Beaucoup d'hommes souhaitent la prière continuelle, mais ne soupçonnent pas à quel point celle-ci n'est possible qu'à partir d'une profonde conversion du coeur.
Quand l'Esprit Saint veut faire le don de la prière continuelle à un homme, il ne commence pas par illuminer son intelligence, ni par lui donner des sentiments et des émotions dans son affectivité, et encore moins des qualités morales exceptionnelles ; mais il commence par lui briser le coeur, de telle sorte que la première lueur que nous avons sur lui est une prise de conscience de notre condition de pécheur face à sa sainteté.
Répéter à longueur de journée : "Jésus, prends pitié de moi, pécheur", ou "Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs", produit son effet dans notre coeur, et on comprend alors expérimentalement ce que c'est que d'être pécheur.
La prière de Jésus comme le chapelet constitue un chemin de conversion et d'appauvrissement qui mène au coeur brisé et à l'enfance spirituelle.
Paradoxalement, la prière de Jésus, avant de nous faire découvrir la douceur de l'amitié du Christ, va d'abord transpercer notre coeur et nous en faire découvrir la dureté. Exactement comme la récitation prolongée du chapelet nous réduit à notre plus simple expression, et nous fait atteindre le fond de notre pauvreté.
(Extrait de "Le chapelet, un chemin vers la prière incessante", de Jean Lafrance, Mediaspaul, 1997, pages 45 à 47)