11 septembre 2007 2 11 /09 /septembre /2007 23:00

Extrait du discours du Pape Benoît XVI au Congrès du Parti Populaire Européen, le 30 mars 2006.

   

Les Pontifes romains ont toujours accordé une attention particulière [au continent européen] (...).

 

Actuellement, l'Europe doit faire face à des questions complexes de grande importance, telles que la croissance et le développement de l'intégration européenne, la définition toujours plus précise de politiques communes au sein de l'Union et le débat sur son modèle social. Pour atteindre ces objectifs, il sera important de s'inspirer, avec une fidélité créative, de l'héritage chrétien qui a apporté une contribution tout à fait particulière à la formation de l'unité de ce continent. En tenant compte de ses racines chrétiennes, l'Europe sera capable de donner une orientation sûre au choix de ses citoyens et de ses peuples, elle renforcera sa conscience d'appartenir à une civilisation commune et elle consolidera l'engagement de tous dans le but de faire face aux défis du présent en vue d'un avenir meilleur.

 

Par conséquent, j'apprécie la reconnaissance accordée par votre groupe à l'héritage chrétien de l'Europe, qui offre de précieuses orientations éthiques dans la recherche d'un modèle social qui réponde de manière adéquate aux questions posées par une économie déjà mondialisée et par les mutations démographiques, en assurant la croissance et l'emploi, la protection de la famille, l'égalité des chances pour l'éducation des jeunes et la sollicitude pour les plus pauvres.

 

Par ailleurs, le soutien que vous apportez à l'héritage chrétien peut contribuer de manière significative à tenir en échec une culture aujourd'hui très amplement diffusée en Europe qui relègue dans la sphère privée et subjective la manifestation des convictions religieuses de chacun. Des politiques élaborées sur ce principe n'ont pas seulement comme conséquence de dénier un rôle public au christianisme ; de manière plus générale, elles refusent tout lien avec la tradition religieuse de l'Europe, qui est pourtant très claire, en dépit de ses diversités confessionnelles, en menaçant ainsi la démocratie elle-même, dont la force dépend des valeurs qu'elle défend (cf. Evangelium vitae, n. 70). Etant donné que cette tradition, précisément au sein de ce que l'on pourrait appeler son unité polyphonique, est porteuse de valeurs qui sont fondamentales pour le bien de la société, l'Union européenne ne peut trouver qu'un enrichissement à la reconnaître. Ce serait un signe d'immaturité, voire de faiblesse, de choisir de s'y opposer ou de l'ignorer, plutôt que de dialoguer avec elle.

 

Dans ce contexte, il faut reconnaître qu'une certaine intransigeance séculière se révèle ennemie de la tolérance et d'une saine vision séculière de l'Etat et de la société. C'est pourquoi je me réjouis que le traité constitutionnel de l'Union européenne prévoie une relation organisée et permanente avec les communautés religieuses, en reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique. Par dessus tout, j'ai confiance dans le fait que la mise en oeuvre effective et juste de cette relation commencera dès à présent, avec la coopération de tous les mouvements politiques, indépendamment de leurs orientations partisanes. Il ne faut pas oublier que, lorsque les Eglises et les communautés ecclésiales interviennent dans le débat public, en exprimant des réserves ou en rappelant certains principes, cela ne constitue pas une forme d'intolérance ou une interférence, car ces interventions ne visent qu'à éclairer les consciences, en les rendant capables d'agir de manière libre et responsable, conformément aux exigences véritables de la justice même si cela peut entrer en conflit avec des situations de pouvoir et d'intérêt personnel.

 

En ce qui concerne l'Eglise catholique, l'objet principal de ses interventions dans le débat public porte sur la protection et la promotion de la dignité de la personne et elle accorde donc volontairement une attention particulière à certains principes qui ne sont pas négociables. Parmi ceux-ci, les principes suivants apparaissent aujourd'hui de manière claire :

 

la protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle ;

la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille, comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage, et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent à sa déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable ;

la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants.

 

Ces principes ne sont pas des vérités de foi, même si ils reçoivent un éclairage et une confirmation supplémentaire de la foi ; ils sont inscrits dans la nature humaine elle-même et ils sont donc communs à toute l'humanité. L'action de l'Eglise en vue de leur promotion n'est donc pas à caractère confessionnel, mais elle vise toutes les personnes, sans distinction religieuse. Inversement, une telle action est d'autant plus nécessaire que ces principes sont niés ou mal compris, parce cela constitue une offense contre la vérité de la personne humaine, une blessure grave infligée à la justice elle-même.

