12 février 2006 7 12 /02 /février /2006 15:40

 

Article revu et corrigé le 24 janvier 2019

Ainsi que je l’ai déjà écris, j’ai toujours cru en l’existence de Dieu.

Pour autant, je n’ai pas eu d’éducation religieuse par mes parents. Mon père était résolument athée, considérant toutes croyances comme autant de "superstitions". Ma mère était surtout soucieuse de mon éducation morale. Je lui dois beaucoup d’ailleurs ; sans elle, je serais certainement devenu un délinquant, à l’âge de l’adolescence en particulier où j’aurais vraiment pu basculer. Malgré cela : pas d’éducation spirituelle, pas d’éveil à la vie de prière, pas de discussions sur Dieu, sur la vie de Jésus ou sur l’Eglise, pas de pieuses lectures comme tant de familles chrétiennes où l’on se nourrit de la Parole de Dieu et de la vie des Saints.

Je n’en veux à personne, ni à mon défunt père à qui je dois d’avoir goûté la tendresse du Père des Cieux ; ni à ma chère mère qui a fortement contribué à ma construction humaine. Et d’autant moins que le Seigneur a finalement tout arrangé... :)

Je dois tout de même à mes parents de m’avoir inscrit dans une école privée catholique à Amiens où j’allais pour la première fois entendre parler de Jésus.

Les frères qui nous enseignaient étaient des gens tout à fait ordinaires. Habillés en civil, ils ne se distinguaient pas du reste du monde. Pour le petit garçon de 8 ans que j’étais, rien ne "détonnait" dans leur comportement. Je ne me suis même jamais posé la question de savoir pourquoi on les appelait "frères". Non, on les appelait comme ça, voilà tout. Certainement même que le mot "frère" était synonyme de "professeur". Certains étaient forts gentils avec moi, d’autres forts sévères. Tout comme les autres, qui n’étaient pas "frères". Bref, ce ne sont pas eux qui m’ont parlé de Jésus.

Les cours de catéchisme étaient vraiment formidables. C’était le seul moment où l’on pouvait chahuter dans la classe et s’envoyer des avions en papier sans se faire engueuler. Nous savions que la dame catéchiste "tendrait l’autre joue", et que la colère est un vilain péché. Pas de risque donc qu'elle s'emporte. Bref, ce n’est pas là que j’ai entendu parler de Jésus.

J’ai tellement peu entendu parler de Jésus dans cette école catholique que j’ai refusé de faire ma première communion quand l’occasion se présenta. J’étais alors très "idéaliste", et je voyais bien comment mes camarades vivaient la préparation de cet événement : les uns parlait avec des scintillements dans les yeux… de la jolie montre qui leur serait offerte, les autres du jeu électronique tant rêvé qui leur était promis ce jour-là. En mon for intérieur, j’étais révolté ; je ne me reconnaissais pas dans cette mascarade, je ne voulais pas y participer. Aussi, j’ai dit NON.

Parce que personne ne m’avait vraiment parlé de Jésus.

Personne… Sauf peut-être ce professeur de CM1, un jeune laïc de 35 ans, passionné de Jésus, qui nous en a parlé deux ou trois fois dans l’année, mais d’une manière telle que je l’ai jamais oublié.

Je me souviens en particulier d’un temps de réflexion sur le Saint Suaire de Turin, et d’un autre sur la crucifixion au cours duquel ce professeur nous expliquait la mort à petit feu et par asphyxie du condamné : "dans la position du crucifié, les muscles des épaules, pectoraux et intercostaux soutiennent le corps, et se fatiguent rapidement. Or, ces muscles sont ceux qui assurent la respiration. Pour les soulager, le condamné se soulève sur ses pieds encloués, créant une nouvelle douleur. Les muscles des jambes se fatiguent à leur tour et le corps retombe. Cette alternance entre blocage et détente respiratoire finit par créer des crampes conduisant à l'asphyxie. Pour accélérer la mort, les jambes du condamné sont brisées à la barre de fer (crurifragium). Le condamné ne peut plus alors se redresser et s'épuise rapidement." (Source : Wikipedia)

