14 février 2009 6 14 /02 /février /2009 06:31

Extrait de l’Audience Générale du Pape Benoît XVI du 2 janvier 2008.

Chers frères et sœurs (…),

Nous avons célébré hier la fête solennelle de Marie, Mère de Dieu. "Mère de Dieu", Theotokos, est le titre attribué officiellement à Marie au Ve siècle, plus exactement lors du Concile d'Ephèse de 431, mais qui s'était déjà affirmé dans la dévotion du peuple chrétien à partir du IIIe siècle, dans le contexte des discussions enflammées de cette période sur la personne du Christ. On soulignait, par ce titre, que le Christ est Dieu et qu'il est réellement né, comme un homme, de Marie : on préservait ainsi son unité de vrai Dieu et de vrai homme. En vérité, même si le débat semblait porter sur Marie, celui-ci concernait essentiellement son Fils. Voulant sauvegarder la pleine humanité de Jésus, certains Pères suggéraient un terme plus atténué : au lieu du titre de Theotokos, ils proposaient celui de Christotokos, "Mère du Christ" ; cela fut cependant vu à juste titre comme une menace contre la doctrine de la pleine unité de la divinité avec l'humanité du Christ. C'est pourquoi, après une longue discussion, lors du Concile d'Ephèse de 431, comme je l'ai dit, furent solennellement confirmées, d'une part, l'unité des deux natures, divine et humaine, en la personne du Fils de Dieu (cf. DS, n. 250) et, de l'autre, la légitimité de l'attribution à la Vierge du titre de Theotokos, Mère de Dieu (ibid., n. 251).

Après ce Concile, on enregistra une véritable explosion de dévotion mariale et de nombreuses églises dédiées à la Mère de Dieu furent construites. Parmi celles-ci domine la Basilique Sainte-Marie-Majeure, ici à Rome. La doctrine concernant Marie, Mère de Dieu, trouva en outre une nouvelle confirmation dans le Concile de Chalcédoine (451), au cours duquel le Christ fut déclaré "vrai Dieu et vrai homme [...] né pour nous et pour notre salut de Marie, Vierge et Mère de Dieu, dans son humanité" (DS, n. 301). Comme on le sait, le Concile Vatican II a recueilli dans un chapitre de la Constitution dogmatique sur l'Eglise Lumen gentium, le huitième, la doctrine sur Marie, réaffirmant sa maternité divine. Le chapitre s'intitule : "La Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, dans le mystère du Christ et de l'Eglise".

La qualification de Mère de Dieu, si profondément liée aux fêtes de Noël, est donc le titre fondamental sous lequel la Communauté des croyants honore, pourrions-nous dire depuis toujours, la Sainte Vierge. Celle-ci exprime bien la mission de Marie dans l'histoire du Salut. Tous les autres titres qui sont attribués à la Vierge trouvent leur fondement dans sa vocation à être la Mère du Rédempteur, la créature humaine élue par Dieu pour réaliser le plan du Salut, centré sur le grand mystère de l'incarnation du Verbe divin.
En ces jours de fête, nous nous sommes arrêtés pour contempler dans la crèche la représentation de la Nativité. Au centre de cette scène, nous trouvons la Vierge Mère qui offre l'Enfant Jésus à la contemplation de ceux qui viennent adorer le Sauveur : les bergers, les personnes pauvres de Bethléem, les Mages venus d'Orient. Plus tard, lors de la fête de la "Présentation du Seigneur", que nous célébrerons le 2 février, ce seront le vieux Siméon et la prophétesse Anne qui recevront le petit Enfant des mains de sa Mère et qui l'adoreront. La dévotion du peuple chrétien a toujours considéré la naissance de Jésus et la maternité divine de Marie comme deux aspects du même mystère de l'incarnation du Verbe divin et donc elle n'a jamais considéré la Nativité comme une chose du passé. Nous sommes "contemporains" des bergers, des mages, de Siméon et d'Anne, et alors que nous cheminons avec eux nous sommes remplis de joie, car Dieu a voulu être Dieu avec nous et qu'il a une mère, qui est notre mère.

