10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 00:00

« Qui est négligent dans la contemplation ("qui vacare Deo negligit") se prive soi-même de la vision de la lumière de Dieu ; qui se laisse prendre démesurément par les préoccupations et permet que ses pensées soient emportées par le tourbillon des choses terrestres se condamne soi-même à l'impossibilité absolue de pénétrer les secrets du Dieu invisible. »

 

Raban Maur, Lib. I, PL 112, col 1263A.

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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 18:53

Rep. TchèqueExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI sur l’esplanade de la rue Melnik à Stará Boleslav (République Tchèque), le 28 septembre2009.

 

Chers jeunes,

 

Au terme de cette célébration, je m’adresse directement à vous et, avant toute chose, je vous salue bien affectueusement. Vous êtes venus nombreux de tous les coins du Pays et aussi des Pays voisins ; vous avez « établi votre camp » ici, hier au soir, et vous avez dormi sous des tentes, faisant ensemble une expérience de foi et de fraternité. Merci de votre présence, qui me fait connaître l’enthousiasme et la générosité propres à la jeunesse. Avec vous, le Pape se sent jeune ! Je remercie en particulier votre représentant de ses paroles d’accueil et pour le merveilleux cadeau.

 

Chers amis, il n’est pas difficile de constater que chaque jeune sent en lui une aspiration au bonheur, parfois mélangée à un sentiment de préoccupation ; aspiration qu’exploite souvent cependant, de façon fausse et aliénante, la société de consommation actuelle. Il faut au contraire tenir sérieusement compte de ce désir ardent du bonheur qui exige une réponse vraie et exhaustive. En effet, c’est à votre âge que l’on fait les premiers grands choix, capables d’orienter notre vie vers le bien ou vers le mal. Malheureusement, les jeunes de votre âge qui se laissent séduire par les apparences trompeuses de paradis artificiels pour se retrouver ensuite dans une triste solitude, sont assez nombreux. Néanmoins, il y a aussi de nombreux jeunes gens et jeunes filles qui veulent transformer – comme l’a dit votre porte-parole – la théorie en pratique pour donner son plein sens à leur vie. Je vous invite tous à approfondir l’expérience de Saint Augustin, qui disait que le cœur de tout être est inquiet tant qu’il n’a pas trouvé ce qu’il cherche réellement. Et il a découvert que seul Jésus Christ était la réponse satisfaisante à son désir, et à celui de tout homme, d’une vie heureuse, pleine de sens et de valeurs (cf. Les Confessions I, 1, 1).

 

Comme il l’a fait avec lui, le Seigneur vient à la rencontre de chacun de vous. Il frappe à la porte de votre liberté et ne demande qu’à être accueilli comme un ami. Il veut vous rendre heureux, vous remplir d’humanité et de dignité. La foi chrétienne est la rencontre avec le Christ, Personne vivante qui donne à notre vie une nouvelle perspective et, en conséquence, la direction décisive. Et quand le cœur d’un jeune s’ouvre à ses desseins divins, il n’a pas trop de mal à reconnaître et à suivre sa voix. En effet, le Seigneur appelle chacun par son nom et à chacun il veut confier une mission spécifique dans l’Église et dans la société.

 

Chers jeunes, soyez conscients que le Baptême vous a rendus fils de Dieu et membres de son Corps qui est l’Église. Jésus vous renouvelle constamment son invitation à être ses disciples et ses témoins. Il appelle un grand nombre d’entre vous au mariage et la préparation à ce sacrement constitue un véritable parcours vocationnel. Prenez alors sérieusement en considération l’appel de Dieu à construire une famille chrétienne et appliquez-vous durant le temps de votre jeunesse à construire avec responsabilité votre avenir. La société a besoin de familles chrétiennes, de familles saintes !

 

Si, par contre, le Seigneur vous appelle à le suivre dans le sacerdoce ministériel ou dans la vie consacrée, n’hésitez pas à répondre à son invitation. En particulier, en cette Année Sacerdotale, j’en appelle à vous, chers jeunes : soyez attentifs et disponibles à l’appel de Jésus afin d’offrir votre vie au service de Dieu et de son peuple. L’Église, dans votre pays aussi, a besoin de nombreux et saints prêtres et de personnes entièrement consacrées au Christ, Espérance du monde.

 

L’espérance ! Ce terme, sur lequel je reviens souvent, se marie bien avec la jeunesse. Chers jeunes, vous êtes l’espérance de l’Église ! Elle attend de vous que vous deveniez des messagers de l’espérance, comme cela est arrivé l’année dernière, en Australie, à l’occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse, grande manifestation de foi propre aux jeunes, que j’ai pu vivre personnellement et à laquelle certains d’entre vous ont participé. Vous pourrez venir en plus grand nombre à Madrid, au mois d’août 2011. Je vous invite dès à présent à cette grande rencontre des jeunes avec le Christ dans l’Église.

 

Chers amis, merci encore d’être venus et merci de votre cadeau : l’album de photos qui décrit la vie des jeunes dans vos diocèses. Merci aussi pour la marque de votre solidarité à l’égard des jeunes de l’Afrique, que vous avez voulu me remettre. Le Pape vous demande de vivre avec joie et enthousiasme votre foi ; de grandir dans l’unité entre vous et avec le Christ ; de prier et d’être assidus dans la pratique des Sacrements, en particulier de l’Eucharistie et de la Confession ; de veiller à votre formation chrétienne en restant toujours dociles aux enseignements de vos Pasteurs. Que, par son exemple et son intercession, Saint Venceslas vous guide sur ce chemin et que la Vierge Marie, Mère de Jésus et notre Mère, vous protège toujours ! Je vous bénis tous de tout cœur !

 

 

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 19:07

Rep. TchèqueExtrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI à Starà Boleslav (République Tchèque), pour la fête de Saint Venceslas, le 28 septembre 2009.

 

Messieurs les Cardinaux,

Chers frères dans l’Episcopat et dans le Sacerdoce,

Chers frères et sœurs,

Chers jeunes,

 

C’est avec une grande joie que je vous rencontre ce matin, alors que va se conclure mon voyage apostolique dans la bien-aimée République Tchèque, et j’adresse mon cordial salut à vous tous (…).

