24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 15:13



Extrait de l’homélie prononcée par le Pape Benoît XVI à Aparecida (Brésil), pour la célébration d’ouverture de la Ve Conférence générale du CELAM, le 13 mai 2007.

 

  

La première Lecture, tirée des Actes des Apôtres, fait référence à ce que l'on appelle le "Concile de Jérusalem", qui affronta la question de savoir si l'on devait imposer l'observance de la loi mosaïque aux païens devenus chrétiens. Le texte, passant sur la discussion entre "les apôtres et les anciens" (vv. 4-21), rapporte la décision finale qui est mise par écrit dans une lettre et confiée à deux délégués, afin qu'ils la portent à la communauté d'Antioche (vv. 22-29). Cette page des Actes est tout à fait appropriée pour nous, qui sommes nous aussi rassemblés ici pour une réunion ecclésiale. Elle nous rappelle le sens de discernement communautaire autour des grandes problématiques que l'Eglise rencontre le long de son chemin et qui sont éclaircies par les "apôtres" et par les "anciens" à la lumière de l'Esprit Saint qui, comme le dit l'Evangile d'aujourd'hui, rappelle l'enseignement de Jésus Christ (cf. Jn 14, 26) et aide ainsi la communauté chrétienne à cheminer dans la charité vers la pleine vérité (cf. Jn 16, 13). Les chefs de l'Eglise discutent et se confrontent, mais toujours avec une attitude d'écoute religieuse de la Parole du Christ, dans l'Esprit Saint. C'est pourquoi ils peuvent à la fin affirmer : "L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé..." (Ac 15, 28).
Telle est la "méthode" avec laquelle nous travaillons dans l'Eglise, dans les petites comme dans les grandes assemblées. Ce n'est pas seulement une question de procédure, c'est le reflet de la nature même de l'Eglise, mystère de communion avec le Christ dans l'Esprit Saint (…).

"Il a paru bon à l'Esprit Saint et à nous"
. Telle est l'Eglise : nous, la communauté des croyants, le Peuple de Dieu, avec ses Pasteurs appelés à en guider le chemin ; avec l'Esprit Saint, Esprit du Père envoyé au nom du Fils Jésus, Esprit de Celui qui est "plus grand" que tous et qui nous est donné par l'intermédiaire du Christ, qui s'est fait "petit" pour nous. Esprit Paraclet, Ad-vocatus, Défenseur et Consolateur. Il nous fait vivre en présence de Dieu, dans l'écoute de sa Parole, libérés du trouble et de la crainte, en ayant dans le cœur la paix que Jésus nous a laissée et que le monde ne peut donner (cf. Jn 14, 26-27). L'Esprit accompagne l'Eglise sur le long chemin qui s'étend entre la première et la seconde venue du Christ : "Je m'en vais et je reviendrai vers vous" (Jn 14, 28), dit Jésus aux Apôtres. Entre l'"aller" et le "retour" du Christ, il y a son Corps ; il y a deux mille ans qui se sont déjà écoulés ; il y a également ces plus de cinq siècles au cours desquels l'Eglise est allée en pèlerinage dans les Amériques, en diffusant parmi les croyants la vie du Christ à travers les Sacrements et en semant dans ces terres la bonne semence de l'Evangile, qui a parfois rendu trente, parfois soixante et parfois cent pour un. Temps de l'Eglise, Temps de l'Esprit : c'est Lui le Maître qui forme les disciples ; il leur fait aimer Jésus ; il les éduque à l'écoute de sa Parole, à la contemplation de son Visage ; il les conforme à son Humanité bienheureuse, pauvre en esprit, affligée, douce, affamée de justice, miséricordieuse, au cœur pur, artisan de paix, persécutée pour la justice (cf. Mt 5, 3-10). Ainsi, grâce à l'action de l'Esprit Saint, Jésus devient le "Chemin" sur lequel le disciple s'achemine. "Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole", dit Jésus au début du passage évangélique d'aujourd'hui. "La parole que vous entendez n'est pas de moi mais du Père qui m'a envoyé" (Jn 14, 23-24). Comme Jésus transmet la parole du Père, de même, l'Esprit Saint rappelle à l'Eglise les paroles du Christ (cf. Jn 14, 26). Et comme l'amour pour le Père conduisait Jésus à se nourrir de sa volonté, de même, notre amour pour Jésus se démontre dans l'obéissance à ses paroles. La fidélité de Jésus à la volonté du Père peut se communiquer aux disciples grâce à l'Esprit Saint, qui déverse l'amour dans leurs cœurs (cf. Rm 5, 5).

