10 avril 2006 1 10 /04 /avril /2006 21:42

 

Article revu et corrigé le 11 mars 2019

 

Si je résume bien ta pensée, Miky, telle que tu l’exposes en particulier dans le premier article de ton blog sur l'appel aux causes transcendantes, il y a ce que la science observe et tout ce qui n’a pas encore été démontré par elle.

 

Les mystères encore cachés de ce monde serviraient, selon toi, d’alibi commode aux croyants pour invoquer l’existence d’un Dieu qui fournirait ainsi une explication trop facile au monde, tel un "bouche-trou" à nos ignorances que l’on emploierait à défaut de trouver d’autres explications valables : "Celui qui, ne supportant pas son ignorance, s'invente un "Dieu des trous" ne fait que couvrir son ignorance d'un peu de dignité, mais ne résout fondamentalement rien", écris-tu ainsi dans ton commentaire n°1 à l’article "La Terre : une planète spécialement configurée pour donner la vie".

 

Dans un autre commentaire à mon article sur "La Bible... ou les astres?", tu renchéris en affirmant que "Scientifiquement, la doctrine de l'Eglise ne tient pas la route. Rien n'indique que la prière intercessoire ait le moindre effet (excepté placebo lorsque la personne pour qui l'on prie sait que l'on prie pour elle), rien n'indique que les soi-disant miracles de Lourdes ne pourraient pas, en principe, recevoir une explication naturaliste ; quant aux apparitions de la Vierge, cela pourrait très bien être des hallucinations, etc. Les progrès des neurosciences, écris-tu, tendent à expliquer l'esprit, l'âme et les états mystiques en termes naturalistes. Scientifiquement, rien n'indique qu'il y a quelque chose d'autre qui transcende le cerveau, le corps, et leurs relations avec l'environnement."

 

Je te cite encore dans ton article sur l'argument par l'expérience religieuse : "Les expériences réelles qui ont un impact profond sur une personne peuvent avoir des origines complètement naturelles sans aucune connexion divine. Les expériences mystiques peuvent être reproduites chez quiconque, avec des substances chimiques et des équipements mécaniques. Cela étant établi, quelle raison y a-t-il à penser que les autres rapports relèvent vraiment d'une cause surnaturelle plutôt que naturelle ? (…) Même si une expérience change le cours d'une société, cela ne prouve pas que ces expériences ont une origine surnaturelle. Au plus, cela pourrait rendre compte du degré de persuasion des croyants ou de l'attrait pour ces affirmations."

 

Ce qui me gêne fondamentalement dans ces quelques réflexions, Miky, c’est qu’elles semblent enfermer tout le champ du réel dans la seule démarche scientifique. Ne semble être vrai pour toi que ce qui peut avoir un fondement scientifique : tout le reste n’a aucun intérêt, et l’homme qui voudra être "raisonnable" (au sens de "rationnel") devra toujours s'en tenir strictement à ce qui est démontré par la science : "il semble toujours préférable, écris-tu dans ton article sur l'appel aux causes transcendantes, face à un phénomène que l'on ne parvient pas à expliquer, de considérer que ce phénomène est sans cause, plutôt que de lui affubler une cause transcendante."

 

Je ne crois pas trahir ta pensée en la résumant ainsi : ne doit être considéré comme vrai que ce qui est démontré par la science ; ne doit être considéré comme réel que ce qui peut tomber sous l’emprise des sens, que ce qui peut être testé et vérifié. Tout le reste n’est que divagation de l’âme. On peut divaguer si l’on veut ("je n'ai rien contre le fait que l'on croit en Dieu" dis-tu), mais ce n'est que divagation ("ce que la science étudie, c'est d'abord ce que le sens commun nous révèle. Et le sens commun ne nous montre pas Dieu." Au sujet de l’Eucharistie : "A supposer même qu'il y ait quelque chose d'inattendu qui se produise dans l'hostie lorsqu'elle est consacrée, rien n'indiquerait que ce serait Dieu le responsable. Ce serait une hypothèse, mais d'ordre métaphysique car invérifiable. Scientifiquement, on serait juste en face d'un phénomène bizarre, que l'on n'arriverait pas à expliquer (du moins pour le moment).")

 

Bref, si l'on suit ton raisonnement, on ne pourrait jamais affirmer l’existence d'un Dieu transcendant dans la mesure où l’intelligence est incapable de l'appréhender comme phénomène sur le plan scientifique. Ou comme le disait déjà le célèbre astronome et mathématicien Laplace, du temps de Napoléon : "Dieu ? C’est une hypothèse dont je n’ai pas besoin"...

