14 décembre 2007 5 14 /12 /décembre /2007 00:00

De l’Evangile aussi, on peut faire diverses lectures et on peut tirer toutes les hérésies. La lecture de l’Eglise catholique n’est qu’une des lectures possibles. La seule garantie que c’est la vraie lecture conforme à l’intention du Christ, aujourd’hui comme hier, c’est l’inspiration de l’Esprit Saint vivant dans l’Eglise.

Robert Caspar,
« Pour un regard chrétien sur l’islam », Bayard 2006

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Publié par Matthieu BOUCART -
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E
Matthieu : Oui, mais qu'est-ce que l'amour? Il y a plusieurs conceptions de l'amour. (…) Car il existe dans le christianisme une certaine idée de l'amour. Et cette idée de l'Amour s'enracine dans la Vérité de la Création, et donc dans la Vérité du dessein de Dieu sur l'humanité. Donc, pour reprendre ton idée, je dirais plutôt que le message central de Jésus est la Vérité de l'Amour qui est en Dieu, qui est Dieu. Jésus ne nous demande pas seulement de nous aimer les uns les autres. Il nous demande de nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimé. (…)e-x-o-d-e : Je suis totalement d’accord avec toi sur l’enracinement de l’amour vrai dans le Dessein de Dieu. Jésus ne nous appelle pas simplement à nous aimer, il nous enseigne, par sa vie, ce qu’est l’amour dans le Projet créateur. Il y a donc bien, comme tu le soulignes une certaine idée de l’amour. Mais l’amour effectif, accompli, est au-delà de l’idée que l’on s’en fait ou des formulations que l’on utilise pour l’évoquer. Pour parler simplement, je dirais que la « chose » est plus importante que les mots qui la désignent ou les idées qui tentent de la décrire.Je prends un exemple concret : Un Chrétien qui se réclame de l’amour évangélique mais ne le met pas en œuvre, par exemple en refusant de pardonner, en jugeant son prochain… est moins proche de Jésus qu’un Juif qui refuse la messianité de Jésus mais s’efforce de mettre en pratique au quotidien le commandement du lévitique « Tu aimera ton prochain comme toi-même » (chap.19), qui pratique le pardon et le non-jugement. Ce ne sont pas les idées, les formules ou les appartenances qui sont décisives en derniers recours mais bien les faits. C’est ce que je veux dire en disant « l’amour est au dessus des idées, l’amour est en lui-même un relativisme des idées ».Ma conviction est qu’il faut donc revenir au projet initial de Jésus, lequel n’avait pas pour démarche de créer un nouveau système religieux mais, au contraire, de dépasser tout système religieux pour permettre l’avènement du Royaume de Dieu fondé sur l’amour, le pardon, le partage et la fraternité vécus (cf. Mat. Chap. 5 à 7).Il est donc nécessaire de « désidéologiser » et « désendoctriner » notre lecture de l’évangile. Il est également nécessaire de revenir à un peu plus d’humilité concernant la Vérité, car Dieu seul est Vérité en plénitude et personne ne possède Dieu. Nos croyances ne sont que des approches limitées et imparfaites de Dieu. Il faut renoncer à toute prétention de détenir la Vérité sur Dieu. Dieu échappe à nos systèmes humains, à tous ces tiroirs ou nous essayons de l’enfermer, à toutes ses formules dogmatiques où nous essayons de le définir selon nos concepts culturels. Nous ne comprenons pas Dieu par une doctrine mais en vivant de Sa Vie. Vivre de la Vie de Dieu est au-delà de toutes étiquettes religieuses et confessionnelles car c'est bien davantage une question d'existence que de croyance.Matthieu : "Jésus ne faisait pas de la théologie" : vraiment? Il me semble moi au contraire que l'Evangile met souvent en scène Jésus aux prises avec des Pharisiens ou des Sadducéens dans des controverses portant sur des questions de foi.e-x-o-d-e : Je veux dire que Jésus ne faisait pas de théologie et n’enseignait pas une doctrine à la manière des docteurs. Jésus parlait de façon prophétique, vivante et populaire, pour transmettre la vie spirituelle au peuple, pas pour élaborer un système conceptuel ou pour le plaisir intellectuel de la polémique doctrinale. Ne sens tu pas la différence entre le docteur et le prophète ?Matthieu : (…) Néanmoins, l'Eglise-communauté unie au ministère de Pierre est assurée, elle, en permanence, de l'assistance de l'Esprit Saint, selon la Parole même du Seigneur qui ose ainsi affirmer que "les portes de l'enfer ne l'emporteront pas sur elle" (Mt 16. 