créée. La préparation littéraire était nécessaire pour connaître la signification exacte des mots et faciliter la compréhension du texte, en affinant la sensibilité grammaticale et philologique. Le chercheur bénédictin du siècle dernier, Jean Leclercq, a ainsi intitulé l'essai avec lequel il présente les caractéristiques de la théologie monastique : l'amour des lettres et le désir de Dieu. En effet, le désir de connaître et d'aimer Dieu, qui vient à notre rencontre à travers sa Parole à accueillir, à méditer et à pratiquer, conduit à chercher à approfondir les textes bibliques dans toutes leurs dimensions. Il existe aussi une autre aptitude sur laquelle insistent ceux qui pratiquent la théologie monastique, c'est-à-dire une profonde attitude de prière, qui doit précéder, accompagner et compléter l'étude de l'Ecriture Sainte. Etant donné que, en dernière analyse, la théologie monastique est l'écoute de la Parole de Dieu, on ne peut que purifier son cœur pour l'accueillir et, surtout, on ne peut que brûler de ferveur pour rencontrer le Seigneur. La théologie devient donc méditation, prière, chant de louange et elle incite à une conversion sincère. De nombreux représentants de la théologie monastique sont parvenus, par cette voie, aux plus hauts sommets de l'expérience mystique, et ils constituent pour nous aussi une invitation à nourrir notre existence de la Parole de Dieu, par exemple, à travers une écoute plus attentive des lectures de l'Evangile, en particulier pendant la Messe dominicale. Il est en outre important de réserver chaque jour un certain temps à la méditation de la Bible, pour que la Parole de Dieu soit la lampe qui illumine notre chemin quotidien sur la terre.

 

 La théologie scolastique, en revanche – comme nous le disions –, était prêchée dans les scholae, nées à côtés des grandes cathédrales de l'époque, pour la préparation du clergé, ou autour d'un maître de théologie et de ses disciples, pour former des professionnels de la culture, à une époque où le savoir était toujours plus apprécié. Dans la méthode des scolastiques, la quaestio était centrale, c'est-à-dire le problème qui se pose au lecteur en affrontant les paroles de l'Ecriture et de la Tradition. Devant le problème que posent ces textes faisant autorités, on soulevait des questions et le débat naissait entre le maître et les étudiants. Dans ce débat apparaissent, d'une part, les arguments de l'autorité et, de l'autre, ceux de la raison et le débat se développe dans le sens de trouver, à la fin, une synthèse entre autorité et raison, pour parvenir à une compréhension plus profonde de la Parole de Dieu. A cet égard, Saint Bonaventure dit que la théologie est « per additionem », c'est-à-dire que la théologie (scolastique) ajoute la dimension de la raison à la Parole de Dieu et crée ainsi une foi plus profonde, plus personnelle et donc aussi plus concrète dans la vie de l'homme. Dans ce sens, on trouvait différentes solutions et on formait des conclusions qui commençaient à construire un système de théologie. L'organisation des quaestiones conduisait à la compilation de synthèses toujours plus longues, c'est-à-dire que l'on composait les différentes quaestiones avec les réponses qui étaient apparues, en créant ainsi une synthèse, les summae, qui étaient, en réalité, de longs traités de théologie dogmatique nés de la confrontation de la raison humaine avec la Parole de Dieu. La théologie scolastique visait à présenter l'unité et l'harmonie de la Révélation chrétienne avec une méthode, appelée précisément « scolastique », de l'école, qui fait confiance à la raison humaine : la grammaire et la philologie sont au service du savoir théologique, mais plus encore la logique, c'est-à-dire la discipline qui étudie le « fonctionnement » du raisonnement humain, de manière qu'apparaisse avec évidence la vérité d'une proposition. Aujourd'hui encore, en lisant les summae scolastiques on est frappé par l'ordre, la clarté, l'enchaînement logique des arguments, et par la profondeur de certaines intuitions. A travers le langage technique, à chaque mot est attribuée une signification précise et, entre croire et comprendre, en vient à s'établir un mouvement réciproque de clarification.

