6 janvier 2013 7 06 /01 /janvier /2013 20:32

Chers amis, 

Après les débats passionnés de ces derniers mois sur le groupe Facebook dédié à Claude Tresmontant, je vous propose un petit catéchisme sur le péché originel pour nous redonner quelques précieux repères sur ce grand mystère – si important pour notre foi : « On ne peut pas toucher à la révélation du péché originel sans porter atteinte au mystère du Christ. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique – désigné dans la suite du texte CEC –, § 389). 

Je le publie aujourd’hui sous la version 1.0., car le texte est perfectible (il sera retouché progressivement) et j’attends beaucoup de vos réactions et réflexions. Par faciliter la discussion et les approfondissements à venir, j’ai numéroté les Propositions, de manière à ce que vous puissiez les viser facilement et précisément. 

Le présent catéchisme s’articule en 4 parties distinctes :

1. Le monde avant la Chute

2. Le Péché Originel et la Chute

3. La thèse originale de Mgr Léonard

4. Les avantages et limites de la théologie de Mgr Léonard

En voici aujourd’hui la seconde partie.

 

2. LE PECHE ORIGINEL ET LA CHUTE 

2.1. Suite à leur péché, Adam et Eve découvrent... non pas qu’ils sont « comme des dieux » ainsi que leur avait faussement promis le Serpent, mais qu’ils sont nus... 

2.1a. Par le péché, Adam et Eve expérimentent qu’ils ne sont pas Dieu – en Qui ne réside aucun mal. Ils sont ramenés à leur condition de créature, aspirés vers le bas, lorsque Dieu voulait les élever vers la divinisation. 

2.1b. « Dans ce péché, l’homme s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien. Constitué dans un état de sainteté, l’homme était destiné à être pleinement divinisé par Dieu dans la gloire. Par la séduction du diable, il a voulu être COMME Dieu, mais SANS Dieu, et AVANT Dieu, et non pas SELON Dieu » (CEC § 398). 

2.2. La désobéissance d’Adam et Eve a provoqué leur mort spirituelle. Ils se cachent de Dieu dont ils ont peur (signe que l’harmonie avec Dieu est brisée). 

2.2a. La séparation de l’esprit humain d’avec Dieu est ce en quoi consiste la mort spirituelle de l’homme. 

2.2b. L’esprit de l’homme, mortel par nature (parce que libre par nature de refuser Dieu), mais préservé en son intégrité par son obéissance au commandement de Dieu, perd, à cause de la désobéissance, la grâce de la sainteté originelle, la grâce sanctifiante qui lui communiquait la vie même de Dieu. 

2.2c. Sans la grâce sanctifiante, l’esprit de homme n’est plus habité par l’Esprit de Dieu ; l’homme est séparé de Dieu. Il ne tombe pas dans le néant, car même après la Chute, l’homme demeure dans la Pensée de Dieu. Pour tomber dans le néant, il faudrait que Dieu cesse de penser à l’homme et de l’aimer – ce qui est impossible. L’homme vit donc toujours en Dieu, mais à cause du péché, Dieu ne vit plus en l’homme. L’homme est seul et malheureux – quoique Dieu lui garde son amour : l’alliance est brisée. 

2.2d. La mort spirituelle de l’homme conduit, sans le salut, à la damnation éternelle, qui est séparation définitive d’avec Dieu. Les damnés ne tombent pas dans le néant, car il faudrait pour cela que Dieu cesse de penser aux hommes et de les aimer – ce qui est impossible. L’homme vit donc toujours en Dieu, mais à cause de son impénitence finale, Dieu ne vivra plus jamais en l’homme. L’homme est seul et malheureux pour toujours – quoique Dieu lui garde éternellement son amour : tel est l’Enfer. 

2.3. La désobéissance d’Adam et Eve a provoqué leur mort biologique. Ils n’ont plus accès à l’arbre de la vie qui assurait l’union de leur corps, mortel par nature, avec leur âme, immortelle par nature, dans l’unité de leur personne. 