 

Mais peut-on dire que la science couvre tout le champ du réel ? N’est-il pas excessif de faire de la connaissance scientifique le seul type de connaissance valable ?

 

La science n’apporte pas l’intelligibilité complète. La science est vraie, mais elle ne comprend pas tout le réel. L’investigation scientifique est ainsi strictement limitée dans son objet à l’observation des phénomènes et à la recherche de leurs causalités matérielles. Il ne lui appartient pas de s’interroger sur leur raison d’être ontologique, ni de rechercher le sens de la destinée humaine. Ces questions de l’existence et du sens ne relèvent pas de la science, mais de la philosophie et de la théologie.

 

Si les sciences positives excluent a priori les explications qui n’ont pas leur source dans la réalité matérielle, cherchant absolument une cause naturelle aux phénomènes observés et rejetant absolument les explications surnaturelles, c’est en vertu de leur méthodologie propre, parce que leur objet se limite à l’étude de la réalité matérielle. En cours de peinture, on n’étudie pas Mozart. Non parce que Mozart n’existe pas ou qu’il n’est pas intéressant, mais parce qu’en peinture, on fait de la peinture, on ne fait pas de la musique ! Eh bien pareillement. Poser l’existence de réalités non matérielles, c’est sortir de la science – voilà pourquoi les explications surnaturelles sont proscrites, a priori, dans le domaine scientifique. Cela ne veut pas dire qu’elles n’existent pas ni qu’elles ne peuvent être étudiées dans une autre discipline rationnelle (tout aussi scientifique en son ordre) ; cela veut dire simplement qu’elles se trouvent en dehors du champ de la science moderne qui ne regarde QUE la matière, parce que tel est son objet exclusif. Si la science ne regarde QUE la matière (méthodologiquement), elle ne dit pas qu’il n’y a QUE la matière (ontologiquement) ni qu’elle est le seul mode de connaissance possible du réel. Le scientifique qui affirmerait cela sortirait lui-même du champ de la science, puisqu’il énoncerait là une proposition métaphysique irrecevable sur le plan scientifique. Il n’appartient pas à la science de statuer sur les questions métaphysiques ; de déterminer s’il n’existe QUE la matière ou s’il existe d’autres types d’êtres que ceux que l’on peut connaître par l’observation ou le calcul.

 

La science est donc impuissante, de par sa nature et son objet, à résoudre les problèmes les plus chargés de signification pour l’homme. Sa vocation est de chercher à comprendre CE QUE SONT matériellement et quantitativement les choses et les phénomènes qui se manifestent dans la réalité matérielle qu’elle ausculte, non POURQUOI ils existent qualitativement. Pour le dire avec un langage plus philosophique : la science regarde l’ESSENCE des choses, mais non leur EXISTENCE en tant que telle – qu’elle se donne pour acquis. La science est donc incapable – parce que ce n’est pas son rôle – de fournir la moindre réponse aux grandes questions de l'existence : qui suis-je fondamentalement ? Pourquoi j'existe? Ma vie a-t-elle un sens ? Comment dois-je l’orienter ? Est-il possible qu’elle se poursuive au-delà de la mort ?...

 

Les merveilles scientifiques et techniques ne pourront jamais assouvir la soif qui habite le cœur de l’homme de trouver un sens à son existence, d’aimer et d’être aimé. "La science ne répond pas à toutes les questions que nous sommes susceptibles de lui poser, écrivait Louis Leprince Ringuet, grand spécialiste des rayons cosmiques. Elle nous laisse toutes options ouvertes… Alors même que nous irions promener notre angoisse sur la lune, notre angoisse resterait la même." 

 

"Croire que l’on va trouver la signification de la vie au bout d’un microscope ou d’une lunette astronomique est une plaisanterie. Analysez les larmes d’une femme qui pèle ses oignons, comparez le résultat à l’examen d’autres larmes qu’elle a versées à la mort de son mari, et essayez de découvrir la différence dans votre laboratoire ! Pauvreté de la science lorsqu’on lui assigne pour tâche la signification de l’univers" (Stan Rougier, in Dieu était là et je ne le savais pas, Presses de la Renaissance 1998, Pocket, page 163).

 

Le grand physicien allemand Albert Einstein lui-même déclarait : "La religion sans la science serait aveugle, la science sans la religion serait boiteuse".

