21 juillet 2010 3 21 /07 /juillet /2010 13:09

Texte de la Newsletter n°7 (publiée le 14 juillet 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Les philosophes issus du grand courant métaphysique idéaliste et moniste qui nous vient de l’Inde ancienne considèrent l’univers physique qui nous entoure comme une illusion, une apparence (« mâyâ »). La réalité de ce qui EST n’est pas ce que nous voyons et expérimentons ; c’est ce que nous ne voyons pas et qui se situe au-delà des apparences qui est réel : c’est l’UN (ou le Brahman, ou la Substance) qui est l’ultime réalité, la seule réalité.

 

« Les métaphysiques qui nous enseignent cela se heurtent à un certain nombre de difficultés. Elles récusent l’expérience, elles nous disent que l’expérience qui nous propose une multiplicité d’êtres, un devenir, des naissances et des morts – elles nous disent que cette expérience est fausse, illusoire ; l’enseignement qui professe la seule existence de l’Un serait, lui, vérité » (Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Editions du Seuil, 1966, p. 51).

 

La doctrine moniste nous enseigne donc le contraire de l’expérience. Mais elle ne nous dit pas pourquoi nous devrions nous fier à la vérité qu’elle proclame plutôt qu’à l’expérience. Ce qui est fâcheux. « Car enfin, puisqu’il y a opposition entre l’enseignement de ces métaphysiques et l’enseignement de l’expérience, pour renoncer à ce que dit l’expérience, et pour professer ce que nous enseignent ces métaphysiques de l’Un – qui sont en contradiction avec l’expérience – il nous faudrait des raisons. On ne nous en donne pas. » (Claude Tresmontant, op. cit, p. 51).

 

Les maîtres de l’idéalisme procèdent donc arbitrairement, « par déduction, à partir des principes, à partir de l’idée qu’ils se font de l’être, et non pas à partir de l’expérience objective scientifiquement explorée. Si la théorie rencontre l’expérience, c’est l’expérience qui a tort » (Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques principales, FX de Guibert, 1995, p. 165) – nous avons vu avec Haeckel et Engels que les maîtres du matérialisme raisonnent identiquement.

 

L’expérience a tort, mais on ne nous dit pas pourquoi ; l’expérience est une illusion, mais on ne nous dit pour quelles raisons l’intuition moniste serait plus fiable, au plan de la connaissance, que l’expérience objective. Les métaphysiques monistes ne rendent pas compte non plus du fait même de cette apparence, du fait qu'elle existe comme apparence, du fait qu’elle soit trompeuse. « Ces métaphysiques nous déclarent que l’expérience est trompeuse, que l’expérience a tort, mais elles ne nous disent pas comment il se fait que cette illusion s’impose à nous. Elles ne nous expliquent pas le fait de cette illusion tenace qui s’appelle l’expérience » (Claude Tresmontant, in Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Editions du Seuil, 1966, p. 51).

 

Et nous en arrivons au deuxième grand problème posé par les métaphysiques monistes. Non seulement elles récusent l’expérience sans nous donner de bonnes raisons de le faire ; mais elles n’expliquent pas le fait même de l’existence de cette apparence qu’est notre univers multiple et temporel. Or le problème se pose. Et il a été loyalement posé par Plotin, l’un des grands pontes de la métaphysique moniste : « Comment donc, à partir de l’Un, qui est tel que nous disons que l’Un est – comment donc peut-elle avoir une existence quelconque, soit une multiplicité, soit une dualité, soit un nombre ? Et pourquoi donc l’Un n’est-il pas demeuré tranquille en lui-même ? Pourquoi donc une telle multiplicité s’est-elle précipitée hors de, arrachée, retirée hors de l’Un, – cette multiplicité qui se voit dans tous les êtres de notre expérience ? Et comment pensons-nous ramener cette multiplicité vers l’Un ? » (Ennéades, 5, 1).

 

Telles sont les bonnes questions qui se posent à la métaphysique moniste, et auxquelles ses théoriciens ne peuvent se dérober. Tels sont les problèmes qu’il leur appartient de résoudre une fois posé que l’Un est le seul être existant.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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