 

Ce matin le souvenir glorieux du martyre Saint Venceslas, dont j’ai pu vénérer la relique, avant la messe, dans la Basilique qui lui est dédiée, nous réunit autour de l’autel. Il a versé son sang sur votre terre et son aigle que vous avez choisi comme écusson de la visite d’aujourd’hui constitue l’emblème historique de la noble Nation tchèque. Ce grand Saint que vous aimez appeler ‘éternel’ Prince des Tchèques, nous invite à suivre toujours et fidèlement le Christ, il nous invite à être des saints. Lui-même est un modèle de sainteté pour tous, spécialement pour tous ceux qui conduisent le destin des communautés et des peuples. Mais nous nous demandons : de nos jours la sainteté est-elle encore actuelle ? ou n’est-ce pas plutôt un sujet peu attirant et peu important ? Ne recherche-t-on pas davantage aujourd’hui le succès et la gloire des hommes ? Cependant, combien dure et combien vaut le succès terrestre ?

 

Le siècle passé – et votre terre en a été le témoin – a vu tomber de nombreux puissants, qui paraissaient arrivés à des hauteurs presque inaccessibles. Á l’improviste, ils se sont retrouvés privés de leur pouvoir. Celui qui a nié et continue à nier Dieu et, en conséquence, ne respecte pas l’homme, semble avoir une vie facile et accéder au succès matériel. Mais il suffit de gratter la surface pour constater que, dans ces personnes, il y a de la tristesse et de l’insatisfaction. Seul celui qui conserve dans son cœur la sainte ‘crainte de Dieu’ a aussi confiance en l’homme et consacre son existence à construire un monde plus juste et plus fraternel. Aujourd’hui on a besoin de personnes qui soient ‘croyantes’ et ‘crédibles’, prêtes à répandre dans tous les milieux de la société ces principes et ces idéaux chrétiens dont s’inspire leur action. C’est cela la sainteté, vocation universelle de tous les baptisés, qui pousse à accomplir son devoir avec fidélité et courage, regardant non pas son propre intérêt égoïste, mais le bien commun, et recherchant à tout moment la volonté divine.

 

Dans la page évangélique nous avons entendu à ce sujet des paroles très claires : « Quel avantage – affirme Jésus – un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il le paye de sa vie ? » (Mt 16, 26). Il nous incite ainsi à considérer que la valeur authentique de l’existence humaine n’est pas mesurée seulement aux biens terrestres et aux intérêts passagers, parce que ce ne sont pas les réalités matérielles qui satisfont la soif profonde de sens et de bonheur qu’il y a dans le cœur de toute personne. C’est pourquoi Jésus n’hésite pas à proposer à ses disciples la voie ‘étroite’ de la sainteté : « Qui perd sa vie à cause de moi la gardera » (v. 25). Et il nous répète résolument ce matin : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa Croix et qu’il me suive » (v. 24). C’est certainement un langage dur, difficile à accepter et à mettre en pratique, mais le témoignage des saints et des saintes assure que c’est possible pour tous, si on a foi dans le Christ et si on s’en remet à lui. Leur exemple encourage celui qui se dit chrétien à être crédible, c’est-à-dire cohérent avec les principes et la foi qu’il professe. Il ne suffit pas en effet d’apparaître bons et honnêtes ; il faut l’être réellement. Bon et honnête est celui qui ne couvre pas de son moi la lumière de Dieu, ne se met pas en avant lui-même, mais laisse Dieu transparaître.

 

C’est cela la leçon de vie de Saint Venceslas, qui eut le courage de préférer le royaume du ciel à la fascination de celui de la terre. Son regard ne se détacha jamais de Jésus Christ, qui souffrit pour nous, nous laissant un exemple, pour que nous en suivions les traces, comme écrit Saint Pierre dans la seconde lecture proclamée tout à l’heure. En disciple docile du Seigneur, le jeune souverain Venceslas demeura fidèle aux enseignements évangéliques que lui avait donnés sa sainte grand-mère, la martyre Ludmila. Les suivant encore avant de s’engager à construire une cohabitation pacifique à l’intérieur de la Patrie et avec les pays voisins, il mit tout en œuvre pour propager la foi chrétienne, appelant des prêtres et construisant des églises. Dans le premier ‘récit’ paléoslave on lit qu’« il servait les ministres de Dieu et il embellissait beaucoup d’églises » et qu’« il faisait du bien à tous les pauvres, vêtait ceux qui étaient nus, nourrissait les affamés, recueillait les voyageurs, selon la parole de l’Evangile. Il ne souffrait pas qu’on fasse du tort aux veuves, il aimait tous les hommes, qu’ils soient pauvres ou riches ». Il apprit du Seigneur à être « miséricordieux et pieux » (Psaume resp.) et animé d’un esprit évangélique il parvint à pardonner même à son frère, qui avait attenté à sa vie. Par conséquent, vous l’invoquez à juste titre comme ‘Héritier’ de votre Nation, et, dans un cantique que vous connaissez bien, vous lui demandez de ne pas permettre qu’elle périsse.

 

Venceslas est mort martyr pour le Christ. Il est intéressant de noter que son frère Boleslas réussit, en le tuant, à s’emparer du trône de Prague, mais la couronne que par la suite ses successeurs se mettaient sur la tête ne portait pas son nom. Elle portait le nom de Venceslas, en témoignage que « le trône du roi qui juge les pauvres dans la vérité restera solide pour l’éternité » (cf. l’Office des lectures de ce jour). Ce fait fut jugé comme une merveilleuse intervention de Dieu, qui n’abandonne pas ses fidèles : « l’innocent vaincu vainc le cruel vainqueur de la même façon que le Christ sur la croix » (cf. La légende de Saint Venceslas), et le sang du martyr n’a appelé ni haine ni vengeance, mais le pardon et la paix.

