9 janvier 2010 6 09 /01 /janvier /2010 11:52

Extrait du discours du Pape Benoît XVI aux Cardinaux et à la Curie romaine, le 22 décembre 2008.

Les voyages pastoraux de cette année ont également traité de la présence de la Parole de Dieu, de Dieu lui-même dans le moment présent de l'histoire : leur véritable sens ne peut être que celui de servir cette présence. Dans ces occasions, l'Eglise se rend perceptible de façon publique, et avec elle la foi, et donc au moins la question sur Dieu. Cette manifestation en public de la foi interpelle désormais tous ceux qui tentent de comprendre le temps présent et les forces qui œuvrent en lui. En particulier, le phénomène des Journées mondiales de la Jeunesse devient toujours plus l'objet d'analyses, dans lesquelles on tente de comprendre ce type, pour ainsi dire, de culture des jeunes. Jamais auparavant, l'Australie n'avait vu tant de personnes de tous les continents comme au cours de la Journée mondiale de la Jeunesse, pas même lors des Jeux olympiques. Et si on craignait auparavant que la présence massive de si nombreux jeunes puisse provoquer des troubles de l'ordre public, paralyser la circulation, empêcher le déroulement de la vie quotidienne, conduire à des actes de violences et laisser place à la drogue, tout cela s'est révélé sans fondement. Ce fut une fête de la joie – une joie qui, à la fin, a conquis également les personnes réticentes : à la fin, personne ne s'est senti importuné. Les journées sont devenues une fête pour tous, et c'est même à cette occasion que l'on s'est rendu compte de ce qu'est véritablement une fête – un événement dans lequel tous sont, pour ainsi dire, hors d'eux-mêmes, au-delà d'eux-mêmes et précisément ainsi avec eux-mêmes et avec les autres. Quelle est donc la nature de ce qui a lieu au cours d'une Journée mondiale de la Jeunesse? Quelles sont les forces qui agissent? Des analyses en vogue tendent à considérer ces journées comme une variante de la culture moderne des jeunes, comme une sorte de festival rock en version ecclésiale avec le Pape comme star. Avec ou sans la foi, ces festivals seraient au fond toujours la même chose, et on pense ainsi pouvoir éliminer la question sur Dieu. Il y a également des voix catholiques qui vont dans cette direction, en considérant tout cela comme un grand spectacle, certes beau, mais pas très significatif en ce qui concerne la question sur la foi et la présence de l'Evangile à notre époque. Il s'agirait de moments d'extase joyeuse, mais qui en fin de compte, laisseraient tout comme avant, sans influer de façon profonde sur la vie.


Mais cela n'explique pas toutefois, la spécificité de ces journées et le caractère particulier de leur joie, de leur force créatrice de communion. Il est tout d'abord important de tenir compte du fait que les Journées mondiales de la Jeunesse ne consistent pas seulement en cette unique semaine où elles deviennent publiquement visibles au monde. Elles sont précédées d'un long cheminement extérieur et intérieur qui conduit à celles-ci. La Croix, accompagnée par l'image de la Mère du Seigneur, effectue un pèlerinage à travers les pays. La foi, à sa manière, a besoin de voir et de toucher. La rencontre avec la Croix, qui est touchée et portée, devient une rencontre intérieure avec Celui qui, sur la Croix, est mort pour nous. La rencontre avec la Croix suscite au plus profond des jeunes la mémoire de ce Dieu qui a voulu se faire homme et souffrir avec nous. Et nous voyons la femme qu'Il nous a donnée pour Mère. Les journées solennelles ne sont que le sommet d'un long chemin, grâce auquel nous allons à la rencontre les uns des autres et sur lequel nous allons ensemble à la rencontre du Christ. En Australie, ce n'est pas un hasard si la longue Via Crucis à travers la ville est devenue l'événement culminant de ces journées. Celle-ci résumait encore une fois tout ce qui s'était produit au cours des années précédentes et indiquait Celui qui nous réunit tous ensemble : ce Dieu qui nous aime jusqu'à la Croix. De même, le Pape n'est pas lui non plus la star autour de laquelle tout tourne. Il est totalement et seulement le Vicaire. Il renvoie à l'Autre qui se trouve au milieu de nous. Enfin, la liturgie solennelle est le centre de l'ensemble, car dans celle-ci a lieu ce que nous ne pouvons pas réaliser et que, toutefois, nous attendons toujours. Il est présent. Il vient au milieu de nous. Le ciel se déchire et cela rend la terre lumineuse. Tel est ce qui rend la vie heureuse et ouverte et unit les uns aux autres dans une joie qui n'est pas comparable à l'extase d'un festival de rock. Friedrich Nietzsche a dit une fois : "L'habileté n'est pas d'organiser une fête, mais de trouver les personnes capables d'en tirer de la joie". Selon l'Ecriture, la joie est le fruit de l'Esprit Saint (cf. Ga 5, 22) : ce fruit était abondamment perceptible pendant les journées de Sydney. De même qu'un long chemin précède les Journées mondiales de la Jeunesse, un chemin successif en dérive. Des amitiés se forment qui encouragent à un style de vie différent et le soutiennent de l'intérieur. Les grandes Journées ont, entre autres, le but de susciter ces amitiés et de faire naître de cette façon dans le monde des lieux de vie dans la foi, qui sont en même temps des lieux d'espérance et de charité vécue.


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Publié par Matthieu BOUCART -
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