18)!e-x-o-d-e : L’Eglise-communauté est l’Assemblée de tous les disciples de Jésus sans discrimination ni exclusivisme. Tu semble te référer aux fameux versets de Matthieu 16,17-18 pour justifier la prédominance de l’Eglise Catholique romaine : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ».Je n’ai jamais compris comment on pouvait affirmer la prédominance de l’Eglise romaine, justifier sa hiérarchie et l’autorité infaillible du Pape, à partir de ces versets.D’une part, Jésus s’adresse à Pierre et ne dit pas que ce dernier aura des successeurs officiels sous la forme de la papauté, que ces successeurs hériteront de son autorité personnelle.Lisons ce qui est réellement écrit, non ce que les lunettes doctrinales nous imposent de lire ! Pour moi, ces versets ne peuvent justifier à eux seuls l’autorité et la structure de l’église romaine. Les premiers Chrétiens n’ont pas déduit de ces versets l’institution ecclésiastique, la papauté et l’autorité absolue de l’Eglise romaine. La formation de l’institution ecclésiastique a été progressive et n’a pas été similaire chez l’ensemble des chrétiens. La prédominance de l’Evêque de Rome a été également progressive et a rencontré de nombreuses résistances dés l’origine. Enfin, l’autorité de l’Eglise de Rome a été le fruit de la politique (Rome étant la capitale de l’Empire romain…) davantage qu’un consensus spirituel des Chrétiens.Durant les premiers siècles, il n’y a pas trace d’un primat de droit de l’église de Rome. L’église de Rome a une certaine autorité morale et spirituelle du fait de son origine apostolique, mais ne peut rien imposer en terme de « gouvernance » de l’Assemblée universelle des baptisés. D’ailleurs, à part leur nom, nous ignorons à peu prêt tout des premiers évêques de Rome des deux premiers siècles. Au regard des rares documents historiques certifiés, ces évêques romains n’avaient aucune prétention à imposer un quelconque pouvoir à l’ensemble du monde chrétien. La première date sûre d’une papauté réellement naissante sous forme d’un pouvoir à visée large correspond à l’avènement du pape Urbain 1er en 222. On ne trouve aucune trace durant les deux premiers siècles d’une justification de la papauté par le verset de Matthieu. La seule citation connue est une citation de Tertullien et il n’applique pas ce verset à l’Eglise romaine mais au seul apôtre Pierre…C’est seulement à partir du troisième siècle que des évêques de Rome vont commencer à utiliser ce verset de l’évangile de Matthieu pour justifier leur pouvoir. Mais ce n’est qu’après le virage constantinien (avec les évêques Damase et Léon) que ce verset sera utilisé de façon systématique pour justifier la prétention romaine à la direction et à l’autorité. Les églises d’Orient n’accepteront jamais cette instrumentalisation du verset de Matthieu et toute l’exégèse orientale jusqu’au 8ème siècle ne verra dans ces verset que la confession personnelle de Pierre et l’autorité personnelle donnée à ce dernier par Jésus. Les pères d’orient font d’ailleurs remarquer, à juste titre, que le pouvoir de « délier et lier » n’est pas une prérogative du seul Pierre puisqu’il est donné aux autres apôtres en Matthieu 18,18 !Ceci dit, je ne suis pas du tout anti-catholique. J’aime tous mes frères chrétiens (je fréquente un groupe de prière du Renouveau catho avec une grande joie spirituelle). Je considère simplement qu’aucune église chrétienne ne doit se prévaloir d’une suprématie quelconque. Je suis favorable à un oecuménisme totale et abouti, fraternel, sans calculs ni arrières pensées, ni complications théologiques inutiles, bref, un œcuménisme de l’amour.Matthieu : "On ne peut pas transiger sur la Parole de Dieu (laquelle n’est pas une doctrine), le reste est très relatif et relativisable… comme tout ce qui est humain". Mais là encore, même remarque que sur l'amour : que nous enseigne la Parole de Dieu? Des tas de doctrines sont élaborées sur la Parole de Dieu, y compris des doctrines favorables à la réincarnation, ou hostiles à la reconnaissance de la divinité de Jésus! Il faut donc bien trancher, car toutes les doctrines ne se valent pas : certaines sont