10 juin 2010 4 10 /06 /juin /2010 23:00

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI aux Evêques d’Angola et de Sao Tomé dans la chapelle de la Nonciature de Luanda (Angola), le 20 mars 2009.

 

Monsieur le Cardinal,

Chers Évêques de l’Angola et de São Tomé,

 

J’éprouve une joie immense de pouvoir vous rencontrer en ce lieu que l’Angola a réservé au Successeur de Pierre – habituellement en la personne de son Représentant –, afin de manifester visiblement les liens qui unissent vos peuples à l'Église catholique, qui depuis plus de cinq cents ans a la joie de pouvoir vous compter au nombre de ses fils. Que s’élèvent d’un seul cœur nos ferventes louanges à Dieu le Père qui, par son Esprit Saint, ne cesse d’engendrer le Corps mystique de son Fils sous les traits des habitants de l’Angola et de São Tomé, sans pour autant que soit perdues les empreintes juive, romaine, portugaise et tant d’autres acquises auparavant, puisque « vous tous que le baptême a unis au Christ (…) vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Ga 3, 27.28). Pour faire progresser aujourd’hui ce développement du Christ total par le moyen de la foi et du baptême, Dieu, dans sa bonté, a voulu se servir de moi et de vous, chers Frères ; il n’est donc pas étonnant que les douleurs de l’enfantement se fassent sentir en nous tant que le Christ ne se sera pas complètement formé (cf. Ga 4, 19) dans le cœur de votre peuple. Dieu vous récompensera de tous les efforts apostoliques que vous avez menés dans des conditions difficiles, aussi bien pendant la guerre que de nos jours où vous vous trouvez confrontés à tant de contraintes, réussissant cependant à donner à l'Église en Angola et à São Tomé et Principe ce dynamisme que tous lui reconnaissent.

 

Conscient du ministère que je suis appelé à accomplir au service de la communion ecclésiale, je vous demande de bien vouloir vous faire les interprètes de ma constante sollicitude envers vos communautés, que je salue avec une affection sincère en la personne de chacun des membres de cette Conférence épiscopale. J’adresse un salut particulier à votre Président, Monseigneur Damião Franklin, que je remercie des paroles de bienvenue qu’il a prononcées à mon intention en votre nom. Il a souligné votre souci d’effectuer un discernement éclairé afin de dégager les lignes du plan d’ensemble à mettre en œuvre dans vos communautés diocésaines pour organiser le peuple saint afin de parvenir « à constituer cet Homme parfait, dans la force de l’âge, qui réalise la plénitude du Christ » (Ep 4, 12.13). De fait, devant un relativisme diffus pour qui rien n’est définitif et qui tend au contraire à ériger le moi personnel et ses caprices comme la mesure de toutes choses, nous proposons, nous, une autre mesure : le Fils de Dieu qui est aussi vrai homme. Il est Lui, la mesure de l’humanisme véritable. Le chrétien dont la foi est adulte et mûre n’est pas celui qui suit la mode et les dernières nouveautés, mais celui qui vit profondément enraciné dans l’amitié du Christ. Cette amitié nous ouvre à tout ce qui est bon et nous offre le critère pour discerner entre l’erreur et la vérité.

 

Pour l’avenir de la foi et pour le bien de l’ensemble de la vie de la Nation, le domaine de la culture, où l’Église dispose d’institutions académiques de renom, revêt une importance décisive. À ces institutions revient l’honneur de faire en sorte que la voix des catholiques soit toujours présente dans le débat culturel au sein de la Nation, afin que se renforcent les capacités d’élaborer de manière rationnelle et à la lumière de la foi, les multiples questions qui surgissent dans les divers domaines de la science et de la vie. De nos jours, la culture et les modèles de comportement sont toujours plus influencés et imprégnés par les images véhiculées par les moyens de communication sociale ; il est donc bon d’encourager les efforts entrepris en ce domaine par votre Conférence épiscopale afin qu’elle ait des outils de communication lui permettant d’offrir à tous une interprétation chrétienne des événements, des problèmes et des réalités humaines.

 

La famille est une de ces réalités humaines et elle est, aujourd’hui, confrontée à de multiples difficultés et menaces. Elle a particulièrement besoin d’être évangélisée et de recevoir un soutien concret, car, à la fragilité et à l’instabilité de tant d’unions conjugales, vient s’ajouter la tendance très répandue dans la société et la culture de contester le caractère unique et la mission propre de la famille fondée sur le mariage. Dans votre sollicitude pastorale à l’égard de tous les êtres humains, continuez à élever la voix pour défendre le caractère sacré de la vie humaine et la valeur de l’institution matrimoniale, tout en veillant à la promotion du rôle de la famille dans l'Église et dans la société, demandant des mesures économiques et législatives qui aident les familles à accueillir la naissance d’enfants et les soutiennent dans leur mission éducative.

 

Je me réjouis de la présence, dans vos pays, de tant de communautés vibrantes de foi, où les laïcs se dévouent en de nombreuses œuvres apostoliques, et dans lesquelles naît un nombre important de vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, particulièrement à la vie contemplative : c’est un signe authentique d’espérance pour l’avenir. Alors que de plus en plus de prêtres sont autochtones, je désire rendre hommage au labeur accompli avec patience et non sans héroïsme par les missionnaires venus de loin annoncer le Christ et son Évangile et qui ont fait naître les communautés chrétiennes dont vous êtes à présent les responsables. Je vous invite à rester proches de vos prêtres, vous préoccupant de leur formation permanente aussi bien théologique que spirituelle, attentifs à leurs conditions de vie et d’apostolat afin qu’ils soient d’authentiques témoins de la Parole qu’ils annoncent et des Sacrements qu’ils célèbrent. Puissent-ils, dans le don d’eux-mêmes au Christ et au peuple dont ils sont les pasteurs, demeurer fidèles aux exigences de leur état et vivre leur ministère presbytéral comme un véritable chemin de sainteté, désireux d’être saints afin de susciter de nouveaux saints autour d’eux !

 

Chers Frères, en me confiant à votre fervente intercession auprès du Seigneur, je vous assure, pour ma part, de ma prière particulière à Celui qui est le véritable Époux de l'Église qu’Il aime, qu’il protège et nourrit : à Jésus Christ, notre Seigneur, Fils unique du Dieu vivant. Qu’il soutienne par la force de sa grâce tous vos efforts pastoraux, afin qu’ils deviennent féconds, à l’exemple de la Vierge Mère et sous la protection de son Cœur Immaculé!

 

 

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 23:00

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI devant les autorités politiques et civiles ainsi que le corps diplomatique au Palais présidentiel de Luanda (Angola), le 20 mars 2009.

 

(…) Chers amis, vous êtes les artisans et les témoins d’un Angola qui se relève. Après vingt-sept années de guerre civile qui ont dévasté ce Pays, la paix a commencé à prendre racine, portant avec elle les fruits de la stabilité et de la liberté. Les efforts tangibles du Gouvernement pour mettre en place les infrastructures et rénover les institutions indispensables au développement et au bien-être de la société ont fait refleurir l’espérance parmi les citoyens. Pour soutenir cette espérance, ont été mises en place différentes actions conduites par des agences internationales, décidées à dépasser les intérêts particuliers pour œuvrer dans la perspective du bien commun. Dans diverses régions du pays, les exemples ne manquent pas d’enseignants, de travailleurs sanitaires et de fonctionnaires qui, avec de faibles revenus, servent avec intégrité et dévouement la communauté humaine à laquelle ils appartiennent. De même le nombre des personnes engagées dans des activités de volontariat au service des plus nécessiteux augmente. Que Dieu bénisse et qu’il multiplie toutes ces bonnes volontés et leurs initiatives au service du bien !

 

L’Angola sait qu’est arrivé pour l’Afrique le temps d’être le continent de l’espérance. Tout comportement humain droit est espérance en action. Nos actions ne sont jamais indifférentes devant Dieu ; et elles ne le sont pas non plus pour le développement de l’histoire. Chers amis, avec un cœur intègre, magnanime et plein de compassion, vous pouvez transformer ce continent, libérant votre peuple du fléau de l’avidité, de la violence et du désordre en le conduisant sur le chemin indiqué par les principes indispensables à toute démocratie civile moderne : le respect et la promotion des droits de l’homme, un gouvernement transparent, une magistrature indépendante, des moyens de communication sociale libres, une administration publique honnête, un réseau d’écoles et d’hôpitaux fonctionnant de façon adéquate, et la ferme détermination, basée sur la conversion des cœurs, d’éradiquer une fois pour toutes la corruption. Dans le Message de cette année pour la Journée mondiale de la Paix, j’ai voulu attirer l’attention de tous sur la nécessité d’une approche éthique du développement. En effet, plus que de simples programmes et protocoles, les habitants de ce continent demandent à juste titre une conversion profonde, authentique et durable des cœurs à la fraternité (cf. n. 13). Leur exigence vis-à-vis de ceux qui œuvrent dans la politique, dans l’administration publique, dans les agences internationales et dans les compagnies multinationales est avant tout celle-ci : soyez à nos côtés de façon vraiment humaine, accompagnez-nous, ainsi que nos familles et nos communautés !

