Le combat n’est pas tant pour la destruction du mal que pour la croissance du bien. A travers lui, notre foi superficielle (…) doit se creuser, descendre dans l’intelligence et le cœur, devenir cette foi que la charité brûle assez pour qu’elle puisse traverser les flammes.
Le diable sans le vouloir sert à chasser le diabolique (…). Et c’est bien l’attention d’un Dieu de tendresse qui en dispose ainsi, non l’amusement d’un génie dramaturge. Car on pourrait croire, à la manière d’un Sénèque, que le Seigneur se donne un spectacle et prend plaisir à damer des pions. Ce serait le confondre avec l’Adversaire. Dieu ne manipule personne. Sa Providence n’est obscure qu’à force de lumière. En elle, point de ténèbres. Seulement, par un don sans repentance, il a voulu des créatures libres et capables de mérite : que ces créatures s’adonnent volontairement au mal, il n’y peut rien, mais il fait tout pour que ces maux puissent se corriger l’un l’autre (tandis que l’Adversaire fait tout pour que, l’un l’autre, ils s’excitent) : les cailloux ternes et tranchants qu’on secoue dans un sac finissent par se polir et devenir brillants et lisses.
Fabrice HADJADJ, in "La Foi des démons ou l'athéisme dépassé", Salvator