 

Ce qui me fait affirmer l’existence de Dieu, Miky, ce ne sont pas les "trous", les insuffisances actuelles de l’explication scientifique, ses mystères provisoires, mais bien au contraire tout ce qu’elle arrive déjà à expliquer, ainsi que nous le verrons dans la poursuite de notre étude sur la Création – tout ce que nous savons de manière certaine et définitive sur l’univers et qui est incontestable ; tout ce sur quoi la science ne reviendra pas.

 

"Il est à remarquer incidemment, écrivait André Frossard (in Dieu en questions, Desclée de Brouwer, 1990, pages 67-68) que plus on avance dans l’investigation des choses, plus leur mystère grandit. Une femme qui tricote est toujours mystérieuse par la combinaison de présence et d’absence qui caractérise ce genre d’occupation. Mais quand on sait qu’il s’agit en réalité d’un conglomérat de particules élémentaires associées en atomes constitués en molécules en train de faire du tricot, le mystère prend des proportions cosmiques. C’est lorsque les choses sont scientifiquement expliquées qu’elles ont le plus besoin d’une explication religieuse."

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Par nature tout énoncé scientifique doit être réfutable (Poper) donc on ne peut parler de vérité scientifique.La démarche scientifique est juste la meilleure description du réel qui soit communément admise. Mais on ne peut pas dire que "la science est vraie". La preuve c'est que les vérités scientifiques d'hier sont des erreurs aujourd'hui : exemple hier on disait "une particule est en un point de l'esapce", depuis la mécanique quantique on sait que c'est faux, une particule peut être en plusieurs points de l'espace.Autre exemple, les multiples versions des sciences de l'évolution, depuis Linnée ou Darwin, n'ont cessée de s'invalider partiellement.Je vous rejoins donc sur le fait que la science ne peut absolument pas s'eriger en absolu. Elle le peut d'ailleurs de moins en moins maintenant que la physique est marquée par le principe d'incertitude, les mathématiques par le théorème d'incomplétude, le temps et l'espace sont relatifs ! Il n'y a plus que la biologie qui doit enfin abondonner le réductionnisme.Votre interlocuteur semble assez éloigné de la démarche scientifique contemporaine.Marvel
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D
Stéphane :tu disRECONAISER LA PAROLE DE DIEU COMME ÉTANT CELLE DE DIEU LUI MEME Heureux de te l'entendre dire, car cela signifie bien que la parole de dieu et la parole de l'église.... c'est pas pareil !Et la seule qu'il faille RECONNAITRE c'est la parole de...?... dieu !Merci, ça fait plaisir de temps en temps d'être reconnu !Mais ce qu'il y a à comprendre surtout... c'est que tous les discours de l'église, tous ces mots qui forment les "avé maria" et les "notre père"... tous ces mots ne sont que vent de parole !Tous ces mots dont les non moins charmants furent"tuez les tous ! Dieu reconnaitra les siens !"Merci les gars, vu le carnage... j'ai eu du mal à rapiecer les morceaux ! Je vous promets que le tri n'a pas été simple !Ces mots... tous ces mots... ne sont qu'élucubration d'esprit occupés à batir des cathédrales au prix de la sueur des pauvres gens.... qui PAYAIENT pour toucher une relique ! Ces esprit occupés à profiter du labeur de leurs prochains auraient mieux fait de tailler la vigne plutot que de... construire des cathédrales inutiles !Là où est l'Homme, là est Dieu !Nul besoin pour Dieu de "marquer son territoire" !La seule parole à reconnaitre, c'est celle de Dieu !Aucun humain n'a droit de s'immiscer entre dieu et les humains ! Pas même toi stéphane !Alors, s'il te plait, ne fait pas trop de zèle !Merci et @+
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M
Un grand merci à toi Stéphane pour ton désir sincère de faire connaître la vérité du Salut offert par Dieu en Jésus-Christ.<br /> <br /> Un grand merci à toi Miky pour ton ouverture et ta pondération. Tu es assurément un "artisan de paix"... Tu seras toujours le bienvenu sur ce Blog.<br /> <br /> Un grand merci à vous deux d'être depuis quelques jours les grands animateurs de ce Blog.<br /> <br /> Au passage, je trouve intéressant que la Vierge Marie se soit ainsi invitée dans un article faisant état des limites de la démarche scientifique...
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M
