Psaume 69
envoyé par KTOTV
Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI aux participants à un cours de la Pénitencerie apostolique, le 7 mars 2008.
Je suis heureux de vous accueillir, alors que s'achève le cours sur le for interne que la Pénitencerie apostolique promeut depuis plusieurs années pendant le carême (…). Le carême est un temps propice pour méditer sur la réalité du péché à la lumière de l'infinie miséricorde de Dieu, que le sacrement de la Pénitence manifeste sous sa forme la plus élevée. Je saisis donc volontiers l'occasion pour proposer à votre attention certaines réflexions sur l'administration de ce sacrement à notre époque, qui perd hélas de plus en plus le sens du péché.
Il faut aujourd'hui faire faire à qui se confesse l'expérience de cette tendresse divine envers les pécheurs repentis que tant d'épisodes évangéliques montrent avec des accents d'émotion intense. Prenons, par exemple, la célèbre page de l'Evangile de Luc qui présente la pécheresse pardonnée (cf. Lc 7, 36-50). Simon, pharisien et riche "notable" de la ville, donne chez lui un banquet en l'honneur de Jésus. De façon inattendue, au fond de la salle, entre une personne qui n'était pas invitée, ni prévue : une prostituée bien connue. Le malaise des personnes présentes est compréhensible, mais la femme ne semble cependant pas s'en préoccuper. Elle avance, et, de façon plutôt furtive, elle s'arrête aux pieds de Jésus. Ses paroles de pardon et d'espérance pour tous, même pour les prostituées, sont parvenues à ses oreilles ; elle est bouleversée, et demeure silencieuse. Elle baigne de ses larmes les pieds de Jésus, les essuie de ses cheveux, les embrasse et les oint d'un parfum suave. En agissant ainsi, la pécheresse veut exprimer l'affection et la reconnaissance qu'elle nourrit envers le Seigneur, par des gestes qui lui sont familiers, même s'ils sont socialement censurés.
Devant l'embarras général, c'est Jésus lui-même qui fait face à la situation : "Simon, j'ai quelque chose à te dire". "Parle, Maître", lui répond le maître de maison. Nous connaissons tous la réponse de Jésus par une parabole que nous pourrions résumer par ces paroles que le Seigneur dit en substance à Simon : "Tu vois? Cette femme sait qu'elle est pécheresse et, mue par l'amour, elle demande compréhension et pardon. Toi, au contraire, tu penses être juste, et tu es peut-être convaincu de ne rien avoir de grave à te faire pardonner".
Le message qui transparaît dans ce passage évangélique est éloquent : à qui aime beaucoup, Dieu pardonne tout. Qui place sa confiance en lui-même et dans ses propres mérites est comme aveuglé par son moi et son cœur s'endurcit dans le péché. Qui au contraire se reconnaît faible et pécheur met sa confiance en Dieu et obtient de lui grâce et pardon. Tel est justement le message qu'il faut transmettre : ce qui compte le plus c'est de faire comprendre que dans le sacrement de la réconciliation, quel que soit le péché commis, si on le reconnaît humblement, et si l'on vient trouver avec confiance le prêtre confesseur, on fait toujours l'expérience de la joie pacificatrice du pardon de Dieu.
Dans cette perspective, votre cours assume une importance notable, parce qu'il vise à préparer des confesseurs bien formés du point de vue doctrinal et capables de proposer aux pénitents l'expérience de l'amour miséricordieux du Père céleste. N'est-il pas vrai que l'on assiste aujourd'hui à une certaine désaffection de ce sacrement? Lorsque l'on insiste seulement sur l'accusation des péchés, qui est également indispensable et il faut aider les fidèles à en comprendre l'importance, on risque de reléguer au second plan ce qui est central, c'est-à-dire la rencontre personnelle avec Dieu, Père de bonté, et de miséricorde. Ce n'est pas le péché qui est au cœur de la célébration sacramentelle, mais la miséricorde de Dieu, qui est infiniment plus grande que toute notre faute.