 

Chers amis, [je] vous [exhorte] à un témoignage crédible et cohérent de ces vérités fondamentales à travers votre action politique, et plus fondamentalement à travers votre engagement à vivre de manière authentique et cohérente votre vie.

  

 

 

Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

Partager cet article
Repost0
Publié par Matthieu BOUCART -
commenter cet article

commentaires

M
" Question pour Miky (encore une question de limites...) : Et quand l'Eglise refuse catégoriquement aux homosexuels le cadre légal qui leur permettrait de vivre une relation de couple stable et durable, dans la sécurité (solidarité financière, situation du conjoint en cas de décès, etc) et la reconnaissance de la société qui les entoure ? Elle viole le "harm principle", ou pas ?Moi, je dirais oui, même s'il n'y a pas ici atteinte à l'intégrité physique."J'ai beaucoup réfléchi à cette question. L'Eglise, bien entendu, prétend avoir des arguments rationnels. Beaucoup de ces arguments ne résistent pas à l'analyse (ceux fondés sur la notion de nature humaine par exemple, et qui sont plutôt des arguments pour appuyé la soi-disant immoralité des relations homosexuelles). Certains arguments ont cependant une certaine valeur et méritent qu'on les examine attentivement. En particulier, il y a l'argument suivant lequel l'égalité de droit va de paire avec une égalité de conditions. Concrètement, l'idée est que tout droit implique des devoirs. Or le mariage jouit de certains droits car il apporte également à la société qqch en retour : de nouveaux enfants. Une union homosexuelle étant stérile par nature, elle ne peut revendiquer jouir des mêmes droits. Il y a donc quelques arguments valables contre le mariage homosexuel. Par contre, je trouve que l'Eglise exagère énormément le problème. Si le mariage était étendu aux couples homosexuels, il y aurait certes une injustice. Mais elle me paraît assez ridiculement faible par rapport à beaucoup d'autres injustices qui sont commises régulièrement. Pas de quoi céder à la panique, donc. Je pense qu'une solution qui pourrait peut-être satisfaire tout le monde serait la suivante :Il faudrait qu'existe une possibilité d'établir un contrat entre toutes les personnes physiques qui le souhaitent (quelque soit leur nombre et leur âge, d'ailleurs) et réglant leur vie en commun. Si ensuite, certains, en particulier au sein de la communauté homosexuelle, souhaitent institutionnaliser ce contrat, il faudrait que cette institutionnalisation soit privée, c'est-à-dire que cela soit par exemple une association homosexuelle qui se charge de jouer le rôle de l'Etat.
Répondre
E
Un argument supplémentaire contre la relégation à la sphère privée, le christianisme est entièrement centré sur le témoignage, je parle pas de conversion forcée, hein !, juste de témoignage, du coup pratiquer mon christianisme en m'en tenant à la sphère privée alors que celui-ci me demande précisément de confesser publiquement me pose un léger problème...
Répondre
T
quant à "reléguer dans la sphère privée" ses convictions religieuses, il y a sur ce points pas mal de choses que je n'ai jamais bien comprises, mais qu'on ne m'a jamais bien expliqué, aussi.D'abord, pourquoi faudrait-il les reléguer à...non, même pas : comment ?? comment je fais, à partir du moment où agir de telle manière, parler de telle manière, réagir ainsi, tout cela, normalement, si j'arrive à me construire une ligne de vie cohérente (j'en vois qui rigole dans le fond !), ou même de toute façon, tout ça est fondé sur comment je vois la vie, comment je comprend et considère les autres, le sens de mes actes... je suppose que c'est pareil pour tout le monde, non ? nos actes disent ce sur quoi on a fondé sa vie, selon quelle philosophie on a choisi de vivre ?donc, pour "reléguer mes convictions à la sphère privée", il faudrait que je prenne bien garde à agir toujours en contradiction avec mes convictions, pour que surtout elles ne s'étalent pas au grand jour. moi je veux bien, m'enfin c'est un peu tordu, non'autre question, c'est : je relègue à la sphère privée. soit. et ma sphère privée, après j'en fais quoi ? Par exemple, si je fais des remarques comme quoi certains étalent complaisamment jusqu'au moindre détail de leur vie privée sur la voie publique, soit en paroles soit en images, on me fait remarquer que "et