justes (et doivent être encouragées comme autant d'entreprises humaines facilitant l'entrée dans le mystère révélé et dans l'intelligence de la foi). D'autres ne le sont pas et n'ont donc pas leur place dans l'Eglise.e-x-o-d-e : Oui, tu as raison, des tas de doctrines sont élaborées sur la Parole…parfois sans lien directe et clair avec cette Parole, souvent contradictoires entre-elles. Le mieux n’est-il pas de s’en tenir à cette Parole, avec la confiance et la simplicité des petits enfants ?Matthieu : "Ce qui pose problème : que l’on décrète qu’une option théologique est obligatoire et que ceux qui n’y adhèrent pas ne font plus parti de la communauté…" : ce qui poserait problème pour l'unité de la foi et l'intelligibilité de la Révélation, ce serait plutôt d'admettre toute position théologique comme valable, et toutes les interprétations de l'Ecriture comme d'égales valeurs. Fallait-il, selon toi, laisser Arius développer dans l'Eglise ses idées contre la divinité de Jésus ? Et si oui : crois-tu que cela aurait été sans dommage pour la vie de l'Eglise et son témoignage de foi au monde?e-x-o-d-e : Oui, je crois qu’il fallait laisser Arius développer ses opinions (l’exemple est un peu mal choisit car je ne suis pas trinitaire ;-) Mais je crois que les contradicteurs d’Arius avaient aussi pleinement le droit d’exprimer leur propre point de vue. Le problème n’est pas dans les divergences de compréhension, mais dans le fait de vouloir imposer une formulation unique et une sensibilité unique. Les divergences pourraient se vivre dans la paix, dans un esprit de complémentarité, sans rivalités ni hégémonies.Si l'on pense que la vérité tient dans une formule (une profession de foi, un credo, un dogme...), celle d’Arius ou de n’importe qui d’autre, il est logique de considérer que celui qui formule sa foi de façon différente est dans l'erreur.Pour ma part, je ne vois pas les choses de cette façon. Je crois que la vérité ne peut être cernée par une formule, une définition humaine... Comme je l’ai déjà dit au cours de notre échange, les formulations humaines ne peuvent qu'approcher la vérité de façon partielle, forcément réductrice, limitée, simplificatrice... A partir de là nous devons être très prudents dans nos affirmations... et accepter que la vérité puisse être formulée et ressentie de façon différente de la nôtre. Le vécu de foi est quelque chose d'unique et de personnel pour chacun d'entre nous.Les Chrétiens ont perdu beaucoup de temps et d'énergie à s'opposer sur des formules, à s'excommunier les uns les autres, voir pire...Lorsque Constantin a perçu que la foi chrétienne pouvait être un formidable facteur d'unité et de dynamisme pour ses projets politiques, il a instrumentalisé cette foi au profit de ses ambitions impériales, mais il lui fallait d'abord mettre de l'ordre et unifier la croyance chrétienne restée relativement libre et foisonnante jusque là. Il a donc provoqué le Concile de Nicée afin d'unifier idéologiquement les croyants de son empire et d'amorcer la structuration du clergé dans une optique autoritaire permettant le contrôle des âmes (car on ne peut efficacement contrôler les corps, si on ne contrôle pas les esprits et les âmes). Le clergé naissant a accepté le deal de l'empereur. Certains responsables de l'Eglise trouvaient dans l'ambition de Constantin un écho à leur propre ambition et une possibilité d’alliance mutuellement profitable, mais je crois surtout que les choses se sont faites avec le désir sincère de protéger et favoriser la foi chrétienne après trois siècles éprouvants et des décennies de persécutions effroyables (on peu comprendre...). Le malheur est que la foi chrétienne est alors devenue une religion d'empire avec tout ce que cela comporte de réflexes autoritaires et centralisateurs, et d'accointance avec la politique…Arius a perdu à Nicée, mais il aurait gagné, cela aurait été la même chose. C’est le principe dogmatique en soi qui est négatif, au-delà du contenu du dogme.Revenons avec humilité à la simplicité évangélique et mettons en pratique l’Enseignement de Jésus sans polémiquer sur des questions qui nous échappent en grande partie… Acceptons la diversité de nos sensibilités spirituelles et vivons les dans la complémentarité au service du bien commun !