 

Chers frères et sœurs, en cette Eucharistie, remercions ensemble le Seigneur d’avoir donné à votre Patrie et à l’Eglise ce saint souverain. Prions en même temps pour que, comme lui, nous aussi nous marchions d’un pas alerte vers la sainteté. C’est certainement difficile, parce que la foi est toujours exposée à de multiples défis, mais quand on se laisse attirer par Dieu qui est Vérité, le chemin se fait décidé, parce qu’on fait l’expérience de la force de son amour. Que l’intercession de Saint Venceslas et des autres saints protecteurs des terres tchèques nous obtienne cette grâce. Que Marie, Reine de la paix et Mère de l’Amour nous protège et nous assiste toujours. Amen !

 

 

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 18:52

Rep. TchèqueExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI au monde académique au Château de Prague (République Tchèque), le 27 septembre 2009.

 

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les Recteurs et les Professeurs,

Chers étudiants et chers amis,

 

(…) Le rôle des institutions académiques, soutenant et alimentant les valeurs culturelles et spirituelles de la société, enrichit le patrimoine intellectuel de la nation et renforce les fondements de son développement futur. Les changements majeurs qui ont marqué la société tchèque, il y a vingt ans, ont été précipités notamment par les mouvements de réformes qui avaient leur origine à l’université et dans les cercles étudiants. Cette quête de la liberté a continué de guider le travail des étudiants dont la diakonia de la vérité est indispensable au bien-être de toute société.

 

Je m’adresse à vous comme quelqu’un qui a été professeur, attentif au respect de la liberté académique et à la responsabilité dans l’exercice de la raison, et qui est maintenant le Pape qui, dans son rôle de Pasteur, est reconnu comme une voix dans la réflexion éthique de l’humanité. Alors que certains prétendent que les questions soulevées par la religion, la foi et l’éthique n’ont pas leur place dans les frontières de la raison collective, ce point de vue n’est en aucune façon axiomatique. La liberté qui sous-tend l’exercice de la raison – que ce soit dans l’université ou dans l’Église – a une fin : elle est destinée à la recherche de la vérité, et comme telle elle exprime une dimension du Christianisme qui, dans les faits, est à l’origine de l’Université. En effet, la soif de connaissance qui est en l’homme pousse chaque génération à élargir le concept de raison et à se désaltérer à la source bienfaisante de la foi. C’est là précisément le riche héritage de la sagesse classique, assimilé et placé au service de l’Évangile, que les premiers missionnaires chrétiens portèrent à cette région et établirent comme le fondement de l’unité spirituelle et culturelle qui demeure jusqu’à aujourd’hui. Le même esprit a conduit mon prédécesseur le Pape Clément VI à fonder la célèbre Université Charles en 1347, qui continue d’offrir une importante contribution aux cercles académique, religieux et culturel les plus larges en Europe.

 

L’autonomie propre de l’université, ou de toute institution culturelle, trouve son sens dans le fait d’être redevable devant l’autorité de la vérité. Cette autonomie peut toutefois être prise en défaut de différentes manières. La grande tradition éducative, ouverte à la transcendance, qui est à la base des universités à travers l’Europe, a été dans ce pays, et dans d’autres, systématiquement subvertie par l’idéologie réductrice du matérialisme, la répression de la religion et la négation de l’esprit humain. Malgré tout, en 1989, le monde a été témoin, dans des circonstances dramatiques, de l’effondrement d’une idéologie totalitaire en faillite et du triomphe de l’esprit humain. L’aspiration à la liberté et à la vérité est une part inaliénable de notre commune humanité. Elle ne peut être éliminée et, comme l’Histoire l’a montré, lorsqu’elle est déniée, c’est au péril de l’humanité même. C’est à cette aspiration que la foi religieuse, les différentes formes de l’art, la philosophie, la théologie et les autres disciplines scientifiques, chacune avec ses propres méthodes, cherchent à répondre, à la fois sur le plan de la réflexion ordonnée que sur celui d’une saine praxis.

 

Mesdames et Messieurs les Recteurs et les Professeurs, conjointement à votre recherche, il est un autre aspect de la mission de l’université dans lequel vous êtes engagés, à savoir la responsabilité d’éclairer l’esprit et le cœur des jeunes d’aujourd’hui. Cette tâche importante n’est bien sûr pas nouvelle. Depuis l’époque de Platon, l’éducation n’a jamais été réduite à une simple accumulation de connaissances ou de compétences techniques, mais elle est paideia, une formation humaine à partir des trésors de la tradition intellectuelle ordonnée à une vie vertueuse. Alors que les grandes universités se développaient à travers l’Europe au cours du Moyen-âge animées par l’idéal d’une synthèse des connaissances, c’était toujours au service d’une authentique humanitas, la perfection de l’individu à l’intérieur de l’unité d’une société justement ordonnée. Il en est ainsi aujourd’hui encore : une fois que l’intelligence des jeunes a été éveillée à la plénitude et à l’unité de la vérité, ils savourent la découverte que la question de leur apprentissage du savoir s’ouvre sur la grande aventure de ce qu’ils doivent être et de ce qu’ils doivent faire.

 

L’idée d’une éducation inclusive, fondée sur l’unité de la connaissance basée sur la vérité, doit être retrouvée. Cela est nécessaire pour contrecarrer la tendance, si manifeste dans la société contemporaine, à la fragmentation du savoir. Avec le développement massif de l’information et des technologies, la tentation existe de délier la raison de la recherche de la vérité. Détachée de l’aspiration humaine fondamentale vers la vérité, la raison commence à perdre son orientation : elle se flétrit, que ce soit sous l’apparence de la modestie en se contentant de ce qui est partiel et provisoire, ou bien sous les dehors de l’assurance, en exigeant l’abandon de toute résistance aux requêtes de ceux qui donnent aveuglement une valeur pratiquement équivalente à toute chose. Le relativisme qui s’ensuit crée un contexte propice où de nouvelles menaces sur l’autonomie des institutions académiques peuvent se cacher. Alors que le temps des interférences de la part du totalitarisme politique est révolu, n’arrive-t-il pas qu’à travers le monde, l’exercice de la raison et la recherche académique soient – plus ou moins subtilement – contraints de se soumettre aux pressions de groupes d’intérêts idéologiques ou de céder aux attraits d’objectifs utilitaristes ou pragmatiques à court terme ? Qu’arrivera-t-il si notre culture se construit seulement sur des arguments en vogue, avec une référence ténue à une authentique et historique tradition intellectuelle, ou bien sur les points de vue qui sont très largement promus et profondément ancrés ? Qu’arrivera-t-il si dans son souci de préserver un sécularisme radical, elle se détache elle-même des racines qui lui donnent vie ? Nos sociétés ne deviendront pas plus raisonnables, plus tolérantes ou plus capables de s’adapter, mais au contraire plus fragiles et moins inclusives, et elles auront toujours plus de difficultés à reconnaître ce qui est vrai, noble et bon.

