Suite de la lettre apostolique du Pape Jean-Paul II sur le sens chrétien de la souffrance humaine (Salvifici Doloris, le 11 février 1984).
21. La Croix du Christ jette la lumière salvifique d'une manière aussi pénétrante sur la vie de l'homme, et en particulier sur sa souffrance, parce que grâce à la foi elle le rejoint en même temps que la Résurrection : le mystère de la Passion est contenu dans le mystère pascal. Les témoins de la Passion du Christ sont tout à la fois témoins de sa Résurrection. Paul écrit : « Il s'agit de le connaître, lui, avec la puissance de sa Résurrection et la communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts ».
L'Apôtre a vraiment expérimenté d'abord « la puissance de la Résurrection » du Christ, sur le chemin de Damas, et c'est seulement ensuite, dans cette lumière pascale, qu'il est arrivé à la « communion à ses souffrances » dont il parle, par exemple, dans la lettre aux Galates. Le chemin de Paul est clairement pascal : la participation à la Croixdu Christ se réalise à travers l'expérience du Ressuscité, donc grâce à une participation spéciale à la Résurrection. C'est pourquoi dans les expressions de l'Apôtre sur le thème de la souffrance apparaît si souvent le motif de la gloire à laquelle la Croix du Christ donne naissance.
Les témoins de la Croix et de la Résurrection étaient convaincus que « il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu ». Et Paul, écrivant aux Thessaloniciens, s'exprime ainsi : « Nous-mêmes sommes fiers de vous..., de votre constance et de votre foi dans toutes les persécutions et tribulations que vous supportez. Par là se manifeste le juste jugement de Dieu, où vous serez trouvés dignes du Royaume de Dieu pour lequel vous souffrez vous aussi ». Ainsi donc, la communion aux souffrances du Christ est en même temps souffrance pour le Royaume de Dieu. Aux yeux du Dieu juste, selon son jugement, tous ceux qui communient aux souffrances du Christ deviennent dignes de ce Royaume. Par leurs souffrances, ils restituent en un sens le prix infini de la Passion et de la mort du Christ, qui est devenu le prix de notre Rédemption : à ce prix, le Royaume de Dieu a été à nouveau consolidé dans l'Histoire de l'homme, en devenant la perspective définitive de son existence terrestre. Le Christ nous a introduits dans ce Royaume par sa souffrance. Et c'est aussi par la souffrance que deviennent mûrs pour lui les hommes plongés dans le mystère de la Rédemption du Christ.
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