3 avril 2009 5 03 /04 /avril /2009 13:09

Jeudi 22 février 2007, le Pape Benoît XVI a rencontré le clergé du diocèse de Rome au Vatican. La rencontre s’est déroulée sous forme d’entretien. Extrait.

Question de Don Alberto Pacini, recteur de la Basilique Sainte Anastasie,
qui évoque devant le Saint Père l'adoration eucharistique perpétuelle – en particulier de la possibilité d'organiser des adorations nocturnes – et a demandé au pape d'expliquer le sens et la valeur de la réparation eucharistique face aux vols, aux actes sacrilèges et aux sectes sataniques.

Réponse du Pape Benoît XVI :
Nous ne parlons plus en général de l'adoration eucharistique, qui a réellement pénétré dans nos cœurs et qui pénètre dans le cœur du peuple. Vous avez posé cette question spécifique sur la réparation eucharistique. Il s'agit d'un discours qui est devenu difficile. Je me souviens, quand j'étais jeune, qu'à l'occasion de la fête du Sacré-Cœur, nous disions une belle prière de Léon XIII, puis une autre de Pie XI, dans laquelle la réparation occupait une place particulière, précisément en référence, déjà à cette époque, aux actes sacrilèges qui devaient être réparés.

Il me semble que nous devons aller au fond des choses, parvenir au Seigneur lui-même qui a offert la réparation pour le péché du monde, et nous efforcer de réparer : disons qu'il faut équilibrer le surplus de mal et le surplus de bien. Ainsi, dans la balance du monde, nous ne devons pas laisser ce grand surplus au négatif, mais accorder un poids au moins équivalent au bien.

Cette idée fondamentale s'appuie sur ce qui a été fait par le Christ. Tel est, pour autant que je comprenne, le sens du sacrifice eucharistique. Contre ce grand poids du mal qui existe dans le monde, le Seigneur place un autre poids plus grand, celui de l'amour infini qui entre dans ce monde. Tel est le point important : Dieu est toujours le bien absolu, mais ce bien absolu entre précisément dans le jeu de l'histoire ; le Christ devient ici présent, il souffre et subit jusqu'au bout les souffrances du mal, créant ainsi un contrepoids d'une valeur absolue. Le surplus du mal, qui existe toujours si nous ne considérons de façon empirique que les proportions, est dépassé par le surplus immense du bien, de la souffrance du Fils de Dieu.

Dans ce sens, la réparation est alors nécessaire. Il me semble qu'aujourd'hui, il est un peu difficile de comprendre ces choses. Lorsque l'on voit le poids du mal dans le monde, qui augmente en permanence, qui semble exercer une domination absolue dans l'histoire, on pourrait – comme le dit saint Augustin dans une méditation – véritablement désespérer. Mais l'on constate qu'il y a un surplus encore plus grand dans le fait que Dieu lui-même est entré dans l'histoire, a participé à l'histoire et a souffert jusqu'au bout. Tel est le sens de la réparation. Ce surplus du Seigneur est pour nous un appel à nous ranger de son côté, à entrer dans ce grand surplus de l'amour et à le rendre présent, même avec nos faiblesses. Nous savons que pour nous aussi, ce surplus est nécessaire, car dans notre vie aussi, il y a le mal. Nous vivons toujours grâce au surplus du Seigneur. Mais il nous fait ce don afin que, comme le dit la Lettre aux Colossiens, nous puissions nous associer à son abondance et, disons, faire grandir encore plus cette abondance de façon concrète à notre époque historique.

Il me semble que la théologie devrait faire davantage pour faire comprendre encore mieux cette réalité de la réparation. Il y avait également de fausses idées dans l'histoire. Ces derniers jours, j'ai lu les discours théologiques de saint Grégoire de Nazianze, qui, à un certain moment, parle de cet aspect et se demande à qui le Seigneur a offert son sang. Il dit : le Père ne voulait pas du sang du Fils, le Père n'est pas cruel, il n'est pas nécessaire d'attribuer cela à la volonté du Père ; mais c'est l'histoire qui le voulait, ce sont les nécessités et les déséquilibres de l'histoire qui le voulaient. L’on devrait entrer dans ces déséquilibres et là, recréer le véritable équilibre. Cela est véritablement éclairant. Mais il me semble que nous ne disposons pas du langage nécessaire pour comprendre ce fait et le faire également comprendre aux autres. Il ne faut pas offrir à un Dieu cruel le sang de Dieu. Mais Dieu lui-même, par son amour, doit entrer dans les souffrances de l'histoire pour créer non pas un équilibre, mais un surplus d'amour qui est plus fort que l'abondance du mal qui existe. C'est ce à quoi le Seigneur nous invite.

Cela me semble une réalité typiquement catholique. Luther dit : nous ne pouvons rien ajouter. Et cela est vrai. Puis il dit : donc, nos œuvres ne comptent pas. Et cela n'est pas vrai. Car la générosité du Seigneur se révèle précisément dans le fait qu'il nous invite à entrer et accorde également une valeur au fait que nous soyons avec Lui. Nous devons mieux apprendre tout cela et ressentir également la grandeur, la générosité du Seigneur et la grandeur de notre vocation. Le Seigneur veut nous associer à son grand surplus. Si nous commençons à le comprendre, nous serons heureux que le Seigneur nous invite à cela. Ce sera la grande joie d'être pris au sérieux par l'amour du Seigneur.



Lire le texte de la réponse du Pape Benoît XVI sur Zenit.org

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Publié par Matthieu BOUCART -
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