 

Chers amis, je souhaite vous encourager pour tout ce que vous faites pour répondre à la soif d’idéal et à la générosité des jeunes d’aujourd’hui, non seulement avec des programmes d’études qui leur permettent d’atteindre l’excellence, mais aussi par une expérience d’idéaux partagés et d’aide mutuelle dans le grand effort de l’apprentissage. Le talent de l’analyse ainsi que ceux qui sont requis pour formuler des hypothèses, combiné avec l’art prudent du discernement, fournissent un antidote efficace aux attitudes de repli, de désengagement et même d’aliénation que l’on rencontre parfois dans nos sociétés prospères, et qui peuvent affecter particulièrement les jeunes. Dans ce contexte d’une vision éminemment humaniste de la mission de l’université, je voudrais brièvement mentionner que la restauration du lien distendu entre science et religion a été une préoccupation majeure de mon prédécesseur, le Pape Jean-Paul II. Comme vous le savez, il a favorisé une compréhension plus juste de la relation entre la foi et la raison en les présentant comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité (cf. Fides et ratio, Proemium). L’une soutient l’autre et chacune a son propre champ d’action (cf. ibid., n.17), même s’il en est certains qui voudraient détacher l’une de l’autre. Les tenants de cette exclusion positiviste du divin du domaine de la raison universelle ne font pas que nier ce qui est une des convictions les plus profondes des croyants, ils font obstacle au vrai dialogue des cultures qu’ils appellent pourtant de leurs vœux. Une compréhension de la raison qui est sourde au divin et qui relègue les religions au rang des sous-cultures, est incapable d’entrer dans le dialogue des cultures dont notre monde a un besoin si urgent. En définitive, la fidélité à l’homme exige la fidélité à la vérité qui, seule, est la garantie de la liberté (Caritas in Veritate, n. 9). La confiance en la capacité humaine de rechercher la vérité, de la trouver et de vivre selon elle a conduit à la fondation des grandes universités européennes. Nous devons réaffirmer cela avec force aujourd'hui pour donner courage aux énergies intellectuelles qui sont nécessaires en vue de travailler pour un avenir vraiment digne de l’homme, un avenir où il puisse s’épanouir.

 

 

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 13:10

Nous poursuivons notre lecture de Genèse 1.

 

Nous avons médité jusqu’ici le verset 1 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ».

 

Nous commençons aujourd’hui le verset 2 : « La terre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme et le souffle de Dieu planait sur les eaux ».

 

« La terre était informe et vide »… En hébreu : « tohou vabohou » – d’où provient le mot « tohu bohu » en français...

 

Le premier de ces mots (« tohu ») a pour racine le mot hébreu « taha » qui signifie « être désert ». Il s’emploie dans la Bible pour désigner une terre ou une ville dévastée (cf. Job 12. 24 ; 26. 7, Is. 24. 10). Le Tohu Bohu se présente donc comme un lieu inhabitable, comme peut l’être un désert brûlant et lugubre ; une terre hostile et désolée. Le désert, c’est aussi l’absence de chemin et de tout repère (Job 6. 18 ; 12. 24).

 

Le second des mots (« bohu »), plus rare, vient, lui, d’une racine qui signifie « être vide ». Il sert plutôt ici à renforcer le premier (« tohu ») qu’à exprimer une idée nouvelle : ils forment tous deux ensemble une locution unique en hébreu que l’on retrouve telle quelle dans la Bible, par exemple en Jérémie 4. 23 pour désigner un manque absolu d’êtres et de lumière (cf. aussi Is. 34. 11 où elle exprime une destruction totale).

 

Cela dit, l’expression « tohu-bohu » s’applique tout autant à une dévastation ou une destruction qu’à une matière non organisée (ce qui est le cas dans notre texte) ; à l’état originaire d’une matière brute dans laquelle aucun être ne se distinguait. Cet état primitif de la matière n’est pas mauvais ni anormal : il est seulement... primitif : c’est l’état de la « terre » telle qu’elle est sortie des mains du Créateur.

 

« La Création s’est donc opérée en deux temps, si l’on peut dire : Dieu a d’abord fait surgir du néant une matière informe et indéfinie, avant d’y faire ensuite le ménage » (P. Manaranche, in « En séparant le sable et l’eau », Le Sarment Fayard).

 

« Dieu a d’abord fait surgir du néant une matière informe et indéfinie… » Insistons sur ce point. Car certains ont prétendu ici (et ailleurs) que le Tohu Bohu n’avait pas été créé par Dieu – ou disons : pouvait ne pas avoir été créé par Dieu ; qu’il pouvait donc avoir pré-existé à l’acte créateur de Dieu – duquel il ne serait pas lui-même issu...

 

[Pour ceux qui voudraient se replonger dans ce passionnant débat avec le pasteur protestant Eric Georges – que je salue fraternellement en passant – voici les liens avec les articles concernés :

 - Ce que nous enseignent les sciences de la nature 

- La confession de foi de Calvin

- Tohu Bohu]

 

Il est vrai que le premier verset de la Bible ne fait pas explicitement référence à une Création ex-nihilo. Et que le texte littéral de Gn 1.1 n’interdit pas a priori de penser que le Tohu Bohu puisse avoir été là, dès l’origine, dès avant le premier acte créateur de Dieu – échappant ainsi lui-même à cet acte créateur.

