21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 23:00

Chers amis,

Après les débats passionnés du groupe Facebook dédié à Claude Tresmontant, je vous propose un petit catéchisme sur le péché originel pour nous redonner quelques précieux repères sur ce grand mystère – si important pour notre foi : « On ne peut pas toucher à la révélation du péché originel sans porter atteinte au mystère du Christ. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique – désigné dans la suite du texte CEC –, § 389).

Je le publie aujourd’hui sous la version 1.0., car le texte est perfectible (il sera retouché progressivement) et j’attends beaucoup de vos réactions et réflexions. Par faciliter la discussion et les approfondissements à venir, j’ai numéroté les Propositions, de manière à ce que vous puissiez les viser facilement et précisément.

Le présent catéchisme s’articule en 4 parties distinctes :

1. Le monde avant la Chute

2. Le Péché Originel et la Chute

3. La thèse originale de Mgr Léonard

4. Les avantages et limites de la théologie de Mgr Léonard

En voici aujourd’hui la quatrième et dernière partie.

 

4. LES AVANTAGES ET LIMITES DE LA THEOLOGIE DE MGR LEONARD

4.1. Il ressort de la théologie de Mgr Léonard que nous ne sommes peut-être pas les descendants biologiques d’Adam – quoique nous en fussions les descendants historiques.

4.2. Nous recevons d’Adam la nature humaine – nous héritons de lui la corruption de notre nature. Mais l’humanité n’est pas nécessairement reliée à lui par un lien BIOLOGIQUE direct.

4.2a. Cela ne serait pas choquant du point de vue de la Révélation, puisqu’elle ne vise pas à nous communiquer un enseignement d’ordre scientifique, mais une vérité d’ordre théologique.

4.2b. La théologie du péché originel ne serait pas dépendante d’une vérité scientifique : le monogénisme.

4.2b.bis. A supposer que le monogénisme soit vrai sur le plan scientifique – ce qui semble le cas – les ancêtres communs à toute l’humanité ne pourraient être Adam et Eve (pour les raisons évoquées dans la Partie 3).

4.2.c A la question : « Où étions-nous lors du péché d’Adam ? », nous répondrions : « Notre nature était en Adam, notre individualité n’existait pas. »

4.3. ‎« Comment le péché d’Adam est-il devenu le péché de tous ses descendants ? Tout le genre humain est en Adam comme l’unique corps d’un homme unique. Par cette unité du genre humain, tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam, comme tous sont impliqués dans la justice du Christ.‎ » (CEC, § 404)

‎4.3.a. « La transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Mais nous savons par la Révélation qu’Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour lui seul, mais pour toute la nature humaine : en cédant au tentateur, Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu. C’est un péché qui sera transmis par propagation à toute l’humanité, c’est-à-dire par la transmission d’une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles. » (CEC, § 404)

4.3.b. Peut-être cette transmission s’opère-t-elle en vertu du fait qu’Adam soit notre « cause exemplaire » – c’est-à-dire le modèle à partir duquel Dieu nous créé – comme le Christ serait la « cause exemplaire » de notre « re-création ».

4.3.c. A ceux qui croient discerner un relent de platonisme dans cette conception d’une Chute primordiale ayant provoqué le surgissement d’un monde marqué par le mal – notre monde –, je répondrais :

1°) que tout dans Platon n’est pas à jeter ; qu’il existe dans Platon et le néo-platonisme des « semences du verbe » (le concept a d'ailleurs été forgé par Saint Justin précisément au sujet du néo-platonisme) en quoi me paraît résider notamment l’intuition fondamentale de la bonté originelle des êtres - et d'une Chute ayant provoqué le surgissement de ce monde marqué par le mal ;

2°) qu’à la différence du platonisme, le christianisme considère que la bonté originelle de la Création de Dieu n'a pas été détruite par la Chute originelle - mais altérée : la réalité de ce monde matériel reste donc fondamentalement bonne en raison de sa divine origine ;

3°) que rejeter l’idée d’une Chute cosmique de laquelle notre monde serait l'effet reviendrait :

* à imputer à Dieu quelque responsabilité dans le mal physique (présent dans le monde dès avant l’apparition du premier homme...)

* et à instiller subrepticement du mal en Dieu - l'idée d'un Dieu "mauvais" étant une idée... gnostique.

