3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 23:09

Jeudi 22 février 2007, le Pape Benoît XVI a rencontré le clergé du diocèse de Rome au Vatican. La rencontre s’est déroulée sous forme d’entretien. Extrait.

Question de Don Angelo Mangano, curé de San Gelasio
, qui a demandé au Saint-Père comment transmettre au Peuple de Dieu l'idée de la pastorale comme vie véritable de l'Eglise et comment faire pour que la pastorale se nourrisse toujours davantage de l'ecclésiologie conciliaire.

Réponse du Pape Benoît XVI :
Il y a, me semble-t-il, plusieurs questions. Une question porte sur la manière d'inspirer la paroisse à travers l'ecclésiologie conciliaire, de faire vivre par les fidèles cette ecclésiologie ; l'autre porte sur la manière dont nous devons agir et en nous-mêmes rendre le travail pastoral spirituel. Commençons par cette deuxième question.

Une certaine tension entre ce que je dois absolument faire et les réserves spirituelles que je dois conserver, demeure en permanence.
Je le constate toujours quant à moi chez saint Augustin qui se lamente dans ses prédications. J'ai déjà cité : j'aimerais tant vivre avec la Parole de Dieu, mais du matin au soir je dois être avec vous. Augustin trouve toutefois cet équilibre en étant toujours à disposition, mais en se réservant également des moments de prière, de méditation de la Parole sacrée, car autrement il ne pourrait plus rien dire. Je voudrais souligner ici en particulier ce que vous avez dit sur le fait que la pastorale ne devrait jamais être une simple stratégie, un travail administratif, mais toujours demeurer un travail spirituel. Assurément, ces autres choses ne peuvent pas non plus totalement manquer, parce que nous sommes sur cette terre et que ces problèmes existent : comment bien administrer l'argent, etc. Cela aussi est un domaine qui ne peut pas être totalement absent.

Mais l'accent fondamental doit être précisément celui qu'être pasteur est en soi un acte spirituel. Vous avez à juste titre évoqué l'Evangile de Jean, chap. 10, où le Seigneur se définit comme le bon Pasteur. Et en tant que premier moment à caractère définitif, Jésus dit que le Pasteur précède. C'est-à-dire qu'il montre le chemin, il fait en premier ce que doivent faire les autres, il prend en premier le chemin qui est la voie pour les autres. Le Pasteur précède. Cela veut dire que lui-même vit tout d'abord la Parole de Dieu : il est un homme de prière, il est un homme de pardon, il est un homme qui reçoit et célèbre les Sacrements comme actes de prière et de rencontre avec le Seigneur. C’est un homme de charité, vécue et réalisée. Et ainsi, tous les actes simples de dialogues, de rencontres, tout ce qu'il faut faire, tous ces actes deviennent des actes spirituels en communion avec le Christ. Son pro omnibus devient notre pro meis.

Alors il précède, et il me semble que dans cette manière de précéder, on a déjà dit l'essentiel. Le chapitre 10 de saint Jean continue ensuite en rapportant que Jésus nous précède en s'offrant lui-même à la Croix. Et cela est également inévitable pour le prêtre. Cette offrande de soi-même est également une participation à la Croix du Christ et c'est grâce à cela que nous pouvons nous aussi réconforter de manière crédible les personnes qui souffrent, être aux côtés des pauvres, des laissés-pour-compte, etc.

Par conséquent, dans ce programme que vous avez développé, la spiritualisation du travail quotidien de la pastorale est fondamentale. Cela est plus facile à dire qu'à faire, mais nous devons essayer. Et pour pouvoir spiritualiser notre travail, nous devons à nouveau suivre le Seigneur. Les Evangiles nous disent que le jour il travaillait, et la nuit il était sur la montagne avec le Père et il priait. Je dois confesser ici ma faiblesse. De nuit, je ne peux pas prier, la nuit, je voudrais dormir. Mais, toutefois, un peu de temps libre pour le Seigneur est réellement nécessaire : que ce soit pour la célébration de la messe, pour la prière de la liturgie des Heures, et la méditation quotidienne, même brève, en suivant la liturgie, le rosaire. Mais ce dialogue personnel avec la Parole de Dieu est important. Et c'est uniquement de cette manière que nous pouvons acquérir des réserves pour répondre aux exigences de la vie pastorale.

Deuxième point : vous avez à juste titre souligné l'ecclésiologie du Concile. Il me semble que nous devons encore bien davantage intérioriser cette ecclésiologie, aussi bien celle de Lumen gentium que celle de Ad gentes, qui est également un document ecclésiologique, ainsi que celle des Documents mineurs, et enfin celle aussi de Dei Verbum. Et, en intériorisant cette vision nous pouvons également attirer notre peuple vers cette vision, pour qu'il comprenne que l'Eglise n'est pas simplement une grande structure, une de ces organisations supranationales qui existent. L'Eglise, tout en étant un corps, est le Corps du Christ et donc un Corps spirituel, comme le dit saint Paul. Elle est une réalité spirituelle. Cela me semble très important : que les personnes puissent voir que l'Eglise n'est pas une organisation supranationale, n'est pas un corps administratif ou de pouvoir, n'est pas une institution sociale, bien qu'elle accomplisse un travail social et supranational, mais qu'elle est un corps spirituel.

Il me semble que notre prière avec le peuple, le fait d'écouter avec le peuple la Parole de Dieu, de célébrer avec le peuple de Dieu les Sacrements, d'agir avec le Christ dans la charité etc. c'est surtout dans les homélies que nous devons diffuser cette vision. Il me semble, en ce sens, que l'homélie demeure une occasion merveilleuse d'être proches des personnes et de communiquer la spiritualité enseignée par le Concile. Et ainsi il me semble que si l'homélie a grandi dans la prière, dans l'écoute de la Parole de Dieu, elle est une communication du contenu de la Parole de Dieu. Le Concile parvient réellement à notre peuple. Non ces fragments de commentaires journalistiques qui ont donné une image erronée du Concile. Mais la vraie réalité spirituelle du Concile. Et ainsi, nous devons apprendre la Parole de Dieu toujours et à nouveau avec le Concile et dans l'esprit du Concile, en intériorisant sa vision, apprendre la Parole de Dieu. En faisant cela nous pouvons également communiquer avec notre peuple et accomplir ainsi réellement un travail pastoral et spirituel.


Lire le texte de la réponse du Pape Benoît XVI sur Zenit.org

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Publié par Matthieu BOUCART -
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