 

Mais il est tout aussi vrai :

 * que le verbe employé pour désigner l’acte créateur de Dieu (« bara ») ne s’applique dans la Bible… qu’à Dieu et à Lui seul (et non aux hommes – comme pour signifier que Dieu crée « le ciel et la terre » d’une manière dont Lui seul est capable) ;

 * que le judaïsme orthodoxe a toujours compris ce texte de Gn 1.1 dans le sens d’une Création ex-nihilo ;

 * que l’Ecriture elle-même confirme la Création ex-nihilo plus loin (dans la Bible) et plus tôt (dans l’Histoire) : ainsi, dans le 2e livre des Macchabées, la mère des 7 fils dit à l’un d’entre eux : « Mon enfant, regarde le ciel et la terre et vois tout ce qui est en eux, et sache que Dieu les a faits de rien et que la race des hommes est faite de la même manière » (2 M 7. 28).

 

L’Ecriture Sainte affirme donc très explicitement que Dieu a créé « le ciel et la terre » (c’est-à-dire : la totalité de l’univers visible et invisible)... à partir de rien, du néant.

 

« Nous croyons que Dieu n’a besoin de rien de préexistant ni d’aucune aide pour créer. La Création n’est pas non plus une émanation nécessaire de la substance divine », comme l’affirme la tradition métaphysique moniste qui nous vient de l’Inde ancienne, reprise plus tard par Plotin et Spinoza. « Dieu crée librement de rien. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 296) : « Quoi d’extraordinaire si Dieu avait tiré le monde d’une matière préexistante ? Un artisan humain, quand on lui donne un matériau, en fait tout ce qu’il veut. Tandis que la puissance de Dieu se montre précisément quand Il part du néant pour faire tout ce qu’il veut. » (St Théophile d’Antioche).

 

Il n’est donc pas conforme à l’Ecriture sainte, pas davantage qu’aux traditions d’interprétation du judaïsme orthodoxe et du christianisme orthodoxe, de penser que le Tohu Bohu ait pu échapper à l’acte créateur de Dieu ; qu’il n’est pas lui-même créé, et créé à partir de rien.

 

De rien… c'est-à-dire du néant.

 

J’entends tout de suite l’objection : « Mais Matthieu, tu nous as dit que le néant n’existait pas ! Comment peux-tu dire que l’univers vient du néant… si le néant n’existe pas ? si du néant rien ne peut sortir ? »

 

Du néant, rien ne peut surgir spontanément, c’est entendu. Le néant, par définition, est stérile ; le néant, par définition, c’est l’absence de tout être. Or, de l’absence de tout être, de la négation de l’être, du non-être, ne peut sortir aucun être… c’est là une impossibilité absolue qui s’impose à nous… sauf à renoncer à l’exercice de la raison ! De « rien » ne peut sortir « quelque chose »…

 

Mais précisément, Dieu, ce n’est pas « rien »… Dieu, c’est « quelque chose » ; Dieu, c’est même « quelqu’un ». C’est un Être – l’Être absolu : « Je suis Celui qui Suis » dira-t-Il à Moïse dans la révélation du Buisson ardent (cf. Ex 3. 14).

 

Donc : si le ciel et la terre ont été créé de rien (c'est-à-dire : de l'absence de "ciel" et de "terre"), ils n’ont pas été créé par rien. La nuance est d’importance, car un certain athéisme voudrait nous faire croire que l’univers a été créé par rien – ce qui est impensable. Le judaïsme orthodoxe et le christianisme orthodoxe n’affirment rien de tel : l’univers n’a pas été créé par rien, mais par Dieu de rien – ce qui est pensable, quoique mystérieux.

 

De rien, et non par rien ; de rien, et non de Dieu, car l’être de l’univers n’est pas une émanation de Dieu – autrement, il en aurait tous les caractères : l’éternité, l’infinité, l’immutabilité… en vertu de l’identité de nature.

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 11:10

 

Dimanche 5 décembre 2010 – 2e dimanche de l’Avent (Année A)

 

Le mois de décembre - Comment préparer Noël? (Mgr André Vingt-Trois)

 

Première lecture : Isaïe 11. 1-10

« Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David »

 

Psaume 71

« Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours »

 

Deuxième lecture : Romains 15. 4-9

« Accueillez-vous les uns les autres comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu »

 

Evangile : Matthieu 3. 1-12

« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route »

 

***

Message audio du Pape : 2010

Angelus du Pape : 2007 – 2010

Homélie du Père Walter Covens : 2007 – 2010 

Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde : 2010 

Homélie des serviteurs de Jésus et de Marie : 2010

Audio de Radio Vatican : 2010

Retraite de l'Avent en vidéo (2) 

Ce que l’Evangile nous dit et me demande

Préparer le chemin du Seigneur signifie se convertir (P. Raniero Cantalamessa)

 

*** 

 

« Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est tout proche! » (Mt 3. 2)

 

« Le temps de l'Avent n'est pas d'abord le temps des étalages remplis de victuailles et de cadeaux. C'est le temps de se retourner le coeur... Le temps de l'Avent n'est pas d'abord le temps du rêve des enfants sages : c'est le temps de la décision à prendre... Pour la grande tradition biblique, se convertir, c'est se retourner complètement pour prendre la direction inverse de celle qu'on suivait jusqu'alors »… (P. Noël Quesson).

 

« Ne laissez pas passer ce temps de grâces. Dieu, à cette période de l'année, fait des promotions! Profitons-en sans tarder. Demain, il sera trop tard. » (P. Denis Sonet).

 

« C'est aujourd'hui, maintenant, que se joue notre destin futur ; c'est avec le comportement concret que nous adoptons dans cette vie que nous décidons de notre sort éternel. Au crépuscule de notre vie sur terre, au moment de notre mort, nous serons jugés en fonction de notre ressemblance ou non avec l'Enfant qui va naître dans la pauvre grotte de Bethléem, car c'est Lui le critère de mesure que Dieu a donné à l'humanité. » (Benoît XVI, Angelus 2007).


 

8 décembre - Solennité de l'Immaculée Conception - "Je vous salue Marie, pleine de grâce..."

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 11:00

... à l'école de Saint Ignace de Loyola. Un enseignement du Père Mouton.

 

Pour toutes questions et commentaires : accompagnement@webtvcn.fr

 

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 10:17

 

Rep. TchèqueExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de la rencontre œcuménique à l’archevêché de Prague, le 27 septembre 2009.