Le Nouveau Testament nous présente le Christ comme le missionnaire du Père. Dans l'Evangile de Jean en particulier, Jésus parle très souvent de lui-même en relation au Père, qui l'a envoyé dans le monde.
Ainsi, dans le texte d'aujourd'hui également, Jésus dit : "La parole que vous entendez n'est pas de moi, mais du Père qui m'a envoyé" (Jn 14, 24). En ce moment, chers amis, nous sommes invités à fixer le regard sur Lui, parce que la mission de l'Eglise ne subsiste que comme le prolongement de celle du Christ : "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20, 21). Et l'évangéliste souligne, également par un geste, que ce passage de consignes a lieu dans l'Esprit Saint : "Il souffla sur eux et leur dit : "Recevez l'Esprit Saint..."" (Jn 20, 22). La mission du Christ s'est accomplie dans l'amour. Il a allumé dans le monde le feu de la charité de Dieu (cf. Lc 12, 49). C'est l'Amour qui donne la vie : c'est pourquoi l'Eglise est envoyée pour répandre dans le monde la charité du Christ, pour que les hommes et les peuples "aient la vie et qu'ils l'aient surabondante" (Jn 10, 10). A vous aussi, qui représentez l'Eglise qui est en Amérique latine, j'ai la joie de remettre aujourd'hui idéalement mon Encyclique Deus caritas est, par laquelle j'ai voulu indiquer à tous ce qui est essentiel dans le message chrétien. L'Eglise se sent disciple et missionnaire de cet Amour : missionnaire uniquement en tant que disciple, c'est-à-dire capable de se laisser toujours attirer avec un émerveillement renouvelé par Dieu qui nous a aimés et nous aime le premier (cf. 1 Jn 4, 10). L'Eglise ne fait pas de prosélytisme. Elle se développe plutôt par "attraction" : comme le Christ "attire chacun à lui" par la force de son amour, qui a culminé dans le sacrifice de la Croix, de même, l'Eglise accomplit sa mission dans la mesure où, associée au Christ, elle accomplit chacune de ses œuvres en conformité spirituelle et concrète avec la charité de son Seigneur.

Chers frères! Voici le trésor inestimable dont le continent latino-américain est riche, voici son patrimoine le plus précieux : la foi dans le Dieu Amour qui, en Jésus Christ, a révélé son visage. Vous croyez dans le Dieu Amour : telle est votre force, qui vainc le monde, la joie que rien ni personne ne pourra vous enlever, la paix que le Christ a conquise pour vous avec sa Croix! C'est la foi qui a fait de l'Amérique le "Continent de l'Espérance". Ce n'est pas une idéologie politique, ce n'est pas un mouvement social, ce n'est pas un système économique; c'est la foi dans le Dieu Amour, incarné, mort et ressuscité en Jésus Christ, l'authentique fondement de cette espérance qui a porté tant de fruits magnifiques, depuis l'époque de la première évangélisation jusqu'à aujourd'hui, comme l'atteste le grand nombre de saints et de bienheureux que l'Esprit a suscités partout sur le continent. Le Pape Jean-Paul II vous a appelés à une nouvelle évangélisation, et vous avez accueilli son mandat avec la générosité et l'engagement qui vous caractérisent. Je vous le confirme et, en reprenant les paroles de cette Cinquième Conférence, je vous dis : soyez de fidèles disciples, afin d'être des missionnaires courageux et efficaces.



Lire le texte intégral de l'homélie du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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