C'est du titre de "Mère de Dieu" que dérivent ensuite tous les autres titres avec lesquels l'Eglise honore la Vierge, mais celui-ci est le titre fondamental. Nous pensons au privilège de l'"Immaculée Conception", c'est-à-dire au fait qu'elle soit exempte du péché depuis sa conception : Marie fut préservée de toute tache de péché, car elle devait être la Mère du Rédempteur. Cela est également valable pour le titre de l'"Assomption" : celle qui avait engendré le Sauveur ne pouvait pas être sujette à la corruption dérivant du péché. Et nous savons que tous ces privilèges ne sont pas accordés pour éloigner Marie de nous, mais au contraire pour la rendre proche ; en effet, étant totalement avec Dieu, cette Femme est très proche de nous et nous aide comme une mère et comme une sœur.

La place unique et singulière que Marie possède dans la communauté des croyants dérive également de sa vocation fondamentale à être la Mère du Rédempteur. Précisément en tant que telle, Marie est également la Mère du Corps mystique du Christ, qui est l'Eglise. C'est donc à juste titre que, durant
le Concile Vatican II, le 21 novembre 1964, Paul VI attribua solennellement à Marie le titre de "Mère de l'Eglise". Précisément parce qu'elle est la Mère de l'Eglise, la Vierge est également la Mère de chacun de nous, qui sommes les membres du Corps mystique du Christ. De la Croix, Jésus a confié sa Mère à chacun de ses disciples et, dans le même temps, il a confié chacun de ses disciples à l'amour de sa Mère. L'évangéliste Jean conclut son récit bref et suggestif par les mots suivants : "Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui" (Jn 19, 27). Telle est la traduction du texte grec : "èis tà ìdia", il l'accueillit dans sa propre réalité, dans son propre être. Si bien qu'elle fait partie de sa vie et que les deux vies s'interpénètrent ; et cette façon de l'accepter dans sa propre vie (èis tà ìdia) est le testament du Seigneur. Au moment suprême de l'accomplissement de la mission messianique, Jésus laisse donc à chacun de ses disciples, comme héritage précieux, sa propre Mère, la Vierge Marie.

Chers frères et sœurs, en ces premiers jours de l'année, nous sommes invités à considérer attentivement l'importance de la présence de Marie dans la vie de l'Eglise et dans notre existence personnelle. Remettons-nous à Elle, afin qu'Elle guide nos pas en cette nouvelle période de temps que le Seigneur nous donne de vivre, et qu'elle nous aide à être d'authentiques amis de son Fils et de courageux artisans de son Royaume dans le monde, Royaume de la lumière et de la vérité.


