Première Partie : LA CREATION
L'HOMME
Chers amis lecteurs,
Terminons notre observation des prodiges de la nature en nous arrêtant sur la plus étrange créature que l’on y puisse trouver : l’homme…
Les hommes que nous sommes constituent, à y bien regarder, de pures merveilles… Avons-nous conscience d’être, chacun en particulier (ou tel clochard que nous croisons…), le chef-d’œuvre absolu de la Création ?
1. Le cerveau
Et tout d’abord, contemplons cet extraordinaire objet que nous avons tous (aussi benêt que nous soyons…) dans notre boîte crânienne : le cerveau, qui est – de loin – la structure matérielle la plus complexe et la plus fascinante qu’il se puisse trouver dans tout l’univers.
La plus complexe, en que qu’il renferme dans son ensemble pas moins de 12 milliards de neurones, un seul d’entre eux pouvant être en communication directe avec 100.000 de ses semblables ! Le nombre de combinaisons possibles au sein d’un seul cerveau est ainsi supérieur au nombre des atomes de l’univers entier… Aucun modèle mathématique ne peut permettre de rendre compte d’une telle complexité.
Le plus fascinant : le cerveau n’est qu’une toute petite partie de l’encéphale, il a la taille et l'apparence d'un petit chou-fleur, mais sa masse de 1.500 grammes (environ 2 % du poids du corps humain) est capable d’expliquer l’univers…
Les dernières décennies ont été marquées par de formidables avancées dans le domaine de la neurobiologie. L’étude du cerveau, en particulier, a fait l’objet d’innombrables travaux dont la psychologie et la psychiatrie ont largement bénéficié. On sait ainsi aujourd’hui que le cerveau humain résulte de la superposition de trois cerveaux, ces trois cerveaux fonctionnant en étroite interrelation, et l’ensemble formant un système cybernétique d’une complexité inouïe qui est loin d’avoir livré tous ses secrets…
Le premier cerveau, le plus ancien, est le lieu des instincts les plus primitifs ; c’est le cerveau reptilien, qui assure la réception des grandes informations de bases, ainsi que les réponses appropriées nécessaires à la survie et à la perpétuation de l’espèce – respiration, battements du cœur, pression artérielle, état de nutrition.
Le cerveau paléomammalien ou limbique gouverne, en les affinant, les fonctions du cerveau reptilien, mais il intervient aussi dans le maintien des grands équilibres biochimiques et dans la distribution des messages endoctriniens et électriques. Il est également impliqué dans les grandes émotions primaires – rage, peur – et les comportements qu’elles suscitent – agression ou fuite, possession, soumission. Il intervient dans la durée du sommeil et de la veille en rapport avec l’environnement, interprète les besoins et régit les pulsions, alerte les hémisphères cérébraux par diverses voies nerveuses et divers modulateurs chimiques, en sorte que les réponses émotionnelles aux modifications de l’environnement s’adaptent de façon appropriée.
Quant au néocortex, qui désigne les hémisphères cérébraux si remarquablement développés chez l’homme, c’est le lieu du traitement des informations communiquées par les organes des sens, de l’ensemble de l’organisme et de l’ensemble du monde extérieur, et de celles qu’apportent également les processus de mémoire. Le néocortex est le siège de la pensée logique et conceptuelle, des fonctions cognitives complexes, des réponses motrices ou intellectuelles aux modifications du monde extérieur, de l’apprentissage, de l’exploration, de la mémoire, des affects qui en découlent, de tous les faits de conscience, mais aussi des comportements complexes inconscients – tels que la conduite d’une voiture en situation de routine – et de toute vie inconsciente (qui se manifeste par exemple par des bouffées d’angoisse dont on recherche longtemps la cause). Le néocortex est le lieu de l’intelligence, de la conscience de soi, du décodage du réel par l’activité scientifique, celui de la création artistique comme des interrogations métaphysiques, des élans mystiques, de la recherche philosophique. Il est aussi l’organe du mensonge à autrui et à soi-même…
Comme une noix ou une mappemonde, le cerveau comporte deux hémisphères ; ces hémisphères ont chez l’homme une particularité spécifique : leur asymétrie. C’est au prix Nobel de Médecine américain, Roger Sperry, que l’on doit les synthèses les plus complètes au sujet des fameuses « localisations cérébrales ».
Le cerveau gauche joue un rôle important dans le développement de la pensée analytique abstraite, en particulier dans les opérations du langage conceptuel. Il est le siège de la pensée logique, qui traite les informations sur le mode séquentiel ou oppositionnel, celui de la connaissance discursive et du traitement abstrait des données. En d’autres termes, le cerveau gauche fonctionne comme les ordinateurs, qu’il a d’ailleurs créés à son image, selon le mode oui/non. Apte à décortiquer les versions latines ou les problèmes de math, l’hémisphère gauche est logique, rationnel, cartésien ; il dissèque, analyse, soupèse ; il s’exprime par des signes, des chiffres, des lettres. Plus masculin que féminin, semble-t-il, c’est lui qui engendre la science.