Il y a donc, me semble-t-il, un choix fondamental à faire entre une doctrine de la Chute primordiale - qui fait certes penser à Platon (mais peut-être au meilleur de Platon) - et une doctrine d'une Création par un Dieu s’accommodant de la souffrance et de la mort - qui ferait "méchamment" penser au Démiurge de la « gnose au nom menteur » (Irénée).

Pour ma part, j’opte sans complexe pour la première option, à la suite de Mgr Léonard et – je le crois – de la Tradition de l’Eglise exprimée à travers son Catéchisme et ses conciles, qui évoquent explicitement une Chute affectant non seulement l’homme, mais la Création toute entière – répandant le venin du mal, de la mort et du péché dans tout l'Univers.

4.4. Comment (et à partir de quand dans la Bible) passe-t-on de l’Adam pécheur dans le monde d’avant la Chute à la réalité historique qui est la nôtre ? Cela reste un mystère. Mais la théologie ne cherche pas à évacuer le mystère.

4.5. Cette incapacité de répondre peut paraître une faiblesse de la thèse léonardienne – qui n’aborde pas du tout la question. Mais l’autre thèse, – celle de l’identification d’Adam avec le premier homme préhistorique – me paraît plus problématique encore, et les obstacles insurmontables.

4.5a. Premier obstacle : elle présuppose que Dieu ait voulu le mal (comme la prédation animale), l’ait conçu en quelque manière, en vue d’un plus grand bien. Or, la Révélation affirme la RADICALE INNOCENCE de Dieu par rapport au Mal – Innocence absolue qui se manifeste pleinement sur la Croix : Jésus se livre aux homme comme un « agneau que l’on mène à l’abattoir ». Comment un agneau aurait-il pu imaginer un monde où les lions mangent les gazelles ?

4.5.b. Deuxième obstacle (qui survient quand on veut éviter le premier) : il faut affirmer que le monde d’avant le premier hominidé (il y a 50.000 ans) était le Paradis terrestre – et nier, purement et simplement, le donné historique. Or, une thèse qui contredit un fait historique (ou scientifique) établi n’est pas rationnelle : elle est absurde. On a donc le choix ici entre le mystère et l’absurde. Comme disait Jean Guitton (à la suite de Blaise Pascal) : « l’absurdité de l’absurde me conduit au mystère »

4.6. Au final, la théologie de Mgr Léonard me paraît réconcilier la théologie, la science et la philosophie – chacune de ces disciplines conservant son autonomie par rapport aux autres, ne contredisant pas les vérités déjà posées, et n’imposant pas ses vues aux autres. Chacune a quelque chose à nous dire du réel – et nous fournit des lumières pour mieux comprendre les enseignements des deux autres. La thèse léonardienne ne résout certes pas toutes les difficultés – mais les plus grandes. Elle devra en tout état de cause être approfondie par les théologiens. Mais ses fruits, déjà manifestes, nous révèlent que nous sommes sans aucun doute sur la bonne voie dans la compréhension de ce grand mystère.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

