4 septembre 2006 1 04 /09 /septembre /2006 08:41

La Communauté de la Sainte Trinité au grand complet.

De gauche à droite : Frère Jean, Frère Ephrem, Soeur Marie-Agnès et Soeur Claire.

Chers amis lecteurs,

Je souhaiterais vous parler aujourd’hui de la Communauté de la Sainte Trinité. Il s’agit d’une petite Communauté religieuse établie dans l’Aisne, auprès de laquelle je suis allé trouver refuge au début du mois d’août.

C’est une Communauté que j’ai découvert un peu par hasard, en cherchant sur Internet un lieu de retraite pour cet été. Je voulais fuir cette année un peu le bruit des grands rassemblements, pour m’établir « à l’ombre des ailes » du Seigneur, dans la fraîcheur et le silence d’un cloître. Je réalisais en effet que depuis ma conversion, je n’étais jamais encore allé me ressourcer au pays des moines.

J’ai naturellement songé aux grands monastères français, en particulier St Benoît sur Loire qui m’attirait beaucoup, mais aucun d’entre eux ne pouvait m’offrir un séjour de plus de cinq jours. « C’est la règle dans les monastères », m'informa-t-on. Or, j’étais dans un tel état de fatigue que je souhaitais ardemment trouver un lieu où demeurer un temps significatif pour y refaire mes forces. Je restais donc un peu sur ma faim…

Et puis, le « hasard » fit bien les choses... Au gré de mes investigations sur la « toile », je tombais sur le site de la Communauté de la Sainte Trinité. Sur les sites en fait, car il en existe deux à ce jour.

Cette Communauté m’attira immédiatement, en raison de son étrange particularité. « Nous sommes un groupe de sœurs et de frères menant depuis 1987 la vie monastique dans le renouveau charismatique » est-il ainsi écrit sur leur site Internet. Voilà qui me paraissait bien insolite, tant ces deux mondes (monastique et celui du Renouveau) m’apparaissaient éloignés, sinon opposés…

Cette spécificité n’était pas pour me déplaire, et me revenaient en mémoire ces très belles paroles du Pape Benoît XVI aux évêques Allemands (à l’occasion des dernières JMJ à Cologne, le 21 août 2005), qui invitait les fidèles à découvrir la « particularité » des mouvements et communautés, « qui semble étrangère à de nombreuses personnes », et à accueillir ces derniers « comme une richesse, comprenant que dans l'Eglise, il existe de nombreuses voies et que toutes ensemble, elles forment une symphonie de la foi. »

C’est cette « symphonie de la foi » qu’il me semblait retrouver précisément dans cette description de la Communauté, avec cet enracinement profond dans la tradition bénédictine la plus ancestrale (« Nos journées sont rythmées par les offices liturgiques propres aux monastères de Saint Benoît, la prière personnelle, la lecture biblique et le travail »), et en même temps cette ouverture aux dons charismatiques de l’Esprit : « L’exercice des charismes découle [du] don reçu à la Pentecôte. Louange, chant en langues, prophétie, prières de guérison, compassion, évangélisation. Les dons charismatiques découlent d’une vie toute [ouverte] à [l’action de] l’Esprit-Saint. »

La communauté de la Trinité, « issue à la fois d'une expérience de la vie monastique à l'école de St Benoît, lui-même dépendant de la tradition monastique de l'Orient, et du Souffle de Pentecôte, permettant à tout courant spirituel de raviver son inspiration originelle » me paraissait donc récapituler à merveille ce qu'est l'Eglise toute entière dans sa diversité et son unité.

Deux autres aspects de la Communauté me séduisaient beaucoup : la dimension de la formation à la vie selon l’Esprit (« Apprentissage d’une manière d’être, de comportements « spirituels » (c’est-à-dire, animés par l’Esprit). La communauté nous donne les moyens de nous rendre de plus en plus dociles aux mouvements de l’Esprit. »), et la dimension « charismatique » de la guérison intérieure (« Les personnes blessées (...) sont amenées (…) à retrouver une progressive liberté. Notre communauté poursuit ce but de guérison de la personne par l’accueil de l’Esprit-Saint au fond du cœur ».)

Je trouvais également intéressant que la Communauté offrît la possibilité de stages d’une année, centrée sur la conversion du cœur, la guérison intérieure, et le discernement d’une vocation, dans la vie fraternelle, le travail, l’accueil, les retraites et les sessions animées par la Communauté. Ce triptyque conversion – guérison – discernement d’une vocation dans le cadre d’une année de « stage » me paraissait être une autre originalité "prophétique".