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M
"Le message central de Jésus est l’amour. A partir de là, de mon point de vue, l’amour est aux dessus des idées, l’humain est au dessus des idées. L’amour est en lui-même un relativisme des idées."Oui, mais qu'est-ce que l'amour? Il y a plusieurs conceptions de l'amour. Hitler était sans doute animé d'un grand amour de la race humaine, puisqu'il voulait en préserver la pureté! Son "amour" était-il pour autant de l'amour? Il est difficile vois-tu de dire : il y a les idées, et puis il y a l'amour. Car il existe dans le christianisme une certaine idée de l'amour. Et cette idée de l'Amour s'enracine dans la Vérité de la Création, et donc dans la Vérité du dessein de Dieu sur l'humanité. Donc, pour reprendre ton idée, je dirais plutôt que le message central de Jésus est la Vérité de l'Amour qui est en Dieu, qui est Dieu. Jésus ne nous demande pas seulement de nous aimer les uns les autres. Il nous demande de nous aimer les uns les autres comme lui nous a aimé. Ce qui change les perspectives! En Jésus-Christ, "amour et vérité se rencontrent" (Ps 84.11). Non pas seulement l'amour : mais l'amour et la vérité. Cette vérité même qui est en Dieu et qui est Dieu."Jésus ne faisait pas de la théologie" : vraiment? Il me semble moi au contraire que l'Evangile met souvent en scène Jésus aux prises avec des Pharisiens ou des Sadducéens dans des controverses portant sur des questions de foi. Or, tu remarqueras que jamais Jésus ne se dérobe à ces questions. Et que toujours, il renvoie à la Vérité de la Création, à la Vérité du dessein d'amour de Dieu sur l'humanité. Un exemple entre mille : Mt 19. 2-12 (si ça, ça n'est pas de la théologie!)"nul ne peut-être « assuré » de l’assistance de l’Esprit en toutes circonstances ou de façon définitive (ce qui reviendrait à une sorte de tentative de maîtrise magique de l’Esprit de Dieu, à une approche païenne de la relation à Dieu). L’assistance de l’Esprit n’est jamais acquise !" Tu as raison Exode sur le plan individuel. Même le Pape de l'Eglise catholique ne se considère pas infaillible "en toutes circonstances ou de façon définitive"! Néanmoins, l'Eglise-communauté unie au ministère de Pierre est assurée, elle, en permanence, de l'assistance de l'Esprit Saint, selon la Parole même du Seigneur qui ose ainsi affirmer que "les portes de l'enfer ne l'emporteront pas sur elle" (Mt 16. 18)!"On ne peut pas transiger sur la Parole de Dieu (laquelle n’est pas une doctrine), le reste est très relatif et relativisable… comme tout ce qui est humain". Mais là encore, même remarque que sur l'amour : que nous enseigne la Parole de Dieu? Des tas de doctrines sont élaborées sur la Parole de Dieu, y compris des doctrines favorables à la réincarnation, ou hostiles à la reconnaissance de la divinité de Jésus! Il faut donc bien trancher, car toutes les doctrines ne se valent pas : certaines sont justes (et doivent être encouragées comme autant d'entreprises humaines facilitant l'entrée dans le mystère révélé et dans l'intelligence de la foi). D'autres ne le sont pas et n'ont donc pas leur place dans l'Eglise."Ce qui pose problème : que l’on décrète qu’une option théologique est obligatoire et que ceux qui n’y adhèrent pas ne font plus parti de la communauté…" : ce qui poserait problème pour l'unité de la foi et l'intelligibilité de la Révélation, ce serait plutôt d'admettre toute position théologique comme valable, et toutes les interprétations de l'Ecriture comme d'égales valeurs. Fallait-il, selon toi, laisser Arius développer dans l'Eglise ses idées contre la divinité de Jésus ? Et si oui : crois-tu que cela aurait été sans dommage pour la vie de l'Eglise et son témoignage de foi au monde?
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E
«  Pour un chrétien, "l'opposition" entre les hommes n'est pas un "problème" en soi. Elle n'implique aucun relativisme des idées. Ce n'est pas parce que les hommes s'opposent sur ce qui est vrai que la Vérité n'existe pas (on le voit bien en science) ». Le message central de Jésus est l’amour. A partir de là, de mon point de vue, l’amour est aux dessus des idées, l’humain est au dessus des idées. L’amour est en lui-même un relativisme des idées. Tant que les hommes considéreront que les idées sont au-dessus de l’amour fraternel, de la miséricorde, de la bonté, du pardon, de l’espérance active… tant que l’on sera prêt à sacrifier l’homme à la pureté des idées, des dogmes, des doctrines, des credo, des idéologies, des systèmes philosophiques, etc. l’humanité sera loin du Royaume. Le Royaume est un royaume de vie, pas une construction idéologique. Le christianisme n’est pas né dans le cerveau d’un homme mais dans le ventre d’une femme : Marie de Nazareth !   « L'exemple même de Notre Seigneur Jésus-Christ - qui est la Vérité en Personne - humilié par les hommes, bafoué, crucifié, montre simplement qu'il existe dans l'humanité une résistance coriace à la Vérité, qui est le fruit de notre péché (relire à cet égard ce que Jésus dit à Nicodème en Jn 3) ». Jésus est la Vérité parce qu’il a vécu la Vérité, il a incarné la Vérité. Jésus ne faisait pas de la théologie, il ne faisait pas dépendre le salut d’une idée, d’un concept, mais de l’amour vécu. Jésus faisait passer les idées au second plan. Au premier plan, il mettait Dieu et l’image de Dieu : l’homme !  « Que Dieu seul détienne la juste interprétation de sa parole, nul n'en doute. Mais le chrétien croit aussi que Dieu a répandu son Esprit de Vérité sur la communauté des disciples qui a reçu de Jésus-Christ le mandat d'aller enseigner les Nations. Or, comment les disciples pourraient-ils enseigner quoique ce soit au monde avec autorité s'ils n'étaient assurés de l'assistance de l'Esprit Saint dans cette aventure, et si les interprétations des hommes avaient même valeur et même poids que les leurs? » L’Esprit Saint repose sur le disciple tant qu’il est existentiellement un disciple (c'est-à-dire qu’il ne se contente pas de dire Seigneur ! Seigneur ! mais qu’il fait la volonté du Père…). « Disciple » ce n’est pas un statut, une marque déposée qui pourrait être accaparée par une religion particulière, une église, une secte…. Etre disciple c’est accueillir la Bonne Nouvelle du Royaume et s’efforcer de la mettre en pratique ! Celui qui avance dans cette direction a "de grandes chances" d’être appuyé par l’Esprit Saint… mais nul ne peut-être « assuré » de l’assistance de l’Esprit en toutes circonstances ou de façon définitive (ce qui reviendrait à une sorte de tentative de maîtrise magique de l’Esprit de Dieu, à une approche païenne de la relation à Dieu). L’assistance de l’Esprit n’est jamais acquise !    « Dans le dialogue entre chrétiens (qui est plutôt ta question), il y a des enrichissements mutuels (…) En même temps, il est des points de doctrine sur lesquels on ne peut transiger au risque de mettre en danger la foi chrétienne elle-même ». Entre Chrétiens, les seuls points sur lesquels on ne peut pas transiger sont les enseignements du Christ Jésus, à savoir, les Evangiles ! Ce qui met en danger la foi chrétienne, c’est de parfois préférer une doctrine, une tradition, un développement théologique à… l’Evangile.  Oui, on ne peut pas transiger sur la Parole de Dieu (laquelle n’est pas une doctrine), le reste est très relatif et relativisable… comme tout ce qui est humain.   «  La théologie, elle-même, n'est pas inutile ni néfaste. Au contraire : si Dieu nous a donné une intelligence, c'est bien pour que nous nous en servions, et que nous cherchions à approfondir par nous-mêmes et ensemble les Vérités de la foi qu'il nous a révélées. Qu'il y ait des différences de conceptions entre nous, des discussions, des débats, cela n'a rien d'étonnant puisque, comme tu le dis si bien au sujet de la Parole de Dieu : "nous, humains limités, ne pouvons que l’approcher, chacun selon nos possibilités". Mais le dialogue, avec ses âpretés, ne doit pas nous rebuter. ». Les âpreté du débat ne me posent pas de problème en tant que telles. Ce qui peut poser problème c’est la motivation ou l’intention qui sous tend le débat… Le débat a-t-il pour objet de nous entraider fraternellement à mieux réaliser la volonté de Dieu ou à  démontrer que telle doctrine est supérieure à une autre ? Ce n’est pas la même chose. Pour le reste, je suis totalement en accord avec toi lorsque tu dis que Dieu nous a donné l’intelligence pour nous en servir. Mais  nous devons faire attention à garder l’équilibre en nous entre l’intelligence intellectuelle et celle du cœur. Le problème de la théologie est qu’elle dévie trop souvent vers des constructions cérébrales et abstraites qui nous enferment dans « la tête », dans le monde des idées et des concepts. Mais, si l’équilibre et la mesure sont gardés, la théologie ne me pose pas de problème en soi. Ce qui pose problème : que l’on décrète qu’une option théologique est obligatoire et que ceux qui n’y adhèrent pas ne font plus parti de la communauté… Ce qui est négatif n’est pas la théologie comme réflexion mais la théologie comme pouvoir. fraternitée-x-o-d-e
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M
"Toutes les religions chrétiennes prétendent détenir la véritable interprétation de l’Ecriture, pourtant elles s’opposent entre elles… Ne peut-on pas dire plus simplement et modestement que seul Dieu détient l’interprétation juste de Sa propre Parole et que nous, humains limités, ne pouvons que l’approcher, chacun selon nos possibilités. Où est le problème ?"1°) Pour un chrétien, "l'opposition" entre les hommes n'est pas un "problème" en soi. Elle n'implique aucun relativisme des idées. Ce n'est pas parce que les hommes s'opposent sur ce qui est vrai que la Vérité n'existe pas (on le voit bien en science). L'exemple même de Notre Seigneur Jésus-Christ - qui est la Vérité en Personne - humilié par les hommes, bafoué, crucifié, montre simplement qu'il existe dans l'humanité une résistance coriace à la Vérité, qui est le fruit de notre péché (relire à cet égard ce que Jésus dit à Nicodème en Jn 3).2°) Que Dieu seul détienne