27 juillet 2006 4 27 /07 /juillet /2006 13:19

[Nous poursuivons, chers lecteurs, notre lecture continue du livre de Saint Alphonse de Liguori sur le Grand moyen de la Prière. Le passage d'aujourd'hui est remarquable, et peut nous être d'une grande consolation les jours où nous nous sentons comme submergés par notre médiocrité et notre péché. Oui, croyons que la prière est vraiment la clef de toutes nos difficultés d'homme sur cette terre. Comme le disait le Père Molinié, "On se demande que faire devant le monde moderne, on se pose beaucoup de questions. J'ai envie de répondre : il n'y a pas de solution - il y a le Sauveur".

 

Et un grand merci au Blog Chère Gospa pour son soutien et sa prière.]

 

La prière est (…) l'arme la plus nécessaire pour nous défendre contre nos ennemis ; celui qui n'y recourt pas, dit saint Thomas, est perdu.

Adam est tombé, assure le saint Docteur, parce qu'il ne s'est pas recommandé à Dieu au moment de la tentation : « Il a péché parce qu'il n'eut pas recours au secours divin ». Parlant des Anges rebelles, Gélase écrit de même : « Recevant la grâce de Dieu, c'est en vain qu'ils l'ont reçue, car ne priant pas ils ne purent tenir bon ».

Saint Charles Borromée observe dans une de ses Lettres Pastorales, qu'entre tous les moyens que Jésus Christ nous a recommandés dans l'Evangile, il a donné la première place à la prière ; en cela il a voulu que son Église et sa Religion se distinguent des Sectes ; il a voulu qu'on l'appelle spécialement « Maison de Prière » : « Ma maison sera appelée une maison de prière » (Mt 21, 13). Le saint évêque conclut dans sa Lettre : « Toutes les vertus trouvent dans la prière leur origine, leur croissance et leur couronnement ». Si bien que dans les ténèbres, les misères et les dangers dans lesquels nous nous trouvons, nous n'avons pas d'autre ressource pour fonder nos espérances, que de lever les yeux vers Dieu et, par nos prières, d'implorer de sa miséricorde notre salut. « Nous, nous ne savons que faire, disait le roi Josaphat, aussi est-ce sur toi que se portent nos regards » (2 Ch 20, 12). C'était aussi la façon d'agir du roi David : il ne voyait aucun autre moyen, pour ne pas être la proie de ses ennemis, que de prier sans cesse le Seigneur de le délivrer de leurs pièges : « Mes yeux sont fixés sur Yahvé car il tire mes pieds du lacet » (Ps 25, 15). Aussi ne faisait-il que prier en disant : « Tourne-toi vers moi, pitié pour moi, solitaire et malheureux que je suis » (Ps 25, 16). « Je t'appelle, sauve-moi afin que j'observe tes commandements » (Ps 119, 146).

Seigneur, tourne tes yeux vers moi, aie pitié de moi et sauve-moi : de moi-même je ne peux rien et je n'ai personne en-dehors de toi qui puisse m'aider ! Et, de fait, comment pourrions-nous jamais résister aux attaques de nos multiples ennemis et observer les commandements de Dieu, spécialement après le péché de notre premier père, Adam, qui nous a rendus si faibles et si infirmes, si nous n'avions pas la prière, grâce à laquelle nous pouvons demander au Seigneur la lumière et la force suffisantes pour les observer ?

Luther proféra un blasphème lorsqu'il dit qu'après le péché d'Adam, l'observation de la loi de Dieu est devenue absolument impossible aux hommes. Jansénius disait, de son côté, que l'accomplissement de certains préceptes était impossible même aux justes, eu égard à leurs forces actuelles. Sa proposition, aurait pu, à la rigueur, s'entendre dans un sens acceptable mais elle fut avec raison condamnée par l'Eglise compte tenu de ce qu'il ajoutait : « Il leur manque aussi la grâce qui rend possible de les accomplir ».

Il est vrai, dit saint Augustin, que l'homme, par suite de sa faiblesse, ne peut observer certains commandements avec ses forces présentes et avec la grâce ordinaire ou commune à tous, mais il peut fort bien obtenir par la prière le secours plus puissant nécessaire pour les observer. « Dieu, bien sûr, ne commande pas l'impossible, mais par ses commandements, il nous engage à faire notre possible et à le prier pour ce qui dépasse nos possibilités et il t'aide à pouvoir ». Ce texte du saint est célèbre ; il fut adopté par le Concile de Trente qui en fit un dogme de foi. Et le saint Docteur, pour répondre à la question : comment l'homme peut-il faire ce qu'il ne peut pas, ajoute aussitôt : « Voyons maintenant (pourquoi) grâce à un remède, il pourra accomplir ce dont un défaut de nature le rend incapable ». Il veut dire que nous trouvons dans la prière un remède à notre faiblesse : car lorsque nous prions, Dieu nous donne la force de faire ce que de nous-mêmes nous ne pourrions pas.

Il n'est pas croyable, continue saint Augustin, que le Seigneur ait voulu nous imposer d'observer la loi et qu'ensuite il nous ait imposé une loi impossible. Aussi, ajoute le saint, lorsque Dieu nous fait prendre conscience de notre impuissance à observer tous ces préceptes, il nous avertit de faire les choses faciles avec la grâce ordinaire qu'il nous donne, et puis les choses difficiles avec le secours plus puissant que nous pouvons obtenir par le moyen de la prière : « D'où cette croyance très solide que le Dieu juste et bon n'a pas pu nous prescrire des choses impossibles. Par là, on nous rappelle et ce que nous avons à faire dans les choses faciles et ce que nous avons à demander dans les choses difficiles ».

Mais, objectera quelqu'un, pourquoi Dieu nous a-t-il imposé des choses au-dessus de nos forces ? Précisément, répond le saint, pour que nous nous appliquions à obtenir par la prière le secours nécessaire pour faire ce que de nous-mêmes nous ne pouvons pas : « Mais justement, il nous ordonne des choses dont nous ne sommes pas capables, pour que nous sachions ce que nous devons lui demander ». Et ailleurs : « La loi nous a été donnée pour que nous demandions la grâce ; la grâce nous est donnée pour que nous observions la loi ».

La loi ne peut pas être observée sans la grâce et Dieu a donné la loi précisément pour que nous le suppliions sans cesse de nous accorder la grâce nécessaire. Il dit ailleurs : « La loi est bonne, si on l'utilise comme il faut. Mais qu'est-ce qu'utiliser la loi comme il faut ? ». Et il répond : « La loi fait connaître le mal et chercher le secours divin pour la guérison ». La loi doit donc nous servir, dit saint Augustin, mais à quoi ? A nous faire prendre conscience par son impossibilité même de notre impuissance à l'observer, afin que nous demandions alors par la prière le secours de Dieu qui remédie à notre faiblesse.

Saint Bernard écrit de même : « Mais qui sommes-nous et quelle est notre vaillance, pour pouvoir résister à de si multiples tentations ? C'est précisément à cette prise de conscience que Dieu cherchait à nous amener... pour que, en constatant notre déficience et en sachant qu'il n'est pour nous point d'autre secours, nous nous précipitions en toute humilité vers sa miséricorde ». Le Seigneur sait combien la nécessité de la prière nous est utile pour nous maintenir dans l'humilité et exercer notre confiance ; c'est pourquoi il permet que nous assaillent des ennemis que nous ne pouvons pas vaincre par nos propres forces, afin que, par la prière, nous obtenions de sa miséricorde le secours pour résister.

Notons tout particulièrement que personne ne peut maîtriser les tentations impures de la chair, s'il ne se recommande à Dieu, quand il est tenté. Cette ennemie-là est si terrible que, lorsqu'elle nous attaque, elle nous enlève presque toute lumière ; elle nous fait oublier toutes les méditations et les bonnes résolutions ; elle nous fait mépriser même les vérités de la foi et presque perdre toute crainte des châtiments divins. Il faut dire qu'elle s'allie au penchant naturel qui nous incline avec une extrême violence aux plaisirs des sens. Alors qui ne recourt pas à Dieu est perdu. La seule défense contre cette tentation, c'est la prière, dit saint Grégoire de Nysse : « La prière est la sauvegarde de la pureté ». Salomon l'avait déjà dit : « Comprenant que je ne pourrais devenir possesseur de la Sagesse (continence) que si Dieu me la donnait... Je m'adressai au Seigneur et le priai » (Sg 8, 21 ).

La chasteté est une vertu que nous n'avons pas la force de pratiquer, si Dieu ne nous l'accorde pas, et Dieu ne la donne qu'à ceux qui la lui demandent. Mais celui qui la demande l'obtiendra certainement. C'est pourquoi saint Thomas enseigne par avance contre Jansénius : nous ne devons pas dire que la vertu de chasteté ou tout autre commandement nous est impossible, car bien que nous ne puissions pas l'observer par nos propres forces, nous le pouvons cependant avec l'aide de Dieu : « Ce que nous pouvons avec l'aide de Dieu, ne nous est pas absolument impossible ». Ne dites pas, il semble déraisonnable de commander à un boiteux de marcher droit. Non, répond saint Augustin, ce n'est pas déraisonnable, à condition de lui donner le moyen de se procurer le remède qui va corriger son infirmité ; par conséquent, s'il continue à marcher de travers, c'est de sa faute : « Il a été prescrit à l' homme de marcher droit, afin que, lorsqu'il aura vu clairement son incapacité à le faire, il demande le remède, celui qui guérit la claudication du péché ». Bref, dit le même saint Docteur, il ne saura jamais bien vivre, celui qui ne saura pas bien prier : « Celui-là sait bien vivre, qui sait bien prier ».

Au contraire, saint François d'Assise disait qu'on ne peut jamais espérer voir aucun bon fruit d'une âme sans la prière. C'est donc à tort qu'ils cherchent des excuses, ces pécheurs qui disent : Nous n'avons pas la force de résister aux tentations. Mais réplique saint Jacques, si vous n'avez pas cette force, pourquoi ne la demandez-vous pas ? Vous ne l'avez pas parce que vous ne cherchez pas à l'avoir : « Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas » (Jc 4, 2).

Il est bien certain que nous sommes trop faibles pour repousser les assauts de nos ennemis, mais il est également certain que Dieu est fidèle, comme dit l'Apôtre Paul, et il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces : « Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces, mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter » ( 1 Co 10, 13). Primasius commente : « Par le secours de sa grâce Dieu vous rendra capables de résister à la tentation ». Nous sommes faibles, mais Dieu est fort. Quand nous lui demandons du secours il nous communique sa force. Alors, nous pourrons tout, comme le promettait très justement le même Apôtre Paul : « Je puis tout en celui qui me rend fort » (Ph 4, 13).

Celui qui tombe n'a donc pas d'excuse, dit saint Jean Chrysostome, parce qu'il néglige de prier ; s'il avait prié, il n'aurait pas été vaincu par ses ennemis : « Celui-là n'aura pas d'excuse qui n'aura pas voulu vaincre l'ennemi, puisqu'il a cessé de prier ».

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Publié par Matthieu BOUCART -
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