« La communauté reçoit toute l’année pour des séjours individuels de quelques jours ou bien d’une semaine » indiquait encore le site Internet : l’offre proposée me paraissait donc convenir parfaitement à ce que je cherchais, puisque semblant induire quelque souplesse au regard de la règle des 5 jours, et c’est ainsi que j’obtins en effet très facilement de pouvoir accomplir un séjour prolongé d’une dizaine de jours, conformément à mon souhait.

Le site précisait le cadre général du séjour individuel : « Participation aux temps de prière et aux travaux de la communauté ». Voilà encore un privilège spécifique à cette communauté que d’offrir non seulement la possibilité d’un temps « classique » de retraite, mais aussi une véritable insertion dans la vie quotidienne et fraternelle des moines et moniales, une véritable « immersion » dans la vie monastique par la participation aux offices et au travail (manuel) des membres de la Communauté. Rares, me semble-t-il, sont les monastères qui permettent ainsi d’entrer dans la vie des moines, et de partager leur quotidien, comme un membre à part entière de la Communauté.

Ces dix jours ont donc été pour moi vraiment salutaires. J’avais décidé en effet de « jouer le jeu à fond », et de m’impliquer totalement dans la vie de la Communauté. Après quelques jours un peu difficiles (avec un réveil matinal à 5 h 30 pour les Vigiles, une liturgie dans laquelle il faut bien "entrer", ou encore les mains dans la boue pour ramasser les haricots, ou dans les ronces pour élaguer un prunier, moi l'intello de service…), je me suis finalement bien « intégré » et vite senti à mon aise, et je sais avec le recul avoir reçu de nombreuses grâces, peut-être de guérison (l’avenir me le confirmera), mais sans aucun doute de prières : je vois bien combien ma vie intérieure a été profondément renouvelée. De toute mon âme, j’en rends grâce au Seigneur !

La Communauté de la Sainte Trinité a été fondée par un ancien ermite, moine bénédictin, Frère Ephrem (diacre) qui a été touché un jour par l’expérience du Renouveau. Ephrem est le grand personnage de la Communauté. Doté indiscutablement d’un charisme de guérison et aussi, dirais-je, d’enseignement et de prédication (je l’ai entendu ainsi prêcher pendant une heure vingt, sans que l'attention de ses auditeurs ne fléchisse un seul instant…), il remplit son ministère avec beaucoup de simplicité et d’humilité : « Chaque jour, écrit-il dans sa lettre d’information du mois de mars 2006, nous butons sur nos insuffisances personnelles et communautaires, qui nous ramènent à la réalité et nous évitent de nous croire déjà arrivés. Et c’est alors que nous pouvons dire avec Saint Paul que la puissance de Dieu se manifeste dans la faiblesse. »

La Communauté est composée également de Frère Jean, un autre moine ayant fait l'expérience de l’effusion de l’Esprit : un véritable puit de science parlant toutes les langues du monde, qui a lu tous les livres de la terre, mais garde un coeur et une âme d'enfant de Dieu qui est une vraie joie (et un vrai repos) pour qui le rencontre. Sœur Claire est la dernière arrivée : ancienne chanteuse lyrique incollable sur la musique rock des années 70-80, et ancienne pilote de karting (!), très savante sur les questions de cosmologie, c'est une personnalité très étonnante et attachante, dont la voix contribue beaucoup à la beauté de la liturgie, et par la bouche de laquelle le Seigneur prend plaisir à parler au coeur de ceux  qui viennent prier avec la Communauté. Il existe également une sœur Oblat (Marie-Agnès), biologiste de profession qui vit dans le « monde », puis quelques autres laïcs qui résident au Prieuré.

Trois religieux (Ephrem, Jean et Claire) vivant sur place, voilà bien une toute petite Communauté, me direz-vous ! Toute petite en effet… Ephrem m’avait personnellement averti par e-mail : « Nous sommes une petite communauté, encore commençante, de 5 membres [il comptait les laïcs…]. Je vous dis cela pour que vous ne vous attendiez pas à autre chose. » Mais outre que cela permet vraiment au retraitant d’être accueilli comme un frère, et de se sentir très vite « de la famille », il se trouve que la Providence m’a conduit à emporter avec moi un vieux cahier de notes sur lequel j’avais reporté quelques paroles d’un certain Cardinal… Ratzinger, extraites d’un texte paru dans la revue théologique Kephas datée des mois d’octobre à décembre 2004, sur le thème de la Nouvelle Evangélisation. Voilà ce qu’écrivait alors le futur Pape Benoît XVI :

« La pauvreté la plus profonde est l’incapacité d’éprouver la joie, le dégoût de la vie, considérée comme absurde et contradictoire. Tous ont besoin de l’Evangile ; l’Evangile est destinée à tous, et pas seulement à un cercle déterminé, et nous sommes donc obligés de chercher de nouvelles voix pour porter l’Evangile à tous.

