3 janvier 2007 3 03 /01 /janvier /2007 09:45

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI lors de sa visite à la Synagogue de Cologne, le vendredi 19 août 2005.

Allocution d'Abraham Lehrer

Membre du Conseil de la Présidence de la communauté synagogale de Cologne et de la synagogue de Roostrasse

Au nom de la communauté synagogale de Cologne, j'ai le grand honneur de vous souhaiter cordialement la bienvenue, très estimé Pape Benoît XVI, ou, comme on dit en hébreu : Baruch haba. Votre visite à notre synagogue représente un événement extraordinaire, qui revêt une importance énorme, religieuse et aussi politique (…).

 

Les deux religions ont, en dépit de toutes leurs différences qu'il ne faut pas oublier, beaucoup de choses en commun et ce n'est pas pour rien que vous, Pape Benoît XVI, vous parlez de fratres majores, de frères aînés. Nous juifs, nous partons de la supposition que le christianisme nous accepte et nous tolère comme des hommes bons (…).

 

Très estimé Pape Benoît, nous reconnaissons et savons apprécier votre contribution à l'amélioration de notre relation. Nous envisageons l’avenir chrétien-juif de manière positive. Nous nous réjouissons de ce que vous visitiez notre synagogue. Vous témoignez à notre communauté un grand honneur. Encore bienvenu ! Baruch haba !

 

 

Allocution du Rabbin Netanael Teitelbaum

 

Votre visite aujourd'hui, très estimé Pape Benoît, est un signe en direction de l'ouverture de la paix dans le monde entier et un pas sur le chemin de la construction spirituelle du troisième Temple à Jérusalem, qui ne peut être construit que si la paix règne entre les peuples. Votre visite aujourd'hui est un pas vers la paix entre les peuples du monde. Votre visite est aussi un signe fort contre l'antisémitisme chrétien d'autrefois. En cela votre visite revêt la plus grande force symbolique. Elle montre à tous comment et en quoi vous voyez l'Église catholique en relation avec les juifs dans le monde entier (…).

 

La paix véritable dans le monde est la paix qui ne connaît aucune terreur. C'est la paix qui est acceptée par toutes les parties dans l'égalité des droits. Et c'est la raison pour laquelle nous avons fait sonner le Shofar aujourd'hui, car votre visite est un signe, un symbole pour la paix qui doit régner dans le monde. Une paix sans terreur (…).

 

 

Discours du Pape Benoît XVI

 

Au XXe siècle, au temps le plus sombre de l'histoire allemande et européenne, une folle idéologie raciste, de conception néo-païenne, a conduit à la tentative, planifiée et systématiquement mise en oeuvre par le régime, d'exterminer le judaïsme européen : se déroula alors ce qui est passé à l'histoire sous le nom de Shoah. Les victimes de ce crime inouï, et jusque-là inimaginable, s'élèvent dans la seule ville de Cologne à 11.000 personnes dont chaque nom est connu. En réalité, elles ont certainement été beaucoup plus nombreuses. On ne reconnaissait plus la sainteté de Dieu et, de ce fait, on a foulé aussi aux pieds le caractère sacré de la vie humaine.

 

En cette année 2005, on célèbre le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis, où des millions de juifs - hommes, femmes et enfants - ont été tués dans les chambres à gaz et brûlés dans les fours crématoires. Je fais miennes les paroles écrites par mon vénéré prédécesseur à l'occasion du 60e anniversaire de la libération d'Auschwitz et je dis moi aussi : « Je m'incline devant tous ceux qui ont eu à subir cette manifestation du mysterium iniquitatis ». Les terribles événements d'alors doivent « sans cesse réveiller les consciences, éteindre les conflits, exhorter à la paix » (Message pour la libération d'Auschwitz, 15 janvier 2005). Nous devons nous souvenir ensemble de Dieu et de son sage dessein sur le monde qu'il a créé : Lui, comme le rappelle le Livre de la Sagesse, « aime la vie » (11, 26).

 

Étant donné les racines juives du christianisme (cf. Rm 11, 16-24), mon vénéré prédécesseur, confirmant un jugement des évêques allemands, a affirmé : « Qui rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme ».

 

C'est pourquoi la déclaration conciliaire Nostra aetate « déplore les haines, les persécutions, les manifestations d'antisémitisme dirigées contre les juifs, quels que soient leur époque et leurs auteurs » (n. 4). Dieu nous a tous créés « à son image » (Gn 1, 27) - nous l'avons entendu au début du récit de la création - nous honorant ainsi d'une dignité transcendante. Devant Dieu, tous les hommes possèdent la même dignité, quels que soient le peuple, la culture ou la religion auxquels ils appartiennent. Pour cette raison, la déclaration Nostra aetate parle aussi avec grande estime des musulmans (cf. n. 3) et des personnes qui appartiennent aux autres religions (cf. n. 2). En raison de la dignité humaine commune à tous, l'Église catholique « réprouve comme contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination ou vexation dont sont victimes des hommes à cause de leur race, de leur couleur, de leur condition ou de leur religion » (n. 5) (…).

 

Nous devons nous connaître mutuellement beaucoup plus et beaucoup mieux. J'encourage donc expressément un dialogue sincère et confiant entre juifs et chrétiens (…). Ce dialogue, s'il veut être sincère, ne peut vouloir passer sous silence les différences existantes ou les minimiser : précisément aussi dans ce qui nous distingue les uns des autres de par notre intime conviction de foi, nous devons nous respecter et nous aimer mutuellement.

 

Enfin, notre regard ne devrait pas se tourner seulement en arrière, vers l'histoire, mais devrait nous pousser aussi en avant, vers les tâches d'aujourd'hui et de demain. Notre riche patrimoine commun et nos relations fraternelles inspirées par une confiance croissante nous incitent à donner ensemble un témoignage encore plus unanime et à collaborer sur le plan pratique pour la défense et la promotion des droits de l'homme et du caractère sacré de la vie humaine, pour les valeurs de la famille, pour la justice sociale et pour la paix dans le monde. Le Décalogue (cf. Ex 20 ; Dt 5) constitue pour nous un patrimoine et un engagement communs. Les « dix commandements » ne sont pas un poids, mais la direction donnée sur le chemin d'une vie réussie. Ils le sont, en particulier, pour les jeunes que je rencontre ces jours-ci et qui me tiennent tant à coeur. Mon souhait est qu'ils sachent reconnaître dans le Décalogue, notre fondement commun, la lampe sur leurs pas, la lumière de leur route (cf. Ps 119, 105).

 

Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI à la Synagogue de Cologne, le 19 août 2005 - Voir la vidéo de la visite du Pape à la Synagogue de Cologne

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Publié par Matthieu BOUCART -
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