 

Le développement économique et social en Afrique requiert la coordination des actions gouvernementales nationales avec les initiatives régionales et avec les décisions internationales. Une telle coordination suppose que les nations africaines ne soient pas seulement considérées comme les destinataires des plans et des solutions élaborées par d’autres. Les africains eux-mêmes, œuvrant ensemble pour le bien de leurs communautés, doivent être les premiers acteurs de leur développement.

 

(…) Chers amis, je conclus ma réflexion en vous confiant que ma visite au Cameroun et en Angola suscite en moi cette joie humaine profonde qu’on éprouve lorsqu’on se retrouve en famille. Je crois qu’une telle expérience est le don commun que l’Afrique peut offrir à tous ceux qui sont originaires d’autres continents et qui arrivent ici, où « la famille est le fondement sur lequel l’édifice social est construit » (Ecclesia in Africa, n. 80). Cependant, comme nous le savons tous, ici aussi les familles subissent de nombreuses pressions : angoisse et humiliation causées par la pauvreté, le chômage, la maladie, l’exil pour n’en citer que quelques-unes. Est particulièrement bouleversant le joug opprimant des discriminations qui pèsent sur les femmes et sur les jeunes filles, sans parler de l’innommable pratique de la violence et de l’exploitation sexuelle qui leur cause tant d’humiliations et de traumatismes. Je dois également mentionner un autre grave sujet de préoccupation : les politiques de ceux qui, dans l’illusion de faire progresser l’« édifice social », en menacent les fondements mêmes. Combien est amère l’ironie de ceux qui promeuvent l’avortement au rang des soins de la santé des « mamans » ! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive (cf. Protocole de Maputo, art. 14)!

 

Mesdames et Messieurs, vous trouverez toujours l’Église – par la volonté de son divin Fondateur – aux côtés des plus pauvres de ce continent. Je peux vous assurer qu’à travers les activités diocésaines, les innombrables œuvres éducatives, sanitaires et sociales prises en charge par les différents Ordres religieux, les programmes de développement des Caritas et d’autres organisations, elle continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les familles – y compris celles qui sont frappées par les effets tragiques du SIDA – et pour promouvoir l’égale dignité des hommes et des femmes sur la base d’une harmonieuse complémentarité. Le chemin spirituel du chrétien est celui de la conversion quotidienne. L’Église invite tous les responsables de l’humanité à l’emprunter, afin que cette dernière puisse suivre les chemins de la vérité, de l’intégrité, du respect et de la solidarité.

 

 

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8 juin 2010 2 08 /06 /juin /2010 23:00

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI à son arrivée à Luanda (Angola) pour la deuxième partie de son voyage apostolique sur le continent africain, le 20 mars 2009.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs qui représentez les Autorités civiles et militaires,

Chers Frères dans l’épiscopat,

Chers amis Angolais !

 

C’est avec des sentiments de déférente amitié que je foule le sol de cette noble et jeune Nation dans le cadre d’une visite pastorale qui, à mes yeux, a comme horizon le continent africain tout entier, même si j’ai dû limiter mes pas à Yaoundé et à Luanda. Tous, nous savons bien que je garde dans mon cœur et ma prière l’Afrique tout entière et le peuple Angolais en particulier auquel je désire offrir mes encouragements cordiaux à progresser sur les chemins de la pacification et de la reconstruction du pays et de ses institutions (…).

 

Comment ne pas évoquer ici le souvenir de l’illustre visiteur qui bénit l’Angola au mois de juin de 1992, mon bien-aimé prédécesseur le Pape Jean-Paul II ? Missionnaire infatigable de Jésus-Christ jusqu’aux extrémités de la terre, il a montré le chemin vers Dieu, invitant tous les hommes de bonne volonté à écouter la voix de leur conscience formée dans la droiture, et à construire une société de justice, de paix et de solidarité, dans la charité et le pardon réciproques. Quant à moi, vous le savez, je viens d’un pays dont les habitants ont une haute estime de la paix et de la fraternité, en particulier ceux qui – comme moi – ont connu la guerre et la division entre frères d’une même Nation en raison d’idéologies destructrices et inhumaines qui faisaient peser le joug de l’oppression sous la fausse apparence du rêve et de l’illusion. Vous pouvez donc comprendre combien le dialogue entre les hommes est important à mes yeux, car il permet de dépasser toutes les formes de conflits et de tensions et de faire de chaque Nation – et donc de votre Patrie – une maison de paix et de fraternité. Pour atteindre ce but, vous devez puiser dans votre patrimoine spirituel et culturel les valeurs positives dont l’Angola est riche, et aller sans peur à la rencontre les uns des autres, en acceptant de partager pour le bien de tous les richesses spirituelles et matérielles (…).

 

Chers amis Angolais, votre territoire est riche ; votre Nation est forte. Utilisez ces atouts pour favoriser la paix et l’entente entre les peuples, sur une base de loyauté et d’égalité capable de promouvoir en Afrique l’avenir pacifique et solidaire auquel tous aspirent et auquel tous ont droit. Pour cela, je vous en prie, ne vous laissez pas prendre par la loi du plus fort ! Car Dieu a accordé aux hommes le pouvoir de s’élever avec les ailes de la raison et de la foi, au-dessus de leurs inclinations naturelles. Si vous vous laissez emporter sur ces ailes, il ne vous sera pas difficile alors de reconnaître dans l’autre un frère, né avec les mêmes droits humains fondamentaux. À l’intérieur de vos frontières, se trouvent malheureusement encore tant de pauvres qui demandent le respect de leurs droits. Il n’est pas possible d’oublier la multitude des Angolais qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté absolue. Ne décevez pas leurs attentes !

 

(…) Que Dieu bénisse l’Angola !

 

 

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 12:12


Deuxième Partie
 : LA RAISON


LES PREUVES DE L'EXISTENCE DE DIEU (2/2)
 

 

 


 

Chers amis,

 

Nous poursuivons notre étude des preuves de l’existence de Dieu.

 

Après avoir examiné les preuves métaphysiques tirées de l’observation de l’univers et les preuves tirées du consentement universel des hommes à l’existence de Dieu, il nous reste à traiter des preuves tirées de l’homme lui-même : de la considération de ce que l’homme est en lui-même.

 

3. Les preuves tirées de l’observation de ce qu’est l’homme en lui-même

 

La troisième preuve raisonnable de l’existence de Dieu, c’est la preuve tirée de l’être de l’homme. Ce que l’homme est en lui-même nous dit quelque chose de Dieu : de son existence, mais aussi de son essence. Comment donc ? De 4 manières :

 

1°) L’existence de notre « moi », de notre conscience, de notre intelligence, révèle l’existence d’un Dieu personnel et intelligent ;

 2°) La loi morale inscrite dans notre cœur révèle l’existence d’un Législateur suprême ;

 3°) Notre désir d’infini et 4°) notre exigence de justice révèlent une plénitude divine à laquelle nous sommes appelés – mais qui ne peut s’accomplir dans notre humanité.

 

3.1. L’existence de notre « moi »

 

L’existence de notre « moi », de notre conscience, de notre intelligence, témoigne de l’existence d’un Dieu personnel et intelligent.

 

L’homme est un être extraordinaire quand on y pense, tout à fait unique dans le monde des vivants. En un certain sens, c’est un animal comme les autres ; un mammifère parmi les mammifères. Il en a toutes les caractéristiques biologiques, en moins perfectionnées parfois sur bien des aspects. Il représente le terme de l’évolution animale – et il apparaît de ce fait comme un animal, descendant de l’animal ; un animal certes évolué ; un animal debout ; mais un animal quand même.

 

Pourtant, l’homme se révèle un animal d’un genre tout particulier, et ce, dès l’origine. Animal technicien, il fabrique et perfectionne ses outils ; animal qui parle, il communique avec ses semblables par un langage articulé ou par des signes graphiques ; animal social, il obéit à des règles et distingue le permis et le défendu ; animal raisonnable, il est capable de s’interroger sur sa propre nature et de se mettre en question.