L'engagement des pasteurs, et spécialement des confesseurs, doit être aussi celui de mettre en évidence le lien étroit existant entre le sacrement de la Réconciliation et une existence orientée avec décision vers la conversion. Il convient qu'entre la pratique du sacrement de la Confession et une vie visant à suivre sincèrement le Christ s'instaure une sorte de "cercle vertueux" que l'on ne peut arrêter, dans lequel la grâce du sacrement soutienne et alimente l'engagement à être de fidèles disciples du Seigneur. Le temps du carême, dans lequel nous nous trouvons, nous rappelle que notre vie chrétienne doit tendre toujours à la conversion et lorsque l'on a souvent recours au sacrement de la Réconciliation, l'aspiration à la perfection évangélique reste vivante chez le croyant. Si cette aspiration incessante disparaît, la célébration du sacrement risque hélas de devenir quelque chose de formel qui n'a pas d'incidence sur le tissu de la vie quotidienne. D'autre part, si, tout en étant animés par le désir de suivre Jésus, on ne se confesse pas régulièrement, on risque peu à peu de ralentir le rythme spirituel jusqu'à l'affaiblir toujours davantage et peut-être même l'éteindre.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI
Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI au Yankee Stadium de New York devant 57.000 fidèles, le 20 avril 2008.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Jésus dit à ses apôtres de placer leur foi en lui, parce qu'il est "le chemin, la vérité et la vie" (Jn 14, 6). Le Christ est le chemin qui conduit au Père, la Vérité qui donne un sens à l'existence humaine, et la source de cette vie qui est joie éternelle avec les Saints dans le royaume des cieux. Prenons le Seigneur au mot! Renouvelons notre foi en lui et plaçons notre espérance dans ses promesses!
Avec cet encouragement à persévérer dans la foi de Pierre (cf. Lc 22, 32; Mt 16, 17), je vous salue tous avec une grande affection (…). Pendant cette messe, l'Eglise aux Etats-Unis célèbre le 200e anniversaire de la création des sièges de New York, Boston, Philadelphie et Louisville, à partir du démembrement du siège "mère" de Baltimore. La présence du successeur de Pierre à cet autel, de ses confrères évêques et prêtres, des diacres, des religieux, des religieuses, et des fidèles laïcs des cinquante Etats de l'Union, manifeste de façon éloquente notre communion dans la foi catholique qui nous vient des apôtres.
Notre célébration d'aujourd'hui est aussi le signe de la croissance impressionnante dont Dieu a béni l'Eglise de votre pays au cours des deux cents dernières années. C'est à partir du petit troupeau, tel qu'il est décrit dans la première lecture, que l'Eglise s'est construite en Amérique, dans la fidélité au deux commandements de l'amour de Dieu et de l'amour du prochain. Dans ce pays de liberté et d'opportunités, l'Eglise a réuni des troupeaux très différents, dans la profession de foi et, à travers ses nombreuses œuvres d'éducation, de charité et d'assistance sociale, elle a aussi contribué de façon significative à la croissance de la société américaine dans son ensemble.
Ce grand résultat ne s'est pas fait sans défis. La première lecture d'aujourd'hui, tirée des Actes des Apôtres, parle des tensions linguistiques et culturelles, déjà présentes dans la communauté de l'Eglise primitive. En même temps, cela montre la puissance de la Parole de Dieu, proclamée avec autorité par les Apôtres et reçue dans la foi, pour créer une unité qui transcende les divisions qui sont le fruit des limites et des faiblesses humaines. Ici, nous est rappelée une vérité fondamentale : l'unité de l'Eglise n'a pas d'autre base que la Parole de Dieu, faite chair en Jésus Christ notre Seigneur. Tous les signes extérieurs d'identité, toutes les structures, les associations et les programmes, aussi valables et même essentiels soient-ils, n'existent, en définitive, que pour soutenir et favoriser l'unité profonde qui, dans le Christ, est le don indéfectible de Dieu à son Eglise.
La première lecture indique aussi clairement, comme nous le voyons de l'imposition des mains aux premiers diacres, que l'unité de l'Eglise est aussi "apostolique". C'est une unité visible, fondée sur les apôtres que le Christ a choisis pour être les témoins de sa résurrection, et elle est née de ce que les Ecritures appellent "l'obéissance de la foi" (Rm 1, 5; cf. Ac 6, 7).