Cher Stéphane,<br /> Tout opinion n'est qu'un opinion, avant qu'il n'ai été solidement établi sur des principes bien défini. Alors avant de te fâcher au nom de la vérité, il conviendrait que tu argumentes ta position.<br /> Pour les catholiques, la tradition de l'Eglise vaut autant que la Bible. C'est pourquoi ils pratiquent le culte marial. Il y a une certaine logique de leur point de vue.<br /> Si tu contestes ce culte marial, alors il faut d'abord que tu réfutes la tradition de l'Eglise. Mais tu ne peux pas te servir de la Bible pour cela puisque la Bible n'est pas jugée supérieure à la tradition, selon les catholiques.<br /> Je ne fais là que te donner des conseils méthodologiques, car personnellement, Marie ou pas Marie, cela me paraît un point de détail tout à fait négligeable par rapport à l'essentiel : aimer les autres.<br /> Et pour moi (bien qu'athée), le Sermon sur la Montagne est infiniement plus intéressant que les débats théologiques sur le culte marial...<br /> Miky
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M
J'illustre tout de suite mon propos par un exemple de texte argumentatif qui (pour les personnes qui s'attachent plus à l'essentiel qu'au détail) devrait réconcilier tout le monde :<br /> Les Protestants et Marie, par une protestante luthérienne : Solange Chavel
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S
bonjour oui je suis faché ,comme JÉSUS étais faché dans le temple,lorsquil a dit aux gens aux temple cette maison est une maison de priere et vous en fait une caverne de voleurs,et bien oui la colere est justifie pour la justice et pour la véritée,ce qui me fache le plus cest les pauvres ames auquel vous faite perdre de vue la véritée, viens sur mon blog ,dans la rubrique faux culteton serviteur stéphane,
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M
Cher Stéphane,<br /> Faut pas se facher pour ça voyons. Une position se défend en dialoguant le plus convivialement possible avec son interlocuteur (pas en étant celui qui crie le plus fort !), dans le respect des règles d'un débat serein et argumenté et en évitant autant que possible les attaques à la personne, préférant une attaque raisonnée de ses idées.<br /> Quelqu'un veut une tasse de thé ? :-)<br /> Miky
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S
seul JÉSUS INTERCEDE POUR LES GENS VOUS EST DES MENTEUR QUI RAJOUTER DES PAROLES A LÉVANGILE ,NUL PART IL EST DIT QUE MARIE INTERCEDE DANS LA BIBLE POURQUOI CHANGER LA BIBLE JE NE VOUS COMPREND PAS. VOUS ETES SÉDUIT PAR UNE FAUSSE DOCTRINE ,DIEU AS DONNER SON FILS UNIQUE IL NAS PAS DONNER MARIE OU JE NE SAIS QUOI ENCORE ,CHAPLET, BOUGIE,PEIRRE BÉNIS OU TOUTES AUTRES SEMBLABLE QUESQUE CEST CA ,RECONAISER LA PAROLE DE DIEU COMME ÉTANT CELLE DE DIEU LUI MEME VOUS LE FAITE MENTEUR VOUS TROMPER LES GENS,
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M
Cher Stéphane,<br /> Désolé de t'avoir choqué. Sans doute n'as-tu pas lu les articles suivants :<br /> http://totus-tuus.over-blog.com/article-1545509.html<br /> http://totus-tuus.over-blog.com/article-1658129.html
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S
QUELLE MALHEURPAUVRES LECTEURS QUI VIENNES POUR TROUVER LA VÉRITÉE ET QUI TOMBE SUR UN SITE COMME LE TIENS ,TU PROPAGE DES MENSONGE, MARIE EST MORTE ,IL NY A QUN SEUL MÉDIATEUR ,ET CEST JÉSUS ,LA BIBLE NE NOUS DIT PAS DE SE CONFIER EN MARIE ,MAIS EN JÉSUS -CHRIST, TU TRANSGRESSE LA PAROLE DE DIEU, TU ENLEVE ET TU RAJOUTE DES PAROLE QUE LA BIBLE NE DIT PAS, REPENT TOI AU PLUS VITE MON AMI,OUVRE TA BIBLE DEMANDE AU SAINT ESPRIT DE TÉCLAIRER ,CAR JÉSUS A BIEN DIT NUL NE VIENT AU PERE QUE PAR MOI,OU BIEN CE VERSET JE SUIS LA PORTE,DONC PAS DAUTRE PERSONNE JESPERE QUE TU COMPREND TU DOIS NAITRE DE NOUVEAU POUR COMPRENDRE LA VÉRITÉE
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M