 

Unique par sa raison qui cherche le vrai, le bien, le beau, l’homme est un être qui désire comprendre et connaître les causes. Il a le pouvoir prodigieux de s’évader de son corps, de forcer les barrières de l’espace et du temps, de scruter les siècles passé, de réfléchir sur son histoire, sans que son corps ne soit un obstacle à l’élan de sa pensée. Son intelligence lui a permis d’acquérir une merveilleuse maîtrise de la nature. Grâce à elle, il peut se situer en toute lucidité comme une parcelle minuscule et dépendante dans un immense univers. Il se sait l’un des êtres les plus petits et les plus faibles de la nature ; il a conscience de sa condition fragile et précaire dans l’existence, mais aussi… de sa dignité éminente de « roseau pensant ». Il est ainsi amené à se poser la question de sa place dans le cosmos et dans l’histoire de l’aventure humaine. Qui suis-je ? Où vais-je ? Que fais-je dans le monde ? Nul autre vivant n’est capable de s’interroger ainsi sur le pourquoi de l’existence.

 

L’homme paraît donc autre que l’animal. Il s’en distingue par la pensée, mais aussi parce qu’à la différence de l’animal, il est un être conscient. Il a conscience par exemple de sa liberté : quand il agit d’une certaine manière, il sait qu’il aurait pu agir autrement. Malgré certains déterminismes qui pèsent sur lui, il sait qu’il n’est pas victime de forces aveugles ; qu’il est capable de les surmonter, de maîtriser progressivement ses déterminismes. Sa vie est une longue et laborieuse conquête de sa liberté. L’homme se créé, en grande partie, par son travail.

 

L’homme est donc un corps – ce qui le rapproche de l’animal ; mais aussi un esprit – ce qui l’en distingue radicalement, ontologiquement. Ainsi, tandis que chez toutes les espèces animales, l’union sexuelle et la mort sont des évènements purement biologiques, l’homme, dès la plus lointaine préhistoire, a célébré l’amour et la mort par des cérémonies nuptiales et funéraires : signe qu’il sait dominer son instinct et qu’il est capable d’actes non nécessaires.

 

D’où vient notre esprit ? Quelle peut bien être l’origine de notre pensée, de notre conscience ? Sont-elles secrétées par le cerveau comme le foie secrète la bile ? Ou viennent-elles d’ailleurs ? Nécessaire à la production de notre pensée et de notre conscience – à la manière d’un instrument –, le cerveau ne peut raisonnablement en être l’auteur. Diriez-vous que la Joconde a été produite par un pinceau, ou que les fugues de Bach ont été composées par un orgue ? Il ne faut pas prendre une condition pour une cause, ni un instrument pour un artiste. L’esprit ne peut provenir de la matière brute.

 

D’où vient alors ce principe spirituel qui informe le corps, l’anime, le combat même, tout en lui restant intimement uni ? Pour qui réfléchit vraiment, l’origine de l’esprit humain ne peut s’expliquer sans recourir à l’intervention d’une Intelligence supérieure immatérielle, géniale et créatrice, de laquelle notre esprit est issu, et dont il est lui-même le reflet – un pâle reflet certes, puisque reflet dans une créature finie de ce qu’est le Créateur infini en Lui-même ; mais un véritable reflet. « Insensés, quand comprendrez-vous ? Lui qui planta l’oreille, il n’entendrait pas ? Lui qui façonna l’œil, il ne verrait pas ? » (Ps 94. 8-9).

 

Nous trouvons donc une trace de l’existence d’un Dieu-Esprit personnel et Intelligent dans l’existence de notre propre esprit – de notre propre pensée et de notre propre conscience. Car de quelle autre origine pourrait bien provenir cet être capable de dire « Je » ? D’où pourrait bien nous venir cette capacité d’imaginer, de vouloir et d’aimer ? cette faculté de porter nos amis dans notre cœur, sinon de Celui qui nous porte depuis toujours dans le Sien, et qui suscite des êtres semblables à Lui, capables de se penser eux-mêmes et d’entrer en relation avec d’autres personnes ?

 

Seule une intelligence lucide et souverainement puissante est capable créer une intelligence lucide. La matière, elle-même, est inintelligente. Elle est incapable de produire par elle-même et par ses seules ressources un esprit humain. Même livrée au hasard (à une infinité de combinaisons), elle ne peut faire surgir à elle seule la moindre intelligence. Car le hasard, par définition, est aveugle. Par conséquent, ce qui nous permet d’affirmer qu’une Intelligence créatrice existe et qu’Elle est une Personne, c’est l’existence même des personnes humaines intelligentes que nous sommes. Seul un Être éminemment intelligent et personnel peut être à l’origine de personnes intelligentes. Nous sommes, nous les hommes, la meilleure preuve de l’existence de Dieu.

 

3.2. La loi morale inscrite dans notre cœur

 

Conscient, intelligent et libre, l’homme se sait responsable de ses actions bonnes ou mauvaises. Quand sa volonté défaille, il a conscience d’avoir violé en lui une loi inscrite au fond de son cœur lui intimant de faire le bien et d’éviter le mal. J’en viens donc au deuxième point que nous avons évoqué : nous pouvons encore démontrer l’existence de Dieu par la loi morale inscrite dans notre cœur.

 

Un mot de Kant est resté célèbre : « Deux choses me remplissent l’âme d’un respect et d’une admiration sans cesse renaissants : le ciel étoilé au-dessus de nos têtes et la loi morale au-dedans de nous-mêmes ».

 

Quand on y réfléchit, l’homme est le seul être au monde qui soit capable d’un mouvement altruiste, d’un geste gratuit, d’un acte d’amour pur en dehors de la sphère restreinte des affections instinctives, familiales ou sexuelles. Le soldat qui donne à boire à un ennemi mourant, le passant qui se jette à l’eau pour secourir un noyé, accomplissent des actes biologiquement inconcevables. « Le petit chien de M. Bergeret, écrit Anatole France, ne regarde jamais le ciel bleu incomestible »… L’homme, lui, peut risquer sa vie pour ses idées.

 

Tout homme peut prendre conscience de l’existence d’une loi morale inscrite au plus profond de son être qui lui commande certains actes et lui en défend d’autres. Et selon qu’il obéit ou non à cette Loi morale, il éprouvera la joie ou le remords.

 

C’est donc bien qu’il existe un Législateur universel et suprême, qui commande à la volonté humaine à faire le bien et à éviter le mal ; un témoin de toutes nos actions ; un Juge infaillible auquel nous devrons rendre compte un jour de tous nos actes – c’est donc bien que notre vie est ordonnée, et qu’elle a un sens. Nous pressentons tout cela par les joies ou les tourments de notre conscience que nous éprouvons chaque fois que nous faisons le bien ou le mal. Or, ce Législateur, ce témoin, ce Juge suprême, qui cela peut-il donc être, sinon Dieu, le Principe de tout Bien ? La matière ? Mais la matière ne fait pas de morale ! Le « Bien » par définition est une notion métaphysique qui se situe au-delà de la matière. Dès lors, on le voit : les thèses dites rationalistes et matérialistes n’expliquent pas tout. Elles se heurtent au problème de la morale, de l’existence objective du Bien et du Mal, de l’existence d’êtres héroïques dans leur pratique de la Charité et du Bien.

 

Si l’existence de notre « moi » témoigne de l’existence d’un Dieu personnel, la loi morale inscrite au plus profond de notre cœur apparaît comme la marque, l’empreinte digitale d’un Dieu Législateur, témoin et Juge de tous nos actes, bons ou mauvais. La troisième manière de prouver l’existence de Dieu à partir de notre être, de ce que nous sommes, c’est l’existence en nous d’un désir infini d’accomplissement et d’épanouissement.

 

3.3. Notre désir d’infini

 

Le désir infini, l’insatisfaction fondamentale du cœur de l’homme me paraissent tout aussi étranges que le fait d’être. Nous ne sommes jamais comblés par ce monde. Nous voudrions récolter plus de sourires et de félicitations que nous n’en recevons, savoir plus que nous n’en savons, réaliser plus de choses que nous n’en faisons. L’artiste ne se satisfait jamais de son œuvre, ni le savant de ses découvertes, ni l’athlète de ses performances. On veut toujours aller plus haut, toujours plus loin. L’amoureux lui-même n’est jamais satisfait des marques d’amour qu’il a manifestées, ni des signes qu’il a reçu de l’être aimé. Dire : « c’est suffisant comme cela » n’est pas digne de l’homme. Oui : l’homme est un perpétuel insatisfait ; il est habité d’un désir d’infini.

 

C’est si vrai que la publicité commerciale est basée sur cette insatisfaction et ce besoin d’infini. Simplement, elle nous fait croire que le bonheur consiste à avoir plus, alors qu’il réside dans le fait d’être plus ; d’aimer et d’être aimé.

