27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 18:13

Extrait de l’exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise, donnée par Benoît XVI le 30 septembre 2010, en la 6e année de son pontificat.

 

50. Le Seigneur énonce sa Parole afin qu’elle soit accueillie par ceux qui ont été créés « par » le Verbe lui-même. « Il est venu chez les siens » (Jn 1, 11) : la Parole ne nous est pas originellement étrangère et la Création a été voulue dans un rapport d’intimité avec la vie divine. Le Prologue du quatrième Évangile nous met aussi devant le refus opposé à la Parole divine par les « siens », qui « ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11). Ne pas l’accueillir veut dire, ne pas écouter sa voix, ne pas se conformer au Logos. En revanche, là où l’homme, même fragile et pécheur, s’ouvre sincèrement à la rencontre avec le Christ, là commence une transformation radicale : « mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Accueillir le Verbe signifie se laisser modeler par lui afin d’être conforme au Christ, au « Fils unique qui vient du Père » (Jn 1, 13) par la puissance de l’Esprit Saint. Cela marque le début d’une nouvelle Création. Naît alors la créature nouvelle, ainsi qu’un peuple nouveau. Ceux qui croient, ou mieux ceux qui vivent dans l’obéissance de la foi, « sont nés de Dieu » (Jn 1, 13), et sont rendus participants de la vie divine : ils sont fils dans le Fils (cf. Ga 4, 5-6 ; Rm 8, 14-17). En commentant ce passage de l’Évangile de Jean, Saint Augustin dit d’une manière suggestive : « par le Verbe tu as été créé, mais il est nécessaire que tu sois recréé par le Verbe ». Nous y voyons prendre forme le visage de l’Église comme une réalité déterminée par l’accueil du Verbe de Dieu qui, en se faisant chair, est venu établir sa tente au milieu de nous (Jn 1, 14). Cette demeure de Dieu parmi les hommes, cette shekinah (cf. Ex 26, 1), préfigurée dans l’Ancien Testament, se réalise maintenant dans la présence définitive de Dieu avec les hommes dans le Christ.

 

51. Le rapport entre le Christ, Parole du Père, et l’Église ne peut être compris comme un simple événement passé ; il s’agit plutôt d’une relation vitale dans laquelle chaque fidèle est appelé à entrer personnellement. En effet, nous parlons de la présence de la Parole de Dieu qui demeure avec nous aujourd’hui : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Comme le Pape Jean-Paul II l’a affirmé : « La présence du Christ aux hommes de tous les temps se réalise dans son Corps qui est l’Église. Pour cela, le Seigneur a promis à ses disciples l’Esprit Saint, qui leur “rappellerait” et ferait comprendre ses Commandements (cf. Jn 14, 26) et serait le principe et la source d’une vie nouvelle dans le monde (cf. Jn 3, 5-8 ; Rm 8, 1-13) ».[175]   La Constitution dogmatique Dei Verbum exprime ce Mystère avec la terminologie biblique du dialogue nuptial : « Dieu, qui a parlé autrefois, converse sans cesse avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit-Saint, par qui la voix vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et par l’Église dans le monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait habiter en eux la Parole du Christ en abondance (cf. Col 3,16) » (Dei Verbum, n°8). L’Épouse du Christ, maîtresse de l’écoute, dit encore aujourd’hui avec foi : « Parle, Seigneur, que ton Église t’écoute ». C’est pourquoi la Constitution dogmatique Dei Verbum commence ainsi : « En se mettant religieusement à l’écoute de la Parole de Dieu et en la proclamant avec assurance, le saint Concile… ». Il s’agit en effet d’une définition dynamique de la vie de l’Église : ce sont là des mots par lesquels le Concile indique un aspect qui qualifie l’Église ; elle est une communauté qui écoute et annonce la Parole de Dieu. L’Église ne vit pas d’elle-même mais de l’Évangile et, de cet Évangile, elle tire toujours à nouveau une orientation pour son chemin. C’est une remarque que tout chrétien doit recevoir et appliquer à lui-même : seul celui qui se met à l’écoute de la Parole peut ensuite en devenir l’annonciateur. Dans la Parole de Dieu proclamée et écoutée, dans les Sacrements, Jésus dit aujourd’hui, ici et maintenant, à chacun : « Je suis tien, je me donne à toi » pour que l’homme puisse répondre et dire à son tour : « Je suis tien ». L’Église se manifeste ainsi comme le lieu où, par la grâce, nous pouvons expérimenter ce que raconte le Prologue de Saint Jean : « Mais tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).

