15 juillet 2009 3 15 /07 /juillet /2009 17:57



Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de sa rencontre avec les jeunes et les séminaristes au séminaire St Joseph de New York, le 19 avril 2008.

 



Votre Eminence,
Chers frères dans l'épiscopat,
Chers jeunes amis,


(…) Jeunes amis, je suis très heureux d'avoir l'occasion de parler avec vous (…). Je souhaite mentionner votre chant de "Joyeux anniversaire". Merci de ce geste émouvant, je vous donne à tous un "A+" pour votre prononciation allemande ! Ce soir, je veux partager avec vous quelques pensées sur le fait d'être disciples de Jésus Christ : sur les pas du Seigneur, nos vies deviennent un voyage d'espérance.


Face à vous, il y a les images de six hommes et femmes ordinaires, qui ont grandi et qui ont mené des vies extraordinaires. L'Eglise les honore en tant que vénérables, bienheureux ou saints : chacun a répondu à l'appel du Seigneur à une vie de charité et chacun l'a servi ici, dans les avenues, les rues, et les banlieues de New York. Je suis frappé par le fait qu'ils constituent un groupe incroyablement diversifié : pauvres et riches, hommes et femmes laïcs, – dont une très riche épouse et mère de famille –, des prêtres et des religieuses, des immigrés venus de loin, la fille d'un père guerrier Mohawak et d'une mère Algonquin, un esclave Haïtien et, enfin, un intellectuel cubain.


Sainte Elizabeth Ann Seton, sainte Françoise-Xavier Cabrini, saint Jean Neumann, la bienheureuse Kateri Tekakwitha, le vénérable Pierre Toussaint et le Père Felix Varela : n'importe qui d'entre nous pourrait être parmi eux, parce qu'il n'y a aucun stéréotype dans ce groupe, aucun modèle uniforme. Mais à y regarder de plus près, ils ont des éléments communs. Embrasées par l'amour de Jésus, leurs vies sont devenues de remarquables voyages de l'espérance. Pour certains, cela voulait dire quitter leur maison et s'embarquer pour un pèlerinage de milliers de kilomètres. Pour chacun d'eux, il y a eu un acte d'abandon à Dieu, avec la confiance qu'il est la destination finale de tout pèlerin. Et ils ont tous offert une main tendue d'espérance à ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin, en éveillant souvent en eux la vie de la foi. Par des orphelinats, des écoles et des hôpitaux, en se faisant amis des pauvres, des malades, et des marginaux, et par le témoignage convaincant qui vient du fait de marcher humblement sur les pas du Christ, ces six personnes ont ouvert la voie de la foi, de l'espérance et de la charité à un nombre incalculable de personnes, y compris peut-être vos propres ancêtres.


Et aujourd'hui? Qui porte témoignage de la Bonne nouvelle de Jésus, dans les rues de New York, dans les banlieues troublées des grandes villes, sur les places où les jeunes se rassemblent, cherchant quelqu'un en qui avoir confiance? Dieu est notre origine et notre destination, et Jésus le chemin.
La route de cette journée (comme cela a été le cas pour nos saints) serpente à travers les joies et les épreuves de la vie quotidienne ordinaire : dans vos familles, à l'école ou au collège, au cours de vos loisirs, et dans vos communautés paroissiales. Tous ces endroits sont marqués par la culture dans laquelle vous grandissez. En tant que jeunes Américains, on vous offre de nombreuses occasions de développement personnel, et vous êtes élevés avec un sens de la générosité, du service et de la loyauté. Pourtant vous n'avez pas besoin que je vous dise qu'il y a aussi des difficultés : des activités et des modes de pensée qui étouffent l'espérance, des voies qui semblent conduire au bonheur et à l'accomplissement mais en fait s'achèvent dans la confusion et la peur.

M
es années d'adolescence ont été dévastées par un régime sinistre qui pensait avoir toutes les réponses. Son influence a grandi, – infiltrant les écoles et les milieux sociaux, politiques et même religieux – avant d'être pleinement reconnu comme le monstre qu'il était. Il bannit Dieu et devint ainsi inaccessible à tout ce qui était vrai et bon. Beaucoup de vos grands-parents et arrière-grands-parents vous auront raconté l'horreur de la destruction qui a suivi. En effet certains d'entre eux vinrent en Amérique justement pour fuir cette terreur. Remercions Dieu du fait qu'aujourd'hui beaucoup de gens de votre génération peuvent jouir de libertés qui ont surgi grâce à l'extension de la démocratie et au respect des droits de l'homme. Remercions Dieu pour tous ceux qui s'efforcent de vous assurer de pouvoir grandir dans un environnement qui nourrit ce qui est beau, bon, et vrai : vos parents et vos grands-parents, vos professeurs et vos prêtres, ces responsables politiques qui cherchent ce qui est droit et juste.

Le pouvoir de destruction demeure cependant. Prétendre le contraire serait se faire illusion. Pourtant, il ne triomphe jamais : il est défait. C'est l'essence de l'espérance qui nous définit en tant que chrétiens; et l'Eglise le rappelle dramatiquement lors du triduum pascal, et le célèbre avec une grande joie pendant le temps pascal!

