Extrait de la rencontre du Pape Benoît XVI avec plus de 40.000 jeunes rassemblés Stade municipal de Pacaembu à Sao Paulo (Brésil) sous le thème « Jeunes, disciples et missionnaires de Jésus-Christ », le 10 mai 2007.
Très souvent, j'entends trembler nos cœurs de pasteurs, lorsque nous constatons la situation de notre époque. Nous entendons parler des peurs de la jeunesse d'aujourd'hui. Elles nous révèlent un énorme manque d'espérance : la peur de mourir, au moment où la vie est en train d'éclore et tente de trouver la voie de sa réalisation ; la peur d'échouer, pour ne pas avoir découvert le sens de la vie ; et la peur de rester à l'écart, face à la rapidité déconcertante des événements et des communications. Nous constatons le pourcentage élevé de morts parmi les jeunes, la menace de la violence, la prolifération déplorable des drogues qui bouleverse jusqu'à sa racine la plus profonde la jeunesse d'aujourd'hui. C'est donc pour cette raison que l'on parle de jeunesse égarée.
Mais alors que je vous regarde, jeunes ici présents, qui rayonnez de joie et d'enthousiasme, je revêts le regard de Jésus : un regard d'amour et de confiance, dans la certitude que vous avez trouvé la voie véritable. Vous êtes les jeunes de l'Eglise. Je vous envoie donc vers la grande mission d'évangéliser les jeunes garçons et les filles qui errent dans ce monde, comme des brebis sans pasteur. Soyez les apôtres des jeunes. Invitez-les à marcher avec vous, à faire la même expérience de foi, d'espérance et d'amour ; à rencontrer Jésus pour se sentir réellement aimés, accueillis, avec la pleine possibilité de se réaliser. Qu'eux aussi découvrent les voies sûres des Commandements et qu'en les parcourant, ils arrivent à Dieu.
Vous pouvez être les protagonistes d'une société nouvelle, si vous cherchez à mettre en pratique une conduite concrète inspirée par les valeurs morales universelles, mais aussi un engagement personnel de formation humaine et spirituelle d'importance vitale. Un homme ou une femme qui ne serait pas préparé aux défis réels que présente une interprétation correcte de la vie chrétienne de son propre milieu serait une proie facile pour tous les assauts du matérialisme et du laïcisme, toujours plus actifs à tous les niveaux.
Soyez des hommes et des femmes libres et responsables ; faites de la famille un centre rayonnant de paix et de joie ; soyez des promoteurs de la vie, de son commencement à son déclin naturel ; protégez les personnes âgées, car elles méritent le respect et l'admiration pour le bien qu'elles vous ont fait. Le Pape s'attend également à ce que les jeunes cherchent à sanctifier leur travail, en l'accomplissant avec compétence technique et avec diligence, pour contribuer au progrès de tous leurs frères et pour illuminer avec la lumière du Verbe toutes les activités humaines (cf. Lumen gentium, n. 36). Mais, surtout, le Pape souhaite qu'ils sachent être les protagonistes d'une société plus juste et plus fraternelle, en remplissant leurs devoirs à l'égard de l'Etat : en respectant ses lois ; en ne se laissant pas emporter par la haine et par la violence ; en tentant d'être des exemples de conduite chrétienne dans leur milieu professionnel et social, en se distinguant par l'honnêteté dans les rapports sociaux et professionnels. Qu'ils se souviennent que l'ambition démesurée de richesse et de pouvoir conduit à la corruption de soi et des autres ; il n'y a pas de raisons valables qui justifient la tentative de faire prévaloir ses propres aspirations humaines, qu'elles soient économiques ou politiques, à travers la fraude et la tromperie.
Il existe, en dernière analyse, un immense horizon d'action dans lequel les questions d'ordre social, économique et politique acquièrent une importance particulière, à condition que leur source d'inspiration soit l'Evangile et la Doctrine sociale de l'Eglise. La construction d'une société plus juste et solidaire, réconciliée et pacifique ; l'engagement à freiner la violence ; les initiatives de promotion d'une vie vécue en plénitude, de l'ordre démocratique et du bien commun, en particulier celles qui visent à éliminer certaines discriminations existant dans les sociétés latino-américaines et qui ne doivent pas êtres des causes d'exclusion, mais plutôt d'enrichissement réciproque.
