"C'est la question de l'être, dans sa formulation leibnizienne : "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?" La question va au-delà de Dieu, puisqu'elle l'inclut. Pourquoi Dieu plutôt que rien? Si l'on voulait pourtant rattacher cette question à notre débat, elle rejoindrait la "preuve cosmologique", ou preuve a contingentia mundi (par la contingence du monde), laquelle prétend expliquer l'existence de la totalité des choses contingentes (le monde) par une chose absolument nécessaire (Dieu).
"Pour résumer cette "preuve" à l'extrême, elle dit à peu près ceci : "Pourquoi le monde? Parce que Dieu!" Et c'est vrai que, constatant l'existence du monde, on ne peut guère éviter de penser à sa contingence, comme disent les philosophes, ce qui signifie que le monde aurait pu ne pas exister. Or, il existe... Il faut donc qu'il ait une cause (une "raison suffisante", dit Leibniz). Mais laquelle? Si cette cause était elle-même une chose contingente, il faudrait à son tour l'expliquer par une autre, qui devrait à son tour être expliquée par une troisième, et ainsi à l'infini, ce qui laisserait la série entière des choses contingentes - donc l'existence du monde - inexpliquée.
"Il faut donc, pour expliquer l'ensemble des choses contingentes (le monde) supposer un être absolument nécessaire, extérieur à cet ensemble : c'est cet être qu'on appelle Dieu.
"Il m'est arrivé de dire, et c'est vrai, que c'est la seule des trois "preuves" classiques qui me paraisse forte, la seule qui, parfois, me fasse vaciller. Pourquoi? Parce que la contingence est un abîme, où la raison se perd (...).
"Qu'il y ait quelque chose, nul n'en doute. La question est de savoir pourquoi il y a quelque chose. Or, à cette question, nul ne peut répondre : penser l'être comme nécessaire, ce n'est pas l'expliquer, c'est constater qu'il ne s'explique que par lui-même (il est "cause de soi", disent souvent les philosophes), ce qui le rend pour nous et à jamais inexplicable.
"Si bien que la question "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien" nous renvoie à ce que j'appelle le mystère de l'être, indissociable de son évidence. Il y a quelque chose, et non pas rien ; et personne, jamais, ne pourra dire pourquoi, puisqu'on ne pourrait expliquer l'existence de l'être que par un être, autrement dit qu'à la condition de présupposer d'abord ce qu'on veut expliquer (...).
"Pourquoi voulez-vous que ce mystère (ou sa clé transcendante) soit Dieu?"
Matthieu 16/04/2007 22:08
Matthieu 16/04/2007 21:10
ti'hamo 16/04/2007 14:41
Eric George 16/04/2007 07:15
Matthieu 15/04/2007 21:03
Olivier 15/04/2007 13:16
Eric George 15/04/2007 07:10
Matthieu 14/04/2007 15:59
Olivier 13/04/2007 21:13
Matthieu 13/04/2007 20:00
Eric George 13/04/2007 19:40
Matthieu 13/04/2007 18:34
Eric George 13/04/2007 17:42
miteny 13/04/2007 14:59
Matthieu 13/04/2007 09:41
Eric George 13/04/2007 09:29