"Autorité"... "obéissance". Pour être francs, ces paroles ne sont pas faciles à prononcer aujourd'hui. De tels mots représentent une "pierre d'achoppement" pour beaucoup de contemporains, spécialement dans une société qui donne à juste titre une valeur élevée à la liberté personnelle. Cependant, dans la nuit de notre foi, en Jésus Christ, - "le chemin, la vérité et la vie" - nous voyons peu à peu la signification, la valeur, et même la beauté de ces paroles. L'Evangile nous enseigne que la vraie liberté, la liberté des enfants de Dieu, ne se trouve que dans l'abandon de soi qui appartient au mystère de l'amour. Ce n'est qu'en se perdant soi-même, nous dit le Seigneur, que nous nous trouvons vraiment nous-mêmes (cf. Lc 17, 33). La liberté véritable fleurit lorsque nous nous détournons du fardeau du péché qui embrume nos perceptions et affaiblit nos résolutions, pour trouver la source de notre bonheur ultime en celui qui est l'amour infini, la liberté infinie, la vie infinie. "Dans sa volonté nous trouvons la paix".
La liberté véritable est alors un don gratuit de Dieu, le fruit de la conversion à sa vérité, la vérité qui nous rend libre (cf. Jn 8, 32). Et cette liberté dans la vérité apporte dans son sillage une façon nouvelle et libératrice de regarder la réalité. Lorsque nous revêtons "l'esprit du Christ" (cf. Ph 2, 5), de nouveaux horizons s'ouvrent à nous! A la lumière de la foi, dans la communion de l'Eglise, nous trouvons aussi l'inspiration et la force de devenir dans le monde un levain de l'Evangile. Nous devenons la lumière du monde, le sel de la terre (cf. Mt 5, 13-14), auquel est confié "l'apostolat" de rendre nos vies et le monde où nous vivons, toujours plus conformes au dessein de salut de Dieu.
La magnifique vision d'un monde transformé par la vérité libératrice de l'Evangile se reflète dans la description de l'Eglise que l'on trouve dans la deuxième lecture de ce jour. L'Apôtre nous dit que le Christ, ressuscité des morts, est la clef de voûte d'un grand temple qui se construit aujourd'hui encore dans l'Esprit. Et nous, en tant que membres de ce corps, par le baptême, nous sommes devenus des "pierres vivantes" de ce temple, participant par grâce à la vie de Dieu, bénis par la liberté des enfants de Dieu, et ayant le pouvoir d'offrir des sacrifices spirituels qui lui plaise (cf. 1 P 2, 5). Et quelle est cette offrande que nous sommes appelés à faire, sinon de diriger toutes nos pensées, nos paroles et nos actions vers la vérité de l'Evangile et de mobiliser toutes nos énergies au service du Royaume de Dieu? Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons construire avec Dieu, sur l'unique fondation qui est le Christ (cf. 1 Co 3, 11). Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons construire quelque chose qui durera vraiment. Ce n'est qu'ainsi que nos vies peuvent trouver une signification ultime et porter un fruit éternel (…).
Lire le texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI
Le dimanche 20 avril 2008 à 9 h 30, le Pape Benoît XVI s'est rendu à Ground Zero, lieu désignant l'ancien emplacement des deux tours du World Trade Center, à New York, qui se sont effondrées après avoir été percutées par deux avions le 11 septembre 2001. Il y a été accueilli par M. Michael Bloomberg, maire de New York, M. David A. Paterson, gouverneur de l'État éponyme, et M. John Corzine, gouverneur de l'État du New Jersey. Entouré de 24 personnes, membres des services de secours présents le jour du drame, de blessés et de parents de victimes de l'attentat, le Pape a allumé un cierge, béni les lieux et prononcé une prière.
Ô Dieu d'amour, de compassion, et de guérison, regarde nous, gens de toutes religions et de traditions diverses, qui nous rassemblons aujourd'hui sur ce site, théâtre d'une violence et d'une douleur incroyables.
Nous te demandons, dans ta bonté, d'accorder la lumière éternelle et la paix à tous ceux qui sont morts ici, en héroïques secours d'urgence : nos pompiers, nos agents de police, nos ambulanciers et médecins urgentistes, et le personnel de l'Autorité portuaire, avec tous les innocents, hommes et femmes, qui furent victimes de cette tragédie simplement parce que leur travail ou leur service les a conduits ici le 11 septembre 2001.