la juste interprétation de sa parole, nul n'en doute. Mais le chrétien croit aussi que Dieu a répandu son Esprit de Vérité sur la communauté des disciples qui a reçu de Jésus-Christ le mandat d'aller enseigner les Nations. Or, comment les disciples pourraient-ils enseigner quoique ce soit au monde avec autorité s'ils n'étaient assurés de l'assistance de l'Esprit Saint dans cette aventure, et si les interprétations des hommes avaient même valeur et même poids que les leurs?Dans le dialogue entre chrétiens (qui est plutôt ta question), il y a des enrichissements mutuels que nous pouvons recevoir les uns des autres de notre fréquentation personnelle (et communautaire) de la Parole de Dieu. De l'importance de l'oecuménisme. En même temps, il est des points de doctrine sur lesquels on ne peut transiger au risque de mettre en danger la foi chrétienne elle-même. Si par exemple, une personne se revendiquant chrétienne affirmait croire en la réincarnation ou contestait la divinité de Jésus-Christ - au nom d'une interprétation toute personnelle de l'Ecriture -, il conviendrait de lui opposer l'interprétation de l'Eglise sur laquelle repose l'Esprit Saint, car comme tu le dis si bien : "seul Dieu détient l’interprétation juste de Sa propre Parole"."Les querelles théologiques sont inutiles et même néfastes" écris-tu. Je dirais plutôt : les "querelles" sont néfastes. De toutes natures, qu'elles soient théologiques ou non. Mais attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain! La théologie, elle-même, n'est pas inutile ni néfaste. Au contraire : si Dieu nous a donné une intelligence, c'est bien pour que nous nous en servions, et que nous cherchions à approfondir par nous-mêmes et ensemble les Vérités de la foi qu'il nous a révélées. Qu'il y ait des différences de conceptions entre nous, des discussions, des débats, cela n'a rien d'étonnant puisque, comme tu le dis si bien au sujet de la Parole de Dieu : "nous, humains limités, ne pouvons que l’approcher, chacun selon nos possibilités". Mais le dialogue, avec ses âpretés, ne doit pas nous rebuter. Car il est aussi le lieu de la charité, de l'écoute, de la rencontre avec l'autre (dans ce qu'il a de plus irréductiblement "autre" pour moi), de la conversion personnelle ; du péché peut-être (c'est inévitable en fait...), mais aussi du pardon et de l'amour partagé. Cela vaut donc la peine d'être vécu, considérant de surcroît que c'est dans cet échange là que l'Esprit Saint pourra se déployer et nous communiquer sa Lumière pour nous faire grandir dans une plus grande connaissance de Dieu et de sa Parole."L’essentiel est que nous puissions vivre le cœur de cette Parole, à savoir l’amour de Dieu et du prochain." Là, cher Exode, tu n'es pas loin du Royaume des Cieux...
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E
Toutes les religions chrétiennes prétendent détenir la véritable interprétation de l’Ecriture, pourtant elles s’opposent entre elles… Ne peut-on pas dire plus simplement et modestement que seul Dieu détient l’interprétation juste de Sa propre Parole et que nous, humains limités, ne pouvons que l’approcher, chacun selon nos possibilités. Où est le problème ? L’essentiel est que nous puissions vivre le cœur de cette Parole, à savoir l’amour de Dieu et du prochain. Lorsque nous commençons à le vivre, nous nous rendons compte que les querelles théologiques sont inutiles et même néfastes. Nous avons déjà beaucoup à construire ensemble sur la base de ce que nous avons en commun !  Fraternité e-x-o-d-e
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M
"je vous reproche de ne pas accepter que d'autres s'attachent à d'autres traditions, de ne pas envisager que Dieu puisse donner aux hommes différents langage pour exprimer leur foi". Eh bien moi, cher Pasteur, je vous reproche - bien fraternellement - de mésestimer l'existence et la réelle nuisance de ceux "qui font du trafic avec la parole de Dieu" (2 Co 2. 17). Toutes les "traditions" ne sont pas d'égales valeurs, et certaines doivent être rejetées comme contraires à la foi. Saint Paul nous a bien averti à ce sujet."d'après le portrait que vous dressez [du Magistère], [celui-ci] se prive d'un échange vrai avec les autres et de la remise en question de ses acquis, puisqu'au final c'est lui qui pose un jugement définitif sur la vérité (et donc de l'inspiration) des interprétations émises." C'est ignorer prondément ce qu'est le Magistère... Non pas un bloc monolithique, cloisonné, verrouillé, barricadé dans les bureaux du Vatican, mais un espace aux frontières du monde, riche de tous les évèques du monde entier, avec leur sensibilité particulière, leur culture propre, leur expérience personnelle, leurs differentes approches théologiques... Le Magistère est un lieu d'intense réflexion, de débat et de discussions passionnantes auquel tout le peuple chrétien est convié. Et de même que le Mal n'est pas essentiel à la liberté de l'homme (sur ce point nous sommes d'accord), de même l'hérésie ne me paraît pas essentielle à la liberté de pensée...
