27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 15:47
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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 10:25

Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI pour le 50e anniversaire de la mort du Pape Pie XII, le 9 octobre 2008.

Messieurs les cardinaux,
Vénérés frères dans l'épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

Le passage du livre du Siracide et le prologue de la Première Lettre de saint Pierre, proclamés comme première et deuxième lecture, nous offrent de significatives occasions de réflexion dans le cadre de cette célébration eucharistique, au cours de laquelle nous faisons mémoire de mon vénéré prédécesseur, le serviteur de Dieu Pie XII. Cinquante ans exactement se sont écoulés depuis sa mort, survenue aux premières heures du 9 octobre 1958. Le Siracide, comme nous l'avons entendu, a rappelé à ceux qui veulent suivre le Seigneur qu'ils doivent se préparer à affronter des épreuves, des difficultés et des souffrances. Pour ne pas succomber à ces dernières – exhorte-t-il – il faut un cœur qui soit droit et constant, une fidélité à Dieu et une patience qui soient unies à une inflexible détermination à avancer sur le chemin du bien.
La souffrance affine le cœur du disciple du Seigneur, comme l'or est purifié dans la fournaise. "Tout ce qui t'advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, car l'or est éprouvé dans le feu, et les élus dans la fournaise de l'humiliation." (2, 4-5).

Saint Pierre, de son côté, dans le récit qui a été proposé, en s'adressant aux chrétiens des communautés d'Asie mineure qui étaient
"affligés par diverses épreuves", va encore plus loin : malgré tout, leur demande-t-il, "Vous en tressaillez de joie" (1P 1, 6). L'épreuve est en effet nécessaire, observe-t-il, "afin que, bien éprouvée, votre foi, plus précieuse que l'or périssable que l'on vérifie par le feu, devienne un sujet de louange, de gloire et d'honneur, lors de la Révélation de Jésus Christ" (1P 1, 7). Ensuite, pour la deuxième fois, il les exhorte à être joyeux, et même à exulter "d'une joie indicible et pleine de gloire" (v. 8). La raison profonde de cette joie spirituelle réside dans l'amour envers Jésus et dans la certitude de sa présence invisible. C'est Lui qui rend inébranlables la foi et l'espérance des croyants, même au cours des phases les plus complexes et les plus dures de l'existence.

A la lumière de ces textes bibliques, nous pouvons lire le parcours terrestre du Pape Pacelli et son long service envers l'Eglise, commencé sous Léon XIII et poursuivi sous Pie X, Benoît XV et Pie XI. Ces textes bibliques nous aident surtout à comprendre la
source à laquelle il a puisé son courage et sa patience au cours de son ministère pontifical qui s'est déroulé durant les douloureuses années de la Seconde guerre mondiale et de la période qui a suivi, non moins complexe, de la reconstruction et des difficiles rapports internationaux, passés à l'histoire sous l'appellation significative de "guerre froide".

"Miserere mei Deus, secundum magnam misericordiam tuam" 
: c'est par cette invocation extraite du Psaume 50/51 que Pie XII ouvrait son testament. Et il poursuivait : "Ces mots que je prononçai, conscient d'être sans mérites et non préparé, au moment où je donnai, en tremblant, mon acceptation à l'élection comme Souverain Pontife, je les répète maintenant avec plus de raison". C'était deux ans avant sa mort. S'abandonner entre les mains miséricordieuses de Dieu : telle fut l'attitude que cultiva constamment mon vénéré prédécesseur, le dernier des Papes nés à Rome, appartenant à une famille en relation avec le Saint-Siège depuis de nombreuses années.

En Allemagne, où il exerça les fonctions de nonce apostolique, d'abord à Munich puis à Berlin jusqu'en 1929, il laissa derrière lui un souvenir emplit de gratitude, surtout pour avoir collaboré avec Benoît XV à la tentative de mettre fin à l'
"inutile massacre" de la Grande Guerre, et pour avoir décelé, dès son avènement, le danger constitué par la monstrueuse idéologie nationale-socialiste, avec ses pernicieuses racines antisémites et anti-catholiques. Créé cardinal en décembre 1929, et devenu peu après secrétaire d'Etat, il fut un fidèle collaborateur de Pie XI pendant neuf ans, à une époque caractérisée par les totalitarismes : le fascisme, le nazisme et le communisme soviétique, condamnés respectivement par les encycliques Non abbiamo bisogno, Mit Brennender Sorge et Divini Redemptoris.

"Celui qui écoute ma parole et croit (...) a la vie éternelle"
(Jn
 5, 24). Cette assurance de Jésus, que nous avons écoutée dans l'Evangile, nous fait penser aux moments les plus durs du pontificat de Pie XII lorsque, sentant s'évanouir toute sécurité humaine, il ressentait fortement le besoin, également à travers un effort ascétique permanent, d'adhérer au Christ, unique certitude qui ne passe pas. La Parole de Dieu devenait ainsi lumière sur son chemin, un chemin le long duquel le Pape Pacelli dut consoler les réfugiés et les persécutés, essuyer les larmes de douleur et pleurer les innombrables victimes de la guerre. Seul le Christ est la véritable espérance de l'homme ; c'est seulement en se confiant à Lui que le cœur humain peut s'ouvrir à l'amour qui l'emporte sur la haine. Cette conscience accompagna Pie XII au cours de son ministère de Successeur de Pierre, ministère commencé justement alors que s'accumulaient sur l'Europe et sur le reste du monde les nuages menaçants d'un nouveau conflit mondial qu'il tenta d'éviter par tous les moyens : "Le péril est imminent, mais il est encore temps. Rien n'est perdu avec la paix. Tout peut l'être avec la guerre", s'était-il écrié dans son radio-message du 24 août 1939 (AAS, XXXI, 1939, p. 334).

L
a guerre mit en évidence l'amour qu'il nourrissait pour sa
"Rome bien-aimée", un amour témoigné par son intense œuvre de charité qu'il accomplissait en faveur des persécutés, sans tenir compte d'aucune distinction de religion, d'ethnie, de nationalité, d'appartenance politique. Lorsqu'à maintes reprises, pendant l'occupation de la ville, on lui conseilla de quitter le Vatican pour se mettre à l'abri, sa réponse fut toujours la même, identique et décisive : "Je ne laisserai pas Rome et mon poste, même si je devais en mourir" (cf.
 Summarium, p. 186). Ses proches et d'autres témoins firent, en outre, part de ses privations de nourriture, de chauffage, de vêtements, de commodités, qu'il s'imposait volontairement pour partager la condition de la population durement éprouvée par les bombardements et par les conséquences de la guerre (cf. A. Tornielli, Pie XII, Un uomo sul trono di Pietro). Et comment oublier son radio-message de Noël, en décembre 1942 ? Avec une voix brisée par l'émotion, il déplora la situation des "centaines de milliers de personnes qui, sans aucune faute de leur part, mais seulement pour des raisons de nationalité ou de race, sont destinées à la mort ou à un progressif dépérissement" (AAS, XXXV, 1943, p. 23), se référant très clairement à la déportation et à l'extermination perpétrée contre les juifs. Il a souvent agi dans le secret et le silence, parce qu'à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment historique, il avait l'intuition que c'était seulement de cette manière que l'on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs. De nombreux et unanimes témoignages de reconnaissances lui furent adressés à la fin de la guerre pour ses interventions, ainsi qu'au moment de sa mort, par les plus hautes autorités du monde juif, comme par exemple le ministre des Affaires étrangères d'Israël Mme Golda Meir, qui lui écrivit : "Quand le martyre le plus épouvantable a frappé notre peuple, durant les dix années de terreur du nazisme, la voix du Souverain Pontife s'est élevée en faveur des victimes", concluant avec émotion : "Nous pleurons la perte d'un grand serviteur de la paix".

Malheureusement, le débat historique, qui n'a pas toujours été serein, sur la figure du serviteur de Dieu Pie XII, a négligé de mettre en lumière tous les aspects de son pontificat multiforme.
Les discours, les allocutions et les messages qu'il a adressés aux scientifiques, aux médecins, aux responsables des plus diverses catégories de travailleurs, dont certains d'entre eux sont, encore aujourd'hui, d'une extraordinaire actualité et qui continuent d'être un point ferme de référence, ont été très nombreux. Paul VI, qui fut son fidèle collaborateur pendant de nombreuses années, le décrivit comme un érudit, un chercheur attentif, ouvert aux voies modernes de la recherche et de la culture, restant fermement, et avec cohérence, fidèle tant aux principes de la rationalité humaine, qu'à l'intangible dépôt des vérités de la foi. Il le considérait comme un précurseur du Concile Vatican II (cf. Angelus du 10 mars 1974). Dans cette perspective, un grand nombre de ses documents mériteraient d'être rappelés, mais je me limiterai à n'en citer que quelques-uns. Avec l'encyclique Mystici Corporis, publiée le 29 juin 1943 alors que la guerre faisait encore rage, il décrivait les rapports spirituels et visibles qui unissent les hommes au Verbe incarné, et proposait d'intégrer, dans cette perspective, tous les principaux thèmes de l'ecclésiologie, offrant pour la première fois une synthèse dogmatique et théologique sur laquelle se baserait la Constitution dogmatique conciliaire Lumen gentium.