alors, c'est leur vie, ils en fon ce qu'ils veulent."Or, soit, mais si ma religion est partie intégrante de ma vie privée, et seulement de ma vie privée, et que je sois tout à fait libre d'étaler ma vie privée jusque dans ses recoins les plus intimes sur la place publique,alors il s'ensuit assez logiquement que je suis tout à fait en droit d'étaler ma religion en public, sans que personne y trouve rien à redire.où l'on voit que, bizarrement, le problème, ça semble plus être "on veut pas entendre parler de morale chrétienne" que le sain souci de la laïcité.Laïcité qui, je rappelle, consiste en la séparation du religieux et du temporel, séparation déjà engagée par l'ère chrétienne s'il vous plaît, merci de ne pas l'oublier. (même si certains ces temps-ci ont tendance à comprendre "laïcité" comme synonyme de "comment effacer ce qui est ou semble être chrétien, et chanter les louanges de ce qui est ou semble être musulman ?") (la réduisant ainsi à une sorte de phénomène de mode : on jette le vieux pour s'extasier devant le "nouveau") (exemples à l'appui, surtout dans le système scolaire)Un peu comme "et les valeurs de la république, alors?" : ben, oui, moi je veux bien, mais justement : d'où elles viennent, les valeurs de la république ? de quoi elles s'inspirent tout en voulant s'en démarquer mais tout en les imitant ?Ceux qui les ont fondé (pas vraiment en les pratiquant, d'ailleurs) ont voulu en effacer toute référence à Dieu. Mais on en retrouve toutes les racines et la préparation dans les siècles d'avant. ah.
Répondre
A
Question pour Miky (encore une question de limites...) : Et quand l'Eglise refuse catégoriquement aux homosexuels le cadre légal qui leur permettrait de vivre une relation de couple stable et durable, dans la sécurité (solidarité financière, situation du conjoint en cas de décès, etc) et la reconnaissance de la société qui les entoure ? Elle viole le "harm principle", ou pas ?Moi, je dirais oui, même s'il n'y a pas ici atteinte à l'intégrité physique.Et oui, effectivement (merci Tihamo), l'argument de "la pente savonneuse", si on l'utilise pour des trucs absolument pas comparables...C'est juste que sur la question de "s'habituer à faire des trucs qui vous gênaient un peu aux entournures au départ", je me base sur mon expérience personnelle...et je constate que la pente, je la descends un chouïa quand même. Mais bon, ça ça doit être la faute à mon manque de valeurs ;-)
Répondre
T
...ah ben dites tout de suite que vous vous débrouillez sans moi, hein? cela dit, à la réflexion, oui, mais bon, ça me va très bien. chouette chouette. j'ai plus besoin d'être là, on s'occup de tout, et on met à ma palce ce que de toute façon j'aurais dit. mais sans tuer personne. (ça, c'est ma petite toche personnelle).    :-)Et tu la renvoies d'emblée en disant quoi?  en répétant ce à quoi elle te répondait : ": quand la personne concernée, en toute conscience et librement, le décide fermement.
Répondre
M
Bonsoir Aude,"en bref : quand quelqu'un rencontre une douleur physique et/ou morale telle qu'il dit ne plus pouvoir la supporter...tu cours trouver du cyanure, ou bien tu essaies d'apporter ton aide?"J'essaie d'apporter mon aide, mais là n'est pas le problème : le problème est : si mettons un individu veut mourir (que c'est un choix libre et éclairé) et qu'un deuxième veut l'aider à mourir, a-t-on le droit de l'interdire ?"Tu me diras que le soutien c'est bien gentil mais que parfois ça ne suffit pas à soulager...d'accord. Mais, quand est ce qu'on franchit les limites de l'insoutenable ?"Eh bien je propose un critère simple : quand la personne concernée, en toute conscience et librement, le décide fermement.Mais attention, je ne suis pas non plus pour du tout ou rien, hein ! Il y a des cas limites, où il vaut mieux être prudent."Et si on légifère sur le sujet de l'euthanasie, est ce qu'il ne deviendra pas de plus en plus facile, l'habitude venant, de s'épargner le spectacle de la souffrance par une solution des plus radicales ?"C'est le fameux argument de la pente savonneuse, mais il est fallacieux. Avec ce genre d'argument, je peux te "démontrer" tout et son contraire. Par exemple qu'il ne faut pas boire d'eau. En effet, si on commence à boire un verre d'eau, est-ce qu'il ne sera pas de plus facile d'en boire un 2ème ? Puis un hectolitre ? Puis une citerne ?"Il me semble