P
Bonjour,<br /> <br /> Peut-être devriez-vous lire, sur le péché originel, "Le Message Retrouvé" de Louis Cattiaux qui dit notamment : "Hélas ! Combien croient encore au sauvetage spirituel et corporel de l'homme exilé ici-bas, puisque plus personne ne croit même à la chute antique ?" (Livre XXXVII, verset 44')<br /> Cordialement.
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N
<br /> Y-a-t-il quelque chose d'hérétique dans ce que j'ai affirmé ?<br /> <br /> <br /> Quel est le dogme qui contredirait ce que j'ai rapidement résumé ?<br />
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N
<br /> La foi catholique nous dit :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> - il faut fermement croire que nous sommes les descendants biologiques d'Adam et Eve par monogénisme historique (Humani generis, Pie XII).<br /> <br /> <br /> - la théologie du péché originel est intrinsèquement dépendante d'une vérité scientifique (il ne peut y avoir de contradiction rationnelle).<br /> <br /> <br /> - que l'altération de l'Univers est dû au péché historique d'Adam et Eve (= aux scientifiques de nous démontrer la date exacte)<br /> <br /> <br /> - le polygénisme historique et/ou biologique est une hérésie mais aussi une absurdité scientifique.<br /> <br /> <br /> - il faut fermement croire que le monde pré-lapsaire était HISTORIQUEMENT le Paradis terrestre. Mais il faut comprendre l'acte de péché d'Adam comme étant un acte qui "transcende" le temps et<br /> l'espace... exactement comme l'acte Rédempteur du nouvel Adam sur la Croix (Jésus-Christ) transcende aussi le temps et l'espace.<br /> <br /> <br /> - sans vouloir nier les données historiques et scientifiques, il faut absolument garder à l'esprit que le "Adam" historique est "historiquement" responsable de l'altération de l'Univers, même si<br /> cette altération est "prééxistante" à l'acte historique. De même que la Rédemption "historique" a sauvé les pécheurs "prééxistants" à la venue historique du Christ.<br /> <br /> <br /> - Cela ne remet nullement en cause l'existence d'un paradis originel (symbolisé par le péché historique d'Adam) qui est une vérité de foi mais aussi une vérité historique. Toute autre<br /> interprétation serait soit du fondamentalisme ; soit en dehors de la doctrine catholique.<br />
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M
<br /> <br /> "- sans vouloir nier les données historiques et scientifiques, il faut<br /> absolument garder à l'esprit que le "Adam" historique est "historiquement" responsable de l'altération de l'Univers, même si cette altération est "prééxistante" à l'acte<br /> historique."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et où est-ce que tu es allé pêcher ça, mon cher NDN? <br /> <br /> <br /> <br />
X
<br /> Juste une précision :la thèse de Mgr Léonard ne manque pas d'intérêt. Et je pense qu'il a au moins en partie raison : l'Univers tel qu'il existe est un Univers qui suit une Chute, celle des<br /> anges. Le jardin d'Eden est bien entendu une image mais le point qu'il me semble falloir expliquer, c'est comment le péché originel aurait pu se transmettre sans que nous soyons relié à nos<br /> premiers parents par la filiation. D'ailleurs, il suffit de voir ce qu'il en est avec le Christ, nouvel Adam : nous ne sommes pas régénérés automatiquement, il faut encore que nous soyons<br /> "greffés" à l'arbre par le Baptême. Le fait que Jésus ait assumé la nature humaine ne signifie nullement que tout homme est automatiquement sauvé. De même, s'il n'y a pas de filiation directe<br /> avec Adam et Eve, je vois mal comment justifier le fait que nous ayons à subir la blessure qu'ils ont infligé à la nature humaine.<br />
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M
<br /> <br /> "il suffit de voir ce qu'il en est avec le Christ, nouvel Adam : nous ne sommes pas régénérés automatiquement, il faut encore que nous soyons "greffés" à l'arbre<br /> par le Baptême. Le fait que Jésus ait assumé la nature humaine ne signifie nullement que tout homme est automatiquement sauvé." La nature humaine est sauvée par l'Incarnation du<br /> Verbe. En assumant notre nature, il la sanctifie - et par anticipation de la grâce pascale, la Vierge Marie a reçu cette nature intègre dans son Immaculée Conception. En Jésus et Marie, nous<br /> avons le nouvel Adam et la Nouvelle Eve - Principes de la Nouvelle Humanité. Pourquoi ne sommes-nous pas sauvés "automatiquement" alors que nous avons été perdus "automatiquement"? Cela tient<br /> sans doute au fait que, comme le disait Saint Augustin : "Dieu, qui nous a créé sans nous, ne nous sauvera pas sans nous".<br /> <br /> <br /> <br />
X