Quelques mois après, le 20 septembre 1943, avec l'encyclique
 Divino afflante Spiritu, il fixait les normes doctrinales pour l'étude des Saintes Ecritures, en mettant en relief son importance et son rôle dans la vie chrétienne. Il s'agit d'un document qui témoigne d'une grande ouverture à la recherche scientifique sur les textes bibliques. Comment ne pas rappeler cette encyclique, alors que se déroulent les travaux du Synode qui a justement pour thème "La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l'Eglise"? C'est à l'intuition prophétique de Pie XII que nous devons la première étude sérieuse des caractéristiques de l'historiographie antique, pour mieux comprendre la nature des livres sacrés, sans en affaiblir ou en nier leur valeur historique. L'approfondissement des "genres littéraires", pour mieux comprendre ce que l'auteur sacré avait voulu dire, avait été, jusqu'en 1943, considéré comme suspect, du fait aussi des abus qui y avaient été commis. L'encyclique reconnaissait sa juste application, déclarant légitime son usage pour l'étude non seulement de l'Ancien mais aussi du Nouveau Testament. "Aujourd'hui encore, cet art – explique le Pape – que l'on a l'habitude d'appeler critique textuelle et qui est, valablement et de manière fructueuse, utilisée dans les éditions des auteurs profanes, s'applique de plein droit aux Livres Saints, précisément pour le respect qui est dû à la Parole de Dieu". Et, il ajoute : "Son objectif est, en effet, de restituer, avec toute la précision possible, sa première teneur au texte sacré, le débarrassant des déformations introduites par les fautes des copistes et le libérant des gloses et des lacunes, des transpositions de mots, des répétitions et des défauts similaires de tout ordre, qui dans les écrits transmis à la main pendant de nombreux siècles, s'infiltraient couramment." (AAS, XXXV, 1943, p. 336).

Chers frères et sœurs, alors que nous prions pour que la cause de béatification du serviteur de Dieu Pie XII ait une heureuse issue, il est bon de rappeler que la sainteté fut son idéal, un idéal qu'il ne manqua pas de proposer à tous. Pour cela, il donna une forte impulsion aux causes de béatifications et de canonisations de personnes appartenant à des populations différentes, de représentants de tous les états de vie, fonctions et professions, réservant une vaste place aux femmes. C'est Marie justement, la Femme du salut, qu'il montre à l'humanité comme signe de ferme espérance, en proclamant le dogme de l'Assomption durant l'Année Sainte de 1950. A notre époque qui est, comme alors, assaillie par des préoccupations et des angoisses pour son avenir ; en ce monde où, peut-être encore plus qu'alors, l'éloignement de tant de personnes de la Vérité et de la vertu laisse entrevoir des situations sans espérance, Pie XII nous invite à tourner notre regard vers Marie qui est montée dans la gloire céleste. Il nous invite à l'invoquer avec confiance, pour qu'elle nous fasse apprécier toujours plus la valeur de la vie sur la terre et nous aide à diriger notre regard vers le vrai but auquel nous sommes tous destinés : cette vie éternelle que, comme Jésus nous l'assure, possède déjà celui qui écoute et suit sa parole.


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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 13:06

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors du Congrès International organisé pour le 40e anniversaire de l’Encyclique Humanae Vitae, le 10 mai 2008.

Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers frères et sœurs,

C'est avec une joie particulière que je vous accueille au terme de vos travaux au cours desquels vous vous êtes appliqués à réfléchir sur un problème ancien et toujours nouveau, qui est la responsabilité et le respect pour l'apparition de la vie humaine (…).

Le Concile Vatican II, dans la Constitution
Gaudium et spes, s'adressait déjà aux hommes de science en les invitant à unir leurs efforts pour atteindre une unité du savoir et une certitude consolidée autour des conditions qui peuvent favoriser une "saine régulation de la procréation humaine" (GS, n. 52). Mon prédécesseur de vénérée mémoire, le serviteur de Dieu Paul VI, le 25 juillet 1968, publiait la Lettre encyclique Humanae vitae. Ce document devint rapidement un signe de contradiction. Elaboré à la lumière d'une décision difficile, il constitue un geste significatif de courage en réaffirmant la continuité de la doctrine et de la Tradition de l'Eglise. Ce texte, souvent mal compris et sujet à des équivoques, fit beaucoup discuter, également parce qu'il se situait à l'aube d'une profonde contestation qui marqua la vie de générations entières. Quarante ans après sa publication, cet enseignement manifeste non seulement sa vérité de façon immuable, mais il révèle également la clairvoyance avec laquelle le problème fut affronté. De fait, l'amour conjugal fut décrit au sein d'une processus global qui ne s'arrête pas à la division entre l'âme et le corps et ne dépend pas du seul sentiment, souvent fugace et précaire, mais qui prend en charge l'unité de la personne et le partage total des époux qui, dans l'accueil réciproque, s'offrent eux-mêmes dans une promesse d'amour fidèle et exclusif qui naît d'un authentique choix de liberté. Comment un tel amour pourrait-il rester fermé au don de la vie ? La vie est toujours un don inestimable ; chaque fois que l'on assiste à son apparition nous percevons la puissance de l'action créatrice de Dieu qui a confiance en l'homme et, de cette manière, l'appelle à construire l'avenir avec la force de l'espérance.

Le Magistère de l'Eglise ne peut pas s'exempter de réfléchir de manière toujours nouvelle et approfondie sur les principes fondamentaux qui concernent le mariage et la procréation. Ce qui était vrai hier, reste également vrai aujourd'hui. La vérité exprimée dans
Humanae vitae ne change pas ; au contraire, précisément à la lumière des nouvelles découvertes scientifiques, son enseignement se fait plus actuel et incite à réfléchir sur la valeur intrinsèque qu'il possède. La parole clef pour entrer avec cohérence dans ses contenus demeure celle de l'amour. Comme je l'ai écrit dans ma première Encyclique Deus caritas est : "L'homme devient vraiment lui-même, quand le corps et l'âme se trouvent dans une profonde unité. (...) Mais ce ne sont ni seulement l'esprit ou le corps qui aiment : c'est l'homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l'âme" (n. 5). En l'absence de cette unité, la valeur de la personne se perd et l'on tombe dans le grave danger de considérer le corps comme un objet que l'on peut acheter ou vendre. Dans une culture soumise à la domination de l'avoir sur l'être, la vie humaine risque de perdre sa valeur. Si l'exercice de la sexualité se transforme en une drogue qui veut assujettir le conjoint à ses propres désirs et intérêts, sans respecter les temps de la personne aimée, alors ce que l'on doit défendre n'est plus seulement le véritable concept d'amour, mais en premier lieu la dignité de la personne elle-même. En tant que croyants nous ne pourrions jamais permettre que la domination de la technique puisse nier la qualité de l'amour et le caractère sacré de la vie.

Ce n'est pas un hasard si Jésus, en parlant de l'amour humain, fait référence à ce qui est accompli par Dieu au début de la Création (cf. Mt
19, 4-6). Son enseignement renvoie à l'acte gratuit avec lequel le Créateur a voulu non seulement exprimer la richesse de son amour, qui s'ouvre en se donnant à tous, mais également définir un paradigme en fonction duquel doit se décliner l'action de l'humanité. Dans la fécondité de l'amour conjugal, l'homme et la femme participent à l'acte créateur du Père et mettent en évidence qu'à l'origine de leur vie conjugale il y a un "oui" authentique qui est prononcé et réellement vécu dans la réciprocité, en restant toujours ouvert à la vie. Cette parole du Seigneur reste immuable avec sa profonde vérité et ne peut pas être effacée par les différentes théories qui, au cours des ans, se sont succédé et parfois même contredites entre elles. La loi naturelle, qui est à la base de la reconnaissance de la véritable égalité entre les personnes et les peuples, mérite d'être reconnue comme la source à laquelle doit s'inspirer également la relation entre les époux dans leur responsabilité d'engendrer de nouveaux enfants. La transmission de la vie est inscrite dans la nature et ses lois demeurent comme une norme non écrite à laquelle tous doivent se référer. Toute tentative de détourner le regard de ce principe reste elle-même stérile et ne produit pas de fruit.

Il est urgent que nous redécouvrions à nouveau une alliance qui a toujours été féconde, lorsqu'elle a été respectée ; celle-ci voit au premier-plan la raison et l'amour.
Un maître perspicace comme Guillaume de Saint-Thierry pouvait écrire des paroles que nous ressentons également profondément valable pour notre époque : "Si la raison instruit l'amour et l'amour illumine la raison, si la raison se convertit en amour et l'amour consent à se laisser retenir entre les limites de la raison, alors ceux-ci peuvent accomplir quelque chose de grand" (Nature et grandeur de l'amour, n. 21, 8). Quel est ce "quelque chose de grand" auquel nous pouvons assister ? C'est l'apparition de la responsabilité à l'égard de la vie, qui rend fécond le don que chacun fait de soi à l'autre. C'est le fruit d'un amour qui sait penser et choisir en pleine liberté, sans se laisser conditionner outre mesure par l'éventuel sacrifice demandé. C'est de là que naît le miracle de la vie dont les parents font eux-mêmes l'expérience, en ressentant comme quelque chose d'extraordinaire ce qui s'accomplit en eux et à travers eux. Aucune technique mécanique ne peut remplacer l'acte d'amour que deux époux s'échangent comme signe d'un mystère plus grand qui les voit acteurs et co-participants de la Création.

On assiste toujours plus souvent, hélas, à de tristes événements qui concernent des adolescents, dont les réactions manifestent une
connaissance incorrecte du mystère de la vie et des implications risquées de leurs gestes. L'urgence de la formation, à laquelle je fais souvent référence, voit dans le thème de la vie l'un de ses thèmes privilégiés. Je souhaite vraiment que l'on réserve, notamment aux jeunes, une attention toute particulière, afin qu'ils puissent apprendre le véritable sens de l'amour et se préparent pour cela à travers une éducation adaptée à la sexualité, sans se laisser distraire par des messages éphémères qui empêchent d'atteindre l'essence de la vérité qui est en jeu. Donner de fausses illusions dans le domaine de l'amour ou tromper sur les responsabilités authentiques que l'on est appelé à assumer avec l'exercice de sa propre sexualité ne fait pas honneur à une société qui se réclame des principes de la liberté et de la démocratie. La liberté doit se conjuguer avec la vérité et la responsabilité avec la force du dévouement à l'autre et également avec le sacrifice; sans ces composantes, la communauté des hommes ne grandit pas et le risque de se refermer dans un cercle d'égoïsme asphyxiant reste toujours aux aguets.

