28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 16:57

Extrait de l’exhortation apostolique post-synodale sur la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise, donnée par Benoît XVI le 30 septembre 2010, en la 6e année de son pontificat.

 

53. En abordant le thème de la valeur de la liturgie pour la compréhension de la Parole de Dieu, le Synode des Évêques a voulu souligner aussi la relation entre la Sainte Écriture et l’action sacramentelle. Il est très opportun d’approfondir le lien entre la Parole et le Sacrement, aussi bien dans l’action pastorale de l’Église que dans la recherche théologique. Il est certain que la liturgie de la Parole est un élément décisif dans la célébration de chacun des Sacrements de l’Église ; néanmoins, dans l’action pastorale, les fidèles ne sont pas toujours conscients de ce lien et ne perçoivent pas toujours l’unité entre le geste et la parole. Il appartient aux prêtres et aux diacres, surtout lorsqu’ils administrent les Sacrements, de mettre en lumière l’unité que Parole et Sacrement forment dans le ministère de l’Église. En effet, dans le rapport entre la Parole et le geste sacramentel, l’action même de Dieu dans l’histoire est manifestée sous la forme liturgique à travers le caractère performatif de la Parole. Dans l’Histoire du Salut en effet, il n’existe pas de séparation entre ce que Dieu dit et fait ; sa Parole même est vivante et efficace (cf. He 4, 12), comme le traduit bien l’expression hébraïque ‘dabar’. De même dans l’action liturgique, nous sommes mis en présence de sa Parole qui réalise ce qu’elle dit. En éduquant le Peuple de Dieu à découvrir le caractère performatif de la Parole de Dieu dans la liturgie, on l’aide aussi à percevoir l’action de Dieu dans l’Histoire du Salut et dans l’histoire personnelle de chacun de ses membres.

 

54. Ce qui vient d’être affirmé de façon générale sur la relation entre la Parole et les Sacrements, s’approfondit quand nous nous référons à la célébration eucharistique. D’ailleurs, l’unité intime entre la Parole et l’Eucharistie se base sur le témoignage scripturaire (cf. Jn 6; Lc 24), attesté par les Pères de l’Église et réaffirmé par le Concile Vatican II. À ce sujet, nous pensons au grand discours de Jésus sur le pain de vie dans la synagogue de Capharnaüm (cf. Jn 6, 22-69), qui est sous-tendu par la comparaison entre Moïse et Jésus, entre celui qui s’est entretenu avec Dieu face à face (cf. Ex 33, 11) et celui qui révéla Dieu (cf. Jn 1, 18). Le discours sur le pain, en effet, renvoie au don de Dieu, que Moïse a obtenu pour son Peuple avec la manne dans le désert et qui est en réalité la Torah, la Parole de Dieu qui fait vivre (cf. Ps 119 ; Pr 9, 5). Jésus accomplit en sa personne la figure antique : « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde… Moi, je suis le pain de vie » (Jn 6, 33.35). Ici, la Loi est devenue Personne. Dans la rencontre avec Jésus, nous nous nourrissons pour ainsi dire du Dieu vivant lui-même, nous mangeons vraiment “le pain venu du ciel”. Le Prologue de Jean trouve un approfondissement dans le discours de Capharnaüm : si là le Logos de Dieu devient chair, ici cette chair devient « pain » donné pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51), faisant ainsi allusion au don que Jésus fera de lui-même dans le Mystère de la Croix, qui est confirmé par l’affirmation sur son Sang donné « pour être bu » (cf. Jn 6, 53). De cette manière, est manifesté dans le Mystère de l’Eucharistie quelle est la vraie manne, le vrai pain du ciel : c’est le Logos de Dieu qui s’est fait chair, et qui s’est offert lui-même pour nous dans le Mystère pascal.

 

Le récit de Luc sur les disciples d’Emmaüs nous permet de progresser dans la réflexion sur le lien entre la Parole et la fraction du pain (cf. Lc 24, 13-35). Jésus alla à leur rencontre le jour après le sabbat, écouta l’expression de leur espérance déçue, et, devenant leur compagnon de route, « il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait » (24, 27). Les deux disciples commencent à scruter d’une manière nouvelle les Écritures en présence de ce voyageur qui, de façon inattendue, se montre si proche de leur vie. Ce qui est arrivé en ces jours-là n’apparaît plus comme un échec, mais comme un accomplissement et un nouveau départ. Toutefois, ces paroles ne semblent pas encore satisfaire les disciples. L’Évangile de Luc nous dit que « leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent » (24, 31), seulement quand Jésus prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna, alors qu’auparavant, « leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas » (24, 16). La présence de Jésus, d’abord à travers ses paroles, puis avec le geste de la fraction du pain, a permis aux disciples de le reconnaître ; ils purent éprouver d’une manière nouvelle ce qu’ils avaient précédemment vécu avec lui : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures? » (24, 32).

 

55. Ces récits montrent comment l’Écriture elle-même conduit à appréhender son lien indissoluble avec l’Eucharistie. « C’est pourquoi il faut toujours avoir présent à l’esprit que la Parole de Dieu, lue et annoncée par l’Église dans la liturgie, conduit au sacrifice de l’Alliance et au banquet de la grâce, c’est-à-dire à l’Eucharistie» (Missel romain). La Parole et l’Eucharistie sont corrélées intimement au point de ne pouvoir être comprises l’une sans l’autre : la Parole de Dieu se fait chair sacramentelle dans l’événement eucharistique. L’Eucharistie nous ouvre à l’intelligence de la Sainte Écriture, comme la Sainte Écriture illumine et explique à son tour le Mystère eucharistique. En effet, sans la reconnaissance de la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie, l’intelligence de l’Écriture demeure incomplète. C’est pourquoi, « la Parole  Dieu et le Mystère eucharistique ont toujours et partout reçu de l’Église non pas le même culte mais la même vénération. C’est ce qu’elle a établi, poussée par l’exemple de son Fondateur, en ne cessant jamais de célébrer son Mystère pascal, en se réunissant pour “lire dans toute l’Écriture, ce qui le concernait” (Lc 24, 27), et pour réaliser l’œuvre du salut par le mémorial du Seigneur et les Sacrements ». 

 

 

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Publié par Matthieu BOUCART -
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