14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 10:27

Chers amis, 

Après les débats passionnés du groupe Facebook dédié à Claude Tresmontant, je vous propose un petit catéchisme sur le péché originel pour nous redonner quelques précieux repères sur ce grand mystère – si important pour notre foi : « On ne peut pas toucher à la révélation du péché originel sans porter atteinte au mystère du Christ. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique – désigné dans la suite du texte CEC –, § 389). 

Je le publie aujourd’hui sous la version 1.0., car le texte est perfectible (il sera retouché progressivement) et j’attends beaucoup de vos réactions et réflexions. Par faciliter la discussion et les approfondissements à venir, j’ai numéroté les Propositions, de manière à ce que vous puissiez les viser facilement et précisément. 

Le présent catéchisme s’articule en 4 parties distinctes :

1. Le monde avant la Chute

2. Le Péché Originel et la Chute

3. La thèse originale de Mgr Léonard

4. Les avantages et limites de la théologie de Mgr Léonard 

En voici aujourd’hui la troisième partie.

  

3. LA THESE ORIGINALE DE MGR LEONARD SUR LE PECHE ORIGINEL 

3.1. Notre Univers, issu du Big Bang, est le monde déchu – d’après la Chute d’Adam et Eve.

3.2. Adam et Eve, ainsi que la réalité du Paradis terrestre et du premier péché, échappent complètement à notre expérience. Il n’existe aucune trace historique de l’existence d’un monde intègre avant l’apparition du premier hominidé.

3.2a. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire naturelle, on observe le jeu implacable de la sélection naturelle, la prédation animale, la cruauté et la mort. Les lois de la nature ici-bas se révèlent cruelles, sanglantes, injustes – elles ont un goût de mort qui ne paraît pas compatible avec la conception biblique du Paradis terrestre. Dès lors : OU BIEN le Paradis terrestre n’a jamais existé (c’est un pur mythe) et le récit du péché originel ne décrit pas une réalité historique (mais alors : on ne peut plus être catholique…). OU BIEN il faut comprendre ce récit AUTREMENT.

3.3. Adam et Eve, ainsi que la réalité du Paradis terrestre et du premier péché, ne se situent pas dans notre temps chronologique. Ils se situent dans UN temps, mais non dans NOTRE temps. 

3.3a. De même qu’Adam est en même temps un être personnel et un être collectif (à l’image du Christ) ; de même, le péché originel est un péché qui, à la fois, a eu lieu dans le passé (un passé se situant au-delà de notre réalité historique, mais qui demeure une réalité) et se produit au présent. 

3.3a.bis. Cela n'a pas plus de sens de dire que le péché originel s'est produit il y a plus de 14 milliards d'années, que de dire que le Christ a plus de 2000 ans aujourd'hui. Notre temps cosmique ne mesure pas plus la distance qui nous sépare d'Adam que celle qui sépare le Christ ressuscité de son incarnation. 

3.3a.ter. "Jésus ressuscité et Marie glorifiée sont actuellement bien REELS selon la foi chrétienne, ils existent REELLEMENT MAINTENANT, et pourtant, il ne viendrait à l'esprit de personne de les situer géographiquement ou historiquement, tels qu'ils sont maintenant, à l'intérieur du monde présent, puisque, avec leur glorification, a précisément commencé un MONDE NOUVEAU, doté d'une nouvelle qualité d'existence. Jésus ressuscité n'est donc pas quelque part dans notre cosmos. D'une manière comparable, quoique non identique, Adam et son péché ne sont pas à situer à l'intérieur de notre univers avec les lois physiques et biologiques que nous lui connaissons présentement." (Mgr Léonard) 

3.3b. Affirmer que le récit de la Genèse se déroule en un autre lieu et un autre temps que notre Univers issu du Big Bang n’enlève rien à la REALITE d’Adam et Eve, du Paradis terrestre, du péché originel ; ni à la dimension BIOLOGIQUE des animaux et des hommes créés par Dieu ; ni à la BONTE foncière de la matière et des corps – qui préexistaient au péché originel et ne sont donc pas des « prisons ». 