<br /> Merci Matthieu pour votre réponse.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ce que j'ai du mal à comprendre, c'est que d'un côté vous n'êtes pas<br /> choqué de dire que tous les hommes ne descendent pas d'Adam car la Bible tient à ce sujet un discours théologique et non scientifique, mais dans le même temps vous prenez au pied de la lettre le<br /> verset qui parle de l'herbe verte comme nourriture aux animaux terrestres et aux oiseaux, alors même que l'Écriture ne mentionne jamais (détrompez-moi au besoin) que la prédation animale est le<br /> fruit du péché d'Adam et Eve. Voici une autre explication : Dieu a bel et bien donné aux animaux les végétaux comme nourriture et ce dès l'origine, ordre perturbé par les anges rebelles et que<br /> l'homme avait pour mission de rétablir. En gros, le don de Dieu de l'herbe comme nourriture aux animaux est indissociable de la mission de l'homme. Adam et Eve ayant chuté, la mission qu'ils<br /> avaient auprès de la Nature ne put s'accomplir. Je ne dis pas avoir raison, mais je pense que cette lecture n'est ni absurde ni contraire au texte.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Maintenant, sur la transmission du péché originel, c'est la nature<br /> humaine qui est déchue en Adam et Eve. Mais la nature humaine ne se transmet-elle justement pas par génération ? Autant les anges sortent directement de la volonté divine, autant les hommes sont<br /> engendrés à partir d'autres hommes. Nous ne sommes pourvus de notre nature humaine que parce que nos parents la possédaient. D’un strict point de vue chrétien – et c’est ce que défendit l’Église<br /> – nous avons une solidarité en Adam parce que nous descendons biologiquement de lui. Je répète ma question : quelle justice y a-t-il à hériter d’une faute qu’un autre être humain, auquel je<br /> ne suis lié que par ma nature, a commise ? Hitler a commis des atrocités, ce n’est pas parce que je suis humain également que je partage ses fautes. La seule nature humaine en commun ne me<br /> semble pas suffire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Juste un dernier point. Je ne comprends pas cette frilosité à se<br /> confronter aux sciences. L’Église est formelle : la vérité a une seule origine, Dieu. Il ne peut donc y avoir de contradiction. Certes, la Bible n’est pas un livre scientifique mais ça ne me<br /> choquerait pas qu’elle enseigne des choses qui puissent être confirmées par la science.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Fraternellement,<br />
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M
<br /> <br /> "l'Ecriture ne mentionne jamais (...) que la prédation animale est le fruit du péché d'Adam et Eve". L'Ecriture ne mentionne jamais la Trinité non<br /> plus. Il reste qu'elle est fortement suggérée par l'Ecriture elle-même. Il en est de même ici. Que la prédation animale soit la conséquence du péché originel, cela me semble pouvoir être induit<br /> de Gn 1.30 (les animaux créés originellement sont herbivores), de Gn 3 (où l'on voit le Serpent figurant Satan, l'Ange déchu, tenter Adam et Eve DANS le Jardin d'Eden - c'est à dire dans une<br /> Nature encore intègre), et de Is 11. 6-9 (où la prédation animale est implicitement désignée comme un "mal" et une "violence" - verset 9 - en lien<br /> direct avec le problème de la "connaissance de Dieu" - même verset. Dans le passage qui précède immédiatement (v. 1 à 5), le prophète annonce la venue du Messie sur qui reposera l'Esprit<br /> de Dieu, qui jugera les hommes et condamnera "le méchant". C'est alors, nous dit Isaïe - quand l'humanité sera délivrée du mal -, que la Nature retrouvera son intégrité originelle,<br /> "CAR le pays sera rempli de la connaissance de Dieu comme les eaux couvrent le fond de la mer.")<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Si la mission de l'homme avait été de "rétablir" l'ordre perturbé dans la Création par les anges rebelles, je pense que l'on en trouverait quelque trace dans le récit de Gn 2. Il n'en est rien.<br /> Bien au contraire, le Jardin que l'homme reçoit mission de "garder" et "cultiver" est bon, florissant, bien irrigué (Gn 2. 8-16). Il n'est fait nulle part mention d'un quelconque désordre dans la<br /> nature. Bien plus : en Gn 2, les animaux sont créés APRES que l'homme ait reçu son mandat (Gn 2. 19). Voyez, rien dans l'Ecriture n'accrédite votre proposition. En outre, si votre interprétation<br /> était juste, cela signifierait que le travail humain aurait partie liée avec le mal - puisque sa finalité serait de rétablir l'ordre perturbé par l'action diabolique. Il ne serait donc pas un<br /> bien en soi - une réalité divine.