2.3a. La séparation du corps et de l’âme, unis depuis la conception de l’homme dans l’unité de sa personne, est ce en quoi consiste la mort charnelle de l’homme – qui n’est donc pas un anéantissement de tout son être, mais une division douloureuse au sein de sa nature. 

2.3b. Le corps de l’homme, mortel par nature, mais préservé en son intégrité par le fruit de l’arbre de vie, fait l’expérience de la destruction : « Tu es poussière, et tu retourneras à la poussière » (Gn 3. 19). 

2.3c. L’âme de l’homme, immortelle en raison de sa nature spirituelle, demeure pour toujours (cf. CEC § 366). Après la séparation d’avec le corps, elle s’élève vers Dieu pour être jugée et recevoir de Lui sa fin dernière. 

2.3d. L’âme de l’homme est immortelle. Le corps et l’esprit de l’homme sont mortels. La mort charnelle conduit le corps à la poussière et l’âme au Jugement, puis à sa fin dernière ; la mort spirituelle conduit, sans le salut, à la damnation éternelle. 

2.4. Avec le péché originel, le mal, la prédation, la loi de dégradation, le vieillissement, l’usure, la souffrance, la douleur et la mort entrent dans le monde. 

2.4a. Le cosmos tout entier est atteint, jusque dans sa structure la plus intime, jusque dans ses lois les plus profondes : « La création a été livrée au pouvoir du néant (…). La création tout entière crie sa souffrance, elle passe par les douleurs d'un enfantement qui dure encore. » (Rom 8. 20. 22) 

2.4b. A la loi universelle de croissance par évolution se joint la loi universelle de dégradation par entropie. « La création (…) a gardé l'espérance d'être, elle aussi, libérée de l'esclavage, de la dégradation inévitable... » 

2.4c. La nature est soumise à des soubresauts violents, dangereux et mortels pour l’homme (séismes, éruptions volcaniques, inondations, tsunamis…). « L’harmonie avec la création est rompue : la création visible est devenue pour l’homme étrangère et hostile. A cause de l’homme, la création est soumise à la servitude de la corruption » (CEC § 400). 

2.4d. Les virus ou bactéries deviennent dangereuses et mortelles pour l’homme à raison d’un manque de mesure et d'harmonie entre parasites et hôtes – d'un dysfonctionnement ou d'un manque d'ajustement entre la virulence du parasite et la réponse de l'hôte. 

2.4e. Le monde animal devient féroce et cruel. La loi de la sélection naturelle agit implacablement au profit des plus forts, en éliminant impitoyablement les plus faibles et les malades. 

2.4f. Après la Chute, l’homme reçoit pour nourriture, en plus des végétaux et des fruits, la viande animale. "Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture, je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes" (Gn 9. 3). Cf. supra 1.3b 

2.4g. Des plantes aussi deviennent carnivores. 

2.4h. Le travail de l’homme devient pénible. Le travail humain n’est pas une malédiction, cf. supra 1.6a – mais sa pénibilité est une conséquence du péché originel. 

2.4i. La femme enfante dans la douleur. La souffrance humaine, qui n’était pas présente à l’origine de la Création, apparaît dans la Création déchue. L’enfantement, dans le plan de Dieu, était sans douleur, cf. supra 1.6b. Il en sera ainsi de l’enfantement de Jésus par la Vierge immaculée. 

2.5. La nature humaine est substantiellement atteinte – la concupiscence (attraction naturelle vers le mal) l’habite désormais. 

2.5a. « L’harmonie dans laquelle [Adam et Eve] étaient, établie grâce à la justice originelle, est détruite ; la maîtrise des facultés spirituelles de l’âme sur le corps est brisée ; l’union de l’homme et de la femme est soumise à des tensions ; leurs rapports seront marqués par la convoitise et la domination. » (CEC § 400) 

2.5b. « En conséquence du péché originel, la nature humaine est affaiblie dans ses forces, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à la domination de la mort, et inclinée au péché (inclination appelée " concupiscence "). » (CEC § 418) 

2.5c. Les épreuves divines deviennent coûteuses pour l’homme ; les tentations (diaboliques ou de notre nature concupiscente) dures à affronter – comparables à celle d’un grand fumeur qui s’est arrêté de fumer trois jours avant et à qui l’on proposerait une cigarette. Cf. supra 1.15d. 

