Cher ami lecteur,
Je voudrais revenir sur le texte de méditation du Père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale, sur l’Evangile du 12 mars 2006, concernant la Parole de Dieu.
Le thème de sa méditation portait le titre suivant : « Il est important de savoir où Jésus parle… et où il ne parle pas ».
1. Où Jésus parle-t-il ? La Parole de Dieu et l’Eglise
« Où Jésus parle-t-il aujourd’hui pour que nous puissions l’écouter ? demande le Père Cantalamessa. Il nous parle avant tout à travers notre conscience qui est une sorte de « répétiteur » de la voix même de Dieu en nous.
« Mais notre conscience seule ne suffit pas, poursuit le Père. Il est facile de lui faire dire ce qu’il nous plaît d’entendre. Elle a par conséquent besoin d’être éclairée et soutenue par l’Evangile et l’enseignement de l’Eglise. L’Evangile est le lieu par excellence où Jésus nous parle aujourd’hui. »
Le Père Cantalamessa met toutefois ses lecteurs en garde : « Nous savons (…) par expérience que même les paroles de l’Evangile peuvent être interprétées de différentes manières. L’Eglise, instituée par le Christ précisément dans ce but, est celle qui nous assure une interprétation authentique : « Qui vous écoute, m’écoute ! ». Pour cette raison, il est important que nous cherchions à connaître la doctrine de l’Eglise, à la connaître personnellement, telle que l’Eglise la comprend et la propose, et pas selon l’interprétation, souvent déformée et réductrice des mass media. »
On ne peut donc séparer l’Eglise et la Parole de Dieu, car c’est l’Eglise qui nous la livre, et c’est donc elle, et elle seule qui est habilitée par le Seigneur à en interpréter le sens, sous la motion de l’Esprit Saint qui lui a été donnée au jour de la Pentecôte.
Il faut dès lors résolument se défier d’une lecture qui ne soit pas en tout point conforme avec la doctrine de l’Eglise : n’oublions pas que Satan lui-même tenta –vainement– de perdre Jésus… au moyen de la Bible ! (cf. le récit des tentations au désert ).
Comme l’écrit le Père Molinié : « Pratiquement, nous sommes tous hérétiques : l’erreur est humaine. Nous ne pouvons pas éviter de nous tromper, nous déraillons tout le temps. Le problème n’est pas d’éviter de dérailler, mais d’être toujours assez souples pour que Dieu puisse nous remettre sur les rails. » (Cf. "Le courage d'avoir peur" , Editions du Cerf, 1994, pages 8 et 9).
« Ne croyons pas trop vite que nous avons compris. Ce serait probablement le signe que nous avons substitué à l’Evangile une religion à nous. Présentons-nous à la Parole comme des enfants qui ne savent rien, et qui sentent que leurs efforts sont impuissants à leur ouvrir les yeux » (p. 14).
Et laissons-nous donc enseigner par l’Eglise, notre Mère et Educatrice. Elle est le lieu de la présence réelle et permanente de Jésus à son Peuple et au monde (« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » Mt 28.20), et c’est par elle que le Christ ressuscité nous enseigne encore aujourd’hui : le Père Cantalamessa nous rappelle cette parole de Jésus adressée à ses Apôtres : « Qui vous écoute m’écoutes ».
2. Où Jésus ne parle-t-il pas ? Dans les astres…
Le Père Cantalamessa développe ensuite la question sous un angle négatif, en posant la question de savoir où Jésus ne nous parle-t-il pas.
« Savoir où Jésus ne parle pas est presque aussi important que savoir où il parle aujourd’hui. Il ne parle certes pas à travers les mages, les devins, les nécromanciens, les diseurs d’horoscopes, les prétendus messages extra-terrestres ; il ne parle pas dans les séances de spiritisme, dans l’occultisme. Dans l’Ecriture nous lisons une mise en garde à ce propos : « On ne trouvera chez toi personne (…) qui pratique divination, incantation, mantique ou magie, personne qui use de charmes, qui interroge les spectres et devins, qui invoque les morts. Car quiconque fait ces choses est en abomination à Yahvé ton Dieu » (Dt 18, 10-12).
« Il s’agissait des moyens typiques que les païens utilisaient pour entrer en relation avec le divin. Ils prenaient les augures en consultant les astres, les entrailles des animaux ou le vol des oiseaux. Avec cette parole de Dieu : « Ecoutez-le ! » tout cela est terminé. Il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes ; nous ne sommes plus obligés d’avancer « à tâtons » pour connaître la volonté de Dieu, de consulter telle ou telle chose. Nous avons chaque réponse en Jésus Christ.
« Aujourd’hui malheureusement ces rites païens sont à nouveau à la mode. Comme toujours, lorsque la vraie foi diminue, la superstition augmente.
« Prenons la chose la plus inoffensive de toutes : l’horoscope. Il n’existe pas de journal ou de station radio qui ne propose quotidiennement l’horoscope à ses lecteurs ou ses auditeurs.
« Pour les personnes mûres, dotées d’un minimum de sens critique ou d’ironie, il ne s’agit que d’une ridiculisation réciproque inoffensive, une sorte de jeu et de passe-temps. Mais observons ses effets à long terme. Quelle est la mentalité qui se développe, surtout chez les enfants et les adolescents ? La mentalité selon laquelle le succès dans la vie ne dépend pas de l’effort, de l’application dans l’étude et de la constance dans le travail, mais de facteurs externes, impondérables ; du fait de réussir à détourner à son propre avantage certains pouvoirs, personnels ou d’autrui. Pire encore, tout cela conduit à penser que, dans le bien et dans le mal, ce n’est pas nous qui sommes responsables mais les « astres », comme pensait Dom Ferrante de mémoire manzonienne. »
(à suivre…)