A quelques jours de la veillée de prière organisée en la Cathédrale Notre Dame de Paris, jeudi 8 décembre, jour de la première du spectacle intitulé Golgota Picnic insultant la figure du Christ sur la Croix, je vous propose deux réflexions (complémentaires) parues dans les feuilles hebdomadaires de la paroisse Saint Léon et de la Maison Maurice Maignen (Paris 15e), puis une troisième de Fabrice Hadjadj au micro de Radio Vatican.
1. Réflexion de Jean Villeminot, Diacre permanent de la Paroisse Saint Léon.
Deux pièces de théâtre scandalisent des chrétiens qui se demandent s'il faut réagir et, si oui, comment le faire de façon juste. Qu'en est-il exactement dans ces pièces? Je ne le sais pas et, pour tout vous avouer, cela ne m'intéresse pas. Mais supposons, puisqu'on le dit, qu'on y injurie le Christ, et particulièrement le Christ en Croix. Cela me fait alors réfléchir.
La Croix est ma fierté de chrétien, et je sais qu'elle est la cause de mon Salut, parce que je crois que le Crucifié, vrai homme, est aussi vrai Dieu. Seulement à cause des 2000 ans passés depuis l'évènement qui est le pivôt de l'histoire humaine, j'ai tendance à voir la gloire de la Croix, ce qui est juste, mais en oubliant la déréliction du Christ, les crachats, les injures, la violence, la dérision... Il ne faut pas séparer le "concept" de la Croix de la "chair" du Christ qui l'a vécu. Pire encore, je risque d'oublier que c'est librement que Jésus a voulu, je dis bien voulu, par amour pour moi, être élevé de terre.
Mais alors, lorsque cet évènement est "actualisé" sous mes yeux, que faut-il que je fasse? En relisant, à cette occasion, les évangiles de la Passion, je me rends compte qu'il n'y a rien de nouveau sous le ciel. Le Christ est en agonie jusqu'à la fin des temps. L'évènement absolument historique, parce que le Christ est Dieu, est réellement permanent. "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?"
Je consentirai donc à la Croix avec plus de foi, je contemplerai le Christ dans sa Passion avec plus d'amour, je vénèrerai la couronne d'épines en intercédant.
Voilà, me semble-t-il, ce que notre évêque nous invite à vivre.
"Pierre, remets ton épée au fourreau. Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m'a donnée à boire?" (Jn 18. 11)
2. Réflexion du Père Franck Zeuschner, de la Maison Maurice Maignen.
C'est le cri qui jaillit spontanément du coeur en constatant que depuis quelques semaines, on s'acharne de nouveau contre le Christ et son Eglise. Deux pièces de théâtre (dont une, paraît-il, ne cherchait pas à choquer... c'est raté) et une série d'affiches haineuses et outrancières nous agressent actuellement.
Bien sûr, face à la haine et à la provocation, il est facile de répondre avec les mêmes armes. C'est justement ce que l'on attend de nous. Il n'en est pas question. On n'annonce pas l'Evangile avec des méthodes antiévangéliques.
Mais il est également facile de s'appuyer sur cette maxime pour ne rien faire. Ce serait une autre erreur d'accepter passivement que l'on traine de nouveau dans la boue Celui qui est justement venu dans le monde pour sortir l'humanité de sa fange. Certains pourront dire : "Jésus a accepté les outrages en silence". Il ne les a pas accepté, il a accepté de les subir alors qu'il les savait injustes et injurieux, ce qui est bien différent. Et quand Véronique a vu le visage maculé de Jésus, elle l'a essuyé, elle n'est pas restée les bras croisés.
Il est intéressant de voir les nombreuses déclarations à ce sujet. En tant que prêtre d'une petite communauté chrétienne, je tiens à dire à tous ceux qui se sentent blessés par tout cela que je comprends leur souffrance et la partage. Votre souffrance est le signe de votre amour. Ces persécutions, qui pourraient être plus virulentes, nous ont été annoncées par Jésus lui-même. C'est l'Evangile de la Toussaint. Comme Jésus, et avec Lui, nous devons transformer la haine en amour. Nous devons tout d'abord prier pour ceux qui nous persécutent et qui continuent d'offenser gravement le Christ et son Eglise. Nous devons implorer le pardon pour ceux qui ne savent pas ce qu'ils font, et aussi pour ceux qui, peut-être, savent très bien ce qu'ils font... Nous devons aussi prier et offrir pour réparer tout ce mal, nous ne sommes pas parfaits non plus...
Sans aucune violence, je crois que nous devons également faire connaître notre désapprobation et faire ce qui est en notre pouvoir pour que le mal cesse. Quand un enfant fait quelque chose de mauvais ou de dangereux, ses parents interviennent et c'est leur devoir. Ne rien dire serait de l'irresponsabilité. Les chrétiens ont aussi à faire savoir qu'on ne peut pas faire n'importe quoi, que tout n'est pas permis. Ecrivez, envoyez des mails, ne dites surtout pas que c'est inutile car ce n'est pas vrai.
3. Réflexion audio de Fabrice Hadjadj, philosophe : "Ce qui me fait peur, c'est la phobie de la christianophobie"...