Cher Miky,
En relisant mes articles d’il y a 5 ans, je remarque qu’il existe quelques commentaires auxquels je n’ai pas répondu. Dont le tien à l'article La Bible... ou les astres. J’y réponds donc aujourd’hui – il n'est jamais trop tard pour bien faire!
« tu dis que finalement, c'est l'Eglise (catholique romaine, I presume ;-) ) qui a nécessairement LA bonne interprétation des Ecritures. Bref, que c'est ultimement LA référence en matière de foi. Mais qu'est-ce qui garantie que c'est forcément elle qui voit juste ? » Le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte. C’est lui qui garantit que l’Eglise fondée sur Pierre (cf. Mt 16. 18) « voit juste » pour interpréter les Ecritures, puisque c’est ce même Esprit Saint qui a présidé à leur rédaction. Seul l’auteur d’une œuvre peut nous dévoiler en vérité ce qu’il a voulu dire à travers son œuvre.
« Comment peut-on qualifier d'inspirée par l'Esprit Saint une Eglise qui à une époque a vendu des Indulgences pour racheter les âmes du Purgatoire, a fait brûler des innocents sous l'Inquisition, a blanchi l'argent de la mafia dans les années 80 (???), a condamné Gallilé puis Darwin, avant de changer d'avis et de reconnaître l'héliocentrisme et l'évolution des êtres vivants, etc. ? » En contemplant le dynamisme de son développement qui a conduit précisément toutes ces pratiques à disparaître au fil du temps. C’est ce qu’est devenu l’Eglise après 2000 ans d’histoire qui atteste la présence active de l’Esprit Saint en son sein.
J’ajoute que dans tous les exemples que tu cites, l’infaillibilité de l’Eglise (et par suite, son « inspiration » divine) n’est pas en cause, puisque l’infaillibilité ne joue pas en tous temps, en tous lieu, en toutes matières ; elle signifie pas que l’Eglise ne se trompe jamais, ni que ces membres ne commettent plus de péchés (l’infaillibilité – du corps – ne signifie pas l’impeccabilité – de ses membres). L’infaillibilité est un charisme que Dieu donne à l’Eglise pour les questions de foi et de morale – et elles seules, parce qu’elles concernent tout ce que nous devons croire et pratiquer pour accéder au salut éternel. Si l’Eglise s’aventurait à prendre position sur une question scientifique ou politique (par exemple), elle s’exposerait au risque d’erreur comme tout un chacun – d’où l’on voit que la laïcité se trouve inscrite dans la constitution même de son être.
« Dans le deuxième point, tu qualifies (par citations interposées) de superstitions : la magie, la divination, la nécromancie, l'horoscope, la croyances aux contacts avec des extra-terrestres, le spiritisme et l'occultisme. En quoi ce que la Père Cantalamassa qualifie de "vraie foi" se différencie-t-il de ces croyances et pratiques ? (…) Du côté de la "vraie foi" moi je vois pas mal de superstitions : les "miracles" de Lourdes, les "apparitions" de la Vierge, la transsubstantation, etc. » Si tu étudies de près les évènements de Lourdes ou Fatima, par exemple, tu verras que les « miracles » et « apparitions » sont entourées de garanties très solides de leur authenticité – et qu’il n’est pas aisé de les réfuter, si ce n’est comme tu le fais, d’un simple haussement d’épaules (mais contester n’est pas réfuter).
La question toutefois n’est pas là… Il ne s’agit pas d’opposer la foi – qui serait vraie et qui « marcherait » – aux pratiques occultes – qui seraient « fausses » et qui ne « marcheraient » pas. Car le spiritisme et l’occultisme, ça « marche » aussi, malheureusement… on peut l’expérimenter facilement (ce que je déconseille fortement à quiconque en serait tenté), et c’est ce qui en fait toute la dangerosité.
La différence fondamentale entre la foi en Jésus-Christ et les pratiques occultes, c’est que la première nous relie à Dieu qui est Amour et veut faire de nous des hommes et des femmes vraiment libres, et que les secondes nous relient à des entités spirituelles mauvaises, qui ont l’art de se faire passer pour bonnes, mais dont l’unique objectif est de nous asservir et de nous perdre.