Le cerveau droit saisit pour sa part les informations dans leur globalité et en fait la synthèse. Il fonctionne de manière analogique. Saisissant intuitivement les liens entre les différents éléments constitutifs d’un tout, il use d’images et de métaphores, appréhendant d’emblée le sens des mythes et des symboles. Ignorant les chiffres et les lettres, il parle le langage des fables, des légendes, des paraboles et des prophéties. Comme on l’observe dans Le Petit Prince de Saint-Exupéry ou chez La Fontaine, il échappe aux limitations de l’espace et du temps, et exprime dans un langage simple et fort la sagesse des nations. L’hémisphère droit est donc le siège de l’esprit de synthèse, de la pensée systémique ou globale, de l’expression artistique et de l’intuition. Naturellement plus sensible à l’unité profonde de l’univers, il analyse moins qu’il ne ressent ; les arts, la musique sont ses expressions familières.
Bref, si le cerveau gauche est par essence plus analytique, le cerveau droit est plutôt synthétique. On dirait du premier qu’il est rationnel, qu’il tire des conclusions fondées sur des faits et des raisonnements, tandis que le second, plutôt intuitif, embrasse la réalité dans sa globalité.
Les deux hémisphères sont caractérisés par leurs spécialités respectives et par un mode de traitement spécifique de l’information recueillie par les sens. Mais ils fonctionnent ordinairement de concert, en étroite synergie, et c’est ainsi que leurs performances s’en trouvent accrues.
Deux sensibilités, une double polarité, un double chemin nécessaire à une appréhension complète du réel : en somme, les deux voies de la connaissance. Le réel semble donc bien accessible à l’homme par deux voies : l’approche poétique, intuitive et mystique, et l’analyse discursive, rationnelle et scientifique. Il est aisé de distinguer, dans les comportements et les modes de fonctionnement de l’esprit humain, cette double sensibilité dont l’harmonie seule paraît engendrer l’équilibre.
Sur le plan de son fonctionnement, le cerveau est comparable à un immense central téléphonique compliqué ! Le cerveau enregistre ainsi toutes les sensations que lui envoient nos cellules, les trie, les compare, en tire des conclusions, les retransmet et les emmagasine en mémoire. Immédiatement ou après en avoir référé à notre jugement, il commande des réflexes ou des gestes raisonnés.
Le cerveau est un peu comme la tour de contrôle de notre corps. Il doit être tenu au courant rapidement des besoins de l'organisme et des ressources disponibles dans l'environnement pour les satisfaire. Il y parvient grâce à un vaste réseau de câbles disséminés partout dans l'organisme : les nerfs. Avec le cerveau et la moelle épinière, ils forment le système nerveux.
Ce réseau de distribution qu’est le système nerveux est absolument prodigieux. L’influx nerveux sensitif va d’un organe récepteur sensible (œil, peau, oreille…) à un centre nerveux (cerveau, cervelet, bulbe rachidien, moelle épinière). L’influx moteur va d’un centre nerveux à un muscle, et l’influx nerveux se propage le long des cellules nerveuses, les neurones, à une vitesse pouvant aller de 360 km/h à 100 m/s !
Que l’on s’en persuade : l’ordinateur le plus puissant au monde, le plus sophistiqué et le plus moderne que l’homme ait pu créer sur la Terre avec toute sa science n’est qu’un vulgaire jouet à côté du cerveau dans lequel 1 million de milliards de connections électro-chimiques sont constamment en opération pour informer le central.
Le cerveau est un objet tellement prodigieux que beaucoup d’esprits athées se réfugient derrière son extraordinaire complexité (et la faiblesse de nos connaissances) pour réduire le fait religieux au seul exercice des fonctions cérébrales. La foi serait ainsi le fruit d’un mécanisme mental purement naturel, et non le résultat du phénomène surnaturel de la rencontre avec Dieu.
Mais nonobstant ce que ces assertions peuvent avoir d’intéressantes dans une perspective croyante (en ce qu’elles affirment le caractère naturel de la croyance religieuse), ces brillants esprits omettent de s’interroger… sur le cerveau lui-même, son existence, son origine, et sur les raisons qui expliquent pourquoi il fonctionne comme cela. Or, il me paraît capital de réfléchir à ces interrogations fondamentales, tant la question métaphysique de l’existence de Dieu me paraît se jouer là avec une particulièrement acuité.
J’ai toujours tenu pour ma part le cerveau humain comme la preuve irréfutable de l’existence de Dieu, définit à ce stade comme une Intelligence Créatrice Supérieure.
Intelligence : car le cerveau lui-même est une merveille d’intelligence ! Créatrice : car le cerveau humain n’a pas toujours existé. Supérieure à l’homme : car la somme des plus grands cerveaux que notre planète ait jamais portée n’a jamais été capable de produire quelque chose qui ressemblât, fût-ce de loin, à notre cerveau…
Si le hasard seul a pu provoquer l’apparition de ce trésor de sophistication et de complexité intelligente qu’est le cerveau, alors cela veut dire que le hasard lui-même est plus intelligent… que l’intelligence elle-même !!! Est-il vraiment raisonnable de le croire ?
De deux choses l’une, me semble-t-il : ou bien le hasard ne peut être plus intelligent que l’intelligence. Et dans ce cas, le cerveau ne peut pas exister. Or, il existe…
Ou bien le hasard peut être infiniment plus intelligent que l’intelligence de tous les savants du monde entier et de l’histoire réunis. Et c’est ce fameux « hasard » intelligent que nous appelons… Dieu.