 

Pour moi, ce manque infini qui existe en l’homme est l’image, le signe, la marque en creux du Créateur. Le désir d’absolu porte l’empreinte de Dieu. Car d’où vient cette coexistence, en chacun de nous, d’un « Je » si limité et de cette idée d’infini, de cette idée de Dieu ? Cette co-existence, considérait Descartes, m’indique deux choses : que je ne suis à l’origine 1°) ni de ma propre existence, 2°) ni de l’existence en moi de cette idée de Dieu. Si je m’étais donné l’existence, je me la serait donnée aussi merveilleuse, aussi parfaite que celle dont je possède l’idée. Et comment l’univers limité dans lequel je suis plongé pourrait-il me fournir cette idée de Dieu qui m’habite irrésistiblement ? C’est donc que cette idée doit venir d’ailleurs… Elle est, dans mon esprit, le sceau que l’Ouvrier divin ne cesse d’imprimer sur son Œuvre.

 

Si l’homme s’expliquait tout seul, s’il n’était qu’un combiné de forces physico-chimiques, il se suffirait à lui-même. Or, rien ne lui suffit ; il est le seul animal à ne jamais trouver ce qu’il cherche. C’est d’ailleurs ce goût d’infini qui lui permet tous les progrès, scientifiques ou autres. L’homme est donc infiniment plus que ses constituants.

 

Les sciences positives peuvent-elles apporter une réponse à l’interrogation du cœur de l’homme sur l’existence d’un infini de connaissance et d’amour ? Si elle disent de plus en plus profondément ce qu’est l’homme en ses constituants, elles ne peuvent répondre à la question : pourquoi l’homme est-il ce qu’il est ? Par ses découvertes, les sciences expérimentales élargissent, plus qu’elles ne la comblent, la soif de connaissance de l’homme, sans donner de réponse définitive à son interrogation essentielle sur le sens de la vie.

 

L’homme porte en lui une immense aspiration à vivre toujours, pourtant il est le seul parmi tous les êtres vivants à savoir qu’il doit mourir. Qui donc a mis en lui cette soif de vie ? Heureux l’homme qui, loin d’être scandalisé par l’insatisfaction perpétuelle de ses désirs, y voit le signe que Dieu seul en vérité peut désaltérer sa soif. « Tu nous a fait pour Toi, Seigneur, disait St Augustin, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi ».

 

La soif du divin est si intense chez l’homme que s’il ne trouve pas le vrai Dieu, il déifie n’importe quoi et met de l’Absolu dans l’Etat, l’argent ou le sexe. Un auteur contemporain (Michel Hubault) décrit très bien l’insatisfaction profonde que ressentent beaucoup de couples ou de religieux qui avaient imaginé un peu vite qu’ils trouveraient dans leur vie conjugale ou dans leur vie communautaire la satisfaction totale de leur désir de transparence ou d’échanges en profondeur. Un jour ou l’autre, ils découvriront que Dieu seul peut combler leur désir d’être totalement compris, pleinement comblés, infiniment aimés !

 

« Assoiffés d’amitié, d’amour, poussés par ce besoin incoercible d’aimer et d’être aimés, nous rêvons facilement de fusion, de transparence, de couple parfait, ou de groupe unanime. Rêve plus aliénant que libérateur et qui prépare des lendemains qui ne chanteront pas du tout. Bien des enthousiasmes, insuffisamment enracinés dans la condition humaine, engendrent des amoureux déçus, des frères ou des sœurs aigris ou amers. La désillusion fabrique des individualistes blindés qui se promettent dans leur cœur blessé qu’on n’est pas prêt de leur refaire le coup de la « fraternité » ou de « l’amour conjugal ».

 

« On a tout simplement oublié de leur dire, au départ, que pour réunir une vraie relation humaine, il faut avoir assumé, avec humilité et humour, le mystère de l’homme. Tous ces désirs d’être aimé, reconnu, de posséder lui révèlent son désir infini, son incomplétude radicale, l’inachèvement profond de son être. Voilà sa grandeur et sa souffrance. L’homme demeure cet être étrange en quête d’un bonheur, d’un amour insaisissable dont il ignore lui-même le contenu exact.

 

« Les confidences des couples les plus heureux nous dévoilent qu’aucune relation humaine, fut-elle la plus intense et la mieux réussie, ne peut totalement combler le désir de l’homme. Il y a en lui une zone de solitude incontournable, incommunicable, une sorte de pauvreté, de béance…

 

« Et plus l’homme avance en âge, plus il pressent qu’aucune possession terrestre, aucune reconnaissance humaine ne lui suffisent. Combien de grands hommes qui ont tenu l’Avant scène dans le monde politique, littéraire ou artistique, gavés d’honneurs, d’interviews, de flasches, de manchettes de journaux, de prix, découvrent soudain, au soir de leur vie, quand les feux de la rampe se sont éteints, une solitude intérieure insurmontable. Etrange animal que cet homme mortel dont le désir demeure illimité.

 

« La Révélation chrétienne soulève un pan de ce mystère. Ce désir, ne serait-il pas un appel en creux de la plénitude de Dieu comme amour comblant, souverain bien, finalité ultime de tout être créé ? Ce mystère entrevu doit toujours sous tendre nos débats quand nous parlons de fraternité et d’amour humain. Sans aucun doute, cette capacité d’aimer et d’être aimé est la grandeur et la noblesse de l’homme. Mais ne demandons pas à notre conjoint ou à nos frères ce qu’ils ne pourront jamais nous donner : la plénitude de Dieu. Nos relations fraternelles, amoureuses, ne seront heureuses qu’à la condition de ne pas en faire des absolus. L’absolu n’est pas à la mesure de l’homme. Sacraliser la fraternité ou le couple, sans les ouvrir à la transcendance de Dieu, c’est risquer la supercherie ou la désespérance.

 

« Notre conjoint, nos confrères, avec leurs défauts et leurs limites, sont des compagnons de route, des trésors de vie, de tendresse, des richesses complémentaires, des appels, des chemins, des sacrements, mais ils ne seront jamais le but absolu de notre désir et de notre marche. »

 

La plus belle marque de l’Ouvrier divin sur son œuvre, c’est donc – comme disait Descartes – la nostalgie de perfection qu’Il a mises dans le fond de notre cœur.

 

Mais il est un dernier signe en nous de l’existence de Dieu qu’il nous faut mentionner : c’est notre exigence de justice.

 

3.4. Notre exigence de justice

 

La révolte de notre conscience morale contre l’injustice est sans doute l’une des plus éloquentes manifestations de Dieu au cœur de l’espérance humaine. « Si Dieu n’existait pas, remarquait Gustave Thibon, si un ordre spirituel n’était pas immanent au monde, si le chaos était roi de tout, il serait aussi roi de ton âme et tu ne t’indignerait pas. Ton scandale et ton angoisse en face de l’ordre violé rendent témoignage au Créateur de cet ordre ».

 

Heureux celui qui reconnaît dans le cri obstiné de son âme face à la médiocrité des hommes et au souvenir de ses propres lâchetés, l’écho d’une exigence absolue de justice qui s’impose à tous les hommes.

 

3.5. En conclusion

 

L’homme est assurément la plus approchante des images de Dieu, le plus parfait de ses signes. Par son être transcendant la matière et son animalité, il dit l’être transcendant du Créateur ; par son esprit, il révèle une intelligence supérieure ; par la soif d’infini qui habite son cœur, il dévoile quelque chose de l’infinité de Dieu.

 

 

Bibliographie de cette partie consacrée aux preuves rationnelles de l'existence de Dieu (2/2) :

- Abbé Pierre DESCOUVEMONT, « Guide des difficultés de la foi catholique », 1989
- Exposition de la doctrine chrétienne, Tome I, « Le Dogme», Editions Fideliter, 1992
- Jacques LACOURT, « Croire en Dieu : est-ce possible aujourd’hui ? », Droguet & Ardant, 1991
- Mgr André-Mutien LEONARD, « Les raisons de croire », Communio Fayard, 1987

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5 juin 2010 6 05 /06 /juin /2010 09:09

Très intéressante interview des frères Bogdanov (mais qu'ont-ils donc fait de leur visage???) sur le Big Bang et ses implications métaphysiques. "Si vous mettez des allumettes à côté d’un bâton de dynamite, écrivions-nous ici-mêmejamais le bâton de dynamite n’explosera si quelqu’un n’allume pas la mèche. A fortiori si les allumettes et le bâton de dynamite n’existent pas..." Les frères Bogdanov nous éclaire sur l'identité de Celui qui a "craqué" la première allumette....

 

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 23:00

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de la rencontre avec les membres du Conseil du Synode des Evêques, à la nonciature de Yaoundé, le 19 mars 2009.

 

Je voudrais (…) suggérer quelques réflexions sur le thème proprement dit de la Deuxième Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques, relatif à la réconciliation, à la justice et à la paix.

