En cette Année de la Vie Consacrée dans l'Eglise et en la veille du 2 février qui est habituellement Jour de la Vie consacrée, je souhaiterais entreprendre avec vous une réflexion de fond sur une vocation spéciale que je crois discerner chez beaucoup de catholiques aujourd'hui : la vocation intellectuelle.
Ecrire est devenu le lot commun de beaucoup de fidèles catholiques. Je ne parle pas ici de ceux qui exercent quelque fonction dans l'Eglise catholique, mais des laïcs engagés dans la vie professionnelle qui ressentent le besoin impérieux d'exprimer, en ces temps troublés, une pensée qui leur est propre, fruit de leur réflexion et de leur méditation, et de la partager au plus grand nombre.
Le développement d'Internet ces dernières années, des réseaux sociaux et autres modes de communication numérique a largement ouvert le champ des possibles et offert à tout chrétien une tribune où il peut aisément exposer son point de vue et engager un dialogue avec ses lecteurs. De ce point de vue, Internet est devenu un lieu naturel et privilégié pour l'évangélisation du monde, ce que tous nos papes depuis Jean-Paul II nous rappellent fréquemment dans les très beaux messages qu'ils publient chaque année pour la Journée Mondiale des Communications sociales.
Etant moi-même engagé dans cette grande aventure de l'évangélisation sur Internet depuis 2005, je suis frappé de voir combien il existe de chrétiens à la plume talentueuse, à la foi solide enracinée dans une intelligence vive et pénétrante, ouverts aux discussions et aux débats - avec un sens de la répartie et de la formule parfois que n'auraient pas renié les Pères de l'Eglise! Une génération d'intellectuels chrétiens est née, fruit du travail de l'Esprit. Mais peu, me semble-t-il, ont conscience de détenir là un trésor, un talent particulier confié par le Seigneur ; peu réalisent qu'ils ont sur eux un appel spécial, des charismes surnaturels, une vocation. Et du coup, beaucoup de grâces me paraissent sottement gâchées et perdues : les uns, pris par leur vie professionnelle, renonçant trop facilement et pour de longues périodes à l'exigeant labeur (j'en suis!) ; les autres négligeant de recueillir le fruit de leur travail pour en faire profiter un "auditoire" plus grand - souvent pour des motifs d'humilité qui mériteraient d'être revus dans la prière et l'accompagnement spirituel.
Je voudrais inviter tous mes frères catholiques, habitués des blogs et autres forums, familiers des discussions sur Facebook et autres tweets, à s'interroger sur l'élan qui les pousse à écrire, sur les intuitions qui les habitent, les inspirations qu'ils reçoivent dans l'acte même d'écriture et le temps qu'ils y consacrent - au sacrifice peut-être d'autres loisirs -, pour les conduire à cette question : ne pensent-ils pas avoir un appel particulier de Dieu sur eux, une vocation intellectuelle?
La question ne laissera pas de surprendre. Moi-même, j'écris depuis des années sans me l'être sérieusement posée - et je ne prétends pas avoir obtenu à ce sujet une réponse claire. Mais je crois vraiment qu'elle mérite d'être posée, car la vocation intellectuelle existe - et elle est le partage d'un grand nombre aujourd'hui, j'en suis intimement convaincu. Un travail de discernement s'impose donc, car si une telle vocation était avérée, elle impliquerait des dispositions particulières pour répondre de la manière qu'il convient à l'appel de Dieu - dispositions que beaucoup ignorent mais qui, si elles étaient connues et mises en pratique, leur permettraient de donner beaucoup de fruits.
C'est à cette réflexion que je vous convie ces jours prochains.