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Le Grand Moyen de la Prière

Lundi 1 août 2011 1 01 /08 /Août /2011 00:00

 

 LE GRAND MOYEN DE LA PRIÈRE

pour obtenir le salut éternel et toutes les grâces que nous désirons de Dieu. 

 

par Saint Alphonse de LIGUORI

 

 

 

OEUVRE THÉOLOGIQUE ET ASCÉTIQUE

de grande utilité pour toute catégorie de personnes

 

DIVISÉE EN DEUX PARTIES.

 

 

Dans la première Partie on traite de la nécessité, de l'efficacité et des conditions de la prière.

Dans la deuxième Partie on démontre que la grâce de la prière est donnée à tous, et on y traitera du mode d'agir ordinaire de la grâce.


TABLE DES MATIÈRES

Dédicace à Jésus et à Marie



PREMIÈRE PARTIE

Introduction

Prier pour se sauver

I. Nécessité de la prière

1. Les grâces que Dieu réserve à ceux qui prient

2. La loi donnée pour que nous demandions la grâce ; la grâce donnée pour que nous observions la loi

3. L'intercession des saints et des âmes du purgatoire

4. L'intercession de la Vierge Marie

5. Celui qui prie se sauve certainement, celui qui ne prie pas se damne certainement

II. Efficacité de la prière

6. La prière, plus forte que tous les démons

7. La prière, une arme puissante contre les tentations

8. Dieu est proche de ceux qui le prient

9. Rien n'est plus puissant qu'un homme qui prie

10. Dieu fait grand cas de notre prière 

III. Conditions de la prière

11. Les prières qui sont exaucées (et celles qui ne le sont pas)

12. Prier avec humilité

13. Prier avec confiance

14. Dieu écoute-t-il les pécheurs?

15. Prier avec persévérance


DEUXIÈME PARTIE

I. Dieu veut le salut de tous. A cause de cela, Jésus Christ est mort pour les sauver tous 

II. À tous, Dieu donne les grâces nécessaires :

à tous les justes, pour observer les commandements ;

à tous les pécheurs, pour se convertir.

III. Exposé et réfutation du système de Jansénius fondé sur la délectation relativement victorieuse

IV. Dieu donne à tous la grâce de prier, s'ils le veulent.

Il ne faut pour prier que la grâce suffisante.

Celle-ci est donnée à tous.


PRIÈR
ES

Prière pour obtenir la persévérance finale

Prière à Jésus Christ pour obtenir son saint amour

Prière pour obtenir la confiance dans les mérites de Jésus Christ et dans l'intercession de Marie

Prière pour obtenir la grâce de toujours prier

Prière à faire tous les jours pour obtenir les grâces nécessaires au salut

Pensées et oraisons jaculatoires

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière - Communauté : Praedicatho.com
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Dimanche 13 mars 2011 7 13 /03 /Mars /2011 16:16

Chers amis,

 

En ce temps du Carême où le Seigneur nous appelle chacun de nouveau à la conversion du cœur (à la prière, au jeûne et à l’aumône), je voudrais commencer une réflexion sur le thème de la prière – puisqu’aussi bien, il s’agit de l’activité la plus importante pour un chrétien. Cette série d’articles – qui se prolongera bien au-delà du Carême, compte tenu de son importance – sera classée dans la catégorie « Le Grand moyen de la Prière » dans laquelle vous trouverez la première partie du livre éponyme de Saint Alphonse de Liguori, Docteur de l’Eglise – une œuvre majeure à (re)découvrir et méditer longuement !

 

Et tout d’abord, je voudrais poser la simple question : qu’est-ce que la prière ?

 

On pourrait donner à ce mot de belles et justes définitions – que l’on trouverait dans nos catéchismes ou dans la bouche des Saints (belles et justes définitions, d’ailleurs, sur lesquelles il nous faudra revenir). Mais je pense que la question peut s’adresser aussi à chacun et chacune de nous personnellement – comme la question de Jésus à ses Apôtres sur le mystère de sa personne, qu’il aime à nous re-poser dans l’attente d’une réponse particulière de notre part – une réponse qui jaillira de notre cœur, et qui n’appartient qu’à nous-même. Pour vous – pour moi – qu’est-ce que la prière ?

 

Je vous avoue que plus j’avance dans ma vie de prière – et je parle ici « d’avancement » au sens temporel du terme, non au sens d’un quelconque progrès – et moins je sais ce qu’est la prière – ce qu’il s’y passe exactement. Je ne suis certes pas dans une ignorance totale – puisque l’Eglise en son Magistère et en la théologie de ses Saints nous propose un enseignement riche et solide ; et j’ai la grâce par ailleurs d’avoir un excellent père spirituel pour me guider et me conduire jusque dans les profondeurs de la vie intérieure. Mais au moment où je m’agenouille pour prier, toutes les connaissances intellectuelles que je peux avoir sur la prière me laissent démunis devant un mystère qui me dépasse complètement : le mystère même de Dieu, et de la manière dont Il se communique à moi, et m’unit à lui.

 

C’est pourquoi je n’ai pas d’autre mot pour définir la prière que celui de « mystère »…

 

Mystère de rencontre avec Dieu ; mystère d’intimité avec Celui qu’aucun livre ne pourra jamais contenir (fut-il la Bible !) et qu’aucun Docteur ne pourra enfermer dans une définition ; Celui qui restera toujours au-delà de tout ce que l’on pourra dire ou penser de lui.

 

La prière, parce qu’elle nous ouvre à une expérience nous conduisant, au fond, dans l’inconnu le plus Absolu (ou l’Absolu le plus inconnu – un bain d’infini…), a de quoi donner le vertige… Et c’est sans doute la raison pour laquelle beaucoup la fuient avec la dernière énergie. Parce qu’elle est le lieu où nous sentons et expérimentons l’abîme qui nous sépare de Dieu ; parce qu’elle nous remet, en quelque manière, à notre place.

 

Nous pressentons, au fond de nous même, que la prière nous expose à plus grand que nous ; qu’elle nous rend vulnérables ; et inconsciemment peut-être, nous craignons une relation aussi directe ; nous préférons (dans le meilleur des cas…) nous réfugier dans une connaissance intellectuelle, livresque, dans une réflexion théologique aussi fidèle que possible à l’enseignement des Ecritures et de la Tradition ; dans l’action évangélisatrice la plus fervente, la plus engagée, la plus visible. Nous pensons que cela suffira à nous attacher l’amitié de Dieu – qui ne peut pas rejeter son fidèle (ce qui n’est pas faux)… Cela peut nous convaincre que nous n’avons pas nécessairement à passer beaucoup de temps dans la prière ; qu’elle est importante, oui ; mais pas forcément première ; qu’il y a sans doute mieux à faire, à tel moment, que prier : aller parler de Dieu, par exemple, sur Internet… (ce qui est une erreur ; vous aurez compris que c’est de moi dont je veux parler à travers ces divers exemples…).

 

Nous avons peur de la prière parce qu’elle nous livre entièrement à un Autre que nous craignons et de qui nous nous cachons – depuis la faute d’Adam. Elle met à nue nos blessures, nos fragilités, et la plus redoutable d’entre toutes : la blessure originelle qui fait de nous irrémédiablement un pécheur (même au sortir d’une confession…). Bien sûr, Dieu nous a promis de nous délivrer un jour (qui sera son Jour) définitivement de cet esclavage du péché. Mais dans l’attente de ce Jour, nous restons dans une condition qui rend la prière difficile, pénible, obscure. Nous avons sans cesse à nous affranchir de cette peur ontologique qui nous conduit à nous cacher de Dieu, à nous « protéger » de Lui – quand bien même nous avons la volonté consciente de lui faire confiance. Nous sommes dans la situation d’un malade qui appréhendrait de se rendre à l’hôpital pour y subir une opération : nous savons que cette opération est pour notre bien ; mais c’est plus fort que nous : nous éprouvons l’amertume de l’expérience – même si elle est sans danger et que nous savons qu’elle nous rendra la santé.

 

« Penser à Dieu devrait nous donner facilement de la joie, se réfugier auprès de Lui de la consolation, être seuls avec Lui nous dévoiler le véritable bonheur : chanter ensemble cette joie serait la véritable fraternité. On parle beaucoup de tout cela aujourd’hui, mais comme si c’était facile, à notre portée. Cette pastorale euphorique est parfaitement désespérante parce qu’elle nie implicitement la vérité dont la découverte nous délivrera : savoir que nous sommes des malheureux, d’un malheur infini, et que nous avons besoin d’un Sauveur. » (P. M.-D. Moliné, Adoration ou désespoir, CLD 1980, p. 21).

 

La prière nous met dans la vérité de notre être : de notre être pécheur ; et de notre état de créature – que nous redoutons terriblement depuis la Chute. Nos yeux se sont ouverts, nous dit l’Ecriture (cf. Gn 3. 7) : et nous savons désormais que nous sommes nus, que nous ne sommes rien par nous-mêmes ; nous éprouvons le vertige du néant. Nous essayons de fuir ce vertige en échappant à Dieu – Qui, par son seul Être, nous le révèle, mais Qui, seul pourtant, peut nous en délivrer (c’est en ce sens sans doute que nous sommes fondamentalement des « malheureux, d’un malheur infini »… : nous fuyons désespérément Celui qui nous veut du Bien, et cherchons refuge auprès de ce qui nous fait du Mal…)

 

« L’homme contemplatif peut saisir qu’il y a en lui-même, comme créature, une « fêlure » profonde, radicale, dans son être même – puisque son acte d’être est reçu, qu’il est réellement distinct de ce qu’il est en lui-même, dans son essence. Il y a donc en lui une potentialité radicale à l’égard de son acte d’être, du fait qu’il pourrait ne pas être. En lui, d’une certaine manière, le non-être est avant l’acte d’être. S’il ne regardait pas l’acte créateur, il tomberait immédiatement dans une angoisse terrible, puisqu’il y a en lui cette possibilité de ne pas être. S’il ne se voyait pas comme dépendant de l’acte créateur, cette possibilité de non-être serait source d’un vertige, le vertige du néant. On voit comment l’oubli de ce regard contemplatif peut aboutir à cette angoisse du néant nous saisissant en tout ce que nous sommes. » (M.-D Philippe, Lettre à un ami, Editions Universitaires 1990, p. 152).

 

« Nous devrions être dans une exultation perpétuelle, et nous n’y sommes pas, insiste le P. Molinié. Nous devrions sentir que Dieu vit en nous, comme une femme qui porte un enfant sent qu’il vit en elle. Mais Dieu ne vit pas en nous, alors on s’ennuie, la vie n’est pas facile, on cherche à se distraire et à oublier Dieu comme on peut… d’où viennent toutes les abominations de la terre. » (P. M.-D. Moliné, op. cit., p. 22).

 

Il est donc important de prendre conscience que la prière n’est jamais évidente pour nous – qu’il n'y a pas à s’en effrayer ni à s’en étonner ; qu’elle nécessite de nous quelque chose qui est de l’ordre de la kénose – qui est un authentique sacrifice ; qu’elle nous fait entrer dans une réalité que nous ne connaissons pas (du moins pas entièrement) et dont nous ignorons la véritable profondeur – nous pouvons simplement la pressentir lorsque nous en voyons les effets visibles sur notre être ; une réalité dont nous ne sommes pas maîtres (puisqu’au moment où je prie, je confie les commandes de mon âme à l’Esprit Saint, dont je ne sais ni d’où il vient, ni où il va… cf. Jn 3. 8) – voilà pourquoi il nous est défendu de « juger » notre prière avec notre regard tout humain : la prière n’est pas une performance, elle est un mystère.