 

(…) Chers amis, l’Europe continue de connaître de nombreux changements. Il est difficile de croire que deux décennies seulement nous séparent de la chute des anciens régimes, ouvrant la voie à une difficile mais fructueuse transition vers des structures politiques plus participatives. Durant cette période, les chrétiens se sont joints à d’autres bonnes volontés pour rebâtir un ordre politique juste et ils continuent d’entretenir aujourd’hui le dialogue dans le but de préparer des voies nouvelles vers la compréhension mutuelle, la coopération pour la paix et la promotion du bien commun.

 

Néanmoins, sous de nouvelles formes, se font jour des tentatives pour marginaliser l’influence du christianisme dans la vie publique – parfois sous le prétexte que ses enseignements porteraient atteinte au bien-être de la société. Ce phénomène doit nous inciter à prendre le temps de la réflexion. Comme je l’ai suggéré dans mon Encyclique sur l’Espérance chrétienne, la séparation artificielle de l’Évangile avec la vie publique et intellectuelle devrait nous pousser à engager une mutuelle « autocritique de la modernité » et « autocritique du christianisme moderne », regardant spécifiquement l’espérance que chacun peut offrir au genre humain (cf. Spe Salvi, n. 22). Nous devons nous demander ce que l’Évangile a à dire à la République tchèque et aussi à l’ensemble de l’Europe aujourd’hui dans une période marquée par la prolifération planétaire des points de vue.

 

Le Christianisme a beaucoup à offrir sur le plan pratique et éthique, puisque l’Évangile ne cesse pas d’inspirer à des hommes et à des femmes le choix de se mettre au service de leurs frères et sœurs. Peu le contesteraient. Toutefois, ceux qui fixent leur regard sur Jésus de Nazareth avec les yeux de la foi savent que Dieu offre quelque chose qui est plus profond, quoiqu’inséparable de l’ « économie » de l’amour à l’œuvre en ce monde (cf. Caritas in Veritate, n. 2) : Il offre le Salut.

 

Le terme possède de multiples significations, mais il exprime quelque chose de fondamental et d’universel concernant l’aspiration humaine au bien-être et à la plénitude. Il évoque l’ardent désir de réconciliation et de communion qui jaillit des profondeurs de l’esprit humain. C’est la vérité centrale de l’Évangile et le but vers lequel tout effort d’évangélisation et toute attention pastorale est dirigé. Et c’est le critère à partir duquel les chrétiens réorientent constamment leur visée lorsqu’ils s’efforcent de guérir les blessures des divisions passées. Pour cela, comme le Docteur Černý l’a noté, le Saint-Siège a été heureux d’accueillir, en 1999, le Symposium International sur Jean Hus afin de faciliter une discussion sur l’Histoire religieuse complexe et turbulente de ce Pays et de l’Europe en général (Cf. Jean-Paul II, Discours au Symposium International sur Jean Hus, 1999). Je prie afin que de telles initiatives œcuméniques puissent porter des fruits non seulement pour la poursuite de l’Unité des Chrétiens, mais aussi pour le bien de la société européenne tout entière.

 

Nous prenons confiance dans le fait de savoir que la proclamation par l’Église du Salut en Jésus Christ est à la fois toujours ancienne et toujours nouvelle, nourrie de la sagesse du passé et débordant d’espérance pour l’avenir. Quand l’Europe écoute l’Histoire du Christianisme, elle entend sa propre Histoire. Sa notion de justice, de liberté et de responsabilité sociale, en même temps que les institutions culturelles et juridiques établies pour préserver ces idées et les transmettre aux générations futures, sont modelées par l’héritage chrétien. En vérité, sa mémoire du passé anime ses aspirations pour l’avenir.

 

C’est pourquoi, en fait, les chrétiens s’inspirent de figures telles que Saint Adalbert et Sainte Agnès de Bohème. Leur engagement à répandre l’Évangile était motivé par la conviction que les chrétiens ne devraient pas trembler de peur devant le monde mais plutôt partager avec assurance le trésor des vérités qui leur a été confié. De même, les chrétiens aujourd’hui, s’ouvrant aux réalités présentes et souscrivant à tout ce qui est bon dans la société, doivent avoir le courage d’inviter les hommes et les femmes à la conversion radicale qui suit la rencontre avec le Christ et qui inaugure une vie nouvelle de grâce.

 

Dans cette perspective, nous comprenons plus clairement pourquoi les chrétiens sont tenus de se rassembler pour rappeler à l’Europe ses racines. Ce n’est pas parce que ces racines se seraient depuis longtemps desséchées. Tout au contraire ! C’est parce qu’elles continuent – de façon discrète mais néanmoins fructueuses – à alimenter le continent d’une sève spirituelle et morale qui lui permet d’entrer dans un dialogue constructif avec les hommes appartenant à d’autres cultures et à d’autres religions. Précisément parce que l’Évangile n’est pas une idéologie, il n’a pas la prétention d’enfermer les réalités socio-politiques toujours changeantes dans des schémas rigides. Au contraire, il transcende les vicissitudes de ce monde et répand une lumière nouvelle sur la dignité de la personne humaine, à toutes les époques. Chers amis, demandons au Seigneur d’instiller en nous un esprit de courage pour partager les vérités éternelles du salut qui ont façonné, et qui continueront de façonner, le progrès social et culturel de ce continent.

 

Le Salut procuré par les souffrances, la mort, la résurrection et l’ascension aux cieux de Jésus ne fait pas que nous transformer, nous qui croyons en lui, mais il nous somme de partager cette Bonne Nouvelle avec les autres. Illuminés par les dons de l’Esprit que sont la connaissance, la sagesse et le discernement (cf. Is 11, 1-2 ; Ex 35, 31), que notre capacité à saisir la vérité enseignée par Jésus Christ nous pousse à travailler sans répit en faveur de l’unité qu’il désire pour tous ses enfants renés dans le Baptême, et également pour le genre humain tout entier.