que "ne pas reléguer dans la sphère privée et subjective la manifestation des convictions religieuses de chacun", équivaut à acquitter en bloc les auteurs de...de lapidations de femmes adultères, par exemple."Sauf que là on aurait une violation du harm principle. Tant que ce harm principle n'est pas violé, tout est permis (que ce soit en religion ou ailleurs).PS : A la réflexion, je vois bien une objection contre l'euthanasie : elle est irréversible. Donc si en conscience et librement je décide de me supprimer, je ne pourrai plus changer d'avis après... Mais ne peut-on pas y voir parfois un moindre mal, comme serait un moindre mal un avortement en cas de risque mortel pour la mère (et de toute façon le bébé) ?
Répondre
A
Ouh là, Miky...bon, je vais épargner à Ti'hamo, qui a du pain sur la planche en ce moment ;-), la peine de re-recoucher par écrit ce que lui inspire l'euthanasie (tu me corrigeras si je me trompes, Ti'hamo ?)...en bref : quand quelqu'un rencontre une douleur physique et/ou morale telle qu'il dit ne plus pouvoir la supporter...tu cours trouver du cyanure, ou bien tu essaies d'apporter ton aide?Tu me diras que le soutien c'est bien gentil mais que parfois ça ne suffit pas à soulager...d'accord. Mais, quand est ce qu'on franchit les limites de l'insoutenable ? Et si on légifère sur le sujet de l'euthanasie, est ce qu'il ne deviendra pas de plus en plus facile, l'habitude venant, de s'épargner le spectacle de la souffrance par une solution des plus radicales ?Vouloir s'épargner le spectacle de la souffrance de l'autre (inconnu... ou être cher), est une tentation bien humaine, je crois. (ben oui : si on n'était pas humain, on s'en ficherait, qu'ils souffrent...)Sans vouloir brandir le spectre d'hôpitaux où les malades seraient zigouillés à tour de bras...réfléchissons un peu à la notion de consentement libre et éclairé...Pour partir sur un autre sujet (oui, parce que si je commence à me faire la voix fantôme de Tihamo, je vais devenir schizophrène)...Il me semble que "ne pas reléguer dans la sphère privée et subjective la manifestation des convictions religieuses de chacun", équivaut à acquitter en bloc les auteurs de...de lapidations de femmes adultères, par exemple. (Allez-y, dites moi que la lapidation n'est pas une manifestation de convictions religieuses. Et les attentats suicides, ce ne sont pas non plus des manifestations de convictions religieuses, peut-être ?)Alors, bon, il fallait peut être comprendre : "ne pas reléguer, etc, les convictions chrétiennes de chacun". Mais là on s'égare, non ?Les religions sont porteuses de valeurs ? Ca, j'apprécie. Ca sous-entendrait que moi, qui suis athée, je n'ai pas, ou pas suffisamment, le sens des valeurs ? Et au fait, et les valeurs républicaines ? Il paraît même qu'il y en a une qui s'appelle "laïcité"...
Répondre
M
Je peux comprendre les réticences vis-à-vis de l'avortement. Par contre, j'ai du mal à comprendre les réticences vis-à-vis de l'euthanasie, étant entendue par euthanasie une action visant à abréger la vie d'une personne, avec le consentement libre et éclairé de cette dernière.Je ne dis pas que c'est bien. Je ne dis pas qu'il faut le promouvoir. Je pense même qu'il faut promouvoir le contraire. Mais puisqu'il y a ce consentement libre et éclairé, je ne vois pas où est le problème au niveau du droit.Je pense que c'est une erreur de confondre droit et morale. Les limites du droit, c'est le harm principle : ne pas nuire à autrui. A partir du moment où ce principe est respecté, tout est permis, même si tout n'est pas utile ou bien. Vouloir interdire aux gens de mourir, si c'est vraiment leur choix, c'est leur interdire l'exercice de leur liberté. Et si c'est uniquement parce qu'un acte est réprimé qu'il n'est pas commis, je ne vois pas trop l'aspect édifiant de la chose...L'euthanasie, à mon sens, doit devenir une possibilité réelle, pour que les gens qui y renoncent le fassent au nom d'une liberté réelle.
Répondre

Présentation

  • : Totus Tuus
  • : A Jésus par Marie - Un site catholique pour apprendre à connaître et aimer Dieu de tout son coeur et de toute son intelligence.
  • La Lumière du Monde
  • Contact

Cher ami lecteur, tu es le e visiteur. La Paix soit avec toi. 

Ecouter un enseignement sur la foi catholique

Vous rendre sur le blog ami dédié à Claude Tresmontant

Visiteurs actuels