 

La prière véritable est bien au-delà et autre chose que les prières que nous pouvons matériellement dire ou faire. Elle est « au-delà » et « autre », mais aussi et quand même... « au-dedans » de nos prières... Toutes nos prières (vocales, mentales…) sont des moyens que Dieu nous donne pour nous faire entrer dans la prière véritable. Mais cette prière véritable – celle-là même qui, pour moi, est un mystère – ne nous est pas immédiatement accessible. On n’y parvient que par grâce. Elle est à la fois ce qu’il y a de plus simple et de plus difficile. Nous y reviendrons.

 

Ce qui importe, à ce stade, c’est de bien comprendre que la prière demeurera toujours un combat pour nous. Qu’elle nécessitera toujours un acte de foi pur en Dieu, en sa présence, et en son action, profonde et efficace, en notre âme – malgré, peut-être, les apparences. Un acte de foi qui impliquera un renoncement (crucifiant pour notre orgueil) à tout savoir, tout connaître, et tout maîtriser ; une filiale confiance en Dieu dont nous pouvons croire avec assurance qu’il nous fait du « bien » (à nous, et aux autres par nous) lorsque nous nous livrons ainsi à Lui, même si nous ne connaissons pas la profondeur et l’étendue véritable de ce « bien » (nous ne le verrons qu’au ciel) qui touche au plus profond de notre être.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière - Communauté : Communauté spirituelle
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Jeudi 15 mars 2007 4 15 /03 /Mars /2007 09:22

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière, dont nous terminons aujourd'hui la première partie.]

III. LA PERSERVERANCE REQUISE DANS LA PRIERE

 

Suffit-il que nos prières soient humbles et confiantes pour nous obtenir la persévérance finale et le salut éternel ? Les prières particulières vous procureront bien les grâces particulières, mais, si elles ne sont pas persévérantes, nous n'obtiendrons pas la Persévérance finale. Parce qu'elle suppose beaucoup de grâces, celle-ci exige des prières multiples et à continuer jusqu'à la mort. La grâce du salut n'est pas une grâce unique mais toute une chaîne de grâces qui ne font ensuite plus qu'un avec la Persévérance finale ; à cette chaîne de grâces doit correspondre, pour ainsi dire, une autre chaîne, celle de nos prières. Si nous négligeons de prier et si nous brisons ainsi la chaîne de nos prières, se brisera aussi la chaîne de grâces nécessaires à notre salut, et nous ne serons pas sauvés !

Certes, nous ne pouvons pas mériter la Persévérance, ainsi que l'enseigne le saint Concile de Trente : « Pareillement au sujet du don de la Persévérance, dont il est écrit : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé » (Mt 10, 22 ; 24, 13), ce qui est impossible sans celui qui « a le pouvoir de maintenir celui qui est debout, pour qu'il continue de l'être » (Rm 14, 4). Saint Augustin dit cependant : on peut très bien mériter par nos prières ce grand don de la Persévérance : « Ce don de Dieu on peut donc le mériter par la prière ». Le Père F. Suarez ajoute : celui qui prie l'obtient infailliblement. Mais il faut, dit saint Thomas, que la prière soit persévérante et continue : « Après le baptême, pour que l'homme entre au ciel, la prière continuelle lui est nécessaire ». Notre Seigneur l'a déclaré lui-même plusieurs fois : « Il leur disait... qu'il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager » (Lc 18, 1). « Veillez donc et priez en tout temps, afin d'avoir la force d'échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l'homme » (Lc 21,36). L'Ancien Testament affirme de même : « Que rien ne t'empêche de prier toujours » (Qo 18, 22)... « En toute circonstance, bénis le Seigneur Dieu, demande-lui de diriger tes voies et de faire aboutir tes sentiers » (Tb 4, 19). L'Apôtre Paul inculquait à ses disciples de ne jamais cesser de prier : « Priez sans cesse » (I Th 5, 17). « Soyez assidus à la prière » (Col 4, 2). « Ainsi je veux que les hommes prient en tout lieu » (I Tm 2). Le Seigneur veut bien nous accorder la Persévérance et la vie éternelle, dit saint Nil, mais uniquement à ceux qui la demandent avec persévérance : « Il veut combler de bienfaits ceux qui persévèrent dans la prière ».

Avec la grâce beaucoup de pécheurs arrivent à se convertir à Dieu et à recevoir le pardon ; mais s'ils cessent de demander la persévérance, ils retournent au péché et perdent tout. Il ne suffit pas, dit Bellarmin, de demander la grâce de la Persévérance une fois en passant ou rarement mais toujours, chaque jour, jusqu'à la mort : « La demander chaque jour pour l'obtenir chaque jour ». Qui la demande un jour l'aura pour ce jour-là ; s'il ne la demande pas demain, demain il tombera ! C'est ce que nous enseigne la parabole de l'ami qui ne consentit à donner du pain à l'importun qu'après une longue insistance : « Même s'il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d'ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin » (Lc 1l, 8). « Cet ami, dit saint Augustin, finit par lui donner les pains qu'il demande, bien qu'à contre-cceur et pour se débarrasser de cet importun ». A combien plus forte raison, Dieu, la bonté infinie, qui a un tel désir de nous communiquer ses biens, ne nous accordera-t-il pas ses grâces ? Il nous y exhorte lui-même et il lui déplaît que nous ne le fassions pas. Le Seigneur veut donc bien nous accorder le salut et toutes les grâces nécessaires pour cela, mais il désire que nous les demandions inlassablement jusqu'à l'importunité.

Cornelius Lapide commente ainsi cet Evangile : « Dieu veut que nous persévérions dans la prière jusqu'à l'importunité ». Les gens d'ici-bas ne peuvent pas souffrir les importuns ; mais, non seulement Dieu nous supporte, mais il désire précisément que nous allions jusqu'à l'importunité, spécialement pour obtenir la sainte Persévérance. Selon saint Grégoire, Dieu veut qu'on lui fasse violence par la prière. Cette violence ne l'irrite pas mais elle attire sa clémence : « Dieu veut être appelé, il veut être forcé, il veut être vaincu par une certaine importunité... Dieu n'est pas offensé par la bonne violence mais apaisé ».

Pour obtenir la Persévérance, il faut donc nous recommander sans cesse à Dieu, le matin, le soir, à la méditation, à la messe, à la communion, toujours et spécialement au moment des tentations. Il faut répéter alors : Seigneur, Seigneur, assistez-moi, protégez-moi, ne m'abandonnez pas, ayez pitié de moi ! Qu'y a-t-il de plus facile que de lancer ces appels vers le Seigneur ? Sur les paroles du Psalmiste : « Le chant qu'elle m'inspire est une prière à mon Dieu vivant » (Ps 42, 9), la Glose fait cette remarque : « Quelqu'un objectera : Je ne peux pas jeûner ni faire des aumônes, mais quand il s'agit de prier son objection ne tient pas », parce qu'il n'y a rien de plus facile que de prier. Mais il ne faut jamais cesser de prier. Il faut faire continuellement violence à Dieu pour qu'il nous aide à chaque instant : cette violence lui est chère et agréable. « Cette violence est chère à Dieu », écrit Tertullien, et saint Jérôme dit de même : plus nos prières sont persévérantes et importunes, plus Dieu les accepte : « La prière est d'autant plus agréable à Dieu qu'elle est importune plus longtemps ! ». « Heureux l'homme qui m'écoute, qui veille jour après jour à mes portes » (Pr 8,34). Bienheureux l'homme, dit Dieu, qui m'écoute et qui veille sans cesse par ses saintes prières aux portes de ma miséricorde ! Et Isaïe assure : « Bienheureux tous ceux qui espèrent en lui et qui l'attendent » (Is 30, 18). Oui, bienheureux ceux qui jusqu'à la fin attendent, en priant, leur salut éternel du Seigneur. Aussi, dans l'Evangile, Jésus nous exhorte-t-il à prier, mais en quels termes ? « Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira » (Lc 1 l, 9). Il lui aurait suffi de dire : « Demandez ». A quoi bon ajouter « cherchez » et « frappez » ? Mais ces mots ne sont pas superflus ; le Rédempteur a voulu nous apprendre par là que nous devons imiter les pauvres qui vont mendier : s'ils ne reçoivent pas d'aumône et sont renvoyés, ils ne se découragent pas et reviennent à la charge. Si le maître de maison ne se montre plus, ils se mettent à frapper aux portes jusqu'à en devenir très importuns et ennuyeux. Dieu veut que nous fassions de même : que nous priions, que nous recommencions à prier, que nous ne cessions jamais de lui demander de nous assister, de nous secourir, de nous donner lumière et force, et de ne permettre jamais que nous perdions sa grâce.

Le savant Lessius affirme : Si quelqu'un est en état de péché ou en danger de mort et qu'il ne prie pas, il commet une faute grave, de même que celui qui omet de prier pendant une période importante c'est-à-dire, d'après lui, pendant un ou deux mois, mais ceci est vrai en dehors du moment de la tentation. En effet, lorsqu'on est assailli par quelque dangereuse tentation, on pèche gravement, sans aucun doute, si l'on ne demande pas à Dieu la force d'y résister ; car on s'expose au danger prochain et même certain d'y succomber.

Mais, objectera quelqu'un : Puisque le Seigneur peut et veut me donner la sainte Persévérance, pourquoi ne me l'accorde-t-il pas une fois pour toutes, quand je la lui demande ? Les Saints Pères énumèrent de nombreuses raisons. Dieu ne la concède pas une fois pour toutes et il la diffère, d'abord pour mieux éprouver notre confiance. Ensuite, dit saint Augustin, pour nous la faire désirer plus ardemment. Le saint écrit : Les grandes grâces doivent faire l'objet d'un grand désir. Les biens que l'on obtient sitôt demandés sont moins appréciés que ceux longtemps désirés : « Dieu ne veut pas donner aussitôt, afin que tu apprennes à désirer très fort les grands dons ; ce qui est longtemps désiré est reçu avec d'autant plus de joie ; ce qui est vite accordé perd de son prix ». Il le fait également pour que nous ne l'oubliions pas. Si nous étions déjà sûrs de notre Persévérance et de notre salut, si nous n'avions pas continuellement besoin de lui pour garder sa grâce et faire notre salut, nous oublierions facilement Dieu. Le besoin amène les pauvres à fréquenter les maisons des riches. Pour nous attirer à lui, dit saint Jean Chrysostome, pour nous voir souvent à ses pieds et pour mieux nous combler, le Seigneur diffère jusqu'au moment de notre mort le don de la grâce plénière du salut : « S'il diffère, ce n'est nullement qu'il refuse nos prières mais il veut ainsi nous rendre diligents et nous attirer à lui ». Et puis, au fur et à mesure que nous continuons à prier, nous nous attachons davantage à lui par les doux liens de l'amour : « La prière, ajoute saint Jean Chrysostome, n'est pas un mince lien d'amour avec Dieu : elle nous habitue à dialoguer avec lui ». Ce continuel recours à Dieu par la prière, cette attente confiante de ses grâces, quel feu ardent ! quel solide lien d'amour ! bien capables d'enflammer notre coeur et de nous attacher plus étroitement à Dieu !

