22 février 2006 3 22 /02 /février /2006 20:53

[Nous poursuivons notre commentaire de l’Encyclique Deus Caritas Est. Aujourd’hui, le paragraphe n°6]

6. Comment devons-nous nous représenter concrètement ce chemin de montée et de purification ? Comment doit être vécu l’amour, pour que se réalise pleinement sa promesse humaine et divine ?

Nous pouvons trouver une première indication importante dans le Cantique des Cantiques, un des livres de l’Ancien Testament bien connu des mystiques. Selon l’interprétation qui prévaut aujourd’hui, les poèmes contenus dans ce livre sont à l’origine des chants d’amour, peut-être prévus pour une fête de noces juives où ils devaient exalter l’amour conjugal.

Dans ce contexte, le fait que l’on trouve, dans ce livre, deux mots différents pour parler de l'«amour» est très instructif.

Nous avons tout d’abord le mot «dodim», un pluriel qui exprime l’amour encore incertain, dans une situation de recherche indéterminée. Ce mot est ensuite remplacé par le mot «ahabà» qui, dans la traduction grecque de l’Ancien Testament, est rendu par le mot de même consonance «agapè», lequel, comme nous l’avons vu, devint l’expression caractéristique de la conception biblique de l’amour.

En opposition à l’amour indéterminé et encore en recherche, ce terme exprime l’expérience de l’amour, qui devient alors une véritable découverte de l’autre, dépassant donc le caractère égoïste qui dominait clairement auparavant.

L’amour devient maintenant soin de l’autre et pour l’autre. Il ne se cherche plus lui-même – l’immersion dans l’ivresse du bonheur – il cherche au contraire le bien de l’être aimé : il devient renoncement, il est prêt au sacrifice, il le recherche même.

Cela fait partie des développements de l'amour vers des degrés plus élevés, vers ses purifications profondes, de l'amour qui cherche maintenant son caractère définitif, et cela en un double sens : dans le sens d’un caractère exclusif – «cette personne seulement» – et dans le sens d’un «pour toujours». L’amour comprend la totalité de l’existence dans toutes ses dimensions, y compris celle du temps. Il ne pourrait en être autrement, puisque sa promesse vise à faire du définitif : l’amour vise à l’éternité.

Oui, l’amour est «extase», mais extase non pas dans le sens d’un moment d’ivresse, mais extase comme chemin, comme exode permanent allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi, et précisément ainsi vers la découverte de soi-même, plus encore vers la découverte de Dieu : «Qui cherchera à conserver sa vie la perdra. Et qui la perdra la sauvegardera» (Lc 17, 33), dit Jésus – une de ses affirmations qu’on retrouve dans les Évangiles avec plusieurs variantes (cf. Mt 10, 39; 16, 25; Mc 8, 35; Lc 9, 24; Jn 12, 25).

Jésus décrit ainsi son chemin personnel, qui le conduit par la croix jusqu’à la résurrection ; c’est le chemin du grain de blé tombé en terre qui meurt et qui porte ainsi beaucoup de fruit. Mais il décrit aussi par ces paroles l’essence de l’amour et de l’existence humaine en général, partant du centre de son sacrifice personnel et de l’amour qui parvient en lui à son accomplissement.

[Ce passage magnifique du Pape Benoît XVI nous invite à contempler l’amour en sa dimension la plus haute, celle qui vise à l’absolu (« une seule personne ») et à l’éternité (« pour toujours »), cette amour que la Bible traduit par le mot grec agapè.

Si l’amour « Philia » figure sous formes d'adjectifs, de noms et de verbes une cinquantaine de fois dans le Nouveau Testament, l’expression « Agapé » apparaît quant-à-elle plus de trois cents fois ! Ceci nous indique au départ l’agapé est le terme consacré par le Saint-Esprit et les auteurs du Nouveau Testament pour décrire l'amour de Dieu.

Nous reprenons l’admirable étude de Bernard Guy, pasteur protestant, au sujet de l’Amour d’Agape cette fois. Sur l’amour Philia, se reporter à notre article "Eros, Philia et Agapè" du 10 février 2006.