 

Chers frères et sœurs, en faisant écho à l'invitation de la Première Lettre de Pierre, la théologie scolastique nous encourage à être toujours prêts à répondre à quiconque nous demande raison de l'espérance qui est en nous (cf. 3, 15). A entendre les questions comme nôtres et être ainsi capables également d'apporter une réponse. Elle nous rappelle qu'entre foi et raison existe une amitié naturelle, fondée dans l'ordre même de la Création. Le Serviteur Dieu Jean-Paul II, dans l'incipit de l'encyclique Fides et ratio écrit : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité ». La foi est ouverte à l'effort de compréhension de la part de la raison, la raison, à son tour, reconnaît que la foi ne l'opprime pas, mais la soutient au contraire vers des horizons plus amples et élevés. Ici s'inscrit la leçon éternelle de la théologie monastique. Foi et raison, dans un dialogue réciproque, vibrent de joie lorsqu'elles sont toutes deux animées par la recherche de l'union intime avec Dieu. Lorsque l'amour vivifie la dimension orante de la théologie, la connaissance, acquise par la raison, s'élargit. La vérité est recherchée avec humilité, accueillie avec émerveillement et gratitude : en un mot, la connaissance croît uniquement si elle aime la vérité. L'amour devient intelligence et la théologie authentique sagesse du cœur, qui oriente et soutient la foi et la vie des croyants. Nous prions donc pour que le chemin de la connaissance et de l'approfondissement des Mystères de Dieu soit toujours éclairé par l'amour divin.

 

 

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 12:40

Un lecteur m’envoie ce message en privé :

 

« Bonjour, je lis régulièrement ce blog dont j'apprécie la qualité des articles. Pouvez-vous m'aider pour les questions qu'un ami musulman me pose pour en fait contester ma foi en Christ ? Je suis catholique.

 

Pourquoi il n'y a aucun passage où Jésus dit "je suis votre Dieu adorez moi", alors que c'est le dogme principal chez les chrétiens aujourd'hui ? (et ne me dites pas qu'il avait peur des juifs).

 

Pourquoi les autres nations (ceux qui sont venu avant le Christ, dont les prophètes) ne croyaient pas à la Trinité ; seraient il envoyé en enfer pour cela?

 

Si Jésus est venu pour délivrer l'humanité du péché originel commis par Adam, pourquoi ne l'a-t-il jamais dit ? Vu que la bible ne contient aucune parole du Christ parlant du péché originel, on signale là que cette doctrine a été développée bien après au début du Ve siècle par un prêtre nommé Augustin.

 

Pourquoi Dieu le Tout Puissant devait-il faire descendre son prétendu fils pour pardonner aux gens leurs péchés ; ne pouvait-il pas simplement pardonner ces péchés?

 

Comment Dieu peut-il être trois en 1 et un en trois (sans donner l'exemple de l'œuf ou celui de la pomme qui n'y correspondent pas) ?

 

Si le Christ est Dieu, pourquoi le Christ affirmait-il que c'est Dieu qui l'a envoyé ?

 

Si le Christ était d'accord sur ce qui lui arrivait et qu'il était Dieu, pourquoi priait-il sur la croix "eli eli lama chabaktani" : mon Dieu, mon Dieu pourquoi m'as-tu abandonné ?

 

Quand Dieu, le Créateur était sur la croix (gloire à lui de ce qu'il prétendent), qui c'est qui s'occupait de la terre et des sept cieux, qui répondait aux prières de gens, qui.... ?

 

Pourquoi la libération des péchés n’a pas été faite au temps d'Adam?

 

Merci. »

 

Ce sont là de belles et vastes questions qui peuvent intéresser le plus grand nombre. C’est pourquoi je me propose d’y répondre publiquement sur ce blog, au moyen du présent article.

 

Bien sûr, je ne vais faire qu’effleurer les points soulevés. N’hésitez donc pas à m’interroger si vous souhaitez voir approfondi tel ou tel aspect de la foi catholique que je vais m’efforcer d’exposer là en quelques mots.

 

Je suis heureux en tous les cas de commencer cette année sous les mêmes auspices que l’année dernière – en proposant un dialogue avec nos frères musulmans (par l’intermédiaire de l’un d’entre vous).

 

1. « Pourquoi il n'y a aucun passage où Jésus dit "je suis votre Dieu adorez moi", alors que c'est le dogme principal chez les chrétiens aujourd'hui ? (et ne me dites pas qu'il avait peur des juifs) ».