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "la nature humaine ne se transmet-elle justement pas par génération?". Si bien sûr. Mais si Adam et Eve ne sont pas situables sur cette terre pour<br /> les raisons que nous avons longuement exposées, c'est donc qu'il y a eu une rupture, à un moment donné, dans la chaîne de transmission biologique. Le premier homme créé par Dieu sur cette terre<br /> ne descend pas biologiquement d'Adam - ou s'il en descend, c'est selon des modalités qui nous échappent. L'important n'est pas là. L'important, c'est que le premier homme créé par Dieu sur cette<br /> terre reçoit la nature humaine (corps et âme) d'Adam et Eve - et c'est en vertu de cette transmission de notre humaine nature par Adam et Eve que nous pouvons les considérer à bon droit<br /> comme nos premiers parents.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "D'un strict point de vue chrétien - et c'est ce que défendit l'Eglise - nous avons une solidarité en Adam PARCE QUE nous descendons biologiquement de<br /> lui." Je ne crois pas que l'Eglise ait défendu cela - pour la bonne raison que l'Eglise ne fait pas de biologie. Nous avons une solidarité avec Adam PARCE QUE nous recevons notre<br /> nature (corps et âme) de lui. Comment? Par création divine. Quand Dieu nous créé, il nous créé homme - corps et âme. La "chair" qu'il nous donne est celle d'Adam. Le fait est que le mode habituel<br /> de transmission de la vie est d'ordre biologique. Mais il arrive parfois que Dieu intervienne directement dans sa Création pour opérer du nouveau et "transgresser" l'ordre naturel des choses.<br /> Ainsi dans l'Eucharistie - où les accidents du pain et du vin deviennent la substance du Corps et du Sang du Christ. Ainsi dans la naissance virginale de Jésus (qui n'a pas de père biologique).<br /> Ainsi dans la Création d'Adam et Eve (qui n'ont pas de parents biologiques). Ainsi peut-être aussi dans la création du premier homme sur cette terre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "quelle justice y a-t-il à hériter d'une faute qu'un autre être humain, auquel je ne suis lié que par ma nature, a commise?" Encore une fois, ce<br /> n'est pas une question de justice ; il s'agit d'un état de fait. Je n'hérite pas d'une "faute" mais des conséquences d'une faute - qui affectent ma nature même. Si mes parents veulent me léguer<br /> un vase et qu'ils le cassent, c'est un vase abîmé, rafistolé dont j'hériterai.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> "Je ne comprends pas cette frilosité à se confronter aux sciences. L'Eglise est formelle : la vérité a une seule origine, Dieu. Il ne peut donc y avoir de<br /> contradiction." Oui, mais autre chose est d'accorder les connaissances scientifiques avec la Révélation - c'est là le travail du théologien (qui se sert des vérités naturellement<br /> connues pour approfondir sa compréhension des vérités révélées - au nom de l'unicité de la Vérité) -, autre chose est de faire de la Révélation la source infaillible de toute connaissance, même<br /> scientifique. Si la Bible enseigne des choses vraies du point de vue de la science, c'est à la science de le dire, pas à la théologie.<br /> <br /> <br /> <br />
X
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> La thèse de Mgr Léonard est intéressante mais je ne vois pas en quoi elle serait la seule réconciliation. Les problèmes soulevés en sont-ils vraiment ?<br /> <br /> <br /> 1/ Sur le paradis originel, notons que la Révélation ne dit rien de la prédation animale, elle se contente de décrire l'homme et sa relation au monde, à Dieu, et à l'autre. Que la Terre avant<br /> l'apparition de l'homme ait pu connaître la prédation animale ne me semble pas avoir d'impact significatif sur la doctrine du péché originel, si l'on garde à l'esprit que l'état paradisiaque<br /> originel concerne l'homme chargé par Dieu de mettre justement de l'ordre dans la Création.<br /> <br /> <br /> 2/ N'oublions jamais que Satan et ses hordes agissaient bien avant l'apparition de l'homme. Or c'est d'eux que vient le péché, le mal et la mort. Le bienheureux cardinal Newman pensait que les<br /> anges (bons ou mauvais) étaient les ouvriers de la Création, c'est-à-dire qu'ils contribuaient activement à l'ordre de la Création. Dans cette théologie, ce sont les anges qui guident l'évolution<br /> (si tant est que cette théorie soit exacte). Quelle impossibilité y a-t-il alors à imaginer que la prédation n'est pas le fruit du Créateur, mais du désordre introduit par les anges rebelles<br /> ?<br /> <br /> <br /> 3/ Rappelons haut et fort que le monogénisme n'est pas une absurdité scientifique. Le polygénisme, la thèse adverse, pose aussi certaines difficultés. Et rappelons que le monogénisme est ce qui<br /> permet de dire que nous sommes tous frères en humanité.<br /> <br /> <br /> 4/ Que signifie un péché originel hérité alors qu'on ne partagerait aucune parenté avec Adam et Eve ? Est-ce vraiment juste ? Je peux concevoir que le péché originel se soit transmis un peu comme<br /> une tare génétique, mais d'ordre spirituelle, mais seulement si je descends des coupables. Quelle est cette justice qui m'obligerait à porter les conséquences d'un acte commis par des personnes<br /> totalement étrangères ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cordialement,<br />
