6 janvier 2007 6 06 /01 /janvier /2007 12:22

Dans le monde où il fait Dieu, le jour s'embusque derrière la nuit. Et c'est en, voulant à tout prix garder les pieds sur la terre qu'on bondit le mieux vers les étoiles. Car l'humour de Dieu est aussi infini que son amour.

Ainsi est-ce en voulant tracer du Christ le portrait le plus tronqué qui soit que, bien involontairement, Ernest Renan a entrevu l'une des faces de Dieu les plus mystérieuses : comme préalable à sa "Vie de Jésus", Renan nous prévient en effet qu'il croit de son devoir de philosophe de retrancher des Evangiles toutes les relations concernant les miracles et autres évènements à coloration surnaturelle.

Oh, la charmante, la jolie gaffe!

Car si l'on ôte à Jésus son environnement féérique, on met aussitôt en valeur le miracle absolu : l'Incarnation, cette irruption saisissante de Dieu dans notre condition humaine.

Les miracles qui fleurissent l'Ancien ou le Nouveau Testament n'ont, après tout, rien d'étonnant : venant de Dieu, c'est le miracle qui est l'état normal.

Qu'est-ce qu'un miracle, sinon la génuflexion gracieuse de la Nature et de ses lois devant leur Créateur? Sinon le rappel, dans une expression ravissante, de l'obédience de la Nature - et de ce que nous appelons déraisonnablement la Raison? Le miracle est logique, et même banal, en ce qu'il dévoile la suprématie de l'Inventeur sur son invention, du Moteur sur la machine, de la Cause sur ses effets.

Un jour que j'évoquais devant un ami incroyant quelques-uns parmi mes miracles de prédilection, cet ami, vaguement excédé, me coupa la parole :

- Allons donc! Ton Jésus avait un truc!

Certainement, mon Jésus avait un truc (soit dit-en passant, Il l'a toujours). Il avait même le plus efficace de tous les trucs. Il était Dieu.

Considérant que Dieu a créé l'univers, je ne saurais qualifier d'exploit ni de prodige le fait qu'Il ait changé l'eau en vin lors d'un repas de noces.

En réalité, ce qui me paraît miraculeux, ce ne sont pas les miracles - mais les instants où Dieu n'en fait pas.

Je m'explique : lorsque Jésus guérit un paralytique ou apaise une tempête, Il manifeste sa nature divine. Il est alors en accord essentiel avec Lui-même. Qui s'étonnera de voir un oiseau voler?

Pour Dieu, il n'y a évidemment aucune difficulté à être Dieu. Mais il y en a certainement à n'être qu'un homme, quand on est Dieu.

Je ne suis pas ébahi par Dieu marchant sur les flots durant quelques minutes ; mais je suis abasourdi devant Dieu vivant la même vie que moi pendant trente-trois ans.

Jeu terrible, que celui de l'Incarnation!

Jeu éblouissant : tout ce que Dieu fait et laisse faire jusqu'à cette heure prodigieuse où un Ange s'incline devant une petite fille appelée Marie - tout cela est contre nature : Dieu n'est plus Dieu. Dieu est aussi un homme.

in Chapitre "La Condition inhumaine", pages 68 à 70

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Publié par Matthieu BOUCART -
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