Lire le texte intégral de l'Audience Générale du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
"Si je comprends bien, Marie, qui est à la fois mère de Dieu et mère de l'Eglise, nous enseigne que Dieu (sous la forme de Jésus) est frère de l'Eglise, alors que Paul dit qu'il est sa tête ; l'Eglise est donc la soeur de sa propre tête."Il faut entendre ces paroles en un sens mystique, et non charnel. Pour cela, il faut "naître de nouveau" (cf. Jn 3. 3-12).Un précision importante : Jésus n'est pas une "forme" de Dieu. Il est Dieu en personne ; la deuxième personne de l'Unique et Sainte Trinité faite homme. Il faut donc dire : "Dieu en la personne de Jésus", et non "Dieu sous la forme de Jésus".Et puis, ce n'est pas Marie ni l'Eglise qui nous enseignent que les membres de l'Eglise - dont Jésus-Christ est la tête - sont les frères de Jésus. C'est Jésus lui-même : cf. Mt 12. 49, Lc 8. 21, Jn 20. 17."D'autre part, je suis surpris que les trois évangélistes autres que Jean n'aient pas dit un mot du fait que Jésus confie sa mère (qu'il appelle Femme, ce qui enlève tout aspect filial à cet événement et le rend tout à fait symbolique, ce qu'on évite soigneusement de remarquer) au disciple (acte qui est sur-interprété depuis des siècles par l'Eglise) ; ils disent même que toutes les femmes se tenaient loin de la croix, ce qui est plausible avec les soldats romains. Comment, alors, croire à la réalité de ces paroles de Jésus ?"Il semblerait en fait que l'Evangile de Jean soit - contrairement à ce qu'on a cru à une époque - le plus historique des Quatre Evangiles.Pourquoi les 3 autres évangélistes n'évoquent pas la présence de Marie au pied de la Croix? On peut imaginer plusieurs explications. 1°) Ils n'étaient pas présents au Calvaire - Jean, lui, y était. 2°) Ils n'ont sans doute pas jugé important de rapporter un évènement qui, en soit, leur apparaissait évident : il est normal après tout qu'une mère soit au chevet de son fils mourant. 3°) C'est à Jean que Marie est confiée comme mère. Et c'est lui qui l'a reçu chez lui. Il n'est donc pas étonnant que ce soit lui qui témoigne de ce grand don que le Seigneur a fait à son Eglise, tout juste avant de rendre son dernier soupir.Et puis il y a des tas d'autres choses dans l'Evangile de Jean qui ne se trouvent nulle part ailleurs! Les Evangélistes n'ont pas cherché à être exhaustifs dans leur oeuvre rédactionnelle. Ils savaient bien, tous, que s'il fallait rapporter tout ce que Jésus a fait, "le monde entier ne suffirait pas pour contenir les livres que l'on écrirait ainsi" (Jn 21. 25)Dernière chose : même à supposer que la scène ne soit pas historique, il n'en demeure pas moins qu'elle se trouve dans l'Evangile de Jean, c'est-à-dire dans un texte canonique que l'Eglise reconnaît comme inspiré. C'est donc bien l'authentique Parole de Dieu qui s'exprime en Jn 19. 25-27, et pour aussi symbolique que soit ce passage, il n'en signifie pas moins le rôle exceptionnel de la Vierge Marie dans l'économie du Salut.Voir à ce sujet : http://totus-tuus.over-blog.com/article-19877644.html et http://totus-tuus.over-blog.com/article-20056345.html (la 3e et dernière partie est prévue pour le mois de mai prochain).
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M
"Pourquoi l'Eglise catholique romaine s'acharne-t-elle à parler de la SAINTE vierge alors qu'elle-même a dit  : "toutes les générations me diront BIENHEUREUSE" ? N'y a-t-il pas là une des nombreuses surenchères de l'Eglise à propos de Marie, qui à ma connaissance n'a rien demandé de tel ?!"D'abord, qu'est-ce qu'un Saint, sinon un Bienheureux? Ne trouvez-vous pas étonnant cette prophétie de Lc 1. 48? Ne croyez-vous pas qu'elle s'accomplit précisément dans le culte rendu depuis 20 siècles à la Mère de Dieu par la Sainte Eglise Catholique, et toutes les générations de croyants qui se sont succédées jusqu'à nous?Ensuite, la Vierge Marie était une juive pieuse et fervente. Elle connaissait parfaitement cette exhortation du Seigneur en Lv. 19.2 : "Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint". Je ne vois donc pas pourquoi elle n'aurait pas eu le désir personnel de la sainteté - dans l'ignorance qu'elle était de son immaculée conception -, ni pourquoi elle n'en aurait pas demandé au Seigneur la grâce, elle qui savait bien - et sans doute mieux que quiconque - que tout don parfait vient de Dieu (Jc 1. 17).
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I
Si je comprends bien, Marie, qui est à la fois mère de Dieu et mère de l'Eglise, nous enseigne que Dieu (sous la forme de Jésus) est frère de l'Eglise, alors que Paul dit qu'il est sa tête ; l'Eglise est donc la soeur de sa propre tête.D'autre part, je suis surpris que les trois évangélistes autres que Jean n'aient pas dit un mot du fait que Jésus confie sa mère (qu'il appelle Femme, ce qui enlève tout aspect filial à cet événement et le rend tout à fait symbolique, ce qu'on évite soigneusement de remarquer) au disciple (acte qui est sur-interprété depuis des siècles par l'Eglise) ; ils disent même que toutes les femmes se tenaient loin de la croix, ce qui est plausible avec les soldats romains. Comment, alors, croire à la réalité de ces paroles de Jésus ?
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P
Pourquoi l'Eglise catholique romaine s'acharne-t-elle à parler de la SAINTE vierge alors qu'elle-même a dit  : "toutes les générations me diront BIENHEUREUSE" ?N'y a-t-il pas là une des nombreuses surenchères de l'Eglise à propos de Marie, qui à ma connaissance n'a rien demandé de tel ?!
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