 

Selon le Concile Œcuménique Vatican II, « l’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (LG1). Pour bien remplir sa mission, l’Église doit être une communauté de personnes réconciliées avec Dieu et entre elles. De cette manière, elle peut annoncer la Bonne Nouvelle de la réconciliation à la société actuelle, qui connaît malheureusement en de nombreux lieux des conflits, des violences, des guerres, et de la haine. Votre continent n’a pas été épargné, hélas, et il a été et est encore le triste théâtre de graves tragédies qui appellent à une vraie réconciliation entre les peuples, les ethnies et les hommes. Pour nous chrétiens, cette réconciliation s’enracine dans l’amour miséricordieux de Dieu le Père et elle se réalise à travers la personne du Christ-Jésus, qui, dans l’Esprit Saint, a offert à tous la grâce de la réconciliation. Les conséquences se manifesteront alors par la justice et la paix, indispensables pour construire un monde meilleur.

 

En réalité, qu’y a-t-il de plus dramatique, dans le contexte sociopolitique et économique actuel du continent africain, que le combat souvent sanglant entre groupes ethniques ou peuples frères ? Et si le Synode de 1994 a insisté sur l’Église-Famille de Dieu, quel peut être l’apport de celui de cette année à la construction de l’Afrique, assoiffée de réconciliation et à la recherche de la justice et de la paix ? Les guerres locales ou régionales, les massacres et les génocides qui se déroulent sur le continent doivent nous interpeller de manière toute particulière : s’il est vrai qu’en Jésus Christ, nous appartenons à la même famille et partageons la même vie, puisque dans nos veines circule le même Sang du Christ, qui fait de nous les fils de Dieu, membres de la Famille de Dieu, il ne devrait donc plus y avoir de haines, d’injustices et de guerres entre frères.

 

Constatant le développement de la violence et l'émergence de l'égoïsme en Afrique, le Cardinal Bernardin Gantin, de vénérée mémoire, appelait, dès 1988, à une théologie de la Fraternité, comme réponse aux appels pressants des pauvres et des plus petits (Osservatore Romano, éd. française, 12 avril 1988, pp.4-5). Il lui venait peut-être en mémoire ce qu’écrivait l'Africain Lactance à l'aube du IVe siècle : « Le premier devoir de la justice est de reconnaître l'homme comme un frère. De fait, si le même Dieu nous a faits et nous a tous engendrés dans la même condition, en vue de la justice et de la vie éternelle, nous sommes assurément unis par des liens de fraternité : celui qui ne les reconnaît pas est injuste » (Epitomé des Institutions Divines, 54, 4-5 ; SC 335, p. 210). L’Église-Famille de Dieu qui est en Afrique, a réalisé une option préférentielle pour les pauvres, depuis la Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques. Elle manifeste ainsi que la situation de déshumanisation et d’oppression qui afflige les peuples africains n’est pas irréversible ; au contraire, elle met chacun face à un défi, celui de la conversion, de la sainteté et de l’intégrité.

 

Le Fils, à travers lequel Dieu nous parle, est lui-même Parole devenue chair. Cela a été l’objet des réflexions de la récente douzième Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques. Devenue chair, cette Parole est à l’origine de ce que nous sommes et faisons ; elle est le fondement de toute vie. C’est donc à partir de cette Parole qu’il faut valoriser les traditions africaines, corriger et perfectionner leur conception de la vie, de l’homme et de la famille. Le Christ Jésus, Parole de vie, est source et accomplissement de toutes nos vies, car le Seigneur Jésus est l’unique médiateur et rédempteur.

 

Il est urgent que les communautés chrétiennes deviennent toujours davantage des lieux d’écoute profonde de la Parole de Dieu, et de lecture méditative de l’Écriture Sainte. C’est par cette lecture méditative et communautaire en Église que le chrétien rencontre le Christ ressuscité qui lui parle et lui redonne l’espérance en la plénitude de vie qu’Il donne au monde.

 

Quant à l’Eucharistie, elle rend le Seigneur réellement présent dans l’histoire. À travers la réalité de son Corps et de son Sang, le Christ tout entier se rend substantiellement présent dans nos vies. Il est avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps (cf. Mt 28, 20) et Il nous renvoie à nos réalités quotidiennes afin que nous puissions les remplir de sa présence. Dans l’Eucharistie, il est mis clairement en évidence que la vie est une relation de communion avec Dieu, avec nos frères et nos sœurs, et avec la Création tout entière. L’Eucharistie est source d’unité réconciliée dans la paix.

 

La Parole de vie et le Pain de la vie offrent lumière et nourriture, comme antidote et viatique dans la fidélité au Maître et Pasteur de nos âmes, afin que l’Église en Afrique réalise le service de la réconciliation, de la justice et de la paix, selon le programme de vie donné par le Seigneur lui-même : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde » (Mt5, 13.14). Pour l’être vraiment, les fidèles doivent se convertir et suivre Jésus Christ, devenir ses disciples, pour être témoins de son pouvoir salvifique. Durant sa vie terrestre, Jésus était « puissant par ses actions et ses paroles » (Lc24, 19). Par sa résurrection, il a soumis toute autorité et pouvoir (cf. Col2, 15), toute puissance du mal pour rendre libres ceux qui ont été baptisés en son nom. « Si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres » (Ga5, 1). La vocation chrétienne consiste à se laisser libérer par Jésus Christ. Il a vaincu le péché et la mort et il offre à tous la plénitude de la vie. Dans le Seigneur Jésus, il n’y a plus ni juif ni païen, ni homme, ni femme (cf. Ga 3, 28). Dans sa chair, il a réconcilié tous les peuples. Avec la force de l’Esprit Saint, j’adresse à tous cet appel : « Laissez-vous réconcilier ! » (2 Co5, 20). Aucune différence ethnique ou culturelle, de race, de sexe ou de religion ne doit devenir entre vous un motif d’affrontement. Vous êtes tous fils de l’unique Dieu, notre Père, qui est aux cieux. Avec cette conviction, il sera alors possible de construire une Afrique plus juste et pacifique, à la hauteur des attentes légitimes de tous ses fils.

  

 

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 12:57

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de la rencontre avec les membres du Conseil du Synode des Evêques, à la nonciature de Yaoundé (Cameroun), le 19 mars 2009.

 

Messieurs les Cardinaux, chers frères dans l’Épiscopat,

 

C’est avec une joie profonde que je vous salue tous, en cette terre d’Afrique. Pour elle, en 1994, une Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques a été convoquée par mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, en signe de sollicitude pastorale pour ce continent aussi riche de promesses que de besoins humains, culturels et spirituels pressants. Je l’ai appelé ce matin « le continent de l’espérance ». Je me souviens avec gratitude de la signature de l’Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, qui eut lieu ici même voici 14 ans, en la Fête de l’Exaltation de la Croix, le 14 septembre1995 (…).

 

Je remercie vivement les Cardinaux, les Archevêques et les Evêques, membres du Conseil Spécial pour l’Afrique, pour leur collaboration experte à la rédaction des Lineamenta et de l’Instumentum laboris. Je vous suis reconnaissant, chers confrères dans l’Épiscopat, d’avoir présenté également dans vos contributions des aspects importants de la situation ecclésiale et sociale actuelle de vos pays d’origine et de la région. Vous avez souligné ainsi le grand dynamisme de l’Église en Afrique, mais vous avez également évoqué les défis, les grands problèmes de l’Afrique que le Synode devra examiner, afin que dans l’Eglise en Afrique la croissance ne soit pas seulement quantitative mais aussi qualitative.

 

Chers frères, pour ouvrir mon propos, il me semble important de souligner que votre continent a été sanctifié par Notre Seigneur Jésus lui-même. A l’aube de sa vie terrestre, de tristes circonstances lui ont fait fouler le sol d’Afrique. Dieu a choisi votre continent pour devenir la demeure de Son Fils. A travers Jésus, Dieu est venu au-devant de tous les hommes, certes, mais aussi d’une façon particulière au-devant de l’homme africain. L’Afrique a offert au Fils de Dieu une terre nourricière et une protection efficace. A travers Jésus, il y a deux mille ans déjà, Dieu a apporté lui-même le sel et la lumière à l’Afrique. Depuis lors, la semence de sa présence est enfouie dans les profondeurs des cœurs de ce cher continent et elle germe peu à peu au-delà et à travers les aléas de l’histoire humaine de votre continent. A cause de la venue du Christ qui l'a sanctifiée par sa présence physique, l'Afrique a reçu un appel particulier à connaître le Christ. Que les Africains en soient fiers! En méditant et en approfondissant spirituellement et théologiquement cette première étape de la kénose, l'Africain pourra trouver les forces suffisantes pour affronter son quotidien parfois très dur, et il pourra découvrir alors d'immenses espaces de foi et d'espérance qui l'aideront à grandir en Dieu.