 

52. En considérant l’Église comme la demeure de la Parole, on doit avant tout prêter attention à la sainte liturgie. C’est vraiment le lieu privilégié où Dieu nous parle dans notre vie présente, où il parle aujourd’hui à son Peuple qui écoute et qui répond. Chaque action liturgique est par nature nourrie par les Saintes Écritures. Comme l’affirme la Constitution Sacrosanctum Concilium, « dans la célébration de la liturgie, la Sainte Écriture est de la plus grande importance. C’est d’elle que sont tirés les textes qui sont lus et qui sont expliqués dans l’homélie, ainsi que les Psaumes qui sont chantés ; et c’est sous son inspiration et sous son impulsion que les prières, les oraisons et les hymnes liturgiques ont pris naissance et c’est d’elle que les actions et les symboles reçoivent leur signification ». Mieux encore, on doit dire que c’est le Christ lui-même qui « est là présent dans sa Parole, puisque lui-même parle pendant que sont lues dans l’Église les Saintes Écritures ». En effet, « la célébration liturgique devient elle-même une proclamation continue, pleine et efficace de la Parole de Dieu. C’est pourquoi, la Parole de Dieu, assidûment proclamée dans la liturgie est toujours vivante et efficace par la puissance de l’Esprit Saint, et manifeste l’amour agissant du Père qui ne cesse jamais d’agir pour tous les hommes » (cf. Missel romain). L’Église a toujours été consciente que durant l’action liturgique, la Parole de Dieu est accompagnée par l’action intime de l’Esprit Saint qui la rend efficace dans les cœurs des fidèles. En fait, c’est grâce au Paraclet que « la Parole de Dieu devient le fondement de l’action liturgique, la règle et le support de toute la vie. L’œuvre de l’Esprit Saint (…) suggère au cœur de chacun tout ce qui, dans la proclamation de la Parole de Dieu, est prononcé pour l’assemblée des fidèles dans son ensemble ; et tandis qu’elle renforce l’unité de tous, elle ravive aussi la diversité des charismes et pousse à l’action sous des formes multiples ».

 

Par conséquent, il faut comprendre et vivre la valeur essentielle de l’action liturgique par la compréhension de la Parole de Dieu. En un certain sens, l’herméneutique de la foi sur la base des Saintes Écritures, doit toujours avoir comme point de référence la liturgie, où la Parole de Dieu est célébrée comme une parole actuelle et vivante : « Ainsi, dans la liturgie, l’Église suit-elle fidèlement la manière de lire et d’interpréter l’Écriture qui fut celle du Christ, lui qui, depuis l’ ‘aujourd’hui’ de sa venue, exhorte à scruter attentivement toutes les Écritures ». Ici, se manifeste la sage pédagogie de l’Église qui proclame et écoute la Sainte Écriture en suivant le rythme de l’année liturgique. Cette dilatation de la Parole de Dieu dans le temps advient particulièrement dans la célébration eucharistique et dans la Liturgie des Heures. Au centre de tout, resplendit le Mystère pascal auquel sont liés tous les Mystères du Christ et de l’Histoire du Salut, qui s’actualisent sacramentalement : « Tout en célébrant ainsi les Mystères de la Rédemption, elle [l’Église] ouvre aux fidèles les richesses de la puissance et des mérites de son Seigneur de telle sorte que ces Mystères sont en quelque sorte rendus présents tout le temps et que les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis de la grâce du Salut ». J’exhorte les Pasteurs de l’Église et les assistants pastoraux à faire en sorte que tous les fidèles soient éduqués à goûter le sens profond de la Parole de Dieu qui se déploie dans la liturgie tout au long de l’année, en manifestant les Mystères fondamentaux de notre foi. La juste approche de la Sainte Écriture en dépend aussi.

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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