Nous te demandons, dans ta compassion d'apporter la guérison à ceux qui, par suite de leur présence ici ce jour-là, souffrent de blessures et de maladies. Guéris aussi la douleur des familles toujours en deuil et de tous ceux qui ont perdu des personnes chères dans cette tragédie. Donne-leur la force de poursuivre dans la vie avec courage et espérance. Nous pensons aussi à ceux qui sont morts, ont été blessés, et ont perdu des proches, le même jour au Pentagone et à Shanksville en Pennsylvanie. Notre cœur est uni au leur, alors que notre prière embrasse leur douleur et leur souffrance.
Dieu de paix, apporte ta paix à notre monde violent : paix dans le cœur de tout homme et de toute femme, et paix entre les nations du monde. Conduis à tes voies d'amour ceux dont le cœur et l'esprit sont consumés de haine.
Dieu de compréhension,submergés par l'ampleur de cette tragédie, nous cherchons ta lumière et tes conseils alors que nous sommes face à ces événements terribles. Accorde à ceux dont la vie a été épargnée de vivre en sorte que les vies détruites ici n'aient pas été détruites en vain. Réconforte-nous, console-nous, fortifie-nous dans l'espérance, et donne-nous la sagesse et le courage de travailler inlassablement pour un monde où règnent la paix et l'amour véritables, entre les nations et dans le cœur de tous.
Source
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
Laisse moi te rejoindre dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez Toi dans le fond de mon coeur
je t’adore, mon Dieu, dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon coeur
Loué sois-tu, Seigneur, dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
Je m’offre à ton amour dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
que surgisse ta joie dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
garde-moi de tout mal dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
fais-moi vivre de toi dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
je veux ce que tu veux dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
ouvre-moi sur le monde dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
glorifie ton saint Nom dans le fond de mon coeur.
Ô Toi qui es chez toi dans le fond de mon cœur
abîme de lumière dans le fond de mon coeur.
Père Henri Caffarel
Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les jeunes et les séminaristes au séminaire St Joseph de New York, le 19 avril 2008.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI
Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les jeunes et les séminaristes au séminaire St Joseph de New York, le 19 avril 2008.
Votre Eminence,
Chers frères dans l'épiscopat,
Chers jeunes amis,
(…) Jeunes amis, je suis très heureux d'avoir l'occasion de parler avec vous (…). Je souhaite mentionner votre chant de "Joyeux anniversaire". Merci de ce geste émouvant, je vous donne à tous un "A+" pour votre prononciation allemande ! Ce soir, je veux partager avec vous quelques pensées sur le fait d'être disciples de Jésus Christ : sur les pas du Seigneur, nos vies deviennent un voyage d'espérance.
Face à vous, il y a les images de six hommes et femmes ordinaires, qui ont grandi et qui ont mené des vies extraordinaires. L'Eglise les honore en tant que vénérables, bienheureux ou saints : chacun a répondu à l'appel du Seigneur à une vie de charité et chacun l'a servi ici, dans les avenues, les rues, et les banlieues de New York. Je suis frappé par le fait qu'ils constituent un groupe incroyablement diversifié : pauvres et riches, hommes et femmes laïcs, – dont une très riche épouse et mère de famille –, des prêtres et des religieuses, des immigrés venus de loin, la fille d'un père guerrier Mohawak et d'une mère Algonquin, un esclave Haïtien et, enfin, un intellectuel cubain.
Sainte Elizabeth Ann Seton, sainte Françoise-Xavier Cabrini, saint Jean Neumann, la bienheureuse Kateri Tekakwitha, le vénérable Pierre Toussaint et le Père Felix Varela : n'importe qui d'entre nous pourrait être parmi eux, parce qu'il n'y a aucun stéréotype dans ce groupe, aucun modèle uniforme. Mais à y regarder de plus près, ils ont des éléments communs. Embrasées par l'amour de Jésus, leurs vies sont devenues de remarquables voyages de l'espérance. Pour certains, cela voulait dire quitter leur maison et s'embarquer pour un pèlerinage de milliers de kilomètres. Pour chacun d'eux, il y a eu un acte d'abandon à Dieu, avec la confiance qu'il est la destination finale de tout pèlerin. Et ils ont tous offert une main tendue d'espérance à ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin, en éveillant souvent en eux la vie de la foi. Par des orphelinats, des écoles et des hôpitaux, en se faisant amis des pauvres, des malades, et des marginaux, et par le témoignage convaincant qui vient du fait de marcher humblement sur les pas du Christ, ces six personnes ont ouvert la voie de la foi, de l'espérance et de la charité à un nombre incalculable de personnes, y compris peut-être vos propres ancêtres.