L'enseignement exprimé par l'Encyclique
Humanae vitae n'est pas facile. Toutefois, il est conforme à la structure fondamentale avec laquelle la vie a toujours été transmise dès la Création du monde, dans le respect de la nature et conformément à ses exigences. Le respect pour la vie humaine et la sauvegarde de la dignité de la personne nous imposent de tout tenter pour que tous puissent puissent partager l'authentique vérité de l'amour conjugal responsable, dans une pleine adhésion à la loi inscrite dans le cœur de chaque personne.


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20 décembre 2009 7 20 /12 /décembre /2009 11:20
Ce soir, à 23 h 02, ce Blog soufflera ses quatre bougies. Quatre ans d'existence, de réflexions et de discussions passionnées sur Dieu et les questions essentielles de notre vie, de notre foi.

Un grand merci à vous, chers lecteurs, de faire vivre ce Blog par vos commentaires ou simplement par votre présence fidèle. Vous êtes 120-130 lecteurs en moyenne à vous connecter chaque jour sur Totus Tuus. J'espère que vous y trouvez toujours de la nourriture solide pour votre foi. Ou matière consistante à votre réflexion pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas la foi.

Sachez que pour ma part, je me suis beaucoup enrichi de tous nos échanges, et que la relation que nous pouvons avoir les uns les autres par l'intermédiaire de ce Blog est pour moi source de grande joie.

Je demande pardon à ceux d'entre vous que j'aurais pu blesser par telle parole maladroite et peu inspirée. Sachez que je vous porte tous dans mon coeur de chrétien, et dans ma prière.

Que le Seigneur vous bénisse chacun personnellement à l'approche des fêtes de Noël. Qu'il vous apporte sa paix.

Et pour mieux se connaître, je vous invite à répondre aux questions du sondage ci-dessous (plusieurs réponses sont possibles pour la 3e question sur vos catégories préférées). N'hésitez pas à me faire des suggestions sur la manière dont vous aimeriez voir évoluer ce Blog. Pour ma part, ma résolution pour cette année 2010 qui vient est tout simplement... d'achever les quelques chantiers que j'ai commencé. Pour qu'on ne vienne pas dire : "Voilà un homme qui commence à bâtir et qui ne peux pas achever" (Lc 14. 30)!

Bon Noël à tous!
 
               

 

 

               

 

 

               

 

 

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 00:00
envoyé par thechouan
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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 18:47

banni-re-paris.jpgExtrait du discours de départ prononcé par le Pape Benoît XVI à l’aéroport de Tarbes, le 15 septembre 2008.

Fillon 3
Monsieur le Premier Ministre,
Chers Frères Cardinaux et Évêques,
Autorités civiles et politiques présentes,
Mesdames, Messieurs !

Au moment de quitter – non sans regret – le sol de France, je vous suis très reconnaissant d'être venu me saluer, en me donnant ainsi l'occasion de dire une dernière fois combien ce voyage dans votre pays a réjoui mon cœur (…).

Mon voyage a été comme un diptyque. Le premier volet a été Paris, ville que je connais assez bien et lieu de multiples rencontres importantes. J'ai eu l'occasion de célébrer l'Eucharistie dans le cadre prestigieux de l'esplanade des Invalides. J'y ai rencontré un peuple vivant de fidèles, fiers et forts de leur foi, que je suis venu encourager afin qu'ils persévèrent courageusement à vivre l'enseignement du Christ et de son Église. J'ai pu prier aussi les Vêpres avec les prêtres, avec les religieux et les religieuses, et avec les séminaristes. J'ai voulu les affermir dans leur vocation au service de Dieu et du prochain. J'ai passé aussi un moment, trop bref mais combien intense, avec les jeunes sur le parvis de Notre-Dame. Leur enthousiasme et leur affection me réconfortent. Comment ne pas rappeler aussi la prestigieuse rencontre avec le monde de la culture à l'Institut de France et aux Bernardins ? Comme vous le savez, je considère que la culture et ses interprètes sont des vecteurs privilégiés du dialogue entre la foi et la raison, entre Dieu et l'homme.

Le second volet de mon voyage a été Lourdes, un lieu emblématique, qui attire et fascine tout croyant : comme une lumière dans l'obscurité de nos tâtonnements vers Dieu. Marie y a ouvert une porte vers un au-delà qui nous interroge et nous séduit. Maria, porta caeli ! Je me suis mis à son école durant ces trois jours. Le Pape se devait de venir à Lourdes pour célébrer le 150e anniversaire des Apparitions. Devant la Grotte de Massabielle, j'ai prié pour vous tous. J'ai prié pour l'Église. J'ai prié pour la France et pour le monde. Les deux Eucharisties célébrées à Lourdes m'ont permis de m'unir aux fidèles pèlerins. Devenu l'un d'eux, j'ai suivi l'ensemble des quatre étapes du chemin du Jubilé, visitant l'église paroissiale, puis le cachot et la Grotte, et enfin la chapelle de l'hôpital. J'ai aussi prié avec et pour les malades qui viennent chercher apaisement physique et espoir spirituel. Dieu ne les oublie pas, et l'Église non plus. Comme tout fidèle en pèlerinage, j'ai voulu participer à la procession aux flambeaux et à la procession eucharistique. Elles font monter vers Dieu supplications et louanges. Lourdes est aussi le lieu où se rencontrent régulièrement les Évêques de France pour prier ensemble et célébrer l’Eucharistie, réfléchir et échanger sur leur mission de pasteurs. J’ai voulu partager avec eux ma conviction que les temps sont propices à un retour à Dieu.

Monsieur le Premier Ministre, Frères Évêques et chers amis, que Dieu bénisse la France ! Que sur son sol règne l'harmonie et le progrès humain, et que son Église soit le levain dans la pâte pour indiquer avec sagesse et sans crainte, selon son devoir propre, qui est Dieu ! Le moment est arrivé de vous laisser. Peut-être reviendrais-je dans votre beau Pays ? J'en ai le désir, un désir que je confie à Dieu. De Rome, je vous resterai proche et lorsque je m'arrêterai devant la réplique de la grotte de Lourdes, qui se trouve dans les jardins du Vatican depuis un peu plus d'un siècle, je penserai à vous. Que Dieu vous bénisse!


A150908 16 

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 19:41

banni-re-paris.jpgExtrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI lors de la Messe de Notre Dame des douleurs célébrée à Lourdes le 15 septembre 2008.

Chers frères dans l'Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers malades, chers accompagnateurs et hospitaliers,
Chers frères et sœurs !

Nous avons célébré hier la Croix du Christ, l'instrument de notre Salut, qui nous révèle dans toute sa plénitude la miséricorde de notre Dieu. La Croix est en effet le lieu où se manifeste de façon parfaite la compassion de Dieu pour notre monde.
Aujourd'hui, en célébrant la mémoire de Notre-Dame des Douleurs, nous contemplons Marie qui partage la compassion de son Fils pour les pécheurs. Comme l'affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée dans la Passion de son Fils par sa compassion (cf. Homélie pour le dimanche dans l'Octave de l'Assomption). Au pied de la Croix se réalise la prophétie de Syméon : son cœur de mère est transpercé (cf. Lc 2, 35) par le supplice infligé à l'Innocent, né de sa chair. Comme Jésus a pleuré (cf. Jn 11,35), Marie a certainement elle aussi pleuré devant le corps torturé de son enfant. La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l'abîme de sa douleur ; la profondeur de cette affliction est seulement suggérée par le symbole traditionnel des sept glaives. Comme pour son Fils Jésus, il est possible de dire que cette souffrance l'a conduite elle aussi à sa perfection (cf. Hb 2, 10), pour la rendre capable d'accueillir la nouvelle mission spirituelle que son Fils lui confie juste avant de « remettre l'esprit » (cf. Jn 19, 30) : devenir la mère du Christ en ses membres. En cette heure, à travers la figure du disciple bien-aimé, Jésus présente chacun de ses disciples à sa Mère en lui disant : « Voici ton Fils » (cf. Jn 19, 26-27).

Marie est aujourd'hui dans la joie et la gloire de la Résurrection. Les larmes qui étaient les siennes au pied de la Croix se sont transformées en un sourire que rien n’effacera tandis que sa compassion maternelle envers nous demeure intacte. L'intervention secourable de la Vierge Marie au cours de l'histoire l'atteste et ne cesse de susciter à son égard, dans le peuple de Dieu, une confiance inébranlable : la prière du Souvenez-vous exprime très bien ce sentiment. Marie aime chacun de ses enfants, portant d'une façon particulière son attention sur ceux qui, comme son Fils à l'heure de sa Passion, sont en proie à la souffrance ; elle les aime tout simplement parce qu'ils sont ses fils, selon la volonté du Christ sur la Croix.

Le psalmiste, percevant de loin ce lien maternel qui unit la Mère du Christ et le peuple croyant, prophétise au sujet de la Vierge Marie que « les plus riches du peuple… quêteront ton sourire » (Ps 44, 13). Ainsi, à l'instigation de la Parole inspirée de l'Écriture, les chrétiens ont-ils depuis toujours quêté le sourire de Notre Dame, ce sourire que les artistes, au Moyen-âge, ont su si prodigieusement représenter et mettre en valeur. Ce sourire de Marie est pour tous ; il s'adresse cependant tout spécialement à ceux qui souffrent afin qu'ils puissent y trouver le réconfort et l'apaisement. Rechercher le sourire de Marie n'est pas le fait d'un sentimentalisme dévot ou suranné, mais bien plutôt l'expression juste de la relation vivante et profondément humaine qui nous lie à celle que le Christ nous a donnée pour Mère.