Ayez surtout un grand respect pour l'institution du Sacrement du Mariage. Il ne pourra pas y avoir de bonheur véritable dans les foyers si, dans le même temps, il n'y a pas de fidélité entre les époux. Le mariage est une institution de droit naturel, qui a été élevée par le Christ à la dignité de Sacrement ; c'est un grand don que Dieu a fait à l'humanité. Respectez-le, vénérez-le. Dans le même temps, Dieu vous appelle à vous respecter les uns les autres également lorsque vous tombez amoureux et vous vous fiancez, car la vie conjugale, qui par disposition divine est réservée aux couples mariés, sera une source de bonheur et de paix uniquement dans la mesure où vous saurez faire de la chasteté, en dehors et à l'intérieur du mariage, un rempart de vos espérances futures. Je vous répète ici à tous que "l'eros veut nous élever [...] vers le Divin, nous conduire au-delà de nous-mêmes, mais c'est précisément pourquoi est requis un chemin de montée, de renoncements, de purifications et de guérisons" (Lettre encyclique Deus caritas est [25 décembre 2005], n. 5). En peu de mots, il requiert un esprit de sacrifice et de renoncement pour un bien plus grand, qui est précisément l'amour de Dieu sur toutes les choses. Essayez de résister avec force aux pièges du mal existant dans de nombreux milieux, qui vous pousse à une vie dissolue, paradoxalement vide, en vous faisant égarer le don précieux de votre liberté et de votre vrai bonheur. Le véritable amour "cherchera toujours plus le bonheur de l'autre, il se préoccupera toujours plus de l'autre, il se donnera et il désirera "être pour" l'autre" (ibid., n. 7) et, pour cette raison, sera toujours plus fidèle, indissoluble et fécond.
Comptez dans ce but sur l'aide de Jésus Christ qui, par sa grâce, rendra cela possible (cf. Mt 19, 26). La vie de foi et de prière vous conduira sur les voies de l'intimité avec Dieu et de la compréhension de la grandeur des projets qu'il a pour chaque personne. "A cause du Royaume des Cieux" (ibid., v. 12), certains sont appelés à un don total et définitif, pour se consacrer à Dieu dans la vie religieuse, "grand don de la grâce", comme cela a été déclaré par le Concile Vatican II (cf. Décret Perfectae caritatis, n. 12). (…) Je souhaite qu'en ce moment de grâce et de profonde communion dans le Christ, l'Esprit Saint réveille dans le cœur de tant de jeunes un amour passionné, en suivant et en imitant Jésus Christ chaste, pauvre et obéissant, totalement tourné vers la gloire du Père et vers l'amour de nos frères et de nos sœurs.
L'Evangile nous assure que ce jeune qui courut à la rencontre de Jésus était très riche. Nous entendons cette richesse pas seulement sur le plan matériel. La jeunesse elle-même est une richesse singulière. Il faut la découvrir et la mettre en valeur. Jésus l'a tellement appréciée qu'il finit par inviter ce jeune à participer à sa mission de salut. Il avait en lui-même toutes les qualités requises pour une grande réalisation et une grande œuvre.
(…) La jeunesse se présente comme une richesse parce qu'elle conduit à la redécouverte de la vie comme don et comme devoir. Le jeune de l'Evangile comprit la richesse de sa propre jeunesse. Il alla auprès de Jésus, le Maître bon, pour chercher une orientation. A l'heure du grand choix, toutefois, il n'eut pas le courage de tout miser sur Jésus Christ. Par conséquent, il s'en alla triste et abattu. C'est ce qu'il arrive à chaque fois que nos décisions vacillent et deviennent mesquines et intéressées. Il comprit qu'il lui manquait la générosité, et cela ne lui permit pas une pleine réalisation. Il se replia sur sa richesse, en la faisant devenir égoïste.
Jésus regretta la tristesse et la mesquinerie du jeune qui était venu le chercher. Les Apôtres, comme vous tous et vous toutes aujourd'hui, remplirent le vide laissé par ce jeune qui s'en était allé triste et abattu. Eux et nous sommes heureux, parce que nous savons à qui nous croyons (cf. 2 Tm 1, 12). Nous savons et nous témoignons à travers notre vie que Lui seul a les paroles de vie éternelle (cf. Jn 6, 68). C'est pourquoi, avec saint Paul, nous pouvons nous exclamer : Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur! (cf. Ph 4, 4).
L'appel que je vous adresse aujourd'hui, jeunes qui êtes venus à cette rencontre, est de ne pas gaspiller votre jeunesse. Ne cherchez pas à la fuir. Vivez-la intensément. Consacrez-la aux grands idéaux de la foi et de la solidarité humaine.
Vous, les jeunes, vous n'êtes pas seulement l'avenir de l'Eglise et de l'humanité, comme s'il s'agissait d'une sorte de fuite du présent. Au contraire : vous êtes le présent jeune de l'Eglise et de l'humanité. Vous êtes son visage jeune. L'Eglise a besoin de vous en tant que jeunes, pour manifester au monde le visage de Jésus Christ, qui se dessine dans la communauté chrétienne.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI