Extrait du discours du Pape Benoît XVI prononcé le 13 septembre 2006 à l’occasion de la Bénédiction de l’orgue de la Alte Kapelle de la basilique de Ratisbonne.
Dans la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium), il est souligné que "le chant sacré, uni aux paroles, fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle" (n. 112). Cela signifie que la musique et le chant sont plus qu'un embellissement (peut-être même superflu) du culte ; en effet, ils font partie du déroulement de la Liturgie, et ils sont eux-mêmes Liturgie. Une musique sacrée solennelle, avec choeur, orgue, orchestre et chant du peuple, n'est donc pas un surplus qui accompagne et agrémente la liturgie, mais une façon importante de participer de façon active à l'événement cultuel.
L'orgue est considéré depuis toujours et à juste titre comme le roi des instruments musicaux, car il reprend tous les sons de la Création et – comme on l'a dit il y a peu – il fait résonner la plénitude des sentiments humains, de la joie à la tristesse, de la louange aux pleurs. En outre, en transcendant comme toute musique de qualité la sphère simplement humaine, il renvoie au divin. La grande variété des timbres de l'orgue, du piano jusqu'à l'impétueux fortissimo, en fait un instrument supérieur à tous les autres. Il est en mesure de faire résonner tous les domaines de l'existence humaine. Les multiples possibilités de l'orgue nous rappellent d'une certaine façon l'immensité et la magnificence de Dieu.
Dans le psaume 150, que nous venons d'entendre et de prier intérieurement, les cors et les flûtes, les harpes et les cithares, les cymbales et les tambours, sont désignés comme ces instruments qui doivent contribuer à la louange du Dieu trinitaire. Dans un orgue, les multiples tuyaux et registres doivent former une unité. Que ça coince à un endroit ou à un autre, qu'un tuyau soit désaccordé, ce n'est peut-être perceptible qu'à une oreille exercée. Que plusieurs tuyaux ne soient plus correctement accordés, il se produit une disharmonie, et cela devient insupportable. Les tuyaux de cet orgue sont en outre exposés aux oscillations de la température et aux influences qui les fatiguent. Il y a là une image pour notre communauté ecclésiale. De même que dans l'orgue, une main compétente doit toujours de nouveau accorder les disharmonies avec le son juste, de même dans l'Église nous devons toujours de nouveau trouver, dans la variété des dons et des charismes, grâce à la communauté de foi, l'accord dans la louange de Dieu et l'amour fraternel. Plus nous laissons la liturgie nous transformer en Christ, plus nous deviendrons capables aussi de transformer le monde, dans la mesure où nous répandons la bonté, la miséricorde et la bienveillance du Christ pour les hommes.
A travers leur musique, les grands compositeurs voulaient, chacun à sa façon, glorifier Dieu. Jean-Sébastien Bach, sur le titre d'un grand nombre de ses partitions, a écrit les lettres S.D.G.: Soli Deo Gloria – uniquement à la gloire de Dieu. Anton Bruckner plaçait également au début les paroles : "Dédié au Bon Dieu". Que tous les visiteurs de cette magnifique Basilique, à travers la grandeur de l'édifice et à travers la liturgie enrichie par l'harmonie du nouvel orgue et par le chant solennel, soient guidés vers la joie de la foi! Tel est mon voeu en ce jour de l'inauguration de ce nouvel orgue.
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