3.3c. "La chute originelle n'est pas représentable à partir des schèmes de notre expérience présente. Si donc on est contraint, par les nécessités du langage, à se représenter quand même le péché d'Adam selon les catégories de notre univers et de notre histoire, on aboutira inévitablement à un scénario mythique comparable à celui qu'utilise la Bible : séduite par les ruses du serpent, Eve mange du fruit défendu et pousse Adam à faire de même, à la suite de quoi ils constatent la profondeur de leur déchéance. Ce récit est évidemment symbolique, non pas parce qu'il raconterait une illusion, mais parce que la réalité qu'il évoque et qui n'appartient pas au monde historique présent - puisqu'elle est justement à son origine - est exprimée dans les termes et selon les schèmes de notre expérience actuelle et donc de manière forcément inadéquate." (Mgr Léonard) 

3.3d. Si l’on explique à un athée que le mal vient du péché de l’homme, l’athée va évidemment répliquer que le mal physique existait dans la nature bien AVANT l’apparition du premier homme. Il ne nous jugera pas crédibles. On n’a alors que trois manières de s’en sortir : OU BIEN on nie la réalité du péché originel comme évènement situé dans le temps et ayant provoqué une Chute cosmique (mais on se met en dehors de la foi catholique). OU BIEN on nie que la prédation animale soit un mal (mais on se met en dehors de la foi biblique). OU BIEN on nie la Vérité historique (en maintenant contre toute évidence que le monde d’avant 50.000 ans était le Paradis terrestre). 

3.3d.bis. En affirmant à un athée que le Péché d’Adam est bel et bien REEL et HISTORIQUE, mais situé EN AMONT de notre histoire cosmique à nous, on restes fidèle : à la foi catholique (qui affirme l’historicité d’Adam et de sa faute), à la foi biblique (qui voit la prédation animale comme un mal), et aux enseignements de l’Histoire (qui situe la présence du mal physique bien AVANT l’apparition du premier hominidé). 

3.3d.ter. On ne convaincra peut-être pas notre interlocuteur athée, mais au moins lui aura-t-on fourni des RAISONS de croire – ou de penser que la foi catholique n’est pas contraire à la raison. 

3.3d.quater. Si l’on tient à affirmer que le premier Adam est né sur cette terre, on doit alors confesser : OU BIEN que la nature avant le premier homme, il y a 50.000 ans, était foncièrement BONNE – contre les FAITS historiques ; OU BIEN que la prédation animale n'était pas un mal ou qu'elle était un mal voulu par Dieu – contre la FOI biblique et catholique. La théologie de Mgr Léonard nous sort de ce dilemme impossible.

3.4. La thèse de Mgr Léonard a pour mérite de préserver l'ABSOLUE INNOCENCE DE DIEU EN FACE DU MAL.

3.4a. Dieu ne peut vouloir la mort des êtres qu'il créé, ni leur souffrance – il en est incapable. Il suffit de VOIR la souffrance dans les yeux d'une gazelle dévorée par un lion pour COMPRENDRE que Dieu N'A PAS PU vouloir cela, et qu'il y a quelque chose de "détraqué" dans le monde. 

3.4a.bis. ‎"Dieu n'a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent ; ce qui naît dans le monde est bienfaisant, et l'on n'y trouve pas le poison qui fait mourir." (Sagesse 1. 13-14) 

3.4b. C’est par le péché de l'homme que le mal (y compris dans la nature - cf. 2.4) a fait son entrée dans le monde. Ce n’est pas le fait de Dieu. 

3.4c. Que Dieu se serve du mal pour en tirer un plus grand bien : OUI, mais APRES la Chute. Dieu se sert du mal qui lui est IMPOSE par le péché de l'homme pour sauver l'homme. Mais Dieu n'a pas INVENTE le Mal, il ne l'a pas fait, il en est incapable ; la Création qui est sortie de ses mains était foncièrement bonne. "Dieu vit tout ce qu'il avait fait, cela était très BON". 

3.4d. Réponse à l’argument selon lequel le mal réside dans le caractère INACHEVE de la Création – et correspond à un MANQUE ontologique, qui ne sera comblé que dans la vie béatifique : « si tout mal traduit un manque, tout manque ne traduit pas un mal. Le manque lié à l'inachèvement de notre être du fait que celui-ci soit en régime de création n'est pas un "mal". Par contre, la prédation animale (des animaux plus forts qui TUENT des animaux plus faibles ou malades) est un mal. Elle ne peut donc avoir été voulue par Dieu, ni avoir eu cours au Jardin d'Eden avant la Chute - c'est là une chose IMPENSABLE du point de vue biblique et catholique. » 

3.4e. Y aura-t-il encore des mauvais microbes dans le monde à venir, ou des plantes carnivores, et pourquoi? 

3.4e.bis. L'existence des plantes carnivores (ou des fauves carnassiers) n'a rien à voir avec la loi de l'entropie. Il faut rendre compte de leur existence – et de leur maintien ou non dans le monde à venir.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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