2.5d. « Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Car l’homme, s’il regarde au-dedans de son cœur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l’homme a, par le fait même, brisé l’ordre qui l’orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (GS 13, § 1). » (CEC § 401) 

2.5e. « La doctrine sur le péché originel – liée à celle de la Rédemption par le Christ – donne un regard de discernement lucide sur la situation de l’homme et de son agir dans le monde. Par le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur l’homme, bien que ce dernier demeure libre. Le péché originel entraîne la servitude sous le pouvoir de celui qui possédait l’empire de la mort, c’est-à-dire du diable. Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des mœurs. » (CEC § 407). 

2.5f. « Les conséquences du péché originel et de tous les péchés personnels des hommes confèrent au monde dans son ensemble une condition pécheresse, qui peut être désignée par l’expression de Saint Jean : " le péché du monde " (Jn 1, 29). Par cette expression on signifie aussi l’influence négative qu’exercent sur les personnes les situations communautaires et les structures sociales qui sont le fruit des péchés des hommes. » (CEC § 408) 

2.6. Le péché d’Adam et Eve atteint leur nature, et donc : tous ceux qui, à leur suite, héritent de leur nature.

2.6a. « Tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam. Saint Paul l’affirme : " Par la désobéissance d’un seul homme, la multitude (c’est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse " » (CEC § 402) « A la suite de Saint Paul l’Église a toujours enseigné que l’immense misère qui opprime les hommes et leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien avec le péché d’Adam et le fait qu’il nous a transmis un péché dont nous naissons tous affectés et qui est ‘mort de l’âme’ ». (CEC § 403) 

2.6b. L’homme d’après la Chute est pécheur dès le sein de sa mère (cf. Ps 50. 7) – non qu’il soit coupable à ce moment d’un quelconque péché personnel, mais il est conçu dans un état de déchéance qui fut celui d’Adam et Eve après le péché originel. Sans le salut, il est damné éternellement. « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3. 5) 

2.6c. « Comment le péché d’Adam est-il devenu le péché de tous ses descendants ? Tout le genre humain est en Adam " comme l’unique corps d’un homme unique " (S. Thomas d’A., mal. 4, 1) Par cette " unité du genre humain " tous les hommes sont impliqués dans le péché d’Adam, comme tous sont impliqués dans la justice du Christ. Cependant, la transmission du péché originel est un mystère que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Mais nous savons par la Révélation qu’Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas pour lui seul, mais pour toute la nature humaine : en cédant au tentateur, Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature humaine qu’ils vont transmettre dans un état déchu. C’est un péché qui sera transmis par propagation à toute l’humanité, c’est-à-dire par la transmission d’une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles. Et c’est pourquoi le péché originel est appelé " péché " de façon analogique : c’est un péché " contracté " et non pas " commis ", un état et non pas un acte. » (CEC § 404) 

2.6d. « Le péché originel est transmis avec la nature humaine, non par imitation, mais par propagation, (…) il est ainsi propre à chacun » (CEC § 419) 

2.6e. « Quoique propre à chacun, le péché originel n’a, en aucun descendant d’Adam, un caractère de faute personnelle. C’est la privation de la sainteté et de la justice originelles » (CEC § 405) 

2.7. La Création et la nature humaine restent bonnes malgré tout, foncièrement bonnes. Le péché n’a pas anéanti la bonté primordiale de la Création divine – mais il l’a blessé, altéré, corrompu. 

2.7a. « La nature humaine n’est pas totalement corrompue : elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à l’ignorance, à la souffrance et à l’empire de la mort, et inclinée au péché » (CEC § 405). 