Et aujourd'hui? Qui porte témoignage de la Bonne nouvelle de Jésus, dans les rues de New York, dans les banlieues troublées des grandes villes, sur les places où les jeunes se rassemblent, cherchant quelqu'un en qui avoir confiance? Dieu est notre origine et notre destination, et Jésus le chemin. La route de cette journée (comme cela a été le cas pour nos saints) serpente à travers les joies et les épreuves de la vie quotidienne ordinaire : dans vos familles, à l'école ou au collège, au cours de vos loisirs, et dans vos communautés paroissiales. Tous ces endroits sont marqués par la culture dans laquelle vous grandissez. En tant que jeunes Américains, on vous offre de nombreuses occasions de développement personnel, et vous êtes élevés avec un sens de la générosité, du service et de la loyauté. Pourtant vous n'avez pas besoin que je vous dise qu'il y a aussi des difficultés : des activités et des modes de pensée qui étouffent l'espérance, des voies qui semblent conduire au bonheur et à l'accomplissement mais en fait s'achèvent dans la confusion et la peur.
Mes années d'adolescence ont été dévastées par un régime sinistre qui pensait avoir toutes les réponses. Son influence a grandi, – infiltrant les écoles et les milieux sociaux, politiques et même religieux – avant d'être pleinement reconnu comme le monstre qu'il était. Il bannit Dieu et devint ainsi inaccessible à tout ce qui était vrai et bon. Beaucoup de vos grands-parents et arrière-grands-parents vous auront raconté l'horreur de la destruction qui a suivi. En effet certains d'entre eux vinrent en Amérique justement pour fuir cette terreur. Remercions Dieu du fait qu'aujourd'hui beaucoup de gens de votre génération peuvent jouir de libertés qui ont surgi grâce à l'extension de la démocratie et au respect des droits de l'homme. Remercions Dieu pour tous ceux qui s'efforcent de vous assurer de pouvoir grandir dans un environnement qui nourrit ce qui est beau, bon, et vrai : vos parents et vos grands-parents, vos professeurs et vos prêtres, ces responsables politiques qui cherchent ce qui est droit et juste.
Le pouvoir de destruction demeure cependant. Prétendre le contraire serait se faire illusion. Pourtant, il ne triomphe jamais : il est défait. C'est l'essence de l'espérance qui nous définit en tant que chrétiens; et l'Eglise le rappelle dramatiquement lors du triduum pascal, et le célèbre avec une grande joie pendant le temps pascal!
Celui qui nous montre le chemin au delà de la mort est Celui qui nous montre comment surmonter les destructions et la peur : ainsi, c'est Jésus qui est le vrai maître de la vie (cf. Spe Salvi, n. 6). Sa mort et sa résurrection signifient que nous pouvons dire au Père "tu nous as rendu la vie" (Prière après la communion, Vendredi saint). Et ainsi, il y a seulement quelques semaines, au cours de la belle liturgie de la Veillée pascale, ce n'est pas par désespoir ou par peur que nous avons crié vers Dieu pour notre monde, mais avec une confiance pleine d'espérance : chasse les ténèbres de notre cœur! Chasse les ténèbres de notre esprit! (cf. Prière du cierge pascal).