 

 

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3 décembre 2010 5 03 /12 /décembre /2010 13:11

Rep. TchèqueExtrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de la célébration eucharistique à l’aéroport de Turany de Brno (République Tchèque), le 27 septembre 2009.

 

 Chers frères et sœurs,

 

 « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). Jésus invite tous ses disciples à rester avec lui, à trouver en Lui secours, soutien et réconfort. Il adresse cette invitation en particulier à notre Assemblée liturgique, qui rassemble spirituellement autour du Successeur de Pierre votre Communauté ecclésiale tout entière (…). Chers amis, grâce au caractère que revêt l’Assemblée liturgique d’aujourd’hui, j’ai partagé volontiers le choix, dont vient de parler votre Évêque, d’harmoniser les lectures bibliques de la Messe avec le thème de l’espérance : j’ai partagé ce choix en pensant aussi bien au peuple de ce cher Pays, qu’à l’Europe et à l’humanité entière, qui est assoiffée de quelque chose sur lequel elle puisse baser solidement son propre avenir. Dans ma seconde Encyclique – Spe salvi -, j’ai souligné que l’unique espérance « certaine » et « fiable » (cf. n. 1) se fonde sur Dieu. L’expérience de l’Histoire montre à quelles absurdités parvient l’homme quand il exclut Dieu de l’horizon de ses choix et de ses actions, et qu’il n’est pas facile de construire une société inspirée par les valeurs du bien, de la justice et de la fraternité, parce que l’être humain est libre et que sa liberté demeure fragile. La liberté doit alors toujours constamment être conquise pour le bien et la recherche non facile d’ordonnancements droits pour les choses humaines est une tâche qui incombe à toutes les générations (cf. ibid., 24-25). Voilà pourquoi, chers amis, nous sommes ici, avant tout à l’écoute, à l’écoute d’une parole qui nous indique la route conduisant à l’espérance ; plus encore, nous sommes à l’écoute d’une parole qui seule peut nous donner une solide espérance parce qu’elle est Parole de Dieu.

 

Dans la première lecture (Is 61, 1-3a), le Prophète se présente comme étant investi de la mission d’annoncer à tous les affligés et les pauvres la libération, la consolation et la joie. Jésus a repris ce texte et l’a fait sien dans sa prédication. Bien plus, il a affirmé clairement que la promesse du prophète s’est accomplie en Lui (cf. Lc 4, 16-21). Elle s’est réalisée entièrement quand, par sa mort sur la Croix et par sa résurrection des morts, il nous a libérés de l’esclavage de l’égoïsme et du mal, du péché et de la mort. Et c’est là l’annonce du Salut, ancienne et toujours nouvelle, que l’Église proclame de génération en génération : Christ crucifié et ressuscité, Espérance de l’humanité !

 

Aujourd’hui encore, cette parole de Salut résonne avec force dans notre Assemblée liturgique. C’est avec amour que Jésus s’adresse à vous, fils et filles de cette terre bénie, où, il y a plus d’un millénaire, a été jetée la semence de l’Évangile. Votre pays, comme d’autres nations, connaît une situation culturelle qui représente souvent un défi radical pour la foi et, donc, aussi pour l’espérance. En effet, à l’époque moderne, la foi aussi bien que l’espérance ont été « déplacées », car elles ont été reléguées sur le plan privé et ultra-terrestre, tandis qu’a été affirmée dans la vie concrète et publique la confiance dans le progrès scientifique et économique (cf. Spe salvi, 17). Nous savons tous qu’un tel progrès est ambigu : il ouvre à la fois de bonnes possibilités et des perspectives négatives. Les développements techniques et l’amélioration des structures sociales sont importants et certainement nécessaires, mais ils ne suffisent pas à garantir le bien-être moral de la société (cf. ibid., 24). L’homme a besoin d’être libéré des contraintes matérielles, mais il doit être sauvé, et ce plus profondément, des maux qui troublent son esprit. Et qui peut le sauver, si ce n’est Dieu, qui est Amour et qui a révélé, en Jésus Christ, son visage de Père Tout-Puissant et miséricordieux ? Notre ferme espérance repose donc dans le Christ : en Lui, Dieu nous a aimés jusqu’au bout et il nous a donné la vie en abondance (cf. Jn 10, 10), vie que toute personne, parfois même inconsciemment, désire ardemment posséder.

 

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos ». Ces paroles de Jésus, écrites en grandes lettres au-dessus de la porte de votre cathédrale de Brno, s’adressent à présent à chacun de nous et Jésus ajoute : « Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos » (Mt 11, 29-30). Pouvons-nous rester indifférents face à son amour ? Ici, comme ailleurs, au cours des siècles passés beaucoup ont souffert pour rester fidèles à l’Évangile et n’ont pas perdu l’espérance. Beaucoup se sont sacrifiés pour redonner sa dignité à l’homme et leur liberté aux peuples, trouvant dans l’adhésion généreuse au Christ la force pour construire une humanité nouvelle. Néanmoins, dans la société actuelle, où de nombreuses formes de pauvreté sont le fruit de l’isolement, du non-amour des autres, du refus de Dieu et d’une fermeture initiale tragique de l’homme qui pense pouvoir se suffire à lui-même, ou bien n’être qu’un fait insignifiant et passager ; dans ce monde qui est aliéné quand il met sa confiance en des projets purement humains, seul Christ peut être notre espérance certaine. C’est là l’annonce que nous, chrétiens, sommes appelés à répandre chaque jour, par notre témoignage.

 

Annoncez-le, vous chers prêtres, en restant intimement unis à Jésus et en exerçant avec enthousiasme votre ministère, certains que rien ne peut manquer à qui s’en remet à Lui. Témoignez du Christ, vous chers religieux et chères religieuses, par votre pratique joyeuse et cohérente des conseils évangéliques, en montrant quelle est notre véritable patrie : le ciel. Et vous, chers fidèles laïcs, jeunes et adultes, chères familles, qui fondez sur la foi en Christ vos projets familiaux, de travail, d’étude, et les activités de tout domaine de la société. Jésus n’abandonne jamais ses amis. Il leur assure son aide car on ne peut rien faire sans Lui, mais, en même temps, il demande à chacun de s’engager personnellement à répandre son message universel d’amour et de paix.