Désirer contempler ce sourire de la Vierge, ce n'est pas se laisser mener par une imagination incontrôlée. L'Écriture elle-même nous le dévoile sur les lèvres de Marie lorsqu'elle chante le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur » (Lc 1, 46-47). Quand la Vierge Marie rend grâce au Seigneur, elle nous prend à témoin. Marie partage, comme par anticipation, avec ses futurs enfants que nous sommes, la joie qui habite son cœur, pour qu'elle devienne la nôtre. Chaque récitation du Magnificat fait de nous des témoins de son sourire. Ici à Lourdes, au cours de l'apparition qui eut lieu le mercredi 3 mars 1858, Bernadette contempla de manière toute particulière ce sourire de Marie. Celui-ci fut la première réponse que la Belle Dame donna à la jeune voyante qui voulait connaître son identité. Avant de se présenter à elle, quelques jours plus tard, comme « l'Immaculée Conception », Marie lui fit d'abord connaître son sourire, comme étant la porte d'entrée la plus appropriée à la révélation de son mystère.

Dans le sourire de la plus éminente de toutes les créatures tournée vers nous, se reflète notre dignité d'enfants de Dieu, cette dignité qui n'abandonne jamais celui qui est malade. Ce sourire, vrai reflet de la tendresse de Dieu, est la source d'une espérance invincible. Nous le savons malheureusement : la souffrance endurée rompt les équilibres les mieux assurés d'une vie, ébranle les assises les plus fermes de la confiance et en vient parfois même à faire désespérer du sens et de la valeur de la vie. Il est des combats que l'homme ne peut soutenir seul, sans l'aide de la grâce divine. Quand la parole ne sait plus trouver de mots justes, s'affirme le besoin d'une présence aimante : nous recherchons alors la proximité non seulement de ceux qui partagent le même sang ou qui nous sont liés par l'amitié, mais aussi la proximité de ceux qui nous sont intimes par le lien de la foi. Qui pourraient nous être plus intimes que le Christ et sa sainte Mère, l'Immaculée ? Plus que tout autre, ils sont capables de nous comprendre et de saisir la dureté du combat mené contre le mal et la souffrance. La Lettre aux Hébreux dit à propos du Christ, qu'il « n'est pas incapable de partager notre faiblesse ; car en toutes choses, il a connu l'épreuve comme nous » (cf. Hb 4, 15). Je souhaiterais dire, humblement, à ceux qui souffrent et à ceux qui luttent et sont tentés de tourner le dos à la vie : tournez-vous vers Marie ! Dans le sourire de la Vierge se trouve mystérieusement cachée la force de poursuivre le combat contre la maladie et pour la vie. Auprès d'elle se trouve également la grâce d'accepter, sans crainte ni amertume, de quitter ce monde, à l'heure voulue par Dieu.

Comme elle était juste l'intuition de cette belle figure spirituelle française, Dom Jean-Baptiste Chautard, qui, dans L'âme de tout apostolat, proposait au chrétien ardent de fréquentes « rencontres de regard avec la Vierge Marie » ! Oui,
quêter le sourire de la Vierge Marie n'est pas un pieux enfantillage, c'est l'aspiration, dit le Psaume 44, de ceux qui sont « les plus riches du peuple » (v. 13). « Les plus riches », c'est-à-dire dans l'ordre de la foi, ceux qui ont la maturité spirituelle la plus élevée et savent précisément reconnaître leur faiblesse et leur pauvreté devant Dieu. En cette manifestation toute simple de tendresse qu'est un sourire, nous saisissons que notre seule richesse est l'amour que Dieu nous porte et qui passe par le cœur de celle qui est devenue notre Mère. Quêter ce sourire, c'est d'abord cueillir la gratuité de l'amour ; c'est aussi savoir provoquer ce sourire par notre effort pour vivre selon la Parole de son Fils Bien-aimé, tout comme un enfant cherche à faire naître le sourire de sa mère en faisant ce qui lui plaît. Et nous savons ce qui plaît à Marie grâce aux paroles qu'elle adressa aux serviteurs à Cana : « Faites tout ce qu'il vous dira » (cf. Jn 2, 5).

Le sourire de Marie est une source d'eau vive. « Celui qui croit en moi, dit Jésus, des fleuves d'eau vive jailliront de son cœur » (Jn 7, 38). Marie est celle qui a cru, et, de son sein, ont jailli des fleuves d'eau vive qui viennent irriguer l'histoire des hommes. La source indiquée, ici, à Lourdes, par Marie à Bernadette est l'humble signe de cette réalité spirituelle. De son cœur de croyante et de mère, jaillit une eau vive qui purifie et qui guérit. En se plongeant dans les piscines de Lourdes, combien n'ont-ils pas découvert et expérimenté la douce maternité de la Vierge Marie, s'attachant à elle pour mieux s'attacher au Seigneur ! Dans la séquence liturgique de cette fête de Notre-Dame des Douleurs, Marie est honorée sous le titre de « Fons amoris », « Source d'amour ». Du cœur de Marie, sourd, en effet, un amour gratuit qui suscite en réponse un amour filial, appelé à s'affiner sans cesse. Comme toute mère et mieux que toute mère, Marie est l'éducatrice de l'amour. C'est pourquoi tant de malades viennent ici, à Lourdes, pour se désaltérer auprès du « Fons amoris » et pour se laisser conduire à l'unique source du salut, son Fils, Jésus le Sauveur.

Malades
Le Christ dispense son Salut à travers les Sacrements et, tout spécialement, aux personnes qui souffrent de maladies ou qui sont porteuses d'un handicap, à travers la grâce de l'onction des malades. Pour chacun, la souffrance est toujours une étrangère. Sa présence n'est jamais domesticable. C'est pourquoi il est difficile de la porter, et plus difficile encore – comme l'ont fait certains grands témoins de la sainteté du Christ – de l'accueillir comme une partie prenante de notre vocation, ou d'accepter, comme Bernadette l'a formulé, de « tout souffrir en silence pour plaire à Jésus ». Pour pouvoir dire cela, il faut déjà avoir parcouru un long chemin en union avec Jésus. Dès à présent, il est possible, en revanche, de s'en remettre à la miséricorde de Dieu telle qu'elle se manifeste par la grâce du
Sacrement des malades. Bernadette, elle-même, au cours d'une existence souvent marquée par la maladie, a reçu ce Sacrement à quatre reprises. La grâce propre à ce Sacrement consiste à accueillir en soi le Christ médecin. Cependant, le Christ n'est pas médecin à la manière du monde. Pour nous guérir, il ne demeure pas extérieur à la souffrance éprouvée ; il la soulage en venant habiter en celui qui est atteint par la maladie, pour la porter et la vivre avec lui. La présence du Christ vient rompre l'isolement que provoque la douleur. L'homme ne porte plus seul son épreuve, mais il est conformé au Christ qui s'offre au Père, en tant que membre souffrant du Christ, et il participe, en Lui, à l'enfantement de la nouvelle création.

Sans l'aide du Seigneur, le joug de la maladie et de la souffrance est cruellement pesant. En recevant le Sacrement des malades, nous ne désirons porter d'autre joug que celui du Christ, forts de la promesse qu'il nous a faite que son joug sera facile à porter et son fardeau léger (cf. Mt 11, 30). J'invite les personnes qui recevront l'onction des malades au cours de cette messe à entrer dans une telle espérance.

Le Concile Vatican II a présenté Marie comme la figure en laquelle est résumé tout le mystère de l'Église (cf. LG n. 63-65). Son histoire personnelle anticipe le chemin de l'Église, qui est invitée à être tout aussi attentive qu'elle aux personnes qui souffrent. J'adresse un salut affectueux à toutes les personnes, particulièrement le corps médical et soignant, qui, à divers titres dans les hôpitaux ou dans d'autres institutions, contribuent aux soins des malades avec compétence et générosité. Je voudrais également dire à tous les hospitaliers, aux brancardiers et aux accompagnateurs qui, provenant de tous les diocèses de France et de plus loin encore, entourent tout au long de l'année les malades qui viennent en pèlerinage à Lourdes, combien leur service est précieux. Ils sont les bras de l'Église servante (…). Le service de charité que vous rendez est un service marial.
Marie vous confie son sourire, pour que vous deveniez vous-mêmes, dans la fidélité à son Fils, source d'eau vive. Ce que vous faites, vous le faites au nom de l'Église, dont Marie est l'image la plus pure. Puissiez-vous porter son sourire à tous !

 


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16 décembre 2009 3 16 /12 /décembre /2009 17:28

banni-re-paris.jpgExtrait de la Méditation du Pape Benoît XVI dite à l’occasion de la procession eucharistique dans la prairie de Lourdes, le 14 septembre 2009.

Lourdes B16 2

Seigneur Jésus, tu es là !

Et vous, mes frères, mes sœurs, mes amis,
Vous êtes là, avec moi, devant Lui !

Seigneur, voici deux mille ans, tu as accepté de monter sur une Croix d'infamie pour ensuite ressusciter et demeurer à jamais avec nous tes frères, tes sœurs !

Et vous, mes frères, mes sœurs, mes amis,
Vous acceptez de vous laisser saisir par Lui.

Nous Le contemplons.
Nous L'adorons.
Nous L'aimons. Nous cherchons à L'aimer davantage.