Cher Matthieu,<br /> Je suis en préparation d'une réponse à ton précédent article (que je posterai sur mon blog).<br /> Pour le moment, j'apporte juste un petit correctif à ce que tu présentes comme étant ma position :<br /> - "Ce qui me gêne fondamentalement dans ces quelques réflexions, Miky, c’est qu’elles semblent « enfermer » tout le champ du réel dans la seule démarche scientifique. Ne semble être vrai pour toi que ce qui peut avoir un fondement scientifique : tout le reste n’a aucun intérêt, et l’homme qui voudra être « raisonnable » (au sens de « rationnel ») devra toujours s'en tenir strictement à ce qui est démontré par la science : « il semble toujours préférable, écris-tu dans ton article sur l'appel aux causes transcendantes, face à un phénomène que l'on ne parvient pas à expliquer, de considérer que ce phénomène est sans cause, plutôt que de lui affubler une cause transcendante. »"<br /> Premièrement, le passage que tu cites doit être resitué dans le cadre d'une quète scientifique du réel. D'un point de vue scientifique, on n'a pas, en effet, à faire appel à des causes transcendantes. Si je le précise, c'est parce que certains (cf. tout le mouvement américain de l'Intelligent Design ou du Créationnisme "Scientifique") estime légitime d'introduire du transcendant, sur des bases scientifiques.<br /> Deuxièmement, je n'enferme pas tout le champ du réel dans le champ scientifique. La science est une méthode (non pas une métaphysique) qui repose sur un certain nombres de principes. On peut affirmer, au mieux, pour le moment, que ces principes sont féconds, puisqu'ils ont permis un changement énorme dans la société depuis la fin du XIXème siècle. On ne peut pas affirmer qu'ils sont absolus. On peut le croire, mais c'est un acte de foi (scientiste) que personnellement je n'accomplis pas.<br /> Troisièmement, je reconnais la possibilité d'autres approches du réel que la science, pourvu que ces approches soient clairement définies (du moins si elles veulent prétendre à l'intersubjectivité) dans leurs principes. Je peux même reconnaître leur plausibilité pour autant que ces principes soient plus ou moins directement intuitifs, ou qu'ils découlent, par réajustements successifs, de principes plus ou moins directement intuitifs. En théologie, par exemple, si je suis très sceptique à l'égard des arguments dits épistémiques en faveur de l'existence de Dieu (en gros, tout ce qui est théologie naturelle ; cf. mon prochain article), je trouve en revanche que les arguments dits pragmatiques pour la croyance en Dieu (cf. par ex. : http://plato.stanford.edu/entries/pragmatic-belief-god/ ) ont une bonne plausibilité (c'est pourquoi je ne suis pas à 100% athée, mais plutôt 50% athée, 40% déiste et 10% théiste ; tu vois, je suis tout en nuance et pas un vil scientiste borné :-) ). Si je n'adhère pas à la stratégie du god-of-the-gap que je croyais percevoir dans ta démarche, c'est entre autres parce que cette stratégie, justement, ne repose pas sur des principes suffisament explicites et que ces principes, lorsque l'on essaye de les expliciter, on se rend compte qu'ils souffrent de nombreux problèmes :<br /> - En dépit des apparences, ils ne sont pas plus ou moins directement intuitifs, et ne découlent pas, par réajustements successifs, de principes plus ou moins directement intuitifs ; la preuce en est que leur application peut conduire à admettre des choses complétements contre-intuitives (par ex., les hommes de crô-magnon avait raison de penser que des divinités étaient directement responsables de l'orage ; mais que diable, pourquoi donc Benjamin Franklin a-t-il perdu son temps à comprendre sa nature, si cette optique est juste ? on avait déjà une réponse ! :-))<br /> - Ces principes attaquent directement les principes de la science. Dans l'absolu, ce n'est pas un problème puisque les principes de la science pourraient être faux, mais dans le relatif, la science a quand même fait ses preuves. Une démarche peut être indépendante de la science sans pour autant préjuger de la validité de cette dernière dans son domaine propre. Mais la stratégie du god-of-the-gap préjuge de la fausseté de la science dans son domaine propre (cf. à nouveau l'exemple avec l'orage).<br /> - Ces principes ne sont pas féconds. Une fois que l'on a posé le god-of-the-gap, toute recherche est finie, on a la réponse ultime à toutes nos questions (cf. à nouveau l'exemple avec l'orage).<br /> Je reviendrai sur ces points dans mon prochain article...<br /> Quatrièmement, loin de moi l'idée selon laquelle seul ce qui est scientifique est digne d'intérêt ou que la science suffit à combler l'esprit de l'homme ! Même si tout ce qui se situe dans l'axe vrai-faux était du ressort exclusif de la science, il y a des tas de choses intéressantes qui jouent plutôt dans l'axe bien-mal ou l'axe beau-laid... J'aime l'art, la musique, la poésie. Je suis très sensible aux valeurs morales, et si je pense que la science a son mot à dire en éthique, ce n'est certainement pas dans la définition des normes du bien mais plutôt dans leur application concrète.