Agapé : un attachement volontaire - Je décide d'aller vers l'autre pour répondre à ses besoins. Je prends la résolution de lui faire du bien, que mes sentiments m'y incitent ou non. Il se peut que je n'éprouve rien de bon pour telle personne, mais cela n'affecte en rien l'amour agapé. Cet amour ne dépend pas du coeur, mais de la volonté. Tu aimes d'un amour agapé lorsque tu décides d'établir une relation avec quelqu'un pour lui faire du bien. Il se peut que la personne dont tu vois les besoins soit la dernière dont tu aimerais prendre soin. Il se peut que ses manières t'agacent, que son comportement t'irrite, mais cela n'a pas d'importance (…).

Agapé : un amour qui peut être commandé - L'agapé est un amour qui peut être commandé. Il est commandé formellement plus de vingt-cinq fois dans le Nouveau Testament. Vingt-cinq fois, Dieu dit : Aime ton prochain ; aime ton frère. L'amour agapé est un amour qui peut être commandé parce qu'il n'engage pas les sentiments. Dieu ne peut pas exiger que tu aies des sentiments de tendresse pour une personne en particulier, mais il peut exiger de toi que tu décides, sans tenir compte de tes sentiments, de combler ses différents besoins.

Agapé : un amour constant - L'ordre que le Seigneur nous donne d'aimer est pour aujourd'hui, demain et pour l'éternité. Il ne s'agit pas d'aimer une fois par semaine ou de temps en temps quand les besoins des autres nous émeuvent. Mais il s'agit de répondre aux besoins des autres jour après jour. Il se peut que je me lève un certain matin du mauvais pied et que je sois d'humeur maussade, mais ce n'est pas une raison pour négliger les besoins des autres. L'amour agapé ne dépend pas de mon humeur, mais de ma décision quotidiennement renouvelée de travailler au bonheur de ceux qui m'entourent. L'agapé est un amour constant. Ce n'est pas parce que mes enfants m'écorchent les oreilles un certain après-midi que je les prive de souper ou de l'affection dont ils ont besoin. Alors que je deviens de plus en plus irrité à cause de leur turbulence, je réclame la force du Seigneur et renouvelle ma décision de les aimer.

Agapé: un amour altruiste - L'amour agapé est un amour altruiste. C'est un amour qui ne cherche pas son plaisir, mais qui a pour devise de mettre ses intérêts volontairement de côté pour le bien des autres. Dieu n'a pas aimé le monde, selon Jean 3.16, en ce sens qu'il a éprouvé une grande sympathie pour nous (…). Dieu a aimé le monde en ce sens qu'il a (…) envoyé son Fils bien-aimé pour nous faire du bien (…).

Agapé : un amour universel - Le Seigneur nous commande d'aimer les autres sans distinction. Il n'est pas question de faire du bien à quelques-uns que nous aurions soigneusement sélectionnés selon nos préférences et de mettre les autres de côté. Le Seigneur nous invite à aimer tout le monde et particulièrement ceux qu'il place sur notre route. Dieu nous commande d'aimer nos frères, le prochain et même nos ennemis. L'amour agapé est le seul amour que nous pouvons avoir pour des ennemis. Nous ne pouvons pas éprouver de sentiments favorables pour un ennemi, mais nous pouvons venir à son secours et lui faire du bien (…).

Agapé: un amour d'inspiration divine - L'agapé est une facette du fruit de l'Esprit (Gal 5.22). Nous ne pouvons pas pleinement le vivre sans être en communion intime avec Dieu et sans être résolument déterminés à le vivre. C'est par l'amour agapé que nous avons les uns pour les autres que les non-croyants sauront que Dieu a sa place au milieu de nous (Jean 13.34, 35). »

Source : http://www.formationbiblique.com/amour.html

Auteur : http://www.formationbiblique.com/bernardguy.html]

Partager cet article
Repost0
Publié par Matthieu BOUCART -
commenter cet article

commentaires

Présentation

  • : Totus Tuus
  • : A Jésus par Marie - Un site catholique pour apprendre à connaître et aimer Dieu de tout son coeur et de toute son intelligence.
  • La Lumière du Monde
  • Contact

Cher ami lecteur, tu es le e visiteur. La Paix soit avec toi. 

Ecouter un enseignement sur la foi catholique

Vous rendre sur le blog ami dédié à Claude Tresmontant

Visiteurs actuels