Nous contemplons Celui qui, au cours de son repas pascal, a donné son Corps et son Sang à ses disciples, pour être avec eux « tous les jours, jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20).

Nous adorons Celui qui est au principe et au terme de notre foi, Celui sans qui nous ne serions pas là ce soir, Celui sans qui nous ne serions pas du tout, Celui sans qui rien ne serait, rien, absolument rien ! Lui, par qui « tout a été fait » (Jn1, 3),Lui en qui nous avons été créés, pour l'éternité, Lui qui nous a donné son propre Corps et son propre Sang, Il est là, ce soir, devant nous, offert à nos regards.

Nous aimons – et nous cherchons à aimer davantage – Celui qui est là, devant nous, offert à nos regards, à nos questions peut-être, à notre amour.

Que nous marchions – ou que nous soyons cloués sur un lit de souffrance ; que nous marchions dans la joie – ou que nous soyons dans le désert de l'âme (cf. Nb 21, 5) ; Seigneur, prends-nous tous dans ton Amour : dans l'Amour infini, qui est éternellement Celui du Père pour le Fils et du Fils pour le Père, celui du Père et du Fils pour l'Esprit, et de l’Esprit pour le Père et pour le Fils.

L'Hostie Sainte exposée à nos yeux dit cette Puissance infinie de l'Amour manifestée sur la Croix glorieuse. L'Hostie Sainte nous dit l'incroyable abaissement de Celui qui s'est fait pauvre pour nous faire riches de Lui, Celui qui a accepté de tout perdre pour nous gagner à son Père.
L'Hostie Sainte est le Sacrement vivant, efficace de la présence éternelle du Sauveur des hommes à son Église.

Mes frères, mes sœurs, mes amis,

Acceptons, acceptez de vous offrir à Celui qui nous a tout donné, qui est venu non pour juger le monde, mais pour le sauver (cf. Jn 3, 17), acceptez de reconnaître la présence agissante en vos vies de Celui qui est ici présent, exposé à nos regards. Acceptez de Lui offrir vos propres vies !

Marie, la Vierge sainte, Marie, l'Immaculée Conception, a accepté, voici deux mille ans, de tout donner, d'offrir son corps pour accueillir le Corps du Créateur. Tout est venu du Christ, même Marie ; tout est venu par Marie, même le Christ.

Marie, la Vierge sainte, est avec nous ce soir, devant le Corps de son Fils, cent cinquante ans après s'être révélée à la petite Bernadette.

Vierge sainte, aidez-nous à contempler, aidez-nous à adorer, aidez-nous à aimer, à aimer davantage Celui qui nous a tant aimés, pour vivre éternellement avec Lui.

Une foule immense de témoins est invisiblement présente à nos côtés, tout près de cette grotte bénie et devant cette église voulue par la Vierge Marie ;
la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont contemplé, vénéré, adoré, la présence réelle de Celui qui s’est donné à nous jusqu'à sa dernière goutte de sang ;
la foule de tous ceux et de toutes celles qui ont passé des heures à L'adorer dans le Très Saint Sacrement de l'autel.

Ce soir, nous ne les voyons pas, mais nous les entendons qui nous disent, à chacun et à chacune d'entre nous : « Viens, laisse-toi appeler par le Maître ! Il est là ! Il t'appelle (cf. Jn 11, 28) ! Il veut prendre ta vie et l'unir à la sienne. Laisse-toi saisir par Lui. Ne regarde plus tes blessures, regarde les siennes. Ne regarde pas ce qui te sépare encore de Lui et des autres ; regarde l'infinie distance qu'Il a abolie en prenant ta chair, en montant sur la Croix que Lui ont préparée les hommes et en se laissant mettre à mort pour te montrer son amour. Dans ses blessures, Il te prend ; dans ses blessures, II t’y cache (…), ne te refuse pas à son Amour ! ».

La foule immense de témoins qui s'est laissée saisir par son Amour, c'est la foule des Saints du ciel qui ne cessent d'intercéder pour nous. Ils étaient pécheurs et le savaient, mais ils ont accepté de ne pas regarder leurs blessures et de ne plus regarder que les blessures de leur Seigneur, pour y découvrir la gloire de la Croix, pour y découvrir la victoire de la Vie sur la mort. Saint Pierre-Julien Eymard nous dit tout, lorsqu'il s'écrie : « La sainte Eucharistie, c'est Jésus-Christ passé, présent et futur » ( Sermons et instructions paroissiales d’après 1856, 4-2,1. De la méditation).Jésus-Christ passé, dans la vérité historique de la soirée au cénacle, où nous ramène toute célébration de la sainte Messe.

Procession
Jésus-Christ est présent, parce qu'il nous dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps, ceci est mon sang ». « Ceci EST », au présent, ici et maintenant, comme dans tous les ici et maintenant de l'histoire des hommes. Présence réelle, présence qui dépasse nos pauvres lèvres, nos pauvres cœurs, nos pauvres pensées. Présence offerte à nos regards comme ici, ce soir, près de cette grotte où Marie s'est révélée comme l’Immaculée Conception.

L'Eucharistie est aussi Jésus-Christ futur, Jésus-Christ à venir. Lorsque nous contemplons l'Hostie Sainte,son Corps de gloire transfiguré et ressuscité, nous contemplons ce que nous contemplerons dans l'éternité, en y découvrant le monde entier porté par son Créateur à chaque seconde de son histoire. Chaque fois que nous Le mangeons, mais aussi chaque fois que nous Le contemplons, nous L'annonçons, jusqu'à ce qu'Il revienne, « donec veniat ». C'est pourquoi nous Le recevons avec un infini respect.

Certains parmi nous ne peuvent pas ou ne peuvent pas encore Le recevoir dans le Sacrement, mais ils peuvent Le contempler avec foi et amour, et exprimer le désir de pouvoir s’unir à Lui. C’est un désir qui a une grande valeur aux yeux de Dieu. Ceux-ci attendent son retour avec plus d’ardeur ; Ils attendent Jésus-Christ à venir.

(…) Le bienheureux Charles de Foucauld est né en 1858, l'année même des apparitions de Lourdes. Non loin de son corps raidi par la mort, se trouvait, comme le grain de blé jeté à terre, la lunule contenant le Saint-Sacrement que frère Charles adorait chaque jour durant de longues heures. Le Père de Foucauld nous livre la prière de l'intime de son cœur, une prière adressée à notre Père, mais qu'avec Jésus nous pouvons en toute vérité faire nôtre devant la Sainte Hostie : « `Mon Père, je remets mon esprit entre Vos mains'. »

C'est la dernière prière de notre Maître, de notre Bien-Aimé... Puisse-t-elle être la nôtre, et qu'elle soit non seulement celle de notre dernier instant, mais celle de tous nos instants :

« Mon Père, je me remets entre vos mains ;
mon Père, je me confie à vous ;
mon Père, je m'abandonne à Vous ;
mon Père, faites de moi ce qu'il Vous plaira ;
quoi que Vous fassiez de moi, je Vous remercie ;
merci de tout ; je suis prêt à tout, j'accepte tout ;
je Vous remercie de tout.
Pourvu que Votre volonté se fasse en moi, mon Dieu,
pourvu que Votre volonté se fasse en toutes Vos créatures,
en tous Vos enfants,
en tous ceux que Votre cœur aime,
je ne désire rien d'autre, mon Dieu ;
je remets mon âme entre Vos mains ;
je Vous la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur,
parce que je Vous aime,
et que ce m'est un besoin d'amour de me donner,
de me remettre entre Vos mains, sans mesure, avec une infinie confiance,
car Vous êtes mon Père. »

Frères et sœurs bien-aimés, pèlerins d'un jour et habitants de ces vallées, frères évêques, prêtres, diacres, religieux, religieuses, vous tous qui voyez devant vous l'infini abaissement du Fils de Dieu et la gloire infinie de la Résurrection,
restez en silence et adorez votre Seigneur, notre Maître et Seigneur Jésus le Christ. Restez en silence, puis parlez et dites au monde : nous ne pouvons plus taire ce que nous savons. Allez dire au monde entier les merveilles de Dieu, présent à chaque moment de nos vies, en tout lieu de la terre. Que Dieu nous bénisse et nous garde, qu'Il nous conduise sur le chemin de la vie éternelle, Lui qui est la Vie, pour les siècles des siècles. Amen.


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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 19:00


Deuxième Partie
 : LA RAISON


LES PREUVES DE L'EXISTENCE DE DIEU (1/2)
 

 

 


Chers amis,

Nous avons vu précédemment qu’il était tout à fait raisonnable de croire en une réalité qui dépasse la Raison ; qu’il n’était pas absurde d’adhérer à un système de pensée pré-supposant un acte de foi transrationnel ; que cet acte de foi trans-rationnel était lui-même tout-à-fait rationnel.

Il reste maintenant à déterminer quelles sont les raisons qui pourraient nous conduire à croire en l’existence de Dieu.

S’il existe des raisons de croire, comme nous l’avons affirmé ici à maintes reprises, il est important de les examiner avec attention, puisque tout le sens de notre vie se joue sur cette question.

Nous allons voir qu’un raisonnement intelligent à partir de ce qui existe conduit naturellement l’homme à inférer l’existence de Dieu.

Nous allons voir que la Raison humaine correctement appliquée, l’usage de son simple bon sens, conduit naturellement l’homme à Dieu.

Il existe trois séries d’arguments rationnels en faveur de l’existence de Dieu, tous trois accessibles à la seule raison humaine ; point n’est besoin pour les appréhender d’une quelconque révélation surnaturelle.

La première, ce sont les preuves métaphysiques tirées de l’observation de l’univers.

La seconde, ce sont les preuves tirées du consentement universel des hommes à l’existence de Dieu.

