3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 12:57

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE BENOIT XVI EN AFRIQUE - Extrait du discours du Pape Benoît XVI lors de la rencontre avec les membres du Conseil du Synode des Evêques, à la nonciature de Yaoundé (Cameroun), le 19 mars 2009.

 

Messieurs les Cardinaux, chers frères dans l’Épiscopat,

 

C’est avec une joie profonde que je vous salue tous, en cette terre d’Afrique. Pour elle, en 1994, une Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques a été convoquée par mon vénéré prédécesseur, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II, en signe de sollicitude pastorale pour ce continent aussi riche de promesses que de besoins humains, culturels et spirituels pressants. Je l’ai appelé ce matin « le continent de l’espérance ». Je me souviens avec gratitude de la signature de l’Exhortation Apostolique post-synodale Ecclesia in Africa, qui eut lieu ici même voici 14 ans, en la Fête de l’Exaltation de la Croix, le 14 septembre1995 (…).

 

Je remercie vivement les Cardinaux, les Archevêques et les Evêques, membres du Conseil Spécial pour l’Afrique, pour leur collaboration experte à la rédaction des Lineamenta et de l’Instumentum laboris. Je vous suis reconnaissant, chers confrères dans l’Épiscopat, d’avoir présenté également dans vos contributions des aspects importants de la situation ecclésiale et sociale actuelle de vos pays d’origine et de la région. Vous avez souligné ainsi le grand dynamisme de l’Église en Afrique, mais vous avez également évoqué les défis, les grands problèmes de l’Afrique que le Synode devra examiner, afin que dans l’Eglise en Afrique la croissance ne soit pas seulement quantitative mais aussi qualitative.

 

Chers frères, pour ouvrir mon propos, il me semble important de souligner que votre continent a été sanctifié par Notre Seigneur Jésus lui-même. A l’aube de sa vie terrestre, de tristes circonstances lui ont fait fouler le sol d’Afrique. Dieu a choisi votre continent pour devenir la demeure de Son Fils. A travers Jésus, Dieu est venu au-devant de tous les hommes, certes, mais aussi d’une façon particulière au-devant de l’homme africain. L’Afrique a offert au Fils de Dieu une terre nourricière et une protection efficace. A travers Jésus, il y a deux mille ans déjà, Dieu a apporté lui-même le sel et la lumière à l’Afrique. Depuis lors, la semence de sa présence est enfouie dans les profondeurs des cœurs de ce cher continent et elle germe peu à peu au-delà et à travers les aléas de l’histoire humaine de votre continent. A cause de la venue du Christ qui l'a sanctifiée par sa présence physique, l'Afrique a reçu un appel particulier à connaître le Christ. Que les Africains en soient fiers! En méditant et en approfondissant spirituellement et théologiquement cette première étape de la kénose, l'Africain pourra trouver les forces suffisantes pour affronter son quotidien parfois très dur, et il pourra découvrir alors d'immenses espaces de foi et d'espérance qui l'aideront à grandir en Dieu.

 

Quelques moments significatifs de l'histoire chrétienne de ce continent peuvent nous rappeler le lien intime qui existe depuis ses origines entre l’Afrique et le christianisme.

 

Selon la vénérable tradition patristique, l’évangéliste Saint Marc, qui a « transmis par écrit ce qui a été prêché par Pierre » (Irénée, Adversus Haereses III, I, 1) vient à Alexandrie ranimer la semence plantée par le Seigneur. Cet évangéliste a témoigné en Afrique de la mort sur la croix du Fils de Dieu – ultime moment de la kénose –, et de son élévation souveraine, afin que « toute langue proclame : ‘Jésus Christ est le Seigneur’ pour la gloire de Dieu le Père » (Ph 2, 11). La Bonne Nouvelle de la venue du Règne de Dieu s’est répandue rapidement dans le nord de votre continent, où elle a eu d’illustres martyrs et saints, et d’où elle a engendré d’insignes théologiens.