Mais jusqu'à quand doit-on prier ? Toujours, répond ce même saint, jusqu'à ce que nous recevions la sentence favorable du salut éternel, c'est-à-dire jusqu'à la mort : « Ne t' arrête pas, continue-t-il, tant que tu n' as pas reçu ! ». Et il ajoute : Celui qui se dit : je ne cesserai pas de prier, tant que je ne serai pas sauvé, celui-là est sûr de son salut : « Si tu dis : je ne me retirerai pas avant d'avoir reçu, tu recevras certainement ». L'Apôtre Paul écrit : Beaucoup courent après la récompense mais un seul la reçoit, celui qui réussit à la saisir : « Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter ! » (I Co 9, 24). Il ne suffit donc pas de prier pour faire son salut ; il faut prier inlassablement jusqu'à ce que nous recevions la couronne que Dieu a promise mais uniquement à ceux qui sont fidèles à le prier jusqu'à la fin. Si nous voulons faire notre salut, nous devons imiter le roi David qui tenait toujours les yeux tournés vers le Seigneur : « Mes yeux sont fixés sur Yahvé, car il tire mes pieds du filet » (Ps 25 (24), 15). Le démon nous tend continuellement des pièges pour nous dévorer, comme l'écrit saint Pierre : « Votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde, cherchant qui dévorer » (I P 5, 8).

Nous devons donc rester continuellement les armes à la main, pour nous défendre contre cet ennemi, et pour dire avec le Prophète-Roi : « Je poursuis mes ennemis et les atteins, je ne reviens pas qu'ils ne soient achevés » (Ps 18 (17), 38). Je ne m'arrêterai pas de combattre tant que je ne verrai pas mes ennemis vaincus. Mais comment remporter cette victoire si importante et si difficile ? « Par des prières très persévérantes » nous répond saint Augustin, uniquement par des prières mais très persévérantes. Et jusqu'à quand ? tant que durera le combat. « De même que le combat ne cesse jamais, dit saint Bonaventure, ainsi ne cessons jamais d'implorer miséricorde ». Nous devons continuellement lutter. Nous devons donc demander continuellement à Dieu son secours pour ne pas être vaincus.

Malheur, dit le Sage, à ceux qui dans ce combat cessent de prier. « Malheur à ceux qui ont perdu la patience » (Si 2, 14). L'Apôtre Paul nous en avertit : nous ne ferons notre salut qu'à cette condition : « Pourvu que nous gardions l'assurance et la joyeuse fierté de l'espérance » (He 3, 6). C'est-à-dire si nous sommes fidèles à prier avec confiance jusqu'à la mort.

Encouragés par la miséricorde de Dieu et par ses promesses, disons donc avec l'Apôtre Paul : « Qui nous séparera de l'amour du Christ, la tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? » (Rm 8, 35). Oui, qui pourra nous séparer de l'amour de Jésus Christ ? Peut-être la tribulation ? le danger de perdre les biens de cette terre ? les persécutions des démons ou des hommes ? Les tortures des tyrans ? « Mais en tout cela, nous encourage saint Paul, nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rm 8, 37). Aucune tribulation, disait-il, aucune angoisse, aucun danger, aucune persécution ou torture, ne pourra jamais nous séparer de l'amour de Jésus Christ. Nous triompherons de tout avec l'aide de Dieu et en combattant pour ce Seigneur qui a donné sa vie pour nous.

Le Père Ippolito Durazzo avait décidé de quitter la prélature romaine et de se consacrer tout entier à Dieu pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Il craignait d'être infidèle à cause de sa faiblesse : « Ne m'abandonnez pas Seigneur, disait-il, maintenant que je me suis donné tout à vous ; par pitié ne m'abandonnez pas ! » Mais il entendit Dieu lui dire au fond du coeur : « C'est bien plutôt toi qui ne dois pas m'abandonner ». Oui, lui disait le Seigneur, c'est bien plutôt à toi de ne pas m'abandonner ! Confiant en la bonté de Dieu et en sa grâce, le Serviteur de Dieu finit par dire : « Vous ne m'abandonnerez donc pas. Eh bien, moi non plus je ne vous abandonnerai pas ! ».

En conclusion, si nous ne voulons pas que Dieu nous abandonne, prions-le inlassablement de ne pas nous abandonner ! Il est certain qu'il nous assistera toujours. Il ne permettra jamais que nous le perdions et que nous nous séparions de son amour. Efforçons-nous donc de demander sans cesse la Persévérance finale et les grâces nécessaires pour cela. Demandons toujours en même temps la grâce d'être fidèle à prier. C'est là précisément la grande faveur qu'il a promise à ses élus par la bouche du Prophète : « Je répandrai sur la maison de David et sur l'habitant de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication » (Za 12, 10).

Oh ! que l'esprit de prière est une grande grâce ! Quelle grâce que celle de prier sans cesse. Demandons inlassablement cet esprit de prière ! Soyons sûrs que, si nous prions sans cesse, nous obtiendrons certainement la Persévérance et toutes les autres grâces que nous désirons : le Seigneur ne peut être infidèle à sa promesse d'exaucer ceux qui le prient. « C'est en espérance que nous sommes sauvés » (Rm 8, 24). Avec cette espérance de toujours prier, nous pouvons être sûrs de notre salut : « La confiance nous assurera une large entrée dans cette Sainte Cité ». Cette espérance, disait le Vénérable Bède, nous garantira certainement l'entrée dans la Cité de Dieu.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Vendredi 19 janvier 2007 5 19 /01 /Jan /2007 09:50

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

Mais je suis un pécheur, objectera quelqu'un, et je lis dans la Sainte Ecriture : « Dieu n'écoute pas les pécheurs ». Saint Thomas répond avec saint Augustin : Cette parole fut dite par l'aveugle-né avant sa guérison : « Cette parole fut dite par l'aveugle alors qu'il était imparfaitement éclairé ; elle n'est donc pas valable ». Le Docteur Angélique ajoute : C'est vrai quand il s'agit d'un pécheur qui fait une prière « de pécheur », c'est-à-dire quand il demande de pouvoir continuer à pécher : par exemple, si quelqu'un priait Dieu de l'aider à se venger de son ennemi ou à réaliser quelque projet pervers. C'est vrai aussi du pécheur qui demande à Dieu de le sauver mais qui n'a pas le moindre désir de sortir de son état de péché. Il est des malheureux qui aiment les chaînes d'esclaves avec lesquelles le démon les tient prisonniers. Leurs prières ne sont pas exaucées parce qu'elles sont téméraires et abominables. Y a-t-il plus grande témérité que de vouloir demander des faveurs à un prince que l'on a plusieurs fois offensé et que l'on se propose d'offenser encore ? C'est ainsi qu'il faut comprendre la parole du Saint Esprit : Dieu déteste et hait la prière de celui qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre ce que Dieu commande : « Qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre la loi, sa prière même est une abomination » (Pr 28, 9). Le Seigneur leur dit : Inutile de prier, je détournerai mes yeux de vous et je ne vous exaucerai pas : « Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux ; vous avez beau multiplier les prières, moi je n'écoute pas » (Is l, 15).

Telle était précisément la prière du roi impie Antiochus : il priait Dieu et lui faisait de grandes promesses mais avec un coeur hypocrite et endurci dans le péché, uniquement pour échapper au châtiment qui le menaçait ; aussi le Seigneur ne prêta-t-il pas l'oreille à ses prières et il mourut rongé par les vers : « Mais les prières de cet être abject allaient vers un Maître qui ne devait plus avoir pitié de lui » (2 M 9, 13). D'autres pèchent par fragilité ou poussés par quelque grande passion. Ils gémissent sous le joug de l'ennemi ; ils désirent rompre ces chaînes de mort et sortir de cette misérable servitude et ils appellent le Seigneur à leur secours. S'ils persévèrent dans la prière, ils seront écoutés du Seigneur : tous ceux qui demandent reçoivent, a-t-il dit, et ceux qui cherchent la grâce la retrouvent : « Quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve... » (Mt 7, 8). « Quiconque, explique l'auteur de l'Oeuvre Imparfaite, qu'il soit juste ou pécheur ». En saint Luc, Jésus parle de cet homme qui donna à son ami tous ses pains, non pas tellement par amitié mais plutôt parce que celui-ci l'importunait : « Je vous le dis, même s'il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d'ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin » (Lc 11, 8). Ainsi la prière persévérante obtient de Dieu miséricorde, même en faveur de ceux qui ne sont pas ses amis. Ce qui ne s'obtient pas par l'amitié, dit saint Jean Chrysostome, l'est par la prière : « Ce que n'a pas accompli l'amitié, la prière l'a réalisé ». Il affirme également : « Près de Dieu l'amitié a moins de valeur que la prière... ». Saint Basile affirme lui aussi, « les pécheurs eux-mêmes obtiennent ce qu'ils demandent, s'ils le font avec persévérance ». Saint Grégoire dit de même : « Qu'il crie le pécheur et sa prière parviendra jusqu'à Dieu ».

Saint Jérôme écrit de son côté : même le pécheur peut appeler Dieu son Père, s'il le prie de l'accepter de nouveau comme fils, comme l'Enfant Prodigue qui dit : « Père j'ai péché », avant même d'être pardonné. Si Dieu n'exauçait pas les pécheurs, dit saint Augustin, ce publicain aurait bien dit pour rien : « Aie pitié de moi, pécheur ! ». Mais l'Evangile nous l'atteste : il obtint bel et bien le pardon : « Ce dernier descendit chez lui justifié » (Lc 18, 14). Mais c'est le docteur Angélique qui examine ce point le plus en détail. Il ne craint pas d'affirmer que même le pécheur qui prie est exaucé, bien que sa prière ne soit pas méritoire. Il a pourtant la force de demander. D'ailleurs la prière ne s'appuie pas sur la justice de Dieu mais sur la grâce de Dieu : « Le mérite est fondé sur la justice, mais l'impétration sur la grâce de Dieu ». Aussi Daniel pouvait-il dire : « Prête l'oreille, mon Dieu, et écoute !... Ce n'est pas en raison de nos œuvres justes que nous répandons devant toi nos supplications, mais en raison de tes grandes miséricordes » (Dn 9, 18). Lors donc que nous prions, dit saint Thomas, il n'est pas nécessaire d'être les amis de Dieu pour obtenir ses grâces : « C'est la prière elle-même qui nous rend ses amis ».

Saint Bernard ajoute une autre bonne raison : La demande du pécheur naît du désir de sortir de son péché et de retrouver la grâce de Dieu. Or, ce désir est un don qui ne lui vient certainement pas d'un autre que Dieu lui-même. Pourquoi donc, continue le saint, Dieu inspirerait-il ce désir au pécheur, s'il ne voulait pas le convertir ? « Dans quel but donnerait-il ce désir, s'il n'avait pas l'intention de l'exaucer ? ». Les Saintes Ecritures contiennent de nombreux exemples de pécheurs qui ont été délivrés du péché : le roi Achab (1 R 21-27), le roi Manassé (2 Ch 33), le roi Nabuchodonosor (Dn 4), le bon larron (Lc 23, 43). C'est une chose magnifique que la prière ! Et combien efficace ! Voilà deux pécheurs qui meurent sur le Calvaire, à côté de Jésus : parce qu'il prie « Souviens-toi de moi », l'un est sauvé, parce qu'il ne prie pas, l'autre se damne.