La troisième, ce sont des preuves tirées de l’homme lui-même, de la considération de ce que l’homme est en lui-même.

Des preuves donc tirées : de l’univers, de l’histoire des hommes, et de l’être humain pris en tant que tel et considéré en lui-même.

1. Les preuves tirées de l’observation de l’univers

La première preuve raisonnable en faveur de l’existence de Dieu, celle dont nous avons déjà abondamment parlé sur ce Blog, c’est la preuve métaphysique tirée de l’observation de l’univers.

Le mot « métaphysique » peut faire un peu peur, mais il s’agit en réalité d’une chose très simple. En grec, le substantif
« phusis » désigne la nature, et la préposition « meta » signifie « au-delà de ». La démarche métaphysique consiste donc à inférer à partir du monde existant ce que celui-ci présuppose pour être ce qu’il est, comme il est : il s'agit d'une démarche inductive qui part du donné objectif tel que les sciences positives nous le révèlent, et qui s’efforce de penser l’origine ontologique du donné observé ; de comprendre ce que celui-ci pré-requiert pour être ce qu’il est, comme il est.

Le point de départ du raisonnement réside donc dans la réalité matérielle ; dans la découverte, dans les réalités du monde qui nous entourent, d’une
richesse qui se trouve en elles, mais dont ni elles ni la totalité du monde ne suffisent à rendre compte.

L’activité métaphysique de l’intelligence réfléchissant sur le donné objectif de l’univers va s'exercer selon le raisonnement suivant : si le monde, en ses parties comme en son tout, recèle en lui une
qualité d’être dont il ne peut posséder lui-même la clef, c’est que cette réalité lui est conférée par un autre Être. Elle ne peut provenir en effet du néant, puisque le néant par définition, ne peut pas créer l’être ; elle ne peut provenir que d’un autre Être qui n’est pas l’être de l’univers, mais un Être distinct de l'univers et absolu (i.e. qui se suffit à lui même et ne dépend d'aucun autre être pour exister).

Cet Être qui possède la clef du secret de l'univers, de ses richesses enfouies et de sa qualité d'être, c’est Lui que nous nommons Dieu.

Le principe métaphysique que nous venons de mettre en oeuvre pour parvenir à cette conclusion est le principe de causalité en vertu duquel toute chose qui n’a pas sa raison d’être en elle-même doit l’avoir nécessairement dans une autre qui est à soi-même sa propre raison d’être. Nul être en effet ne peut se produire lui-même ; c’est là une impossibilité absolue. L’être qui se produirait lui-même existerait avant d’exister, ce qui est impossible. Par conséquent, tout ce qui est produit est nécessairement produit par un autre être qui est sa
cause efficiente. Si cet autre être est lui-même produit, il a besoin à son tour d’une cause efficiente pour être ; et ainsi de suite, comme cela s’observe chez les êtres vivants, les plantes ou les animaux, qui naissent les uns des autres. Mais comme on ne peut procéder ainsi à l’infini, il est nécessaire de s’arrêter à une première cause efficiente qui ait produit le premier terme de la série sans s’être produite elle-même ; autrement, il n’y aurait pas de causes efficientes secondaires, et rien ne se produirait, puisque du néant, rien ne se peut faire. La première Cause efficiente, qui explique toutes les causes efficientes secondaires, et de laquelle celles-ci découlent nécessairement, est celle-là même que nous nommons Dieu.

L’observation du monde créé nous met donc sur la piste de l’existence de Dieu, parce que l’univers lui-même ne peut être la Cause efficiente première de toutes choses. L’univers lui-même a commencé d’être. Il ne comporte donc pas en lui-même le caractère ontologique de la
suffisance. Si l’univers était suffisant, s’il était le seul Être, il n’aurait pas commencé d’être. Il existerait de tout éternité, puisque l’être ne peut pas procéder du néant. Pour commencer d’exister, il faut qu'il existe déjà ; mais s'il existe déjà, c'est qu'il n'a pas besoin de commencer d’exister! L’Être absolu, par conséquent, la Cause efficiente de toutes les causes efficientes secondaires que nous observons dans l’univers, est nécessairement éternel. Ce que l’univers n’est pas, puisque nous savons aujourd’hui qu’il est né avec le Big Bang (nous connaissons ainsi son âge), qu’il est en phase de croissance et d’évolution, et qu’il mourra un jour, quand toutes les étoiles seront éteintes.

Je sais bien que depuis Kant, beaucoup n’admettent plus la validité du principe de causalité en dehors de l’expérience sensible. Ils ne peuvent ou ne veulent pas s’élever au dessus du donné expérimental, au motif que l’on ne peut pas, selon eux,
vérifier l’existence d’une Cause première. « On ne peut pas dire avec certitude que Dieu existe, affirment-ils, parce qu’on ne le voit pas, et qu’il n’existe aucun moyen de vérifier expérimentalement son existence. La métaphysique est une pure activité de l’esprit dont rien ne permet de démontrer la réalité de ses conclusions ».

Mais cette impossibilité expérimentale alléguée diminue-t-elle la valeur du raisonnement ? Serez-vous plus assuré
de l’existence de l’ouvrier qui a fabriqué votre montre quand vous l’aurez vu ? Pour ma part, je n’ai pas besoin d’un constat sensoriel pour affirmer que ma montre existe et a besoin d’un horloger pour être ce qu’elle, comme elle est. Il existe d’autres modes de connaissances certaines que la connaissance de type expérimentale.

2.
Les preuves tirées du consentement universel des hommes à l’existence de Dieu

Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des hommes, on observe que tous les peuples ont toujours et partout manifesté leur croyance en une divinité à laquelle ils rendent un culte. Les historiens identifient d'ailleurs la naissance de l’humanité sur la terre à l’apparition des premières sépultures.

« Il n’y a pas de nations assez barbares,
disait Cicéron, pour ignorer qu’il existe un Dieu, bien qu’elle ne sache pas quelle est sa nature ».

Or, une croyance
universelle et perpétuelle, qui a pour objet :
1. une chose facile à connaître ;
2. de grande importance pour l’homme ;
3. contraire ou étrangère aux passions ;
est une croyance que l’on peut raisonnablement tenir pour vraie, dans la mesure où elle ne peut s’expliquer que par l’évidence, une évidence d’intuition ou de raisonnement.

Telle est la croyance en l’existence de Dieu.

Elle a pour objet :
1. une chose facile à connaître : la raison humaine s’élève sans peine, nous l'avons vu, de la considération des êtres de ce monde à la connaissance de leur auteur ;
2. une chose de grande importance pour l’homme : selon que Dieu est ou n’est pas, le sens de notre vie ne peut pas être le même ;
3. une chose contraire aux passions : l’effort des passions tendrait plutôt à effacer de la pensée l’idée de ce témoin gênant, de ce Juge inflexible, de ce « Vengeur » du vice qu'est Dieu dans l'esprit de beaucoup de gens.

Dès lors, la conclusion s’impose : le consentement universel des hommes à l’existence de Dieu est une preuve solide de l’existence de Dieu.

On pourrait certes prendre le contrepied exact de ce que je viens de dire pour considérer au contraire la multiplicité des religions existant dans le monde comme l'obstacle principal à la reconnaissance de l’existence de Dieu. Pourquoi ? Parce que cette diversité des religions introduit un élément de relativité dans un système de croyance qui a vocation à l’absolu. Si Dieu existe en effet, il est nécessairement UN. Car UNE est la vérité. Les hommes ont beau être des milliards sur la terre, tous différents les uns des autres, avec des mentalités et des cultures très hétérogènes, il n’en demeure pas moins que 2 et 2 font 4 pour tous. Si Dieu existe, et si son existence est aussi objective qu’une démonstration mathématique, alors il n’y a qu’un seul Dieu, et ce Dieu est le même pour tous, nonobstant la diversité des cultures et des mentalités.

Comment expliquer alors que tous ne reconnaissent pas le même Dieu ; que chacun ait sa propre conception de Dieu ? Comment rendre compte rationnellement de cette pluralité des religions sur la terre ?

Nous l’avons dit plus haut : aussi loin que l’on remonte dans le passé, on constate que les hommes n’ont
jamais cessé de s’interroger sur l’origine des choses et de l’homme, et de chercher des solutions au problème métaphysique de leur existence en ce monde en ayant recours à cette Réalité suprême qu'est Dieu - ou le « divin » selon l’idée qu’on s’en fait.

Cette recherche religieuse n’a
jamais cessé depuis l’homme de Cro-Magnon. On en trouve des traces constantes dans les innombrables religions qui ont marqué l’histoire des hommes : que l’on songe aux religions égyptiennes, babyloniennes ou Inca ; aux trois religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam ; à l’hindouisme, au bouddhisme et aux multiples religions animistes. Le phénomène des sectes lui-même nous dit quelque chose de la soif de Dieu qui habite le cœur de l’homme et qui le conduit à une recherche aussi passionnée que tourmentée de Dieu – ou du divin – et du sens de la vie.

Cette très grand multiplicité d’approches religieuses ne finit-elle donc pas par décrédibiliser le sentiment religieux lui-même qui, par nature, a vocation à livrer aux hommes une explication unique et définitive au monde et à la vie ; à présenter à l’humanité UN seul et unique Dieu ?

Eh bien, je ne le crois pas. Je pense tout au contraire que Dieu se manifeste très clairement dans toutes ces recherches humaines, nécessairement imparfaites
parce qu’humaines. Ces "imperfections" ou "tâtonnements" ne doivent pas nous voiler le mystère du fait religieux dans l'histoire de l'humanité, le désir universel de Dieu qui nous révèle indirectement la Source qui en est à l'origine. Croyez-vous que l’homme connaîtrait la soif si l’eau n’existait pas ?

