Extraits du discours du Pape Benoît XVI au nouvel ambassadeur d’Algérie près le Saint Siège, le 1er décembre 2005
Monsieur l’Ambassadeur,
Vous avez évoqué (…) les graves violences que votre pays a dû affronter au cours de ces dernières années. Seule une authentique réconciliation peut permettre aux hommes de vivre en harmonie et en paix entre eux. Le renoncement à la vengeance et l’engagement résolu sur le chemin du pardon sont les moyens dignes de l’homme pour renforcer les liens de fraternité et de solidarité. Ainsi que l’affirmait mon vénéré prédécesseur le Pape Jean-Paul II, «la capacité de pardonner est à la base de tout projet d’une société à venir plus juste et plus solidaire» (Message pour la Journée mondiale de la paix 2002, n. 9). Le pardon conduit la personne vers une humanité plus profonde et plus riche, éveillant en chacun le meilleur de lui-même. Mais une telle attitude, qui grandit l’homme, est nécessairement associée aux exigences de la justice. Le pardon n’est pas une marque de faiblesse et il ne peut ignorer les revendications légitimes des victimes de l’injustice, qui demandent que leurs droits soient reconnus et que les dommages subis soient réparés. Le pardon est en quelque sorte le parachèvement de la justice humaine fragile et imparfaite, permettant de cicatriser les blessures qui ont marqué parfois durablement les personnes au plus profond d’elles-mêmes et de rétablir au mieux les relations humaines qui ont été déstabilisées (…).
Monsieur l’Ambassadeur, vous avez rappelé les grandes figures de paix et de réconciliation entre les communautés qui ont marqué l’histoire ancienne et contemporaine de votre pays. Tout récemment encore, l’Église a honoré de manière particulière Charles de Foucauld, qui a vécu sur votre terre, voulant se faire proche de tous, comme le «frère universel». Ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire, l’Église catholique entend poursuivre avec les croyants des autres religions un dialogue ouvert et sincère, à la recherche du véritable bien de l’homme et de la société. Je me réjouis donc de connaître la qualité des relations entretenues dans votre pays entre la communauté catholique et la communauté musulmane. La rencontre en vérité entre les croyants des différentes religions est un défi exigeant pour l’avenir de la paix dans le monde, et cela demande beaucoup de persévérance. Pour dépasser l’ignorance et les préjugés réciproques, il est important de créer des liens de confiance entre les personnes, notamment à travers le partage de la vie quotidienne et le travail réalisé en commun, en sorte que la libre expression des différences confessionnelles ne soit pas un motif d’exclusion mutuelle mais plutôt une occasion pour apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre.
Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI au nouvel ambassadeur d'Algérie, le 1er décembre 2005