 

Pour des raisons pédagogiques. Si Jésus s’était présenté immédiatement à ses Apôtres, souriant et bras ouverts, en leur disant : « Je suis votre Dieu, adorez-moi ! », tout le monde l’aurait pris pour un fou, et il n’aurait pas tenu trois ans (n’oublions pas que c’est pour ce motif qu’il a été crucifié… cf. Jn 10. 33).

 

Il fallait donc que Jésus manifestât sa divinité autrement, de telle manière que les Apôtres en viennent à comprendre par eux-mêmes quelque chose du mystère de sa personne. D’où sa prédication puissante (« jamais homme n’a parlé comme celui-là ! » – cf. Jn 7. 46 ; « d’où lui vient cette sagesse ? » – cf. Mt 13. 54…) et ses nombreux miracles.

 

Cela dit, la parole la plus explicite de Jésus sur sa divinité se trouve certainement en Jn 8. 58 : « Avant qu’Abraham fut, moi, JE SUIS ». Jésus ne pouvait pas être plus clair. Non seulement il affirme ici l’éternité de son existence, mais il s’attribue le Nom même que Dieu révéla à Moïse dans le Buisson ardent : « JE SUIS » (cf. Ex 3. 14). C’est donc bien une manière de dire : « Je suis votre Dieu, adorez-moi ! ». Et c’est ainsi d’ailleurs que les Juifs l’ont entendu - en témoigne, leur réaction à cette parole : « Ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter » (Jn 8. 59). On sait comment tout cela finira…

 

Cf. Sur la divinité du Christ, voir les deux très belles vidéos de Mgr André-Joseph Léonard : Je suis la Vérité, et Je suis la Vie.

 

2. « Pourquoi les autres nations (ceux qui sont venu avant le Christ, dont les prophètes) ne croyaient pas à la Trinité ; seraient-il envoyé en enfer pour cela? »

 

Parce que la Trinité n’était pas pensable... avant qu’elle se révélât elle-même aux hommes.

 

La Trinité n’est pas une réalité accessible à la seule raison humaine. Il n’est possible d’y croire que dans la mesure où Jésus-Christ nous l’a révélé – en manifestant sa propre divinité (1) ; en se référant sans cesse à un autre que lui, qu’il nommait son « Père » (2) ; et en promettant l’envoi d’un mystérieux Paraclet qu’il appelait le « Saint Esprit » (3) ; trois réalités distinctes donc, mais désignant un seul et même mystère : le mystère même de Dieu, au nom duquel Jésus envoie ses Apôtres baptiser les nations (« baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » – cf. Mt 28. 19 : on remarquera ici que l’expression « au nom » est au singulier et que les trois « réalités » divines désignées par les mots « Père » « Fils » et « Saint Esprit » sont placées sur un pied d’égalité – quoiqu’elles soient citées dans un certain ordre…).

 

Personne bien évidemment n’ira en enfer parce qu’il n’a pas cru à un mystère non révélé par Dieu, qu’il ne pouvait connaître par lui-même ! Dieu n’est pas injuste.

 

Cf. Sur le salut des hommes ayant précédé le Christ, voir cette vidéo de Arnaud Dumouch.

 

3. « Si Jésus est venu pour délivrer l'humanité du péché originel commis par Adam, pourquoi ne l'a-t-il jamais dit ? Vu que la Bible ne contient aucune parole du Christ parlant du péché originel, on signale là que cette doctrine a été développée bien après au début du Ve siècle par un prêtre nommé Augustin. »

 

Jésus n’emploie pas, il est vrai, l’expression « péché originel » – pas plus que celle de « Trinité », ou de « Nouveau Testament » ! Ce n’est pas pour cela que ces trois réalités n’existent pas.

 

Cela dit, Jésus, en bon juif, connaît parfaitement le récit de la Création en Genèse 1, puis en Genèse 2 ; il connaît aussi le récit de la chute d’Adam et Eve – que Saint Augustin désignera plus tard par l’expression « péché originel ». Jésus évoque lui-même, dans une célèbre controverse avec les pharisiens, cette mystérieuse « origine » antérieure à la Chute, où la volonté de Dieu n’était pas contrecarrée par l’endurcissement du cœur de l’homme (cf. Mt 19. 2 et s). Et lorsqu’il veut dévoiler à ses disciples le secret de sa messianité, il le fait en annonçant sa Passion prochaine (cf. Mt 16. 21 ; 17. 12…), se présentant comme le Serviteur Souffrant prophétisé par Isaïe en certains passages de son Livre faisant explicitement référence à une rédemption universelle (consécutive à une perdition universelle « Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. » – cf. Is. 53.  6 ) : « C'est à cause de nos fautes qu'il a été transpercé, c'est par nos péchés qu'il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c'est par ses blessures que nous sommes guéris […]. Parce qu'il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. » (Is. 53. 5. 11).