On pourrait objecter également que les religions ont trop souvent entraîné des divisions intolérables, des guerres et des conflits parfois très sanglants entre les hommes, et que tout cela ne plaide pas en faveur de l'existence de Dieu. C’est vrai ; c’est là un
fait incontournable. Mais on pourrait tout aussi bien dire que la politique, elle aussi, a trop souvent entraîné des divisions, des guerres et des déchirements très violents entre les hommes : est-ce que cela signifie pour autant qu’il ne faille plus faire de la politique ?

On a beaucoup tué aussi pour de grands idéaux. Souvenez-vous de la plainte de Manon Rolland passant devant la statue de la Liberté alors qu’elle était conduite à l’échaffaud, le 8 novembre 1793 :
« Liberté ! Liberté ! Que de crimes commis en ton nom ! » Est-ce à dire que la Liberté est mauvaise en soi du seul fait que certains ont tué en son nom ? Non bien sûr. Car ce n’est pas la politique, ni la Liberté, ni la religion qui tuent. Ce sont les hommes pervertis et aveuglés par la haine, trop heureux sans doute de trouver dans la Liberté ou en Dieu de nobles prétextes à l’assouvissement de leur pulsion de mort.

Un chrétien, nous le savons, ne peut assassiner son frère. Si un chrétien, par malheur, assassinait son frère, il ne se comporterait pas en chrétien. Et qu'il le fasse au nom du Christ ne changerait rien à l’affaire!

La question qui nous intéresse ici n'est pas de savoir comment l'homme accueille l'existence de Dieu quand il en est intimement convaincu (ce qu'il fait de Dieu lorsqu'il a connaissance de son existence) ; elle est simplement de savoir si Dieu existe ou non. Et nous voyons bien que l'usage de notre Raison nous conduit irrésistiblement à une réponse positive.

3.
Les preuves tirées de l’observation de ce qu’est l’homme en lui-même

Nous verrons dans un prochain article que la considération de ce qu’est l’homme en lui-même nous met également sur la piste de l’existence de Dieu, d’un Dieu dont nous pourrons percevoir cette fois-ci non pas seulement l’existence, mais aussi ce qu’il est en lui-même, sa
nature.

(à suivre…)



Bibliographie de cette partie consacrée aux preuves rationnelles de l'existence de Dieu (1/2)
 :

- Abbé Pierre DESCOUVEMONT, « Guide des difficultés de la foi catholique », 1989
- Exposition de la doctrine chrétienne, Tome I, « Le Dogme», Editions Fideliter, 1992
- Daniel FOUCHER, « Répondre aux questions », Editions de Montligeon, 1979
- Jacques LACOURT, « Croire en Dieu : est-ce possible aujourd’hui ? », Droguet & Ardant, 1991
- Mgr André-Mutien LEONARD, « Les raisons de croire », Communio Fayard, 1987
- Claude TRESMONTANT, « Comment se pose aujourd'hui le problème de l'existence de Dieu », Editions du Seuil, 1966

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Publié par Matthieu BOUCART -
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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 11:54

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Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les évêques de France, à Lourdes le 14 septembre 2009.

Lourdes évèques

Messieurs les Cardinaux,
Très chers Frères dans l'Épiscopat !


C'est la première fois depuis le début de mon Pontificat que j'ai la joie de vous rencontrer tous ensemble (…). Je me réjouis d'être parmi vous ce soir dans cet hémicycle « Sainte Bernadette », qui est le lieu ordinaire de vos prières et de vos rencontres, lieu où vous exposez vos soucis et vos espérances, et lieu de vos discussions et de vos réflexions. Cette salle est située à un endroit privilégié près de la grotte et des basiliques mariales. Certes, les visites ad limina vous font rencontrer régulièrement le Successeur de Pierre à Rome, mais ce moment, que nous vivons, nous est donné comme une grâce pour réaffirmer les liens étroits qui nous unissent dans le partage du même sacerdoce directement issu de celui du Christ rédempteur. Je vous encourage à continuer à travailler dans l'unité et la confiance, en pleine communion avec Pierre qui est venu pour raffermir votre foi.

(…) Je voudrais profiter de cette occasion pour réfléchir avec vous sur quelques thèmes que je sais être au centre de votre attention.

L'Église – Une, Sainte, Catholique et Apostolique – vous a enfantés par le Baptême. Elle vous a appelés à son service ; vous lui avez donné votre vie, d'abord comme diacres et prêtres, puis comme évêques. Je vous exprime toute mon estime pour ce don de vos personnes : malgré l'ampleur de la tâche, que ne vient pas diminuer l'honneur qu'elle comporte – honor, onus ! –vous accomplissez avec fidélité et humilité la triple tâche qui est la vôtre : enseigner, gouverner, sanctifier suivant la Constitution 
Lumen Gentium (nn. 25-28) et le décret Christus Dominus. Successeurs des Apôtres, vous représentez le Christ à la tête des diocèses qui vous ont été confiés, et vous vous efforcez d’y réaliser le portrait de l'Évêque tracé par saint Paul ; vous avez à grandir sans cesse dans cette voie, afin d'être toujours plus « hospitaliers, amis du bien, pondérés, justes, pieux, maîtres de vous, attachés à l'enseignement sûr, conformes à la doctrine » (cf. Tt 1, 8-9). Le peuple chrétien doit vous considérer avec affection et respect. Dès les origines, la tradition chrétienne a insisté sur ce point : « Tous ceux qui sont à Dieu et à Jésus-Christ, ceux-là sont avec l'Évêque », disait saint Ignace d'Antioche (Aux Philad. 3, 2), qui ajoutait encore : « celui que le maître de maison envoie pour administrer sa maison, il faut que nous le recevions comme celui-là même qui l'a envoyé » (Aux Eph. 6, 1). Votre mission, spirituelle surtout, consiste donc à créer les conditions nécessaires pour que les fidèles puissent, pour citer de nouveau saint Ignace, « chanter d'une seule voix par Jésus-Christ une hymne au Père » (Ibid. 4, 2) et faire ainsi de leur vie une offrande à Dieu.

Vous êtes à juste titre convaincus que, pour faire grandir en chaque baptisé le goût de Dieu et la compréhension du sens de la vie, la catéchèse est d’une importance fondamentale.
Les deux instruments principaux dont vous disposez, le 
Catéchisme de l'Église catholique et le Catéchisme des Évêques de France constituent de précieux atouts. Ils donnent de la foi catholique une synthèse harmonieuse et permettent d'annoncer l'Évangile dans une fidélité réelle à sa richesse. La catéchèse n'est pas d'abord affaire de méthode, mais de contenu, comme l'indique son nom même : il s'agit d'une saisie organique (kat-echein) de l'ensemble de la révélation chrétienne, apte à mettre à la disposition des intelligences et des cœurs la Parole de Celui qui a donné sa vie pour nous. De cette manière, la catéchèse fait retentir au cœur de chaque être humain un unique appel sans cesse renouvelé : « Suis-moi » (Mt 9, 9). Une soigneuse préparation des catéchistes permettra la transmission intégrale de la foi, à l’exemple de saint Paul, le plus grand catéchiste de tous les temps, vers lequel nous regardons avec une admiration particulière en ce bimillénaire de sa naissance. Au milieu des soucis apostoliques, il exhortait ainsi : « Un temps viendra où l’on ne supportera plus l’enseignement solide, mais, au gré de leur caprice, les gens iront chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la Vérité pour se tourner vers des récits mythologiques » (2 Tm 4, 3-4). Conscients du grand réalisme de ses prévisions, avec humilité et persévérance vous vous efforcez de correspondre à ses recommandations : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps … avec une grande patience et avec le souci d'instruire » (2 Tm 4, 2).

Pour réaliser efficacement cette tâche, vous avez besoin de collaborateurs. Pour cette raison les vocations sacerdotales et religieuses méritent plus que jamais d'être encouragées.
J'ai été informé des initiatives qui sont prises avec foi en ce domaine, et je tiens à apporter tout mon soutien à ceux qui n'ont pas peur, tel le Christ, d'inviter jeunes ou moins jeunes à se mettre au service du Maître qui est là et qui appelle (cf. Jn 11, 28). Je voudrais remercier chaleureusement et encourager toutes les familles, toutes les paroisses, toutes les communautés chrétiennes et tous les mouvements d'Église qui sont la bonne terre qui donne le bon fruit (cf. Mt 13, 8) des vocations. Dans ce contexte, je ne veux pas omettre d’exprimer ma reconnaissance pour les innombrables prières de vrais disciples du Christ et de son Église. Il y a parmi eux des prêtres, des religieux et religieuses, des personnes âgées ou des malades, des prisonniers aussi, qui durant des décennies ont fait monter vers Dieu leurs supplications pour accomplir le commandement de Jésus : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson » (Mt 9, 38). L'Évêque et les communautés de fidèles doivent, pour ce qui les concerne, favoriser et accueillir les vocations sacerdotales et religieuses, en s'appuyant sur la grâce que donne l'Esprit Saint pour opérer le discernement nécessaire. Oui, très chers Frères dans l'épiscopat, continuez à appeler au sacerdoce et à la vie religieuse, tout comme Pierre a lancé ses filets sur l'ordre du Maître, alors qu'il avait passé la nuit à pêcher sans rien prendre (cf. Lc 5, 5).