<br /> - "« Les expériences réelles qui ont un impact profond sur une personne peuvent avoir des origines complètement naturelles sans aucune connexion divine. Les expériences mystiques peuvent être reproduites chez quiconque, avec des substances chimiques et des équipements mécaniques. Cela étant établi, quelle raison y a-t-il à penser que les autres rapports relèvent vraiment d'une cause surnaturelle plutôt que naturelle ?" :<br /> Que les expériences religieuses aient un fondement biologique ne signifie pas qu'elles n'aient pas un lien avec le transcendant. Après tout, les théories scientifiques sont aussi des produits de l'activité biologique des êtres humains.<br /> Ma prétention n'est donc pas de dire que cela constitue une preuve que les expériences religieuses sont des illusions, mais plutôt de dire que les expériences religieuses, en tant que telles, ne constituent pas une preuve du transcendant. Si transcendant il y a, son existence ne peut pas être établie sur la base des expériences religieuses.<br /> - "Ce qui me fait affirmer l’existence de Dieu, Miki, ce ne sont pas les « trous », les insuffisances actuelles de l’explication scientifique, ses mystères provisoires, mais bien au contraire tout ce qu’elle arrive déjà à expliquer, ainsi que nous le verrons dans la poursuite de notre étude sur la Création."<br /> Est-ce que je trahis ta pensée en la rapprochant de la théologie d'Alvin Plantinga exposée dans An Evolutionary Argument Against Naturalism ? Cette théologie m'inspire beaucoup, mais l'argument développé en tant que tel n'est valable que pour un public scientiste (ce qui n'est, en tout cas, pas mon cas et, je pense, n'est pas le cas de beaucoup de scientifiques) et il ne défend au mieux qu'une position agnostique qui est celle de nombreux scientifiques qui, comme Jean Bricmont, se réclament d'un réalisme modeste, ou alors une vague forme de déisme style "culte de la Déesse Raison", qui est implicite dans toute forme de scientisme et que cet argument ne fait qu'expliciter. Cette explicitation peut peut-être conduire indirectement certains scientistes à élargir leur esprit à d'autres formes de déisme voire de théisme. Mais même à ce niveau, on est encore loin d'une adhésion ferme à une forme particulière de théisme, qui est le christianisme, a fortiori, le catholicisme romain (je note d'ailleurs que tu n'as pas répondu à l'essentiel de la substance de mon commentaire sur La Bible... ou les astres?, mais j'espère que tu le feras ultérieurement, car les points que j'y soulève me semblent encore plus problématiques que ceux que je soulève ici).<br /> Je pense que l'argument de Plantinga devrait être corrigé de la façon suivante, que j'avais déjà suggérée sur ton blog :<br /> Ce que l'évolution nous montre, c'est que la rationnalité scientifique est un produit ou sous-produit d'une poussée adaptative. La rationnalité scientifique est garantie par sa valeur adaptative.<br /> Ce que l'on pourrait appeler la "rationnalité religieuse" (à condition de correctement la définir) est aussi un produit ou sous-produit d'une poussée adaptative et est donc garantie également par sa valeur adaptative.<br /> Par conséquent, la confiance à accorder à la "rationnalité religieuse" peut légitimement équivaloir - ou presque (*) - la confiance à accorder à la rationnalité scientifique.<br /> Bien à toi,<br /> Miky<br /> (*) L'évolution étant un fait mis en évidence par la rationnalité scientifique, la validité de la "rationnalité religieuse", de ce point de vue, dépend donc de la validité de la rationnalité scientifique, tandis que l'inverse n'est pas vrai.
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M
<br /> <br /> "je note d'ailleurs que tu n'as pas répondu à l'essentiel de la substance de mon commentaire<br /> sur La Bible... ou<br /> les astres?, mais j'espère que tu le feras ultérieurement, car les points que j'y soulève me semblent encore plus problématiques que ceux que je soulève ici."<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cher Miky, la réponse attendue se trouve ici : L'Eglise, les pratiques occultes et les miracles<br /> <br /> <br /> <br />

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