30 janvier 2007 2 30 /01 /janvier /2007 12:43

Dans sa catéchèse du 12 septembre 1979, le Pape Jean-Paul II revient sur la controverse opposant Jésus aux Pharisiens sur la question de l’indissolubilité du mariage : tandis que les Pharisiens invoquent la loi de Moïse, Jésus, lui, se réclame de l'origine, en citant les paroles mêmes du Livre de la Genèse.

 

Le Premier texte auquel renvoie Jésus est le récit de la création de l’homme, inséré dans le cycle des sept jours de la Création du monde (Gn 1. 1 – 2. 4). Ce premier récit est historiquement postérieur au second, et provient de la tradition sacerdotale appelée Elohiste, en ce qu’elle désigne Dieu par le terme « Elohim » ; il est théologiquement moins anthropomorphique que le premier et « plus mur tant en ce qui regarde l’image de Dieu que dans la formulation des vérités essentielles sur l’homme ».

 

Tandis que le cycle des sept jours de la création se développe selon une « gradation très précise », suivant une « succession naturelle », jusqu’aux animaux, le Pape relève qu’une brusque rupture survient avec l’apparition de l’homme, ainsi qu’en atteste l’expression : « Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance… » (Gn 1. 26) qui laisse supposer une délibération de Dieu avant cet acte important, « comme s’il avait voulu réfléchir avant de prendre une décision ».

 

Dans ce premier récit de création, l’homme est donc présenté comme le chef d’œuvre de Dieu, le couronnement de toute l’œuvre de la Création, de laquelle il se distingue cependant ontologiquement par l’empreinte divine dont il est marqué : « L’homme et le monde visible viennent à être créés ensemble, mais en même temps, le Créateur ordonne à l’homme de maîtriser et dominer la terre : il est donc placé au dessus du monde. Bien que l’homme soit ainsi lié si étroitement au monde visible, le récit biblique ne lui attribue cependant aucune ressemblance avec les autres créatures, mais seulement avec Dieu ».

 

La fine pointe du texte réside donc dans l’affirmation « qu’il est absolument impossible de réduire l’homme au « monde » » et que « l’homme ne saurait être compris ni expliqué à fond selon les catégories empruntées au « monde », c’est à-dire au complexe visible des corps. »

Pour autant, l’homme n’est pas un être désincarné : il est créé par Dieu « homme et femme », (Gn 1. 27) comme un être sexué, et dans un corps de chair.

 

Le premier récit de la création, de nature essentiellement théologique en ce qu’il appréhende l’homme dans sa relation avec Dieu (« à l’image de Dieu, il le créa »), contient en outre une « puissante charge métaphysique », l’homme y étant « défini de manière plus métaphysique que physique », « avant tout dans les dimensions de l’être et de l’exister ».

 

Sa condition apparaît pour l’essentiel marquée par la contingence et la bonté :

 

- la contingence : la perspective de la procréation (« soyez fécond et multipliez-vous, emplissez la terre »), « de ce devenir dans le monde et dans le temps, de ce fieri qui est nécessairement lié à la situation métaphysique de la création : de l’être contingent » est liée par l’auteur sacré au mystère même de sa création (« à l’image de Dieu il le créa ») ;

 

- la bonté : qui se manifeste par l’émerveillement de Dieu devant l’ouvrage de ses mains, et qui culmine dans la création de l’homme : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon » (Gn 1. 3).

 

 

Tout ceci, nous dit le Pape Jean-Paul II, aura beaucoup de sens pour la théologie du corps sur laquelle nous reviendrons dans les semaines à venir.

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

L
          Bonjour,
Je trouve que je n'ai pas répondu gentiment à Hervé, ce n'était pas mon but :-). La suite des évènements montre quand même que j'avais raison (cf commentaire d'une charmante personne... )
                   A bientôt !
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L
                  Merci Matthieu car tu tempères ce que mon commentaire a d'excessif; il ne faut pas regretter nos partages, ni ces témoignages. La Paix soit entre nous, et largement partagée.
 
 
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M
Chère Lucienne,
Tu es toujours la bienvenue sur ce Blog, et je te lis à chaque fois avec beaucoup de plaisir. Je t'encourage cependant au jeûne d'Internet. Je devrais m'y mettre d'ailleurs moi aussi! Marie nous invite souvent dans les groupes de prière à opposer à la propagande athée et anti-chrétienne du monde notre prière et notre silence.
Une remarque toutefois : il faut toujours penser, lorsque nous écrivons sur un Blog, que nous pouvons toucher d'autres personnes que celle à laquelle on s'adresse directement.
C'est pourquoi je suis très heureux pour ma part du lien que notre ami RV a mis sur la danse du soleil, surtout en cette année d'anniversaire des apparitions de Fatima! Qui sait si quelqu'un ne sera pas bouleversé par ce qu'il lira, ou découvrira sur l'excellent site "Chère Gospa"?
N'oublions pas que Jésus nous invite à semer largement, même sur les terres les plus arides, et les chemins les plus rocailleux. La germination du bon grain ne nous appartient pas : c'est l'oeuvre de Dieu. Mais ce que le Seigneur nous demande, c'est de semer, et de semer largement.
"A semer trop peu, on récolte trop peu ; à semer largement, on récolte largement" (2 Co 9. 6)
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L
    Cher Hervé,
             Je vais faire un jeûne d'internet, je crois, car mes réponses ne sont pas claires(et je ne peux pas m'y consacrer suffisamment). Je vous remercie, Hervé pour votre réponse.
Je pense effectivement qu'il faut prendre davantage conscience de la nécessité à rester vigilant pour ne pas livrer à tous vents l'héritage qui nous est fait, (ni , bien sûr, de prendre à la légère ce qui est profond et dont la signification est sacrée), c'est un discernement difficile pour chacun de nous, comme de parler seulement à bon escient.Il faudrait prier l'Esprit-Saint constamment de nous éclairer,prier les uns pour les autres et méditer l'exemple du Seigneur. 
Loué soit-Il !
Bien à vous, cher Hervé, et à chacun .
P.S: Pardonne-moi, Matthieu pour tous mes messages non liés directement à tes articles.Lucienne
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L
                        Merci Hervé de me répondre, j'ai ri avec vous, mais je pense qu'il n'est pas bien drôle d'être insulté non plus,et que la plaisanterie n'est pas forcément trés saine au fond...
Je vous assure de mon amitié sincère et profonde. Fraternellement à vous trois, et à Matthieu, en particulier ce soir, qui en même temps continue à mettre des articles fort nourrissants ;-) et trés beaux!
 A bientôt.
 
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R
Je voudrais juste laissé un petit (et dernier) commentaire pour Lucienne, au sujet de l'un de ses commentaires précédents.
Oui, je suis d'accord avec vous pour dire qu'il ne faut pas "donner ses perles aux cochons" (d'après l'expression de l'Evangile"). Vous avez tout à fait raison. En ce sens, on peut dire que le lien vers lequel j'ai renvoyé l'internaute "Saucisse" (le lien vers "la danse du soleil") n'était pas bien venu du tout.
C'est vrai qu'il ne faut pas jouer avec les choses sacrées. Mais en même temps, il arrive parfois qu'on soit pris par une sorte d'envie très forte de plaisanter. Ca peut arriver. Mais merci de nous rappeler qu'il faut quand même garder des limites !
Amitiés !
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