En un mot, dit saint Jean Chrysostome : « Nul ne lui a jamais demandé, en se repentant, ses bienfaits sans obtenir ce qu'il voulait ». Aucun pécheur repentant n'a prié le Seigneur sans obtenir ce qu'il désirait. Mais à quoi bon rapporter encore des témoignages et des arguments pour le prouver ? Jésus lui-même n'a-t-il pas dit : « Venez à moi, vous tous, qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai » (Mt 1 l, 28). Ces mots « vous qui ployez sous le fardeau » désignent, selon saint Jérôme, saint Augustin et d'autres, les pécheurs qui gémissent sous le poids de leurs fautes. S'ils recourent à Dieu, celui-ci les remettra sur pied, il l'a promis, et les sauvera par sa grâce. Saint Jean Chrysostome assure : le désir que nous avons d'être pardonnés n'est rien à côté du désir ardent de Dieu de nous pardonner : « Tu désires bien moins être pardonné de tes péchés que lui ne désire te les pardonner ! ». Pas de grâce qui ne s'obtienne par la prière persévérante ajoute le saint, même si elle vient du pécheur le plus perdu : « Quelqu'un serait-il coupable de mille péchés, il n'est rien que sa prière ne puisse obtenir, du moment qu'elle est ardente et persévérante ». Notons bien ce que dit saint Jacques : « Si l'un de vous manque de sagesse qu'il la demande à Dieu - il donne à tous généreusement, sans incriminer » (Jc 1, 5). Dieu ne manque donc jamais d'exaucer et de combler de grâces tous ceux qui le prient : « Il donne à tous généreusement ! » Mais que signifie « sans incriminer » ? Dieu n'agit pas comme les hommes. En effet, supposons que vienne leur demander une faveur quelqu'un qui, dans le passé, les a un jour offensés, ils vont lui faire aussitôt reproche de l'outrage reçu. Le Seigneur n'agit pas ainsi. Celui qui le prie serait-il le plus grand pécheur du monde, du moment qu'il demande au Seigneur une grâce utile à son salut éternel, celui-ci ne va pas lui reprocher les déplaisirs qu'il lui a causés. Au contraire, le Seigneur lui fait aussitôt bon accueil, le console, l'exauce et le comble abondamment de ses dons, comme si jamais il n'avait été offensé. Et pour nous encourager à le prier, le divin Rédempteur nous dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom » (Jn 16, 23). C'est comme s'il disait : Allons ! pécheurs, ne perdez pas courage ! Que vos péchés ne vous empêchent pas de recourir à mon Père et d'espérer de lui votre salut ! Vous ne méritez certes pas d'obtenir ses grâces, vous ne méritez que des châtiments. Mais allez trouver mon Père en mon nom : demandez par mes mérites les grâces que vous désirez ; je vous promets et même je vous jure, « en vérité, en vérité, je vous le dis », que tout ce que vous demanderez à mon Père, celui-ci vous l'accordera. Ô mon Dieu, quelle plus grande consolation pourrait donc avoir un pécheur, après toutes ses misères, que de savoir de façon certaine qu'il recevra tout ce qu'il demandera au nom de Jésus Christ ? Je dis bien « tout » : oui, tout ce qui regarde le salut éternel. Nous avons parlé plus haut des biens temporels : il arrive que le Seigneur ne nous les accorde pas parce qu'il voit que ces biens feraient du mal à notre âme. Quant aux biens spirituels, sa promesse est sans conditions ni restrictions. Aussi saint Augustin nous exhorte-t-il à demander, avec une entière confiance, les biens qu'il nous promet de façon absolue : « Demandez avec une pleine assurance ce que Dieu promet ». Comment, écrit le saint, le Seigneur pourrait-il nous refuser quelque chose quand nous le lui demandons avec confiance. Il a un désir encore plus grand de donner que nous de recevoir ! « Il aspire à te dispenser ses bienfaits plus que tu n'aspires toi-même à les recevoir ».

Saint Jean Chrysostome assure : « Le Seigneur ne s'irrite contre nous que lorsque nous négligeons de solliciter ses dons : Il ne s'irrite que lorsque nous ne demandons pas ». Comment Dieu pourrait-il ne pas exaucer quelqu'un qui ne lui demande que des choses qui lui sont agréables ? Voilà quelqu'un qui lui dit : Seigneur, je n'attends pas de vous les biens de ce monde, richesses, plaisirs, honneurs ; je ne vous demande que votre grâce ; délivrez-moi du péché ; accordez-moi de faire une bonne mort ; donnez-moi le Paradis et votre saint amour (la grâce qui est à demander par-dessus tout, dit saint François de Sales), ainsi que la soumission à votre volonté... comment Dieu pourrait-il ne pas l'écouter ? Quelles demandes exaucerez-vous donc, mon Dieu, si vous repoussez celles-là qui vous vont droit au cœur, dit saint Augustin : « Seigneur, quelles prières exauces-tu si tu n'exauces pas celles-ci ? ». Mais ce qui doit surtout exciter notre confiance, ce sont les paroles mêmes de Jésus : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui l'en prient ! » (Lc 11, 13). Vous, dit le Rédempteur, qui êtes si accrochés à vos propres intérêts parce que gonflés d'amour de vous-mêmes, vous ne savez pas refuser à vos enfants ce qu'ils vous demandent. Combien plus votre Père du ciel, qui vous aime plus que tous les pères de ce monde, vous accordera-t-il les biens spirituels, quand vous l'en priez !

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Mardi 19 décembre 2006 2 19 /12 /Déc /2006 11:02

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]  

 

II. LA CONFIANCE AVEC LAQUELLE NOUS DEVONS PRIER

    

Le principal avis que nous donne l'Apôtre saint Jacques si nous voulons obtenir les grâces de Dieu par la prière, c'est que nous priions avec la confiance assurée d'être exaucés si nous prions, comme il se doit, sans hésiter : « Qu'il demande avec foi sans hésitation » (Jc 1, 6). Saint Thomas nous enseigne que si la prière doit à la charité le pouvoir de mériter, c'est de la foi et de la confiance qu'elle tient son efficacité : « La prière doit à la charité la vigueur de son mérite, à la foi et la confiance l'efficacité de sa demande ».

Saint Bernard dit de même : c'est la confiance seule qui nous obtient les miséricordes de Dieu : « Oui, seule l'espérance obtient auprès de toi un droit à la compassion ». Le Seigneur se réjouit infiniment de notre confiance en sa miséricorde, car nous honorons et exaltons ainsi la bonté infinie qu'il a voulu manifester au monde en nous créant. Ô mon Dieu, s'écriait le Prophète Roi, que tous ceux qui espèrent en vous se réjouissent, parce qu'ils seront éternellement heureux et que vous habiterez toujours en eux ! « Joie pour tous ceux que tu abrites, réjouissance à jamais » (Ps 5, 12). Dieu protège et sauve tous ceux qui ont confiance en lui : « Il est, lui, le bouclier de quiconque s'abrite en lui » (Ps 18 (17), 31). « Tu sauves ceux qui espèrent en toi » (Ps 17 ( 16), 7)... Oh ! quelles magnifiques promesses sont faites, dans les Saintes Ecritures, à ceux qui espèrent en Dieu ! Ils ne tomberont pas dans le péché. « Tous ceux qui espèrent en lui ne tomberont pas » (Ps 34 (33), 23). Oui, dit David, le Seigneur tient les yeux tournés vers tous ceux qui se confient en sa bonté, pour les délivrer par son secours de la mort du péché : « Voici, l'oeil de Yahvé sur ceux qui le craignent, sur ceux qui espèrent son amour, pour préserver leur âme de la mort » (Ps 33 (32), 18-19). Dieu dit ailleurs : « Puisqu'il s'attache à moi, je l'affranchis, je l'exalte...Je le délivre et je le glorifie » (Ps 91(90), 14-15). Notons le mot « puisque » : puisqu'il s'est confié à moi, je le protégerai, je le libérerai de ses ennemis et du danger de tomber, et finalement je lui donnerai la gloire éternelle. Isaïe parle de ceux qui mettent leur espérance en Dieu : « Ceux qui espèrent en Yahvé renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer » (Is 40, 31). Ils cesseront d'être faibles, ils acquerront en Dieu une grande force, ils ne failliront pas, ils n'éprouveront même pas de fatigue à marcher sur la voie du salut, ils courront et voleront comme des aigles : « Dans la conversion et le calme était votre salut » (Is 30,15). En somme, dit ce même prophète, notre force consiste à mettre toute notre confiance en Dieu et à rester tranquilles et sereins c'est-à-dire à nous reposer dans les bras de sa miséricorde, sans compter sur nos talents personnels ni sur les moyens humains.

Est-il jamais arrivé que quelqu'un ait mis sa confiance en Dieu et se soit ensuite perdu ? « Qui donc, confiant dans le Seigneur, a été confondu ? » (Si 2, 10). Cette confiance donnait à David la certitude qu'il ne se perdrait jamais : « J'ai espéré dans le Seigneur, je ne serai pas confondu » (Ps 31 (30),1). Est-ce que par hasard, demande saint Augustin, Dieu pourrait nous tromper alors qu'il s'offre à nous soutenir dans les dangers, si nous nous appuyons sur lui ? Voudrait-il se dérober à nous au moment même où nous recourons à lui ? « Dieu ne se joue pas de nous au point de s'offrir à nous aider et de se dérober ensuite à ceux qui s’appuient sur lui ». David appelle bienheureux ceux qui se confient dans le Seigneur : « Heureux, qui se fie à toi » (Ps 84 (83), 13). Et pourquoi ? Parce que, dit ce même prophète, celui qui se confie en Dieu se trouvera toujours entouré par la divine miséricorde : « Celui qui se confie en Yahvé est entouré de sa miséricorde » (Ps 32 (31),10). Il sera tellement entouré et gardé par Dieu de tous côtés qu'il restera à l'abri des ennemis et préservé du danger de se perdre.

C'est pourquoi l'Apôtre nous recommande tant de garder la confiance en Dieu. Celle-ci, nous assure-t-il, nous obtient de lui grande récompense : « Ne perdez donc pas votre assurance ; elle a une grande et juste récompense » (He 10, 35). Telle sera notre confiance, telles aussi les grâces que nous recevrons de Dieu ; si notre confiance est grande, grandes seront aussi les grâces : « Une grande foi mérite de hautes récompenses ». Selon saint Bernard, la divine miséricorde est une fontaine immense : plus ample en fait de confiance est le vase que l'on y porte, plus grande est l'abondance des biens que l'on rapporte : « L'huile de la miséricorde, tu ne la déposes que dans le vase de la confiance ». Le Prophète l'exprimait déjà : « Sur nous soit ton amour, Yahvé, comme notre espoir est en toi » (Ps 33 (32), 22). Le centurion en est témoin, lui dont le Rédempteur a loué la confiance : « Va ! Qu'il t'advienne selon ta foi » (Mt 8,13). Et le Seigneur révéla à sainte Gertrude : celui qui le prie avec confiance lui fait en quelque sorte tant de violence qu'il ne peut pas ne pas l'exaucer en tout ce qu'il demande. « La prière, dit saint Jean Climaque, fait une pieuse violence à Dieu ». Oui, la prière fait violence à Dieu mais une violence qui lui est chère et agréable. « Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce pour une aide opportune » (He 4, 16). Le trône de la grâce c'est Jésus Christ qui siège à présent à la droite du Père : non pas sur un trône de justice mais de grâce, pour nous obtenir le pardon, si nous sommes en état de péché, et le secours pour persévérer, si nous jouissons de son amitié. A ce trône, il nous faut recourir toujours avec confiance, c'est-à-dire avec la confiance que nous inspire la foi en la bonté et la fidélité de Dieu. N'a-t-il pas promis d'exaucer ceux qui le prient avec une confiance ferme et vraie ? Ceux qui, au contraire, le font en hésitant et en doutant, dit saint Jacques, doivent bien penser qu'ils ne recevront rien : « Celui qui hésite ressemble au flot de la mer que le vent soulève et agite. Qu'il ne s'imagine pas, cet homme-là, recevoir quoi que ce soit du Seigneur » (Jc 1, 6-7). Il ne recevra rien parce que sa méfiance injustifiée empêchera la divine miséricorde de l'exaucer : « Tu n'as pas demandé comme il faut, dit saint Basile, parce que tu as demandé en doutant ». Tu n'as pas reçu la grâce parce que tu l'as demandée sans confiance. Notre confiance en Dieu, dit David, doit être solide comme une montagne qui ne se déplace pas au moindre coup de vent : « Qui s'appuie sur Yahvé ressemble au mont Sion ; rien ne l'ébranle, il est stable pour toujours » (Ps 125 (124), 1). Le Rédempteur nous en prévient, si nous voulons obtenir les grâces que nous sollicitons : « Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l'avez déjà reçu et cela vous sera accordé » (Mc 11, 24). Quelle que soit la grâce que vous demandez, croyez ferme que vous l'aurez et vous l'obtiendrez sûrement !