 

Brno

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2 décembre 2010 4 02 /12 /décembre /2010 13:18

Rep. TchèqueExtrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de Vêpres à la cathédrale Saint Guy de Prague (République Tchèque), le 26 septembre 2009.

  

Chers frères et sœurs !

 

(…) Nous sommes rassemblés ce soir dans un lieu qui vous est cher, qui est un signe visible de la puissance de la grâce divine qui agit dans le cœur des croyants. La beauté de cet édifice millénaire est en effet un témoignage vivant de la riche Histoire de foi et de tradition chrétienne de votre peuple ; une histoire illuminée, en particulier, par la fidélité de ceux qui ont scellé leur adhésion au Christ et à l’Église par le martyre. Je pense aux figures des Saints Venceslas, Adalbert et Jean Népomucène, pierres milliaires du chemin de votre Église, à qui se joignent les exemples du jeune Saint Guy, qui préféra le martyre plutôt que de trahir le Christ, du moine Saint Procope et de Sainte Ludmilla. Je pense à ce qui, au siècle dernier, a marqué l’existence de deux Archevêques de cette Église locale, les Cardinaux Josef Beran et František Tomášek, ainsi que de nombreux Evêques, prêtres, religieux, religieuses et fidèles qui ont résisté avec une fermeté héroïque à la persécution communiste, jusqu’au sacrifice de leur vie. D’où ces courageux amis du Christ ont-ils tiré leur force sinon de l’Evangile ? Oui ! ils se sont laissés fasciner par Jésus qui a dit : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24). Au moment de la difficulté ils ont senti résonner dans leur cœur une autre de ses paroles : « Si l’on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi » (Jn 15, 20).

 

L’héroïsme des témoins de la foi rappelle que c’est seulement de la connaissance personnelle et du lien profond avec le Christ qu’il est possible de tirer l’énergie spirituelle pour réaliser pleinement la vocation chrétienne. Seul l’amour du Christ rend efficace l’action apostolique, surtout au moment de la difficulté et de l’épreuve. Aimer le Christ et les frères doit être la caractéristique de tout baptisé et de toute communauté. Dans les Actes des Apôtres nous lisons que « la multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme » (4, 32) . Et Tertullien, un auteur des premiers siècles, écrivait que les païens étaient touchés de l’amour qui liait les chrétiens entre eux (cf. Apologétique XXXIX). Chers frères et sœurs, imitez le divin Maître qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10, 45). Que l’amour resplendisse dans chacune de vos paroisses et communautés, dans les diverses associations et les mouvements. Que votre Église, selon l’image de Saint Paul, soit un corps bien structuré qui a le Christ comme Tête, et dans laquelle tout membre agit en harmonie avec le tout. Nourrissez votre amour du Christ par la prière et l’écoute de sa Parole ; nourrissez-vous de Lui dans l’Eucharistie, et avec sa grâce, soyez dans tous les milieux des artisans d’unité et de paix.

 

Vos communautés chrétiennes, après le long hiver de la dictature communiste, ont recommencé à s’exprimer librement il y a 20 ans quand votre peuple, avec les événements qui se sont mis en route à partir de la manifestation étudiante du 17 novembre 1989, a retrouvé sa propre liberté. Vous percevez cependant que même aujourd’hui il n’est pas facile de vivre et de témoigner de l’Évangile. La société actuelle porte encore les blessures causées par l’idéologie athée et elle est souvent fascinée par la mentalité moderne d’une consommation hédoniste, avec une dangereuse crise des valeurs humaines et religieuses et la dérive d’un relativisme éthique et culturel déferlant. Dans ce contexte un engagement renouvelé de la part de toutes les composantes ecclésiales pour renforcer les valeurs spirituelles et morales dans la vie de la société actuelle, est devenu urgent. Je sais que vos communautés sont déjà engagées sur de nombreux fronts, en particulier dans le domaine caritatif avec la Caritas. Avec un zèle particulier, votre activité pastorale embrasse le domaine de l’éducation des générations nouvelles. Les écoles catholiques promeuvent le respect dû à l’homme ; une attention particulière est aussi donnée à la pastorale des jeunes même en-dehors du contexte scolaire, sans pour autant délaisser les autres fidèles. Le Christ est pour tous ! Je souhaite de tout cœur une entente toujours croissante avec les autres institutions quelles soient publiques ou privées. L’Eglise – il est toujours bon de le répéter –  ne demande pas des privilèges, mais elle demande seulement de pouvoir œuvrer librement au service de tous et dans un esprit évangélique.

 

Chers frères et sœurs, puisse le Seigneur vous donner d’être comme le sel dont parle l’Evangile et qui donne saveur à la vie, pour être des ouvriers fidèles dans la vigne du Seigneur. Il revient, en premier lieu, à vous, chers Evêques et prêtres, de travailler inlassablement pour le bien de ceux qui sont confiés à vos soins. Inspirez-vous toujours de l’image évangélique du Bon Pasteur, qui connaît ses brebis, les appelle par leur nom, les conduit dans des lieux sûrs, et est disposé à se donner lui-même pour elles (cf. Jn 10, 1-19). Chères personnes consacrées, par la profession des conseils évangéliques vous rappelez le primat que Dieu doit avoir dans la vie de tout être humain, et, vivant en fraternité, vous témoignez combien la pratique du commandement de l’amour est enrichissante (cf. Jn 13, 34). Fidèles à votre vocation, vous aiderez ainsi les hommes et les femmes de notre temps à regarder vers en haut, à se laisser fasciner par Dieu et par l’Évangile de son Fils (cf. Vita consecrata, n. 104). Et à vous, chers jeunes, qui êtes dans les séminaires ou dans des maisons de formation, préoccupez-vous d’acquérir une solide préparation culturelle, spirituelle et pastorale. En cette Année sacerdotale que j’ai proclamée pour commémorer le 150e anniversaire de la mort du Saint Curé d’Ars, que la figure de ce pasteur totalement donné à Dieu et aux âmes, pleinement conscient que justement son ministère, animé par la prière, était son chemin de sanctification, soit exemplaire pour vous.

 

 

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