Voilà pourquoi Dieu ne peut pas nous parler dans les pratiques occultes : puisqu’elles sont le terrain d’action privilégié de ses ennemis les plus irréductibles (les démons).
« Scientifiquement, la doctrine de l'Eglise ne tient pas la route. Rien n'indique que la prière intercessoire ait le moindre effet (excepté placebo lorsque la personne pour qui l'on prie sait que l'on prie pour elle), rien n'indique que les soi-disant miracles de Lourdes ne pourrait pas, en principe, recevoir une explication naturaliste, quant aux apparitions de la Vierge, cela pourrait très bien être des hallucinations, etc. Les progrès des neurosciences tendent à expliquer l'esprit, l'âme et les états mystiques en termes naturalistes. »
Cher Miky, la laïcité marche dans les deux sens. Ce n’est pas à la science de nous dire si la doctrine de l’Eglise « tient la route » ou pas. Car la doctrine de l’Eglise n’est pas d’ordre scientifique. Elle ne concerne que ce que nous devons croire et pratiquer pour être sauvés – toutes choses étrangères aux sciences.
La doctrine catholique de la prière n’affirme pas l’efficacité physique de toute prière – car la prière, qui peut influer sur le monde physique, les personnes, ou sur le déroulement des évènements, agit essentiellement dans l’âme du priant. La prière est un acte spirituel qui développe d’abord des effets dans la sphère spirituelle. Elle agit dans les profondeurs de notre être, à un niveau qui n’est pas accessible aux sciences – celui de notre esprit. Le principal effet de la prière, dirais-je, c’est l’acquisition du Saint Esprit ; notre justification, et notre sanctification. Dis-moi comment la science pourrait infirmer – ou confirmer – cette infusion au profond de notre âme du Saint Esprit de Dieu ? comment elle pourrait mesurer notre avancée sur le chemin de la sainteté ?
Quant aux miracles, ils sont trop massifs pour être valablement considérés comme de simples hallucinations – la notion même d’hallucination collective est d’ailleurs contestée sur le plan scientifique. La science, en revanche, joue elle-même un rôle important dans la reconnaissance d’un miracle – comme à Lourdes par exemple, où de nombreux médecins et chercheurs (y compris athées) exercent leur compétence au Bureau des Constatations médicales ou au Comité Médical International. On ne peut donc réduire le miracle à un simple phénomène subjectif, puisqu’il s’enracine dans une réalité objective (ex. la guérison d’une maladie) que beaucoup peuvent observer aujourd’hui – grâce aux instruments de mesure et d’analyse dont nous bénéficions désormais. Chose curieuse : ils se produisent principalement dans le sillage de l’Eglise catholique… (que l’on songe par exemple à la nécessité de constater au moins deux miracles pour canoniser un Saint, et que l’on prenne ainsi conscience de l’importance – quantitative et qualitative – du phénomène miraculeux dans la vie de l’Eglise).
« rien n'indique qu'il y a quelque chose d'autre qui transcende le cerveau, le corps, et leurs relations avec l'environnement. » Eh bien… si : le cerveau lui-même justement, qui n’a pu se faire tout seul (car le néant ne peut produire de l’être, et le hasard aveugle ne peut produire de l’intelligence – sauf à renoncer à l’exercice de la raison…).
C’est très bien de vouloir tout réduire à l’action de la nature. Mais cela n’explique pas tout : cela n’explique pas en particulier l’être même de cette nature : le fait quelle existe, et qu’elle existe comme elle est, avec toutes ces propriétés merveilleuses qui ont conduit… le néant à produire de l’être, et le hasard aveugle à produire de l’ordre et de l’intelligence !
L’existence même du cerveau, de notre corps et d’un environnement propice à leur surgissement soudain du néant (puisqu’ils n’ont pas toujours existé) postule nécessairement (parce qu’il n’y a pas d’alternative) l’existence d’un Être transcendant qui les ait créé (voilà une meilleure explication que le néant), et d’un être souverainement intelligent pour fonder l’ordre cosmique et susciter un cerveau intelligent (voilà une meilleure explication que le hasard aveugle).