« Mais ici se cache une tentation : la tentation de l’impatience, de chercher les grands nombres. Ce n’est pas la méthode de Dieu. Pour le Royaume de Dieu, comme pour l’Evangélisation, est toujours valable la parabole du grain de Sévené (Mc 4. 31-32). Le Royaume de Dieu recommence toujours de nouveau sous ce signe. La Nouvelle Evangélisation ne peut pas signifier : attirer tout de suite par de nouvelles méthodes plus raffinées les grandes masses qui se sont éloignées de l’Eglise. La Nouvelle Evangélisation signifie : oser de nouveau l’humilité du petit grain, en laissant Dieu choisir quand et comment il grandira (Mc 4. 26-29). Toutes les grandes choses commencent toujours par un petit grain et les mouvements de masse sont toujours éphémères. Les grandes réalités commencent dans l’humilité. Dieu ne compte pas avec les grands nombres ; le pouvoir extérieur n’est pas le signe de sa présence. Un vieux proverbe dit : « Le succès n’est pas un nom de Dieu ». La Nouvelle Evangélisation doit se soumettre au mystère du grain de sénevé, et de doit pas prétendre produire tout de suite un grand arbre. »

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Publié par Matthieu BOUCART -
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commentaires

M
Je suis allée à cette communauté pour une retraite de 5 jours. Il s'agissait d'une retraite de guérison des souvenirs. Je m'attendais à des choses spectaculaires de la part du Saint Esprit or tout s'est passé en douceur. Le Saint Esprit a agi en moi de façon progressive et celà se voyait parait-il sur mon visage. Frère Ephrem nous a fait un enseignement fondé sur son expérience et celles des personnes qu'il a aidées. Je ne regrette pas cette retraite car je vois l'action du Saint Esprit dans ma vie depuis mon retour dans le monde.
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M
Cher Philippe,Je ne comprends pas très bien ta critique. A moins qu'elle ne renvoie à une blessure personnelle (à laquelle je compatis alors totalement), je ne vois pas ce qu'il y a de mal à faire de la psychologie dans un cadre spirituel. C'est bien souvent au contraire la non-prise en compte de la dimension psychologique de l'être qui conduit à "destructurer les gens".Quant à Frère Ephrem, il n'a jamais évoqué Lacan ni ses théories à aucun moment lors de mon passage, se référant toujours en revanche aux Pères du désert...
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P
Il y a mensonge manifeste : cette communauté existe depuis presque 20 ans, n'a jamais décollé, un nombre très important de membres n'ont pas cessé de la quitter depuis son origine. L'exploitation qui y est faite de la psychanalyse lacanienne (Ephrem Yon est un ancien disciple de Lacan) dans un cadre spirituel y est fortement néfaste & a déstructuré pas mal de gens.
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M
Très beau témoignage,merci Matthieu :-)C'est bon de rappeler qu'on a besoin de faire des retraites de temps en temps. J'espère que le Seigneur permettra à cette communauté de continuer de grandir.
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D
eh bien!on peut dire que "vous avez reçu un coup de St Esprit" comme on a l'habitude de dire chez les charismatiques;il est vrai qu'il ne faut pas être nombreux pour faire vibrer l'Esprit Saint en nous;je suis berger d'un groupe de prière du renouveau à perpignan et je dois dire que votre article confirme ce que nous avait dit l'intervenant de notre dernier rassemblement "qu'il n'était pas nécessaire d'être nombreux pour faire vivre un goupe de prière car:"lorsque deux au moins d'entre-vous seront rassemblés en mon nom alors je serais au milieu de vous"nous dit Jésus;ce genre de témoignage est un réconfort face aux groupes de prière qui s'amenuisent ;je relève les coordonnées de cette petite communauté;je me permets de vous inviter(si ce n'est déjà fait) à adhérer à un groupe de prière car il ne faut pas rester seul;le Seigneur ne demande qu'à répandre ses charismes mais encore faut-il le lui demander;nous nous rencontrons chaque jeudi pour la prière et nous pouvons dire que chaque jeudi le Seigneur se manifeste par ses merveilles.Que Dieu vous bénisse.
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