 

Tous les péchés des hommes sont donc assumés par ce Serviteur qui nous obtient la paix – la réconciliation avec Dieu : en lui, la faute originelle (qui est à la source de tous les péchés des hommes) est définitivement expiée et l’humanité peut envisager un avenir d’amour et de paix avec Dieu – où le péché n'existera plus. « En effet, si la mort a frappé la multitude des hommes par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu a-t-elle comblé la multitude, cette grâce qui nous est donnée en un seul homme, Jésus-Christ » (Rm 5. 15). « De même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même, l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie » (Rm. 5. 18 – mais c’est tout le chapitre 5 de la lettre aux Romains qu’il faudrait relire).

 

4. « Pourquoi Dieu le Tout Puissant devait-il faire descendre son prétendu fils pour pardonner aux gens leurs péchés ; ne pouvait-il pas simplement pardonner ces péchés? »

 

Non. Le pardon extérieur des péchés ne suffisait pas, car l’humanité était viciée de l’intérieur. Il fallait donc plus qu’un pardon : il fallait une véritable guérison, une transformation radicale du cœur de l’homme, une ré-génération. Il fallait que l’humanité soit purifiée de l’intérieur – jusqu’à la racine de l’être. Or, puisque l’homme (en Adam) avait dit NON à Dieu, il fallait qu’un autre homme (un nouvel Adam – principe d’une nouvelle humanité) soit capable de dire OUI à Dieu – et d’emporter toute l’humanité dans ce OUI. C’est pourquoi Dieu a envoyé son Fils : pour qu’un homme enfin, en la personne de Jésus de Nazareth, soit capable de dire OUI à Dieu jusqu’au bout, jusqu’au don suprême de sa vie… – ce que l’homme seul, livré à ses propres forces, n’aurait jamais été capable de faire (à cause du péché originel). Et parce que Jésus, qui est vraiment homme, est aussi vraiment Dieu, il a le pouvoir de communiquer à tous les hommes (par le canal de sa propre humanité) la grâce de dire OUI à Dieu à leur tour.

 

Depuis l’évènement de la Croix, quelque chose de profond est changé dans l’humanité. Les effets du péché originel demeurent certes pour un peu de temps encore, mais nous avons dorénavant le remède dans la Croix du Christ et la grâce sanctifiante qu’elle nous obtient – que nous pouvons aller puiser dans les sacrements de l’Eglise que Jésus a fondée précisément pour porter son Salut au monde entier. Ce remède, en 2000 ans d’Histoire, a engendré une multitude de saints. Ceux-ci sont les témoins de la Victoire de la Croix sur le mal et le péché ; le signe annonciateur qu'un monde nouveau est en germe, qui éclora à la fin des temps, lorsque le Christ viendra inaugurer son règne. C’est alors toute l’humanité qui sera transfigurée, en sorte qu’il n’y aura plus jamais de mal ni de péché, car le cœur de l’homme aura été régénéré à ce point qu’il ne pourra plus désirer le mal ni le commettre.

 

Encore faut-il que nous acceptions d’entrer dans ce Salut promis… car il existe pour chaque homme la possibilité du refus (et de la séparation définitive avec Dieu – ce que l’on appelle l’Enfer…)

 

5. « Comment Dieu peut-il être trois en 1 et un en trois (sans donner l'exemple de l'œuf ou celui de la pomme qui n'y correspondent pas) ? »

 

Ah, c’est un fameux mystère, je le reconnais! Mais il existe dans le monde créé des exemples d’unité dans la triplicité qui peuvent nous aider à comprendre : c’est l’homme avec ses trois composantes : le corps, l’esprit et l’âme ; la nature, avec ses trois règnes : minéral, végétal, animal ; la matière, avec ses trois états : solide, liquide, gazeux ; l’espace, avec ses trois dimensions : longueur, largeur, profondeur ; le temps avec son passé, son présent, et son avenir ; l’arbre avec ses trois parties : racines, tronc, branches ; etc…

 

Cf. Relire notre article sur la Très Sainte Trinité.