 

Quelques moments significatifs de l'histoire chrétienne de ce continent peuvent nous rappeler le lien intime qui existe depuis ses origines entre l’Afrique et le christianisme.

 

Selon la vénérable tradition patristique, l’évangéliste Saint Marc, qui a « transmis par écrit ce qui a été prêché par Pierre » (Irénée, Adversus Haereses III, I, 1) vient à Alexandrie ranimer la semence plantée par le Seigneur. Cet évangéliste a témoigné en Afrique de la mort sur la croix du Fils de Dieu – ultime moment de la kénose –, et de son élévation souveraine, afin que « toute langue proclame : ‘Jésus Christ est le Seigneur’ pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 11). La Bonne Nouvelle de la venue du Règne de Dieu s’est répandue rapidement dans le nord de votre continent, où elle a eu d’illustres martyrs et saints, et d’où elle a engendré d’insignes théologiens.

 

Après avoir été mise à l’épreuve par des vicissitudes historiques, la chrétienté n’a subsisté durant presque un millénaire que dans la partie nord-orientale de votre continent. Avec l’arrivée des Européens qui cherchaient la route des Indes, aux XVe et XVIe siècles, les populations sub-sahariennes ont rencontré le Christ. Ce sont les populations côtières qui, en premier, reçurent le baptême. Aux XIXe et au XXe siècle, l’Afrique sub-saharienne a vu arriver des missionnaires, hommes et femmes provenant de tout l’Occident, d’Amérique latine et même d’Asie. Je désire rendre hommage à la générosité de leur réponse inconditionnelle à l’appel du Seigneur et à leur ardent zèle apostolique.

 

Ici, je voudrais aller plus avant et parler des catéchistes africains, compagnons inséparables des missionnaires dans l’évangélisation. Dieu avait préparé le cœur de certains laïcs africains, hommes et femmes, jeunes et plus âgés, pour recevoir Ses dons et pour porter la lumière de Sa Parole à leurs frères et sœurs. Laïcs avec les laïcs, ils ont su trouver dans la langue de leurs pères les mots de Dieu qui touchèrent le cœur de leurs frères et sœurs. Ils ont su partager la saveur du sel de la Parole et donner splendeur à la lumière des Sacrements qu’ils annonçaient. Ils ont accompagné les familles dans leur croissance spirituelle, ils ont encouragé les vocations sacerdotales et religieuses, et ils ont servi de lien entre leurs communautés et les prêtres et les évêques. Avec naturel, ils ont opéré une inculturation réussie qui a porté de merveilleux fruits (cf. Mc 4, 20). Ce sont les catéchistes qui ont permis que la « lumière brille devant les hommes » (Mt 5, 16), car en voyant le bien qu’ils faisaient, des populations entières ont pu rendre gloire à Notre Père qui est aux cieux. Ce sont des Africains qui ont évangélisé des Africains. En évoquant leur souvenir glorieux, je salue et j’encourage leurs dignes successeurs qui œuvrent aujourd’hui avec la même abnégation, le même courage apostolique et la même foi que leurs devanciers. Que Dieu les bénisse généreusement ! Durant cette période, la terre africaine a aussi été bénie par de nombreux Saints. Je me contente de nommer les martyrs de l'Ouganda, les grands missionnaires Anne-Marie Javouhey et Daniele Comboni, ainsi que Sœur Anuarite Nengapeta et le catéchiste Isidore Bakanja, sans oublier l'humble Joséphine Bakhita.

 

Nous sommes actuellement dans un moment historique qui coïncide du point de vue civil avec l’indépendance retrouvée et du point de vue ecclésial avec le Second Concile du Vatican. L’Église en Afrique a préparé et accompagné durant cette période la construction des nouvelles identités nationales et, parallèlement, elle a cherché à traduire l’identité du Christ selon des voies propres. Alors que la Hiérarchie s’était peu à peu africanisée depuis l’ordination par le Pape Pie XII des évêques de votre continent, la réflexion théologique a commencé à prendre essor. Il serait bon aujourd’hui que vos théologiens continuent d’explorer la profondeur du mystère trinitaire et sa signification pour le quotidien africain. Ce siècle permettra peut-être, avec la grâce de Dieu, la renaissance, sur votre continent, mais certainement sous une forme différente et nouvelle, de la prestigieuse Ecole d’Alexandrie. Pourquoi ne pas espérer qu’elle puisse fournir aux Africains d’aujourd’hui et à l’Église universelle de grands théologiens et des maîtres spirituels qui contribueraient à la sanctification des habitants de ce continent et de l’Église entière ? La Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques a permis d’indiquer les directions à prendre et a mis en évidence, entre autres, la nécessité d’approfondir et d’incarner le mystère d’une Église-Famille.

 

 

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 17:59

En cette semaine de la Sainte Trinité, nous reprenons notre méditation du mystère de Dieu avec le Père Guy Pagès.

Le Père Pagès nous invite aujourd'hui à contempler le Verbe, deuxième personne de la Trinité Adorable, "engendré, non pas créé, consubstantiel au Père".
 

 

9 Du Verbe de Dieu
envoyé par abbepages.

 

 

 

Revoir les précédentes vidéos :

1. 
La Trinité, au coeur de tous les mystères de la Foi

2. Les chrétiens sont-ils polythéistes?

3. Le dogme de la Sainte Trinité est-il biblique?

4. Au coeur du mystère de la Trinité (la Trinité dans la Tradition catholique)

5. La Trinité, selon ce que la Raison humaine peut comprendre

6. Trinité divine et Raison humaine

7. Le Père se connaît par le Fils

8. Dieu est connaissance, amour et joie


Relire également :

1.  Le mystère de la Très Sainte Trinité
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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 16:38

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de sa visite au Centre Cardinal Paul Emile Léger de Yaoundé, le 19 mars 2009.

 

(…) Monsieur le Directeur du Centre Cardinal Léger,

Cher personnel soignant, chers malades,

 

J’ai vivement souhaité passer ces moments avec vous et je suis heureux de pouvoir vous saluer chers frères et sœurs qui portez le poids de la maladie et de la souffrance. Dans cette douleur, vous n’êtes pas seuls, car le Christ lui-même est solidaire de tous ceux qui souffrent. Il révèle aux malades et aux infirmes la place qu’ils ont dans le cœur de Dieu et dans la société. L’évangéliste Marc nous donne en exemple la guérison de la belle-mère de Pierre : « Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade, est-il écrit. Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main, et la fit lever » (Mc 1, 30-31). Dans ce passage de l’Évangile, nous voyons Jésus vivre une journée auprès des malades pour les soulager. Il nous montre ainsi, par des gestes concrets, sa tendresse et sa bienveillance fraternelles pour tous ceux qui ont le cœur brisé et le corps blessé.

 

Depuis ce Centre qui porte le nom du Cardinal Paul-Émile Léger, fils du Canada, qui était venu chez vous pour soulager les corps et les âmes, je n’oublie pas ceux qui, chez eux, dans les hôpitaux, dans des établissements spécialisés ou des dispensaires, sont porteurs d’un handicap, qu’il soit moteur ou mental, ni ceux qui portent dans leur chair la trace de violences et de guerres. Je pense aussi à tous les malades et, spécialement ici, en Afrique, à ceux qui sont victimes de maladies comme le SIDA, le paludisme et la tuberculose. Je sais combien chez vous l’Église catholique est fortement engagée dans une lutte efficace contre ces terribles fléaux, je l’encourage à poursuivre avec détermination cette œuvre si urgente. À vous qui êtes éprouvés par la maladie et la souffrance, à toutes vos familles, je souhaite apporter de la part du Seigneur un peu de réconfort, vous redire mon soutien, et vous inviter à vous tourner vers le Christ et vers Marie qu’il nous a donnée pour Mère. Elle a connu la douleur, et elle a suivi son Fils sur le chemin du Calvaire, en conservant dans son cœur l’amour même que Jésus est venu apporter à tous les hommes.

 

Devant la souffrance, la maladie et la mort, l’homme est tenté de crier sous l’effet de la douleur, comme le fit Job, dont le nom signifie ‘souffrant’ (cf. Grégoire le Grand, Moralia in Job, I, 1, 15). Jésus lui-même a crié, peu avant de mourir (cf. Mc 15, 37 ; He 5, 7). Quand notre condition se dégrade, l’angoisse augmente ; certains sont tentés de douter de la présence de Dieu dans leur existence. Job, au contraire, est conscient de la présence de Dieu dans sa vie ; son cri ne se fait pas révolte, mais, du plus profond de son malheur, il fait monter sa confiance (cf. Job 19 ; 42, 2-6). Ses amis, comme chacun de nous face à la souffrance d’un être cher, s’efforcent de le consoler, mais ils emploient des mots creux et vides.