Mais, dira quelqu'un, je ne suis qu'un misérable. Sur quoi vais je donc fonder ma confiance d'être exaucé ? Sur la promesse de Jésus Christ : « Demandez et vous recevrez » (Jn 16, 24). Demandez et vous obtiendrez. « Qui voudrait être trompé, lorsque c'est la vérité qui promet ? » dit saint Augustin. Comment pouvons-nous douter d'être exaucés, alors que c'est Dieu, la Vérité même, qui promet de nous écouter et de nous exaucer ? « Il ne nous pousserait pas à demander, dit ce saint Docteur, s'il ne voulait pas nous exaucer ? ». Le Seigneur ne nous engagerait certainement pas à lui demander ses grâces s'il n'était pas décidé à nous les accorder. Or il ne cesse de nous y exhorter maintes et maintes fois dans les Saintes Ecritures : Priez, demandez, cherchez, etc. et vous obtiendrez tout ce que vous désirez : « Demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez » (Jn 15,7).

Pour nous inculquer cette confiance, le Seigneur nous a appris, dans le Pater Noster, à appeler Dieu, lorsque nous recourons à lui pour lui demander ses grâces, et elles sont toutes contenues déjà dans l'oraison dominicale, non pas Seigneur mais Père : Notre Père ! Il veut, en effet, que nous recourions à Dieu avec la confiance même d'un enfant pauvre ou malade qui sollicite de son propre père des moyens de subsistance ou quelque remède. Si un enfant est sur le point de mourir de faim, il suffit qu'il paraisse devant son père et celui-ci aussitôt lui fournira de la nourriture. Si l'enfant vient à être mordu par un serpent venimeux, il suffira qu'il montre sa blessure à son père et celui-ci y appliquera aussitôt le remède voulu.

Prenant donc appui sur les promesses divines, prions toujours avec une confiance, non pas vacillante mais solide et ferme, comme dit l'Apôtre Paul : « Gardons indéfectible la confession de l'espérance, car celui qui a promis est fidèle » (He 10, 23). Aussi certain que Dieu est fidèle en ses promesses, aussi certaine doit être notre confiance qu'il nous exaucera. Peut-être nous trouverons-nous parfois dans un état d'aridité spirituelle ou serons-nous troublés par quelque faute, et ne ressentirons-nous pas dans la prière la confiance sensible que nous souhaiterions ? Efforçons-nous cependant de prier, parce que Dieu ne manquera pas de nous exaucer, et même d'autant mieux que nous prierons alors en nous défiant davantage de nous-mêmes et en nous appuyant uniquement sur la bonté et la fidélité de Dieu, qui a promis d'exaucer qui le prie. Oh ! comme le Seigneur se réjouit de nous voir dans nos moments de tribulations, de craintes, de tentations, espérer contre toute espérance, c'est-à-dire réagir contre le sentiment de défiance qui provoque en nous notre désolation intérieure. L'Apôtre Paul loue à ce sujet le Patriarche Abraham dont il est dit : « Espérant contre toute espérance, il crut » (Rm 4,18). Selon saint Jean, qui met en Dieu une ferme confiance se sanctifie certainement : « Quiconque a cette espérance en lui se rend saint comme lui-même (Jésus) est saint » (1 Jn 3, 3), parce que Dieu fait abonder les grâces en tous ceux qui ont confiance en lui. C'est par cette confiance que tant de martyrs, de jeunes filles et d'enfants, ont pu, malgré la frayeur que leur inspiraient les tortures préparées par les tyrans, supporter ces souffrances et braver les bourreaux. Quelquefois, dis-je, nous prions mais il nous semble que Dieu ne veuille pas nous écouter : continuons alors à prier et à espérer ! Disons comme Job : « Il peut me tuer, je n'ai d'autre espoir » (Jb 13, 15). Mon Dieu, alors même que vous me chasseriez loin de vous, je ne cesserai pas de vous prier et d'espérer en votre miséricorde.

Agissons de même et nous obtiendrons du Seigneur tout ce que nous souhaitons. C'est bien ce que fit la Cananéenne, et Jésus exauça tous ses désirs. Cette femme, dont la fille était possédée du démon, priait le Rédempteur de l'en délivrer : « Aie pitié de moi... Ma fille est cruellement tourmentée par le démon » (Mt 15, 22-29). Je ne suis pas envoyé pour les étrangers, lui répondit Jésus, mais uniquement pour les Juifs. Mais elle ne se découragea pas et continua à prier avec confiance : Seigneur, vous pouvez me consoler, vous devez me consoler : « Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». « Mais, mon Seigneur, ajouta-t-elle, oh justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leur maîtres ! » Jésus loua cette femme de sa confiance et lui accorda la faveur qu'elle demandait : « Ô femme, grande est ta foi ! Qu'il advienne selon ton désir ! ». Qui a jamais appelé Dieu à son secours, dit Ben Sirac le Sage, et s'est vu méprisé de lui et pas secouru ? « Qui l'a imploré sans avoir été écouté ? » (Si 2, 10). Pour saint Augustin, la prière est une clé qui ouvre le ciel en notre faveur ; à l'instant même où notre prière monte vers Dieu, la grâce que nous demandons descend vers nous : « La prière du juste est la clé du ciel ; monte la prière et descend la compassion de Dieu ». Le Prophète Roi a écrit : nos demandes vont de pair avec la miséricorde de Dieu : « Béni soit Dieu qui n'a pas écarté ma prière ni son amour loin de moi » (Ps 66 (65), 20). Saint Augustin ajoute : Quand nous prions le Seigneur, nous devons être sûrs que déjà il nous exauce : « Tu n'as pas éloigné de toi la prière ? Sois sûr qu'alors sa miséricorde ne s'est pas non plus éloignée de toi ». Vraiment, jamais je ne me sens plus tranquille et confiant pour mon salut que lorsque je suis occupé à prier Dieu et à me recommander à lui. Tous les autres fidèles éprouvent sans doute le même sentiment. Les autres signes de notre salut sont incertains et trompeurs. Ce qui est certain et infaillible, c'est que Dieu exauce ceux qui le prient avec confiance, tout comme il est absolument certain que Dieu ne peut manquer à ses promesses. Quand nous nous sentons faibles et incapables de surmonter quelque passion ou quelque grande difficulté ou pour accomplir ce que le Seigneur nous demande, disons courageusement avec l'Apôtre : « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4, 13). Ne disons pas comme certains : Ce n'est pas possible, je n'ai pas confiance. Bien sûr, par nos propres forces nous ne pouvons rien mais, avec le secours de Dieu, nous pouvons tout. Supposons que Dieu dise à quelqu'un : Prends cette montagne sur tes épaules je vais t'aider à la porter. Celui qui répondrait : Non, je n'en ai pas la force, ne serait-il pas un sot ou un infidèle ? De même, quand nous nous reconnaissons misérables et faibles et que les tentations nous assaillent plus violemment, ne nous décourageons pas, levons les yeux vers le Seigneur et disons comme David : « Yahvé est pour moi, plus de crainte, que me fait l'homme à moi ? » (Ps 118 (117), 6). Avec l'aide de mon Seigneur, je vaincrai et mépriserai tous les assauts de mes ennemis. Quand nous sommes en danger d'offenser Dieu ou dans quelque situation grave et que, dans notre trouble, nous ne savons que faire, recommandons-nous à Dieu : « Yahvé est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte ? » (Ps 27 (26), 1). Soyons sûrs qu'alors Dieu nous donnera sa lumière et nous préservera de tout mal.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Mardi 12 décembre 2006 2 12 /12 /Déc /2006 09:49

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]  

 

I. L'HUMILITÉ AVEC LAQUELLE ON DOIT PRIER 

  

 

Le Seigneur est très attentif aux prières de ses serviteurs, à condition qu'elles soient humbles : « Il s'est tourné vers la prière des humbles » (Ps 102 (101),18). Sinon, il ne les regarde pas mais les repousse : « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4, 6). Dieu n'écoute pas les prières des orgueilleux qui se fient à leurs propres forces, il les laisse dans leur misère ; alors, privés du secours de Dieu, ils vont se perdre certainement. David en pleurait : « Avant d'être humilié, je m'égarais » (Ps 119 (118), 67). J'ai péché, disait-il, parce que je n'ai pas été humble. C'est bien ce qui est arrivé à saint Pierre. Jésus l'avertit que, cette nuit-là même, tous ses disciples l'abandonneraient : « Vous tous, allez succomber à cause de moi, cette nuit même » (Mt 26, 31). Mais, au lieu de prendre conscience de sa faiblesse et de demander du secours au Seigneur, il présuma de ses forces. Même si tous l'abandonnaient, affirma-t-il, lui ne lâcherait jamais : « Si tous succombent à cause de toi, moi je ne succomberai jamais » (Mt 26, 33). Cette nuit même, avant que le coq ait chanté, lui prédit Jésus, il l’aurait renié trois fois ! Il continua pourtant à se fier à lui-même et à se vanter : « Dussé je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas » (Mt 26, 35). Mais qu'arriva-t-il ? A peine le malheureux fut-il entré dans la maison du Pontife et qu'on l'eut accusé d'être un disciple de Jésus, par trois fois, de fait, il affirma par serment qu'il ne le connaissait pas : « Et de nouveau il nia avec serment : Je ne connais pas cet homme » (Mt 26, 72). Si Pierre, en toute humilité, avait demandé au Seigneur la grâce de la fidélité, il ne l'aurait pas renié !

Persuadons-nous bien que nous sommes comme sur le sommet d'une montagne, suspendus au-dessus de l'abîme de tous les péchés et soutenus par le seul fil de la grâce : si ce fil nous lâche, nous serons certainement précipités dans ce gouffre et nous commettrons les crimes les plus horribles : « Si Yahvé ne me venait en aide, bientôt mon âme habiterait le silence (l'Enfer) » (Ps 94 (93), 17). Si Dieu ne m'avait pas secouru, je serais tombé en mille péchés et serais maintenant en Enfer. Ainsi s'exprimait le Psalmiste. Ainsi doit parler chacun d'entre nous. Pourquoi saint François d'Assise allait-il jusqu'à se proclamer le plus grand pécheur du monde ? Père, lui dit son compagnon, ce n'est pas vrai. Beaucoup de personnes au monde sont pires que vous. Hélas ! lui répliqua le saint, ce que je dis n'est que trop vrai, car si Dieu ne tenait pas sa main au-dessus de moi pour me protéger, je commettrais tous les péchés. Il est de foi que, sans la grâce, nous ne pouvons faire aucune bonne oeuvre, pas même avoir une bonne pensée : « Sans la grâce, dit saint Augustin, ils (les hommes) ne font rien de bon, soit par pensée..., soit par action ». « Car de même que l'oeil dans le plus parfait état ne peut rien distinguer s'il n'est aidé par l'éclat de la lumière, continue saint Augustin, de même l'homme le plus pleinement justifié ne peut vivre dans la droiture, s' il n' est divinement secouru par l'éternelle lumière de la justice ». L'Apôtre Paul l'avait déjà reconnu : « Ce n'est pas que de nous-mêmes nous soyons capables de revendiquer quoi que ce soit comme venant de nous ; non, notre capacité vient de Dieu » (2 Co 3, 5). Et avant lui David l'avait affirmé : « Si Yahvé ne bâtit la maison, en vain peinent les bâtisseurs » (Ps 127 (126), 1). On travaille en vain à se sanctifier, si Dieu n'y met la main : « Si Yahvé ne garde la ville, en vain la garde veille » (Ps 127 (126), 1). Si Dieu ne préserve l'âme du péché, c'est en vain qu'elle espérera y réussir par ses propres forces. Aussi le saint Prophète protestait-il : « Ce n'est pas en mon arc que je mettrai ma confiance » (Ps 44 (43), 7). Ce n'est donc pas dans mes armes que je veux mettre ma confiance mais en Dieu qui seul peut me sauver.