 

6. « Si le Christ est Dieu, pourquoi le Christ affirmait-il que c'est Dieu qui l'a envoyé ? »

 

Parce que c’est Dieu le Père qui l’a envoyé Lui, Dieu le Fils.

 

7. « Si le Christ était d'accord sur ce qui lui arrivait et qu'il était Dieu, pourquoi priait-il sur la croix "eli eli lama chabaktani" : mon Dieu, mon Dieu pourquoi m 'as-tu abandonné? »

 

Parce que Jésus, en bon juif, avait l’habitude de prier les psaumes ; et que la parole que vous citez est le premier verset du psaume 21 (ou 22, selon la numérotation de votre Bible). En priant ce psaume sur la Croix, Jésus s’approprie le cri de l’homme souffrant s’exprimant par la bouche du psalmiste ; il le fait sien. Il va ainsi jusqu'au bout de l’Incarnation en se faisant « homme de douleur » – et en portant en sa chair suppliciée et son âme torturée la souffrance de tous les hommes. Il accomplit ainsi parfaitement en sa personne la prophétie d’Isaïe que nous avons évoquée plus haut (au point 3).

 

Si vous lisez le psaume 21 en son entier, vous serez surpris d’y voir une description détaillée (et donc : prophétique) de la crucifixion de Jésus (« Des chiens me cernent, une bande de vauriens m'entoure. Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement. »…) De même que vous serez étonné de lire, dans la deuxième partie du texte, l’annonce de la Victoire finale, le Salut universel et le surgissement d’un monde nouveau. « Tu m'as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d'Israël. Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte (…). Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie! » La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui : « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! » (…) On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre ! »

 

C’est tout cela que Jésus évoque sur la Croix – même si, dans son asphyxie, il ne peut articuler que le premier verset du psaume... Comme pour nous dire : « Cette parole de l’Ecriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »… (cf. Lc 4. 21).

 

On sait ce qu’il adviendra ensuite : trois jours plus tard, Jésus ressuscitera, inaugurant ainsi la victoire définitive sur la mort et le péché – victoire dans laquelle nous sommes tous invités aujourd’hui à entrer, en nous agrégeant à ce peuple nouveau, né de la Croix, qu’est l’Eglise, rassemblée autour du successeur de Pierre (sur lequel Jésus avait annoncé qu’il bâtirait son Eglise – cf. Mt 16. 18) et des Apôtres : le Pape et les Evêques.

 

8. « Quand Dieu, le Créateur était sur la croix (gloire à lui de ce qu'ils prétendent), qui c'est qui s'occupait de la terre et des sept cieux, qui répondait aux prières de gens, qui.... ? »

 

Eh bien… la Trinité, mon général ! 

 

Quant au Logos-Créateur (le Verbe), c’est de la Croix précisément – son trône de Gloire – qu’il « s’occupait » le mieux de la terre et des cieux, en sauvant l’humanité et en la régénérant jusqu’à la racine ; c’est de la Croix qu’il répondait à toutes « les prières des gens », bien au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer, espérer et oser demander – en leur ouvrant toutes grandes les portes du Royaume céleste et de la Vie éternelle…

 

9. « Pourquoi la libération des péchés n’a pas été faite au temps d'Adam? »

 

Parce que Dieu voulait susciter un peuple capable de l’accueillir, et que c’est une entreprise qui prend du temps si l’on considère que Dieu compose toujours avec notre liberté et notre intelligence. C’est un aspect de notre Dieu qu’il est difficile de comprendre – et qui fait toujours scandale (on le voit encore aujourd’hui avec l’affaire du préservatif) – mais qu’il est essentiel de bien percevoir : Dieu agit toujours avec patience et pédagogie. Il prend son temps pour nous amener là où Il veut parce qu’il sait que notre nature créée a besoin de temps. En cela, il manifeste qu’il est vraiment un Père pour nous…

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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 00:00

Dimanche 16 janvier 2011 – 2e dimanche du temps ordinaire (Année A)

 

Le temps ordinaire

 

Première lecture : Isaïe 49. 3-6

« Oui, j'ai du prix aux yeux du Seigneur »

 

Psaume 39

« Tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice... alors j'ai dit 'Voici, je viens' »

 

Deuxième lecture : 1 Corinthiens 1. 1-3

« Que la grâce et la paix soient avec vous »