Celui qui nous montre le chemin au delà de la mort est Celui qui nous montre comment surmonter les destructions et la peur : ainsi, c'est Jésus qui est le vrai maître de la vie (cf.
Spe Salvi, n. 6).
Sa mort et sa résurrection signifient que nous pouvons dire au Père "tu nous as rendu la vie" (Prière après la communion, Vendredi saint). Et ainsi, il y a seulement quelques semaines, au cours de la belle liturgie de la Veillée pascale, ce n'est pas par désespoir ou par peur que nous avons crié vers Dieu pour notre monde, mais avec une confiance pleine d'espérance : chasse les ténèbres de notre cœur! Chasse les ténèbres de notre esprit! (cf. Prière du cierge pascal).

Que sont donc ces ténèbres? Qu'est-ce qui se passe lorsque les gens, spécialement les plus vulnérables, rencontrent le poing fermé de la répression ou de la manipulation, plutôt qu'une main tendue d'espérance? Un premier groupe d'exemples appartient au cœur. Ici, les rêves et les aspirations des jeunes peuvent être assombris ou détruits. Je pense à ceux qui sont victimes de la drogue et de l'abus de stupéfiants, les sans abri, les pauvres, les victimes du racisme, de la violence, de la dégradation – spécialement les jeunes filles et les femmes. Les causes de ces problèmes sont complexes mais ils ont tous en commun un état d'esprit empoisonné qui se manifeste dans le fait de traiter les personnes comme de simples objets – il en résulte une dureté de cœur qui tout d'abord ignore et ensuite ridiculise la dignité de tout être humain donnée par Dieu. De telles tragédies soulignent aussi ce qui aurait pu se passer et ce qui pourrait se passer, si d'autres mains – vos mains – s'étaient tendues, se tendaient vers elles. Je vous encourage à inviter les autres, spécialement les personnes vulnérables et innocentes, à se joindre à vous sur le chemin de la bonté et de l'espérance.

Le deuxième domaine de ténèbres – celles qui affectent l'esprit – passe souvent inaperçu et est, pour cette raison, particulièrement sinistre.
La manipulation de la vérité déforme notre perception de la réalité et ternit notre imagination et nos aspirations. J'ai déjà mentionné les nombreuses libertés dont vous avez la chance de jouir. L'importance fondamentale de la liberté doit être rigoureusement sauvegardée. Ce n'est donc pas surprenant que de nombreuses personnes proclament bruyamment leur liberté sur la place publique. Cependant, la liberté est une valeur délicate. Elle peut être mal comprise, et mal utilisée, et ainsi conduire non pas au bonheur que nous attendons tous de la liberté, mais à une zone sombre de manipulation dans laquelle notre compréhension de nous-mêmes et du monde devient confuse, et même déformée par ceux qui ont un autre projet. Avez-vous remarqué le nombre de fois où la liberté est revendiquée sans aucune référence à la vérité de la personne humaine? Il y a ceux qui affirment aujourd'hui que le respect de la liberté de la personne individuelle rend injuste la recherche de la vérité, y compris la vérité sur ce qui est bien. Dans certains milieux, parler de la vérité est considéré comme une source de discussions et de divisions et on préfère donc réserver cela à la sphère privée. Et à la place de la vérité – ou plutôt de son absence – s'est répandue l'idée qu'en donnant de la valeur à tout sans distinctions, on assure la liberté et on libère la conscience. C'est ce que nous appelons le relativisme. Mais quel est l'objectif d'une "liberté" qui, ignorant la vérité, poursuit ce qui est faux ou injuste? A combien de jeunes a-t-on proposé une aide qui, au nom de la liberté et de l'expérience, les a conduits à une accoutumance aux stupéfiants, à la confusion morale ou intellectuelle, à blesser, à la perte du respect de soi et même au désespoir, et ainsi, tragiquement et tristement, au suicide? Chers amis, la vérité n'est pas un fardeau. Elle n'est pas non plus un simple ensemble de règles. C'est la découverte de Celui qui ne nous trahit jamais ; de Celui en qui nous pouvons toujours avoir confiance. En cherchant la vérité nous finissons par vivre selon la foi car, en définitive, la vérité est une personne : Jésus Christ. C'est la raison pour laquelle la liberté authentique n'est pas le choix de "se désengager de". C'est le choix de "s'engager pour"; rien moins que sortir de soi et se laisser associer à l'"être pour les autres" du Christ (cf. Spe Salvi, n. 28) (…). C'est le chemin des saints. C'est une magnifique vision de l'espérance – la lumière du Christ vous invite à être des étoiles pour guider les autres, en marchant sur la route du Christ qui est la route du pardon, de la réconciliation, de l'humilité, de la joie et de la paix.

Cependant,
nous sommes parfois tentés de nous refermer sur nous-mêmes, de douter de la force de rayonnement du Christ, de limiter l'horizon de l'espérance. Courage! Fixez votre regard sur les Saints! La diversité de leurs expériences de la présence de Dieu est une invitation à redécouvrir la largeur et la profondeur du christianisme. Laissez votre imagination se promener librement le long de l'expansion illimitée des horizons du disciple du Christ. Nous sommes parfois considérés comme des personnes qui ne parlent que d'interdits. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité! Ce qui caractérise un authentique disciple du Christ, c'est le sens de l'émerveillement. Nous sommes devant ce Dieu que nous connaissons et aimons comme un ami, devant l'immensité de sa Création et la beauté de notre foi chrétienne.


Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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