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M
<br /> <br /> Cher Xavier, je te remercie de ton commentaire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1/ "La Révélation ne dit rien de la prédation animale". Je ne partage pas ton avis. L'auteur du récit de la Création en Gn 1 nous indique que Dieu a<br /> donné pour nourriture aux animaux "la verdure des plantes" (Gn 1. 30). Cela me paraît une manière de dire aux lecteurs : "Le mal que vous voyez se manifester dans le règne animal ne<br /> vient pas de Dieu. A l'origine, il n'existait pas. Ce n'est pas Dieu qui a ordonné aux lions de manger les antilopes". Interprétation confirmée me semble-t-il par Isaïe (11. 6-9). Voir Première partie, §<br /> 1.3b et 1.3c.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 2/ "Quelle impossibilité y a-t-il à imaginer que la prédation n'est pas le fruit du Créateur, mais du désordre introduit par les anges<br /> rebelles?" Celle qui provient de l'enseignement de l'Ecriture - où l'on voit Satan tenter Adam et Eve dans... le Paradis terrestre. C'est le péché d'Adam et Eve qui a provoqué la<br /> Chute de la Création tout entière - non le péché des Anges qui n'a affecté que le monde angélique (cf. CEC § 400 - voir Deuxième Partie, 2.4)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 3/ "Rappelons haut et fort que le monogénisme n'est pas une absurdité scientifique." Non, bien sûr. Mais l'affirmation selon laquelle le monogénisme<br /> serait une vérité révélée par l'Ecriture me paraît une absurdité théologique. "Le polygénisme (...) pose aussi certaines difficultés"... qui se<br /> trouvent résolues avec la théologie de Mgr Léonard. La théologie du péché originelle n'est plus dépendante d'une théorie scientifique - et s'en trouve libérée, ce qui me paraît constituer un<br /> progrès. (Que dirais-tu demain à des scientifiques qui prétendraient avoir démontré le polygénisme? Que non, décidément, ce n'est pas possible : la Bible enseigne le contraire? Je pense qu'ils te<br /> riraient aux nez - et ils auraient bien raison : la Bible n'est pas un manuel de science naturelle.) "Et rappelons que le monogénisme est ce qui permet de<br /> dire que nous sommes tous frères en humanité." Pas du point de vue chrétien en tout cas. Nous ne sommes pas frères en humanité à raison de notre origine biologique, mais à raison<br /> de notre origine divine : c'est parce que tous, nous avons été créés "homme" par Dieu, l'Unique - c'est parce que Dieu se révèle Père de tous les hommes - que nous pouvons tous nous considérer à<br /> bon droit frères les uns des autres. La racine de notre universelle fraternité se trouve en Dieu - non en Lucie. Et si demain le polygénisme était établi, cela n'enlèverait absolument rien à la<br /> fraternité universelle de tous les hommes - l'anthropologie chrétienne n'étant pas plus dépendante d'une théorie scientifique que la théologie. Ce qui fait que nous sommes "homme" du point de vue<br /> chrétien, ce n'est pas telle caractéristique de notre ADN mais le fait que nous soyons un corps informé par une âme spirituelle et immortelle, intelligente et libre, capable d'aimer au-delà des<br /> sentiments. "S'il y a une distinction à faire entre l'animal et l'homme (...), elle passe là, entre l'ordre naturel de la physique et de la biologie et l'ordre<br /> SURNATUREL que les théologiens chrétiens, à la suite des théologiens hébreux, ont appelé le SPIRITUEL, qu'ils distinguent soigneusement du psychologique" (Claude Tresmontant).<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 4/ "Quelle est cette justice qui m'obligerait à porter les conséquences d'un acte commis par des personnes totalement étrangères?" Adam et Eve ne<br /> nous sont pas totalement étrangers. Ils ont en commun avec nous l'humaine nature. C'est leur NATURE qui nous a été transmise par création divine. Ils sont donc bien nos parents, en ce sens qu'ils<br /> nous ont transmis par héritage leur propre nature (corporelle et spirituelle). Mais ce patrimoine naturel a été altéré par le péché et nous le recevons dans l'état même où il nous a été légué. Ce<br /> n'est donc pas tant une question de justice que d'état de fait. Nous sommes pécheurs dès le sein de notre mère, avant même que nous ayons pu commettre le premier péché volontaire, parce que la<br /> nature humaine que nous recevons d'Adam et Eve est marquée du sceau du péché. C'est pourquoi Dieu a envoyé son Fils...<br /> <br /> <br /> <br />

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