 

Face aux tourments, nous nous sentons démunis et nous ne trouvons pas les mots justes. Devant un frère ou une sœur plongé dans le mystère de la Croix, le silence respectueux et compatissant, notre présence habitée par la prière, un geste de tendresse et de réconfort, un regard, un sourire, en font plus parfois que bien des discours. Cette expérience a été vécue par un petit groupe d’hommes et de femmes, dont la Vierge Marie et l’Apôtre Jean, qui ont suivi Jésus au cœur de sa souffrance lors de sa Passion et de sa mort sur la Croix. Parmi eux, nous rapporte l’Évangile, se trouvait un Africain, Simon de Cyrène. Il fut chargé d’aider Jésus à porter sa Croix sur le chemin du Golgotha. Cet homme, bien involontairement, est venu en aide à l’Homme des douleurs, abandonné par tous les siens et livré à une violence aveugle. L’histoire rapporte donc qu’un Africain, un fils de votre continent, a participé, au prix de sa propre souffrance, à la peine infinie de Celui qui rachetait tous les hommes, y compris ses bourreaux. Simon de Cyrène ne pouvait pas savoir qu’il avait son Sauveur devant les yeux. Il a été « réquisitionné » pour l’aider (cf. Mc 15, 21) ; il a été contraint, forcé à le faire. Il est difficile d’accepter de porter la croix d’un autre. Ce n’est qu’après la résurrection qu’il a pu comprendre ce qu’il avait fait. Ainsi en va-t-il de chacun de nous, frères et sœurs : au cœur de la détresse, de la révolte, le Christ nous propose sa présence aimante même si nous avons du mal à comprendre qu’Il est à nos côtés. Seule la victoire finale du Seigneur nous dévoilera le sens définitif de nos épreuves.

 

Ne peut-on pas dire que tout Africain est en quelque sorte membre de la famille de Simon de Cyrène ? Tout Africain et tout homme qui souffrent, aident le Christ à porter sa Croix et montent avec lui au Golgotha pour ressusciter un jour avec lui. En voyant l’infamie dont Jésus est l’objet, en contemplant son visage sur la Croix, et en reconnaissant l’atrocité de sa douleur, nous pouvons entrevoir, par la foi, le visage rayonnant du Ressuscité qui nous dit que la souffrance et la maladie n’auront pas le dernier mot dans nos vies humaines. Je prie, chers frères et sœurs, pour que vous sachiez vous reconnaître dans ce ‘Simon de Cyrène’. Je prie, chers frères et sœurs malades, pour que beaucoup de ‘Simon de Cyrène’ viennent aussi à votre chevet.

 

Depuis la résurrection et jusqu’à nos jours, nombreux sont les témoins qui se sont tournés, avec foi et espérance, vers le Sauveur des hommes, en reconnaissant sa présence au cœur de leur épreuve. Le Père de toutes les miséricordes accueille toujours avec bienveillance la prière de celui qui se tourne vers Lui. Il répond à notre appel et à notre prière, comme Il le veut et quand Il veut, pour notre bien et non pas suivant nos désirs. A nous de discerner sa réponse et d’accueillir les dons qu’Il nous offre comme une grâce. Fixons notre regard sur le Crucifié, avec foi et courage, car de Lui nous viennent la Vie, le réconfort, les guérisons. Sachons regarder Celui qui veut notre bien et sait essuyer les larmes de nos yeux. Sachons nous abandonner dans ses bras, comme un petit enfant dans les bras de sa mère.

 

Les Saints nous en ont donné un bel exemple par leur vie entièrement remise à Dieu, notre Père. Sainte Thérèse d’Avila, qui avait placé son monastère sous le patronage de saint Joseph, a été guérie d’une souffrance le jour même de sa fête. Elle disait qu’elle ne l’avait jamais prié en vain et le recommandait à tous ceux qui prétendaient ne pas savoir prier : « Je ne comprends pas, écrivait-elle, comment on peut penser à la Reine des anges et à tout ce qu’elle essuya de tribulations, durant le bas âge du divin Enfant Jésus, sans remercier saint Joseph du dévouement si parfait avec lequel il vint au secours de l’un et de l’autre. Que celui qui ne trouve personne pour lui enseigner l’oraison choisisse cet admirable saint pour maître, il n’aura pas à craindre de s’égarer sous sa conduite » (Vie, 6). D’intercesseur pour la santé du corps, la sainte voyait en saint Joseph un intercesseur pour la santé de l’âme, un maître d’oraison, de prière.

 

Choisissons-le, nous-aussi, comme maître de prière ! Non seulement nous qui sommes en bonne santé, mais vous aussi, chers malades, et toutes les familles. Je pense tout particulièrement à vous qui faites partie du personnel hospitalier, et à tous ceux qui travaillent dans le monde de la santé. En accompagnant ceux qui souffrent, par votre attention et par les soins que vous leur accordez, vous accomplissez un acte de charité et d’amour que Dieu reconnaît : « J’étais malade, et vous m’avez visité » (Mt 25, 36). À vous, chercheurs et médecins, il revient de mettre en œuvre tout ce qui est légitime pour soulager la douleur ; il vous appartient en premier lieu de protéger la vie humaine, en étant les défenseurs de la vie, depuis sa conception jusqu’à son terme naturel. Pour tout homme, le respect de la vie est un droit et en même temps un devoir, car toute vie est un don de Dieu. Je veux, avec vous, rendre grâce au Seigneur pour tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, œuvrent au service des personnes qui souffrent. J’encourage les prêtres et les visiteurs de malades à s’engager par leur présence active et amicale au sein d’une aumônerie dans les hôpitaux ou à assurer une présence ecclésiale à domicile, pour le réconfort et le soutien spirituel des malades. Conformément à sa promesse, Dieu vous donnera le juste salaire et vous récompensera au ciel.

 

Avant de vous saluer plus personnellement, puis de vous quitter, je veux assurer chacun de vous de ma proximité affectueuse et de ma prière. Je souhaite aussi vous exprimer mon désir qu’aucun de vous ne se sente jamais seul. C’est en effet à tout homme, créé à l’image du Christ, qu’il revient de se faire proche de son prochain. Je vous confie tous et toutes à l’intercession de la Vierge Marie, notre Mère, et à celle de saint Joseph. Que Dieu nous accorde d’être les uns pour les autres, des porteurs de la miséricorde, de la tendresse et de l’amour de notre Dieu et qu’Il vous bénisse !

 

 

 

Source - Vidéo 

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 23:00

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Yaoundé 2009

 

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait de l’homélie prononcée par le Saint Père au Stade Amadou Ahidjo de Yaoundé (Cameroun), le 19 mars 2009.

 

Chers Frères dans l’Episcopat,

 

Chers frères et sœurs,

 

Loué soit Jésus-Christ qui nous réunit aujourd’hui sur ce stade, afin de nous faire pénétrer plus profondément dans sa vie !

 

Jésus-Christ nous rassemble en ce jour où l’Église, ici au Cameroun, comme sur toute la terre, célèbre la fête de Saint Joseph, époux de la Vierge Marie. Je commence par souhaiter une très bonne fête à tous ceux qui, comme moi, ont reçu la grâce de porter ce beau nom, et je demande à Saint Joseph de leur accorder une protection spéciale en les guidant vers le Seigneur Jésus Christ tous les jours de leur vie (…). Nous demandons au Seigneur de garder toujours l’Église sous sa constante protection – et Il le fait ! – exactement comme Joseph a protégé sa famille et a veillé sur les premières années de Jésus enfant.

 

L’Évangile vient de nous le rappeler. L’Ange lui avait dit : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse » (Mt 1, 20) et c’est exactement ce qu’il a fait : « Il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Pourquoi Saint Matthieu a-t-il tenu à noter cette fidélité aux paroles reçues du messager de Dieu, sinon pour nous inviter à imiter cette fidélité pleine d’amour ?