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E
Pour la deuxième partie de votre réponse, je ne vous ai jamais reproché d'être catholique romain et de vous attacher aux traditions de l'eglise catholique romaine (même si certaines de ces traditions sont moins séculaires que vous semblez le pensez), je vous reproche de ne pas accepter que d'autres s'attachent à d'autres traditions, de ne pas envisager que Dieu puisse donner aux hommes différents langage pour exprimer leur foi.Pour la première partie, je pense que nous nous comprenons mal (ou alors vous êtes en train de me dire que l'Esprit Saint (qui est la source de notre conscience) et l'Ecriture ne sont pas suffisants). Je ne suis pas infaillible, mes interprétations de la Bible peuvent être franchement erronées, c'est pourquoi j'ai besoin de l'échange avec d'autres (et nottament du travail des biblistes et théologiens mais aussi de l'interpellation de mes frères et soeurs chrétiens) et du travail de l'Esprit Saint sur moi (et sur eux) pour toujours remettre en question mes acquis... Par exemple, au terme d'une de nos discussions, je ne vais pas dire "Matthieu a tort et j'ai raison" (bien sûr, je le pense souvent mais ici c'est le péché qui s'exprime), je garderais à l'esprit que sur ce point il y a débat et que le débat reste ouvert (même si quand tous les arguments ont été donnés de part et d'autre, il peut être vain de le prolonger entre nous)Mais, pour moi, il en va exactement de même pour le magistère. Or, d'après le portrait que vous dressez de celui-ci, il se prive d'un échange vrai avec les autres et de la remise en question de ses acquis, puisqu'au final c'est lui qui pose un jugement définitif sur la vérité (et donc de l'inspiration) des interprétations émises. C'est tout le problème du dogme (bien moins séculaire que la Réforme) de l'infaillibilité."Vous dites "nous voyons" et votre péché demeure...
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M
Bien étrange réponse à la vérité, cher Pasteur. A la question : "Comment savoir si mon interprétation de l'Ecriture est recevable, si elle vient bien de l'Esprit Saint et non de mon être pécheur", vous me répondez que l'Ecriture Sainte et la conscience personnelle sont deux bons garde-fou contre tout risque d'erreur d'interprétation! Alors... de deux choses l'une : OU BIEN vous êtes infaillibles, et je conçois que vous puissiez considérer votre conscience comme une instance suffisamment fiable pour valider sûrement telle ou telle interprétation de l'Ecriture ; OU BIEN vous n'êtes pas infaillibles (ce que vous semblez tout de même reconnaître...), mais dans ce cas, il faut bien admettre que certaines interprétations de l'Ecriture puissent être franchement erronées, et qu'il est difficile dans ces conditions de voir dans l'Ecriture Sainte et le jugement de la seule conscience obscurcie par le péché des garde-fou suffisants..."il faut faire un peu confiance à l'Esprit Saint et avoir la sagesse de Gamaliel (Actes V, 38-39)" Tout à fait d'accord, cher Pasteur! Votre référence à Gamaliel est tout à fait pertinente. Je rappelle à mes lecteurs que Gamaliel était le pharisien qui avait invité le Sanhédrin (dont il était lui-même membre) à la plus grande prudence dans leur jugement envers les Apôtres de Jésus, considérant que si leur action venait des hommes, elle tomberait d'elle même, mais que si elle venait de Dieu, ils seraient impuissants à la faire tomber (avec ce terrible avertissement en Ac 5. 39 : "Ne risquez pas de vous trouver en guerre contre Dieu"). C'est précisément parce que ce critère "gamalelien" de discernement me paraît, lui, suffisamment fiable, que je préfère personnellement donner crédit à des interprétations séculaires qui ont traversé le filtre de deux longs millénaires d'Histoire et que la Tradition a acheminé jusqu'à nous, plutôt qu'à des nouveautés qui les contrarient, et pour lesquelles je ne ressens pour ma part aucune "démangeaison"... (cf. 2 Tm 4. 3)
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E