 

Après avoir été mise à l’épreuve par des vicissitudes historiques, la chrétienté n’a subsisté durant presque un millénaire que dans la partie nord-orientale de votre continent. Avec l’arrivée des Européens qui cherchaient la route des Indes, aux XVe et XVIe siècles, les populations sub-sahariennes ont rencontré le Christ. Ce sont les populations côtières qui, en premier, reçurent le baptême. Aux XIXe et au XXe siècle, l’Afrique sub-saharienne a vu arriver des missionnaires, hommes et femmes provenant de tout l’Occident, d’Amérique latine et même d’Asie. Je désire rendre hommage à la générosité de leur réponse inconditionnelle à l’appel du Seigneur et à leur ardent zèle apostolique.

 

Ici, je voudrais aller plus avant et parler des catéchistes africains, compagnons inséparables des missionnaires dans l’évangélisation. Dieu avait préparé le cœur de certains laïcs africains, hommes et femmes, jeunes et plus âgés, pour recevoir Ses dons et pour porter la lumière de Sa Parole à leurs frères et sœurs. Laïcs avec les laïcs, ils ont su trouver dans la langue de leurs pères les mots de Dieu qui touchèrent le cœur de leurs frères et sœurs. Ils ont su partager la saveur du sel de la Parole et donner splendeur à la lumière des Sacrements qu’ils annonçaient. Ils ont accompagné les familles dans leur croissance spirituelle, ils ont encouragé les vocations sacerdotales et religieuses, et ils ont servi de lien entre leurs communautés et les prêtres et les évêques. Avec naturel, ils ont opéré une inculturation réussie qui a porté de merveilleux fruits (cf. Mc 4, 20). Ce sont les catéchistes qui ont permis que la « lumière brille devant les hommes » (Mt 5, 16), car en voyant le bien qu’ils faisaient, des populations entières ont pu rendre gloire à Notre Père qui est aux cieux. Ce sont des Africains qui ont évangélisé des Africains. En évoquant leur souvenir glorieux, je salue et j’encourage leurs dignes successeurs qui œuvrent aujourd’hui avec la même abnégation, le même courage apostolique et la même foi que leurs devanciers. Que Dieu les bénisse généreusement ! Durant cette période, la terre africaine a aussi été bénie par de nombreux Saints. Je me contente de nommer les martyrs de l'Ouganda, les grands missionnaires Anne-Marie Javouhey et Daniele Comboni, ainsi que Sœur Anuarite Nengapeta et le catéchiste Isidore Bakanja, sans oublier l'humble Joséphine Bakhita.

 

Nous sommes actuellement dans un moment historique qui coïncide du point de vue civil avec l’indépendance retrouvée et du point de vue ecclésial avec le Second Concile du Vatican. L’Église en Afrique a préparé et accompagné durant cette période la construction des nouvelles identités nationales et, parallèlement, elle a cherché à traduire l’identité du Christ selon des voies propres. Alors que la Hiérarchie s’était peu à peu africanisée depuis l’ordination par le Pape Pie XII des évêques de votre continent, la réflexion théologique a commencé à prendre essor. Il serait bon aujourd’hui que vos théologiens continuent d’explorer la profondeur du mystère trinitaire et sa signification pour le quotidien africain. Ce siècle permettra peut-être, avec la grâce de Dieu, la renaissance, sur votre continent, mais certainement sous une forme différente et nouvelle, de la prestigieuse Ecole d’Alexandrie. Pourquoi ne pas espérer qu’elle puisse fournir aux Africains d’aujourd’hui et à l’Église universelle de grands théologiens et des maîtres spirituels qui contribueraient à la sanctification des habitants de ce continent et de l’Église entière ? La Première Assemblée Spéciale du Synode des Évêques a permis d’indiquer les directions à prendre et a mis en évidence, entre autres, la nécessité d’approfondir et d’incarner le mystère d’une Église-Famille.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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