 

La première lecture que nous venons d’entendre ne parle pas explicitement de Saint Joseph, mais elle nous apprend beaucoup de choses sur lui. Le prophète Nathan va dire à David, sur l'ordre de Dieu lui-même : « Je te donnerai un successeur dans ta descendance » (2 S 7, 12). David doit accepter de mourir sans voir la réalisation de cette promesse, qui s’accomplira « quand [sa] vie sera achevée » et qu’il reposera « auprès de [ses] pères ». Ainsi, nous voyons qu’un des vœux les plus chers de l’homme, celui d'être le témoin de la fécondité de son action, n’est pas toujours exaucé par Dieu. Je pense à ceux parmi vous qui sont pères et mères de famille : ils ont très légitimement le désir de donner le meilleur d’eux-mêmes à leurs enfants et ils veulent les voir parvenir à une véritable réussite. Pourtant, il ne faut pas se tromper sur cette réussite : ce que Dieu demande à David, c’est de Lui faire confiance. David ne verra pas lui-même son successeur, celui qui aura un trône « stable pour toujours » (2 S 7, 16), car ce successeur annoncé sous le voile de la prophétie, c’est Jésus. David fait confiance à Dieu. De même, Joseph fait confiance à Dieu, quand il écoute son messager, son Ange, lui dire : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). Joseph est, dans l’histoire, l’homme qui a donné à Dieu la plus grande preuve de confiance, même devant une annonce aussi stupéfiante.


Et vous, chers pères et chères mères de famille qui m’écoutez, avez-vous confiance en Dieu qui fait de vous les pères et les mères de ses enfants d’adoption ? Acceptez-vous qu’Il compte sur vous pour transmettre à vos enfants les valeurs humaines et spirituelles que vous avez reçues et qui les feront vivre dans l’amour et le respect de son saint Nom ? Aujourd’hui où tant de personnes sans scrupule cherchent à imposer le règne de l’argent au mépris des plus démunis, il vous faut être très attentifs. L’Afrique en général, et le Cameroun, en particulier, sont en danger s’ils ne reconnaissent pas le Véritable Auteur de la Vie ! Frères et sœurs du Cameroun et de l’Afrique, vous qui avez reçu de Dieu tant de qualités humaines, ayez soin de vos âmes ! Ne vous laissez pas fasciner par de fausses gloires et de faux idéaux ! Croyez, oui, continuez à croire que Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, est le Seul qui vous aime vraiment comme vous l’attendez, qu’Il est le seul à pouvoir vous combler, à pouvoir donner la stabilité à vos vies. Le Christ est l’unique chemin de Vie.


Seul Dieu pouvait donner à Joseph la force de faire confiance à l’Ange. Seul Dieu vous donnera, chers frères et sœurs qui êtes mariés, la force d’élever votre famille comme Il le veut. Demandez-le Lui ! Dieu aime qu’on Lui demande ce qu’Il veut donner. Demandez-Lui la grâce d’un amour véritable et toujours plus fidèle, à l’image de son propre amour. Comme le dit magnifiquement le psaume : son « amour est bâti pour toujours, [sa] fidélité est plus stable que les cieux » (Ps 88, 3).

 

Comme sur d’autres continents, aujourd’hui, la famille connaît effectivement, dans votre pays et dans le reste de l’Afrique, une période difficile que sa fidélité à Dieu l’aidera à traverser. Certaines valeurs de la vie traditionnelle ont été bouleversées. Les rapports entre générations ont évolué de telle manière qu'ils ne favorisent plus comme avant la transmission des connaissances antiques et de la sagesse héritée des aïeux. Trop souvent, on assiste à un exode rural comparable à celui que de très nombreuses périodes humaines ont connues elles aussi. La qualité des liens familiaux s’en trouve profondément affectée. Déracinés et fragilisés, les membres des jeunes générations, souvent – hélas ! – sans véritable travail, cherchent des remèdes à leur mal de vivre dans des paradis éphémères et artificiels importés dont on sait qu’ils ne parviennent jamais à assurer à l’homme un bonheur profond et durable. Parfois aussi l’homme africain est contraint à fuir hors de lui-même et à abandonner tout ce qui faisait sa richesse intérieure. Confronté au phénomène d’une urbanisation galopante, il quitte sa terre, physiquement et moralement, non pas comme Abraham pour répondre à l’appel du Seigneur, mais pour une sorte d’exil intérieur qui l'écarte de son être même, de ses frères et sœurs de sang et de Dieu lui-même.

 

Y a-t-il là une fatalité, une évolution inévitable ? Certes non ! Plus que jamais, nous devons « espérer contre toute espérance » (Rm 4, 18). (…) La première priorité consistera à redonner sens à l’accueil de la vie comme don de Dieu. Pour l’Ecriture Sainte comme pour la meilleure sagesse de votre continent, l’arrivée d’un enfant est une grâce, une bénédiction de Dieu. L’humanité est aujourd’hui conviée à modifier son regard : en effet, tout être humain, tout petit d’homme, aussi pauvre soit-il, est créé « à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1, 27). Il doit vivre ! La mort ne doit pas l’emporter sur la vie ! La mort n’aura jamais le dernier mot !

 

Fils et filles d'Afrique, n’ayez pas peur de croire, d’espérer et d’aimer, n’ayez pas peur de dire que Jésus est le Chemin, la Vérité et la Vie, et que par Lui seulement nous pouvons être sauvés. Saint Paul est bien l’auteur inspiré que l’Esprit Saint a donné à l’Église pour y être le « docteur des nations » (1 Tm 2, 7), lorsqu’il nous dit qu’Abraham « espérant contre toute espérance, a cru et est ainsi devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la Parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras ! » (Rm 4, 18).

 

« Espérant contre toute espérance » : n’est-ce pas une magnifique définition du chrétien ? L’Afrique est appelée à l’espérance à travers vous et en vous ! Avec le Christ Jésus, qui a foulé le sol africain, l’Afrique peut devenir le continent de l’espérance ! Nous sommes tous membres des peuples que Dieu a donnés comme descendance à Abraham. Chacun et chacune d’entre nous est pensé, voulu et aimé par Dieu. Chacun et chacune d’entre nous a son rôle à jouer dans le plan de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Si le découragement vous envahit, pensez à la foi de Joseph ; si l’inquiétude vous prend, pensez à l’espérance de Joseph, descendant d’Abraham qui espérait contre toute espérance ; si le dégoût ou la haine vous saisit, pensez à l’amour de Joseph, qui fut le premier homme à découvrir le visage humain de Dieu, en la personne de l’Enfant conçu par l’Esprit Saint dans le sein de la Vierge Marie. Bénissons le Christ de s’être fait aussi proche de nous et rendons-Lui grâce de nous avoir donné Joseph comme exemple et modèle de l'amour à son égard.

 

Chers frères et sœurs, je vous le dis à nouveau de tout cœur : comme Joseph, ne craignez pas de prendre Marie chez vous, c’est-à-dire ne craignez pas d’aimer l’Église. Marie, Mère de l’Eglise, vous apprendra à suivre ses pasteurs, à aimer vos évêques, vos prêtres, vos diacres et vos catéchistes, et à suivre ce qu’ils vous enseignent, à prier aussi à leurs intentions. Vous qui êtes mariés, regardez l’amour de Joseph pour Marie et pour Jésus ; vous qui vous préparez au mariage, respectez votre futur conjoint ou conjointe comme le fit Joseph ; vous qui vous êtes donnés à Dieu dans le célibat, repensez à l’enseignement de l’Église notre Mère : « La virginité et le célibat pour le Royaume de Dieu ne diminuent en rien la dignité du mariage ; au contraire ils la présupposent et la confirment. Le mariage et la virginité sont les deux manières d’exprimer et de vivre l’unique mystère de l'Alliance de Dieu avec son peuple » (Redemptoris custos, 20).

 

Je voudrais encore adresser une exhortation particulière aux pères de famille puisque Saint Joseph est leur modèle. C’est lui qui peut leur enseigner le secret de leur propre paternité, lui qui a veillé sur le Fils de l’Homme. De même, chaque père reçoit de Dieu ses enfants créés à sa ressemblance et à son image. Saint Joseph a été l’époux de Marie. De même, chaque père de famille se voit confier le mystère de la femme à travers sa propre épouse. Comme Saint Joseph, chers pères de famille, respectez et aimez votre épouse, et conduisez vos enfants, avec amour et par votre présence avisée, vers Dieu où ils doivent être (cf. Lc 2, 49).

 

Enfin, à tous les jeunes qui sont ici, j’adresse des paroles d’amitié et d’encouragement : devant les difficultés de la vie, gardez courage ! Votre existence a un prix infini aux yeux de Dieu. Laissez-vous saisir par le Christ, acceptez de Lui donner votre amour et, pourquoi pas, dans le sacerdoce ou la vie consacrée ! C’est le plus haut service. Aux enfants qui n'ont plus de père ou qui vivent abandonnés dans la misère de la rue, à ceux qui sont séparés violemment de leurs parents, maltraités et abusés, et incorporés de force dans des groupes paramilitaires sévissant dans certains pays, je voudrais dire : Dieu vous aime, Il ne vous oublie pas et Saint Joseph vous protège ! Invoquez-le avec confiance.



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Publié par Matthieu BOUCART -
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