1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 08:22



Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI à l’Université catholique d'Amérique à Washington, le 17 avril 2008.

 



La mission première d'évangélisation de l'Eglise, dans laquelle les institutions éducatives jouent un rôle crucial, est à l'unisson de l'aspiration fondamentale de la nation à développer une société vraiment digne de la dignité de la personne humaine. Parfois, cependant, la valeur de la contribution de l'Eglise au débat public est remise en question. C'est pourquoi il est important de rappeler que la vérité de la foi et celle de la raison ne se contredisent jamais entre elles. De fait, la mission de l'Eglise l'engage dans la lutte que l'humanité mène pour atteindre la vérité. En exprimant la vérité révélée, elle sert tous les membres de la société en purifiant la Raison, en assurant qu'elle demeure ouverte à la considération des vérités dernières. En puisant à la Sagesse divine, elle fait la lumière sur l'établissement de la moralité et de l'éthique humaine, et rappelle à tous les groupes dans la société que ce n'est pas la pratique qui donne naissance à la vérité mais que c'est la vérité qui doit servir de base à la pratique. Loin de menacer la tolérance de la diversité légitime, une contribution semblable éclaire la vérité même qui rend le consensus possible, et aide à garder le débat public raisonnable, honnête et fiable. De la même manière, l'Eglise ne se lasse jamais de soutenir les catégories morales essentielles du juste et de l'injuste, sans lesquelles l'espérance ne peut que se flétrir, ouvrant la voie à de froids et pragmatiques calculs utilitaristes qui réduisent la personne à n'être au plus qu'un pion sur un échiquier idéal.

P
ar rapport au débat éducatif, la diakonia de la vérité assume une haute signification dans les sociétés au sein desquelles l'idéologie séculariste creuse un fossé entre vérité et foi. Cette division a encouragé la tendance à confondre vérité et connaissance et à adopter une mentalité positiviste qui, par son rejet de la métaphysique, nie les fondements de la foi et rejette la nécessité d'une vision morale. La vérité signifie plus que la connaissance : connaître la vérité nous amène à découvrir le bien. La vérité parle à l'individu dans son intégralité, en nous invitant à répondre avec tout notre être. Cette vision optimiste est fondée dans notre foi chrétienne, parce que dans cette foi nous est donnée la vision du Logos, la Raison créatrice de Dieu, qui s'est révélée elle-même comme divinité dans l'incarnation. Loin d'être une communication de données factuelles – d'"informations" – la vérité aimante de l'Evangile est créative et capable de changer la vie – elle est "performative" (cf. Spe salvi, n. 2). Les éducateurs chrétiens peuvent en toute confiance libérer les jeunes des limites du positivisme et réveiller leur réceptivité à la vérité, à Dieu et à sa bonté. De cette manière, vous aiderez également à former leur conscience qui, enrichie par la foi, ouvre un chemin sûr vers la paix intérieure et le respect des autres.

Il n'est pas surprenant, toutefois, qu'outre nos communautés ecclésiales, la société en général demande intensément des éducateurs catholiques. Cela vous confère une responsabilité et vous offre une opportunité. Un nombre toujours croissant de personnes – en particulier de parents – reconnait le besoin d'excellence dans la formation humaine de leurs enfants. Comme Mater et Magistra, l'Eglise partage leur préoccupation.
Quand rien au-delà de la personne n'est reconnu comme définitif, l'ultime critère de jugement devient le "moi" et la satisfaction des désirs immédiats de l'individu. L'objectivité et la perspective, qui ne découlent que de la dimension transcendante essentielle de la personne humaine, peuvent se perdre. Dans un tel horizon relativiste les buts de l'éducation sont irrémédiablement réduits. Lentement, un abaissement des niveaux s'affirme. Nous observons aujourd'hui une certaine timidité face à la catégorie du bien et une chasse inconsidérée à l'étalage de nouveautés comme réalisation de la liberté. Nous sommes témoins de la conviction que toutes les expériences seraient d'une égale valeur et de la réticence à admettre imperfections et erreurs. Il est également particulièrement inquiétant de voir le précieux et délicat domaine de l'éducation sexuelle réduit à la gestion des "risques" et privé de toute référence à la beauté de l'amour conjugal.