Mais, je n'ai jamais prétendu être infaillible ni exercer un ministère de l'infaillibilité !!! Je be fais que dire que tout discours théologique est faillible et donc doit sans cesse être discuté (semper reformanda, ça s'applique également à la théologie)Quant à savoir ce qui vient de l'Esprit Saint et ce qui vient du péché, j'aurais tendance à drie que l'Ecriture est un bon garde-fou, que la conscience en est un autre et qu'enfin, il faut faire un peu confiance à l'Esprit Saint et avoir la sagesse de Gamaliel (Actes V, 38-39)
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M
Mais comment savoir si l'interprétation que nous donnons à l'Ecriture vient de l'Esprit Saint ou de notre propre fond pécheur?Vous qui refusez de reconnaître au Pape le charisme de l'infaillibilité, je trouve que vous vous en attribuez bien généreusement la grâce...Pour vous répondre sur la théologie catholique et sur le travail d'interprétation des Ecritures à la lumière de l'Esprit Saint, je vous livre cette très intéressante réflexion du Père Louis Bouyer au sujet de la distinction qu'il convient d'établir entre la foi, le dogme et la théologie."Je dirais que la foi, à travers l'expression première dans la Parole de Dieu vivante des prophètes, des apôtres et du Christ, va directement à l'objet même de cette Parole, lequel dépasse, même dans cette énonciation inspirée, révélée, l'expression pour atteindre la réalité fondamentale."Cette foi en la vérité directement révélée ne peut pas se séparer dans l'Eglise de l'effort fait pour la comprendre, c'est-à-dire pour la relier à tout l'ensemble de notre connaissance, à l'unité même de notre conscience d'être vivants dans le monde et l'histoire. C'est là que prend place le travail théologique qu'on ne peut jamais isoler (...) du travail d'assimilation de la vérité dans la vie de l'Eglise."Mais la théologie elle-même demande constamment à être vérifiée, jugée par la conscience de l'Eglise telle qu'elle s'exprime dans les décisions du Magistère, et plus généralement aussi dans toute la réaction du sens chrétien des fidèles quand il est unanime. Les dogmes sont les formulations qui expriment ces jugements et qui serviront ensuite de guides aux théologiens postérieurs dans l'interprétation de la Parole de Dieu, en leur montrant les voies à éviter et en leur indiquant, surtout par exclusions mutuelles, la voie du développement fructueux et fidèle."Il faut donc bien distinguer la Révélation du travail théologique. La foi de l'Eglise et de chacun peut atteindre directement l'objet de la Révélation qui est Dieu même, communiquant sa vie. De cette expression première et inspirée de la Révélation découle le travail théologique, qui vient après et en est l'explication professionnelle si l'on peut dire. Ce travail, qui se fait dans tout le Corps de l'Eglise, doit être lui-même distingué des définitions dogmatiques qui permettent, elles, au Magistère d'authentifier le travail théologique, en disant s'il est accompli sous la poussée de l'Esprit, ou s'il n'est au contraire que le résultat du péché et de l'erreur humaine".(Père Louis Bouyer, "Le Métier de théologien", Editions France-Empire, 1979, pages 217-218).
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E
Ca ne me paraît pas si évident... (combien de théologiens mis à l'index pour être sorti du rang ?)Tout d'abord, la citation est en 2 P I 20-21. Ensuite complète, elle donne Aucune prophétie de l'Ecriture ne provient d"une explication privée. En effet ce n'est pas la volonté humaine mais c'est porté par l'Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu.Ce qui nous éloigne quelque peu du sujet, il s'agit ici moins de parler de la lecture sur les prophéties que de leur provenance...Mais de toute façon, le libre-examen nous est donné par le témoignage intérieur (et donc individuel) de l'Esprit, il n'est donc pas affaire privée...
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M
L'histoire de la théologie catholique montre bien le contraire, il me semble...Sur le libre-examen : "Vous savez cette chose essentielle : pour aucune prophétie de l'Ecriture il ne peut y avoir d'interprétation individuelle, puisque ce n'est jamais la volonté d'un homme qui a porté une prophétie : c'est porté par l'Esprit Saint que des hommes ont parlé de la part de Dieu" (1 P 1. 20-21).
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E
Ce qui interdit tout esprit critique, toute liberté d'examenEt accessoirement rend impossible toute discussion...
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