On ne dira jamais assez que le sacerdoce est indispensable à l'Église, dans l'intérêt même du laïcat. Les prêtres sont un don de Dieu pour l'Église. Les prêtres ne peuvent déléguer leurs fonctions aux fidèles en ce qui concerne leurs missions propres. Chers Frères dans l'épiscopat, je vous invite à rester soucieux d'aider vos prêtres à vivre dans une union intime avec le Christ. Leur vie spirituelle est le fondement de leur vie apostolique. Vous les exhorterez avec douceur à la prière quotidienne et à la célébration digne des Sacrements, surtout de l'Eucharistie et de la Réconciliation, comme le faisait saint François de Sales pour ses prêtres. Tout prêtre doit pouvoir se sentir heureux de servir l'Église. A l'école du curé d'Ars, fils de votre terre et patron de tous les curés du monde, ne cessez pas de redire qu'un homme ne peut rien faire de plus grand que de donner aux fidèles le corps et le sang du Christ, et de pardonner les péchés. Cherchez à être attentifs à leur formation humaine, intellectuelle et spirituelle et à leurs moyens d'existence. Essayez, malgré le poids de vos lourdes occupations, de les rencontrer régulièrement et sachez les recevoir comme des frères et des amis (cf. LG 28 et CPE 16). Les prêtres ont besoin de votre affection, de votre encouragement et de votre sollicitude. Soyez proches d'eux et ayez une attention particulière pour ceux qui sont en difficulté, malades ou âgés (cf. CPE 16). N'oubliez pas qu'ils sont comme le dit le Concile Vatican II, reprenant la superbe expression utilisée par saint Ignace d'Antioche aux Magnésiens, « la couronne spirituelle de l'Évêque » (LG 41).

(…) Quels sont les autres domaines qui requièrent une plus grande attention ? Les réponses peuvent différer d'un diocèse à l'autre, mais il y a certainement un problème qui apparaît partout d’une urgence particulière : c’est la situation de la famille. Nous savons que le couple et la famille affrontent aujourd'hui de vraies bourrasques. Les paroles de l’évangéliste à propos de la barque dans la tempête au milieu du lac peuvent s’appliquer à la famille : « Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait »(Mc 4, 37). Les facteurs qui ont amené cette crise sont bien connus, et je ne m'attarderai donc pas à les énumérer. Depuis plusieurs décennies, des lois ont relativisé en différents pays sa nature de cellule primordiale de la société. Souvent, elles cherchent plus à s'adapter aux mœurs et aux revendications de personnes ou de groupes particuliers, qu'à promouvoir le bien commun de la société. L'union stable d'un homme et d'une femme, ordonnée à la construction d'un bonheur terrestre grâce à la naissance d'enfants donnés par Dieu, n'est plus, dans l'esprit de certains, le modèle auquel l’engagement conjugal se réfère. Cependant l’expérience enseigne que la famille est le socle sur lequel repose toute la société. De plus, le chrétien sait que la famille est aussi la cellule vivante de l'Église. Plus la famille sera imprégnée de l'esprit et des valeurs de l'Évangile, plus l'Église elle-même en sera enrichie et répondra mieux à sa vocation (…). Vous avez raison de maintenir, même à contre-courant, les principes qui font la force et la grandeur du Sacrement de mariage. L'Église veut rester indéfectiblement fidèle au mandat que lui a confié son Fondateur, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ. Elle ne cesse de répéter avec Lui : « Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! » (Mt 19, 6). L’Église ne s'est pas donné cette mission : elle l'a reçue. Certes, personne ne peut nier l'existence d'épreuves, parfois très douloureuses, que traversent certains foyers. Il faudra accompagner ces foyers en difficulté, les aider à comprendre la grandeur du mariage, et les encourager à ne pas relativiser la volonté de Dieu et les lois de vie qu'Il nous a données.

Une question particulièrement douloureuse, nous le savons, est celle des divorcés remariés. L'Église, qui ne peut s'opposer à la volonté du Christ, maintient fermement le principe de l'indissolubilité du mariage, tout en entourant de la plus grande affection ceux et celles qui, pour de multiples raisons, ne parviennent pas à le respecter. On ne peut donc admettre les initiatives qui visent à bénir des unions illégitimes. L'Exhortation apostolique 
Familiaris consortio a indiqué le chemin ouvert par une pensée respectueuse de la vérité et de la charité.

Les jeunes, je le sais bien, chers Frères, sont au centre de vos préoccupations. Vous leur consacrez beaucoup de temps, et vous avez raison. Ainsi que vous avez pu le constater, je viens d'en rencontrer une multitude à Sydney, au cours de la 
Journée Mondiale de la Jeunesse. J'ai apprécié leur enthousiasme et leur capacité de se consacrer à la prière. Tout en vivant dans un monde qui les courtise et qui flatte leurs bas instincts, portant, eux aussi, le poids bien lourd d'héritages difficiles à assumer, les jeunes conservent une fraîcheur d'âme qui a fait mon admiration. J'ai fait appel à leur sens des responsabilités en les invitant à s'appuyer toujours sur la vocation que Dieu leur a donnée au jour de leur Baptême. « Notre force, c'est ce que le Christ veut de nous », disait le Cardinal Jean-Marie Lustiger (…).

A l'Élysée, j'ai évoqué l'autre jour l'originalité de la situation française que le Saint-Siège désire respecter. Je suis convaincu, en effet, que les Nations ne doivent jamais accepter de voir disparaître ce qui fait leur identité propre. Dans une famille, les différents membres ont beau avoir le même père et la même mère, ils ne sont pas des individus indifférenciés, mais bien des personnes avec leur propre singularité. Il en va de même pour les pays, qui doivent veiller à préserver et développer leur culture propre, sans jamais la laisser absorber par d'autres ou se noyer dans une terne uniformité. « La Nation est en effet,pour reprendre les termes du Pape Jean-Paul II, la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément, par la culture. La Nation existe "par" la culture et "pour" la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu'ils puissent "être davantage" dans la communauté » (
Discours à l'UNESCO, 2 juin 1980, n. 14). Dans cette perspective, la mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce Pays de mieux comprendre d'où il vient et où il va. Par conséquent, dans le cadre institutionnel existant et dans le plus grand respect des lois en vigueur, il faudrait trouver une voie nouvelle pour interpréter et vivre au quotidien les valeurs fondamentales sur lesquelles s’est construite l’identité de la Nation. Votre Président en a évoqué la possibilité. Les présupposés sociopolitiques d’une antique méfiance, ou même d’hostilité, s'évanouissent peu à peu. L'Église ne revendique pas la place de l'État. Elle ne veut pas se substituer à lui. Elle est une société basée sur des convictions, qui se sait responsable du tout et ne peut se limiter à elle-même. Elle parle avec liberté, et dialogue avec autant de liberté dans le seul désir d'arriver à la construction de la liberté commune. Une saine collaboration entre la Communauté politique et l’Église, réalisée dans la conscience et le respect de l’indépendance et l’autonomie de chacune dans son propre domaine, est un service rendu à l’homme, ordonné à son épanouissement personnel et social (…).

La récente Assemblée plénière du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux a mis en évidence que le dialogue authentique demande comme conditions fondamentales une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé pour avancer peu à peu dans la découverte de la Vérité. L'objectif des dialogues œcuménique et interreligieux, différents naturellement dans leur nature et leur finalité respective, est la recherche et l’approfondissement de la Vérité. Il s'agit donc d'une tâche noble et obligatoire pour tout homme de foi, car le Christ lui-même est la Vérité. La construction des ponts entre les grandes traditions ecclésiales chrétiennes et le dialogue avec les autres traditions religieuses, exigent un réel effort de connaissance réciproque, car l'ignorance détruit plus qu'elle ne construit. Par ailleurs, il n'y a que la Vérité qui permette de vivre authentiquement le double Commandement de l'Amour que nous a laissé Notre Sauveur. Certes, il faut suivre avec attention les différentes initiatives entreprises et discerner celles qui favorisent la connaissance et le respect réciproques, ainsi que la promotion du dialogue, et éviter celles qui conduisent à des impasses. La bonne volonté ne suffit pas. Je crois qu'il est bon de commencer par l'écoute, puis de passer à la discussion théologique pour arriver enfin au témoignage et à l'annonce de la foi elle-même (cf. Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation, n. 12, 3 décembre 2007). Puisse l'Esprit Saint vous donner le discernement qui doit caractériser tout Pasteur ! Saint Paul recommande : « Discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ! » (1 Th 5, 21). La société globalisée, pluriculturelle et pluri-religieuse dans laquelle nous vivons, est une opportunité que nous donne le Seigneur de proclamer la Vérité et d'exercer l'Amour afin d'atteindre tout être humain sans distinction, même au-delà des limites de l'Église visible.

L'année qui a précédé mon élection au Siège de Pierre, j'ai eu la joie de venir dans votre pays pour y présider les cérémonies commémoratives du soixantième anniversaire du débarquement en Normandie. Rarement comme alors, j'ai senti l'attachement des fils et des filles de France à la terre de leurs aïeux. La France célébrait alors sa libération temporelle, au terme d'une guerre cruelle qui avait fait de nombreuses victimes. Aujourd’hui, c'est surtout en vue d’une véritable libération spirituelle qu'il convient d'œuvrer. L'homme a toujours besoin d'être libéré de ses peurs et de ses péchés. L'homme doit sans cesse apprendre ou réapprendre que Dieu n'est pas son ennemi, mais son Créateur plein de bonté. L'homme a besoin de savoir que sa vie a un sens et qu'il est attendu, au terme de son séjour sur la terre, pour partager à jamais la gloire du Christ dans les cieux. Votre mission est d'amener la portion du Peuple de Dieu confiée à vos soins à la reconnaissance de ce terme glorieux.
Veuillez trouver ici l'expression de mon admiration et de ma gratitude pour tout ce que vous faites afin d'aller en ce sens. Veuillez être assurés de ma prière quotidienne pour chacun de vous. Veuillez croire que je ne cesse de demander au Seigneur et à sa Mère de vous guider sur votre route.


Source -  Réactions d'évêques

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