 

Evangile : Jean 1. 29-34

« J'ai vu, et je rends ce témoignage : c'est Lui, le Fils de Dieu »

 

***

Message audio du Pape : 2011

Angelus du Pape : 2008 – 2011

Homélie du Père Walter Covens : 2008 – 2011 

Homélie de Frère Dominique (Famille de St Joseph) : 2011 

Audio de Radio Vatican : 2011

Ce que l’Evangile nous dit et me demande

Comment réagir face à la souffrance innocente? (P. Raniero Cantalamessa)

 

*** 

 

« Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1. 29)

 

« Aujourd'hui, nous entrons dans le temps 'ordinaire'. Dans le vocabulaire courant, le mot ordinaire n'est pas très valorisant et nous avons tendance à préférer le mot extraordinaire. Quand on dit d'un repas ou d'un vin qu'il est ordinaire, ce n'est pas un compliment. Si on dit d'une personne qu'elle est ordinaire, c'est plutôt méprisant. Que pouvons-nous dire à propos du 'temps ordinaire' dans la liturgie?

 

« Il faut d'abord noter que toute l'année liturgique a son centre à la fête de Pâques. Pâques n'est pas simplement une fête parmi d'autres : elle est la "Fête des fêtes", comme l'Eucharistie est le sacrement des sacrements. Le mystère de la Résurrection, dans lequel le Christ a écrasé la mort, pénètre notre temps de sa puissante énergie, jusqu'à ce que tout Lui soit soumis. La fête de Pâques est la seule fête extraordinaire. Elle "contient" toutes les autres fêtes.

 

« L'année litugique est ainsi le déploiement des divers aspects de l'unique mystère pascal. Cela vaut bien entendu tout particulièrement pour le cycle des fêtes que nous venons de vivre, et qui gravitent autour du mystère de l'Incarnation. Mais vous avez sûrement remarqué que la fête de Noël nous projette immédiatement vers Pâques : les saints Innocents le 28 décembre ; le baptême du Seigneur, qui annonce sa Passion. Elles ont une place particulière dans le cycle liturgique, mais c'est à la lumière de Pâques.

 

« Le dimanche dit 'ordinaire', l'Eglise célèbre la Pâque du Seigneur. C'est à la fois le 'premier jour de la semaine', mémorial du premier jour de la Création, et le 'huitième jour' où le Christ, après son "repos" du grand Sabbat, inaugure le jour "que fait le Seigneur", le "jour qui ne connaît pas de soir". Le dimanche est le jour par excellence de l'assemblée liturgique, où les fidèles se rassemblent pour méditer les mystères du Christ, faire mémoire de la Passion, de la Résurrection et de la Gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâce à Dieu qui les a régénérés pour une vivante espérance : le retour du Seigneur et le bonheur que Dieu a promis. Ainsi, chaque dimanche est particulier, en ce sens qu'il nous prépare à la fête extraordinaire : Pâques. Les dimanches ordinaires, on déploie ainsi, tout au long de l'année, les différentes facettes de l'unique fête, qui est celle de Pâques.

 

« C'est donc Pâques tous les dimanches, mais de façon ordinaire. Et ce n'est que dans la mesure où nous vivons en vérité ces dimanches dit 'ordinaires' qu'il nous est donné de vivre en plénitude la fête de Pâques. » (Jean Villeminot, diacre permanent à la paroisse St Léon - Paris 15e, in Feuille d'annonce paroissiale du 16 janvier 2011)


 

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 12:26

A une semaine de la grande Marche pour la vie, retour sur un évènement d'actualité : la sanction disciplinaire dont a fait l'objet le professeur d’histoire-géographie de Manosque, Philippe Isnard, suite à la projection devant ses élèves du film No need to argue.

 

Dans le cadre de son cours d’instruction civique, Philippe Isnard avait organisé un débat sur l’avortement, en proposant des documents contradictoires (cf. L’affaire de l’enseignant sanctionné, par Tugdual Derville, Décryptage, 26 novembre 2010). Il s'explique aujourd'hui sur le site Webtvcn. Il est interrogé par Yann de Rauglaude, directeur de la communication du diocèse de Fréjus-Toulon.

 

 

 

Source

Rappel de la position de l'Eglise catholique sur l'avortement

Et pour ceux qui restent ouverts au débat : cliquer sur ce lien

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