2.8. Dieu n’a pas abandonné l’homme à sa condition déchue d’homme pécheur. Dès après la Chute, il lui annonce un Salut à venir ; il lui promet un Rédempteur. 

2.8a. Dieu dit au Serpent : « Je mettrai une hostilité entre la femme et toi, entre sa descendance et ta descendance : sa descendance te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »(Gn 3. 15) 

2.8a.bis. « Ce passage de la Genèse a été appelé PROTEVANGILE, étant la première annonce du Messie rédempteur, celle d’un combat entre le serpent et la Femme et de la victoire finale d’un descendant de celle-ci. » (CEC § 410) 

2.8a.ter. « La tradition chrétienne voit dans ce passage une annonce du NOUVEL ADAM qui, par son obéissance jusqu’à la mort de la Croix répare en surabondance la désobéissance d’Adam. Par ailleurs, de nombreux Pères et docteurs de l’Église voient dans la femme annoncée dans le protévangile la mère du Christ, Marie, comme NOUVELLE EVE. Elle a été celle qui, la première et d’une manière unique, a bénéficié de la victoire sur le péché remportée par le Christ : elle a été préservée de toute souillure du péché originel et durant toute sa vie terrestre, par une grâce spéciale de Dieu, elle n’a commis aucune sorte de péché. » (CEC § 411) 

2.8b. Dieu veut offrir à chaque être humain la possibilité d’accéder à la vie éternelle et de parvenir ainsi à la divinisation à laquelle il était initialement prédestiné. « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité » (1 Tim 2. 4) 

2.8c. Lorsque les temps furent accomplis, Dieu envoya son propre Fils, victime propitiatoire offerte pour le pardon de tous nos péchés. « Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l'offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui. Ainsi Dieu voulait manifester sa justice : lui qui, au temps de sa patience, effaçait déjà les péchés d'autrefois, il voulait manifester, au temps présent, ce qu'est sa justice qui sauve. Telle est sa manière d'être juste et de rendre juste celui qui met sa foi en Jésus. » (Rm 3. 25-26) 

2.8d. C’est par notre foi en Jésus-Christ et notre charité active que nous échappons à l’Enfer et parvenons au Salut. 

2.8e. Notre foi en Jésus-Christ se vit dans son Eglise, de laquelle nous recevons les sacrements du salut, et d’abord le baptême par lequel nous renaissons à la vie divine. 

2.8f. « Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel. » (CEC § 405) 

2.8f.bis. « Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l’histoire des hommes ; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l’a dit, jusqu’au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l’homme doit sans cesse combattre pour s’attacher au bien ; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure. » (CEC § 409) 

2.8g. « La grâce ineffable du Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que l’envie du démon nous avait ôtés (…). Rien ne s’oppose à ce que la nature humaine ait été destinée à une fin plus haute après le péché. Dieu permet, en effet, que les maux se fassent pour en tirer un plus grand bien. D’où (…) le chant de l’‘Exultet’ : ‘O heureuse faute qui a mérité un tel et un si grand Rédempteur’ » (CEC § 412). 

2.8g.bis. « La victoire sur le péché remportée par le Christ nous a donné des biens meilleurs que ceux que le péché nous avait ôtés : " La où le péché a abondé, la grâce a surabondé " (Rm 5, 20). » (CEC § 420) 

2.9. « Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel que celui de Jésus-Christ par lequel nous puissions être sauvés. » (Actes 4. 12)

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

S
Je pense que vous commettez une erreur en interprétant à la lettre les paroles de Notre Seigneur concernant le fait de naitre par l'eau et l'Esprit. Cela signifierait que tous ceux qui ne sont pas baptisés iront en enfer de fait : il y a impossibilité de cela, car il n'y aucune faute de leur part, Dieu ne peut donc pas les damner. De plus, comment voulez vous que des gens au 4 ème siècle avant JC se fassent baptiser ? Et après si ils ne le connaissent pas? C'est absurde, mais j'ai peut-être mal compris ce que vous avez dit.
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