Si l'on a fait quelque bien, si l'on n'est pas tombé en de plus grands péchés, que l'on dise avec saint Paul : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis » (1 Co 15, 10). Et pour la même raison ne cessons pas de trembler ; craignons à chaque instant de tomber : « Que celui qui se flatte d'être debout prenne garde de tomber » (1 Co 10, 12). L'Apôtre entend ainsi nous prévenir : celui qui se croit sûr de ne pas tomber est en grand danger de le faire. Il en donne ailleurs la raison : « Si quelqu'un estime être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il se fait illusion » (Ga 6, 3). Saint Augustin écrit donc sagement : « La confiance excessive en leurs forces en empêche beaucoup d'être forts, seuls sont solides ceux qui ont conscience de leur faiblesse ».

Si quelqu'un affirme qu'il n'a pas peur, cela veut dire qu'il a confiance en lui-même et en ses résolutions. Mais cette confiance pernicieuse l'égare. Se fiant à ses propres forces, il cesse de craindre et de se recommander à Dieu ; il va donc certainement tomber. De même, chacun doit se garder de s'admirer et de se vanter, en voyant les péchés des autres. Il doit bien plutôt se considérer lui-même comme pire que les autres : Seigneur, si vous ne m'aviez pas aidé, j'aurais fait pire. Autrement le Seigneur permettra qu'en punition de son orgueil il tombe en des fautes plus grandes et plus horribles. L'Apôtre nous avertit donc de travailler à notre salut, mais comment ? toujours avec crainte et tremblement : « Travaillez avec crainte et tremblement à accomplir votre salut » (Ph 2, 12). Oui, celui qui redoute beaucoup de tomber se défie de ses propres forces. Il reporte donc sa confiance en Dieu et recourt à lui dans les dangers ; Dieu va le secourir ; il va triompher ainsi des tentations et faire son salut. Marchant un jour dans les rues de Rome, saint Philippe Neri s'en allait répétant : « Je suis désespéré ! » Un religieux lui en fit le reproche, mais le saint lui répliqua : « Mon Père, c'est de moi-même que je désespère, mais j'ai confiance en Dieu ». Ainsi devons-nous agir, si nous voulons faire notre salut. Il faut douter sans cesse de nos forces. Nous imiterons ainsi saint Philippe Neri qui, dès son réveil, disait à Dieu : « Seigneur, protégez bien Philippe aujourd'hui ; sinon, Philippe va vous trahir ».

C'est là, dit saint Augustin, la connaissance éminente d'un chrétien : savoir qu'il n'est rien et qu'il ne peut rien : « Là est la science par excellence : savoir que l'on n'est rien ». Il va donc s'appliquer à obtenir de Dieu par la prière cette force qui lui manque pour résister aux tentations et faire le bien. Avec le secours du Seigneur, il sera capable de tout, car celui-ci ne sait rien refuser à ceux qui le prient avec humilité : « La prière de l'humble pénètre les nuées... Il n'a de cesse que le Très-Haut n'ait jeté les yeux sur lui » (Si 35,17-18). La prière d'une âme humble pénètre les cieux. Une fois devant le trône de Dieu, elle n'en part pas avant que Dieu ne l'ait regardée et exaucée. Fût-il coupable de très nombreux péchés, Dieu ne peut mépriser un coeur qui s'humilie : « D'un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n'as pas de mépris » (Ps 51 (50), 19). « Dieu résiste aux orgueilleux mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4, 6). Autant le Seigneur est dur pour les orgueilleux et sourd à leurs demandes, autant il est doux et généreux pour les humbles. Jésus le dit un jour à sainte Catherine de Sienne : Sache, ma fille, que l'âme qui persévère dans la prière humble acquiert toutes les vertus.

Rapportons ici un avis très judicieux que donna aux âmes spirituelles désirant se sanctifier le savant et très pieux Monseigneur Palafox, évêque d'Osma, dans un commentaire sur la dix-huitième lettre de sainte Thérèse. Cette sainte écrit à son confesseur et lui rend compte de tous les degrés d'oraison surnaturelle dont le Seigneur l'a favorisée. Le prélat fait remarquer que ces grâces surnaturelles, accordées à sainte Thérèse et à d'autres saints, ne sont pas nécessaires pour parvenir à la sainteté. Bien des âmes y sont arrivées sans elles. Par contre il en est beaucoup qui les ont obtenues et qui se sont pourtant damnées par la suite. Il est superflu et même présomptueux, conclut-il, de désirer et de demander ces dons surnaturels : la seule et unique voie pour se sanctifier, c'est de pratiquer les vertus et d'aimer Dieu. On y arrive par la prière et par la correspondance aux lumières et secours de Dieu qui ne désire rien d'autre que notre sanctification : « La volonté de Dieu, c'est votre sanctification » (1 Th 4, 3). Ce pieux auteur fait allusion aux degrés de l'oraison surnaturelle dont parlait sainte Thérèse : oraison de quiétude, sommeil mystique et suspension des puissances, union, extase, ravissement, vol et transport de l'esprit et blessure d'amour. Il écrit sagement à ce sujet : quant à l'oraison de quiétude, ce que nous devons désirer et demander à Dieu, c'est qu'il nous délivre de l'attachement aux biens de ce monde et du désir de les posséder. Ces biens ne procurent pas la paix. Ils n'apportent à l'esprit qu'inquiétude et tourment : « Vanité des vanités, les appelait Salomon, et poursuite de vent » (Qo l, 14). Le coeur de l'homme ne trouvera jamais la vraie paix, s'il ne se vide pas de tout ce qui n'est pas Dieu pour laisser toute la place à son saint amour, afin que lui seul le possède tout entier. Mais l'âme ne peut le réaliser toute seule ; elle doit l'obtenir du Seigneur par des prières réitérées. Quant au sommeil et à la suspension des puissances, nous devons demander à Dieu la grâce de tenir nos facultés endormies à tout ce qui est temporel, et bien éveillées, au contraire, pour méditer la bonté de Dieu et n'aspirer qu'à son amour et aux biens éternels.

Quant à l'union des puissances, demandons la grâce de ne penser, de ne chercher, de ne vouloir que ce que Dieu veut, parce que toute la sainteté et la perfection de l'amour consistent à unir notre volonté à celle du Seigneur. Quant à l'extase et au ravissement, prions Dieu de nous arracher à l'amour désordonné de nous-mêmes et des créatures pour nous attirer tout entier à lui. Quant au vol de l'esprit, demandons-lui de vivre complètement détachés de ce monde et de faire comme les hirondelles qui, même pour se nourrir, ne se posent pas à terre mais saisissent leur nourriture tout en volant. Que signifie cette comparaison ? Utilisons les biens temporels autant qu'il le faut pour soutenir notre vie, mais toujours en plein vol ; sans nous poser sur le sol pour y jouir des plaisirs terrestres. Quant au transport de l'esprit, prions Dieu de nous donner le courage et la force de savoir nous faire violence, quand il le faut, pour résister aux assauts des ennemis, pour maîtriser nos passions et pour embrasser la souffrance au milieu des désolations et lassitudes spirituelles. Enfin, quant à la blessure d'amour, la douleur provoquée par une blessure entretient toujours chez la personne le souvenir de son mal ; de même, devons-nous prier Dieu de blesser notre coeur de son saint amour au point que nous nous rappelions sans cesse sa bonté et son amour pour nous. Nous vivrons continuellement avec cette pensée et nous nous efforcerons de lui manifester notre amour par nos bonnes oeuvres et nos sentiments d'affection. On n'a pas ces grâces sans la prière, mais on obtient tout par la prière, à condition que celle-ci soit humble, confiante et persévérante.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Mardi 5 décembre 2006 2 05 /12 /Déc /2006 09:45

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

     

 

 

CHAPITRE III

CONDITIONS DE LA PRIÈRE

 

 

 « En vérité, en vérité, je vous le dis, ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom » (Jn 16, 23). Jésus Christ nous le promet : tout ce que nous demanderons au Père en son nom, tout cela le Père nous l'accordera, mais cela s'entend toujours d'une demande faite selon les conditions requises.

Beaucoup, dit saint Jacques, cherchent et n'obtiennent pas parce qu'ils cherchent mal : « Vous demandez et ne recevez pas, parce que vous demandez mal » (Jc 4, 3). Saint Basile commente ainsi les paroles de l'Apôtre : « Si quelquefois tu demandes et n'obtiens pas, c'est que tu as mal demandé, en manquant de foi, ou avec légèreté, ou pour ce qui ne te convenait pas ou alors parce que tu as abandonné la prière ». « En manquant de foi », c'est-à-dire avec peu de foi ou peu de confiance. « Avec légèreté » c'est-à-dire avec peu de désir d'obtenir la grâce. « Pour ce qui ne te convenait pas » c'est-à-dire que tu as demandé des biens qui ne sont pas utiles à ton salut. « Tu as abandonné » c'est-à-dire tu as manqué de persévérance. C'est pourquoi saint Thomas ramène à 4 les conditions requises pour que la prière soit efficace : « Que l'on demande pour soi-même, des biens nécessaires au salut, avec piété, avec persévérance ».

La première condition de la prière est donc qu'on la fasse pour soi-même. Le Docteur Angélique soutient que l'on ne peut pas obtenir pour les autres ex condigno - en justice -, la vie éternelle ni par conséquent les grâces ayant rapport au salut. La promesse, dit-il, n'a pas été faite pour les autres mais uniquement pour ceux qui prient : « Il vous le donnera ». Beaucoup de Docteurs soutiennent cependant le contraire, en s'appuyant sur l'autorité de saint Basile : « Celui-ci enseigne que la prière atteint infailliblement son effet, en vertu de la promesse de Dieu, même en faveur des autres, pourvu que ceux-ci n'y mettent pas un obstacle positif. » Ils se basent sur les Saintes Ecritures : « Priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance » (Jc 5, 16). « Priez pour vos persécuteurs » (Mt 5,44). Et, mieux encore, le texte de saint Jean : « Quelqu'un voit-il son frère commettre un péché ne conduisant pas à la mort, qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère ! » (1 Jn 5, 16). Saint Augustin et d'autres expliquent ainsi : « un péché ne conduisant pas à la mort » : pourvu qu'il ne s'agisse pas d'un pécheur qui entend s'obstiner dans le péché jusqu'à la mort, parce que pour celui-ci il faudrait une grâce très extraordinaire. Quant aux pécheurs dont la malice n'est pas si grande, l'Apôtre saint Jean promet leur conversion à ceux qui prient pour eux : « Qu'il prie et Dieu donnera la vie à ce frère » (1 Jn 5, 16).