Que sont donc ces ténèbres? Qu'est-ce qui se passe lorsque les gens, spécialement les plus vulnérables, rencontrent le poing fermé de la répression ou de la manipulation, plutôt qu'une main tendue d'espérance? Un premier groupe d'exemples appartient au cœur. Ici, les rêves et les aspirations des jeunes peuvent être assombris ou détruits. Je pense à ceux qui sont victimes de la drogue et de l'abus de stupéfiants, les sans abri, les pauvres, les victimes du racisme, de la violence, de la dégradation – spécialement les jeunes filles et les femmes. Les causes de ces problèmes sont complexes mais ils ont tous en commun un état d'esprit empoisonné qui se manifeste dans le fait de traiter les personnes comme de simples objets – il en résulte une dureté de cœur qui tout d'abord ignore et ensuite ridiculise la dignité de tout être humain donnée par Dieu. De telles tragédies soulignent aussi ce qui aurait pu se passer et ce qui pourrait se passer, si d'autres mains – vos mains – s'étaient tendues, se tendaient vers elles. Je vous encourage à inviter les autres, spécialement les personnes vulnérables et innocentes, à se joindre à vous sur le chemin de la bonté et de l'espérance.
Le deuxième domaine de ténèbres – celles qui affectent l'esprit – passe souvent inaperçu et est, pour cette raison, particulièrement sinistre. La manipulation de la vérité déforme notre perception de la réalité et ternit notre imagination et nos aspirations. J'ai déjà mentionné les nombreuses libertés dont vous avez la chance de jouir. L'importance fondamentale de la liberté doit être rigoureusement sauvegardée. Ce n'est donc pas surprenant que de nombreuses personnes proclament bruyamment leur liberté sur la place publique. Cependant, la liberté est une valeur délicate. Elle peut être mal comprise, et mal utilisée, et ainsi conduire non pas au bonheur que nous attendons tous de la liberté, mais à une zone sombre de manipulation dans laquelle notre compréhension de nous-mêmes et du monde devient confuse, et même déformée par ceux qui ont un autre projet. Avez-vous remarqué le nombre de fois où la liberté est revendiquée sans aucune référence à la vérité de la personne humaine? Il y a ceux qui affirment aujourd'hui que le respect de la liberté de la personne individuelle rend injuste la recherche de la vérité, y compris la vérité sur ce qui est bien. Dans certains milieux, parler de la vérité est considéré comme une source de discussions et de divisions et on préfère donc réserver cela à la sphère privée. Et à la place de la vérité – ou plutôt de son absence – s'est répandue l'idée qu'en donnant de la valeur à tout sans distinctions, on assure la liberté et on libère la conscience. C'est ce que nous appelons le relativisme. Mais quel est l'objectif d'une "liberté" qui, ignorant la vérité, poursuit ce qui est faux ou injuste? A combien de jeunes a-t-on proposé une aide qui, au nom de la liberté et de l'expérience, les a conduits à une accoutumance aux stupéfiants, à la confusion morale ou intellectuelle, à blesser, à la perte du respect de soi et même au désespoir, et ainsi, tragiquement et tristement, au suicide? Chers amis, la vérité n'est pas un fardeau. Elle n'est pas non plus un simple ensemble de règles. C'est la découverte de Celui qui ne nous trahit jamais ; de Celui en qui nous pouvons toujours avoir confiance. En cherchant la vérité nous finissons par vivre selon la foi car, en définitive, la vérité est une personne : Jésus Christ. C'est la raison pour laquelle la liberté authentique n'est pas le choix de "se désengager de". C'est le choix de "s'engager pour"; rien moins que sortir de soi et se laisser associer à l'"être pour les autres" du Christ (cf. Spe Salvi, n. 28) (…). C'est le chemin des saints. C'est une magnifique vision de l'espérance – la lumière du Christ vous invite à être des étoiles pour guider les autres, en marchant sur la route du Christ qui est la route du pardon, de la réconciliation, de l'humilité, de la joie et de la paix.
Cependant, nous sommes parfois tentés de nous refermer sur nous-mêmes, de douter de la force de rayonnement du Christ, de limiter l'horizon de l'espérance. Courage! Fixez votre regard sur les Saints! La diversité de leurs expériences de la présence de Dieu est une invitation à redécouvrir la largeur et la profondeur du christianisme. Laissez votre imagination se promener librement le long de l'expansion illimitée des horizons du disciple du Christ. Nous sommes parfois considérés comme des personnes qui ne parlent que d'interdits. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité! Ce qui caractérise un authentique disciple du Christ, c'est le sens de l'émerveillement. Nous sommes devant ce Dieu que nous connaissons et aimons comme un ami, devant l'immensité de sa Création et la beauté de notre foi chrétienne.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI
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