A une autre occasion (sans doute autour de Pâques), il nous projeta en salle audio-visuelle le film de Franco Zeffirelli : Jésus de Nazareth. De ce premier visionnage, j’ai été très marqué par la scène de la Croix sur laquelle Jésus, l’Innocent par excellence, meure ignominieusement dans la solitude et l’abandon. Déjà, la Croix de Jésus s’imprimait dans mon âme. Une grande affection naissait alors en moi pour cet homme qui avait tant souffert et tant aimé - jusqu’à ses bourreaux sur qui il implorait la Miséricorde du Père : "Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font"

(Je ne percevais pas à cette époque que Jésus il fût Dieu et j'ignorais qu’il fût ressuscité le troisième jour après sa mort – je devais penser à autre chose quand on m’en parla en cours de cathé... Pour moi, Jésus était un modèle, une référence, un "sommet de l’humanité" comme disait Gandhi. Mais il n’était qu’une grande figure de l’histoire, à l’image d’un Général de Gaulle, d’un Napoléon ou d’un Martin Luther King. C’est à l’âge de 25 ans que j’allais découvrir la vérité sur son identité et sur son œuvre – en une rencontre fulgurante avec lui, le Vivant.)

Ce jeune professeur laïc de CM1 ne saura sans doute jamais l’importance qu’il a eue dans ma vie de foi. Ce n’est même véritablement que maintenant que j’en prends moi-même conscience, rétrospectivement.

Un autre homme aura sans doute joué un rôle essentiel pour moi à cette époque : l’aumônier de l’Ecole. Là, c’était surprenant. Autant les "frères" étaient en fait des professeurs qui de français ou de latin, qui de mathématiques…, autant ce jeune abbé n’enseignait rien. Son seul travail, c’était de nous parler de belles choses. De l’amour, du respect que l’on doit aux autres, du pardon, de la paix, de la joie… Sa matière à lui, c’était la vie. C’était bien agréable de l’écouter. Il était d’une gentillesse exquise, d’une très grande douceur. Je ne me souviens pas l’avoir entendu parlé explicitement de Jésus (même s’il a dû le faire !), mais je me souviens d'avoir été impressionné par ce qu’il était, tout simplement : un homme chargé de parler de Dieu, de Jésus et des belles choses de la vie... à plein temps! J’allais apprendre quelques années plus tard qu’il s’agissait d’un prêtre. Oui (et là, je m’adresse aux prêtres qui peut-être me lisent), son témoignage au Père aumônier, le seul qui m’ait vraiment touché, ce n’est pas une parole de sa bouche, ce n’est pas un sermon enflammé, ce n’est pas même un beau geste qui m’aurait marqué : c’est le fait même qu’il soit prêtre. Ce faisant, il était pour moi le témoin de quelque chose de grand et de beau, de suffisamment grand et beau en tout cas pour qu’on lui consacre toute sa vie.

A la réflexion, j’ai sans doute refusé de faire ma première communion non parce qu’on ne m’avait pas parlé de Jésus, mais parce que j’avais de Jésus une si haute considération, grâce à l’enseignement de mon professeur de CM1 et l’exemple de ce Père aumônier, que je ne Le retrouvais pas dans les préoccupations trop matérielles de mes camarades de classe.

Je quittais mon Ecole catholique quelques années plus tard pour entrer au lycée. Je n’avais pas alors la foi, mais le Seigneur m’avait parlé à travers ces deux grands témoins. Le bon grain était semé.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

I
Cher Matthieu,Je suis arrivée sur cet article à partir de ton commentaire sur le blog d'Olivier... Je suis bouleversée par le témoignage de ton cheminement, dans lequel je me retrouve beaucoup... J'essaierai de t'en reparler, un jour où j'aurai plus de temps. Pour maintenant, je ne pouvais pas quitter cette page et ton témoignage sans t'en remercier et te dire comme je m'y retrouve !
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A
c'est un magnifique temoignage que voila<br /> je suis née dans une famille catholique croyante et pratiquante, mais je n'ai jamais "rencontré" Dieu, à l'inverse au cour d'un voyage à Lourdes j'ai rencontré la source de ma foi.                                                   une force indescriptible animant de nombreux pélerins, j'en suis revenue me disant que Dieu ne m'avait pas visité mais que Marie elle oui et qu'elle serait la pour moi.                                                                    pour le catechisme, il faut avoir la chance de rencontrer quelqu'un qui sache enseigner la parole de Dieu, parfois non, mais je me souviens d'un frère que je recroise à travers la ville, et qui fut un homme extraordinaire pour moi.
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