Quelles réponses les éducateurs chrétiens peuvent-ils apporter? Ces développements dangereux mettent en évidence l'urgence particulière de ce que nous pourrions appeler la "charité intellectuelle". Cet aspect de la charité demande à l'éducateur de reconnaître que sa profonde responsabilité de guider les jeunes à la vérité est tout simplement un acte d'amour. En vérité, la dignité de l'éducation réside dans la promotion de la vraie perfection et de la joie de ceux qui doivent être guidés. En pratique, la "charité intellectuelle" soutient l'unité essentielle de la connaissance contre la fragmentation qui s'ensuit quand la Raison est détachée de la recherche de la Vérité. Cela guide les jeunes vers la satisfaction profonde d'exercer la liberté en relation à la Vérité, et cela nous pousse à formuler la relation entre la foi et les divers aspects de la vie familiale et civile. Une fois que la passion pour la plénitude et l'unité de la vérité a été réveillée, les jeunes goûteront assurément la découverte que la question sur ce qu'ils peuvent connaître les conduit à la grande aventure de ce qu'ils devraient faire. Ils font ici l'expérience de "en qui" et de "en quelle chose" il est possible d'espérer et ils seront inspirés pour apporter leur contribution à la société qui fait naître l'espérance chez les autres.

Chers amis, je souhaite conclure en attirant particulièrement votre attention sur l'extrême importance de votre compétence et de votre témoignage au sein de nos universités et nos écoles catholiques. Avant tout, permettez-moi de vous remercier pour votre dévouement et votre générosité. Je sais du temps où j'étais professeur, et je l'ai ensuite entendu de la bouche de vos évêques et des personnes travaillant à la Congrégation pour l'éducation catholique, que la réputation des institutions éducatives dans votre pays vous est largement due ainsi qu'à vos prédécesseurs. Vos contributions désintéressées – de la recherche extérieure au dévouement de ceux qui travaillent au sein des instituts scolaires – servent autant votre pays que l'Eglise. Je vous exprime pour cela ma profonde gratitude.

A propos des membres des facultés dans les collèges universitaires catholiques, je souhaite réaffirmer la grande valeur de la liberté académique.
En vertu de cette liberté, vous êtes appelés à chercher la vérité partout où l'analyse attentive de l'évidence vous conduit. Cependant, il faut aussi rappeler que tous les appels au principe de liberté académique pour justifier des positions qui contredisent la foi et l'enseignement de l'Eglise feraient obstacle ou même trahiraient l'identité et la mission de l'université, une mission qui est au cœur du munus docendi de l'Eglise et qui n'est en aucune manière autonome ou indépendante d'elle.

Enseignants et administrateurs, des universités autant que des écoles, ont le devoir et le privilège d'assurer que les étudiants reçoivent une instruction dans la doctrine et dans la pratique catholiques. Cela exige que le témoignage public rendu à la manière d'être du Christ, telle qu'elle ressort de l'Evangile et qu'elle est proposée par le magistère de l'Eglise, modèle tous les aspects de la vie institutionnelle autant à l'intérieur qu'à l'extérieur des salles de classe. Prendre de la distance par rapport à cette vision affaiblit l'identité catholique et, loin de faire avancer la liberté, conduit inévitablement à la confusion autant morale qu'intellectuelle et spirituelle.

Je souhaite également adresser une parole particulière d'encouragement aux enseignants de catéchèse, qu'ils soient laïcs ou religieux, qui se battent pour assurer que les jeunes deviennent quotidiennement plus aptes à apprécier le don de la foi. L'éducation religieuse est un apostolat stimulant et il y a de nombreux signes d'un désir parmi les jeunes de mieux connaître la foi et de la pratiquer avec détermination (…).

Je désire ici lancer un appel spécifique aux religieux, aux religieuses et aux prêtres : n'abandonnez pas l'apostolat scolaire ; au contraire, renouvelez votre engagement dans les écoles, notamment celles qui sont dans les zones les plus pauvres.
Dans les lieux où de nombreuses promesses fallacieuses attirent les jeunes loin du sentier de la vérité et de la liberté authentique, le témoignage des conseils évangéliques apporté par la personne consacrée est un don irremplaçable. J'encourage les religieux présents à se consacrer avec un enthousiasme renouvelé à la promotion des vocations. Sachez que votre témoignage en faveur de l'idéal de la consécration et de la mission au milieu des jeunes est une source de grande inspiration dans la foi pour eux et pour leurs familles.


Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI

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Publié par Matthieu BOUCART -
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