Du reste, il n'est pas douteux que les prières des autres soient très utiles aux pécheurs et très agréables à Dieu ; Dieu se plaint de ses serviteurs qui ne lui recommandent pas les pécheurs. C'est ainsi qu'il dit un jour à sainte Marie-Madeleine de Pazzi : « Vois, ma fille, comme les chrétiens sont entre les mains du démon ; si mes Elus ne les délivraient pas par leurs prières, ils seraient dévorés ». Il attend cela tout spécialement des prêtres et des religieux. Cette même sainte disait à ses religieuses : « Mes Soeurs, Dieu ne nous a pas séparées du monde uniquement pour notre bien mais aussi pour que nous fassions appel à sa clémence en faveur des pécheurs ». Et le Seigneur dit un jour à la sainte : « Je vous ai donné à vous qui êtes mes épouses privilégiées, la Cité de Refuge, c'est-à-dire la Passion de Jésus Christ. Vous avez ainsi où recourir pour aider mes créatures. Recourez-y et portez secours à celles qui périssent et donnez votre vie pour elles ». Ainsi, enflammée d'un grand zèle, la sainte offrait-elle à Dieu cinquante fois par jour, pour les pécheurs, le sang du Rédempteur. Le désir de leur conversion la dévorait : « Oh ! Seigneur, quelle souffrance de voir que l'on peut aider tes créatures en donnant notre vie pour elles, et de ne pouvoir le faire ». Au reste, elle recommandait les pécheurs à Dieu dans tous ses exercices de piété. Elle ne passait guère une heure de la journée, lit-on dans sa Vie, sans prier pour eux. Elle se levait aussi très souvent, en pleine nuit, et se rendait devant le Saint Sacrement prier pour les pécheurs. On l'a trouvée un jour pleurant à chaudes larmes : « Pourquoi ? lui demanda-t-on. Parce qu'il me semble que je ne fais rien pour le salut des pécheurs ». Elle allait jusqu'à s'offrir à subir pour leur conversion jusqu'aux peines de l'Enfer, pourvu qu'elle n'eût pas à haïr Dieu. Plusieurs fois elle obtint de Dieu d'être affligée de grandes douleurs et infirmités pour le salut des pécheurs. Elle priait spécialement pour les prêtres. Elle voyait que leur bonne conduite est principe de salut pour les autres, et leur mauvaise vie cause de ruine pour beaucoup. Aussi priait-elle le Seigneur de faire retomber sur elle la punition de leurs fautes : « Seigneur, fais-moi mourir puis revenir à la vie autant de fois qu'il sera nécessaire pour satisfaire pour eux à ta justice ! » Et l'on raconte dans sa Vie que, en effet, par ses prières, elle arracha beaucoup d'âmes aux griffes de Lucifer.

J'ai tenu à parler plus spécialement du zèle de cette sainte. Mais toutes les âmes qui aiment vraiment Dieu ne prient-elles pas pour les pauvres pécheurs ? Voici quelqu'un qui aime Dieu, qui sait l'amour qu'il porte aux âmes et tout ce que Jésus Christ a fait et souffert pour leur salut et combien le Sauveur désire nous voir prier pour elles... Comment est-il possible que ce quelqu'un puisse voir avec indifférence tant de pauvres gens vivre sans Dieu et esclaves de l'enfer ? Ne va-t-il pas être touché de compassion et s'appliquer à prier fréquemment le Seigneur de donner lumière et force à ces malheureux pour qu'ils sortent de l'état dans lequel ils dorment et sont perdus ? Bien sûr, Dieu n'a pas promis de nous exaucer quand ceux pour qui nous prions mettent un obstacle positif à leur conversion. Mais très souvent, dans sa bonté, à cause des prières de ses serviteurs, le Seigneur s'est plu à ramener dans la voie du salut, par des grâces extraordinaires, les pécheurs les plus aveuglés et les plus endurcis. Ne nous lassons donc jamais, lorsque nous célébrons ou entendons la messe, lorsque nous faisons la communion, la méditation ou la visite au Saint Sacrement, de recommander à Dieu les pauvres pécheurs. Un savant auteur nous affirme : « Celui qui prie pour les autres voit d'autant plus vite exaucées les prières qu'il fait pour lui-même ». Tout ceci dit en passant, revenons aux autres conditions requises par saint Thomas pour l'efficacité de la prière.

La seconde condition, c'est que l'on demande les grâces nécessaires au salut. En effet, la promesse faite à la prière ne l'a pas été pour les bienfaits d'ordre temporel qui ne sont pas nécessaires au salut. Saint Augustin commente les mots de l'Evangile cités plus haut, « en mon nom » en disant : « Tout ce qui est contraire au salut ne saurait être demandé au nom du Sauveur ». Quelquefois, ajoute-t-il, nous demandons des faveurs temporelles et Dieu ne nous exauce pas, pourquoi ? Parce qu'il nous aime et veut nous traiter avec miséricorde : « Si quelqu'un prie Dieu loyalement pour les nécessités de cette vie, tantôt Dieu les accorde par miséricorde et tantôt les refuse également par miséricorde. En effet, ce qui est utile au patient, le médecin le sait mieux que le malade ». Le médecin qui aime le malade ne lui accorde pas ce qu'il sait devoir lui faire du mal. Oh ! combien, s'ils étaient malades ou pauvres, ne tomberaient pas dans les péchés qu'ils commettent bien portants ou riches. C'est par amour que Dieu n'exauce pas certains qui lui demandent la santé du corps ou les biens de la fortune ; il voit que ce serait pour eux une occasion de perdre sa grâce ou tout au moins de tomber spirituellement dans la tiédeur.

N'allons pas comprendre que ce soit une faute de demander à Dieu les biens nécessaires à la vie présente, pour autant qu'ils peuvent contribuer au salut éternel, selon cette prière du Sage de l'Ancien Testament : « Accorde-moi seulement la nourriture qui m'est nécessaire ! » (Pr 30, 8). Il n'est pas défendu, dit saint Thomas, de nous soucier raisonnablement de ces biens temporels ; la faute consiste à désirer ou à chercher ces biens comme s'ils étaient les plus importants, à avoir pour eux un souci désordonné, comme s'ils constituaient à eux seuls notre bonheur. Quand nous demandons à Dieu ces biens temporels, nous devons le faire toujours en esprit de soumission et à la condition qu'ils soient utiles à notre âme. Quand nous nous apercevons que le Seigneur ne nous les accorde pas, soyons bien convaincus qu'il nous les refuse par amour et parce qu'il sait qu'ils nuiraient à notre santé spirituelle.

Souvent nous demandons à Dieu de nous délivrer de quelque tentation dangereuse, et Dieu ne nous exauce pas non plus. Il permet que la tentation continue de nous importuner. Sachons que Dieu agit encore ainsi pour notre plus grand bien. Ce ne sont pas les tentations ni les mauvaises pensées qui nous éloignent de Dieu mais les consentements coupables. Quand l'âme se recommande à Dieu au moment de la tentation et qu'avec sa grâce elle y résiste, oh ! comme elle progresse alors en perfection et parvient à une plus grande union avec Dieu ! Voilà pourquoi le Seigneur ne l'exauce pas. Saint Paul priait avec instance pour être délivré des tentations charnelles : « Il m'a été mis une écharde en la chair, un ange de Satan chargé de me souffleter...A ce sujet, par trois fois, j'ai prié le Seigneur pour qu'il l'éloigne de moi » (2 Co 12, 7). Mais le Seigneur lui répondit : « Ma grâce te suffit ». Dans les tentations nous devons donc prier Dieu avec soumission : Seigneur, délivrez-moi de cet ennui si vous jugez utile de m'en libérer ; et sinon donnez-moi au moins le secours nécessaire pour y résister. Que fait alors le Seigneur ? Quand nous demandons à Dieu quelque grâce, dit saint Bernard, il nous l'accorde ou alors quelque chose de plus utile. Souvent Dieu nous laisse souffrir dans la tempête pour mettre à l'épreuve notre fidélité et pour notre plus grand profit. Il semble être sourd à nos prières mais soyons sûrs qu'il nous entend parfaitement et nous aide en secret ; il nous fortifie par sa grâce pour que nous résistions à toutes les attaques des ennemis. Il nous le certifie lui-même par la bouche du Psalmiste : « Dans la détresse, tu as crié, je t'ai sauvé. Je te répondis caché dans l'orage je t'éprouvai aux eaux de Mériba » (Ps 81 (80), 8).

Autres conditions requises par saint Thomas : prier « pie et perseveranter » c'est-à-dire avec humilité et confiance, ainsi qu'avec persévérance jusqu'à la mort. Examinons chacune de ces conditions : Humilité, Confiance, Persévérance.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Jeudi 5 octobre 2006 4 05 /10 /Oct /2006 08:41
 

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

 

Bref, sans la prière, il est très difficile et même impossible, ainsi que nous l'avons vu, de faire son salut, selon la providence ordinaire de Dieu ; mais, par la prière, ce salut devient assuré et très facile. Il n'est pas nécessaire pour cela d'aller sacrifier notre vie chez les Infidèles ni de se retirer dans le désert et s'y nourrir d'herbes. Qu'avons-nous à dire ? « Mon Dieu, aide-moi ; Seigneur, assiste-moi ; Aie pitié de moi » ! Est-il rien de plus facile ? Ce peu suffira à nous sauver, si nous sommes attentifs à le faire.

Saint Laurent Justinien nous exhorte spécialement à nous efforcer de prier, au moins au début de chaque action : « Il faut s'efforcer de mettre une prière tout au moins au début de chaque action ».

Cassien nous assure : les anciens Pères conseillaient surtout de lancer vers Dieu de brèves mais fréquentes invocations.

Que personne, disait saint Bernard, ne fasse peu de cas de sa prière car Dieu en fait grand cas : il nous donne alors ce que nous sollicitons ou quelque chose de plus utile pour nous : « Nul d'entre vous, frères, ne doit faire peu de cas de sa prière. Car je vous le dis : Celui à qui nous l'adressons est loin, lui, d'en faire peu de cas... ou bien il nous donne ce que nous demandons (cf. Jn 16, 23) ou bien il a en vue pour nous quelque chose de plus utile ».

Nous devons bien comprendre que, si nous ne prions pas, nous sommes inexcusables, parce que la grâce de la prière est accordée à chacun ; nous avons toujours la possibilité de prier, chaque fois que nous le voulons. David disait de lui-même : « Que je chante un cantique, une prière au Dieu de ma vie, je dirai à mon Dieu, tu es mon refuge » (Ps 42 (41), 9-10).

Nous parlerons plus longuement de ce point dans la deuxième partie. J'y montrerai de façon claire que Dieu donne à tous la grâce de prier ; on peut ainsi, par la prière, obtenir tous les secours, et même en abondance, pour observer la loi de Dieu et persévérer jusqu'à la mort.

Je me contente de dire pour le moment que, si nous ne faisons pas notre salut, ce sera entièrement de notre faute, et pour la seule raison que nous n'aurons pas prié ! 

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Mercredi 4 octobre 2006 3 04 /10 /Oct /2006 09:49

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.] 

 

Nous sommes dépourvus de tout mais, si nous prions, nous ne sommes plus pauvres. Si nous sommes pauvres, Dieu est riche, et Dieu est extrêmement libéral, dit l'Apôtre Paul, envers ceux qui l'appellent au secours : « Riche envers tous ceux qui l'invoquent » (Rm 10, 12). Saint Augustin nous exhorte ainsi : Puisque nous avons à faire à un Seigneur d'une infinie puissance et richesse, ne lui demandons pas des choses insignifiantes et sans valeur mais quelque chose de précieux : « C'est le Tout-Puissant que vous sollicitez, demandez-lui quelque chose de grand ! ». Si quelqu'un demandait au roi une simple pièce de monnaie, un sou, ne semble-t-il pas qu'il lui ferait injure ? À l'inverse, nous faisons honneur à Dieu, à sa miséricorde et à sa libéralité, lorsque, malgré notre misère et notre indignité, nous sollicitons de lui de grandes faveurs, sûrs de sa bonté et de sa fidélité, lui qui a promis d'accorder à ceux qui le prient toutes les grâces demandées : « Demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez ! » (Jn 15, 7).  

Nous sommes dépourvus de tout mais, si nous prions, nous ne sommes plus pauvres. Si nous sommes pauvres, Dieu est riche, et Dieu est extrêmement libéral, dit l'Apôtre Paul, envers ceux qui l'appellent au secours : (Rm 10, 12).

Sainte Marie-Madeleine de Pazzi disait : Le Seigneur se sent si honoré et éprouve une telle consolation lorsque nous lui demandons ses grâces, qu'il nous remercie en quelque sorte de lui offrir ainsi l'occasion de nous gratifier et de satisfaire le désir qu'il a de nous faire du bien à tous. Soyons même persuadés que lorsque nous sollicitons des grâces, le Seigneur nous donne toujours plus que nous demandons.

« Si l'un de vous manque de sagesse qu'il la demande à Dieu, il donne à tous généreusement et sans récriminer » (Jc 1, 5). Saint Jacques s'exprime ainsi pour bien nous indiquer que Dieu n'est pas avare de ses biens, comme le sont les hommes. Quand ceux-ci font des aumônes, alors même qu'ils sont riches, pieux et généreux, ils ont toujours les doigts un peu crochus et ils donnent le plus souvent moins qu'on ne leur demande : leur richesse, en effet, est toujours limitée, et plus ils donnent, moins il leur reste. Mais, quand on le prie, Dieu donne ses biens avec générosité, avec une main largement ouverte, et toujours plus qu'on ne lui demande : sa richesse, en effet, est infinie et, plus il donne, plus il lui reste à donner : « Seigneur, tu es pardon et bonté, plein d'amour pour tous ceux qui t'appellent » (Ps 86 (85), 5).

Vous, mon Dieu, s'écriait David, vous n'êtes que trop généreux et trop bon avec ceux qui vous invoquent. Vos miséricordes à leur égard sont toutes surabondantes : elles surpassent leurs demandes. À ceci nous devons donc accorder toute notre attention : prier avec confiance, dans la certitude que s'ouvriront ainsi pour nous tous les trésors du ciel : « Appliquons-nous-y, dit saint Jean Chrysostome, et nous verrons pour nous s'ouvrir le ciel ».     

La prière est un trésor : qui prie le plus, plus en a sa part. Saint Bonaventure assure : Chaque fois que l'on recourt pieusement  à Dieu par la prière, on gagne des biens infiniment plus précieux que le monde entier : « On gagne chaque jour par la prière dévote plus que la valeur du monde entier ».

Certaines âmes dévotes consacrent beaucoup de temps à lire et à méditer mais peu de temps à prier. La lecture spirituelle, la méditation des vérités éternelles sont certainement très utiles mais, dit saint Augustin, la prière est de beaucoup plus utile. Par la lecture et la méditation nous comprenons quels sont nos devoirs mais par la prière nous obtenons la grâce de les remplir : « Il vaut mieux prier que lire ; par la lecture nous apprenons ce que nous devons faire ; par la prière, nous recevons ce que nous demandons ». A quoi bon savoir ce que nous sommes tenus de faire et puis ne pas le faire, sinon à nous rendre plus coupables envers Dieu ? Lisons et méditons autant que nous voulons, nous n'en accomplirons pas pour autant nos obligations si nous ne demandons pas à Dieu le secours nécessaire.

Aussi, fait remarquer saint Isidore, c'est surtout lorsque nous sommes occupés à prier et à demander à Dieu ses grâces que le démon se donne le plus de mal pour nous distraire par la pensée des affaires temporelles : « C'est surtout lorsque le diable voit quelqu'un en train de prier qu'il lui met le plus des idées dans la tête ». Pourquoi cela ? Parce que l'ennemi voit que nous ne gagnons jamais davantage les trésors du ciel que lorsque nous prions. Le meilleur fruit de l'oraison mentale, c'est qu'on y demande à Dieu les grâces nécessaires pour la persévérance et le salut éternel. C'est pour ce motif surtout que l'oraison mentale est nécessaire à l'âme pour se maintenir dans la grâce de Dieu.

En effet, si durant la méditation l'on ne songe pas à demander les secours indispensables à la persévérance, on ne le fera pas à un autre moment ; on ne pensera pas, en dehors de la méditation, à la nécessité de les demander. En revanche, celui qui fait chaque jour sa méditation verra clairement les besoins de son âme, les dangers où il se trouve, la nécessité de prier ; il priera et ainsi obtiendra les grâces qui lui permettront de persévérer et de faire son salut.

Le Père Paul Segneri faisait cet aveu : au début, dans sa méditation, il s'employait plus à exprimer ses sentiments qu'à prier ; mais il comprit par la suite la nécessité et l'immense utilité de la prière ; dès lors, dans ses longues oraisons mentales il s'appliqua surtout à prier. « Comme le petit de l'hirondelle, je crierai », disait le pieux roi Ezéchias (Is 38, 14). Les petits des hirondelles ne font que crier, pour réclamer à leur mère secours et nourriture. C'est ainsi que nous devons tous faire : si nous voulons garder la vie de la grâce, il nous faut crier sans cesse, demandant secours à Dieu pour éviter la mort du péché et pour progresser dans son saint amour.

Le Père Rodriguez rapporte : Les Anciens Pères, qui furent nos premiers maîtres spirituels, tinrent un jour conseil entre eux pour examiner quel était l'exercice le plus utile et le plus nécessaire pour le salut éternel. Ils conclurent que c'était de répéter fréquemment la brève invocation de David : « Seigneur, viens à mon aide ». Celui qui veut assurer son salut, écrit Cassien, doit faire de même et répéter sans cesse : Mon Dieu, aide-moi ! Mon Dieu, aide-moi ! Nous devons lancer cet appel, le matin, dès notre réveil, et continuer ensuite dans toutes nos nécessités et dans toutes nos occupations spirituelles et temporelles, plus spécialement quand nous tourmente quelque tentation ou passion. Pour saint Bonaventure, une courte prière nous vaut parfois la grâce plus vite que beaucoup d'autres bonnes œuvres : « On obtient quelquefois plus vite par une courte prière ce que l'on n'obtiendrait que difficilement par de bonnes œuvres ».

Saint Ambroise ajoute : Avant même d'avoir fini, celui qui prie est déjà exaucé parce que prier et recevoir, c'est tout un. « Celui qui demande à Dieu reçoit au moment même de sa prière ; car demander à Dieu est déjà recevoir ». Saint Jean Chrysostome a pu écrire : « Rien n'est plus puissant qu'un homme qui prie » parce qu'il participe à la puissance de Dieu. Pour arriver à la perfection, disait saint Bernard, il faut la méditation et la prière : la méditation nous aide à comprendre ce qui nous fait défaut, et par la prière nous la recevons : « Progressons par la méditation et la prière ; car la méditation enseigne ce qui nous manque et la prière obtient que ce manque soit comblé ». 

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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Vendredi 15 septembre 2006 5 15 /09 /Sep /2006 09:52

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière.]

 

Pour saint Bernardin de Sienne : la prière est une ambassadrice fidèle, bien connue du roi du ciel, admise à entrer jusque dans ses appartements. Par son insistance, elle amène l'esprit miséricordieux du roi à nous accorder tous les secours dont nous avons besoin, nous pauvres malheureux, qui gémissons au milieu de tant de combats et de misères, en cette vallée de larmes : « La prière est une ambassadrice très fidèle, connue du roi, habituée à entrer dans sa chambre, à fléchir son esprit miséricordieux et à obtenir du secours pour ceux qui sont en danger ».

Isaïe nous affirme également : Quand le Seigneur entend nos prières, il est aussitôt touché de compassion à notre égard ; il ne nous laisse pas beaucoup pleurer, mais il répond à l'instant même et nous accorde tout ce que nous lui demandons : « Tu n'auras plus à pleurer car il va te faire grâce à cause du cri que tu pousses ; dès qu'il l'entendra, il te répondra » (Is 30, 19).

Dans un autre endroit le Seigneur parle par la bouche de Jérémie ; il se plaint de nous en ces termes : « Ai je été un désert pour Israël, ou une terre ténébreuse ? Pourquoi mon peuple a-t-il dit : nous vagabondons, nous n'irons plus à toi ? » (Jr 2, 31). Pourquoi, demande le Seigneur, dites-vous que vous ne voulez plus recourir à moi ? Peut-être ma miséricorde est-elle pour vous une terre stérile qui ne sait plus vous donner aucun fruit de grâce ? Ou une terre en sommeil qui ne produit que des fruits très tardifs ? Notre Seigneur tout aimant veut nous signifier par là qu'il ne manque jamais d'exaucer et sans retard nos prières. Il veut aussi blâmer ceux qui négligent de le prier, par crainte de n'être pas exaucés.

Si Dieu nous admettait à lui présenter nos requêtes une fois par mois, ce serait déjà une grande faveur. Les rois de la terre ne donnent que de rares audiences dans l'année, tandis que Dieu reçoit à tout moment. Saint Jean Chrysostome écrit que Dieu se tient toujours prêt à écouter nos prières. Il n'arrive jamais qu'il n'exauce pas ceux qui le prient, quand ils le font comme il faut : « Dieu est toujours prêt à écouter le voix de ses serviteurs ; jamais il n'a fait la sourde oreille quand on l'a appelé comme il faut ». Il dit ailleurs : quand nous prions, avant même que nous ayons fini de lui exposer nos demandes, déjà il nous exauce : « On obtient toujours, alors même que l'on est encore en train de demander ».

Nous en avons reçu la promesse de Dieu lui-même : « Ils parleront encore que j'aurai déjà entendu » (Is 65, 24). Le Seigneur, dit David, se tient près de tous ceux qui le prient, pour leur être agréable, les exaucer et les sauver : « Proche est Yahvé de ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité » (c'est-à-dire comme il faut). « Le désir de ceux qui le craignent, il le fait, il entend leur cri et les sauve » (Ps 145(144), 18-19). Moïse s'en félicitait : « Quelle est en effet la grande nation dont les dieux se fassent aussi proches que Yahvé notre Dieu l'est de nous chaque fois que nous l'invoquons » (Dt 4, 7). Les dieux païens restaient sourds à ceux qui les invoquaient parce qu'ils n'étaient que de pauvres créatures impuissantes ; mais notre Dieu tout puissant n'est pas sourd à nos prières ; il se tient près de ceux qui le prient, prompt à accorder toutes les grâces qu'on lui demande : « Alors mes ennemis reculeront le jour où j'appelle. Je le sais, Dieu est pour moi » (Ps 56 (55) 10). Seigneur, mon Dieu, disait le Psalmiste, j'ai reconnu que vous êtes toute Bonté et Miséricorde, en voyant que, chaque fois que je recours à vous, vous me secourez aussitôt.

Par Matthieu BOUCART - Publié dans : Le Grand Moyen de la Prière
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